Valravn grelottait. Non seulement le froid le saisissait malgré le tissu anti-climat de sa vaste cape, mais la faim le faisait trembler de la tête aux pieds, son corps protestant de cette manière contre un jeûne trop prolongé !

Après avoir trouvé quelques menus travaux avant et pendant les fêtes du solstice, pour les préparer, puis nettoyer les vestiges des festivités, il errait désespérément. A croire que les citadins, cédant à l’ambiance joyeuse et désinvolte avaient tous vidé leurs bourses et n’étaient plus capables de rémunérer quiconque !

Il avait passé les trois derniers jours sur le pavé, dans un quartier misérable, bataillant avec un mendiant pour dormir au sec et n’ayant eu gain de cause qu’en acceptant de lui donner tout ce qu’il ramassait dans les poubelles. Enveloppé trois nuits d’affilée dans sa cape, dormant d’un œil parce qu’il craignait que l’autre lui vole ses pauvres possessions, il avait accumulé plus de fatigue et de tension que de bien-être. De guerre lasse, il avait laissé le porche à l’homme et tenté sa chance aux alentours, et avait ainsi découvert des endroits beaucoup plus cossus, où les gens auraient peut-être moins de scrupules à payer un pauvre bougre pour quelques besognes probablement rares, répugnantes et épuisantes...

Le jeune vagabond haïssait la ville ! Il aurait donné n’importe quoi pour se trouver dans les montagnes ou même en forêt, là où un forestier un peu dégourdi trouve du bois pour allumer un feu afin de faire cuire sa nourriture, là où les arbres ont des branches basses qui même l’hiver te permettent de t’isoler du sol gelé… Il haussa les épaules, ça ne servait à rien ! Déchirant à pleines dents le rat -cru faute d’avoir trouvé de quoi le rôtir- que le corbeau avait réussi à tuer il déglutit en avalant la viande au goût dégueulasse… Même les rongeurs avaient mauvais goût dans cette maudite capitale ! Mais il devait bien admettre que dans son état de faiblesse, il tomberait avant d’avoir rejoint la campagne.

Finissant son « repas » il laissa les os à nettoyer à son compagnon charognard et se releva, ses pieds nus devenaient dangereusement insensibles, il lui fallait à tout prix marcher.

C’est ainsi qu’il fut attiré par des lumières, du bruit, de la … musique ? Devant lui, un bar illuminé semblait avaler des clients dont la mise était tout à fait honorable… Le garçon sourit, il y aurait peut-être du travail dans un établissement comme celui-ci ? Qui sait ? les verres et les assiettes ne se lavent pas seuls ? les sols non plus, les cuisines avaient peut-être besoin d’aide…

Il approcha donc, essayant de se tenir droit et de sourire pour faire oublier ses pommettes trop saillantes et ses joues trop creuses. Mais le type à l’entrée fut intransigeant « pas de boulot pour un type comme toi, non tu ne rentreras pas pour mendigoter auprès des clients ! On ne les importune pas ! Si tu veux entrer, tu payes, et tu consommes ! »

L’adolescent ne fut que modérément surpris, mais son besoin était tel qu’il eut quand même l’impression de recevoir une douche glacée. S’il avait pu consommer, bien sûr qu’il serait allé se réchauffer ! Il recula, se postant contre un mur à proximité, pour guetter les clients qui sortiraient et réitérer sa demande d’embauche, mais le videur prit la peine de sortir pour lui intimer l’ordre de dégager, qu’est-ce qu’un type comme lui pouvait apporter à un établissement honorable à part des soucis ?

Valravn, le corbeau sur l’épaule, s’éloigna donc encore un peu, se terrant dans l’ombre, assez loin pour ne pas être vu sans rien perdre de ce qui se passait.

C’est ainsi qu’il vit sortir la silhouette cachée sous une grande cape à l’immense capuche. La personne regarda à droite et à gauche, puis rassurée, s’éloigna à grand pas. Son attitude avait suffisamment surpris Valravn pour qu’il tende le bras, libérant le corbeau qui comprenant son rôle suivit la cape… Son compagnon humain lui, resta à une distance plus respectueuse, craignant d’être repéré.

La cape, était-ce une femme ? Quelle folie de sortir seule si tard, enfin si tôt… se dirigeait sans hésiter, elle connaissait son chemin. Elle pénétra sans la moindre gêne dans un quartier aux maisons beaucoup plus riches encore, forçant Valravn à raser les murs tant les rues étaient larges. Elle continuait sa progression, rapide, regardant encore de temps en temps autour d’elle pour s’assurer qu’elle était bien seule.

A aucun moment elle n’eut un regard pour le volatile, pourtant ses congénères étaient ordinairement diurnes, sans doute cette citadine ne le savait-elle pas… Celui-ci continuait sa filature, lui-même suivi par son maître, quand tout à coup, il fonça sur la forme encapuchonnée, la heurta, et arracha un objet brillant !

Valravn ne put s’empêcher de crier, connaissant son animal il le savait attiré par tout ce qui brille, défaut qui n’est pas réservé aux seules pies… Il savait aussi que l’animal l’aidait à sa manière et quand ça lui chantait, mais il était trop loin pour que la femme l’entende et le corbeau lui n’écouta rien. Après un vol de quelques secondes, il déposa fièrement dans la paume du jeune homme une magnifique boucle d’oreille dont la vue donna des sueurs froides au garçon.

