Affairée à ranger les boules de son sapin de souvenir dans un carton, délaissant à contrecœur ces décorations jusqu'à l'an prochain, Dahlia fut immanquablement happée par les réminiscences animées que ces orbes chatoyants renfermaient, qui l'entraînèrent dans une brève rétrospective de son année écoulée. Le moins que l'on pouvait dire, c'était que celle-ci avait été émaillée de nombre de rencontres – aussi intéressantes qu'inopinées - et de péripéties – particulièrement nombreuses durant la saison chaude, pour une raison pour le moins inexpliquée. Mais, malgré un triste épisode d'ordre familial, les évènements qui s'étaient égrenés avaient tous été enrichissants et épanouissants, pour la garde.
Dahlia abordait ainsi l'arrivée de l'an 1001 de façon sereine… en se demandant tout de même ce que celui-ci allait lui réserver. Cela était encore ardu à présager, car Lucy aimait gratifier de surprises les âmes peuplant Aryon… Mais Dahlia pouvait toutefois d'ores et déjà noter que la nouvelle année démarrait sur les chapeaux de roue, avec sa nouvelle assignation aux côtés d'Arthorias. L'heure de leur rendez-vous au niveau d'un site de production de cristaux d'incandescent, convenu quelques temps auparavant lors de leur enquête dans les bas-quartiers, était en effet advenue. L'appréhension se mêla à l'excitation dans la poitrine de la garde, à la pensée de repartir à l'aventure, mais également de revoir le Capitaine. Leur relation avait en effet notablement évolué, depuis leur précédente mission, et il fallait d'ailleurs espérer que cela n'impacterait pas trop le bon déroulement de cette nouvelle affectation. Dahlia n'avait en effet pas l'habitude de travailler avec des personnes… proches, lors de ses missions, et aurait pour gageure de parvenir à cloisonner ses pensées personnelles et professionnelles.
Alors qu'elle venait de ranger son carton de décorations, et s'apprêtait à préparer ses affaires pour le nord, Keruberosu vint soudain la prévenir d'une activité anormale concernant la chrysalide qu'elle détenait depuis peu, un présent reçu lors des célébrations du Solstice. Cet œuf renfermait un glooby, l'une des créatures les plus attendrissantes d'Aryon, lui affirmé le parent qui lui avait offert. Après qu'elle eût retrouvé ce dernier, la garde n'eut qu'à prononcer son nom - Sheepy - pour qu'un petit être gluant, blanc et duveteux comme un mouton, et doté d'une myriade de pattes en émergeât. Malheureusement, il était encore trop petit pour l'accompagner au nord, et elle laisserait Keruberosu veiller sur lui en son absence.
Le lendemain, Dahlia retrouva Arthorias au portail de téléportation, conformément à ce qu'ils avaient convenu ensemble. Ils devaient en effet en premier lieu rejoindre Forteresse, depuis laquelle ils prendraient des chevaux pour rallier le point du rendez-vous avec les trafiquants d'incandescent, situé à quelques heures de la ville sise dans les montagnes. Lorsqu'elle revit le Capitaine, le cœur de la garde s'emballa quelque peu, et des images de leur dernière soirée ensemble affluèrent dans son esprit… Mais Dahlia les chassa, et s'efforça de conserver une attitude professionnelle - tout en le saluant tout de même un peu plus chaleureusement qu'un simple collègue.
Ils ne traînèrent guère et rallièrent Forteresse, cette immense cité fortifiée, taillée à même la montagne, que Dahlia découvrit pour la première fois non sans une certaine admiration. Ils purent prendre des montures dans l'une des écuries de la ville montagnarde - évitant celles de la Caserne, car cela aurait pu desservir leur couverture de trafiquants de drogue. La garde fut très rapidement attirée par un cheval à la robe isabelle et à la crinière d'un blond pâle, avec lequel elle sentit une étrange connexion – sans qu'elle ne puisse réellement se l'expliquer – sur lequel son choix se porta.
Une fois en selle, les deux gardes s'éloignèrent des contreforts massifs et rocailleux de Forteresse pour rejoindre le point de rendez-vous. Dahlia activa alors son pouvoir, afin de mieux endurer le climat glacial prégnant qui régnait au nord, en cette saison froide. Elle fut ainsi recouverte d'une dense toison laineuse. Puis, faisant fi de cette once de gêne qui perdurait en elle suite à l'évolution récente de sa relation avec Arthorias, elle s'efforça d'instaurer le dialogue, le plus naturellement possible :
« Merci pour ton cadeau, au fait. J'ai le sentiment que tu me connais déjà particulièrement bien, pour l'avoir choisi. En revanche, il ne va guère m'aider à garder la ligne, haha. » Lui dit-elle en référant à la chaussette génératrice de bonbons que le Capitaine lui avait fait parvenir, et qui lui avait fait grandement plaisir. « Est-ce que tu as reçu mon pompom ? Je voulais te partager… ce que je ressens, à travers lui. »
Le rouge lui monta légèrement aux joues, et elle embraya sur un autre sujet pour ne pas s'appesantir sur son embarras :
« En tout cas, j'espère que nous couronnerons cette nouvelle mission de succès. Cela va être une gageure, mais la mener à tes côtés me rend confiante. »
Dahlia... Rien que son nom suffit à faire parcourir un petit frisson dans l'échine de l'officier. Ce dernier soupirant en serrant le pompons qui lui avait été offert en sentant le flot d'émotion le traverser.
C'était son petit secret, et il tachait de faire en sorte que cela le reste. Ayant appris des erreurs précédentes.
Depuis quelques temps, les escapades hors de la caserne se faisaient plus fréquentes et Garan remplaçait bien souvent Arthorias dans la vie de tout les jours.
C'était un camouflage grossier mais efficace, qui s'il n'aurait pas trompé ceux qui le connaissaient vraiment, suffisait largement avec le tout venant. Le visage du capitaine de la garde royale n'était pas une figure vraiment connue, et sans sa chevelure, il était pour ainsi dire quasi incognito, d'autant plus que son armure si caractéristique était sous une forme bien différente de d'habitude. Plus dans le style des aventuriers.
Solaire grimpa le long de sa commode pour sauter jusqu'à sa tête, laissant descendre sa tête jusqu'à plonger ses yeux vairons dans ceux identiques de l'officier. Ce dernier sourit à son familier avant de le décrocher de son perchoir le dragonnet s'agitant en tentant de trouver un coin chaud dans la nuque d'Arthorias avant de se laisser aller.
-Pas aujourd'hui petit, aujourd'hui, c'est la mission qui prime
Dit il en le reposant sur son perchoir initial et de commencer à enfiler son armure et s'équiper. On ne faisait pas attendre les missions, surtout quand elles se passaient avec Dahlia
*************
Il retrouva sa collègue avec une joie dissimulée par son casque, et tacha de l'enlever pour lui offrir un grand sourire tout en restant le plus professionnel possible.
Mais dans la capitale, il était encore un peu risqué de montrer quoi que ce soit. Le voyage se passa sans encombre et Arthorias ne put souffler qu'une fois sur le cheval en direction du lieu de rendez vous.
Retirant le heaume à visière, il vérifia une dernière fois ses réserves avant de regarder Dahlia en rougissant à la mention de son cadeau et de son utilisation bien trop fréquente.
-J'ai pensé que ce serait bien plus utile qu'un de ces pulls en vente pour le solstice, tu sais ceux avec des sapins et des rennes en crochet...
Et oui je l'ai reçu... ça m'a fait énormément plaisir et... j'ai un peu honte de le dire... mais je l'utilise souvent... c'est...
Il ne sut trouver les mots et se contenta de fixer la selle de son cheval avant de se reprendre, la mission !
Ils étaient là pour ça non ?
-Je n'en doute pas ! Il nous faudra un peu de courage, mais au vu de la couverture qu'on à... Je ne doute pas que nous réussirons à la jouer convenablement
Un petit rire gênée sortit de sa gorge et à mesure qu'ils avançaient, son cœur s'accélérait. Cela dit l'officier tacha de garder le cap.
-C'est une simple infiltration. Enfin simple... Une fois qu'on aura les informations, on pourra s'en aller et donner nos renseignements à ceux qui agiront. En théorie, c'est a risque minime.
La théorie était ce qu'elle était... Mais il voulait croire que tout se passerait bien
- Armure non contractuelle:
- Armure:
Le temps était pur, et les masses grises des montagnes, bordées de neige, se détachaient dans le bleu du ciel. Aelith inspira avec bonheur l’air des sommets. Sa précédente quête l’avait amenée à récolter des herbes dans les hauteurs, et depuis, l’envie de visiter la forteresse la tiraillait. Ainsi, lorsqu’elle avait reçu son accès au portail de téléportation quelques jours plus tôt, elle s’était empressée de s’organiser une escapade revigorante. A peine arrivée, elle s’était installée sur un muret de pierre pour contempler les reliefs rocheux qui s’étendaient à l’horizon.
Un sourire fleurit sur ses lèvres, et une envie de se dégourdir un peu les jambes la prit. Elle se laissa glisser au sol dans un claquement de bottes. Rien de mieux qu’une petite galopade pour découvrir les alentours ! Elle s’élança en avant, et sentit ses jambes s’allonger peu à peu… tout comme ses bras ?
