C'était la première fois que le garçon arpentait les couloirs de la caserne, plus tôt dans la matinée il lui avait semblé impossible d'y pénétrer, mais coup de chance, il avait sauté sur une occasion. Sans laisser-passer ou sans invitation, c'était peine perdu et devant le refus des gardes qui protégeaient la grande porte, Loki avait d'abord grimacé, déçu. Puis, attiré par un brouhaha plus loin, le jeune constatait la présence d'un groupe venu en visite, certainement des prochaines recrues à qui on faisait le tour du domaine. Ni une, ni deux, le bicolore faisait mine de vouloir s'engager dans la garde et il prit discrètement place dans les rangs qui entraient dans la caserne par un accès plus petit. Le garçon suivait d'abord le groupe, presque intéressé par les informations du guide, ils s'arrêtèrent devant le camp d'entraînement, les hommes et femmes n'avaient pas l'air de chômer. C'était une tout autre ambiance qu'à la guilde, où la plupart passaient leurs temps à descendre des pintes, ici c'était plus strict et régulier. Certains se battaient, d'autres entraînaient leurs cardio tandis que les suivants soulevaient des poids, complètement hypnotisé par la scène qui se déroulait devant lui Loki ne remarquait même pas que le groupe de visiteurs s'était éloigné et avait disparu, le laissant derrière. Soudain, une main se posait sur son épaule, suivit d'une remarque cuisante.
— Eh toi ! Y a pas de tire-au-flanc ici, alors tu retournes au dortoir et tu vas enfiler l'uniforme. Si t'es pas de retour dans les cinq prochaines minutes ça va barder.
Rugissait l'instructeur, poussant Loki dans la direction d'une porte où il y était inscrit "accès dortoir".
— Non, vous..vous méprenez..
Essayait vainement de s'expliquer Loki, mais le garde retournait déjà à ses activités.
Le bicolore passait la porte et après un sas il atteignait le couloir des dortoirs, décidément les gardes avaient tendance à ne pas vouloir le laisser s'expliquer jusqu'au bout, mais sur ce coup la situation l'arrangeait, il se voyait mal dire à ce molosse qu'il n'avait rien à faire ici. Le garçon poussait un petit soupire avant de mettre sa main dans sa poche, recherchant l'annonce qu'il avait arraché du tableau de quête ce matin, le nez sur le bout de papier il avançait distraitement dans le couloir, il lui fallait trouver un garde avec qui faire cette mission, problème : Il n'avait pas vraiment de connaissance. Peut-être pouvait-il demander à Rid ? Mais il n'avait aucune certitude sur le fait qu'il accepterait ou même s'il le pouvait. En relevant ses prunelles hétérochromes il discernait deux silhouettes, dont l'une avec des cheveux blanc reconnaissables entres milles et un bandeau sur le front. Loki se stoppait net, croisant le regard du Fromm. Lucy n'avait pas fini de se jouer de lui apparemment. Il restait statiques pendant quelques secondes à observer le narcoléptique dans le blanc des yeux avec une véritable tête de merlan frit. Puis tout simplement, dans le plus grand des calmes et avec une grâce naturelle, il se retournait et rebroussait chemin, faisant mine de n'avoir rien vu. La mine déconfite, il souhaitait disparaître.
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Aujourd'hui, il y avait une visite de peut-être, futurs recrus et les lieutenants tenaient à ce qu'ils voient ce qui les attendaient, quel genre d'hommes ils pourraient devenir. Dans ce but, ils ordonnaient toujours aux plus âgés et plus expérimentés, de se rendre sur le terrain d'entraînement. C'était également une façon de discerner les plus courageux parmi eux, ceux qui ne baisseraient pas les bras, qui acceptaient qu'ils allaient certainement en prendre plein la tête, mais ne reculaient pas. Pour Amastan cela traduisait seulement une histoire d'égo et de chasse à la plus grosse dont il n'avait cure. Pourtant, la perspective de dénicher de nouveaux talents, et sa curiosité naturelle l'amenait toujours sur le terrain. C'est ainsi, qu'avec un collègue, ils se dirigeaient lentement, mais surement vers la zone d'entraînement.
Au détour d'un couloir, en pleine discussion passionnante sur le désarmement d'un voleur en pleine place publique, le blanc cru déchanter, quand dans le coin de sa vision périphérique, il détecta deux couleurs qui n'auraient pas dû se retrouver sur la même tête. Les mots mourraient au fond de sa gorge, tandis que sa tête fit le reste du chemin pour pouvoir s'assurer qu'il n'était pas en train de rêver et que monsieur Loki Poe se trouvait bien dans SA caserne. C'était bel et bien le cas, il hésitait entre s'éclater la tête contre le mur ou tout simplement faire une dépression nerveuse. Il sentait déjà son bras s'engourdir quand il fut attrapé par son collègue, lui demandant s'il avait vu un fantôme. Il ne pouvait pas mieux dire, quelle ironie. Il rassura son collègue, s'excusant de sa futur fuite et du coin de l'oeil put apercevoir le bicolore ayant eu la même idée. Ce ne serait pas aussi simple de le fuir, pas entre ses murs.
Pour ne pas éveiller les soupçons chez son aimable collègue, il démarra la poursuite d'une cadence lente, mais dès qu'il fut hors de vu, le rythme de ses pas s'accéléra jusqu'à rattraper l'aimable intrus qui ne semblait pas vouloir s'arrêter. Il ne prit pas la peine de s'époumoner ni de lui adresser la parole. Dès qu'une porte, dont il savait qu'elle ne serait pas close et était à l'opposé du côté duquel il se trouvait vis-à-vis de l'aventurier apparu, il se lança dans sa capture. Il lui mit un brutal coup d'épaule, l'obligeant à s'approcher de celle-ci, plaça son bras gauche le long du dos du garçon, son bras droit devant son poitrail, attrapa la clanche de la dites porte tout en poussant pour l'ouvrir, dès que cela fut fait il se lança de tout son poids sur l'aventurier. Résultat des courses, le bicolore tombait lourdement sur le dos et lui sur ses genoux, une main de par et d'autre de la tête du voyeur. La porte se refermait lentement derrière eux, avant que qui que ce soit ne puisse voir ce fabuleux spectacle.
Ainsi, surplombant le gamin de tout son poids, qui, il en était sûr n'était pas un rempart qui pourrait l'arrêter, il planta ses yeux vifs dans ceux hétéroclites de son opposant. Si sa force physique était égale à la sienne, ce dont il ne doutait pas, vu qu'il s'était fait porter comme un sac à patate, il avait pourtant l'ascendant du regard. Pouvoir malsain, obtenue au détriment d'une terrible perte. Entre ses dents, il marmonna.
- Qu'est-ce que tu fais ici ?