« Non ! Je ne suis pas un voleur ! Elle va donner l’alerte ! Pourquoi as-tu fait ça ! »

Il se précipita, la silhouette avait stoppé sa marche, se tenant l’oreille, sa capuche était légèrement tombée, laissant apercevoir des mèches de cheveux clairs. Le bijou dans la main, Valravn courut, ses pieds nus glissèrent, et il atterrit à genoux. La fille, toujours aveugle, ne l’avait pas vu ni entendu. Elle chercha un moment du regard où l’oiseau avait pu passer, puis continua sa route, pressée de gagner son abri.

« Vous avez perdu ça ! Je ne suis pas un voleur ! »

Il tendit la boucle vers la silhouette qui s’éloignait rapidement ! Se relevant péniblement, son pantalon déjà troué béait désormais aux genoux, une large déchirure s’ouvrant sur une vilaine plaie causée probablement par un objet coupant sur le sol. Sale et déguenillé, l’adolescent tendait la main et offrait sa trouvaille, terrifié à l’idée qu’on puisse penser qu’il avait sciemment dressé son oiseau.

La course et l’émotion suffire à lui faire perdre connaissance, il s’effondra, la faim, la fatigue et la douleur se mêlant.
Combien de temps perdit-il conscience, il n’aurait su le dire, le jour se levait, il se redressa péniblement, le corbeau lui donnant des petits coups de becs pour accélérer le mouvement. Regardant la boucle d’oreille qu’il avait gardée, serrée dans sa paume, il la jeta par terre, puis réfléchissant la ramassa, ouvrit la main comme si elle l’avait brûlé !

« Mais pourquoi as-tu fait ça ! Je ne suis pas un voleur ! Elle va alerter la Garde ! »

Il reposa la boucle, puis la ramassa de nouveau… Son genou lui faisait mal, il était frigorifié et affamé. « Je vais aller voir Aube ! Elle saura quoi faire et nettoiera ça » dit-il à haute voix en regardant sa jambe. En boîtant légèrement il se dirigea vers le dispensaire, s’appuyant sur le bâton de son mieux, la boucle cachée dans la poche de sa cape…

Maugréant il regardait le corbeau « si je finis en prison ça sera ta faute ! »

Pour une fois, la vue du dispensaire fut un soulagement. Il entra en coup de vent : « Aube ! » Et s’évanouit à nouveau…

A voir:

Depuis quelques jours, le tavernier m’avait chassé de chez lui, pour le moment, je dormais au dispensaire profitant du lit mit à disposition pour surveiller les cas les plus graves, mais ce n'était qu'une solution temporaire. Je me devais donc de trouver un autre endroit pour dormir en plus d'écrire une lettre au druide afin d'obtenir l'aide nécessaire. Je manquais cruellement d'inspiration, raturais chacun des débuts et brouillons que je faisais les trouvant souvent stupides.

Cher Druide ? Cher Niraen ? Non, s'il ne me considère pas comme un ami, ça ne va pas. J'espère que Likva... Non trop banal.

Je chiffonnais une fois de plus le début de lettre que je n'arrivais pas à rédiger, lançant la boule ainsi obtenu en direction du seau qui servait à récolter les déchets. Le papier alla rejoindre sans grande surprise d'autres brouillons à côté du seau. Je soupirais devant ma feuille blanche, me levant précipitamment pour éteindre une fumée que je venais de percevoir dans le seau. Depuis plusieurs jours, on avait des soucis de départ de feu dans divers endroits du dispensaire. Les gardes pensaient à quelques petits plaisantins ou quelqu'un qui découvrait son pouvoir, mais je pensais à toute autre chose et si j'avais raison Niraen me serait d'une grande aide. Je regardais le plafond devant une énième feuille blanche, ne sachant pas quoi écrire quand une infirmière vient troubler la lente monotonie des heures passant.

Un patient vous demande.

Moi ? Mais je ne suis pas censé travailler aujourd'hui !

Il vous a demandé expressément.

Je me demandais qui ça pouvait bien être, j'espérais Loki, il pourrait peut-être m'aider à régler le problème ou transmettre ma lettre à Niraen.

J'arrive !

Je me retournais sur ma feuille blanche pour écrire quelques mots.

Pourrais-tu m'aider ? Non trop stupide, j'ai un problème... Non plus

J'abandonnais ma plume que trop heureuse de pouvoir me changer les idées. Le jeune homme était déjà installé sur un lit et semblait dormir profondément, je le reconnus immédiatement, c'était Val.Il me paraissait encore plus maigre que la dernière fois, était-ce possible ? Son visage était marqué de stigmates trahissant un manque de repos. Son genou était écorché, mais j'étais presque sûr que ce n'est pas pour ça qu'il est venu jusque ici.

J'allais chercher en cuisine une miche de pain et quelques fruits que je déposais à côté de lui, éteignant sur le chemin un autre départ de feu dans un des couloirs. Tant que ce problème n'était pas réglé, je n'avais pas de souci à me faire pour le logement le responsable du dispensaire n'était que trop heureux d'avoir un résident permanent pour le moment. Chose faite, je m'en retournais veiller Val, armée de ma plume et d'une autre feuille blanche.