« Qu… ?! »
Son cri de surprise se mua en un hennissement aigu. Eberluée, elle se dandina maladroitement sur ses quatre sabots. Quelque chose n’était pas normal. Ses yeux se posèrent sur une fontaine à quelques mètres, dont elle s’approcha précipitamment. A la vue de son reflet, un second hennissement, bien plus sonore et saccadé, s’échappa de sa gorge. Elle s’était transformée en cheval. En cheval ! Elle avait certes acquis un tatouage pour rendre la métamorphose possible il y a quelques jours, mais n’avait pas souhaité l’activer jusqu’alors. Et certainement pas en pleine ville !
La panique la gagna, et ses trépignements nerveux attirèrent l’attention de quatre hommes qui venaient d’entrer sur la place.
« Il a dû s’enfuir des écuries… Mais il a de la chance, elles ne sont pas très loin et j’ai un licol sur moi. Viens par là-toi ! »
Elle recula en s’ébrouant. On la prenait pour un vulgaire canasson ? Non, non !
« Allons, allons, mon beau. Tout doux, je te ramène chez toi. »
Effrayée, elle tenta de fuir, mais s’emmêla maladroitement les sabots sur le sol pavé. Sa transformation n’était effective que depuis quelques minutes, et elle ne manipulait pas encore aisément ce nouveau corps. De plus, le stress n’aidait pas.
L’inconnu en profita pour se rapprocher et lui flatter l’encolure en lui enfilant son licol. Elle tenta de se débattre, mais sa vue était encore trouble. Autour d’elle, une foule curieuse s’amassait. Bon gré mal gré, elle se laissa traîner jusqu’à l’écurie.
***
Quelques minutes plus tard, ses esprits retrouvés et sa peur muée en colère sourde, elle tournait en rond dans un box. Comment avait-elle pu se retrouver dans une telle situation ? Et pourquoi ne parvenait-elle fichtrement pas à reprendre forme humaine ? Elle tendit l’oreille pour écouter la discussion d’un palefrenier avec son ravisseur.
« C’est étrange, ce cheval ne me dit rien. Mais après tout, je ne suis pas là depuis très longtemps… »
La porte de l’écurie claqua, et des pas s’approchèrent. Deux voyageurs avaient besoin de montures… et la voix de l’un deux l’interpella. Elle pointa sa tête hors de son box pour observer les nouveaux arrivants. Dahlia était parmi eux ! Une vague de soulagement détendit ses membres. Il fallait qu’elle trouve un moyen de l’avertir ! Elle hennit joyeusement pour attirer son attention, avant que le doute ne s’empare d’elle. Sous cette apparence, son amie avait de grandes chances de ne pas la reconnaître. Il valait mieux ne pas adopter une conduite trop étrange pour l’instant, et prier pour que la garde la choisisse comme monture. Elle tenterait de l’avertir lorsque les conditions seraient plus propices.
A son grand soulagement, Dahlia agit conformément à ses attentes. Son hennissement l’avait visiblement interpellée, et le regard doux de la jument semblait avoir suffi à la convaincre. Après avoir été scellée, Aelith se laissa conduire hors de la forteresse par son amie. La sensation de son mors en bouche l’indignait et la dégoutait, mais elle resta docile.
Une discussion des plus attendrissantes s’engagea alors entre les deux partenaires. Aelith jeta un œil au jeune homme, qui venait de retirer son casque. Voilà donc celui dont son amie lui avait chanté les louanges lors de leur soirée pyjama ! Elle l’imaginait un peu plus charpenté.
La jument souffla des naseaux lorsque Dahlia évoqua le pompom qu’elle avait offert à Arthorias. Trop mièvre à son goût ! Néanmoins, une bonne occasion de les taquiner se présentait : autant rendre le trajet un peu plus divertissant. L’aventurière se rua soudainement pour déséquilibrer sa cavalière. Elle fît un pas de côté en direction du capitaine, tentant de faire glisser son amie jusqu’à lui.
« Ah, ces fameux pulls qui versent dans la surenchère de motifs et de couleurs… J'ai entendu dire qu'il existe même une journée spécialement dédiée pour les arborer et leur rendre hommage. »
Dahlia préférait assurément la sobriété à ces effusions de mauvais goût, bien que cela participât à la magie du Solstice, tout comme les cadeaux. Elle nota d'ailleurs la gêne qui s'empara d'Arthorias lorsqu'il évoqua son utilisation régulière du pompon qu'elle lui avait offert, ce qui ne manqua de la faire sourire. Au moins, elle ne s'était pas fourvoyée dans son choix de présent.
Le Capitaine enchaîna cependant rapidement sur le sujet de leur mission, et alors qu'il venait d'ôter son heaume et de dévoiler son visage, les yeux de la garde ne purent s'empêcher de s'attarder sur sa coupe. Plus courte qu'usuellement, elle lui dégageait la nuque et soulignait la finesse de ses traits. *Ça lui va drôlement bien* se figura Dahlia en son for intérieur, faisant inéluctablement dériver ses pensées vers d'autres considérations, bien peu professionnelles… Toutefois, elle s'efforça rapidement de se reprendre, secouant vivement la tête pour chasser les idées parasites qui cherchaient à s'y insinuer.
« En effet, nous n'avons qu'à revêtir nos couvertures, recueillir les informations à la source, et nous pourrons alors rentrer et revenir… sous un autre type de couverture. » Non, décidemment, elle n'arrivait pas du tout à se concentrer. « Enfin, sous nos vraies identités, je veux dire. » Se reprit-elle en hâte. « Mais tu pourrais peut-être encore conserver un peu tes cheveux courts ? Je dois avouer qu'ils te vont à merveille… »
Plus la discussion avançait, et plus Dahlia s'embourbait, ne parvenant à juguler le véritable objet de ses pensées. Leur mission s'annonçait plus compliquée que prévu, au vu de ses difficultés à aborder les choses sous un angle professionnel, lorsqu'elle se trouvait à présent en compagnie d'Arthorias. Et, pour ne rien arranger, voilà que le cheval qu'elle montait, pourtant extrêmement docile au départ, commençait à faire des siennes. Sa ruade surprit Dahlia, qui ne fut pas assez prompte pour y parer et fut immanquablement déséquilibrée. Elle tomba de celui-ci, droit sur… le Capitaine, sur lequel elle atterrit de tout son poids.
« AAAAAAaaaaaH ! »
Un cri s'échappa de ses lèvres, juste avant que ses bras ne se referment autour d'Arthorias par réflexe. Sous sa masse - laineuse, qui plus est, du fait de son pouvoir actuellement actif - Dahlia le fit choir de sa propre monture, et leur élan les fit rouler ensemble sur quelques mètres dans la poudreuse.
Décidemment, cette assignation s'avérait vraiment mal engagée.
Revenir, sous un autre type de couverture. La phrase le prit au dépourvut, et il rigola nerveusement, persuadé qu'il avait mal compris, ou que son esprit était bien trop enclin a penser à Dahlia plutôt qu'à la mission.
Cela ne faisait pourtant pas longtemps qu'ils étaient devenus "un peu plus" que des amis. Et malgré sa petite expérience, il n'arrivait pas à réfréner ce sentiment presque enfantin. Et quand elle aussi sembla se rattraper, il la fixa en rougissant.
-Oui, nos identités... Même si je ne prévois pas de revenir à la caserne pour longtemps
Passant une main dans ses cheveux inhabituellement court, il rougit légèrement. Peu habitué lui même à cette apparence qui selon lui le rendait un peu plus rebelle
Timidement, il finit par dire
-S'ils te plaisent ainsi... Je pourrais oui... Et ce sera toujours plus pratique à mettre dans le casque si jamais on me pose la question.
Les rumeurs allaient bien trop vite à son gout et si pour le moment, il ne voulait pas vraiment s'en soucier, penser les choses à l'avance pourraient le changer.
La route se déroulait lentement, et le cheval sous lui restait remarquablement stoïque, ce qui n'était pas le cas de celui de Dahlia. Sans doute gênée par la toison laineuse qui la recouvrait, toison auquel il n'avait pas fait allusion par politesse, il la vit rapidement perdre le contrôle de sa monture et plonger sur lui.
La rattrapant du mieux qu'il le put, ce ne fut pas suffisant pour stopper toute l'inertie de la jeune femme, qui le fit dépasser le point d'équilibre de sa selle, et basculer de l'autre côté de sa monture.
Le vide lui tendit les bras autant qu'il serra les siens autour de la jeune femme alors que le sol se précipitait à leurs rencontre. Le choc fut atténué par la neige, et la pente les fit rouler dans la neige, jusqu'au point d'arrêt, ou Arthorias se retrouva au dessus de la jeune femme, les yeux plongés dans les siens, et sans doute bien trop proche pour ses propres envies.
Le blond resta planté là un quelques secondes, hésitant à l'embrasser sur le champ ou l'aider à se relever.
Mais le choix ne lui fut pas laissé, car la neige au contact chaud des deux humains se mit à fondre, s'infiltrant lentement sur les vêtement de Dahlia. Et s'il savait une chose, c'était bien que des vêtements trempés, malgré la laine ne faisaient que donner d'avantage froid.
Ses mains passèrent sous elle pour la soulever du sol, comme une princesse de conte l'isolant du sol froid sans effort visible alors que l'envie de faire sans doute un peu plus commençait à se faire virulente.
-Sacré monture décidément !
Mais il se retrouva quelque peu bête avec la garde dans le bras, pas franchement mécontent, mais hésitant sur quoi faire ensuite.
-J'étais persuadé que tu était une très bonne cavalière, la laine n'aide pas ?