Le garçon s'éloignait d'abord en prenant une allure raisonnable, histoire de ne pas attirer les soupçons, mais lorsqu'il sentit une présence derrière lui et qu'il entendait des pas se rapprocher dangereusement, il ne put réfréner une précipitation, tout à coup sujet à une certaine frayeur. Il n'était pas loin de l'animal qui se sentait menacé et qui fuyait son prédateur. À deux doigts de se mettre à courir et prendre ses jambes à son cou, il fut interrompu par une attaque éclair du Fromm, qui, par un enchaînement parfaitement exécuté le poussa dans une pièce à part, à l'écart du passage potentiel d'autres gardes. Dans d'autres circonstances, Loki aurait sans doute fait en sorte de se défendre, mais il se voyait mal user de violence envers Amastan, qui plus est, était dans son droit de se demander ce qu'un aventurier faisait dans ses couloirs. Loki attrapait son épaule qui avait été victime de l'impact, y exerçant une pression comme pour calmer la douleur infligé.
— Aouch..
Maugréa-t-il, une grimace étirant ses traits.
Pourtant, en constatant la posture dans laquelle il se retrouvait, il lâchait bien rapidement son bras et se perdait dans les yeux du...garde, ça n'était pas le moment de se montrer faiblard et infantile. Cette position le mettait dans une situation d'inconfort, l'avantage était pour le Fromm et il ne pouvait pas s'en dégager. D'habitude, il aurait réagit avec impulsivité, il aurait élevé la voix et se serait montré aussi écervelé qu'un morveux, mais ici, alors qu'il ignorait la plupart du temps ce qu'était la gêne, il ne pouvait s'en soustraire et même ses joues prenaient feu. En plus de ça, ressentir l'érubescence ne faisait qu'empirer la situation et il maudissait l'ascendant temporaire que possédait le narcoléptique. Heureusement qu'il avait du caractère, un autre serait peut-être resté bouche bée, ou se serait caché le visage.
— J'étais sur le terrain d'entraînement et on m'a confondu avec un garde, je n'ai même pas pu m'expliquer qu'on m'a envoyé ici.
Soufflait le bicolore, renfrogné.
— Les gardes ont la fâcheuse tendance à ne pas m'écouter quand je parle. N'êtes-vous pas censé avoir l'esprit plus avisés que les aventuriers ?
Demandait-il, suivit d'une petite pause, il s'apprêtait à faire acte de plus d'effronterie, mais il se ravisa, scellant ses lèvres.
Soudainement, il se souvenait de la raison de sa venue, peut-être était-ce le sujet sur lequel il aurait dû s'exprimer, après tout c'était la réelle raison de sa venue. Loki fouillait ses poches à la recherche du papier qu'il avait examiné plus tôt, l'avait-il fait tomber pendant la course ? Si c'était le cas, le voilà bien embêté, son expression d'ailleurs laissait présager une certaine contrariété et l'écho de future protestation, mais en cessant de farfouiller négligemment et en se calmant, il retrouvait la trace de la note qu'il exposait devant son visage.
— Il me faut un garde...pour une quête. C'est demandé ici.
Corroborait-il, montrant de l'index l'endroit où c'était indiqué.
— La récompense est intéressante, je pensais trouver quelqu'un rapidement.
Concluait-il.
Finalement, il s'avérait que trouver un garde était beaucoup plus compliqué qu'il ne le pensait.
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Les explications de l'illusionniste débutait et il écouta avec attention, soupirant, apaisé en son fort intérieur, quand il exprima le fait qu'il n'était pas ici pour faire de vieux os. Il ne s'insurgea pas lorsqu'il critiquait ses pairs, parce qu'après tout, c'était un peu vrai, ici on ne se partageait pas vraiment des pensées de journal intime. Les monologues, les plus de cinq phrases, étaient considérés comme superflue. En tout cas, durant la journée, lorsque les vieux supérieurs étaient aux aguets, lorsqu'ils cherchaient le moindre fainéants pour lui faire payer son poil dans la main. Ironiquement, pour avoir la paix, valait mieux sortir de la caserne, partir en assignation. Cela lui paraissait moins fatiguant, ou plutôt moins ennuyeux. Néanmoins, le soir, il était possible de discuter, accompagnés des collèges avec lesquels des affinités s'étaient crées. La suite non plus ne l'atteignait pas, il fallait de tout pour faire un monde. Si certain aventurier avait la finesse dont faisait preuve le craqueur d'allumette, quelques gardes pouvaient bien être aussi futés qu'un gloot.
Tout bonnement, Amastan n'interagissait pas avec le bicolore, attendant qu'il en vienne à l'important, à l'essentiel : Ce qui pourrait l'éloigner de ces lieux, au plus vite. Finalement, plus intéressant que le débit de parole du plus jeune, un papier, officiel de plus. Il se mettait donc accroupis, toujours au niveau du bassin de son homologue et attrapa le papier d'une main vive. La lecture fut rapide, et la remarque de l'autre ne lui échappa. Un garde, c'était tout ce qu'il lui fallait pour disparaître. Très bien, ça n'était pas ce qu'il manquait ici. Le blanc se relevait, garda le papier et ouvrit la porte en lançant un regard à l'aventurier.
- Bouge toi, on va te le trouver ce garde.
[...]
Il n'arrivait pas à croire qu'il prenait la route avec le jeune Poe, chiffonnant le papier qu'il n'avait pas rendu à Loki par rage. Encore une fois il semblait que les planètes c'étaient alignés pour se moquer de lui. Pourtant, hors de question de faire marche arrière, il en valait de son honneur et de celui de son régiment, qu'il représentait. Depuis son entrée dans la garde, il avait fait des efforts incommensurable pour ne pas être considéré comme un poids mort, comme un malade inutile, pour gagner la confiance de ses pairs. Même si cela n'était pas totalement gagné, il avait réuni plus de succès que de déceptions. Le narcoleptique devait continuer sur sa lancé, refuser de venir en aide à un aventurier, qui faisait partie des citoyens du royaume d'Aryon, ne collait pas avec la politique de la garde. En chemin, les souvenirs encore frais de son courroux lui vint en mémoire.
FLASHBACK
Sortie de leur fameuse pièce d'échange, Amastan escorta Loki dans la caserne. L'entraînant de groupe de garde, en groupe de garde. Ils essuyaient plusieurs refus, mise à pied, congés, assignations de la plus haute importance, entraînement dans les hauteurs.. La liste n'en finissait pas, même la récompense ne semblait les intéresser. Un lieutenant qui observait le manège depuis un moment, s'arrêta soudainement devant le duo et demanda soudainement à Amastan pourquoi il ne s'y rendit pas lui même. Question à laquelle, il ne trouva aucune réponse tant elle était absurde et pourtant ce fut sa perte, aussitôt le lieutenant lui ordonna de se joindre au jeune aventurier.
FIN DU FLASHBACK
L'aventurier marchait devant, tandis que derrière, le blanc le fusillait du regard.