Monsieur Niraen

Je me permets de vous écrire afin de vous faire part d'un problème qui à mes yeux devient de plus en plus inquiétant. Je dénombre plusieurs départs de feu, fumée par jour et par nuit sans compter de nombreux trous dans la literie dans le dispensaire dans lequel j'officie. La garde pense à un plaisantin, mais je crois surtout qu'ils vont courir après un fantôme. Cela ressemble à des feupagnoles, mais je n'en suis pas sûr, je n'ai trouvé que peu de livres sur le sujet. C'est pourquoi si vous pouviez venir voir afin de confirmer mon hypothèse, en avertir la garde et peut-être même m'aider à régler le problème, je vous en serais reconnaissante.

J'espère de tout cœur revoir Yami et Likva par la même occasion.

Aube.

Absorbée, par la rédaction de ma lettre, je n'avais pas vu Val se réveiller et se goinfrer des vivres que je lui avais apporté. Je lui fis signe de me suivre, nous dirigeant vers les cuisines et la porte de service.

Si tu ne veux pas rester enfermé ici plusieurs semaines tu devrais partir. Peux tu apporter ceci à Niraen, ça me ferait plaisir.

Cette pommade, c'est pour le genou, prend ce que tu veux à manger, mais dépêche toi avant que le chef revienne.

[RP METIER]

Abondance nuit parfois mais peut fair des heureux

Ft : Valravn & Aube & Niraen

L'expérience avait été enrichissante bien qu'étonnante. Après tout la vie était composée de ça n'est ce pas ? D'abord une rencontre avec un homme qui ne maîtrisait pas son pouvoir et qui t'avais aidé dans l'une de tes prestations, lors des préparatifs du solstice d'hiver, puis un voyage en forêt, dans un petit village, dans lequel tu avais rencontré un être hybride.
Évidemment, ta première réaction fut d'être étonné mais, passé la surprise, tu t'étais rendu compte qu'il n'était pas si différent de vous. Après tout, qu'était la normalité dans un monde où tout le monde possédait un pouvoir et n'était pas « normal » de base ? Pour ce qui était de Niraen, l'hybride que tu avais rencontré, ce n'était pas un pouvoir mais une origine.
Ce jour là, tout commençait comme d'habitude. Le réveil ne fut pas difficile car tu savais que tu allais faire quelques prestations même si tu ignorais toujours si elles allaient fonctionner ni combien tu allais gagner mais, en même temps, le nombre de cristaux n'étaient rien comparé au bonheur de voir l'émerveillement dans les yeux de ton public :

« Monsieur ! Monsieur ! Tu vas faire quoi aujourd'hui ?
-Bonne question mais je compte sur toi pour regarder jusqu'au bout »

La fillette, ce jour là, hocha la tête avec sérieux et cela te procuras un plaisir sans nom. D'accord, tu étais loin de faire des tours de passe passe très développés mais c'était mieux que rien. Il fallait juste que tu penses à toujours te débrouiller pour que le public ne remarque pas la supercherie car, oui, il y avait toujours un trucage.
Ainsi donc, le tour débuta. Tu fis mine de réfléchir un moment puis, plongeant ta main dans ta poche, tu en sortis un caillou en faisant attention à ne pas trop la regarder pour ne pas que ton pouvoir ne s'active. Tu demandas ensuite à la fillette de regarder précisément le caillou avant de le lancer dans les airs et le rattraper dans ton poing fermé :

« Tu as bien observé ? A ton avis, où se trouve le caillou à présent ?
-C'est facile ! Il est dans ta main, Monsieur ! »

évidemment, c'était la réponse la plus logique qui soit et ton sourire s'agrandit en entendant cela. La fillette était tellement persuadée que, d'un coté, devoir lui mentir te faisais un léger pincement au cœur mais c'était le jeu. Ainsi, tu hochas la tête avant de desserrer ton poing et... :

« Le caillou n'est pas là ?!
-Il semblerait que non. Dis moi, je peux te demander ce que tu as dans les poches ? »

étonnée, la petite fille hocha la tête et plongea ses mains dans ses poches. Par la suite, tu pris un certain plaisir à voir sa mine étonnée lorsqu'elle découvrit le caillou dans une de ses mains. Et oui, tu avais réussis ton tour il semblerait. Cependant, quelque chose attira ton attention : effectivement, tu crus voir une silhouette que tu reconnaissais se diriger vers un dispensaire. Alors que tu étais « assaillis » de compliments de la part de la fillette, tu te tournas vers elle, secouant légèrement la tête comme pour lui signaler que tu ne pouvais malheureusement pas répondre à toutes les questions qu'elle se posait au sujet de ce tour car il était connu qu'un magicien, même un amateur, ne révélait jamais ses secrets à qui que ce soit.
Évidemment, la petite semblait déçue mais elle ne t'en tint pas rigueur et finit par s'éloigner pour rejoindre ses parents tandis que tu reprenais ta place avant de te décider à en avoir le cœur net et te diriger vers le dispensaire afin de voir si la silhouette que tu avais rapidement aperçue faisait partie de tes connaissances ou non :

« Excusez moi... » Osas tu timidement en rentrant dans le dispensaire avant de reconnaître : « Oh... Valravn c'est ça ? J'étais sûr que la silhouette qui vient juste de passer me disait quelque chose » Par contre, la demoiselle ne te disais rien du tout : « Pardon, j'espère que je n'interrompt rien d'important... »

A bien y réfléchir, Valravn semblait blessé... La demoiselle était peut être une soignante et, si tel était le cas, tu avais, effectivement, interrompu quelque chose. Espérons simplement que ce ne soit pas le cas...