Dit il sans se rendre compte du double sens de sa phrase
- Armure non contractuelle:
- Armure:
Aelith observa avec amusement son amie s'accrocher à son partenaire et glisser sur le sol neigeux dans une effusion de flocons. Elle hennit victorieusement. Le spectacle ne manquait pas de romantisme. "Aelith, entremetteuse pour voir servir!" s'enorgueillit-elle mentalement. Les deux tourtereaux étaient trop timides à son goût, et elle se faisait un plaisir de les aider à se rapprocher... plus intimement.
Néanmoins, son hilarité laissa rapidement place à l'inquiétude. En effet, la monture à la robe baie d'Arthorias, ayant paniqué lors de la collision, trottinait au loin. Lorsque le jeune couple se serait relevé, l'étalon serait sûrement hors de portée ! Si l'aventurière avait voulu égayer le trajet, elle ne souhaitait pas pour autant entraver la mission des gardes. Et encore moins se retrouver avec deux cavaliers sur le dos! Déterminée, elle s'ébroua et, laissant un peu intimité aux tourtereaux, parti à la poursuite de fuyard.
Elle ne tarda pas à le talonner, et tenta de le dépasser pour bloquer sa route. Malheureusement, l'étalon sembla prendre son mouvement pour une invitation à galoper de plus belle et accéléra l'allure. La jument souffla des naseaux avec mécontentement, et s'imposa devant le cheval en le bloquant contre un arbre. Comme escompté, il se stoppa.
Aelith s'avança vers lui en hennissant, pour tenter de l'enjoindre à reculer. Un pas sur la gauche, un pas sur la droite. L'étalon piétinait nerveusement le sol, et ne semblait pas disposé à répondre aux attentes de la jeune femme. Aussi agacée qu’impatiente, elle mordit vigoureusement l'encolure de sa cible et se cabra pour le contraindre à reculer. Cette fois-ci, la manœuvre fonctionna. Le cheval s’ébroua et repartit au petit trot dans la bonne direction.
Du moins, jusqu'à ce que son attention dévie vers une touffe d'herbe sur le bas-côté. Blasée, l’aventurière attrapa la bride du fuyard avec ses dents, et le guida jusqu'aux deux cavaliers. Une fois devant eux, elle baissa piteusement les yeux au sol. Difficile d'imaginer comment ils réagiraient en apercevant l'une de leur monture apporter la seconde en la tirant par sa bride.
Serait-ce suffisant pour qu'un doute sur la véritable nature d'Aelith s'insinue en eux? Peut-être pas, mais ça les inciterait sûrement à lui pardonner sa précédente ruade. L'aventurière mena le cheval bai jusqu'à Arthorias, avant de se tourner vers Dahlia. Elle hésita quelques instants, avant de frotter affectueusement son chanfrein contre le bras de la jeune femme, dans une tentative de se faire pardonner.
Clignant des paupières, elle finit par distinguer l'harmonieux visage d'Arthorias, qui se découpait juste au-dessus d'elle, de façon très proche. Bien trop proche. Durant les secondes qui s'égrenèrent, Dahlia resta coite et immobile, tentant de calmer les battements effrénés de son myocarde, probablement autant dus à l'adrénaline engendrée par leur roulade, qu'à leur troublante et inopinée proximité.
Puis, assez vite, Dahlia eut le sentiment d'être étonnement légère. Comme si son corps – et ses pensées – s'étaient soudainement mis à flotter, en suspens sur un petit nuage tissé de guimauve doucereuse. Une sensation agréable et pure, qui, à la réflexion… n'était peut-être pas uniquement une impression. Arthorias venait en effet de, physiquement, la soulever, l'affranchissant délicatement de la froidure humide de la neige.
« Toutes mes excuses… Je n'ai pas des montures aussi rétives, d'ordinaire. » lui répondit-elle, sans entièrement réaliser la portée de sa phrase. « Son impromptu changement de comportement m'a légèrement… prise au dépourvue. »
Tout comme la présente situation, qui les réunissait dans un contact pour le moins rapproché, en plein prémices de leur mission. Et malgré la douce étreinte des bras d'Arthorias, et l'envie d'y rester éternellement, Dahlia se résolut à le quitter, légèrement à contrecœur, pour se remettre sur pieds. En effet, l'heure de leur rendez-vous approchait, et il valait mieux ne pas accuser davantage de retard. Une fois debout, la garde tendit sa main au Capitaine afin de l'aider à quitter le tapis de flocons.
« D'ailleurs… Je me demande bien où elle est passée. Ainsi que la tienne… »
En effet, Dahlia réalisait qu'ils étaient à présent… entièrement seuls, leurs deux chevaux ayant tous deux disparus des environs. Un nœud d'angoisse se forma dans son estomac : ils allaient peut-être devoir poursuivre leur route à pied, ce qui compromettrait leur arrivée à l'heure au point de ralliement. Toutefois, celui-ci se dénoua lorsque bientôt, sa jument réapparut… accompagnée du cheval d'Arthorias, dont elle tenait la bride entre ses mors. Pour une surprise, c'en était une, et fort heureuse ! Caressant le chanfrein de sa monture qui était venu se presser contre son bras, la garde lui glissa dans un sourire :
« Hé bien… On peut dire que madame sait se faire pardonner. »
Ils purent ainsi laisser cette incartade derrière eux, et reprendre leur route. Celle-ci se passa alors sans encombre. Ils cheminèrent le long d'une voie rocailleuse, envahie par des fleurs des alpages et parfois interrompue par des éboulis pierreux tapissés de mousse. Le sentier devint bientôt plus sinueux, et plus pentu, tandis qu'ils gagnaient en altitude. Le lieu qu'ils devaient rallier était en réalité un point de rencontre intermédiaire, car les trafiquants n'auraient jamais d'emblée fourni l'adresse de leur site de production. Les gardes sous couverture y seraient conduits dans un second temps, par les hommes de main qu'ils allaient rencontrer.
Une fois arrivés, Dahlia constata que les hommes du Duc Pourpre étaient au nombre de trois. Juchés sur des montures également, ils discutaient ensemble, engoncés dans d'épaisses cuirasses garnies de fourrures qui alourdissaient leurs carrures déjà trapues, les poings croisés sur le talon de leurs armes – hache ou épée. En voyant le duo arriver, ils s'interrompirent, et l'un d'eux prononça la phrase codée habituelle :
« Le monde est clair-obscur. »
La garde se mordit subitement la lèvre inférieure. Le mot de passe… Quel était-il, déjà ?
« Il n'y a pas d'enne… d'amis, à l'aube. » Les hommes haussèrent leurs sourcils, ourlés de givre sous le froid, de perplexité. « À l'aurore… ? »
Non, ça ne devait pas être ça, à en juger par le regard de moins en moins amène qu'ils dardaient à leur encontre. Il fallait espérer que la mémoire d'Arthorias pourrait rattraper celle – pour le moins déplorable – de Dahlia…
L'officier leva la main en signe de paix, haussant les épaules avec presque un peu d'amusement dans sa voix.
-Cela arrive. On oublie souvent que ce sont des êtres vivants comme nous, peut être à t'il prit peur pour une raison ou pour une autre... Mais mis à part la tunique pleine de neige j'avoue ne pas forcément regretter ce qui c'est passé.
Arthorias tenait à profiter de chaque petit instant qu'il pourrait grappiller avec la jeune femme. Tant qu'ils étaient loin de l'assignation, ils pouvaient se permettre un peu de légèreté.
Et à la surprise générale... Les chevaux revinrent, enfin celui de Dahlia revint, avec la bride de l'autre dans la bouche...
Le blond en resta bouche bée quelques instants avant de hausser à nouveau les épaules. Dans un monde ou la magie était chose commune, un cheval plus intelligent que les autres ne devait pas être si étonnant, non ?
Alors qu'ils remontaient en selle, l'officier en profita pour déposer un rapide baiser sur les lèvres de Dahlia avant de remettre son casque, lui faisant un petit clin d'oeil juste avant que la visière ne couvre son visage. Il restait encore du chemin.
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-Il n'y a pas d'amis au crépuscule
La voix froide émana du heaume de l'aventurier de circonstance, ce dernier fixant les hommes de mains au travers de sa visière. Il était heureux que le heaume cache le dégout qu'il avait pour ces hommes, remerciant d'autant plus ce dernier de lui offrir l'occasion de ne pas le forcer à le cacher.
Faire son chemin avec Dahlia avait eu quelque chose d'enchanteur, de presque trop parfait pour être décrit. Mais voilà que la perspective de se remettre dans cette affaire assombrissait le tableau, faisant plonger l'humeur de l'officier dans des profondeurs abyssales tant l'écart entre les deux sentiments c'était fait grand.
-Et écarte ta main de là
Dit il sèchement à l'un des hommes qui avait la main sur la poignée de son épée.
Démarrait un jeu d'intimidation complexe. Ils n'étaient plus de gentils garde dans un monde parfait.
Le duo se devait d'être les trafiquants qu'ils prétendaient. Et pour peu que quelques mots aient été échangés, mieux valait coller aux personnages précédent.
Un crachat au sol lui répondit, avant que les trois hommes ne finissent par tourner sur eux même avec un reniflement de mépris.
-Par là
Dit celui au centre avant de mettre leurs montures au pas sans un mot de plus. L'ambiance se fit plus lourde, et une neige, d'abord fine, puis dense au fur et à mesure des minutes, se mit à tomber, le manteau blanc de la région s'épaississant à mesure de leurs progression.
Le grondement du tonnerre se fit entendre au loin, alors que des nuages menaçants s'affichaient au nord.