Amastan s'emparait du bout de papier et se redressait, Loki en profitait pour se hisser plus haut et s'asseoir, il tapotait du bout des doigts son genoux, signe de sa nervosité, mais restait silencieux pour permettre au garde de prendre connaissance de sa quête. Finalement, l'homme se levait et ouvrait la porte, lui ordonnant de le suivre, il allait l'aider à trouver un garde prêt à l'accompagner. Le bicolore opinait du chef, se redressant à son tour, assez étonné que le blanc lui impose son assistance. Vu comme Amastan se pressait à demander à tous ceux qu'ils croisaient, le jeune homme concluait qu'il ne s'agissait pas d'un geste d'amabilité commun, non, c'était uniquement pour se débarrasser le plus vite possible de lui comme on voudrait se séparer d'une connaissance honteuse. Coup du sort, après des dizaines de demandes non concluantes, un des supérieur du garde lui imposait de faire la quête. Ce qu'il avait d'abord voulu refuser, il s'était apprêté à rétorquer, mais Amastan acceptait sans broncher bien avant que Loki puisse dire quoi que ce soit. Voilà pourquoi il avait préféré les aventuriers à la garde, même si la vie était plus instables et turbulentes, il avait souvent le choix. Après cela, Loki devait attendre qu'Amastan fasse son packetage, le bicolore avait déjà préparé ses affaires en amont puisqu'il pensait partir immédiatement après avoir trouvé un compagnon.
[...]
Depuis leurs départs, Amastan et Loki n'avaient dit mots, ils se contentaient de marcher et depuis le début c'est l'aventurier qui menait le convoi en direction des montagnes. La requête venait d'un riche citoyen qui vivait dans un village entre l'arbre sacré et les montagnes, ce qui expliquait pourquoi Loki prenait la direction du célèbre arbre, cela faisait longtemps qu'il n'était pas passé par là, peut-être aurait-il l'occasion de voir le conifère sous la neige, c'était un spectacle de grande beauté que même les plus insensibles appréciaient admirer. Même s'il se perdait dans ses pensées et oubliait parfois la présence du garde, il reprenait conscience de sa compagnie car il entendait les pas de l'homme écraser la neige et surtout, il sentait un regard malveillant lui reluquer le dos. Soudain, il entendait le bruit d'un papier se froisser et il se retournait à la hâte, franchissant les quelques pas qui le séparait du narcoléptique.
— Non, il faut en prendre soin, on en a encore besoin.
S'exclamait-il, sur un ton de reproche, ne dissimulant plus son agacement.
Loki s'emparait du papier dans les mains du blanc, les sourcils froncés, visiblement contrarié et il fit demi-tour, reprenant sa place dans l'acheminement. Le garçon n'avait plus la force de faire semblant que cela ne l'atteignait pas, il se retenait déjà depuis bien trop longtemps et il était à deux doigts d'exploser, furieux. Si le garde n'était pas ravie par la situation, pour l'aventurier c'était tout aussi tortueux. Le jeune homme dépliait le bout de papier et il essayait de le lisser du mieux qu'il le pouvait pour le rendre présentable. D'autres longues minutes passèrent, sans que Loki ne daigne se retourner, il se lamentait de ne pas être venu avec un inconnu, il aurait au moins pu passer le temps en faisant connaissance, là il était bien parti pour jouer au roi du silence pendant les vingt prochains jours. Soudainement, une question taraudait l'esprit du garçon peut-être serait-il intelligent de partager ce qu'ils avaient en terme d'équipement non ? Les gardes bénéficiaient-il d'une tente ? Où les deux comparses allaient-ils devoir dormir à même le sol tapissé de blanc ? Comme la fois précédente, Loki revint sur ses pas et s'approchait du garde, cette-fois-ci en faisant preuve de modération.
— On devrait peut-être se montrer nos équipements respectifs non ? Qu'on sache comment s'organiser pour la nuit et aussi quand on arrivera aux grottes ?
Demandait-il.
Sans attendre une réponse positive de la part du garde, Loki recherchait une roche lisse ou le tronc d'un arbre découpé par un bûcheron. Une fois fais, il fléchit les genoux et retirait le sac de son dos pour l'ouvrir et le secouer vulgairement au-dessus du support, sans faire preuve d'aucunes formes de précaution. Les objets tombaient, potions, ficelle enchantée, pastilles synébrales, lame retour, mais à son grand malheur, Loki oubliait qu'il disposait également d'outil un peu plus honteux. Des chocolats du bûcheron par exemple, il avait confondu la boite avec d'autres chocolats, il avait tout simplement voulu se faire plaisir et finalement, il avait fait l'acquisition de ceux-ci. Plus encore, un bel'incandescent qui tombait et roulait jusqu'au pied du garde. Loki l'avait vu tomber et l'avait suivit du regard tout le long de son trajet jusqu'à la semelle des chaussures du Fromm, il relevait les yeux vers le visage du blanc, qui, sans surprise avait repéré l'objet. Une insulte fredonné s'échappait des lèvres du bicolore, sa maladresse avait le don de l'humilier et encore une fois, il ne put échapper à l'érubescence, les joues aussi rose qu'un chamallow, mais cette-fois ci, la moindre moquerie le ferait sortir de ses gonds.
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Le bruit du papier qu'il chiffonnait, réveilla subitement l'être face à lui qui en plus de l'interrompre dans ses pensées noires, lui râlait dessus. Il se figeait en entendant la voix, en voyant le corps s'approcher et lui arracher le papier des mains, avec une certaine délicatesse. Le bicolore était plus attentionné avec le papier qu'il l'avait été avec lui lorsqu'il c'était retrouvé comme un poids mort sur son dos ! Il ne pipa pourtant mort et lorsqu'il jugea l'aventurier assez éloigné, il reprit sa marche en marmonnant dans sa barbe comme un gamin. Soudainement, il tilta. À quel moment de sa vie, c'était il permis ce genre de comportement ? Il n'avait pu vivre la vie d'un enfant normal et a présent, à vingt huit ans, il ce comportait comme t-elle ? C'était une honte, cette pensée fut accompagné d'une sensation désagréable et reconnaissable entre mille de fourmillements dans la totalité de la main droite. Il soufflait, cherchant à se calmer, par habitude, il s'adressait à sa sœur dans sa tête et lui demandait de l'aider à surmonter cette quête.
Encore une fois, il fut interrompu par son cadet, mais cette fois-ci sur un ton bien plus léger et accompagné de paroles bien plus fondamental. Il avait éveillé l'intérêt d'Amastan et ceci put se voir à sa façon de se comporter, la proximité entre leurs deux corps réduites. Haussement de sourcil ostentatoire, mais lèvres toujours closes, il ne jugeait pas la manière peu orthodoxe de l'aventurier de disposer de ses affaires. Puis, c'était peut-être un attrait commun aux hommes de son métier de maltraiter leurs acquisitions. Le garçon avait l'air plutôt bien équipé, ses objets s'avéraient certainement très utiles en tout cas, tout sauf le chocolat de bûcheron et le bel incandescent, qu'il ramassa après s'être penché en avant. Le tendant silencieusement au demeuré. Lorsqu'il pu le récupérer et qu'il avait fini de replacer la totalité de ses affaires dans son sac, Amastan ouvrit enfin la bouche. Pour lui, il n'était pas nécessaire d'ouvrir son sac.