Codage par Libella sur Graphiorum

S’il était reconnaissant à Aube de l’avoir nourri et de lui avoir permis de souffler un peu, la mission dont elle l’avait chargé l’avait… décontenancé.

Pourquoi recourir à un coursier ? et pourquoi lui qui était blessé et qui n’irait donc pas très vite ? Voulait-elle faire l’économie de la course ou au contraire pensait-elle l’aider en lui donnant -à lui- des provisions et une poignée de cristaux tirés d’un tiroir du dispensaire ?  Etait-ce une mission « officielle » ?

Il n’avait pas eu le temps d’obtenir une réponse, elle l’avait carrément jeté dehors. Ce pauvre Erland, croisé devant le bâtiment et apparemment content de le revoir, avait eu le droit en guise de salut, après qu’il les ai présentés l’un à l’autre, à un simple hochement de tête pressé.

Gêné, il s’était senti obligé d’expliquer au magicien pendant le voyage qu’elle était gentille, mais extrêmement lunatique, et que la prochaine fois qu’elle le rencontrerait elle lui sauterait probablement au cou… En espérant qu’elle ne lui collerait pas une bonne gifle pour une raison connue d’elle seule… Mais ça bien sûr, il l’avait gardé pour lui.

Ils étaient donc arrivés, pas si tardivement au final, chez le druide et repartis presque aussitôt.  Il ignorait qu’Erland et Niraen se connaissaient, mais en fait, il ignorait sur l’un et sur l’autre bien d’autres choses encore… Comme la raison qui poussait l’hybride à voyager en toutes circonstances avec toute sa tribu de familiers, au demeurant sympathiques. L’œuf qu’il avait vu éclore avait grandi et s’énervait de ne pas voler assez vite… La petite féline approchait de la taille adulte à ce qu’il savait des catosaures…

Ce n’est que revenu au dispensaire qu’il comprit le souci de la soigneuse… Des tas de minuscules départs de feu et des petits trous brûlés un peu partout dans les pièces et les couloirs. Des feupagnols ? Il regardait dubitatif l’étendue des dégâts… Est-ce qu’un seul feupagnol aurait pu en faire autant ?

Rassuré par la conversation qu’eurent Aube qui exposait son problème et Niraen qui posait des questions précises et ciblées, il se trouva renforcé dans son désir déjà ancien : il voulait un feupagnol ! un seul !

- Vous n’allez pas les tuer ? je veux dire ? pas tous ? Ils ne font pas exprès. Je voudrais bien en adopter un, un seul, ça ne fera pas de trous partout ? et puis de toute façon, on sera dehors la plupart du temps, alors il n’aura rien à détériorer ?

Il imagina la panique des petites bêtes coincées en ville dans une vaste bâtisse… Lui-même lorsqu’il s’était enfui de ce même dispensaire avait pu expérimenter quel désespoir te saisit lorsque tu es prisonnier…

Nullement conscient de juger de la situation en fonction de son propre ressenti, il attendit la réponse. Juste un ? Mais bien déterminé, il se dit que si on lui refusait l'adoption, il trouverait le moyen de sauver un oeuf et de le cacher jusqu'à son éclosion !

Ça faisait déjà trois semaines que j’avais confié la lettre à Valravn et cet inconnu dont j’avais oublié son nom. Trois semaines que je devais courir d’une pièce à l’autre pour éteindre des départs de feu. Trois semaines que je ne dormais que d’un œil pour cette même raison. Et sûrement trois semaines que l’aubergiste ne comptait plus sur moi pour l’aider. Bref entre les patients et ces incendies, j’étais épuisée.

Valvran venait tout juste d’arriver et voilà qu’il se permettait de prendre son temps. C’est donc pour ça que j’avais attendu si longtemps, furieuse, je me rapprochai de lui et le gratifiât d’une belle paire de claques sans autre explication.

Je me tournais vers le druide et me précipitât dans ses bras trop heureuse de le voir. Je remarquais que Tajla avait bien grandi depuis ma première rencontre je me permis de la caresser sur la tête sans oublier qu’elle m’avait arracher une mèche de cheveux. Likva semblait toujours aussi curieux, je lui montrais quelques friandises que j’avais chapardées pour le faire venir à moi, puis une fois chose faite, je passais à Yami qui me tournait autour déçu que je mette autant de temps à lui dire bonjour.

Je me relevais pour faire face au dernier individu que je ne connaissais pas. Surement, qu’ils avaient discuté en chemin lui et Val. Je ne m’attardais pas trop sur cet énergumène et le salua froidement.

Je les laissais sur place me précipitant dans un couloir en prenant un des récipients d’eau que j’avais pris l’habitude de mettre un peu partout. J’avais depuis trois semaines acquis une certaine intuition des départs feus.

Je revins vers le druide, lui présentant les dégâts tout en lui donnant quelques précisions supplémentaires. Je leur fit visiter le dispensaire en éteignant au passage un papier en train de brûler et prenant connaissance de l’état de certains patients.

[RP METIER]

Abondance nuit parfois mais peut fair des heureux

Ft : Valravn & Aube & Niraen

Tu avais comme la désagréable impression que, oui, tu avais interrompu quelque chose ou dérangé quelqu'un parce que, lorsque tu avais salué Valrvan par simple politesse, celui ci t'avais d'abord simplement salué d'un hochement de tête avant de te donner de plus amples explications à propos de la jeune femme à l'intérieur du dispensaire.
Apparemment, elle était gentille mais extrêmement lunatique. Ah ? Ce n'était que ça ? D'un coté, tu te sentis légèrement honteux d'avoir pensé que tu interrompais quelque chose de plus personnel mais ce n'était pas le cas. Par contre, tu ne te serais jamais imaginé accompagner le jeune homme jusqu'à une autre connaissance.
Effectivement, tu avais décidé d'aider Valravn car, vu son état, le jeune homme n'aurait peut être pas pu survivre à un si long voyage mais, finalement, tu avais pu rapidement saluer Niraen, l'hybride dont tu avais fais connaissance avec une certaine Aishela dans le vilage de Litlàn pendant le solscite d'hiver.
Pourtant, il fallu repartir aussitôt et Niraen proposa son Rapidodo pour que le voyage retour ne soit pas aussi long que l'aller. Laissant la monture à Valravn, qui semblait être celui qui en avait le plus besoin, tu marchas à coté, tandis que l'hybride voler et au bout de plusieurs jours, vous étiez de retour au dispensaire.
Les alentours étaient parsemés de petits incendies. D'abord surpris, tu te rappelas qu'il y avait une affaire d'invasion de Feupagnols dans les parages donc c'était peut être plusieurs de ces créatures qui avaient fait ses dégâts et, apparemment, Valravn semblait intéressé pour en prendre un pour lui, tandis que tu restais silencieux sentant un étrange et désagréable frisson te secouer l'échine.
Effectivement, vous étiez rentrés au dispensaire mais tu sentais le regard de la demoiselle, dénommée Aube, comme te l'avais dis Valravn, sur toi et malgré la sensation de froid qui te faisais frissonner malgré toi, tu te présentas auprès d'elle, par respect :

« Bonjour, Mademoiselle Aube. Valravn m'a fais part de votre nom. Je m'appelle Erland et je suis... » Mais tu te stoppas. Que dire ? Magicien des rues ? Homme à tout faire ? Finalement, tu repris : « … Peut importe. Si je peux vous aider en quoi que ce soit, je suis votre homme »

Assuras tu avec un sourire tout en gardant dans un coin de ta tête le fait que Valravn ai mentionné qu'Aube pouvait être lunatique et tu espérais ne faire aucune « fausse note », pour ne pas te la mettre à dos même si, en y réfléchissant, tu te demandais pourquoi tu n'avais rien dit à propos de ce que tu faisais.
Peut être allait elle te poser des questions et même te dire que magicien, dans un monde dans lequel les pouvoirs étaient banalisés n'était pas un vrai métier ? Enfin, peu importe, ce qui était fait était fait et si la demoiselle te posais effectivement des question, tu allais lui répondre comme le gentleman que tu étais !
Pour le moment, tout du moins, il semblerait que le paysage ai un peu changé en votre absence, absence qui avait duré plusieurs semaines le temps de faire l'aller/retour :

« Si je comprends bien, une invasion de Feupagnols a été déclarée ? Qu'allons nous devoir faire ? La solution de tous les tuer me paraît un peu trop radicale voire cruelle et apparemment Valravn souhaiterait en avoir un... Si j'ai bien compris ? »

Parce que, honnêtement, tu étais une sorte de « pièce rapportée » dans le groupe et tu n'avais pas tellement suivi la situation initiale. Aube te prendrais certainement pour le dernier des imbéciles mais tu avais été prévenu du comportement de la jeune femme donc tu avais le temps, l'espérais tu, de te préparer...

Codage par Libella sur Graphiorum

Stupéfait, Valravn passa la main sur sa joue et regarda Aube avec effarement. Qu’est-ce qui lui valait un traitement pareil ? Il pouvait comprendre qu’elle soit fatiguée, énervée, voire exaspérée, mais pourquoi fallait-il toujours qu’elle passe ses nerfs sur … lui ?

Au prix d’un effort qui lui parut surhumain, il se retint de lui en rendre une paire en retour comme de hurler sa désapprobation et sa fureur ! Serrant les poings, il mit un bon moment avant de retrouver un visage impassible ce dont personne ne dut se rendre compte puisqu’Aube avait entraîné Niraen et qu’Erland les avait suivis, se proposant d’être utile.

Resté seul, il repensait à l’objet qu’il avait toujours dans sa poche, n’ayant osé ni la « perdre » en route, ni jugé opportun d’aborder un garde pour lui dire qu’il l’avait « trouvée ». Regardant autour de lui, il se demanda si les feupagnols pourraient être jugés responsables de son apparition dans un dispensaire plutôt ouvert aux pauvres bougres… Le présent de son corbeau lui brûlait les doigts, mais même s’il se doutait que la riche dame à laquelle il avait été arraché ne mourrait pas de son absence, il ne pouvait le jeter à l’égoût… La valeur de la boucle d’oreille comme son honnêteté l’en empêchait, et cette même honnêteté le retenait aussi de s’en débarrasser dans un endroit où sa découverte pourrait nuire à quelqu’un d’autre.