-Une tempête... manquait plus que ça
-Nos amis du village perdu vont paniquer, à se demander s'ils voient de la neige de temps en temps ahahah
Les mots étaient durs, et largement audibles, et à raison... Dahlia et Arthorias n'étaient pas en terrain conquis.
Rapidement, un immense manoir se fit jour, juché sur un des versants de la montagnes comme une ignoble excroissance sur les flancs de roches. Même à cette distance, on pouvait voir des arches gothiques et des flèches dressées vers le ciel.
Le plus étonnant dans tout cela était les tentures pourpres qui pendaient de ses murs, semblant évoquer la gloire de leur possesseur.
La demeure était une injure à l'environnement aux alentours, et ses toits d'ardoises semblaient défier la neige de venir se poser dessus.
Quelques gargouilles venaient orner les façades, jetant des regards mauvais sur les visiteurs. Une demeure particulière, mais qui se confondait bien avec le surnom grotesque du propriétaire des lieux. Et alors qu'ils commençaient à approcher de la propriété, le chemin pavé s'inclinant doucement pour leurs permettre de monter, des grilles de fer forgés, aux pointes acérés apparurent pour délimiter le terrain. Au delà desquelles s'étendaient des jardins tristes aux fleurs mortes.
Tout ici inspirait la méfiance, que ce soit les bâtiments au style sévère, ou à l'étrange sensation d'être constamment observé. Arthorias savait qu'au delà de ces montages, le gouffre et la zone de mort qu'était le grand nord attendait. Mais même avec un danger pareil à quelques lieues, il n'imaginait pas une telle demeure.
D'instinct, sa main se porta à Hex qui pendait à sa cuisse, la main gantée enserrant la poignée de son arme, comme pour exorciser cette inquiétude qui ne cessait de grandir.
D'immense portes les attendaient, faites d'un bois sombre et lustré. Le fronton de la porte s'avançait légèrement pour protéger un tapis rouge. Quelques mots à moitiés effacés étaient gravé au burin, mais Arthorias ne prit pas le temps de le lire, faisant s'arrêter sa monture avant de mettre le pied à terre, ses bottes s'enfonçant jusqu'à la cheville dans de la neige
Sa main se leva pour aider sa compagne à descendre, mais la pression qu'il mit dans celle de la demoiselle invitait clairement à la méfiance. L'instinct lui criait qu'ils venaient de pénétrer dans un endroit dangereux.
C'était surement un des buts recherché par cette mise en scène... Mais l'endroit exsudait d'une présence malsaine.
-C'est donc ça la demeure du duc pourpre... Je m'attendais à plus grand
Dit il d'un air faussement désinvolte en regardant la façade du bâtiment. Les vitres étaient opaques, mais le sentiment de voir des yeux derrières ces dernières était omniprésent.
- Armure non contractuelle:
- Armure:
Aelith s’ébroua joyeusement lorsque Arthorias déposa ses lèvres sur celles de Dahlia. Bien qu’elle ait été un peu plus éprouvante que prévu, l’opération « Rapprochement » était une réussite ! Le reste du trajet, la jument ne fît pas de vague, se contentant de contempler le paysage et d’écouter la conversation des deux cavaliers. Cela lui permis d’en apprendre un peu plus sur leur assignation, qui consistait vraisemblablement à démanteler un trafic de cristaux d’incandescent.
**
Une fois arrivées au manoir, les deux montures furent prises en charge par un palefrenier, qui les emmena aux écuries privées du duc pourpre. Le bâtiment était situé à quelques centaines de mètres de la résidence principale, encadré par une rangée de pins. S’en suivirent des longues heures d’attente dans un box étroit, que la jeune fille égaya en dérobant les carottes et friandises des autres occupants de son compartiment. Après avoir été brossée par le garçon d’écurie, elle finit par s’assoupir, éreintée.
Lorsqu’elle se réveilla, la nuit était noire d'encre, le vent sifflait et les branches tapaient sur les carreaux. La lueur lunaire perçait faiblement à travers les nuages, qui semblaient annoncer les prémices d’une tempête. Déboussolée, Aelith s’étira dans la paille avant de se relever en grognant. Lorsque ses yeux se posèrent sur le hongre qui partageait son box, une étincelle de compréhension traversa son regard. Elle avait retrouvé son apparence humaine ! Enfin ! Elle poussa un soupir de soulagement avant de se rasseoir.
« Et maintenant, je fais quoi ? murmura-t-elle. »
Elle songea quelques instants à rejoindre Dahlia et Arthorias pour leur expliquer sa situation, mais chassa rapidement cette option. Les deux gardes étaient actuellement infiltrés dans la demeure du Duc Pourpre et sûrement assoupis ; elle ne pouvait que leur causer des ennuis si elle tentait de les retrouver. Toutefois, elle pouvait peut-être se rendre utile…
Après quelques secondes de réflexions, l’aventurière s’extirpa hors de son box et se faufila discrètement hors de l’écurie. A une heure si tardive, les palefreniers et les domestiques s’étaient pour la plupart retirés dans leurs quartiers, si bien qu’elle n’eût aucune difficulté à se glisser jusqu’au jardin, à l’arrière du manoir.
Dissimulée derrière un rosier, elle scruta les alentours. La porte qui menait à la demeure était gardée par deux gaillards vigoureux, et trois autres semblaient patrouiller non loin. Visiblement, le duc n’était pas très confiant. Était-ce dû à la présence des deux trafiquants factices ?
« Monsieur ! clama soudain un homme, déboulant à toute allure, pour se diriger vers la fontaine centrale. »
Un individu, qu’Aelith n’avait pas distingué jusqu’alors en raison de la pénombre, se rapprocha du nouvel arrivant. Elle ne parvenait pas à discerner ses traits, mais il semblait richement paré, et était vêtu d’un pardessus rubis.
« Que se passe-t-il ?
-Nous avons eu un problème avec nos stocks ! Il y a eu un incendie et…
-Où ? le coupa-t-il sèchement.
- Dans l’entrepôt des bastides, quartier de Ciadula. La marchandise n’a pas été trop touchée mais…
-Suivez-moi. »
Son ton était sans appel. Sans mot dire, les deux hommes s’éloignèrent vers le manoir, retirant à la jeune femme toute possibilité d’en apprendre plus.
Lorsqu'ils franchirent le portail baroque de l'imposante demeure du Duc – un manoir à l'architecture gothique érigé à flanc de montagne, d'où émanait une aura particulièrement moribonde – un frisson glacé vint immanquablement caresser l'échine de Dahlia. Cette résidence allait les abriter de la tempête s'étant levée et faisant implacablement rage, mais ne s'y nichait-il pas une menace plus grande encore, bien que plus insidieuse ?
Après qu'ils furent descendus de leurs montures, un domestique vint rapidement leur ouvrir les portes aux larges battants renforcés de ferronneries arborescentes, puis les conduisit au travers d'un dédale de couloirs jusqu'à leur chambre, afin qu'ils y déposent leurs affaires. Celle-ci était somme toute cossue, et tout y était agencé avec soin. Toutefois Dahlia ne pouvait se départir de cette sensation de menace latente qui la raidissait intérieurement. S'approchant du lit à baldaquin empli de coussins aux motifs damassés, elle fit courir sa main sur les gravures l'ornementant avant de glisser :
« Eh bien… On peut dire que le Duc Pourpre ne manque pas de sens de l'hospitalité. En espérant qu'on parvienne à fermer l'œil cette nuit et profiter du confort offert. »
Ils redescendirent peu de temps après, afin de prendre le repas dans la salle du banquet. Un homme, d'un certain âge au regard de sa carrure alourdie et de ses tempes grisonnantes, et fastueusement apprêté d'un pourpoint grenat, les y attendait. Il sourit, dévoilant des dents éclatantes - et particulièrement pointues, sembla-t-il à Dahlia - en les voyant, et ne tarda à se présenter :
« Bonsoir et bienvenue, très chers invités. Je suis le Duc Pourpre, et me trouve fort aise de vous rencontrer enfin. Mon émissaire, sire Sanguinelli, m'a en effet informé de vos échanges et du vaste marché que vous gérez, à l'Ouest du Royaume. Je gage que notre alliance sera des plus profitables. Mais asseyez-vous donc, je vous prie, et profitons de ce repas ensemble. »
Sur la longue table qui avait été dressée pour l'occasion, de nombreux mets étaient étendus, exhumant un délicieux fumet. Par ailleurs, le service de table entier était fait d'or ciselé. Ne pouvant toutefois abandonner la méfiance qui l'aiguillonnait, depuis leur arrivée, Dahlia sortit sa broche nutrivif de son sac. Elle plongea celle-ci dans le verre de vin qu'on venait de lui servir, et s'assura que la tige ne se nimbât pas d'un halo ambré - ce qui aurait révélé la présence d'un poison - avant de porter la boisson à ses lèvres. Cela n'échappa pas à l'attention de leur hôte.
