Dans tous les cas, elle s’était dirigée inconsciemment vers l’île de la caserne royale où elle s’assied de l’autre côté de la rive observant avec nostalgie ce lieu qui l’avait abrité pendant quelques mois. Bien qu’elle avait déménagé là-bas que l’année précédente. Cobalt se tenait à ses côtés, assied sur ses pattes arrière, et semblait regarder sa maîtresse avec incompréhension. Pourquoi se torturait-elle ainsi? Une douce brise vint caresser sa peau alors qu’elle entraina dans son allée quelques mèches de sa chevelure maintenant blanche qu’elle gardait tressée. Secouant la tête, elle partit rapidement d’où elle se trouvait s’enfonçant dans la capitale cherchant le quartier commerçant où elle avait l’habitude de faire ses rondes. Malheureusement, bien qu’elle reconnaisse des visages, ici personne ne la reconnaissait. Elle était devenue une parfaite inconnue à leurs yeux et c’était tant mieux? Seules quelques personnes qu’elle avait côtoyées par le passé savaient qui elle était vraiment aujourd’hui.
Jaina avait continué d’errer en ville jusqu’à la tomber du soir et sans savoir pourquoi, elle s’était retrouvée devant la porte de l’Aventurier Téméraire qui semblait déjà bien animé. Elle pourrait rentrer, faire comme si de rien était. Commander à boire sans que son ami ne sache qui elle était vraiment, mais elle se contentant de faire quelques pas sur le côté observant par les carreaux d’une fenêtre. Éclairé par les nombreux lustres chandeliers, elle put voir à l’intérieur son ami opérant au bar alors qu’une femme au ventre quelque peu arrondi semblait s’occuper des clients aux tables. Serait-ce la femme dont il leur avait parlé, celle qui avait su faire en sorte que le tavernier garde la tête sur les épaules… Celle qui avait patiemment attendu son retour. Quand elle vu l’échange de regard entre le tavernier et l’hybride, Jaina comprit qu’elle avait vu juste. Un sourire s’afficha sur ses lèvres alors qu’elle se détourna. Elle allait les laisser vivre en paix sans ressasser de mauvais souvenir à son ami. Il était peut-être temps que Jaina Stonebridge disparaisse et qu’une nouvelle femme renaisse de ses cendres? Après tout, qui pourrait la contredire? Enfin, dans tous les cas, elle devrait choisir une nouvelle identité avant tout et s’assurer que ceux qui la connaissaient n’ébruitent pas sa véritable identité.
Enfin, c’est donc avec lassitude qu’elle se rendit dans les quartiers dont elle avait plutôt l’habitude d’esquiver par le passer au vu de ce qui se tramait et bien évidemment, cela ne prit pas longtemps avant qu’elle ne soit interpellée par un petit revendeur du coin. À la fois nerveux et peut-être même paranoïaque, ce dernier sursautait au moindre bruit qui se faisait entendre et il ne pouvait s’empêcher de regarder dans tous les sens. Ou peut-être était-ce la présence de loup qui s’était mis sur ses gardes qui lui faisait ainsi peur?
« Tout doux le chien…
- Pas chien! dit alors le lugnipus de sa voix rocailleuse.
-Ah! Il parle…enfin, gentil, pas mordre. Je ne vous ferai pas de mal.
- Donnez-moi juste de quoi pour m’embrumer l’esprit. Vous devez bien avoir ça… s’empressa d’ajouter Jaina agacé par la lenteur de cet échange.
- Euh…oui, bien évidemment…dit-il en sortant un petit sachet de l’une de ses poches. Avec ça vous planerez, vous vous sentirez euphorique… »
Euphorique? Haussant les épaules, elle remit les cristaux avant de mettre le tout dans sa poche et de quitter aussitôt cet endroit. Se faufilant dans les ruelles les moins fréquentées, elle savait par quel endroit passer pour ne pas risquer de tomber sur une patrouille et elle se trouva finalement un endroit tranquille où elle put consommer ce qu’elle venait d’acheter. Toutes les méthodes étaient bonnes à ses yeux et bien qu’elle s’enfonçait dans une spirale sans fin, elle ne s’était jamais sentie aussi seule, même si certaines personnes se disaient être son ami.
« Je compte sur toi Cobalt… »
Allumant de sa pierre de feu ce qui pourrait se faire passer pour une simple clope, Jaina l’apporta alors jusqu’à ses lèvres inspira un bon coup creusant ainsi ses joues et laissa rouler la fumée dans sa bouche avant de la laisser s’échapper devant elle tentant de faire de petit cercle, bien qu’elle n’y était jamais arrivée depuis qu’elle s’empoisonnait ainsi. Cela ne prit pas grand temps avant qu’elle ne ressente les effets de sa consommation éprouvant un léger engourdissement aux extrémités de ses membres. Levant sa main devant elle, elle la bougea en refermant ses doigts un petit sourire niait sur le visage, alors qu’elle continuait ainsi.