Tout à ses errances et suppositions, il n’entendit d’abord pas Niraen :

- Bon... Je vais essayer de te trouver un œuf Valravn, mais je ne promets rien. Avec un peu de chance ils devraient en laisser derrière eux même s'ils fuient vers un autre endroit.

Il se retourna et lui sourit, au moins lui l’avait écouté. Ne sachant comment se rendre utile, il reporta son attention sur l’environnement. Il était sûr que l’agencement millimétré et la fonctionnalité du lieu avait été… chamboulés. Un seul feupagnol, ça ne pouvait pas faire autant de dégâts quand même ? il en avait déjà croisé dans la nature ?

De nouveau absent, il se demanda ce qu’il était revenu faire dans cette ville, il avait le sentiment qu’elle leur portait la poisse au corbeau et à lui. D’abord cette passion de l’oiseau pour les bijoux et cristaux ! Comme s’il avait besoin de ça, il n’était pas assez difficile de vivre sans avoir à répondre d’accusations multiples comme le vol et le dressage d’animal en vue de voler. Décidément, il n’était bon à rien aujourd’hui, pas étonnant qu’elle lui ait collé une gifle. Et puis son incapacité à se faire à ce milieu, sa… comment dire, il perdait tous ses moyens en ville, il devenait pataud, idiot.

Pris d’un vertige, il s’assit, portant la main à son front. En lui-même il s’insultait presque « mais debout ! espèce de fainéant stupide ! lève-toi et rends toi utile ! » mais il ne pouvait pas, des tas d’idées noires, de pensées dégradantes, de souvenirs déplaisants faisaient le siège de ses pensées.

Regardant ses pieds nus, ses guenilles, croisant son reflet dans une vitre, il paraissait totalement perdu, s’interrogeant sur le sens de sa vie, sur son avenir, et même sur l’utilité qu’il y avait à rester de ce monde… Totalement vidé, il accueillit le « Et voilà, vœu exaucé ! » de Niraen sans comprendre.

Le petit œuf dans la main, il avait tellement l’impression de ne rien pouvoir lui offrir qu’il en oublia de remercier le druide et l’enferma dans le creux de ses deux mains jointes comme pour l’isoler et le protéger du monde hostile. Posant la tête sur ses genoux il fut secoué d’étranges soubresauts retenus.

Valravn Wraith se sentait pris au piège de la vie, en lui, le besoin de solitude et d’espace était combattu par un hurlement primal… Son isolement le tuait petit à petit, il ne pouvait pas continuer à traverser la foule sans en faire partie, mais il ne voulait en aucune façon appartenir au monde des hommes… Prisonnier de ses contradictions, il trouva quand même la force de relever la tête, le visage défait et de remercier Niraen…

Je ne sais même pas si je saurai le faire vivre… C’est si difficile de vivre…

Et se levant, il quitta la pièce presque en courant, bousculant Aube au passage sans s’excuser, et laissant Erland et le druide ahuris…

Mademoiselle Aube !

C’est bien la première fois que l’on m’appelait mademoiselle, toute heureuse, mais gênée mon regard froid se dégelât et je gratifiais Erland d’un grand sourire tout en rougissant. Je passais une main dans mes cheveux, comme s’il était possible de cacher encore plus les cicatrices et mes joues rougissantes.

Afin de cacher ma gêne, je me retournais en les incitant à me suivre afin de leur faire une brève visite des lieux bien que le dispensaire ne soit pas très grand. Un simple grand couloir en L avec en son centre l’entrée et d’un côté cuisine, buanderie et réserve tandis que de l’autre un dortoir pour les malades en observation et quelques salles plus petites dont une chambre pour un des employés.

J’en profitais aussi pour prendre connaissance de l’état de nouveau patient fraîchement arrivé et de leur montrer les points d’eau accessibles. Heureusement pour moi que e responsable était partit se reposer, je ne lui avais pas précisé que le druide allait venir accompagner de toute sa ménagerie.

Effectivement, oui, j’étais fatiguée, mais je devais attendre mon tour. Depuis les premiers départs de feu, on se relayait le responsable et moi afin qu’il y ait toujours quelqu’un pour prévenir le dispensaire de tout incendie. Le temps que Niraen fasse ce qu’il avait à faire, j’en profitais pour m’occuper des nouveaux patients. Une fois chose faite, curieuse, je retournais voir le druide qui semblait avoir trouvé quelque chose qu’il déposât dans les mains de Valravn ; un petit œuf à peine plus grand que mon pouce.

J’étais heureuse pour lui, je pensais qu’il allait être content lui qui cherchait un petit œuf de feupagnole, mais non au lieu de ça de sombres pensées lui avait traversés l’esprit avant de me bousculer, m’envoyant heurter l’embrasure de la porte dans laquelle je me trouvais. Il semblait dans le même état que moi il y a quelques jours, quand Lisa m’a empêché de m’ouvrir les veines. Rien que d’y repenser, j’en avais des frissons tout en comprenant à quel point il me serait difficile de perdre un ami.