« Je vois que vous prenez toutes vos précautions. Mais l'on est, en effet, jamais trop prudent et je préfère de loin les partenaires commerciaux avisés. À présent dites-moi, comment vont les affaires, au Village Perché ? »
Il cherchait probablement à évaluer la santé financière de ses clients. Dahlia prit l'initiative de répondre, en tentant de laisser transparaître une satisfaction composée :
« Ma foi, elles sont particulièrement fructueuses. Une récente série de meurtres inexpliqués a engendré une vague d'angoisse chez les habitants, et nombreux sont ceux qui cherchent à apaiser leur inquiétude grâce à nos produits. Les ventes n'ont jamais été aussi conséquentes. »
Des assassinats dont la Garde ne connaissait toujours point la cause, de ce qu'elle en savait. Alors qu'elle venait de finir sa phase, Dahlia sentit soudainement sentit une chaleur rayonner au niveau de sa poitrine, où se trouvait… son talisman d'indépendance. Celui-ci était entrain de la prévenir qu'une magie était à l'œuvre, et que l'on cherchait à s'insinuer dans sa psyché, probablement pour y lire un éventuel mensonge. Elle parvint toutefois à résister à l'emprise qui cherchait à s'exercer sur son esprit, et les portes de celui-ci restèrent closes à celui qui cherchait à s'y introduire - le Duc, très probablement.
Son mensonge était ainsi intact. Toutefois, elle ne savait point si Arthorias possédait également un talisman pour le prévenir, ni comment l'avertir dans le cas contraire.
La table était bien dressé, et Arthorias observa les plats, tous plus somptueux les uns que les autres. Les odeurs lui rappelaient la table des seigneurs. La façon dont était dressée la table également. S'asseyant sur le siège à côté de Dahlia, il examina les couverts avec attention, n'ayant encore jamais vu de noble assez pompeux pour en avoir fabriqués en or.
-Impressionnant
Dit il en faisant tourner un couteau entre ses doigts, tachant de paraitre aussi surpris qu'aurait du l'être un criminel devant un tel étalage de richesse.
Intérieurement, il aurait voulu sauter au dessus de la table et charger directement le duc, passant outre le protocole. Le siège du duc était exagérément grand, d'une allure aussi gothique que le reste de sa demeure. En bois massif, il avait sans doute du être monté dans la pièce.
Un vitrail élaboré donnait une timide vue de l'extérieur. Et au travers le verre coloré, l'officier pouvait voir les éclairs gronder, le tonnerre se répercutant dans la pierre.
Le Duc Pourpre portait bien son nom, vêtu d'une tenue rouge ornée d'or, il respirait l'opulence.
-Cher Duc Pourpre, vous nous voyez ravi d'être accueilli ici.
Son ton était devenu plus froid, comme si l'aura insidieuse de cette parodie de cathédrale portait sur ses nerfs. Bien qu'il ai passé une tenue plus convenable, l'officier avait toujours ses arbalètes à la ceinture. Ayant eu un sourire amusé pour les gardes qui lui avaient demander de s'en débarrasser
Imitant Dahlia, il plongea sa broche pour vérifier la nourriture, avant de finalement porter le verre à ses lèvres. Et pendant que Dahlia faisait la conversation, Arthorias fit au mieux pour paraitre moins nerveux qu'il ne l'était
-Je vois
Dit le duc froidement avant de s'intéresser au blond qui était resté muet depuis ses remerciements.
-Et dites moi mon cher, pourquoi avoir tant insister à venir visiter mes mines ? N'avez vous donc pas confiance ?
-Surement pas. Si la confiance était quelque chose de commun dans le milieu, vous n'auriez pas besoin de Sanguinelli. Nos commanditaires veulent des preuves tangibles.
Ils n'engagent pas de fond sur de vagues promesses.
Un sourire moqueur se fit jour sur les lèvres d'Arthorias, avant que son talisman d'indépendance ne s'agite. Tout comme son détecteur qui se mit à chauffer à sa ceinture.
-D'ailleurs, je ne crois pas avoir entendu le nom de votre organisation
-Parce que vous n'avez pas à le savoir, donnez un nom aux choses est souvent superflus, d'autant plus pour organisation frisant la légalité.
Ainsi, nous n'en avons simplement pas. Et votre ignorance est simplement une preuve de notre discrétion.
Inversant la prise du couteau d'or, il 'enfonça violement dans la table avant que ses yeux vairons ne dévisagent le noble avec un air énervé
-Je n'apprécie guère qu'on vienne fouiller mon esprit "Duc". Je vous conseil vivement d'arrêter cela.
Il était entouré de miliciens, dans une demeure inconnue. Mais plus tôt, lors des négociations, il avait prouvé être plus impulsif que le véritable Arthorias.
En réponse de quoi, le noble se mit a applaudir et rire.
-Ahahahah ! Je n'en attendais pas moins des deux émissaires du village perché ! Ils envoient des gens bien utile, je suis presque jaloux de ne pas en avoir de semblables.
La présence disparut presque aussitôt, et l'homme prit bonne note de ne pas se séparer de ses talismans d'indépendance. Sa main passa sur celle de Dahlia, pour qui il eut un petit sourire avant de reprendre.
-J'ignorais que des empire comme le votre pouvaient prospérer ici, à croire que la garde ne viens jamais
-Oh si ils viennent, mais que voulez vous, les cristaux parlent à tout le monde, même à nos loyaux défenseurs du nord.
-Quand allons nous visiter vos sites de productions d'ailleurs ?
-Dès demain, à la première heure, je ne souhaite pas faire attendre vos responsables
Au moins... ils ne perdraient pas de temps, même si l'épreuve de la nuit allait se révéler aussi ardue que celle du jour
- Armure non contractuelle:
- Armure:
Penaude et impuissante, Aelith observa le duc pénétrer dans le manoir en compagnie de son émissaire. Les entrées de la demeure étaient trop bien gardées pour qu’elle ne puisse se risquer à les suivre. Scrutant les gardes qui patrouillaient, elle s’interrogea sur la suite des événements. Retourner aux écuries et y terminer la nuit lui semblait être l’option la plus sage. Après tout, elle avait appris beaucoup de la conversation qu’elle avait surprise. Entrepôt des bastides, quartier de Ciadula… En se renseignant sur les villes aux alentours, la Garde parviendrait certainement à remonter à la localisation d’une partie des stocks du trafiquant. Ciadula, Ciadula… L’aventurière se répéta mentalement l’appellation une bonne dizaine fois, craignant de l’oublier d’ici à ce qu’elle ne puisse la communiquer Arthorias et Dahlia.
Pour autant, elle n’était pas encore totalement satisfaite de son escapade nocturne. N’y avait-il vraiment rien d’autre qu’elle puisse faire pour aider les deux gardes ? Songeuse, elle coula un regard sur le jardin. Une lueur illumina soudainement son regard. Bien qu’elle n’eût pas connaissance de l’’heure exacte, Aelith était certaine que la nuit était bien entamée. Que faisait donc le duc en extérieur, à une heure si tardive ? Une balade nocturne à la suite d’une insomnie était envisageable, mais semblait étrange compte tenu des conditions météorologiques. En effet, bien que la tempête précédente se soit apaisée, un vent froid et humide hurlait, dans une valse de gouttelettes givrées. De plus, la terre était boueuse, et on peinait à se mouvoir dans le jardin sans s’y embourber. Sans parler du climat glacial !
Décidément intriguée, Aelith se dépêtra des branches de son buisson et fila à pas de loup vers le fond du jardin, dont était provenu le duc quelques minutes plus tôt. Elle progressa lentement dans la végétation, jusqu’à atteindre la fontaine centrale, entourée de bancs. Lorsqu’elle s’approcha, un éclat argenté attira son attention. Un petit objet brillait au sol, éclairé par la lueur lunaire. Sec et rutilant, il ne semblait étrangement pas avoir souffert des affres de la tempête. Curieuse, la jeune femme le saisit.
« Un bracelet… murmura-t-elle. »
De bonne facture, qui plus est. Le bijou était fin et orné d’un motif délicat, semblable à blason. Sa taille resserrée incita Aelith à penser qu’il appartenait à une femme. Jugeant qu’il pouvait éventuellement s’avérer utile d’une manière ou d’une autre, l’aventurière le glissa dans son tatouage de rangement et continua à examiner les alentours. Après quelques vaines minutes de recherche, elle décida de retourner aux écuries. Au lever du jour, elle se métamorphoserait à nouveau en jument pour préserver le secret de son identité.
Toutefois, elle n'eut finalement pas besoin de mettre son idée à l'œuvre. Le couteau du Capitaine vint en effet brusquement se planter dans la table, arrachant à Dahlia un sursaut involontaire sous la surprise qui l'avait assaillie à brûle-pourpoint. Arthorias somma alors le Duc Pourpre de ne point chercher à s'introduire dans son esprit, ce à quoi succéda le rire rocailleux du vieil homme.
Hormis cet épisode, le reste du repas se déroula sans anicroche. Ils firent la conversation avec le Duc encore un certain moment, Arthorias la gérant d'une main de maître et Dahlia apportant parfois des compléments ou ajouts personnels. Les éclairs fugaces qui jaillissaient derrière les vitraux colorés perçant les murs illuminaient parfois le visage parcheminé du Duc d'éclats crus, rehaussant l'aspérité de ses traits durs et nimbant son teint cireux d'un halo lugubre.
S'il se doutât de quoique ce soit au sujet de leur organisation – totalement factice – ou de leurs intentions, il n'en fit aucunement part. Certes, son timbre ne s'était jamais départi de cette méfiance sous-jacente, aussi menaçante qu'une nuée d'orage, et certains de ses sourires pouvaient s'avérer particulièrement caustiques, mais cela semblait inhérent à ses manières de magnat de la drogue, et ne signifiait pas qu'il leur était foncièrement hostile. Il les laissa finalement retourner à leurs quartiers pour la nuit, afin qu'ils se reposent jusqu'à la visite prévue le lendemain matin.
Mais parviendraient-ils seulement à dormir ?
Une fois de retour dans la chambre qui leur avait été affectée, Dahlia se laissa retomber dans l'un des luxueux fauteuils en lâchant un soupir de soulagement.