« Hey, hey… tout semble bouger… », dit-elle après quelques minutes. Elle se laissa tomber dos sur le petit terre-plein où elle se trouvait sans se soucier du froid qui pouvait s’engouffrer dans ses vêtements. Entourer de sa cape, elle était tout de même au chaud pour un certain moment. Observant le ciel d’où elle était, elle s’était posée dans un endroit moins résidentiel près d’un parc où il y avait peu de risque qu’on la trouve.
La tête dans les nuages
Voilà quelques jours que tu marches. Le ciel est clair, le soleil lumineux, la neige scintillante toute autour de toi. Des forêts de conifères peuplent ces terres glaciales, abritant toutes sortes d'animaux, des plus dangereux aux plus insignifiants. Une excitation unique t'anime tandis que tu mènes la marche, suivie d'une ribambelle de marcheurs motivés. Tu ne connais pas la destination, mais tu es fière d'être sur le chemin. Le temps passe, le rêve progresse.
Voilà quelques semaines que tu marches. Les forêts se sont faites plus rares, laissant place à d'imposantes montagnes plus hautes que tu n'en aurais jamais imaginées et des plateaux enneigés s'étendant à perte de vue. Tu sais que le voyage sera encore long, mais tu es déterminée. tes compagnons tu suivent toujours fidèlement, même si votre terre natale commence à manquer dans le coeur de certains. Le temps passe, mais l'aventure progresse.
Voilà quelques mois que tu marches. Loin derrière, on aperçois encore des montagnes se fondre dans le ciel blanc. Devant, un blanc opaque garde la surprise de la suite du voyage. Les troupes sont fatiguées, certains ne comprennent plus pourquoi ils sont là. Tes amis semblent moins nombreux. Se sont-ils envolés? Il vaut sans doute mieux ne pas se tourner vers le passé, et rester solidement fixée vers l'avant. Le temps passe, mais le périple progresse-t-il vraiment?
Depuis combien de temps marche-tu? Des années? Le soleil ne t'aide plus depuis bien longtemps. Il n'y a autour de toi qu'un voile blanc épais, où soufflent des vents glacés et violents. Tes alliés te suivent-ils encore? Les as-tu perdu dans le brouillard? Marche-tu seulement vers la bonne direction? Ta confiance n'a jamais été si malmenée. Le temps passe toujours, mais la route ne passe plus.
Tous tes doutes se sont changés en certitudes. N'était-ce pas ce que tu recherchais? Tu ne te demandes plus combien de temps est passé, car tu sais que ça n'a aucun sens. Tu ne cherches plus tes acolytes, car tu sais qu'ils n'y en a aucun. Tu ne te demandes plus dans quelle direction se trouvent tes rêves, car il n'y en a pas. Il n'y a plus de brouillard. Il n'y a plus de vent. Plus de froid. Plus de fatigue. Plus de foi. C'est la fin du voyage...
Les yeux de la Satyre s'ouvrirent lentement. Son regard était vide et son teint livide. D'un coup, elle inspira une grande bouffée d'air, comme sortant d'une apnée. Elle regarda autour d'elle, peinant à reconnaître l'endroit dans l'obscurité de la nuit. Elle avait froid. Elle se leva, l'air épuisée par le temps, redécouvrant sa chambre d'auberge. Encore un rêve. Le deuxième. Tout aussi étrange que le premier.
Elle s'était assoupie dans l'après-midi, fatiguée de la soirée de la veille qui ne s'était finie qu'aux aurores. Elle semblait avoir dormi plusieurs heures, puisque le soleil s'était couché. Elle savait bien qu'elle n'arriverait pas à se rendormir avant un moment. Autant se dégourdir les jambes. Elle avait besoin de marcher un peu dehors pour se remettre les idées en place et respirer. Elle peinait à se souvenir de son rêve, qui semblait avoir duré une éternité. Elle avait l'impression de revenir d'entre les morts.
En descendant dans la pièce principale, Arya estima que la nuit devait encore être à ses débuts puisque quelques personnes mangeaient ou buvaient encore calmement. Étrangement, elle n'avait pas faim. Elle sortit donc directement. Azel ne dormait pas près de l'entrée. L'aventurière ne s'en inquiéta pas, le griffroid était probablement en train de se balader lui aussi.
Elle déambulait dans les ruelles de la capitale, perdue dans des pensées profondes. Elle n'avait pas envie d'aller se réchauffer dans une taverne, préférant réfléchir dans le calme de la nuit. Plus elle y passait de temps, plus elle aimait la ville. Elle finit par arriver dans un parc, vide, parfait pour se poser et s'enfermer dans ses pensées sans risquer d'être dérangée. C'est ce qu'elle pensait, du moins. Elle cherchait un endroit où s'asseoir, lorsqu'elle vit quelqu'un allongé sur une petite pelouse. Elle s'approcha sans bruit, curieuse. Une idée macabre lui traversa l'esprit. C'était l'endroit parfait pour régler des comptes sans être embêté par la garde. Un corps immobile, couché dans l'herbe froide... Venait-elle de trouver un cadavre? Étant elle-même un peu dans les vapes, la Satyre vint donner un léger coup de botte dans le flanc de sa trouvaille en espérant la voir réagir, restant debout, dévisageant ce qui s'avéra être une femme avec un air béat sur le visage.