- Net'spray, thé hivernal, tissu Caméléon, potion soin, potion insomnie et déguisement de sapin.
Il était également équipé de ses menottes anti magie, de ses poings américains, et d'un sac de couchage épais. Lunettes abaissés sur le nez, il cherchait le regard de son nouveau super compagnon.
- Est-ce qu'il y a autre chose que tu voudrais savoir ?
Amastan rendit l'objet à Loki et ceux, sans un haussement de sourcil pinailleur ou un rictus gausseur, non, au contraire aucunes expressions ne vint déformer son visage et cette rigidité donnait l'impression qu'il était un être aussi glacial que la neige qu'ils écrasaient sous leurs pieds. C'était peut-être pour le mieux, car même si il n'inspirait pas la sympathie, se moquer du bicolore n'améliorait pas la qualité du voyage, au contraire, l'amorce d'une succession de dispute ne devenait que plus attenante. Toujours accroupit, le garçon écoutait la liste d'objets que possédait le garde et si la possession d'un Net'Spray lui paraissait suspecte, il ne laissait sous-entendre aucune remarque, peut-être bien qu'un haussement de sourcil ostentatoire l'avait trahit, mais ce fut tout ce qu'il laissa paraître.
Loki se relevait, poussant un petit soupire en toisant toujours le visage de son aîné, il n'appréciait pas du tout son attitude, son indifférence et sa nonchalance était tout ce qu'il y avait de plus hautain. Il ne lui demandait pas de lui offrir un large sourire expressif, non, il savait bien qu'ils ne pourront jamais nouer une relation amicale, mais s'il pouvait au moins avoir l'air impliqué dans la mission ? Parce que si on ôtait les circonstances qui façonnaient leur relation, d'un point de vue externe, Amastan avait l'air d'être un con. Retenant un autre soupire, Loki reprenait la marche et s'élançait plus loin que le blanc.
— Non.
Avait-il lâché, en frôlant son bras.
C'était mieux qu'il se limite à cela et qu'il retourne à la marche, sinon son exaspération allait être bien trop visible aux yeux du garde. D'autres heures passèrent et le soleil déclinait doucement dans le ciel jusqu'à son point de chute à l'horizon, la température baissait, mais le mouvement maintenant Loki au chaud. Il réfléchissait déjà à un endroit où s'arrêter, il connaissait plutôt bien la forêt, cela faisait maintenant un peu plus de quatre années qu'il était aventurier et il avait pu la visiter en long, large et travers. Il savait qu'un abri de chasseur n'était pas loin, le sol en bois serait moins confortable que la mousse de la neige et ils ne pourront faire de feu, mais les murs couperaient le vent qui pouvait se montrer aride à cet période de l'année et les sacs de couchages de peu qu'ils soient bien moletonné étaient un avantage certain. Le bicolore ne pouvait prendre les décisions tout seul alors il se retournait pour aller en informer le garde, arrivé à sa hauteur, le garçon décidait de ne pas lui faire face mais bien de marcher à ses côtés, il en avait marre d'être le phare qui guidait le navire.
— Il y a un abri de chasseur pas loin, les murs nous couperont du vent et de la neige. On ne pourra pas profiter d'un feu pour la nuit, mais ça me semble plus judicieux.
Affirmait-il, au dessus de son épaule.
— Je ferais quand même un feu à l'extérieur pour réchauffer le repas. Si tu as besoin d'en profiter..
Suggérait-il.
Le garçon en avait assez, il avait besoin de délier sa langue et même si Amastan était la dernière personne avec qui il avait envie d'avoir une conversation ou sinon, il finirait par s'endormir en marchant et ils n'arriveraient jamais à bon port. D'un naturel curieux, les questions lui échappaient spontanément.
— Tu es déjà passé par ici ? Tu as déjà vu l'arbre sacré ? As-tu visité tout le continent ?
Mitraillait-il.
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Le jeune adulte reprenait la marche, ignorant presque sa remarque, jouant les insensibles. La vérité, Amastan savait qu'au fond, le bicolore voulait certainement lui écraser ses jointures sur le nez, d'ailleurs, taquin, c'est ce qu'il cherchait à obtenir. Si d'habitude ses taquineries ne pouvaient être prises aussi mauvaises, ici il aurait été compliqué de ne pas les considérer autrement que comme détestable. Le blanc ne chercherait pas à faire changer d'avis l'aventurier, oh non. Celui-ci s'éloignait d'ailleurs feintant l'imperturbable.
Finalement, au bout d'un temps, fixer le dos de son homologue, ne suffisait plus à alimenter sa haine, ni l'occuper. Il prit le parti de la contemplation, encore et toujours. Depuis une éternité, il avait voulu visiter, découvrir ses merveilles, alors bien accompagné ou pas, rien ne l'empêcherait d'observer les beautés de ce monde. Le blanc s'émerveillait de ses couleurs, des conifères puissants dont seul la cime présentait encore un beau vert, éblouis par les rayons du soleil. Le ciel semblait être le couvercle du monde, et lui renvoyer son propre reflet, mer de nuages miroitantes.
Petit à petit la lumière s'évaporait, elle laisserait bientôt place à la quiétude de la nuit et l'éclaircie doucereux de la lune. D'ailleurs, si la nuit tombait, c'était signe pour eux d'établir le camp, se reposer pour partir en marche de plus belle. Mais où ? Couper dans son élan par l'illusionniste qu'il n'avait pas remarqué être venu à ses côtés, il écouta pourtant les propositions qui s'avéraient intelligentes. Il se trouvait même qu'il n'avait pas grand chose à y redire et il hochait la tête positivement, montrant son accord. La suite des paroles du garçon, le surprenait un peu.. il pourrait se faire a manger tout seul. Il n'était pas un assisté et en même temps la proposition le choquait, le faisait ouvrir les yeux sur un point qu'il n'avait pas encore soulevé : ils allaient dîner ensemble.
Puis les paroles continuaient à sortir, en boucle de la bouche du Poe. Tel une déferlante insaisissable, des sentiments contradictoires se logeaient dans son esprit, car les questions étaient intéressantes, il voulait y répondre, mais la personne qui les posaient en avait il l'a légitimité ? Les yeux rivés sur Loki, il laissa une minute de silence peser sur leurs épaules, il cherchait une réponse invisible dans le regarde hétéroclite face aux siens puis après un moment, comme s'il avait trouvé ce qu'il devait trouver, il ouvrit la bouche. Alignant plus de trois mots.
- Non, non et.. non.
Encore une fois, le silence, son torse se soulevait, rire muet. Il l'avait assez torturé pour cette fois, supposa t'il.
- Et toi ? Tu as déjà tout vu je suppose ?
Loki attendait une réponse de la part d’Amastan, le son de sa voix s’était évanouit depuis plusieurs secondes maintenant, mais la seule réponse qu’il obtenait c’était que le garde lui rende son regard de chien de faïence. Les yeux du Fromm n’étaient plus emplie par le même mépris qu’auparavant, le bicolore s’étonnait même à ce qu’il soit doux, mais inquisiteur. Au fur à mesure que les secondes défilaient, il était de plus en plus compliqué pour lui de soutenir le regard océan. Cela faisait longtemps qu’on ne l’avait sondé de cette manière, il était un grand habitué des regards bref comme ceux qu’on déposait sur les objets de peu de valeur. En réponse à son analyse télescopique, il ne pouvait que lui faire état de pupilles innocentes, sans arrière-pensée, dont la complexité n’apparaissait pas évidentes. Heureusement, avant que Loki ne montre preuve de sa gêne, Amastan répondait enfin, la sentence était brève, la négation s’appuyait à mesure qu’il la répétait, profonde.
L’aventurier tournait la tête, regardant à nouveau devant lui, indisposé par l’étroitesse de sa réponse. En même temps, il était certain que le blanc n’allait pas s’adonner à une conversation avec lui, être côte à côte, à côté de l’assassin de sa soeur et ne rien pouvoir faire d’autre que de respecter la quête qu’on lui avait imposé devait déjà être pesant. Loki ne pouvait savoir qu’elle torture cela devait être, il ne pouvait que l’imaginer et être déçu par son manque d’amabilité n’était qu’une preuve de son égoïsme. « N’oublie pas où est ta place. » pensait-il, alors que cette-fois, c’est le narcoléptique qui sciait la discrétion. L’espace d’un instant, ses pupilles s’écarquillèrent, surprit. Le bicolore n’avait pas les attraits d’un bon dissimulateur, il était comme un livre ouvert, à l’histoire facile que tout le monde pouvait prendre en main.
— Oui et non, j’ai sans doute déjà voyagé dans tout le continent, mais la plupart du temps j’étais contraint à faire vite. Je n’ai pas pu explorer convenablement.
Soufflait-il, sans avoir daigné relever la tête, captivé par la neige qui s’enfonçait sous ses pas.
Le jeune homme trouvait tout de même étrange qu’Amastan n’ai pas plus voyagé, le quotidien de frère n’était-il pas une succession de procession pour prêcher la bonne parole ? Il ne voulait pas poser de questions à ce propos, car il savait que si le blanc vêtissait l’habit de garde et non celui de frère, c’était en lien avec lui. Ils commençaient enfin à échanger, il ne fallait pas gâcher cela avec un sujet qui fâche.
— Dommage que le continent ne soit pas plus grand ou la frontière plus éloigné, j’aimerais ne jamais m’arrêter de découvrir.
Dévoilait-il, soudainement, donnant un petit coup de pied dans un tas de neige plus abondant.
Amastan n’était sans doute pas la meilleure personne à qui se confier, et c’était peut-être pour ça que Loki l’avait fait, parce qu’il n’était pas un fin génie et aussi parce que quelque part, le blanc méritait plus ses confessions qu’un autre ? Le bicolore voulait demander au Fromm s’il avait eu envie qu’il soit jeté en pâture au monde hostile derrière la frontière, mais encore une fois, ça n’était pas un sujet sur lequel il pouvait converser librement, il ne pouvait que faire des suppositions. Au fond, il pensait que le blanc était aussi bon que sa soeur, sinon il se serait vengé depuis longtemps, rien ne l’en avait jamais empêché.
Voilà que la cabane de chasseur se dressait devant les deux comparses, apparemment, personne n’y avait élu domicile. Le garçon montait les escaliers pour rejoindre le petit avant-poste, exigu, il y avait à peine la place pour disposer deux sac de couchage l’un à côté de l’autre. Pourtant, Loki déposait ses affaires, il était impossible de faire le difficile surtout que ce genre de situation était monnaie-courante pour un aventurier.
— Je vais chercher du bois pour le feu pour cette-fois, surveille nos affaires.
Suggérait-il.
Le bicolore attrapait le couteau à sa ceinture et il s’enfonçait dans la forêt à la recherche de bois, il découpait les branches les moins humides, celles qui étaient le plus à l’abri de la neige, le couteau alternant entre ses mains et tenir entre ses dents quand il arrachait avec vigueur les branches les plus récalcitrantes. Il ramenait le butin de son expédition au camp, au pied de la cabane, il y avait les traces d’un emplacement pour un feu, signe que la cabane était souvent utilisé. Ça arrangeait Loki, qui repoussait la neige qui était à cette endroit, il déposait les branches le plus fines au milieu du foyer et allait chercher de quoi allumer un feu dans son sac.
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La réaction à sa question ne se fit pas attendre, face à lui le regard éberlué du jeune aventurier, le faisait discrètement sourire. De cette situation découla deux affirmations le bicolore apparaissait comme un balourd naïf et la seconde était qu'il suffisait d'une conversation pour le ravir. Finalement, la réponse arriva et ce même si le bicolore c'était détourné, trouvant subitement la neige plus intéressante à fixer. Conformément à son apparence hétéroclite, son changement radical d'humeur et de façon d'agir, c'était le loto avec le jeune Poe. Un jour un impétueux enfant au regard solide et la seconde d'après un marmot qui comptait ses doigts pour ne pas rougir. Le regard du bleu quand à lui s'attardait sur le visage prêt de lui, pour finalement s'élever vers les hauteurs, admirant le début du coucher du soleil.
Les deux compères avaient fait quelques pas, plus rien d'audible à par le craquement de la neige sous leurs pas, le silence était devenus maître à nouveau. Étrangement, le silence qui avait prit place entre eux, cette fois-ci était plus confortable, comme un ami que l'on avait, depuis longtemps perdu de vu et qui revenait mais dont on constatait qu'il n'avait pas changé. Amastan appréciait les silences reposants, autant qu'une remarquable conversation. Pourtant, il avait plus souvent vécu le mutisme en solitaire qu'il ne l'aurait voulu, loin du vacarme des autres, toujours comme si un mur invisible les séparaient, comme s'il ne ferait jamais partie du véritable monde des vivants mais plutôt de celui des oubliés.
La voix du jeune Poe le sortait de ses spéculations isolés, la sentence proclamé lui donna envie d'hocher la tête en souriant, mais il n'en fit rien, la constatation d'une proximité aussi incertaine que véridique le laissa quelques secondes bouche bée. Dommage, il aurait pu agir avec spontanéité, s'il n'était pas face à l'homme qui avait mit fin aux jours de sa sœur. Néanmoins, cela ne changeait pas de d'habitude, lorsqu'il disait apprécier quelqu'un c'était toujours vrai, lorsqu'il affirmait abhorrer un autre il n'en était pas autrement. Cependant, la spontanéité ne faisait pas partie de lui, pas lorsqu'elle représentait un risque pour lui de se trouver sans défense et de se donner en spectacle de pas la perte de sa motricité. Alors les sourires qu'il lançait aux personnes qu'il appréciait semblait moins grand et les grimaces de désapprobation moins visible, beaucoup de personne semblait croire qu'il était un hypocrite. Cela n'était pas le cas, il s'éloignait simplement d'une source de problème. Tardive, la réponse finissait par arriver et n'avait rien d'agressive ou de moqueuse.
- Si seulement c'était possible, je m'évertuerais à aller le plus loin même si ça devait me prendre une éternité, ma vie entière, entres quelques milliards d'assoupissements. Tu finirais certainement la découverte avant moi, quand bien même je me serais mis à son exploration dix ans avant.
En fait, bien qu'elle était adressé à l'illusionniste, elle avait l'air d'avoir été murmuré pour lui-même, comme un souhait prononcé à haute voix. Cela n'en restait pas moins, une révélation, de lui-même, de ce qu'il pensait réellement. Encore une fois, Amastan faisait preuve de faiblesse, car s'il était censé détester du plus profond le bicolore, il n'avait pu s'empêcher de répondre à sa conversation. Appâter un chat consistait à lui balancer de la sardine sous le nez, appâter Amastan résidait dans l'abordage d'un sujet digne d'intérêt. Et malheureusement pour lui, ils étaient nombreux.
Finalement, pour le plus grand plaisir des muscles de ses jambes, qui bien qu'habitués à l'effort apprécieraient l'optique d'une bonne nuit de sommeil, la cabane s'était dévoilé à eux. L'aventurier prenait les devants, comme depuis leur départ de la capital, le début de la quête se signait sous le joug du garçon. Si le garde n'avait pas râlé jusque là, c'est qu'il était un habitué des ordres et qu'il n'était pas friand de jouer les commandants en chef. Même s'il comptait réaliser le succès de cette quête, elle n'en avait pas moins été l'idée de Loki. Laisser à césar ce qui revenait à césar était l'un de ses crédos, qu'il respecterait, Poe ou pas. Celui-ci avait déposé ses affaires et c'était donc rué plus loin à la recherche de bois pour allumer un feu, feu qui allait leur servir à réchauffer leur repas ainsi que leur pauvre âme.
N'appréciant pas rester à rien faire, durant le temps ou l'illusionniste chercha du bois, Amastan prit le partie d'installer leur couche. Plus tôt, le jeune Poe lui avait dévoilé le contenu de son sac, il n'avait donc plus à se sentir gêner de farfouiller dans ses affaires. Surtout qu'il n'était pas à la recherche d'éléments compromettants à proprement parler, puisqu'il les avait déjà tous découvert au moment où l'illusionniste prit le parti de secouer son sac comme un acharné. Le garde débuta par sa couchette, puisqu'il connaissait les emplacements de son sac et termina par celle de son homologue. Faisant son possible pour éloigner les couches et créer deux côtés bien distinct leur appartenant, il plaça les deux sacs au milieu, tel une forteresse impénétrable. Lorsqu'il eut fini sa tâche, il entendait les pas de l'aventurier dans son dos. Dans sa tête, une alarme vit le jour, celle représentant un jeune garçon reconnaissant d'avoir un collègue attentionné et attentionné, il ne l'était pas. Du moins, pas avec lui. C'est alors qu'une remarque aussi futile qu'acide sorti d'entre ses lèvres, même si le ton n'était plus aussi brutal qu'à l'origine.
- Ne croît pas qu'il s'agit d'un traitement de faveur, j'ai juste horreur de laisser quelqu'un tout faire sans bouger le petit doigt.
Finalement, Amastan était enclin à la conversation, le bicolore ne pensait pas qu’il allait s’épancher sur des détails le concernant directement. Après tout, depuis leurs retrouvailles, les éléments qu’il apprenait ne venait pas d’une transparence de la part du blanc, mais bien de coïncidence. Ainsi, le Fromm avait délaissé le titre de frère pour devenir garde. La curiosité lui piquait les lèvres, il voulait savoir pourquoi, pour quel dessein ? Peut-être serait-il en mesure de l’apprendre plus tard ? Il l’espérait. Des paroles basses, des mots qui côtoyaient le sol s’échappaient des lèvres de son homonyme, heureusement que la forêt était silencieuse, sinon l’illusionniste n’en aurait pas capté le propos. La surprise ne fut que brève d’entendre ses propos, car il savait que pendant leurs enfances, Amastan se languissait de pouvoir sortir dehors. Loki se souvient de l’avoir salué à plusieurs reprise depuis le jardin, tandis que son aîné se tenait derrière le carreau. La perspective de découverte avait certainement toujours été une motivation.
[…]
En entrant dans le cabanon, il remarquait que le blanc avait gentiment installé son couchage, il allait pour remercier l’aîné, mais celui-ci le rappelait à l’ordre. Il ne faisait absolument pas cela par gentillesse, il s’évertuait juste à être un compagnon de quête utile. C’était évident, comment le bicolore pouvait-il s’imaginer qu’il ferait preuve d’une amabilité naturelle ? Sa présence n’avait pas finit de lui coûter.
— C’est tout à ton honneur.
Soufflait-il, simplement.
Le jeune homme s’agenouillait prêt de son sac qui avait astucieusement été érigé entre son duvet et celui d’Amastan, c’était bien la première fois que quelqu’un prenait ses précautions ainsi, étais-ce une habitude de la garde ? Il se demandait s’il était une exception ou si le blanc faisait coutume de cette habitude durant ses assignations ? En tout cas, si son homonyme appréhendait cette première nuit, il en était de même pour Loki. Déjà parce qu’être assassiné dans son sommeil était une mort à laquelle il n’aspirait pas et ensuite, parce qu’il espérait pouvoir se lever tôt pour ne pas perdre de temps. Ils avaient déjà énormément de chance que le garde n’ai pas été sujet à des crises pour leur première journée de trajet. Enfin, le garçon trouvait ce qu’il cherchait, une pierre de silex et de marcassite qu’il tenait de son père. C’était rudimentaire et il ferait mieux de se procurer une pierre de feu, mais il ne s’agissait à ses yeux, pas d’une nécessité.
Le garçon allumait le feu et réchauffait le plat, le repas se passait plutôt silencieusement, il arrivait que Loki se fasse entendre, mais il n’avait droit qu’à des onomatopées en toute réponse. L’estomac remplie, le bicolore nettoyait le peu de vaisselle utilisé et il laissait à Amastan le loisir de se réchauffer. Plusieurs minutes passait et la pénombre s’étant installé depuis longtemps, le garçon décida de ne plus alimenter le feu et de le laisser s’éteindre, il était tant de se coucher. Le coin étant encore proche de la capitale et plutôt sûr, il n’y avait pas besoin de monter la garde et ils pouvaient profiter pleinement de la nuit. Le plus jeune s’installait dans son duvet, il fit tout cela silencieusement, de toute manière il n’y avait plus grand chose à faire et bientôt, il fut embrassé par les bras de morphée.
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Le repas se fit dans le calme, mis à part les quelques, ou plutôt nombreuses interruptions du bicolore. Il avait fallut qu'il se délivre un peu, qu'il laisse une ouverture pour que le plus jeune crois pouvoir s'y faufiler et s'y installer. A tord, il avait cru qu'à force de réponse courte, l'autre perdrait espoir et finirait par se taire mais c'était mal connaître le jeune homme qui avait il semblerait toujours de quoi alimenter une conversation à sens unique. Bizarrement, il ne pouvait se résoudre à lui dire clairement de se taire, les questions et affirmations n'étaient pas forcément futiles, mais intéressantes et drôles.. Malgré sa naïveté, son jeune âge, le gosse avait vu pas mal de chose qui valait le coup d'être expliqué. De plus, Amastan était fatigué de jouer le méchant, certes il ne se voyait pas copiner avec l'assassin de sa sœur et n'avait envie de lui montrer aucune bonté mais son caractère excluant la mauvaise gratuité.
Le regard du plus vieux, s'attardait parfois sur le bavard mais bien plus souvent sur la voûte céleste qui s'étendait au dessus d'eux. S'il appréciait observer les paysages verts, ceux enneigées, le rouge du crépuscule ou encore le bleu du midi, les lumières qui éclairent le ciel la nuit n'avaient rien à envier aux autres beautés. Dans sa tête, il les reliait, leurs donnaient des noms, encourageait les plus petites à grossir et briller encore plus. Il en avait choisit une pour sa soeur, l'avait nommé Millie elle aussi, plus brillante et plus grande que toutes les autres. Si ce n'était pas les étoiles qu'il fixaient, incrédule devant tant de beauté, c'était les flammes, les cendres, les sillons rougeoyant qui semblait former des veines au creux des branches mortes, asséché. Sa soeur, avait-elle connue le même soeur ? Avait-elle souffert ? Il n'avait pas été la, mais l'être en face de lui si.. La question lui piquait la langue, pourtant il n'était pas prêt à en entendre la réponse.
Le bicolore c'était attelé à toutes les tâches ce soir, sans s'en plaindre, demain ça serait son tour. Les gestes qu'il effectuait avait l'air d'avoir été mainte fois fait et refait. Preuve qu'il avait déjà dénombré grand nombre de quête. Peut être aurait-il dut devenir aventurier lui aussi.. Mais un aventurier était souvent livré à lui même à la garde, la loyauté envers soldat l'avait déjà sortie de la panade. Silencieusement, ils prirent le chemin du cabanon et s'installèrent en cœur. Néanmoins, le narcoleptique réalisa quelques gestes en plus, et s'attacha comme habituellement les poignets à l'aide de ses menottes anti-magie. Peut-être était-ce l'habitude mais dos à son cadet, il ne put s'empêcher de souffler.
- Bonne nuit.
À la caserne, il avait sympathiser avec sa camarade de chambre et lorsqu'il le pouvait, lui glissait toujours ses mots. Une seconde bêtise, une seconde ouverte de laquelle l'illusionniste allait profiter, ce dit-il. Emmitouflé dans son duvet, il se pensait assez fatigué pour s'endormir sur le coup. Quel ironie, il s'endormait à point fermé sans pouvoir le contrôle d'innombrables fois dans l'année et lorsqu'il désirait ce faire, il n'y arrivait pas. En cause ? La morsure du froid, le garde était d'un naturel frileux et mettait des cristaux de côtes pour d'acheter un animal de compagnie, très utile en cas de température basse : Le Solnar. Son corps grelottait, la chaire de poule recouvrait son épiderme, le bout de ses doigts s'engourdissaient et ses dents claquaient. C'était sûr, le froid aurait un jour raison de lui.
Les mots d'Amastan ne trouvèrent pas de réponse, pas que Loki ne soit pas assez poli ou aimable pour y répondre, mais le garçon avait toujours été un dormeur rapide. Il était de ceux qui avait la chance de fermer les yeux et en un rien de temps trouver sommeil, pas comme ceux qui ressassaient pendant des heures avant de trouver le repos ou qui faisait des insomnies récurrentes, non, le bicolore était encore doté du sommeil d'un enfant. D'ailleurs, tous comme les enfants, l'aventurier bougeait énormément durant son sommeil, ses jambes et ses bras remuant en tout sens, il changeait souvent de position et une tel bougeotte pouvait s'avérer emmerdant, on le lui avait déjà reproché. Ici, il réussit l'incroyable exploit de repousser les sacs à ses pieds et à ceux de son homonyme, aussi, il se rapprochait du narcoléptique, il allait même jusqu'à enrouler l'un de ses bras autour de lui, s'accrochant comme un ouistiti à une branche.
[...]
Voilà plusieurs lunes que les deux garçons étaient partis pour la montagne, une semaine plus exactement. Vu l'affluence de monde qui augmentait, ils approchaient certainement de l'arbre sacré, d'abord ça n'était qu'une impression, puis l'aspect du sentier le confirma. Loki était légèrement désorienté par les phases de sommeils obligatoires par lesquels il passait. Amastan ne portait que ses menottes durant la nuit et ils leurs étaient arrivé de s'endormir en pleine journée à plusieurs reprises. Loki avait même fait le choix de continuer le voyage durant l'obscurité pour ne pas perdre de temps et aussi car la fatigue n'était pas assez présente pour se prêter à la sieste.
Soudainement, se dressant non loin, entre les branches de la luxuriante forêt : L'arbre sacré. Il se tenait plus haut et plus fort que les autres, ses feuilles étaient vertes et brillantes. Les saisons passaient et il ne changeait pas, gardant son feuillage, inspirant toujours la même sensation d'éternité. Sa lumière passait à travers la neige qui le recouvrait, l'arbre sacré était un vrai axe où se rejoignait tous les sentiers. Loki et Amastan devait prendre celui qui partait vers le nord-est. Mais ils pouvaient prendre une pause pour observer et admirer la splendeur devant eux. Ça faisait du bien de redécouvrir la magie de ce monde.
— C'est beau hein ?
Demandait le bicolore, happé par cette image.
Plus ils s'approchaient, plus le tronc était visible et Loki constatait qu'à proximité de l'arbre, juste devant le tronc, il y avait un groupe plutôt conséquent de frère qui priaient et qui se recueillaient prêt du conifère. Son attention se portait alors sur Amastan, les avait-il remarqué ? Est-ce que cela ferait naitre un sentiment douloureux ou de désappointement ? Cela l'empêcherait-il de contempler l'arbre sacré ? Après tout, Loki n'avait aucune idée de comment c'était passé son changement de profession. Il savait juste qu'il avait quitté l'enseigne religieuse après que sa soeur soit morte et que, d'une certaine façon, c'était de sa faute. Rapidement, c'était inévitable, les perles bleues pointaient dans la direction de l'attroupement fraternel.
— C'est dérangeant...?
Osait Loki, timidement.
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D'après le souffle qu'il entendait s'évader des lèvres du bicolore, celui-ci c'était endormie dès lors que son corps avait frôlé le ''nid douillet''. Quel chance se disait-il, alors que d'habitude il désespérait de s'endormir. Après quelques minutes, il fut étonner de constater que l'autre dormait encore comme un bébé, il ne devait pas avoir partager son lit bien souvent pour effectuer une telle zizanie. Franchement, il était à deux doigts de se redresser et de mettre une baffe sur chaque oreille de l'illusionniste quand celui-ci, roula suffisamment pour se coller à lui et l'enrouler d'un bras. Le blanc sentit son visage rouge de colère et amorça un mouvement pour retirer le bras, intrus, lorsqu'il constata qu'il ne claquait plus des dents et que l'être près de lui avait la positivité de lui tenir chaud. Il prit la difficile décision de ne rien y changer et de s'endormir ainsi, tout de même, les sourcils froncés.
[...]
Le blanc avait l'habitude de ses phases, il avait bien remarqué qu'au contraire le bicolore avait énormément de mal à en suivre le rythme. Cocasse de se réveiller et de sombrer à n'importe quelle heure du jour n'est-il pas ? Si cela aurait pu dans un certain sens le satisfaire de l'emmerder, il avait aussi le mauvais feeling d'être un boulet, et que l'aventurier le considère comme t-elle. Qu'il en vienne même à remettre en cause sa place dans la quête, sa carrière dans la garde.. Et après tout devait il lui prouver quoi que ce soit ? Non, il devrait en avoir rien à faire de ce que pense le gamin, craqueur d'allumette, tueur de petit sœur ! Pourtant, il n'en menait pas large. Tout ceci n'était qu'histoire d'égo, alors en contrepartie, il tentait de briller d'ingéniosité, de par son intelligence. Il savait pister, chasser également cuisiner et pouvait se montrer très charmeur envers les gens qu'ils croisaient pour obtenir quelques services.
Finalement, ils arrivèrent près d'un paysage inestimable dont un des éléments ne le laissait pas de marbre : L'arbre sacré. Il n'avait pu le voir auparavant, il avait été jusqu'au rang de frère mais n'avait pas prêché la bonne parole. Son état l'émancipait de tout ceci.. Ses instructeurs préférant attendre qu'il ai terminé son apprentissage. Le pas du garde ralentissait progressivement, pour s'arrêter. Il en prenait plein la vue, et malgré le fait qu'il détestait retirer ses lunettes en journée, il ne put s'empêcher cette fois de le faire. Comme pour garantir une meilleure qualité d'image lorsqu'il imprimerait cette vision dans son esprit, il ferma machinalement les branches de ses lunettes et serra sa paire dans sa main pour ne pas la perdre. Il se remit en marche, la bouche presque ouverte. Grandiose, grandeur.. Il n'avait pas d'autre mots. Le garde avait l'envie folle d'aller toucher son tronc, cette immensité, force de la nature comme pour si connecter. La question de l'illusionniste resta en suspens, pourtant il était évident que la réponse serait l'affirmative.
En tournant légèrement le regard, il put justement voir un groupe de croyant, faire les prières, s'agenouiller. Il se rappelait encore de ses genoux et de la corne qui s'y était formé à force de rester des heures dans cette position. Les prêtres savaient se défendre mais étaient connus comme des êtres doux, ils cachaient néanmoins un mental d'acier. Il ne vénérait peut-être plus la même déesse, enfin s'il avait réellement cru en elle un jour, tout du moins il avait pour eux un profond respect. Lorsqu'il les avaient quittés, il en connaissait un bon nombre et il ne serait pas surpris de croiser un visage familier. Certains avaient été déçus, mais beaucoup plus encore avaient comprit la décision qu'il avait prise. D'ailleurs d'autres c'étaient même assurés que la vengeance ne soit pas son objectif, son visage se tourna vers le bicolore avant même qu'il n'entreprenne sa seconde question, dans sa tête un non significatif résonnait. Il n'avait jamais eu envie de se venger, la vengeance ne ramènerait jamais Millie et il savait que l'autre avait tout autant souffert. Il détourna les yeux avant que l'autre ne puisse remarqué qu'il fut l'objet de brève contemplation et répondit assez rapidement pour paraître sec.
- Non.
Quelques secondes passèrent et il se décida à renflouer, ou minimiser le malaise, il ne savait pas trop.
- Et toi ? Ils te dérangent ?
La négation du narcoléptique rassurait Loki, il ne souhaitait pas que la présence des frères gâche sa découverte de l’arbre, la question qui suivait par contre le prit de court. Si les frères dérangeait Loki ? Il reculait la tête et secouait ses mains précipitamment.
— Non, non pas du tout ! Je ne pourrais pas affirmer une telle chose.
S’exclamait-il.
— Je n’ai pas de frère dans mon entourage, mais je trouve que c’est très courageux de vouer sa vie à Lucy, j’en serais incapable..
Disait-il, plus bas, ne voulant être entendu par l’un des pieux.
— Tu dois penser que c’est égoïste…non ?
Demandait-il.
En effet, Loki n’avait aucune idée de ce que pensait réellement Amastan, il pensait qu’il était tout aussi pieux que sa famille, tout aussi pieux que l’était sa soeur qui s’entêtait à dire qu’elle voulait devenir prêtresse sans que le bicolore en comprenne la portée. Si le blanc avait voulu être frère c’est qu’il y croyait suffisamment fort pour y dédier sa vie et que la religion vive à son travers, un choix tout à fait altruiste. Effectivement, le garçon n’avait pas grandit dans une famille très religieuse, son père était d’ailleurs considéré comme une honte pour le village et son penchant pour la technologie le rendait presque aussi rejeté qu’un criminel, alors son coeur n’en avait pas été affecté plus que cela, il avait tendance à croire en lui, plus qu’il ne voyait l’empreinte de la déesse.
Le jeune homme et son homonyme admirèrent encore pendant plusieurs minutes l’arbre avant que le garçon ne suggère de partir. Loki ne souhaitait pas perdre du temps, ses rations de nourriture n’étaient pas infinis tout comme celle d’Amastan, il ne fallait pas trop tirer sur la corde. Ils se dirigeaient donc vers le nord-est, empruntant un sentier, qui, cette-fois-ci était tout aussi inconnu pour l’aventurier que pour le garde.
— D’après la note du client, nous avons encore deux jours de marche avant d’arriver à son village. Je ne me suis pas encore aventurer de ce côté.
Disait-il, tout excité en observant la forêt comme si elle allait se montrer différente, mais les tronc, la neige, le paysage, les animaux, rien ne différaient. Pourtant, Loki n’était pas déçu, il était tout de même heureux et se sentait comme un explorateur. Dommage que le continent soit déjà carthographié, sinon il en aurait fait son métier pour sûr.
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