« Hé bien… On ne s'en est pas trop mal sortis, ma foi. Heureusement que nous avions des talismans d'indépendance, en revanche, sans quoi nos mensonges auraient pu être rapidement éventés… Et là, je crois que l'on aurait été mis au menu du banquet. »
Un frisson la parcourut à cette pensée, et elle se releva finalement pour aller jeter un œil à la salle de bain qui jouxtait leur chambre. Ils méritaient bien de se détendre, après cette épreuve, et la baignoire qui y trônait semblait assez grande pour les accueillir tous les deux. Dahlia invita ainsi Arthorias à l'y rejoindre. Ils avaient toutefois gardé leurs armes, posées non loin du baquet, au cas où ils recevraient une visite impromptue – car qui savait ce qui pouvait bien les attendre, dans ce manoir macabre.
Une fois dévêtue et plongée dans l'eau chaude parfumée à la lavande, d'où émanait de fines volutes de vapeur, et alors que ses muscles se déliaient peu à peu, Dahlia eut soudainement envie de faire un brin de conversation avec Arthorias, qui lui faisait face en vis-à-vis.
« Selon toi… C'est quoi, le couple idéal ? » Une question un peu philosophique, mais qui lui permettrait de savoir s'ils se trouvaient sur la même longueur d'onde, en matière de romance. « Pour ma part, ce serait… Une relation où la confiance règne, et qui n'est pas entachée par la jalousie ou d'autres types de sentiments délétères, pour chacune des parties. Où le dialogue est entièrement libre et ouvert, si bien que l'on ne craint jamais d'être soi-même... » Il pouvait parfois être dur d'être naturel, aux prémices d'une relation, de peur de décevoir son amant, mais il n'était jamais bon de se couler dans un rôle idéalisé qui n'était pas le sien. « Et où l'on partage nos joies comme nos peines, en faisant front ensemble face aux épreuves. » Cela pouvait paraître assez banal, dit ainsi, mais surmonter des difficultés à deux n'était pas toujours chose aisée. « Et enfin, où les sentiments ne s'étiolent jamais, et ce malgré les années. »
Le temps de ce repas paru infini à Arthorias. Ce dernier mangeant sans appétit alors que les questions et les réponses se succédaient. Sous le couvert de mots aimable, il se déroulait un véritable duel. Chose que l'officier appréciait en terme physique. Mais bien moins dans cette situation.
Le duc finit par relâcher son étreinte et laissa les deux amoureux regagner leurs chambres.
Ce fut avec soulagement qu'il défit les sangles qui retenaient son armure. Trouvant le confort des plaques certes rassurant, mais inconvenant avec la femme qu'il aimait.
Le cuir résista quelques secondes avant de libérer le torse de l'officier qui rangea l'armure avec soin dans son sac sans fond, n'ayant que très peu confiance dans les rangements fournis par le Duc. Trop d'histoires circulaient sur les passages dérobés du palais pour que le blond ne se méfie pas d'un édifice identique.
-C'est plus qu'une probabilité… Et au vu du faciès de notre hôte, je ne suis pas certains qu'il n'ai pas apprécié de le faire. J'ai... quelques mauvaises impressions.
"Quelques"... Le mot était faible, mais en verrouillant la porte solidement, il se permit de souffler. Vérifiant avec son golden eye que rien n'était trop important dans la pièce et que donc, personne ne pouvait rentrer à leurs insu.
Dahlia proposa un bain, et c'est avec un plaisir non dissimulé que le garde accepta.
Rentrant après Dahlia dans la large baignoire de la chambre. Une pièce immense que l'officier n'avait vu qu'au palais. Mais qui lui offrait tout le luxe de pouvoir parler avec la demoiselle.
La question avait de quoi surprendre, mais était loin d'être idiote. Ecoutant l'idée qui lui était soumise, Arthorias passa sa main sous son menton pour y réfléchir de son côté.
-C'est une façon de voir les choses. Je partage grandement ce que tu dit.
Il aurait pu reprendre point par point ce qu'elle disait, ne trouvant pas forcément d'idées plus constructives. Mais fit de son mieux pour argumenter à son tour et ne pas faire plonger la discussion dans un silence pesant.
-Un couple soudé oui, ou rien n'est caché. Les pensées dérangeantes mises sur la table et ou aucuns soucis ne restent à nous ronger. Ou la parole est importante et la confiance mutuelle.
Pas de crises de colères dut à un manque de communications... Cela me semble être des bases solides.
C'était assez gênant de parler de cela à cœur ouvert, Arthorias communiquant souvent par des références subtiles ou tachait de se faire comprendre autrement que par des mots.
Mais l'expérience lui avait montré à quel point cela ne fonctionnait pas. Et c'était donc avec toute sa volonté qu'il luttait et lutterait contre lui même.
-Quant à la fin, je dirais que des sentiments qui ne s'étiolent pas est quelque chose d'important, mais qu'il faudrait aussi accepter qu'ils changent : non pas qu'ils s'évanouissent ou qu'ils s'amenuisent. Mais qu'ils n'aient plus forcément à voir avec ceux du début.
La passion amoureuse, la flamme dévorante... C'est assez courant, mais avec le temps, elle devient autre chose, le brasier brûlant se fait un âtre doux auprès duquel on aime se reposer et se revigorer. S'il n'est plus aussi brûlant, il en devient plus agréable.
Son allégorie n'était peut être pas la bonne, mais il ne savait trop comment l'expliquer autrement. Après ces quelques paroles, il finit par attirer Dahlia à lui, savourant le contact de sa peau avant de lui voler un timide baiser avant de l'envelopper dans ses bras.
-Mais pour le moment, je dois avouer que la flamme brûle plus qu'intensément Dahlia. Malgré les horreurs de ce château, et la précarité de notre situation... Je suis heureux d'être avec toi... je l'espère pour toujours
- Armure non contractuelle:
- Armure:
Blottie dans le foin, Aelith fût tirée de son sommeil par la caresse délicate des rayons de l’aube. D’humeur maussade, elle se recroquevilla sur elle-même en grommelant. Ainsi enfouie sous sa chevelure dorée pleine de nœuds, elle semblait se fondre dans son matelas de paille. Le visage plaqué contre ses bras, elle tentait tant bien que mal d’échapper à l’appel du jour. Dépitée à l’idée de devoir jouer à nouveau le rôle d’une vulgaire monture, elle peinait à trouver le courage de s’extirper de ses rêveries pétillantes. Le claquement dangereusement proche des bottes du palefrenier, accompagné d’hennissements ravis, finit par avoir raison d’elle. Elle poussa un soupir à en fendre l’âme, avant de se lever et d’entamer maladroitement sa métamorphose. Trois carottes et un harnachement – des plus laborieux ! – plus tard, elle était en route pour la mine.
Le duc, accompagné de deux hommes de main, guidait Arthorias et Dahlia. La tempête de la veille s’était apaisée, et un vent doux effleurait agréablement le paysage gelé. Quelques flocons virevoltaient dans les airs, dans un ballet scintillant. Toutefois, le givre présentait ses dangers, si bien que les cavaliers prirent soin de maintenir une allure modérée. Les reliefs boisés qui entouraient la demeure du duc laissèrent peu à peu place à des pics rocheux, où sinuait un chemin étroit et escarpé. Le groupe progressa en file, menée par l’un des hommes du duc. Malgré ses précautions, son cheval glissa sur des pierres gelées à l'approche d'un embranchement et rua. L’agitation se répandit comme une trainée de poudre. Les hennissements et les cris se mêlèrent dans un brouhaha perçant, tandis que chacun tentait de maîtriser sa monture affolée. L’étalon du duc se cambra brusquement, manquant de déloger son cavalier.
« Par Lucy ! jura-t-il. Theobald , bon sang!
- Je suis navré, je n’avais pas aperçu le…
- Si tu n’es pas capable de te servir correctement de tes yeux, je me ferai une joie de t’en débarrasser, trancha le duc. Dernier avertissement. »
Le teint blanchâtre, le dénommé Theobald éperonna sa monture sans un mot. Le reste du trajet se déroula sans encombre, dans un silence de plomb.
**
A l’entrée de la mine, un homme à l’air autoritaire attendait l’arrivée des voyageurs. Dès que les cavaliers mirent pieds à terre, les montures furent conduites à l’écart par l’un des hommes de main, et attachées à une clôture vétuste. Tout en observant les silhouettes de Dahlia et Arthorias s’évanouirent au loin, l’aventurière s’interrogea sur la marche à suivre. Etait-ce le moment pour elle de reprendre forme humaine et de suivre ses deux compagnons, pour pouvoir leur prêter main forte si les choses s’envenimaient ? La manoeuvre était dangereuse. Si l’un des trafiquants la surprenait, elle risquait d'attiser les suspicions du duc et de mettre les gardes en mauvaise posture.
Un rire guttural la sortit de ses pensées. Cinq hommes étaient assis autour d’une table de fortune, à quelques mètres sur sa gauche. A en juger par leur posture voutée et leur teint couvert de suie, ils s’agissaient de mineurs, probablement en train de prendre leur pause repas. Un homme ne tarda pas à les rejoindre, et leur ordonna d’une voix forte de retourner à leur travail. La mine renfrognée, le groupe s’exécuta lentement.