Combien de temps s’était écroulé depuis qu’elle s’était allongée sur le sol, sa « clope » à la main, laissant l’effet des plantes faire leur œuvre, engourdissant ainsi certains de ses sens pour la rendre en quelque sorte euphorique. Malgré le sourire qui étirait ses lèvres et remontait ses pommettes, elle n’avait pas réellement envie de rire bien que c’était plus fort qu’elle. Son corps lui semblait plus léger comme si elle flottait sur un nuage et pourtant elle se trouvait sur le sol frais et il n’y avait pas plus dur que la terre où elle se trouvait en cette saison froide. Elle aurait dû être dérangée par le froid qui s’engouffrait peu à peu sous ses vêtements rampant sur ses membres ainsi que sa peau, mais son corps semblait tout aussi engourdi. Enfermée dans une bulle, elle n’avait pas remarqué le lugnipus qui s’en était certainement allé se soulager dans un endroit plus éloigné afin de ne pas empester les environs. Elle avait laissé se consumer le reste de son bâton qu’elle avait fini par lâcher dans l’herbe avant de fermer les yeux.
Combien de fois avait-elle fini dans cet état éphémère, pour tenter d’oublier ne serait que quelques heures ce qui hantait son esprit. Depuis son retour de l’île rien n’allait plus et alors qu’elle aurait pu avoir une once de bonheur, Lucy avait décidé de lui reprendre l’enfant qu’elle portait. Même si elle ne connaissait pas le père, elle l’aurait élevé et aimé, mais non. Ça aussi on lui avait retiré comme sa capacité à dormir paisiblement. Elle qui était pourtant si pieuse s’était détournée de ce chemin et heureusement que la sœur qui l’avait élevé n’était plus là pour le constater puisqu’elle aurait été une bien grande déception pour elle.
Le loup n’étant toujours pas de retour avait donc laissé la possibilité à quiconque de s’approcher de Jaina, ce qui n’était pas spécialement ce qu’elle désirait, mais trop tard pour revenir en arrière d’ailleurs. Ses sens légèrement altérés et surtout à moitié endormis, elle n’entendit pas l’approche d’une personne à ses côtés. Après tout, que ferait une femme allongée en plein milieu de l’herbe à cette heure tardive où il n’y avait personne? Un léger coup dans les flans la fit légèrement grogner, bien que cela ne lui fit pas de mal. Se tournant, par simple curiosité, Jaina vit alors une forme humaine dont elle ne vit que très peu les traits vu qu’elle se trouvait à contrejour de la source de lumière qu’il y avait dans le parc. N’étant pas le moins du monde son lugnipus, cela eut l’effet d’une douche froide sur la jeune femme. Elle ne retrouva pas ses sens par magie, loin de là, simplement plutôt que de rester euphorique son sentiment de peur fut amplifier par son esprit fertile et bien imaginatif ne voyant en la silhouette sombre qu’une créature difforme dont elle avait souvenir.
Trouvant la force de se redresser, au moins, Jaina tenta de s’éloigner de cette personne. Elle appela son lugnipus à la rescousse qui apparut d’entre quelques arbres. Son arrivé fut précédé de craquement de branche et de pas de course puis il bondit aussitôt entre sa maîtresse ainsi que l’étranger sans aucune hésitation montrant ses crocs à l’inconnue. Hérissant sa fourrure sur sa colonne il donnait ainsi l’impression d’être plus imposant. Plus grand qu’un simple loup, ce dernier était très imposant et cachait la jeune femme qui s’était recroquevillée sur elle-même.
« Pas approcher Jaina! » articula le loup entre deux grognements.
Passant très probablement pour quelqu’un qui n’avait plus toute sa tête, ce qui aurait dû l’aider à aller mieux, même pour quelques heures, avait fait tout le contraire suite à l’arrivée de cette personne. Les jambes repliées sur sa poitrine alors que ses bras entouraient ces dernières, Jaina se balançait tout en murmurant en répétition ces mêmes phrases.
« Ils m’ont retrouvée… Ils veulent achever ce qu’ils ont commencé… Ils m’ont retrouvée… Ils veulent achever ce qu’ils ont commencé… »
Bien évidemment, le loup semblait regarder en direction de sa maîtresse se soucient bien évidemment de son état, mais face à la détresse qu’il semblait avoir détecté, le désir de la protéger était bien présent. Il recula donc jusqu’à elle pour s’asseoir à ses côtés et dès qu’elle sentit le contact de sa fourrure contre elle, Jaina s’y accrocha rapidement comme une enfant cherchant son doudou.
La tête dans les nuages
Arya reçu un grognement en guise de réponse. Le truc à ses pieds était donc vivant. La femme n'avait pas l'air d'une clocharde, et de toute façon les clochards ne se couchent pas dans des endroits pareils. En pleine saison froide, c'est un coup à ne jamais se réveiller. Les seules possibilités que voyait le Satyre étaient que la femme allongée soit complètement alcoolisée, ou aie été violentée et laissée sur place. Elle était donc peut-être blessée.
Lorsqu'elle se redressa pour voir Arya, l'inconnue semblait à la fois apeurée et enivrée. Après tout, peut-être que les théories de l'aventurière étaient toutes les deux vraies. Mais avant qu'elle ne puisse poser la moindre question, elle fut alertée par des mouvements dans la végétation. Une bête surgit en bondissant entre les deux humaines, montrant les crocs. Arya fit un pas en arrière, surprise. Elle fut encore plus surprise lorsque l'animal se mit à parler, mais cela permit à la saphir de comprendre ce qui se passait. Ce devait être le familier du déchet qu'elle avait trouvé. "Jaina".
Arya en avait vu des plus gros, mais un bestiau pareil devait effrayer les gens en ville. Il serait étonnant que quiconque aie osé attaquer sa maîtresse s'il traînait dans les environs, pourtant, à ses mots, la femme semblait craindre d'être poursuivie. À vrai dire, elle avait surtout l'air d'avoir perdu la tête. Arya voulu lui poser une question, puis se ravisa, pensant que le loup était probablement plus apte à lui répondre puisqu'il semblait doué de parole.
- Il s'est passé quelque chose ici? Elle est blessée?
Elle aurait préféré s'en aller et trouver un coin plus tranquille, mais c'était sans doute plus sage de vérifier d'abord que personne n'avait besoin de soins.
- C'est pas une bonne idée de roupiller dans un endroit pareil, surtout vu le temps qu'il fait...
Elle ne savait pas trop comment s'y prendre. Elle se trouvait un peu ridicule de parler avec un loup, mais sa maîtresse n'avait vraiment pas l'air plus en mesure de faire la conversation.
- Je peux lui prendre une chambre à l'auberge, si c'est l'argent qui manque...
Pour être plus honnête, elle ne comptait plus dormir cette nuit, alors autant que quelqu'un profite de son lit. Ce n'était pas tellement son genre de venir en aide aux pauvres, mais cette femme l'intriguait un peu, et elle n'avait vraiment rien de mieux à faire.
Accroché au grand loup, Jaina s’y était collé glissant son visage dans sa fourrure. Sa chaleur, son odeur et même sa présence avaient quelque chose d’apaisant, mais la substance qu’elle avait consommée un peu plus tôt ne semblait pas aider sa cause. Bien évidemment, il était plutôt difficile d’établir le contact avec cette dernière qui semblait prise dans un délire voire même une crise de folie d’une vue externe, mais elle n’était pas réellement folle. Comment l’expliquer dans cet état et alors même qu’elle était incapable de réfléchir tout simplement.
C’est donc avec Cobalt que l’inconnu tenta de discuter. Bien évidemment le familier restait un animal et certains mots ne lui était pas compréhensibles, mais il semblait saisir lorsqu’elle parla de blessée. Est-ce que sa maîtresse l’était? Pas visuellement, mais même mentalement il ne pouvait pas le savoir puisque cela était au-delà de sa compréhension, par contre, il était capable de sentir lorsqu’elle n’allait pas.
« Pas blessée, Jaina triste beaucoup… »
Surtout les soirs où le monde se couchait laissant ainsi Jaina seul avec son lugnipus. C’était lorsqu’il faisait nuit qu’elle se sentait mal et qu’elle désirait oublier, voir même trouver le moyen de dormir. Enfin, le conseil ne fut pas compris et il pencha la tête sur le côté, mais il sembla plus ou moins saisir, juste avec le ton et le son de sa voix, qu’elle n’était pas agressive et qu’elle ne leur souhaitait pas de mal.
« Chambre? »
Ça, il avait compris! Et le loup se remit sur ses quatre pattes pour fouiller dans l’une des poches de sa maîtresse pour en sortir un cube rouge et doré. Il s’agissait là de l’emport’tout enchanté dans laquelle ils vivaient. Il lui suffisait de le lancer au sol pour qu’il s’active, mais cela n’était jamais arrivé qu’il doive le faire lui-même.
« Maishon, Chaina, ichi… » Réussit-il à dire avec l’objet entre les dents.
Sauf qu'en y repensant bien était-ce vraiment une bonne idée de montrer cela à une parfaite inconnue? Est-ce que sa maîtresse serait en colère contre lui; certainement. Dans tous les cas, il fourra l’objet dans son petit sac sans fond personnel et se tourna alors vers Jaina qui semblait avoir passé sa crise.
Toujours replié sur elle-même, elle avait cessé de se balancer et le loup en profita alors pour toucher le visage de cette dernière avec sa truffe. Un contact froid qui l’a fit légèrement sursauter, mais qui lui permit de relever la tête afin d’observer ce qui l’entourait.
*Pas méchante, gentille personne…* précisa alors le loup dans les pensées de Jaina qui semblait doucement s’éveiller d’un mauvais rêve bien que cette étrange lueur animait toujours son regard. Si son visage horrifier avait été effacé, c’est par un visage sans trop d’émotion qu’il fut remplacé.
« Gentille tu dis? MMmmmMh, je vois. »
Elle tenta de se lever une première fois, mais sans trop de succès, puis une seconde qui ne fut pas plus concluante, bien que la troisième fois fut la bonne. Aider du loup, elle se mit sur pied et dû se tenir à ce dernier pour ne pas tomber. Ses membres lui paraissaient engourdis, mais était-ce le froid qui causait cela ou le mélange des deux? Enfin, sa vision était troublée, mais elle réussit tout de même à présenter sa main de pierre bien que tremblante.
« Soldat Stonebridge…euh, non, qu’est-ce que je raconte moi… J’suis plus garde royale depuis un moment. J’suis une aventurière maintenant! Ouais c’est ça! Jaina, l’aventurière! » Tâtant sa poche de son autre main, Jaina semblait chercher l’objet que lui avait pris son loup un moment plus tôt. « Euh…enfin, j’vous aurais bien invité, mais il semblerait que j’retrouve pas ma maison… » Haussant les épaules comme s’il s’agissait du cadet de ses soucis. « Bon tant pis… on dormira dans une chambre quelconque ou dehors! C’est bien dehors! »
Même le loup ne semblait pas savoir comment gérer la situation et il observa la jeune femme avec ses grands yeux ambrés comme s’il lançait un SOS à celle-ci. Normalement, Jaina ouvrait son emport’tout et elle s’y couchait. Il n’avait qu’à veiller sur son sommeil, mais réveillé, elle était tout un phénomène et s'adapter aux émotions changeantes de la demoiselle n'était pas des plus aisé.
« Aider Cobalt? »
La tête dans les nuages
Arya écouta les réponses de la femme et son familier. Elle semblait être l'heureuse élue qui devrait babysitter une âme en peine en plein trip. Ce n'était définitivement pas son genre, mais en entendant que le femme était aventurière, elle reconsidéra ses options. En effet, la femme portait l'écusson de la guilde à sa poitrine... Était-elle vraiment une ancienne garde royale, ou étaient-ce de simple fabulations? Sa curiosité pris le dessus. Ce n'était pas tant pour venir en aide que pour passer le temps, mais elle accepta de prendre en charge Jaina. Elle aurait certainement des anecdotes à partager, pour être passée de garde royale à aventurière et vivre dans une tente... Et avoir une main en pierre?
- J'ai une chambre pas loin. Suis-moi, je suis sûre que t'as plein d'histoires à me raconter.
Malgré l'air bienveillant qu'elle s'était donné, sous sa cape, dans l'obscurité de la nuit, Arya dégageait une aura pour le moins inquiétante. Quelque chose dans son regard était froid et sombre malgré ses yeux de feu. Elle aussi avait été marquée psychologiquement par ses aventures.
- Garde royale, hein... Tu dois connaître Lancelot Steelhearth, alors? Je me demande comment il se porte...
L'espoir de revoir Lancelot émergea. C'était la dernière personne à avoir défait Arya en combat singulier... C'était quelque chose de très symbolique pour elle. Elle voulait prendre sa revanche depuis longtemps. Cette simple pensée lui sembla lui faire reprendre des couleurs.
- Quelle connerie t'as fait pour te retrouver aventurière? C'est pas le genre de poste qu'on abandonne sur un coup de tête.
Du point de vue de la Satyre, c'était mieux d'être un aventurier pouilleux qu'un garde décoré, mais elle était bien consciente que tout le monde n'appréciait pas la garde autant qu'elle.
Cette rencontre inopinée avait le mérite d'avoir sortit Arya de sa transe sinistre. En conséquence, son estomac s'était réveillé et commençait à supplier qu'on le remplisse. Avec un peu de chance, il n'était pas encore trop tard pour être servi à l'auberge.
Heureusement que Jaina n’était pas à jeun, car elle évita le moment gênant lorsqu’on tend une main et que la personne ne s’en saisit pas. À vrai dire bien des choses se passaient dans sa tête et quand bien même que cette dernière lui aurait frappé la main pour la dégager, elle aurait simplement rigolé. Enfin, son esprit étant déjà passé à autre chose, elle se présenta à elle sans aucun filtre. Elle qui n’étalait pas réellement sa vie aux premiers venus, la voilà qu’elle mentionna une chose qu’elle se serait gardée de dire; qu’elle était garde royale. Pour le moment, elle ne s’en soucia guère, mais ce ne sera sûrement pas la même chose demain si elle se souvient.
Enfin, la demoiselle plissa les yeux un moment observant la femme qui se tenait devant elle. Normalement, elle n’aurait pas accepté de suivre une parfaite inconnue aussi tard le soir, mais comme elle n’était pas réellement apte à réfléchir, elle se contenta de simple regard suspicieux, mais qui n’était pas réellement présent à cause de l’aura qu’elle semblait dégager. Elle finit par hausser les épaules tout en prenant un air un peu trop joyeux pour la situation.
« Super! Enfin, j’sais pas si j’ai des histoires intéressantes par contre… » dit-elle en se frottant le menton comme si elle réfléchissait vraiment à ce qu’elle pourrait bien lui dire puis d’un air tout à faire sérieux elle reprend; « Est-ce que tu connais l’histoire du petit canard qui tombe sur les fesses? » Puis ne pouvant conserver son sérieux bien longtemps, elle se met à ricaner en pensant à la suite de l’histoire dans sa tête qui n’avait rien de drôle en réalité. C’était juste très con.
Enfin, Jaina attendit alors que cette fameuse personne se mette en marche. Elle aurait pu partir dans un sens sans réellement savoir où elle devait aller, mais au moins elle avait eu un brin de conscience. Sans cette personne, elle n’aurait pas d’endroit où dormir. D’ailleurs, où pouvait bien avoir disparu ce fameux cube qui contenant sa demeure! Vu les cristaux qu’elle avait mis dessus ça serait vraiment embêtant de le perdre!
« Lancelot?.... Lanceeeeeelot, dit-elle en bougeant doucement la tête. Leeeeent ce slo du lac, NOP! Connais pas! » elle avait été proche de quelques gardes seulement, mais ce nom ne lui parlait vraiment pas. « J’étais à la régulière de base, mais le capitaine Hekmatyar m’a recrutée personnellement… »
Oui, un recrutement très personnalisé où ils avaient bu tous les deux jusqu’à devoir s’infiltrer dans la caserne sans se faire repérer par les autres membres. Après tout, il ne devait pas savoir qu’il avait joué les espions et fait plein de roulades dans la capitale, sans parler de la suite…
« J’ai pas fait de conneries… Il y a eu ce navire, puis le naufrage et…et il y a eu cette île… » Elle secoua la tête, même dans cet état elle avait du mal à en parler, mais il était plus facile de ne pas s’arrêter sur ce sujet et de poursuivre sur autre chose. « Je suis partie de moi-même… » conclut-elle tout simplement. « J’ai donné ma petite lettre et on ma retirée mon tatouage. Voilà! Puis j’ai toujours voulu, vivre de grande aventure! Je suis restée enfermée entre ces murs bien trop longtemps! »
L’on voyait bien qu’elle ne voulait pas tout dire. Son lugnupis s’était mis à ses côtés et elle lui offrit un grand sourire tout en le caressant sur le dessus de son crâne. Qu’est-ce qu’elle l’aimait cette grosse bête.
« J’espère que y’a à boire et à manger là où on va! Parce que j’ai faim! MAIS! Je ne connais pas ton nom! » s’exclama-t-elle au final réalisant qu’en effet l’inconnue lui était toujours inconnue.
La tête dans les nuages
Arya fut déçue de la réponse de Jaina, bien qu'elle ne le montra pas, continuant simplement de marcher vers l'auberge en écoutant les sottises de l'illuminée. Si elle ne connaissait pas Lancelot, c'est qu'il n'était plus garde royal. Il était pourtant très droit dans ses bottes et très apte au poste... Il faut dire que la garde a tendance à se renouveler vachement vite.
Il manquait des parties à l'histoire de la pauvre fille. Elle n'était sans doute pas en état d'aligner correctement ses souvenirs. Toutes ces histoires étaient à prendre avec des pincettes... Au moins, la fin semblait lui aller. D'après ses dires en tout cas. Difficile de croire qu'elle était réellement heureuse de sa situation vu l'état dans lequel elle se trouvait présentement... Et l'appel à l'aide de son familier.
- C'est là, au coin. Il y a encore de la lumière, ils devraient pouvoir nous servir. Le lugnipus reste à l'extérieur.
Elle semblait sciemment ignorer la dernière remarque de la femme aux cheveux cendrés. Elle ne voulait pas tout de suite décliner son identité, préférant pour l'instant éviter que les questions ne changent de sens. C'était déjà une chance qu'elle n'aie pas été reconnue du vue, et cela risquait d'ailleurs de changer à la lumière des bougies.
L'auberge était telle que la Satyre l'avait laissée un peu plus tôt. L'ambiance calme, l'odeur de nourritures variées inondant la pièce principale en faisant saliver l'ogresse cachée sous les traits d'une jeune noble. Elle s'installa à une table, confiante que sa réfugiée ferait de même, et capta le regard de la serveuse qui avait l'air bien contente d'enfin avoir quelque chose à faire.
- J'ai loué une chambre ici, mais je ne dormirai pas cette nuit. Tu peux prendre mon lit. Je te paye le repas, mais demain tu me feras le plaisir d'aller chercher une quête à la guilde... C'est pas les affiches qui manquent.
Elles avaient marché et la femme se montrait très patiente envers Jaina qui aurait très bien pu l’abandonné à son sort dans le parc. Elle aurait pu ne pas l’inviter à partager un repas et encore moins proposer de rester dormir dans le lit qu’elle ne comptait pas réellement utilisé. Dans un état bien plus normal, Jaina aurait certainement refusé en s’excusant poliment. Après tout, elle ne voulait pas profiter de la générosité d’autrui surtout qu’elle avait un toit sous lequel dormir. En tout cas, Jaina ressentait bien la faim et ce n’est pas tous les jours qu’elle le disait. Elle se serait contentée d’une languette de viande sécher et d’un peu d’eau. Jamais elle ne se serait dirigée jusqu’ici dans l’idée de prendre un véritable repas.
D’ailleurs, sa compagne du moment lui fit savoir qu’elles étaient enfin arrivées en précisant que son loup ne pourrait pas l’accompagner. À ce moment, Jaina prit un air des plus paniqués et sentit son cœur palpiter un instant avant de sentir la truffe humide de son loup contre sa main gauche. S’il y avait bien quelque chose qui ne changeait pas chez cette dernière c’était son attachement pour son familier dont elle ne voulait pas se séparer.