Je me précipitais à sa suite, je ne voulais pas qu’il fasse la même bêtise que j’avais failli faire. Une odeur de fumé montait de la buanderie, je m’arrêtais un instant, indécise. Je lançais un regard à Niraen et à Erland en leur pointant une porte au bout du couloir, avant de poursuivre mon ami.

La buanderie !

Il n’était pas allé bien loin, il s’était arrêté dans le petit jardin attenant au dispensaire. J’allais donc m’asseoir à côté de lui.

T‘as pas le droit de dire ça ! T’as pas le droit de mourir ! Si tu le fais moi aussi.

Pour lui montrer à quel point, j’étais sérieuse, je lui montrais mon bras gauche sur lequel était visible une cicatrice récente ou le couteau avait entaillé superficiellement ma peau. Je remis ma manche espérant que ni le druide ni Erland avait remarqué la marque tout en prenant mon couteau et lui tendant le manche.

Tien ! Fait le !

[RP METIER]

Abondance nuit parfois mais peut fair des heureux

Ft : Valravn & Aube & Niraen

Honnêtement... Que se passait il ? Tu avais l'impression de débarquer dans un monde différent mais non, tu étais bien en Aryon avec des personnes que tu connaissais plus ou moins. En réalité, il n'y avait qu'Aube que tu ne connaissais pas. Niraen, tu avais fais sa connaissance dans le petit vilage de Litlàn lors du solstice d'hiver et Valravn t'avais aidé à faire des tours de passe-passe.
Pourtant, là, actuellement, près de ce dispensaire, tu avais l'impression d'être totalement invisible et de ne rien comprendre à la situation. D'après ce que tu pouvais entendre cependant, il y avait apparemment une invasion de Feupagnols et Valravn émettait le désir d'en avoir un œuf sûrement pour l'élever et s'en faire un familier.
Tient donc... En parlant d'élever un familier... Cela te rappelait que Niraen avait justement tout une ménagerie alors que toi... Les seuls animaux que tu avais étaient des créatures tout à fait normales même si, évidemment, elles étaient dressées pour t'aider à la réalisation de tes tours de passe-passe car, effectivement, sans Yule, ton lapin nain et Ky'ha, ta colombe, tes numéros n'auraient jamais été aussi diversifiés !
Quoi qu'il en soit, tu restas silencieux, observant tout ce petit monde même si tu en venais à plaindre Valravn qui ne tarda pas à subir la colère d'Aube. Que se passait il entre eux deux ? Tu n'allais pas faire preuve de mauvaise curiosité qui pouvait s'apparenter à de l'indiscrétion évidemment parce que tu étais tout de même un minimum éduqué mais bon...
Enfin, le résultat des courses fut que le jeune homme obtint son œuf grâce à Niraen. Te grattant la nuque d'un air gêné, tu te décidas enfin à prendre la parole :

« Navré, j'ai honte de l'avouer mais je n'ai pas compris grand chose à la situation » Tu allais sûrement passer pour le dernier des idiots aux yeux des autres mais au moins étais tu honnête : « J'ai bien entendu l'histoire au sujet de l'invasion des Feupagnols et le fait que Valravn désire un œuf mais... De là à proposer de tous les exterminer... Ne serait ce pas une méthode trop radicale ? » Par la suite, ton regard se tourna légèrement vers Niraen comme si tu attendais un soutien de sa part, avant de continuer : « Non pas que je me mette forcément du coté de ces animaux. Je me demande simplement s'il peut y avoir une autre solution »

Enfin, tout est bien qui finissait bien finalement non ?... Euh... Alors pourquoi Valravn et Aube faisaient ils ces têtes là ? Entre l'un qui partait en courant en disant qu'il était difficile de vivre, bousculant la jeune femme au passage qui parti à sa suite... Tu devais avouer que tu étais vraiment perdu pour le coup.
Que fallait il faire ? Les suivre ? Rester ? Tu devais avouer que tu eus quelques instants d'indécision, regardant Niraen, seul membre de cet étrange groupe qui était resté dans la pièce, te demandant s'il était aussi étonné que toi avant que tu ne te décide finalement à prendre une décision :

« J'ignore ce qu'il se passe mais cela à l'air sérieux. Je vais les suivre »

Affirmas tu à Niraen, tandis que tu serras ton chapeau entre les mains en repensant aux paroles de Valravn. « Difficile de vivre », il avait raison, certes, mais était ce réellement une raison pour se mettre dans ce genre d'état. Quelque part, cette attitude te mis en colère, sans que tu ne puisses l'expliquer de façon raisonnable.
Cependant, tu décidas tout de même de suivre le petit groupe, ayant tout de même une pensée vers Niraen que tu avais laissé derrière, en te demandant d'ailleurs s'il t'avais suivi ou non, avant de rejoindre la buanderie :

« Je ne comprends peut être rien à la situation, mais je ne pense pas qu'il soit nécessaire de se mettre dans des états pareils » Dis tu d'une voix calme bien que ton regard soit légèrement furieux : « Pour ma part, je pense que la vie est difficile pour chacun. Après, bien sûr, c'est une question de niveau de difficulté je dirais » Puis, t'adressant à Valravn, tu lui offris un petit sourire comme pour le rassurer : « D'ailleurs, en parlant de cela, même si ce fut court, vous avez déjà eu un petit aperçu de mon mode de vie quotidien, n'est ce pas Valravn ? » Tu te tournas ensuite vers Aube pour expliquer, afin que la jeune femme comprenne de quoi tu parlais : « Je ne vous l'ai pas dis lorsque je me suis présenté mais le fait est que je suis un magicien des rues » Puis, tenant à préciser en secouant les mains devant toi : « Ce n'est rien d'extraordinaire, je fais simplement des tours de passe-passe traditionnels pour amuser la galerie, il n'y a aucun véritable pouvoir magique à l'oeuvre. Voyez plutôt. » Tu eus un léger sourire avant de claquer des doigts, d'attendre quelques secondes et regarder Aube : « Pardonnez l'indiscrétion de mon geste, Mademoiselle Aube mais, si vous permettez... » Et avec une lenteur maîtrisée, tu tendis doucement le bras jusque derrière l'oreille de la jeune femme pour y retirer... Une belle fleur blanche : « Navré, mais vous aviez une fleur coincée derrière l'oreille »

Tenant la fleur entre les doigts, tu eus un sourire et, ayant posé ton chapeau par terre, tu ne te rendis pas compte que Yule avait sortit un bout de museau et que Ky'ha piallait légèrement en écartant les ailes pour se poser sur ton épaule et baisser la tête comme si la colombe saluait. Tu espérais ainsi qu'Aube, tout comme Valravn allaient penser à autre chose grâce à ce petit interlude de prestidigitateur.

Codage par Libella sur Graphiorum

Erland avait l’air en colère contre lui, Aube le menaçait de… se donner la mort ? Le chien de Niraen lui avait sauté dessus, les pattes sur ses genoux et semblait demander une caresse… En résumé, tous, même le petit œuf qu’il serrait dans le creux de sa paume avaient l’air d’avoir besoin de lui…

Les joues encore mouillées de pleurs il soupira… ça aurait été tellement plus simple de disparaître, de ne plus lutter, de s’oublier au point de ne plus avoir à répondre de rien.

Mais bon, ce n’était semble-t-il pas le moment, et ces gens qu’il ne connaissait qu’à peine paraissaient avoir tous à leur façon besoin de lui et envie de le voir continuer. Sur le coup, cela le mécontenta plus qu’autre chose, de quoi se mêlaient-ils ? Que savaient-ils de sa vie, de sa solitude, de sa misère, de …

Suffit Valravn ! L’injonction partit de tout au fond de lui-même, rageuse, volontaire ! Suffit de t’apitoyer sur ton sort, de faire tourner les autres en bourrique en quémandant attention et compassion, suffit de rapporter le monde à toi, égoïstement…

Regardant Aube, il lui remit son couteau dans la main et prit son poignet. Son regard se fit douloureux et les larmes revinrent au bord de ses yeux.

« Qu’est-ce que tu as fait ? Pourquoi ? » Il essaya de lui prendre la main en vain.

Il se força à sourire à Erland et à ses animaux, il suivit le bouquet de fleurs et chercha à voir si Aube en était revigorée. Il caressa le gros chien et enfouit sa tête dans sa fourrure, et il serra le petit œuf au creux de sa main en prenant bien soin de ne surtout pas le briser, cherchant en lui tout l’amour qu’il devrait lui donner pour qu’il vive heureux et grandisse… Comment l’appelerait-il ? Une petite bête espiègle qui fait feu de tous bords ? Flamme ? Feu follet ? pourquoi pas tout simplement « Amour » ?

« Je suis désolé, pardonnez-moi. J’ai du mal en ce moment… Je ne sais pas pourquoi »

Cherchant du regard le druide il se mit debout, il fallait l’aider à entraîner tous ces petits « Amour » loin du dispensaire… Il eut la pensée de les diriger vers une des casernes de la Garde, conservant un semblant de rancœur à ces gens qui le coursaient depuis que le corbeau s’était mis en tête de collectionner les objets brillants… Mais il se dit que les feupagnols risquaient de le payer très cher, les militaires ne prendraient sans doute pas le temps de les chasser mais les utiliseraient comme cibles…

Entourant l’œuf non éclos encore d’une grosse bande de tissu, il le carra bien au fond de la poche de sa cape, et rentra dans le bâtiment.
Le druide paraissait continuer son labeur, plaçant des herbes pour repousser ou attirer ? les bestioles en surnombre. Il prit la peine de le remercier mais ne fut pas certain d’avoir été entendu.

Sortant sur le pas de la porte pour respirer un peu, il avisa deux gardes qui patrouillaient.

« Messieurs ! S’il vous plaît, je ne sais pas quoi en faire, j’ai trouvé ceci ! »

Sortant cette maudite boucle d’oreille de sa poche il la leur tendit, expliquant où elle avait été trouvée, donnant même son nom au cas où « il y aurait une récompense du propriétaire »…

Soulagé, il retourna dans le bâtiment, il fallait débarrasser Aube des feupagnols sans leur faire le moindre mal mais ça se ferait sans lui...

Sans dire mot, il chercha une serrure et y introduisit la clé dimensionnelle menant à la cabanne du Vieux Frère, il avait besoin de faire le point... Une fois les idées en ordre dans sa tête, il tenterait lui aussi de franchir les brumes... Le temps était venu.