Les soirées mondaines étaient terriblement amusantes. Juanio adorait s'y rendre dans ses plus beaux atours. Il s'était paré dans une belle robe, s'était grimé en une belle jeune femme et avait enfilé une perruque châtaine, puis il s'était maquillé de ses poudres des samedis, avait chaussé de jolis petits talons bleus. Cette soirée était aux autres semblablement pareilles, hormis les gens qui s'y bousculaient.

Cette soirée pleine de lumière et de festivités l'avait rendu joyeux. Il aurait dit bonjour à la famille royale, lui qui ne l'appréciait guère plus qu'une autre sinon moins. D'ailleurs à ce propos, il vit de loin le prince Renwyrth devant lequel la noblesse qui possédait des prêtes-à-marier s'agenouillait et plus si affinités, dans l'espoir souvent déçu d'avoir un jour du sang royal dans les veines de leur arbres généalogiques.

Lui n'avait pas de fille à marier, mais en libertin convaincu et sous les apparences d'une donzelle plutôt correcte pour un prince, il espérait tester la chasteté du futur souverain et voir si la frivolité l'épargnait autant qu'on le prétend. Il s'approcha du prince et ne prit pas la peine de s'incliner devant lui. Non parce que c'était bien de jouer un rôle mais fallait voir à pas trop s'y laisser prendre non plus. 
Un caractère un peu rebelle n'avait jamais fait fichtre en l'air les plans, si ?

-Bonsoir mon prince. Quel vent vous mène à cette petite frairie ? Où avez-vous trouvé l'importance qui nécessitait votre venue, dans ce petit bal ? 


Sa voix claire et douce avait souligné la dernière question. En effet, quel prince se serait rendu pour l'inauguration du centième moulin d'un nobliau qui souhaitait dépenser sans compter et faire voir son château.

Il regardait le prince de ses grands yeux, c'est vrai qu'il n'était pas du pire goût.

Quelle ne fut pas la joie de Juanio de sentir sa main gauche baisée par le Prince en personne. C'eut pu être une marque d'attention particulière si, hélas, les souverains en devenir n'avaient pas pris l'habitude des baisemains lorsqu'une femme vint les voir. Le Prince semblait prude, car il lançait discrètement des regards alentours pour voir qui les regardait, ce détail n'avait pas échapper à Juanio qui interprétait ces gestes comme un signe que son plan fonctionnait.

- Bonsoir charmante dame. Pour rien au monde je ne louperais une soirée accompagné d'une si agréable compagnie. Souhaitez vous m'accompagner sur le balcon ?


Sa main était restée au chaud dans celle du Prince qui avait délicatement posé son autre au creux de ses hanches. De toute évidence, il était intéressé par la femme que paraissait être Juanio et Juanio n'allait pas laisser passer cette occasion de compter parmi les victimes de ses charmes, un membre de la famille royale.
Il semblait même un peu entreprenant, notamment lorsqu'il commença à lui caresser la joue. Il fut un peu étonné de ce contact soudain, comme Juanio se raser toujours de très près, sa supercherie ne risquait rien mais ça lui faisait étrange d'être abordé et caressé en aussi peu de temps.
Contrairement à ce qu'on pourrait croire, le Prince serait donc un séduisant libertin prêt à s'ouvrir au monde de cette manière ?


- Il fait un peu froid encore en cette saison, souhaitez vous que je fasse demander un châle ? Il ne faudrait pas que vous attrapiez froid, les températures risquent d'abîmer cette douce peau que vous avez...


- Vous êtes trop bon, mon prince. Mais rien que de sentir votre main sur ma joue, cette main qui réchauffa ma hanche, je ne ressens plus le froid. Votre peau sur la mienne suffit à l'adoucir. Tu....excusez-moi, vous....vous êtes bien tendre.