« Jaina, ok, pas seule. Cobalt trouver endroit où dormir. »
Jaina s’accroupit devant lui et déposa ses deux mains contre les joues de sa créature et finit par passer ses bras autour de son cou pour le serrer contre elle. C’était la première fois qu’il ne pouvait pas l’accompagner et qu’on lui précisait qu’il devait rester à l’extérieur. Certains aubergistes savaient se montrer compréhensifs, mais il ne s’agissait pas de sa chambre, alors elle ne pouvait pas protester cette décision. L’angoisse était bien présente.
« Ne pars pas trop loin… »
D’une vue externe, on avait l’impression que Jaina était en train de faire ses adieux à ce dernier et qu’elle n’allait plus jamais le revoir, mais pour quelqu’un qui les connaissait réellement, il savait que Jaina ne pouvait pas dormir sans lui et qu’il était un énorme soutien psychologique pour elle. Enfin, Jaina était passé du jour à la nuit en un rien de temps, passant de la jeune femme qui racontait n’importe quoi à quelqu’un empli d’insécurité et de peurs.
Elle finit par s’éloigner de son compagnon et ce dernier s’assied donnant l’impression de sourire, même si ce n’était pas réellement le cas. Dans tous les cas, elle avait suivi laissé la fraîcheur de la nuit derrière elle pour pénétrer la salle tout aussi tranquille, mais plus chaleureuse. Jaina rejoint alors la brunette à sa table et s’assit devant elle après avoir déposer son grand sac à ses côtés. Elle hocha la tête, mais ne comprenait pas trop pourquoi cette dernière lui portait tant d’intérêt, mais elle lâcha un petit rire à moitié soufflé par le nez comme si elle se moquait de ce qu’elle venait de lui demander.
« Tu m’crois vraiment en état d’aller chercher une quête? Et tu veux que j’accomplisse quel genre de quête par le plus grand des hasards? Si t’as peur pour mes cristaux, j’en ai, c’est pas ce qu’il me manque… J’ai peut-être plus d’endroits fixes où vivre, mais mon emport’tout c’est pas qu’un emport’tout… enfin, j'sais pas où je l’ai paumé, ça, c’est grave par contre… »
Quand la serveuse vint à leur rencontre, Jaina commanda tout simplement le plat du jour, mais en portion modérée parce que même si elle avait faim, à ses yeux c’était déjà beaucoup. Et contrairement à ce qu’on pourrait croire, elle ne commanda que de l’eau à boire. Les mélanges ne faisaient jamais bon ménage. Enfin, plus le temps avançait et plus les effets qui engourdissaient son esprit semblaient s’estomper à petit feu lui donnant parfois un semblant de stabilité, bien que son langage normalement plutôt soigné n’était toujours pas revenu.
« D’ailleurs, j’ai pas capté si tu m’avais dit ton nom. Ça serait dommage que j’puisse pas mettre un prénom sur ce visage et surtout ne pas pouvoir te remercier convenablement. N’est-ce pas? »
Eh oui, Jaina ne reconnaissait pas le visage qui se trouvait devant elle, parce qu’elle ne l’avait jamais rencontré. Lorsqu’elle se trouvait à la garde, elle ne s’intéressait pas à la guilde et s’occupait simplement des citoyens de la capitale et après cela, elle s’était emmurée derrière les murs du palais, alors il faut dire que pour quelqu’un qui ne sortait pas en dehors de ses heures de travaille et qui passait son temps à lire des bouquins en tout genre, elle n’était au courant des grands noms hormis de ceux de la royauté.
La tête dans les nuages
Les deux aventurières s'étaient attablées et avaient pris commande. Arya fut surprise par le ton arrogant de la réponse. Jaina disait ne manquer de rien. Peut-être était-ce sa nature noble qui l'empêchait de comprendre, mais la Satyre ne pouvait pas imaginer qu'on vive heureux en se droguant seul la nuit et en habitant dans une tente.
- Le badge que tu portes, c'est pour les aventuriers. Un aventurier, ça fait des quêtes. Je m'en fous que t'aie du fric. Je suis pas nonne, j'suis saphir. J'aide la guilde. Si tu veux porter ce badge, arrête de te morfondre et bouge-toi les miches.
Elle n'avait visiblement pas beaucoup d'empathie, ignorant même complètement la perte de l'emport'tout. Elle n'hésita pas non plus à retarder encore sa présentation, préférant manger ce qu'on lui apportait. Contrairement à sa vis-à-vis, elle avait demandé une quantité substantielle de nourriture, qui dénotait avec sa corpulence délicate. L'assiette n'en fut pas moins rapidement vidée.
- Arya. Si tu veux me remercier convenablement, profite du lit et du repas pour te retaper et va faire ton travail.
Le repas terminé, Arya déposa quelques cristaux sur la table et monta dans sa chambre pour y récupérer ses affaires, montrant le chemin à la nouvelle propriétaire par la même occasion. Accrochant à ses épaules son grand sac sans fond débordant de babioles, elle s'arrêta une dernière fois dans l'encadrement de la porte pour conclure:
- Voilà, c'est à toi. J'espère que tu sauras me remercier convenablement, comme tu disais vouloir le faire...