Poussée par son instinct, Aelith vérifia brièvement que les alentours étaient libres avant d’entamer sa métamorphose inverse. A pas de loups, elle suivit les mineurs qui s’éloignaient au loin. Sur son chemin, elle ramassa une vieille blouse et une pioche oubliées sur un banc. Après avoir recouvert son visage de suie, elle s’engouffra dans la cavité à la suite des mineurs, plaquée contre la paroi. Par chance, l’entrée était peu gardée ; l’attention du personnel étaient focalisée sur les prétendus trafiquants venus faire affaire. Aussi discrète que possible, la jeune femme suivit les travailleurs dans les dédales caverneux. Lorsqu’ils se stoppèrent finalement, elle se dissimula dans un renfoncement et tendit l’oreille.
« Y passe pas un jour sans s’plaindre c’ui-là… Le rendement, le rendement, c’est toujours la même rengaine ! J’aimerais bien l’y voir, lui, une pioche en main, à s’enfoncer dans les boyaux de la terre !
- Arrête de geindre et remets-toi un peu au boulot, Ern ! C’est pas babillant qu’tu vas changer quequ’chose. On gagnera que des coups à se plaindre comme ça. Satisfaits toi d’avoir un toit et de quoi te nourrir.
- J’en ai ras le troupion de m’en satisfaire ! J’compte pas finir ma vie dans ses ptain de conditions…
- Et tu n’auras pas à le faire, déclara fermement Aelith en se détachant de l’obscurité. »
Un groupe de cinq hommes d’une quarantaine d’années lui faisait face. Voûtés et couverts de suie, ils la dévisageaient avec curiosité. Elle inspira profondément et s’éclaircit la gorge. Bien qu’elle ne maniât pas les mots très habilement, l’aventurière savait attirer la sympathie, et elle comptait bien en jouer. Les dés étaient jetés, il était temps pour elle de tirer son épingle du jeu.
Par ailleurs, la métaphore proposée par Arthorias pour retranscrire l'évolution d'une relation fut plus qu'évocatrice. Celle-ci sembla tout à fait à propos à Dahlia, lui renvoyant des échos de ses précédentes expériences amoureuses. Le fait qu'une romance soit vouée à évoluer vers un climat plus apaisé était sans doute pour le mieux, tout bien considéré. Car l'intensité des débuts présentait le gros inconvénient d'effeuiller la lucidité, tout comme la capacité à réfléchir – dans le cas de la garde, tout du moins. Un feu moins dévorant, sans être ténu, permettrait à son esprit de s'adonner d'autres tâches et devoirs – professionnels, entre autres.
Les derniers mots du Capitaine la touchèrent tant ils étaient porteurs d'espoir, et elle se laissa envelopper dans la douceur humide de ses bras après lui avoir rendu son baiser.
« Merci d'être là, Arthorias. J'espère que nous nous apporterons ce bonheur mutuel aussi longtemps que possible, en effet. » lui répondit-elle avec sincérité et simplicité.
En son for intérieur, Dahlia souhaitait en effet à leur couple de durer le plus longtemps possible, bien qu'elle était loin de pouvoir maîtriser son devenir, tant le futur était tissé d'incertitudes. Ils avaient toutefois la volonté partagée de rester soudés ensemble, ce qui était déjà un début encourageant. Ils verraient ce que l'avenir leur réserverait.
Leur nuit se passa plutôt sans encombre, bien que Dahlia ne parvint à dormir que d'un œil, craignant bien trop qu'ils reçoivent une visite impromptue, et ce malgré la porte de leur chambre fermée à double tour. Rien ne vint toutefois les déranger dans leur sommeil, heureusement, et les seules menaces que la garde rencontra furent les ombres diffuses, nées de ses peurs, qui émaillèrent ses rêves.
Alors que les premières lueurs du matin illuminaient l'horizon, ils se mirent en route comme prévu vers la mine, accompagnés du Duc en personne et de deux de ses hommes de main. Dahlia nota la virulence de ce dernier à l'encontre de ses sous-fifres, ne tolérant pas le moindre écart de leur part et n'hésitant pas à faire montre de menaces - qu'il semblait tout aussi prompt à mettre à exécution. Assurément, travailler à son service devait être particulièrement éprouvant.
Dahlia se fit une réflexion similaire lorsqu'ils eurent atteint la mine. En pénétrant dans l'entrelacs de boyaux tortueux et enténébrés – les cristaux de lumière placés çà et là, à intervalles réguliers, prodiguant un bien chiche lueur dans le réseau souterrain – son cœur se serra rapidement. Les mineurs couverts de suie qui y travaillaient semblaient connaître des conditions de travail tout à fait déplorables. Le bruit cadencé de leurs rivelaines martelant les veines d'incandescent résonna à ses oreilles dans une sinistre litanie.
« Voici donc l'une de nos mines d'incandescent. Comme vous pouvez le voir, nos ouvriers œuvrent de façon assidue afin d'extraire au mieux ces précieux gisements. »
La morgue teintée d'indifférence, voire de mépris, envers ces hommes qui perça dans la voix du Duc provoqua un haut-le-cœur de dégoût chez la garde. Bien que cela devait être tout sauf avisé, elle ne put réfréner les questions qui émergeaient dans son esprit, face à la gravité criante de la situation de ces travailleurs.
« Combien d'heures vos hommes travaillent-ils par semaine ? Ont-ils des pauses de durée suffisante ? Ils me semblent en effet déjà fort harassés, malgré l'heure peu avancée de la journée. »
« Ces préoccupations quant à leurs conditions me paraissent bien incongrues, très chère collaboratrice. Dois-je vous rappeler la conséquente commande que nous nous devons d'honorer - la vôtre, très précisément ? Nous avons dû augmenter leur cadence de travail, afin d'être en mesure de vous livrer les cristaux souhaités. »
Le fait qu'ils soient en partie responsable de cette situation, en tant que clients factices, dénotait d'une ironie qui n'était pas sans insuffler un goût amer à Dahlia. Mais ils feraient bientôt cesser tout cela. Il le fallait.
« Les moyens mis en œuvre pour respecter les termes de notre contrat est tout à votre honneur, cher Duc. Toutefois… Il serait regrettable d'avoir des pertes humaines. Cela pourrait attenter à la productivité de votre activité, à plus long terme. Je vous prie donc de traiter avec davantage de considération ces mineurs. » ne put-elle s'empêcher d'insister.
Le chemin jusqu'à la mine fut plus court que prévu, et surtout parsemé de neige. La région n'était pas vraiment clémente à l'habitation, et l'officier se dit que le duc pourpre avait du dépenser en fortune pour que son château ne se transforme pas en caverne de glace.
La route jusqu'à la mine se passa dans le silence complet, troublé par les sabots des chevaux qui avançaient avec autant de joie que les gardes.
Puis, au bout de ce qui sembla une éternité, la mine se dessina lentement, laissant voir une ouverture dans la roche, élargie à la pioche et étayée par quelques poutre de bois gelées. Le tout ne respirait pas la solidité, et ce fut une fois à l'intérieur qu'Arthorias sentit une légère panique le gagner.
Les parois étaient rugueuses, marquées par les outils de mauvaise qualité.
Quelques lumières dessinaient un chemin tortueux à travers les diverses galeries, formant un labyrinthe de roches et de ténèbres, dans lequel le moindre bruit résonnait en écho.
Et alors que tous avançaient, le bruit régulier des pioches heurtant le minerais se fit entendre. D'abord en des sons diffus, puis plus net et précis, à chaque fois répétés jusqu'à former un rythme continuel.
Et rapidement, les responsables furent en vue, une série de mineurs couverts de suie, dont seuls les yeux trahissaient un semblant de couleur.
Des taches blanches parmi une masse noire, et même malgré sa résilience à la misère, Arthorias fut choqué de voir l'état de ces derniers.
-Tant que la marchandise y est, nous ne serons pas très exigeants. Mais ne confondez pas sécurité et humanité. Nous nous fichons bien de l'état de vos mineurs.
Nous parlons bien de personnels remplaçable, mais encore faut il réussir à les remplacer. Je doute que la main d'œuvre soit légion dans la région je me trompe ?
-Vu comme cela... Mais rassurez vous, je peux m'approvisionner en travailleurs, l'argent apporte beaucoup d'avantages vous savez, en particulier celui de pouvoir s'approvisionner en n'importe quoi.
Cette équipe là est de la région, mais j'en ai bien d'autres, qui proviennent de tout le pays.
Le sourcil de l'officier s'arqua à la mention de ce sombre trafic... S'il fallait ajouter esclavagisme à la liste de ses crimes... La prison serait rapidement remplacée par un séjour au delà de la frontière
Sa main se plaça sur l'épaule de Dahlia, se serrant doucement en signe de réconfort. L'amant tachant de lui rappeler de rester dans son rôle, même si le blond ressentait exactement la même chose.
Mieux valait attendre voir comment les choses allaient tourner et attendre une ouverture
-Combien de mines de ce genre avez vous ? Sont elles toutes dans la région ? Ou disposez vous de moyens de productions plus proche de chez nous ?
- Armure non contractuelle:
- Armure:
«Qui êtes-vous ? demanda sèchement l’un des mineurs en la détaillant. Vous n’êtes pas d’ici. Que faîtes vous donc là, l’une de nos pioches en main et couverte de poussière ? »
Aelith déglutit. Elle n’avait jamais été une grande diplomate, et les quatre paires de yeux méfiants qui la fixaient n’étaient pas d’une grande aide.
« Vous n’avez rien à craindre. Je me nomme Aelith, et je suis là pour vous aider. Je sais ce que vous extrayez ici, et dans quelles conditions. Je suis ici pour vous aider à faire changer les choses.