Bien sûr, elle n'allait pas s'embêter à vérifier que la femmes aux cheveux d'argent irait prendre des quêtes à la guilde. Au fond, elle n'en avait pas grand chose à faire, mais cela l'ennuyait de voir une aventurière se noyer ainsi dans la médiocrité.
Il est vrai que si Jaina avait choisi de porter le badge des aventuriers ce n’était pas pour s’en venter. À vrai dire, elle n’en avait que faire de devenir saphir, elle voulait juste se montrer utile d’une façon ou d’une autre, mais son état psychologique et ses nuits sans sommeil ne l’aidait pas réellement à complètement se remettre sur pieds. Elle avait travaillé avec d’autres aventuriers, dont Aslander, Red et Jin qui l’avaient tous connu avant qu’elle ne change d’apparence. Évidemment, les mots qu’utilisait la femme à son égard étaient plutôt durs et peut-être injustifiés selon elle, après tout, elle ne la connaissait pas.
« Je ne me morfonds pas et j’aide les gens comme je peux, mais il est plus facile de juger quand on ne connait pas réellement la personne et ce qu’elle a vécu. Enfin, je suis habituée depuis le temps. »
Elle poussa un simple soupir et attendit tout simplement que leur repas arrive. Contrairement à cette dernière qui sembla engouffrer à une telle vitesse son repas, Jaina pour sa part, avait du mal à avaler ce qui se trouvait dans la sienne. Si seulement Cobalt était là, il aurait pu se régaler et ainsi elle aurait évité de gaspillager. Dans tous les cas, elle avait déjà mangé plus qu’à son habitude, mais avait tout de même laissé une partie dans son assiette.
Cette dernière se décida enfin à lui dire son prénom et Jaina lui jeta un bref regard. Arya ne paraissait pas bien âgée pourtant, mais à l’entendre parler et sachant qu’elle était saphir, elle avait certainement vécu bien des choses aussi de son côté. Combien d’aventuriers avait-elle côtoyés depuis son arrivée à la guilde? Combien en restait-il? Avait-elle vu quelque chose en elle qu’elle-même ne voyait pas pour qu’elle se montre si dure ainsi à son égard? Après tout, Jaina n’avait jamais été du genre à hésiter par le passé et était toujours la première à se jeter tête première dans les situations périlleuses parce que son pouvoir le lui permettait, mais maintenant c’était différent. Elle avait peur de l’utiliser… Elle se souvient de son entraînement avec Jin où elle dut réapprendre à se battre sans ce dernier et surtout ne pas avoir peur d’utiliser cette main de pierre qui était maintenant la sienne. Jaina se faisait doucement à l’idée que sa main de chair ne reviendrait jamais et qu’importe ce qu’elle essaierait, cela n’y changerait rien.
« Oui, j’irai chercher une quête, Arya, ne t’en fais pas. » Dit-elle dans un soupir avant de la suivre jusqu’à la chambre et de l’observer reprendre ses biens pour quitter la pièce. Évidemment, Jaina avait compris le message et hocha doucement la tête avant de ne plonger son regard dans le sien.
« Même si ce n’est pas ce genre de remerciement auquel tu t’attends pour le moment, laisse-moi tout de même te dire merci pour le repas et la chambre… Je n’ai peut-être pas eu toute ma tête tout au long de cette soirée, mais ça me touche réellement quoique tu en penses. Et je tiendrai ma parole, Arya. J’irai à la guilde dès demain matin. »
Évidemment cette dernière était donc partie laissant seule Jaina dans cette grande pièce sans son loup. Normalement ce dernier dormait à ses côtés et aidait Jaina lorsqu’elle devenait plus anxieuse et surtout lorsqu’elle se réveillait en sursaut. C’était donc sa première nuit depuis longtemps, qu’elle allait rester seule. Elle profita des installations mises à sa disposition pour se rafraîchir et se changea pour profiter du reste de la nuit pour tenter de dormir. Ce ne fut pas facile et ses rêves furent envahis par les nombreuses visions dont elle souffrait et son loup, bien qu’absent avait entendu les appelles mentaux de sa maîtresse et tenta de la calmer comme il le pouvait d’où il était. C’était un brave familier et Jaina put profiter, du mieux qu’elle pouvait, du reste de la nuit.
Le lendemain, elle s’était levée tôt et s’était assurée de ne rien laisser derrière et que tout soit en ordre avant de retourner la clé de la chambre. Elle ne pensait pas revoir Arya d’ici là, mais au moins, elle se souvenait de tout et se sentit légèrement honteuse pour certaines de ses paroles, dont certains jeux de mots stupides qu’elle lui avait dits. D’ailleurs, il lui faudra se renseigner sur cette dernière si elle était saphir. N’était-ce pas normal de vouloir connaître un peu plus de ses camarades? Enfin, elle avait donc repris son chemin, après que Cobalt lui ait redonné son emport’tout de luxe, en direction de la guilde des aventuriers. Après tout, elle devait se bouger et prendre du travail comme le lui avait suggéré avec délicatesse cette dernière.