- Ooooh, bénie sois Lucy, la prêtresse peinturlurée est descendue des cieux pour éclairer notre voie ! Nous voilà définitivement tirés d’affaire. »
Son sarcasme déclencha des éclats de rire autour de lui. Les travailleurs ne se privèrent pas pour railler l’aventurière, alternant plaisanteries enfantines et blagues libidineuses. Agacée, Aelith claqua brutalement sa pioche contre la paroi de la mine pour rétablir le silence.
« Je suis sérieuse, et vous avez tout intérêt à m’écouter si vous ne souhaitez pas vous retrouver parmi les accusés quand la Garde fermera définitivement ce trou à rats.
- La Garde ? Tch ! Elle est loin de se douter de ce qui se trame ici.
- Ah oui ? Dans ce cas, comment croyez-vous donc que je suis parvenue jusqu’ici ? »
Le silence lui répondit. L’un des mineurs, visiblement le plus âgé du groupe, haussa ses épaules et s'avança vers elle.
« Qu’est-ce que tu proposes, gamine ? »
Faisant fi du sobriquet, Aelith s’approcha de lui, jusqu’à quelques centimètres seulement ne les séparent. Les bras croisés, elle planta ses pupilles noisette dans les siennes.
« Aujourd’hui, les choses vont changer. Des actions se préparent. Pour faire basculer la balance, votre aide sera précieuse. Ma demande est simple : semez la discorde ! Parlez aux autres, faites ressortir leur besoin de révolte, et dressez-vous devant vos contremaîtres. Ne vous inquiétez pas pour le duc ou pour les gardes à l’extérieur : mes partenaires s’en chargeront. »
Emportée par ses émotions, Aelith s’exprimait avec passion et sans demi-mesures, quitte à perdre en crédibilté.
« C’est bien joli tout ça, choupette, et j’aimerais y croire. Mais tu n’es qu’une inconnue, et ce que tu nous demandes pourrait tourner au plus mal pour nous.
- Je comprends votre point de vue, mais…
- Je n’entends pas beaucoup de pioches par ici, que foutez-vous, bande d’incapables ?! hurla soudain la voix d’un contremaitre dont les pas semblaient se rapprocher. »
Dans un sursaut, Aelith se plaqua contre la paroi.
« Je dois filer d’ici. Gardez mes paroles en tête. Si la situation s’envenime, j’espère que vous serez prêt à rassembler votre courage et à nous venir en aide. »
Sans s’étendre davantage, elle s’engouffra dans un chemin étroit sur sa droite et disparut dans l’ombre. Son plaidoyer avait-il suffi à les pousser à la révolte ? Elle en était peu convaincue, au vu des regards moqueurs que lui avaient lancé les mineurs. Toutefois, ses paroles semblaient avoir instillé le doute en certains d’entre eux. Ce n’était peut-être pas suffisant pour leur faire prendre les armes pour l’instant, mais ça pourrait jouer en la faveur des gardes tôt ou tard.
Le Duc évoqua alors l'existence de ce qui semblait s'apparenter à un réseau de travailleurs confinant à l'esclavagisme, ce qui fit pâlir notablement Dahlia. Elle ne sut dire quel était le sentiment qui venait de se déployer le plus douloureusement en elle : la colère, ou la tristesse amère de la désillusion, face à l'effeuillement de ses dernières chimères. Arthorias interrogea alors le Duc sur le nombre et la répartition de leurs mines, ce à quoi il répondit :
« Nous en possédons un certain nombre, toutes localisées dans la Région Nord, en effet, où leurs gisements se trouvent les plus concentrés. » Dahlia nota qu'il avait fait le choix de demeurer évasif sur la densité précise de ces mines, cette information devant être jugée trop compromettante pour leur être dévoilée. Et à juste titre, car le nombre de lieux d'extraction était corrélable à leurs capacités de production. Or il était dans son intérêt d'entretenir un voile de mystère à ce sujet, et de ne pas les divulguer précisément. « La concentration en incandescent doit en effet atteindre un seuil minimal, pour que leur extraction demeure rentable. » acheva-t-il.
Ils continuèrent leur progression au sein du dédale minier, tout en poursuivant cet échange d'informations à la teneur et à l'intérêt adroitement contenus. Mais, alors que le Duc était entrain de leur détailler les modalités d'extraction des cristaux d'incandescent, Dahlia interrompit brutalement sa marche, tout en manquant de trébucher. Son regard venait en effet d'accrocher la silhouette d'un mineur – ou plutôt, d'une mineuse – dont l'apparence éveillait en elle un inexplicable sentiment de familiarité. Cette chevelure blonde lui rappelait quelqu'un, et surtout… ces arabesques bleues transparaissant sous les traces éparses de suie parsemant sa peau.
« … Aelith ? Qu'est-ce que… tu fais ici ? » Dahlia la dévisagea avec des yeux de merlan frit quelques secondes, en proie à l'étonnement le plus total. Leurs accompagnateurs s'étaient également immobilisés à l'entente des mots abscons de la garde. Quelle était la probabilité pour qu'elle connaisse l'un de leurs travailleurs officiant dans la mine ? Dérisoire, assurément.
Ce temps de surprise figea un instant la scène dans son incongruité, la faisant tenir en suspens dans un équilibre plus que précaire, avant que tout ne basculât.
Car, en effet, ce fut également à ce moment que l'un des mineurs entreprit de se rebeller contre l'un de ses geôliers, suivi rapidement par d'autres de ses confrères. Leur rébellion enfla rapidement, si bien que le bruit des pioches contre la roche fut rapidement remplacé par la clameur des affrontements – armés ou au corps-à-corps - qui s'enchaînaient dans une profusion de violence.
Dahlia profita de cette distraction plus que bienvenue pour tirer au clair sa propre épée, et croiser le fer avec l'un de leurs accompagnateurs, qui après avoir succombé à la surprise, lui livra combat. La garde était plus que ravie de ne plus devoir poursuivre ce simulacre plus longtemps, et de leur faire enfin payer pour leurs agissements. Mais alors que les combats retentissaient dans un bouillonnement de violence débridée, elle nota que le Duc n'était déjà plus à leurs côtés, entreprenant de prendre la poudre d'escampette.
« Le Duc ! » lâcha-t-elle en parant une attaque de son opposant, en espérant de tout cœur, en son for intérieur, qu'il n'était point trop tard pour l'arrêter.
Les boyaux ne cessaient de grandir et de se rétrécir, dans une régularité qui avait de quoi déboussoler. Très souvent, l'officier pouvait voir des mineurs travailler dans des galeries proches, séparées par une fissure dans la roche qui, au vu des morceaux de vêtements accrochés aux extrémités, laissaient à peine passer les mineurs qui se faufilaient dans le ventre de la terre à la recherche du précieux minerais.
C'est dans une cavité un peu plus large que tout bascula, lorsque Dahlia reconnue une de ses amie et l'appela presque par réflexe.
La méfiance était réciproque, et il ne fallut que cette petite étincelle pour déclencher un tourbillon de violence dans ces espaces confinés.
Un coup de taille ripa contre son plastron, un des gardes du duc s'étant jeté sur lui, comme s'il n'avait attendu que cela.
La lame siffla vers lui, mais fut déviée par un brassard blindé, le choc résonnant fort dans la mine.
Des cris commençaient à se faire entendre, et le pioches martelaient une surfaces bien plus tendre désormais. Mais les contremaitres n'étaient pas pour autant démunis et commençait à riposter.
Rapidement la révolte se mua en escarmouche, puis en conflit sanglant.
Mais il n'était pas temps de se préoccuper des victimes, car l'homme en face de lui commençait à attaquer plus rapidement. C'était affreusement lent pour un homme entrainé, mais dans ces couloirs exigus, les règles n'étaient celles que l'on connaissait.
Un homme avec plus d'allonge avait forcément l'avantage. Sauf si l'autre avait une armure intégrale.
Laissant le coup porter sur son épaulière, l'officier se jeta en avant, percutant l'estomac du garde du corps qui jura avant de tenter un coup de coude dans le dos de l'officier, ne réussissant qu'à hurler de douleur quand l'acier arrêta net le coup.
Un rapide fauchage réussi à la déséquilibrer et le faire tomber dans la poussière de la grotte, ses coups d'épée imprécis ne parvenant pas à outrepasser l'épaisse cuirasse du garde royal qui expédia un direct dans son visage.
Paré d'acier comme il l'était, ce fut comme un coup de marteau qui brisa net le nez du bandit, et fut plus que suffisant pour le faire tomber dans les vapes, libérant Arthorias de son propre adversaire.
La cohue était devenue dense, et quand Dahlia hurla, il eut un sursaut en tentant d'apercevoir le chef de cette entreprise qui c'était déjà évanoui dans la mine.
Même s'il avait été entre eux, l'homme avait trouvé le moyen de s'enfuir, et son pendentif s'agita quand une bourrasque le souffla. A n'en pas douter, la magie était à l'œuvre…
C'était un constat amer, mais qui ne pouvait souffrir d'un quelconque apitoiement, car la bataille entre mineurs et contremaitres était loin d'être terminée.
Dahlia semblait se débrouiller parfaitement contre son agresseur, et le capitaine n'aurait voulu pour rien au monde la priver du moment qu'elle attendait tant : faire payer à ces brutes le traitements de mineurs.
Pioches contre épées, les travailleurs gagnaient lentement du terrain, mais à un prix bien élevé au gout de l'officier qui s'élança lui même à l'aide des révolutionnaires
- Armure non contractuelle:
- Armure: