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    Un monde plein de mystères,
    plein de magie et surtout plein d'aventures...

    Il est peuplé de créatures fantastiques. Certaines d'une beauté incomparable, d'autres aussi hideuses qu'inimaginables, beaucoup sont extrêmement dangereuses alors que quelques unes sont tout simplement adorables. La magie est omniprésente sur ces terres : des animaux pouvant contrôler la météo, des fleurs qui se téléportent, des humains contrôlant les éléments, des objets magiques permettant de flotter dans les airs...

    Dans ce monde, il y a le royaume d'Aryon. Situé à l’extrémité sud du continent, c'est un royaume prospère, coupé du monde. Il est peuplé d'hommes et de femmes possédant tous un gros potentiel magique, chacun vivant leurs propres aventures pour le meilleur comme pour le pire.

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    Le Grand Saut
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    Le Grand Saut
    Dim 7 Fév 2021 - 20:31 #
    L'aurait-elle cru si un jour on lui avait dit qu'elle se rendrait sur la place commerçante de la capitale ? Aurait-elle rigolé, balayant l'idée de revers de main devant son visage, ou bien aurait-elle été effrayée à l'idée de sortir par de-là les murs de sa demeure ? Aurait-elle regardé Laevis, sa chère et tendre domestique, paniquée et inquiète à l'idée de faire une telle chose ? La réponse n'était pas plus clair aujourd'hui. Un peu folle et téméraire, cela avait été presque sur un coup de tête suite à une énième frustration que la jeune femme avait caché son allure sous sa cape de soie blanche, ignorant tout du jugement qu'on lui offrirait à l'extérieur de ces murs. Elle n'avait pas pensé que ses délicates parures, ses vêtements et autres manières feraient d'elle une noble facile à repérer, victime potentielle des malfrats nocturnes, et ce, en dépit des avertissements de Laevis qui lui disait souvent d'arrêter de romantiser la vie dans la capitale.

    Si par chance elle ne s'était pas encore bêtement blessée, c'était surtout le bruit qui l'avait intéressée. Elle avait voulu découvrir de quoi la population pouvait bien parler, elle voulait entendre la ville vivre en ce début de nuit, retrouver sa douce amie pour qu'elle lui montre le quotidien de ceux qu'elle ne connaissait pas. Alors, excitée à l'idée de partir à l'aventure, Gardenia avait suivit les sons, les rires et les bruits de pintes, esquivant malgré elle toute ombre mouvante pour ne pas se faire repérer. Ses sens en éveils, elle avait pu entendre des enfants pleurer, refusant d'aller dormir, des hommes rires aux grands éclats avec leurs amis dans les quelques tavernes qu'elle avait croisées ; des murmurs sensuels aux colères domestiques, il lui semblait que tout un tas d'histoires se déroulaient derrière chaque fenêtre et chaque porte des habitations.

    Ce qu'elle n'avait pas anticipé serait l'absence de calme, que malgré l'absence apparente de foule dans les rues, pour elle, le bruit était toujours omniprésent, à tel point qu'elle en perdit ses repères visuels. Elle ne retrouva plus le chemin indiqué par Laevis, ne savait plus faire la différence entre l'endroit d'où elle venait et celui où elle devait se rendre. A mesure qu'elle avançait sur le sol pavé, les doigts crispés sur sa cape qui la protégeait des contacts physiques directs, il lui semblait qu'un bourdonnement lointain venait progressivement s'inviter dans ses oreilles. Des bruits, des voix, des mots incompréhensibles, et son coeur qui s'affolait un peu. Une confusion qui grandissait à chaque pas qu'elle faisait, les mains venant finalement se poser sur ses oreilles. A droite ? A gauche ? Rebrousser chemin ? Mais où ? Elle s'arrêta dans sa lente marche, posa une épaule contre le mur du bâtiment voisin, laissa son regard balayer la place sur laquelle elle se trouvait. Il n'y avait pas grand monde, mais le coin semblait actif ; enfin, c'était ce qu'elle pensait. Des bruits incompréhensibles venaient se bousculer dans sa tête, faisant vibrer ses tympans avec une intensité qu'elle n'avait pas connu des années ; à tout ce capharnaüm de sons méconnaissables se mélangeaient les battements de son coeur qui rapidement s'affolait, en proie à une détresse qu'elle n'arrivait pas à calmer. Trop de bruits, trop de chaos, et la peur de ne pas pouvoir se sortir de ce bourbier. Laevis ? Maman ? Où étaient-ils tous ? Où pouvait-elle les rejoindre ? Les pleurs d'un bébé furent de trop.

    Elle s'élança, oubliant la discrétion, oubliant son rang, sa tenue, son chemin, Laevis ; il fallait qu'elle s'éloigne et trouve du calme, d'une certaine façon. Alors elle couru dans la rue, dévalant le chemin, manquant de bousculer quelques passants, avant de repérer une bâtisse, juste en face d'elle, à peine éclairée par les lumières et aux portes fermées. De cet endroit ne semblait s'échapper aucun boucan assourdissant, alors il devint son objectif. La capuche tomba sur ses épaules, une chaussure valsa dans la rue, mais Gardenia ne s'arrêta que lorsque brutalement elle ouvrit la porte pour entrer dans le lieu ; mais elle ne claqua pas la porte pour la refermer, loin de là. Malgré la panique, elle ne savait que trop bien qu'un claquement sauvage lui provoquerait tout autant de douleurs, alors elle fit de son mieux pour la refermer rapidement, mais sans bruit sauvage. Et une fois la porte close, elle se redressa, haletante.

    Le regard paniqué rivé sur la porte en bois, elle ne fit guère attention au lieu dans lequel elle se trouvait au départ, toute sa concentration rivée sur les bruits qui semblaient s'être un peu calmés. Les murs de pierre semblaient faire barrière aux échos et, progressivement, elle s'autorisa quelques respirations, tentant de se calmer. Un soupir finit par lui échapper des lèvres, le soulagement de pouvoir se reposer la gagnant, jusqu'à ce que l'ombre d'un mouvement sur le côté attire son attention ; elle sursauta, se retournant vivement, réalisant en même temps qu'elle venait de dépasser les limites de la propriété privée ─ ou quelque chose du genre, pensait-elle. Sa voix, aiguë et manquant totalement d'assurance, s'éleva alors qu'elle tentait de regagner un peu le contrôle sur sa panique.

    B-bonsoir ! Je m'excuse de... mon entrée... J'ai... J'ai cherché un refuge temporaire, ce n'est l'affaire que de quelques minutes... Je vous prie de pardonner mon intrusion, loin de moi le...

    Son regard analysa brièvement l'endroit, rempli d'armes et d'armures. Où venait-elle de se fourrer exactement ? Panique accentuée, geste de recul inconscient.

    ...loin de moi l'idée de vouloir vous importuner... A-accepteriez-vous de... me laisser juste quelques courtes minutes à votre p-porte ?

    Qu'on ne la jette pas dehors, c'était tout ce qu'elle souhaitait ; et peut-être un peu qu'on ne lui fasse pas de mal non plus. Elle, avec son pied nu, ses joues rosies par sa course, son air paniqué et clairement, ses allures de noble égarée.

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    Re: Le Grand Saut
    Dim 7 Fév 2021 - 21:07 #
    La journée avait été riche en affaire, à n'en pas douter. Nivan passait beaucoup de temps à s'assurer que ses affaires florissantes, le reste. Et il n'était pas peu fier de lui ce jour là. Il avait eu l'occasion de remettre en main propre une armure d'une finition rare à un noble influent de la ville contre une coquette somme. Le forgeron aime à savoir que son travail est apprécié. Et bien que sa satisfaction pouvait donner l'impression d'être lié à de la cupidité, il n'en était rien. L'argent n'était pas ce qui motivait Nivan, bien qu'il ne soit pas naïf au point de croire ou de dire que ça ne comptait pas. Non. Sa satisfaction à lui était de fournir les meilleurs pièces d'armurerie de la capitale. Son paiement, c'était bien ça, la satisfaction de ses clients. Bien qu'en réalité, il savait que ce noble ne porterais jamais cette armure pour de nobles raisons. Une contradiction habituelle qu'il avait prit l'habitude d'ignorer.

    Comme beaucoup d'autres, cette pièce ci finirait très probablement exposée, comme un trophée. Un trophée qui ne traduira jamais la moindre victoire, très probablement. Quelle tristesse. Mais soit. Les affaires, sont les affaires. Et certaines de ses créations avaient eue le prestige de sauver la vie de leur propriétaire. Si pour cela il lui fallait sortir de sa forge quelque pièces d'apparat. Soit. Il s'en accommodait sans mal.

    Toujours est il que pour l'heure, il ne souhaitait plus s'épuiser de ces présences parasites. Nivan n'avait jamais été très sociable. Sans doute était-ce du au fait qu'il eu été sociabilisé bien trop tard. Aussi, le soir, après une journée de démarchage, de commerce ou tout simplement de présentation, il aimait prendre le temps pour lui. Prendre le temps de se poser et oublier le superflu. Il n'était plus forgeron à proprement parler, et beaucoup d'homme auraient sans doute préféré la quiétude d'une habitation douillette à la l'inconfort d'une vieille forge. Pas lui. Il était bien plus fréquemment à la forge que chez lui. Et ce soir encore, il ne trahissait pas ses habitudes.

    Il faisait déjà nuit depuis un moment lorsqu'il glissa une lourde clef dans la serrure de la porte de bois de la bâtisse. Les deux forgerons qui travaillaient ici étaient déjà rentrés chez eux depuis un moment. L'âtre de la forge rougeoyait encore, éclairement la pièce d'une lueur dansante. Il faisait bon dans le bâtiment, malgré la fraicheur de la nuit. Quoi de plus étonnant. Afin d'éviter d'allumer d'autres chandelles, Nivan avait tiré la lourde table près du feu, profitant de sa lueur pour étudier quelques carnets de comptabilité.

    Etudier était un bien grand mot. En réalité, il passait le plus clair du temps à fixer de ses iris clair l'âtre brûlant de la forge qui lui réchauffait le visage. Il y a de cela des années, il entendait l'entrechoc du marteau sur le fer chaud la nuit. Aujourd'hui, s'il dormait plus paisiblement, il lui arrivait encore de les entendre lorsque tout était calme. Il les entendaient ce soir là. Et ça avait quelque chose de rassurant pour lui.

    Brisant le cercle vicieux des souvenirs qui l'assaillaient, il s'était finalement levé et avait posé son long manteau sur le dossier de sa chaise pour se servir une choppe de bière, tirée d'un fût dans le coin de la forge. Probablement pas très fraiche. Tant pis. Il allait reprendre place quand la porte d'ouvrit avec fracas et se referma bien plus calmement. Par réflex, il s'était saisie d'une épée à la lame fine, entreposé sur le râtelier derrière la porte. Une jeune femme visiblement paniquée venait de faire irruption dans la forge.

    Nivan ne mis pas bien longtemps à baisser sa garde, avançant dans la lumière de l'âtre tout en conservant ses distances pour ne pas l'effrayer. Il avait conscience du fait que son apparence n'était pas commune. "Calmes toi". Somme t-il d'une voix sans timbre, faisant preuve d'un certain flegme. Nivan n'était pas très expressif. "Tu ne risques rien ici." Reprit-il en la fixant, posant l'épée dont il s'était saisie sur la table devant lui. Dos à l'âtre, il s'était volontairement placé face à l'air, mettant la lourde table entre eux deux. Il ne fallait pas être doté d'une intelligence supérieur pour dégrossir la situation. Après un regard rapidement sur sa cape, Nivan avait compris qu'elle venait d'une bonne maison. Et à en juger par sa réaction, elle était perdue. Inutile de la faire réagir davantage.

    "Je m'appelle Nivan Drayr. Tu viens d'entrer dans ma forge". Précisa t-il d'une voix grave, mais neutre. Il ne lui adressait pas de reproche. Il dressait juste les présentation histoire de lui permettre de redescendre en pression; Il était souvent bourru. Mais il n'était pas méchant. Il n'avait pas la moindre raison de l'effrayer davantage. Retroussant les manche d'une chemise trop bien taillée pour appartenir à un forgeron, il pris place sur un des tabourets, posant ses mains sur la tables. "Je doute que quelques courtes minutes suffisent à te remettre de tes émotions". Précisa t-il toujours aussi impassible, portant sa choppe à ses lèvres sans la quitter du regard. "Tu devrais t'asseoir". Acheva t-il simplement, fermant son livre de compte en le repoussant sur le côté pour lui laisser la place. Sa demande pouvait sembler un ordre. Il donnait souvent l'impression d'exiger. Ce n'était pourtant pas le cas.  
     
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    Re: Le Grand Saut
    Dim 7 Fév 2021 - 22:25 #
    Lorsque l'occupant de cet endroit s'avança, Gardenia ne put s'empêcher de retenir sa respiration à sa vue ; un homme grand, aux épaules larges, mais surtout au visage orné de cornes et partiellement couvert d'écailles. De surcroît il tenait une épée, détail qui étrangement ne la captiva pas autant que son visage. Qui était-il ? Qu'était-il ? Elle n'avait jamais vu quelqu'un comme lui, n'avait même jamais lu de description d'un être similaire. Ce fut la peur qui s'accentua temporairement tant il l'intimidait et elle ne parvenait plus à décrocher son regard de lui et sa silhouette imposante. Elle était si menue et petite en comparaison, avec ses frêles épaules et l'absence totale de muscle dans sa petite personne. Elle devinait sans peine qu'il pouvait la briser en une fraction de seconde si l'envie lui prenait et seulement maintenant réalisait-elle que le danger, hors de sa chambre, était réel et concret. On pouvait lui faire du mal si on le désirait et elle n'avait aucun moyen de se défendre.

    Cependant, il lui somma de se calmer. Il avait peut-être l'air menaçant, il n'en dégageait pourtant pas de quelconque hostilité à son égard. Il posa même son épée sur la table sous l'oeil craintif de l'égarée, se présenta ; Nivan Drayr. Son nom ne lui disait rien, définitivement, non pas qu'elle se soit attendu à le connaître de toute façon. Elle connaissait davantage les vieux noms des familles anciennes et clairement pas la renommée de quelconques familles du peuple, petite enfant ignare du monde qui l'entourait. L'homme s'asseyait sur un tabouret et commenta sa panique, soulignant que quelques minutes ne suffiraient pas. Sous cette affirmation, elle sentait un brin de bienveillance venant de lui, mais pourtant, elle s'en offusqua un peu ; comment pouvait-il le savoir ?
    Le battement de coeur raté qu'elle eu lorsqu'il l'invita à s'asseoir lui fit bien vite comprendre qu'elle n'avait aucune raison de se vexer, car il avait raison. Dès qu'elle allait remettre le pied dehors, elle paniquerait à nouveau. Les bruits reprendraient et elle se perdrait encore quelque part. Ne cherchant pas à s'opposer à lui, Gardenia déglutit et s'avança d'un pas timide ; elle ne fit qu'un seul mouvement, avant de ne baisser les yeux et remarquer qu'il lui manquait une chaussure. Gênée par cet accoutrement qui n'allait pas à son rang, elle sursauta et rabattit le pan de sa cape devant elle pour cacher sa honte.

    N-navrée pour cet accoutrement.

    Gardenia s'approcha timidement, le regard baissé, essayant tant bien que mal de ne pas paraître plus pitoyable qu'elle ne l'était déjà. Elle s'assit en douceur, les mains posées sur ses cuisses, profitant de la table pour cacher ses doigts accrochés à sa robe. Ce fut à ce moment là qu'elle sentit les odeurs du lieu ; des odeurs qu'elle ne connaissait pas. Si ce n'était pas pour celle du feu de l'âtre, elle se demandait ce qu'il pouvait bien boire, et si ce qu'elle sentait émanait de sa pinte ou bien d'ailleurs. Elle reconnaissait, vaguement, des odeurs de transpiration et de brûlé qui ne venaient probablement pas du feu. Malgré son envie de savoir ce qui embaumait son odorat, la demoiselle préféra se taire ─pour l'instant. Après une nouvelle déglutition forcée, elle se risqua à poser le regard à nouveau sur lui ; encore plus impressionnant et massif vu de près. Elle ne sut d'ailleurs soutenir son regard, observant plutôt la table. Si le détail de la chemise ne lui échappa pas, elle ne put faire de lien entre le vêtement, son rang et le lieu.

    Mon nom est Gardenia... Gardenia.

    Pas Whytlys. Qui la connaîtrait de toute manière ? Comment expliquer son nom si elle était une piètre enfant ignorée, vivant recluse chez elle depuis sa plus tendre enfance ? Ses yeux se plissèrent un instant, avant qu'elle ne relève le nez, cherchant un brin de courage pour lui faire face.

    Je vous remercie de votre hospitalité et... m'excuse encore de vous importuner à cette heure tardive. Vous étiez visiblement occupé, dit-elle en jetant un regard au livre sur le côté.

    Se redressant un peu sur sa chaise, Gardenia tenta de faire un peu bonne figure mais un frisson visible eut tôt fait de réduire en poussière le peu de prestance qu'elle pensait pouvoir afficher. Une gamine perdue et effrayée, voilà ce à quoi elle ressemblait.

    Vous êtes donc... forgeron ?

    Levant son nez retroussé pour observer la pièce, cherchant à se détendre, elle se fit la réflexion que parler l'aiderait certainement à se calmer et canaliser son attention sur autre chose que sa panique.

    Cela explique votre carrure.

    Réalisation ; un sursaut la prit suivit d'une panique accompagné d'un rouge aux oreilles, ses doigts se crispant davantage.

    Non pas que vous soyez très large ou très grand ou intimidant ! C'est... juste... il faut de la force ! Et vous semblez en avoir. Beaucoup. Je crois. Je pense ! Mais c'est une bonne chose, et respectable !

    La honte la pris et sa tête se baissa, cherchant vainement à se cacher derrière une chevelure un peu sauvage suite à sa course, mais pas assez libre pour véritablement la cacher. Comment parler aux gens ? Comment ne pas être impolie ? Que dire ? Quel ridicule.
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    Re: Le Grand Saut
    Lun 8 Fév 2021 - 20:07 #
    Le regard de Nivan s'était rivé vers le pied nu de la jeune femme qui le masqua aussitôt. Peu convenable effectivement. Mais il n'y aurait pas prêté la moindre attention si elle n'avait attiré l'attention sur ce fait. De plus, si Nivan présentait toujours une tenue soignée - en dehors de son travail à la forge - il n'accordait pas réellement d'importance au paraître. Il était un homme du peuple, quoi qu'en dise son titre et son allure, qui ne parlait pas franchement en cet instant. A vrai dire, bien plus que le fait qu'il lui manque une chaussure, il s'attardait davantage sur la raison. Elle était visiblement de bonne lignée, ou en tout cas très probablement noble, d'une manière ou d'une autre. A quel moment une jeune femme noble faisait irruption par hasard dans une forge en pleine nuit, avec une chaussure en moins et un air paniqué. Ignorant royalement toutes les paroles prononcées par la jeune femme dans un premier temps, un peu perdu par son flot de paroles, il marqua un temps d'arrêt. La fixant sans un mot jusquà ce qu'elle tente comme elle pouvait de se rattraper aux branches.

    Nivan demeura impassible, posant les coudes sur la table, joignant ses mains devant son visage sans la quitter du regard. Il pouvait sembler insistant. Ce n'était pas pas voulu. Alors qu'elle se perdait dans des réflexions à voix haute, lui se remémorait toutes les nobles qu'il avait pu croiser dans diverses réception. Il ne remettait pas son visage. Il n'était pas noble de naissance, et n'avait pas la prétention de connaitre toutes les grandes familles non plus. Aussi, il abandonna rapidement sa recherche intérieur pour briser le silence qu'il avait lui même instauré. "Quelqu'un te poursuivais...Gardenia?" Reprit-il le plus calmement du monde. Le crépitement des braises dans son dos meublait l'ambiance, un peu sinistre pour les non initiés. Sa voix grave avait brisé le silence fugacement avant de s'éteindre à nouveau alors qu'il patientait quelque secondes avant de reprendre. Nivan n'avait jamais été très expressif, ni très éloquent. Il cherchait les bons mots pour la rassurer.

    "Je suis forgeron, oui." Précisa t-il sans en dire plus dans un premier temps. Il avait beau ne plus vraiment l'être, c'était pour lui ce qui le définissait le mieux. Pas dit que son titre ai quoi que ce soit à faire là dedans. Il préférait attendre de voir dans un premier temps. Son regard dériva sur le livre de compte qu'il venait de fermer. Elle y avait fait référence un peu plus tôt, il jugea plus poli de lui apporter une réponse. "Tu ne m'importune pas, je ne travaillais pas vraiment." Reprit-il d'une voix sans timbre. Il n'était pas dans le faux. Le travail était un prétexte. Il aimait cet endroit. Voilà tout.

    Sans un mot de plus, il appuya ses mains abimées sur la table, se levant dans un même geste. Se déplaçant vers une étagère non loin des fûts de bière, il en sorti une bouteille de verre et un autre gobelet. Déversant une partie de son contenu dans le gobelet d'acier, il le posa devant Gardenia sans un mot de plus avant de reprendre sa place face à elle. De l'eau. Rien de plus. Elle en ferait bien ce qu'elle voulait. Il aurait pu lui proposer de la bière. Mais il avait appris l'étiquette.

    L'observant quelques secondes, il nota qu'elle le regardait peu. Rien de bien étonnant. Il avait conscience du fait qu'il ne faisait pas toujours bon effet. Aussi, il prit le pli de briser la glace, à sa manière. "Tu ne crains rien ici. D'accord? Je n'ai de dragon que les cornes". Précisa t-il simplement, comme s'il s'agissait d'une évidence. Il aurait pu rire, ou sourire, ça avait de quoi être drôle, en fait. Mais pas pour lui. Il riait assez peu, en fait. Jamais. Ce qui faisait de lui le forgeron le plus coincé de la ville, très certainement.

    Toujours est il que pour l'heure, il ne pouvait pas la laisser comme ça. Déjà parce que ce n'était pas dans ses habitudes de planter des gens dans le besoin. Mais aussi parce qu'elle était ici, et qu'il n'était pas décent de l'ignorer. Nivan voulait comprendre ce qui l'avait poussée à se mettre dans cet état. "Mais si quelqu'un ou quelque chose te pose un souci, je peux peut-être t'aider?". Proposa t-il en portant de nouveau son gobelet à ses lèvres sans la quitter du regard. Elle ne semblait pas se détendre. Bon, en même temps, il devait bien admettre lui même que si les rôles avaient été inversés, il n'en aurait pas forcément mené large. Mais il y avait quelque chose chez cette jeune femme. Quelque chose qui trahissait une espèce d'inaptitude sociale, sans forcément pousser le trait jusque là. Nivan le reconnaissait, il était passé par là.


     
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    Re: Le Grand Saut
    Lun 8 Fév 2021 - 21:25 #
    Le silence retombait et Gardenia se sentait de plus en plus envahie par la honte et le doute. Pourquoi s'était-elle enfuie ? Qu'avait-elle vraiment pensé pouvoir achever en agissant de la sorte ? Ne manquait-elle pas de respect également à son hôte en esquivant ainsi son regard ? Ne venait-elle pas de s'attaquer à son intégrité, avec ses commentaires, à l'instant ? La jeune femme songeait déjà à la potentielle réflexion outrée à laquelle elle ferait face, mais rien ne vint. A la place, une simple question, à laquelle elle-même n'avait pas songé. Ses yeux surpris fixèrent ses mains crispés sans ciller. Était-elle... poursuivie ? Alors c'était à ça qu'elle ressemblait ? Quelqu'un en fuite parce qu'on lui voulait du mal ? Non... il n'en était rien. Bien au contraire. L'expression de son visage devint légèrement douloureuse mais elle ne pipa mot, avalant d'abord la pilule de sa propre incompétence. L'homme la laissa dans son silence d'ailleurs et cela surpris la jeune femme qu'il n'insiste pas davantage. Il confirma être forgeron et Gardenia, enfin, releva le visage lorsqu'il se leva de table. Elle le suivit du regard, se faisant la réflexion qu'au de-là cette allure menaçante, cet individu, Nivan Drayr, dégageait un calme qui lui rappelait l'arbre massif de son jardin. Grand, imposant, mais finalement inoffensif.

    Le gobelet d'eau déposé sous les yeux curieux de la demoiselle ne fut pas touché ; en revanche, elle en observa le contenu un instant, trouvant que cet homme était bien prompte à vouloir la rassurer. Encore, elle reposa les yeux sur lui ; s'il n'avait de dragon que les yeux et les cornes, Gardenia eut envie de répondre "je ne pense pas que tous les dragons soient dangereux", comme pour indiquer que sa peur n'était pas l'affirmation d'un mal vivant en autrui. C'était juste elle, le problème, pas l'autre. Progressivement, elle se sentait rassurée, un peu plus en sécurité. Se souvenir que finalement personne ne lui voulait du mal, ni lui ni un autre, calma les palpitations de son coeur et décrispa ses doigts. Doucement, ses mains sortir de sous la table et vinrent se poser sur le gobelet dont la texture renvoyait une fraîcheur qu'elle reconnaissait aux armures d'exposition que son frère adorait tant. Un soupir léger lui échappa et, le regard baissé, elle pu enfin répondre, s'exprimant beaucoup plus calmement.

    Personne... ne me poursuit, dit-elle.

    Puis elle le regarda à nouveau, dans les yeux, acceptant que son image froide ne soit pas en accord avec ses gestes plus attentionnés.

    Je me suis causée mon propre tort.

    Pouvait-elle être totalement honnête avec lui et tout raconter ? Devait-elle se méfier ? Ces questions, si normales pour d'autres, n'étaient pas celles que Gardenia se poserait en cette situation. Elle ne voyait aucun inconvénient à lui dire la vérité, étant donné qu'il lui offrait l'hospitalité. C'était même, pour ainsi dire, la moindre des choses. Regardant le feu dans l'âtre, elle lui expliqua alors, un peu dépitée, sa propre inexpérience.

    J'ai voulu sortir voir la ville par moi-même. Je pensais que la nuit serait plus calme et qu'il y aurait moins d'agitation, mais j'avais tort. Les gens rient, boivent, festoient, ce même la nuit ; parfois ils crient, pleurent, et même les murs de pierre n'arrêtent pas ces sons. J'ai toujours vécu dans le silence alors je n'imaginais pas à quel point la vie pouvait être... bruyante, si je puis dire.

    Ponctuant sa phrase par un léger sourire désolé, elle regarda à nouveau Nivan, la tête tiltant légèrement sur le côté.

    Je me suis crue plus forte que je ne le suis vraiment, voilà tout.

    Puis enfin, elle porta le gobelet à ses lèvres, se rendant bien à l'évidence que toute cette course l'avait assoiffée. La sensation de l'eau dans sa gorge, eau ni chaude, ni froide, était idéale et la rassura ; elle aurait détesté qu'une température trop basse ou trop élevée se termine en un gémissement de douleur. Importuner davantage ce brave homme ne ferait que l'embarrasser et alourdir sa dette envers lui. Le gobelet touchant la table, elle se détendit complètement, ses muscles se relaxant pour apprécier la chaleur du lieu.

    Merci pour votre aide, Nivan Drayr. Je ne saurai vous dire combien j'ai besoin de ce calme présentement.
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    Re: Le Grand Saut
    Lun 8 Fév 2021 - 22:15 #
    Son propre flot de parole avait de nouveau laissé place au silence. Nivan n'était habituellement pas très bavard. Le silence n'était pas un souci pour lui. Mais si ce soir, il était exceptionnellement prompt à le briser, c'était qu'il pensait sincèrement avoir à le faire. A tort, peut-être. Peut-être pas. Il ne se posait pas franchement la question. Si parler n'était pas naturel pour lui, lorsqu'il choisissait de le faire, il le faisait en toute conscience. Il ne brisa d'ailleurs pas lui même le silence instauré. La jeune femme pris la parole en premier. Nivan l'écouta, les deux mains posé sur sa chope de bière à moitié entamée. Sans la quitter du regard, une fois encore. Faute de parole, beaucoup de chose passaient dans le regard du forgeron, pour ceux qui savaient le lire. Il la laissa simplement achever ses paroles, estimant cela aussi respectueux, qu'à priori nécessaire pour elle.

    Il resta silencieux un moment après qu'elle se soit tu. L'observant un peu malgré lui, comme il avait la mauvaise habitude de le faire avec tout le monde. Il comprenait bien mieux la raison de sa panique. Pour autant, elle ne semblait pas être une enfant. Et le fait qu'elle ne connaisse pas la Capitale le surprenait. Ceci dit, lui même n'avait connu que la forge et ses environs pendant seize ans, alors il ne pouvait pas vraiment imaginer que ce n'était pas possible.

    Un détail lui échappait néanmoins. C'est vrai que la ville pouvait être agitée, mais au point qu'elle décrivait? Sans un mot, Nivan se leva de nouveau, poussant l'une des fenêtres de la forge pour observer la rue. Calme. Pas un bruit, sinon quelques rires, effectivement, mais très lointains. Le vent s'engouffrant dans la rue tout au plus, et quelques claquement de pas sur le pavé. C'est en refermant la fenêtre qu'il s'adressa à elle. "Plus forte que tu ne l'es hein...?" Reprit-il dans une réflexion à voix haute, un peu songeur, bien qu'il se ressaisisse rapidement. "Je ne dirait pas ça. Tu ne connais pas la ville. Sortir seule a quelque chose de courageux, en un sens".

    Il était resté prêt de la fenêtre. Dans la pénombre, s'adossant contre le mur de pierre poussiéreux et couvert de suie, tant pis pour sa chemise blanche. Croisant les bras sur son torse, sa carrure ne faisait plus écran à la chaleur de la forge qui se trouvait désormais face à la jeune femme. Eclairant un peu plus son visage à la peau pâle. "Appelle moi Nivan" Rétorqua simplement le forgeron, tiquant un peu à l'annonce de son nom qu'il avait pourtant lui même donné. Il ne l'affectionnait pas vraiment. Ce qui ne l'empêcha pas de poursuivre. "Courageux, mais inconsidéré" Fit il remarqué malgré tout; Il n'était pas du genre à dire que gens ce qu'ils souhaitent entendre. Et bien que la sécurité de Gardenia ne le regardait pas franchement, il se sentait obligé de la mettre en garde malgré tout. Chose difficile à faire s'il ne voulait pas l'effrayer. Il chercha donc ses mots un moment. "Ecoutes...Tu es sûrement assez grande pour ne pas avoir de sermon à recevoir de qui que ce soit. Et sûrement pas d'un inconnu..." Il marqua une pause. Comme s'il estimait que bien trop de mots n'avaient franchit ses lèvres en trop peu de temps.

    Il s'approcha d'elle. Se plantant à ses côtés, la toisant presque de sa hauteur. Il avait toujours cet air assuré. Il n'avait pourtant pas l'intention de l'impressionner. Il ne voulait pas terminer sa phrase. Au risque de tuer dans l'œuf une envie d'évasion naissante. Après tout, elle aussi avait bien le droit de découvrir le monde, ou la ville, si elle ne la connaissait pas. "Laisse tomber" Conclu t-il finalement sans aller au bout de ce qu'il avait voulu lui dire au départ. Il avait alors repris sa place en face d'elle, sur le tabouret qu'il avait quitté plus tôt. Occultant à nouveau la lueur de la forge. Il n'était décidemment pas très éloquent. Mais parfois, peut-être bien que ce n'était pas plus mal.

    "Tu parles de bruit. Je ne ressens pas cette agitation dehors. Mais toi si. Pourquoi?" Reprit simplement Nivan qui était curieux de comprendre malgré tout. Ce détail l'avait piqué au vif. S'il n'était pas curieux de la vie des gens, il était curieux de la vie en général. Il avait pour habitude de comprendre ce qui l'entourait. Elle était bien entendu libre de ne pas répondre. il porta de nouveau sa choppe à ses lèvres, l'achevant d'un trait avant de se lever pour raviver un peu le feu dans la forge, à l'aide d'un soufflet fixe activé par une poignée massive. La nuit était fraiche, et Gardenia n'était pas chaudement vêtue.


     
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    Re: Le Grand Saut
    Lun 8 Fév 2021 - 23:27 #
    La fenêtre ouverte lui faisait entendre à nouveau les bruits mais ils étaient supportables, aussi ne dit-elle rien, le laissant écouter par lui-même ; pour une raison qu'elle ne saurait expliquer, le dénommé Nivan la rassurait. L'absence de jugement hâtif, d'agressivité dans la voix ou de mouvements brusques. Le flegme qu'il affichait et le ton posé de sa voix étaient deux choses qui aidaient Gardenia à se calmer, n'ayant pas besoin de redouter les prochaines intonations avec lesquelles il parlerait. Il la trouvait courageuse, à l'instar de Laevis ; et contrairement à sa famille, qui la jugeait inconsciente et certainement stupide. Cette réflexion la fit doucement sourire et lui mit du baume au coeur, de se dire que même aux yeux d'un parfait inconnu, après s'être présentée sous l'un de ses pires jours, elle pouvait sembler courageuse. Une raison de plus de ne pas abandonner dans sa quête, de ne pas fuir devant l'adversité.

    Son hôte semblait avoir des choses à dire, des mots qu'il se refusa pourtant à prononcer, tandis qu'il s'était tenu debout à ses côtés. Elle avait pu, en levant le visage, davantage constater sa taille et s'étonner encore une fois de sa stature. Un gabarit tel que le sien n'aurait-il pas été bénéfique à la garde ? Il lui semblait plus grand et large que son frère, qui pourtant n'était déjà pas petit. Gardenia le suivait du regard, ne semblant plus intimidée par son apparence. La douceur était revenue se peindre sur ses traits et progressivement, sa timidité se taisait au profit de la chaleur que les domestiques lui connaissaient davantage. Regardant la paume de sa main, Gardenia répondit à la curiosité de Nivan, non sans garder une voix basse, propre à son habitude, seule dans sa chambre silencieuse.

    Mon ouïe... mon toucher et mon odorat sont sensibles. Beaucoup plus sensibles que la norme, m'a-t-on dit. Je n'ai pas le souvenir d'avoir connu autre chose alors il m'est difficile de poser un modèle de comparaison mais par exemple...

    Elle ferma les yeux, sa main se posant à nouveau sur le gobelet.

    Je peux entendre le filet d'air qui s'immisce entre les pierres, les battements de coeur des personnes proches, les murmures, le glissement des doigts dans les cheveux ou bien encore les insectes qui se promènent. Je peux sentir chaque imperfection, maille, fil et texture d'un vêtement sur ma peau, chaque striure du fer, du bois, ou bien reconnaître l'odeur d'une personne, d'une fleur, d'un met ou d'une boisson sans l'avoir à proximité.

    Lentement, ses yeux se rouvrirent et elle se leva à son tour, retirant l'unique chaussures qui lui restait pour se retrouver pieds nus, sur le sol de la forge. Elle fit quelques pas, regardant le sol avec curiosité.

    Chaque débris invisible à l'oeil que les autres ne sentent pas au toucher, je peux les identifier. La texture des choses qui m'entourent est unique, forte, et blessante.

    Relevant les yeux vers Nivan, elle ne perdait pas de son sourire qui, malgré ses mots, semblait sincère et content. Il n'y avait pas de raison à se détester elle-même, car très certainement, il y avait pire comme fardeau.

    Un tel pouvoir ne fait pas la distinction entre le plaisir et la douleur. Parfois il y a trop d'informations en même temps, parfois la douleur est intenable. Mais je me dis également que je peux ressentir les choses d'une façon que nul autre ne peut connaître, alors ça doit avoir son utilité, non ?

    Parce que c'était peut-être ça qu'elle cherchait, dans le fond ; se trouver une place, une utilité, plutôt que de toujours subir ce qu'elle était. Elle voulait tracer son propre chemin, trouver la voie qui était la sienne quitte à devoir sortir des sentiers battus, car elle n'avait pas les mêmes atouts que les autres. Elle ne contrôlait nul matériel, nulle pensée, elle ne contrôlait pour ainsi dire rien du tout mais se devait d'orienter sa vie en fonction de ce qui faisait d'elle ce qu'elle était. Les mains glissant dans son dos, elle se tourna complètement vers lui, plus audacieuse qu'au départ.

    Vous me laisseriez toucher vos créations, Monsieur Nivan le Forgeron ? dit-elle pleine d'optimisme.

    Il ne semblait pas être des plus loquaces et si la curiosité l'avait piqué par rapport à ce qu'il avait voulu lui dire, elle ne pouvait pas le forcer à parler et sortir de sa zone de confort s'il ne le voulait pas. Peut-être qu'en se montrant elle-même plus avenante et moins craintive, il oserait davantage également ? Ou allait-elle dépasser les limites et se montrer grossière en agissant ainsi ? Le fait était que sa curiosité était réelle et qu'elle voulait, tant qu'elle le pouvait, toucher le monde qui n'était pas le sien.
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    Re: Le Grand Saut
    Mar 9 Fév 2021 - 0:02 #
    La jeune femme avait daigné lui répondre. Bien plus précisément que Nivan ne l'aurait cru. Pour tout dire, il ne s'était pas attendu à tant de transparence de sa part. Quoi qu'en réalité, il ne s'attendait pas à grand chose. Il ne la connaissait pas assez pour prévoir ses faits et gestes. Il n'était pas prétentieux au point de croire ou dire qu'il était capable de déchiffrer une personne à ce point. Toujours est-il que ses explications lui semblait censées. Après tout, il n'avait aucune raison de remettre en doute ses paroles.

    Comprenant ce qu'elle pouvait ressentir, le forgeron ne pu s'empêcher de sourire intérieurement. C'était un comble en fait. Ils étaient là...Tous les deux. Elle, qui ressentait de manière exacerbée ce qui l'entourait. Et lui, qui s'était forgé une carapace psychique quasiment aussi solide que la cuirasse de ses écailles, du moins, en apparence. Lui, dont les mains caleuses ne ressentait même plus la chaleur de la forge. Il y avait de quoi rire. Mais il s'en abstint. Ce n'était pas quelque chose de naturel chez lui et de toute façon, elle ne l'aurait pas compris. " Effectivement..." Répondit simplement Nivan. Elle avait sans doute raison sur ce point. Ressentir, même trop intensément, ne pouvait pas avoir que de mauvais côté. A priori, ils avaient un problème commun avec la maitrise. Même si bien sur, ce n'était pas réellement comparable en l'état.

    Alors qu'elle se déplaçait pied nus sur le sol de la forge, il suivait machinalement ses pas du regard, un peu perdu dans ses pensée. Et à la voir ainsi, elle semblait bien plus courageuse qu'elle ne l'imaginait. D'autant plus qu'il venait de prendre conscience de la charge d'émotion qu'elle devait gérer en permanence, quand lui n'était même pas capable de gérer sa propre colère, trop souvent nourrie par un feu ardent de haine et de rancœur. Ses mains s'étaient crispées l'une sur l'autre, alors qu'il était toujours assis à la même table. L'espace d'un instant son regard s'était assombrit sans trop de raison. Il se leva, dans un soupir, reprenant un air neutre. "Être capable de ressentir comme ça, et de ne pas sombrer, relève d'une forme réelle de courage, si vous voulez mon avis." Précisa Nivan qui le pensais sincèrement.

    Le concernant, la seule douleur qu'il avait à gérer était celle de ce bouclier d'écaille, qu'il déployait sur commande. Et bien qu'à la limite de l'insoutenable, il avait au moins la chance de décider si oui ou non, il s'en servait. C'était presque poétique, en fait. Comme si le fait de se murer devait, d'une manière ou d'une autre, lui causer une douleur quelconque.

    Balayant d'un revers de main imaginaire toute pensé néfaste, et alors qu'elle lui demandait si elle pouvait toucher ses créations - celle de ses forgerons, en fait - il acquiesça d'un signe de tête. il fini par estimer qu'il lui devait bien la vérité. "En fait...Il n'y a plus grand chose de ma création ici. " Il marqua un temps d'arrêt, scrutant les murs un instant. "Je suis bien forgeron, initialement. Mais maintenant...Je gère plus les affaires. Ce sont deux forgerons qui travaillent ici qui ont fait tout ça." Précisa finalement Nivan. Appuyant son épaule au coin de la forge sans en ressentir réellement la chaleur, du fait des écailles présentes sur ses épaule, cachées sous sa chemise, il repris. "J'ai été anobli il y a trois ans. Je ne travaille plus vraiment ici, mais j'aime y venir le soir..." Avoua t-il comme un enfant pris en faute, bien que son ton n'ai absolument pas changé. En vérité, beaucoup de nobles auraient trouvés ça dégradant. Mais Nivan se fichait du regard des autres. Et de toute façon, en l'état, elle s'y trouvait aussi, elle ne pouvait pas franchement juger.


     
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    Re: Le Grand Saut
    Mar 9 Fév 2021 - 2:02 #
    Courageuse. Elle ne semblait pas courageuse, elle était réellement courageuse. Il n'était pas le premier à le lui avoir dit, mais il était le premier inconnu à avoir formulé ce qu'elle prenait comme un compliment. A ce moment là, elle avait volontairement fait un demi-tour lent, cachant le rouge de ses joues. Courageuse, hein ? Et non pas stupide ou naïve ? L'un n'empêchait pas les deux autres, mais elle se réjouissait timidement de se voir complimentée, plutôt que critiquée. Ce compliment lui allant droit au coeur, elle cacha sa petite réjouissance pour ne garder qu'une allure délicate, comme toujours. Les quelques pas dans la forge l'avaient tellement intrigués, et cet homme également, seul en ce lieu. Alors, quand il lui donna son accord pour pouvoir toucher ce qui composait son refuge, la jeune femme put enfin s'y risquer. Du bout des doigts, elle alla toucher une pièce de ce qui lui semblait venir d'une armure. Elle ne fit que l'effleurer, la pulpe rosée de son index suffisant à lui faire deviner la texture ; avant qu'elle n'ose y apposer en douceur ses autres extrémités, tout en écoutant Nivan.

    Un ancien forgeron anobli... Il avait dû toucher ces outils pendant longtemps ; ce marteau, à la texture si rude et au manche si épais. Il avait dû forger des lames similaires à cette épée-ci, sur laquelle Gardenia risqua un doigt près du tranchant. Elle ne pressa pas, mais le simple contact immobile suffisait à lui faire comprendre que cette arme mortelle était d'une finesse rare. Le silence retomba encore dans la forge tandis que la jeune femme explorait, laissant ses mains à peine toucher ce qu'elle pouvait, sans se blesser, sans salir, juste par curiosité. Cette envie d'apprendre et de découvrir ressemblait à celle d'une enfant ayant grande soif de savoir ; innocente et sincère.
    Son regard se promena sur le plafond, les poutres, la suie qui pouvait trainer ; et les yeux de Gardenia se baissèrent sur ses pieds lorsqu'elle sentit sa peau entrer en contact avec un peu plus de saleté que sur le reste du sol. Un lieu très certainement rustique et authentique, emplis de textures et odeurs qu'elle ne connaissait pas. Nivan avait dû grandir dans un environnement tel que celui-ci avant d'être anobli. L'image d'un jeune forgeron travaillant le fer sous la chaleur la fit sourire et fermer les yeux un instant, imaginant comme dans ses livres une sorte de héros de détermination.

    C'est paisible.

    Un commentaire simple. Elle appréciait le lieu, l'âme qui s'en dégageait et l'histoire qu'il semblait avoir. Elle se demandait s'il y avait beaucoup de souvenirs ici, si la bâtisse était récente ou ancienne, si les deux forgerons qui travaillaient pour Nivan avaient un avenir tout aussi prometteur.
    Relevant le visage, Gardenia pris une profonde inspiration, se préparant à un torrent d'informations, de fragrances indéchiffrables, chargées de vie. Puis elle expira, paisible, souriante, reprenant son exploration au calme.

    Vous avez travaillé pour un tel mérite, par la sueur de votre front. Votre talent a pu être reconnu et apprécié par vos pairs... c'est admirable.

    Sa main glissa sur le bord d'un meuble alors qu'elle continuait d'avancer, les yeux posés sur les pièces décoratives.

    Vous parliez de courage... Elle s'arrêta pour lui faire face, en douceur. Et pourtant, sans vous, je serais certainement dans un coin en train de pleurer, complètement paniquée. Vous aviez raison d'appeler ça un risque inconsidéré. Merci pour votre franchise.

    Si elle n'avait pas tiqué précédemment au commentaire, elle n'avait pour autant pas ignoré sa remarque et surtout l'avait prise en considération. Elle jugeait que chaque personne, de par leur vécu, possédait un savoir et des conseils à lui prodiguer, d'une façon ou d'une autre et que toute remarque était une leçon à apprendre. Se rapprochant à nouveau, elle le regarda dans les yeux, plus confiante maintenant de soutenir son regard sévère.

    Est-ce que forger vous manque ?

    Ce n'était qu'une supposition, mais quelqu'un qui avait dû travailler autant et en faisant si bien son métier devait forcément l'aimer. Non ?
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    Re: Le Grand Saut
    Mer 10 Fév 2021 - 18:09 #
    La rencontre, bien qu'étonnante, avait un côté enrichissant. Qui aurait cru que Nivan puisse apprécier la compagnie d'une inconnue débarquée par hasard dans son antre. Ordinairement, il avait en horreur toute forme d'intrusion et avait plutôt tendance à ignorer ou repousser ceux qui cherchait à avoir une discussion jugée trop longue avec lui. Le fait était que, il fallait bien l'admettre, il n'était pas très à l'aise socialement. Sa manière de chercher ses mots ou d'entrecouper ses phrases de longs silences en disait long.

    Quoi qu'il en soit, il laissa la jeune femme parcourir l'atelier. Il n'avait rien à cacher, et elle n'avait rien d'une voleuse. Il resta impassible, un peu perdu dans ses propres pensées alors qu'elle effleurait du bout des doigts les pièces qui l'intéressait le plus. Nivan ne broncha pas non plus lorsqu'elle aventura ses mains sur une lame qu'il savait tranchante. Elle n'était pas une enfant. Elle ne mourrait pas d'une simple coupure. Il se contenta de rester là, debout, les bras croisée, l'épaule appuyée contre l'âtre de la forge qui faiblissait à mesure que le temps passait. Il savait qu'elle ne serait pas tout à fait éteinte au petit matin. Les ouvriers commençaient toujours par raviver ce feu qui, somme toute, ne s'éteignait jamais. "Ce n'est paisible que la nuit, en réalité. Tu ne supportais pas le bruit la journée je pense". Précisa le forgeron. Probable qu'elle s'en doutait. Peut-être pas en fait. Avait-elle seulement idée de ce qu'était une forge active? Pas dit.

    Et alors qu'elle prononçait quelques paroles que Nivan ne pouvait pas prendre autrement que comme un compliment, un rictus qui aurait pu s'apparenter à un presque sourire naquit au coin de ses lèvres pour s'évanouir aussitôt. Il n'avait pas à mentir là dessus: il était effectivement fier du chemin parcouru. Qui ne l'aurait pas été. "J'apprécie que tu le remarque. Ce n'est probablement pas le cas de tout le monde..." Reprit-il d'une voix sans timbre. Inconsciemment, il faisait toujours un peu référence à son père, bien qu'il ai tendance à tout faire aussi pour le rayer de sa vie. Mais effectivement, si beaucoup reconnaissait sa réussite, ce n'était pas le cas de son géniteur qui, à priori, continuait et continuerai toujours à le voir comme un fils bâtard et difforme.

    Nivan soutint sans mal le regard que lui porta Gardenia ensuite, alors qu'elle poursuivait, rappelant leur échange un peu plus tôt. "Ce n'est pas parce que l'on demande de l'aide que l'on ne fait pas preuve de courage. Même si cela implique parfois des risques. Inconsidérés ou pas". Rétorqua t-il le plus naturellement du monde. Il n'était pas d'accord sur le fait que le courage se résumait à un mot, un seul, avec une définition propre. A son sens, beaucoup de faits et gestes trahissaient une forme de courage. Il suffisait de vouloir le voir. "Je ne dirais pas que tu as eu raison, ou tort, de partir de chez toi..." Amorça t-il tout en marquant un pause, l'espace de quelques secondes durant lesquelles il ne la quitta pas des yeux, les bras toujours fermés sur son torse. "Tu as pris un risque. C'est vrai. Mais c'est un peu ça la vie. Rien n'est sans risque". Précisa t-il au risque de passer pour un ancêtre philosophe. Il ne plaisantait pas. Elle semblait avoir une bien piètre opinion d'elle même. Il voulait lui faire comprendre, à sa manière, qu'elle avait elle aussi des qualités.

    Ils se connaissaient depuis bien trop peu de temps pour qu'il ai la prétention de pouvoir la juger, ou lui dire ce qu'elle avait à faire. Même si, il devait bien se l'avouer, si une de ses sœurs avait fait la même chose, il n'aurait pas pu s'empêcher de la rabrouer. Chassant cette pensée de son esprit, il ne détacha pas son regard clair de la jeune femme alors qu'elle s'approchait. Elle semblait plus confiante. Plus détendue. A des années lumières de l'état de panique qu'elle présentait en arrivant. C'était déjà une bonne chose. Mais à vrai dire, s'il ne s'était attendu à rien, il ne s'était pour autant pas attendu à la question qu'elle venait de lui poser.

    C'était en fait une bonne question. Est-ce que ça lui manquait? Après tout, il n'était pas hors circuit, il pouvait forger s'il le voulait. Il avait décidé lui même de s'élever à ce rang, personne ne l'y avait poussé. Et pourtant, il devait bien admettre que la question était plus que fondée. Il laissa échapper un bref soupire. "Parfois, je dois bien l'admettre." Dire le contraire aurait été un mensonge phénoménal après tout. "Mais ça m'arrive encore. Je forme toujours mes recrues moi même". Un fait indéniable. Mais maintenant qu'il y réfléchissait, il n'avait pas recruté depuis plus d'un an. " Et je n'ai pas vraiment rendu le marteau...A vrai dire". Acheva t-il en se redressant, se dirigeant vers un râtelier d'arme au fond de la forge. Il en tira une rapière à la finition parfaite, un peu plus fine et légère que les autres. A la base de la lame, une gravure représentait un serpent. La poignée était doublée de cuir bordeaux et un joyaux obsidienne en parait l'extrémité. Il la présenta à Gardenia en la posant sur la table. "Je l'ai faite pour une de mes sœurs" . Précisa t-il simplement. Il n'attendait pas d'avis; Elle semblait curieuse, alors il lui montrait. Quel artiste ne serait pas heureux de partager son art.

    Nivan repris le silence un moment avant de s'exprimer à nouveau, d'une voix toujours aussi dépourvue d'émotion. "Et toi? Tu dois bien avoir un passe temps non?"

     
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    Re: Le Grand Saut
    Jeu 11 Fév 2021 - 5:33 #
    Quand elle y réfléchissait un peu, Gardenia était contente d'avoir eu tous ces livres et la présence de Laevis pour lui donner une idée de ce qu'étaient les interactions sociales. Elle comprenait qu'en dépit de son inexpérience, les récits avaient instauré une certaine logique qu'elle avait pu comprendre au fil du temps ; tout comme écouter les discussions par de-là sa porte de chambre, fermée. Et puis, peut-être que son âge entrait également en ligne de compte, ayant amassé autant de savoir qu'elle le pouvait avant sa première excursion. Gardenia, de surcroît, se sentait étrangement en sécurité en présence du forgeron. Nivan arborait un calme et un flegme qui rendaient la discussion plus facile pour elle. C'était direct, honnête ; pas de sous-entendus, de faux semblants, de masque à tenir. C'était bien ; c'était mieux. Pour elle qui n'avait que rarement eu à faire véritablement face aux gens, mentir était compliqué.

    Vous avez sûrement raison ! avait-elle répondu lorsqu'il mentionnait la forge de jour.

    Cet homme aussi dégageait un côté rustique se mariant bien à la forge. Quand elle l'observait, elle trouvait qu'il se fondait bien dans le décor nocturne du lieu. Il semblait avoir du vécu, une histoire à raconter, des combats à mener. Elle ne se voyait pas le formuler de vive voix, mais le voir si proche de l'âtre la faisait sourire. Un mur de pierre solide et chaud, stoïque et immuable, brûlant de passion en son for intérieur. Oserait-elle lui faire la remarque ? Certainement pas. Son hôte était visiblement aimable mais peut-être fallait-il éviter les comparaisons qui pourraient être malvenues.

    La rapière devant elle, Gardenia l'observa un instant, s'en approchant avec intérêt. Elle n'osa cependant la soulever, d'une part ne se faisant pas confiance mais d'autre part car cet objet semblait précieux, à en écouter Nivan. La jeune femme le regarda un instant, puis la rapière, avant de répéter ses mots dans un murmur presque éteint.

    Une de vos soeurs...

    Ah, Bartelot. Leur relation aurait-elle été différence si Gardenia avait été plus capable ? Son frère se serait-il également soucié de son bien-être, s'il n'avait pas toujours été en colère contre elle ? Lui aurait-il offert une rapière pour qu'elle se protège ? L'aurait-il même formé à l'art du combat, lui qui avait rêvé de devenir garde ? Ou peut-être avaient-ils toujours été voués à être en conflit et lui à ne pas l'aimer ?
    Ne réalisant pas son propre silence qui durait plus que de simples secondes, Gardenia ne sentit pas l'expression de son visage se transformer douloureusement, tout en douceur. Le souvenir des réflexions de son frère malgré ses vaines tentatives de renouer avec lui hantaient régulièrement sa mémoire ; les reproches qu'il lui criait presque dessus, la froideur qu'il affichait et le dénigrement de ses sentiments, comme si elle se complaisait dans sa chambre luxueuse. La jeune femme effleura la fusée de l'armée, avant de revenir un peu à la réalité.

    C'est un beau cadeau, laissa-t-elle entendre.

    Se ressaisissant, elle soupira vivement pour chasser ses mauvaises pensées, forçant un nouveau léger sourire alors qu'elle-même réfléchissait à ses propres passe-temps. Elle lança un regard à la fenêtre, regardant la rue sombre, un peu pensive.

    La lecture est sans aucun doute mon passe-temps le plus fréquent. Aucun bruit, aucun risque pour mon corps, inodorant. Le dessin est un autre loisir qui m'est accessible. Malgré tout, j'apprécie la musique et joue de temps à autre de la harpe. Le chant également, bien que personne ne soit là pour me dire si je pratique correctement ou pas.

    Un sourire plus franc étira le coin de ses lèvres tandis qu'elle le regardait à nouveau.

    Mais si j'avais pu, j'aurais aimé apprendre à monter à cheval ou peut-être dresser des bêtes. Qui sait, j'aurais peut-être pu même devenir barde, conteuse d'histoire, tenancière ou bien aventurière ! Un rire lui échappa. Mon amie me dit souvent que j'ai une vision un peu trop romantique de ce que sont la vie et la capitale, mais si vous voulez mon avis...

    Elle reposa son regard sur la rapière, puis le livre toujours présent sur la table, avant de remonter vers la fenêtre et enfin, l'ensemble de la forge.

    Je préfère une étendue de possibilités avec des risques et beaucoup de surprises, plutôt qu'un chemin unique entourés de portes fermées.

    Une façon de dire qu'elle se sentait prisonnière de la voie qu'on lui avait choisie et qu'elle tentait, désespérément, d'ouvrir des portes. N'importe laquelle, mais une porte, juste un seule, pouvait lui donner une toute autre route pour sa vie, une route qu'elle aurait choisi, envers et contre tout.

    Je n'ai pas envie de rentrer chez moi, confessa-t-elle.

    Retourner dans sa chambre, se réveiller pour lire, attendre Laevis, discuter, dessiner, jouer un peu de la harpe, lire à nouveau, manger seule, tendre l'oreille pour écouter les discussions des autres, rêver d'une vie qui n'était pas la sienne... très peu pour elle. Elle en voulait plus.
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    Re: Le Grand Saut
    Jeu 11 Fév 2021 - 20:10 #
    L'espace d'un instant, la jeune femme sembla pensive. Comme si l'évocation d'une sœur faisait resurgir en elle de douloureux souvenirs. Nivan ne s'aventura pas à poser la question. Jugeant cela bien trop personnel pour aborder le sujet. Lui même parlait en fait assez peu de sa famille. Il n'avait pourtant pas franchement de problème avec elle. Son père était bien le seul avec qui il avait eu des mots. Et en aurait sûrement encore maintenant, s'il le revoyait. Pourtant, Nivan ne pouvait pas ignorer qu'il lui devait quand même une chose: C'était lui, à la base, qui lui avait appris à forger. Ca n'avait certes pas été un acte bienveillant, mais après tout, en serait-il là aujourd'hui sans ça? Pas dit. De toute façon, il se refusait à admettre ce fait. Il avait bien trop de rancœur envers son géniteur.

    Quoi qu'il en soit, la jeune femme semblait soudainement envahie d'une certaine mélancolie. Du haut de ses trente trois années, Nivan savait que chacun porte son propre fardeau. Il avait beau être relativement renfermé, il n'était pas d'un tempérament négatif. S'il l'était, il serait toujours sous les ordres de son père, à ne rien gagner du tout. Il ne doutait pas qu'un jour, la jeune femme trouverait sa place en ce monde. Il ne la connaissait que depuis très peu de temps, mais elle semblait avoir une certaine fougue en elle. Bien que dissimule sous un masque de porcelaine. Lui, au contraire, était sûrement un peu plus brut. Elle était un diamant taillé, pas lui.

    Et alors qu'il l'écoutait, ses paroles pleines d'envies ne purent que confirmer ce qu'il pensait. Elle avait visiblement soif de découvrir le monde. Ce qui ne pouvait pas être une mauvaise chose. Une vie de monotonie correspond à peu de monde sur le long terme. Il ignorait son âge mais devinait qu'elle avait déjà trop vécu pour continuer de l'accepter.

    Désormais dos à la table au centre de la pièce, face à Gardenia, Nivan avait appuyée ses deux mains sur la surface du meuble, à demi assis sur le plateau, il soutenait le regard que lui portait désormais la jeune femme, visiblement emprunte d'une soudaine envie d'évasion qui arracha un rictus au forgeron. Rictus s'apparentant presque à un sourire. "Tu as raison." Amorça t-il, entrecoupant ses parole d'un court silence. "Raison de penser que la vie vaut bien plus que ça". Reprit-il d'une voix sans timbre. Il ne pouvait que l'encourager dans cette voie, même si ce n'était pas à lui de le faire. Quitte à se mettre à dos une grande famille - parce qu'il ignorait à quelle famille elle appartenait - il aurait bien voulu l'y aider.

    "Tu sais...Ton amie pense peut-être que ta vision du monde extérieur est trouble. Mais tu n'y verra jamais clair si tu ne fais rien pour ça". Lança t-il alors, comme un ultime argument. Il ne voulait pas l'influencer. Il ne prétendait pas le faire. Elle semblait déjà décidé. "Des années de forges ont abimé mon ouïe, je ne saurait donc pas te dire si tu chante correctement. Mais..." Il se redressa, quittant sa posture prêt de la table pour récupérer son manteau sur le dossier d'une chaise. Il l'enfila. "Si tu veux...On va sortir. On va rester sous le préau un moment, le temps que tu t'acclimate au bruit. Si ça ne va pas, tu pourras rentrer". Proposa t-il. Elle ne pouvait pas rester indéfiniment dans ce bâtiment. Et si elle avait effectivement à cœur de découvrir le monde, elle devait commencer par essayer de le supporter. Ce qui, Nivan en convenait, n'était sûrement pas une mince affaire.

    Il était tard. A cette heure, la rue était quasiment déserte, et la plupart des bars alentours s'étaient vidés. Alors que Nivan ouvrait grand la porte, lui ne percevait rien d'autre que le souffle régulier du vent dans la rue. Probable que la jeune femme perçoive bien plus que ça. Il sorti le premier, observant sa réaction, au cas ou son idée ai été la pire qui soit. "Ca va aller?"
    Dans l'histoire, Nivan ne s'était même pas demandé si quelqu'un pouvait la rechercher. Après tout, d'après ce qu'il avait compris, elle était partie de chez elle sans prévenir grand monde.

     
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    Re: Le Grand Saut
    Ven 12 Fév 2021 - 8:59 #
    Venait-elle de presque lui arracher un sourire ? Gardenia ne voulait pas penser que telle chose était rare, mais il ne donnait définitivement pas l'image de l'homme le plus souriant du monde avec une telle sévérité dans son regard. Ce fut un léger détail qui la fit sourire légèrement, un peu secrètement. D'autant plus qu'il confirmait ses paroles et ses idées, la rassurant sur ce qu'elle pensait être le plus fascinant dans la vie. Même s'il avait désapprouvé, elle n'aurait pas changé de voie ; cependant, se voir validée demeurait toujours plaisant et rassurant dans ses choix. Il voyait également comme elle. Comment se faire un avis réel sur le monde l'entourant si ce n'était pas au travers de son propre regard et ses propres expériences ? Comment savoir ce qu'elle regardait si elle se mettait des mains devant les yeux ?
    Nivan se redressa et la sortit de sa réflexion. Elle le suivit du regard, curieuse, l'observant remettre sa veste ; c'était fou comme ce simple geste lui avait donné l'impression que ses bras était longs et larges. L'offre venant résonner à ses oreilles, Gardenia ne cacha pas sa surprise, ne sachant pas quoi répondre dans la première seconde. Elle le considéra un instant, réalisant qu'il délaissait son travail du soir pour l'accompagner dans sa quête. Il ne lui disait pas quoi faire, ne s'imposait pas non plus, mais offrait une simple aide dans ce qu'elle était venue faire à la base.

    Ou-oui ! bégaya-t-elle à moitié.

    Elle se pencha pour ramasser rapidement sa chaussure avant de le suivre, curieuse, excitée et surtout, nerveuse.

    La porte s'ouvrit et elle s'immobilisa, un mètre avant. Nivan sortit en premier, lui ouvrant le chemin, l'invitant à le suivre. Gardenia fit quelques pas, glissant la tête au dehors, puis ses pieds vinrent se poser sur la chaussée. Elle regarda un instant ses orteils salis, puis pivota la tête sur le côté, regardant la ruelle. La question du forgeron demeura en suspend quelques longues secondes durant lesquelles Gardenia semblait très attentive à la vie ; c'était beaucoup plus calme que précédemment. Elle entendait quelques bruits encore mais rien de vraiment festif. Il y avait encore quelques personnes marchant lentement dans les rues ; peut-être un couple. Un ivrogne, plus loin. Est-ce qu'une écurie se trouvait dans les passages ? Il lui sembla entendre les soupirs d'un cheval et qu'une odeur se démarquait du reste. Tournant la tête à droite, à gauche, une fragrance un peu sale de terre humide avec un brin d'alcool venant lui chatouiller les narines, un sourire était venu progressivement venu étirer ses lèvres. Comme une gamine à qui on faisait découvrir un nouveau monde, un terrain de jeu, Gardenia s'avança de quelques pas, sa chaussure tenue contre elle par ses deux mains. Un claquement à peine audible au loin la fit pourtant sursauter ; une porte qui s'était fermée un peu brutalement. Un bruit d'oiseau ; elle leva la tête pour s'apercevoir qu'il y avait sur le sommet d'un toit une petite ombre d'un oiseau nocturne.

    Se retournant vivement vers Nivan, elle ne pu s'empêcher de le gratifier d'un immense sourire.

    C'est calme ! Les habitants sont partis dormir !

    Rassurée par cette même formulation de phrase, la nervosité s'envola et elle pointa un peu timidement la rue adjacente, sachant pertinemment que la requête qu'elle allait formuler pouvait être un peu étrange.

    On dirait qu'il y a des chevaux par là... peut-être une écurie... peut-on aller les voir ?

    Des chevaux. Des vrais. Pas des images dans ses livres, pas des visions au travers de sa fenêtre sans qu'elle ne puisse jamais les approcher, les toucher, les caresser. Elle ne savait absolument pas à quoi ils ressemblaient de près ni comment était fait leur pelage. Rugueux lui avait-on dit, mais elle voulait savoir, elle-même. Dans ses yeux brillait une curiosité innocente, celle d'une ardeur qu'elle avait trop longtemps étouffée. Elle ne pouvait qu'espérer que Nivan accède à sa requête ─même s'il devait se transformer temporairement en gardien.
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    Re: Le Grand Saut
    Ven 12 Fév 2021 - 20:22 #
    Il avait semblé à Nivan qu'elle avait besoin de découvrir par elle même. Mais que l'inconnu lui faisait peur. Il se trompait peut-être, mais elle donnait l'impression d'une jeune femme peu entourée. Elle devait pourtant l'être, si elle ne sortait pas. C'était à se demander si elle avait de véritables geôliers, ou si les barrières se situaient uniquement dans sa tête. Il ne la jugeait pas. Comment aurait-il pu? Lui même avait vécu une expérience particulière avec la liberté, plus jeune. Après tout, il aurait pu se défaire du joug de son père bien plus tôt. Tout était une question de volonté.

    Quoi qu'il en soit, pour l'heure, il avait pris le taureau par les cornes - sans mauvais jeu de mot - en sortant le premier. Il lui assurait ainsi, très indirectement qu'elle ne craignait rien. En fait. Alors qu'il l'attendait sur le pas de la porte. Il ne pouvait s'empêcher de se demander pourquoi il faisait ça. C'est vrai, après tout...Il ne lui devait rien. Et Nivan n'était pas toujours un bon samaritain. Mais cette femme avait quelque chose. Quelque chose de pur. Sa manière presque enfantine de découvrir le monde l'avait indubitablement touché. D'une manière ou d'une autre. Lui qui était d'ordinaire bien plus dur, il l'avait pourtant laissée entrer sans la repousser.

    Mais alors qu'elle acquiesçait avec moins d'assurance que l'attitude qu'elle arborait jusque là, il la laissa s'avancer, refermant doucement la porte derrière elle. Tournant une grosse clef dans la serrure, il accrocha le trousseau à sa ceinture, sous son long manteau, laissant son livre de compte sur la table. Il le récupèrerait le lendemain. Il ne comportait rien que ses ouvriers n'aient pas besoin de voir. "Oui, il semblerait..." Lança t-il simplement en promenant son regard clair sur la petite place qui accueillait sa forge. La nuit était déjà bien avancée, mais il ignorait quelle heure il pouvait être. Ca n'avait pas d'importance. De toute façon, Nivan dormait peu. Et par chance, il travaillait à son rythme.

    Il fût un peu surpris par la première requête de la jeune femme. Bien que tout réfléchi, les chevaux pouvaient se révéler des animaux fascinants. Il acquiesça d'un signe de tête, glissant ses mains dans les poches de son long manteau, il pris la tête, se dirigeant vers la dite écurie. Il pensait savoir à quel établissement elle faisait mention.  Il y avait une auberge relai à quelques rues de la forge. Lui même y louait une monture quand il avait de la route à faire.

    S'avançant dans la rue, il s'efforça de ne pas marcher trop vite, laissant ainsi à Gardenia l'occasion d'observer. Le quartier était tranquille. Nivan savait qu'ils ne risquaient pas grand chose. Et en principe, il se savait suffisamment imposant pour dissuader d'éventuels brigands. Quoi qu'il en soit, ils parvinrent assez rapidement à la dite écurie. Trois chevaux se trouvaient là, chacun dans un box spacieux, mais cadenassé, pignon sur rue. A côté de la rangée de boxs, l'auberge. Les champs qui accueillait les autres montures étaient en périphérie. L'un des animaux porta son attention sur les deux arrivants, sortant sa tête blanche du box, reniflant les cheveux de Nivan qui s'était approché. Le forgeron posa sa main sur le chanfrein de l'animal, se tournant vers Gardenia. "Approches, il ne te fera pas de mal". Nivan savait les animaux des relais étaient dociles et calmes. Habitués au contact, il s'agissait de chevaux fiables, elle ne risquait vraiment rien. "Tu n'en avait jamais vus?" Questionna Nivan, bien qu'il se doutait de la réponse.

    Retirant sa main de la tête de l'animal, il s'adossa au mur entre deux boxs, levant son regard vers le ciel. La ville était calme. Le ciel quasiment totalement dégagé. La nuit était un peu fraiche peut-être. Mais sans plus. Il était bien.

     
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    Re: Le Grand Saut
    Sam 13 Fév 2021 - 13:17 #
    Nivan acceptait de s'y rendre. Gardenia en était très contente mais se retenait de vraiment l'exprimer, songeant que la discrétion était de mise. D'autant plus que Nivan était quelqu'un de calme également ; Gardenia ne voulait définitivement pas perturber cette quiétude et ce début de confiance qui naissait entre eux. C'était en tout cas le sentiment qu'elle avait, se sentant en sécurité en sa présence. Elle se permettait alors, marchant juste derrière lui, d'observer les alentours, les bâtisses, les fenêtres sombres, les pavés au sol. Elle découvrait des visuels qu'elle n'avait pu voir qu'en croquis dans ses livres ou en peinture dans les couloirs de sa demeure. A quoi ces lieux pouvaient-ils bien ressembler, baignés dans la lumière du jour ?

    L'odeur de l'écurie se fit de plus en plus forte mais également de moins en moins appréciable, tant et si bien qu'une grimace manqua de se peindre sur le visage de Gardenia tandis qu'elle regardait devant elle. S'arrêtant un instant, à quelques mètres, elle observa Nivan continuer et pu enfin voir la tête d'un des équidés passer par dessus la petite porte fermée. Cette vision chassa subitement toute réticence qu'elle avait pu avoir. Elle retint sa respiration un instant, les yeux braqués sur le cheval qui semblait très calme et docile. La voix de Nivan la sortit de ses rêveries et elle croisa son regard, avant qu'elle ne se décide à s'approcher, ses pieds avançant timidement. Il y eut quand même, malgré elle, une de ses mains qui vint poster la longueur de ses doigts sous son nez, l'odeur n'étant vraiment pas plaisante ─ elle lui montait progressivement à la tête d'ailleurs, mais Gardenia ne démordait pas de son envie de s'approcher.

    Forçant que de petites respirations pour bloquer au maximum les odeurs de l'entêter, la jeune noble fut assez proche pour sentir le souffle chaud de l'animal se poser sur sa main qu'elle venait à peine de tendre. Surprise, elle manqua de la retirer, mais se retint ; jusqu'à ce qu'elle ose enfin venir, tout doucement, poser sa peau contre le chanfrein du cheval. Un contact chaud, peu doux comme lui avait indiqué Laevis. Le poil était dru, si épais qu'elle avait la sensation qu'il était aussi dur qu'une armure. L'animal ne broncha pas et était si paisible ; progressivement, l'excitation prenait le pas sur Gardenia qui laissa sa main caresser le cheval. Le sourire qu'elle affichait s'accentuait et ses yeux brillaient d'émerveillement ; peut-être même l'émotion la prenait-elle un peu.

    De loin, ainsi que dans mes livres. Je n'ai jamais pu m'en approcher, cela m'était interdit. Je...

    S'accordant une inspiration entre ses lèvres, elle soupira longuement, éclaircissant son esprit qui luttait toujours contre l'odeur très forte.

    Je les ai toujours trouvés magnifiques. J'ai tellement rêvé de pouvoir un jour monter sur un cheval, partir au galop, juste ça, comme dans mes livres.

    L'animal bougea légèrement la tête et Gardenia, se sentant un peu audacieuse, leva sa deuxième main, se rapprochant en même temps. Son rythme cardiaque s'emballait sous l'euphorie de pouvoir réaliser un rêve de gamine. Elle se risqua à venir caresser la joue du cheval qui se laissait faire sous les gestes attentionnés de la jeune femme.

    Je crois que, d'une certaine façon, je les admire...

    Un pas de plus ; elle se mordit la lèvre doucement, puis risqua on front vers le chanfrein du cheval. Le contact ne pu durer qu'un petit instant avant que l'équidé ne s'extirpe, arrachant un rire amusé à Gardenia qui s'éloigna d'un pas. Un mal de tête se faisait sentir, déjà. Malheureusement. Les odeurs des écuries étaient trop fortes. Mais... elle ne voulait pas partir. Un mélange de frustration et de bonheur se mêlaient dans son ventre, l'un parce qu'elle aimerait rester plutôt longtemps, l'autre parce qu'elle était contente d'avoir déjà pu faire cette rencontre.

    Ce fut peut-être parce qu'elle dépassait ses limites habituelles qu'elle ne se sentit pas céder à la première émotion. Ses yeux s'étaient soudainement embués de larmes qu'elle tenta vainement de refouler, déglutissant avec difficultés. Honteuse mais surtout confuse elle-même, elle chercha du réconfort auprès de l'animal, revenant à son contact, évitant tout regard en direction de Nivan pour ne pas avoir à l'affronter. Les mots ne venaient plus, bloqués dans sa gorge, alors qu'elle songeait à tout ce qu'elle avait pu rater durant sa jeunesse en s'étant ainsi pliée au confinement. Où serait-elle aujourd'hui si elle avait osé avant, ne serait-ce qu'un peu ? Aurait-elle su s'affirmer et apprendre à contrôler ce pouvoir ? Serait-elle aujourd'hui capable de chevaucher une de ces beautés ?
    Nul ne pouvait savoir. A se torturer ainsi l'esprit, Gardenia se frustra davantage et les larmes coulaient tranquillement, sans précipitation, sans qu'aucun sanglot ou bruit ne lui échappe. Juste un moment d'égarement, une émotion un peu trop forte pour qu'elle sache la contenir, avant qu'elle ne murmure un faible mot.

    Merci.

    Parfois, c'était juste tout ce qu'il fallait dire.
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    Re: Le Grand Saut
    Sam 13 Fév 2021 - 18:28 #
    Nivan n'avait pas bougé. Laissant la jeune femme faire ses propres expériences. Il ne pouvait pas réellement imaginer ce qui lui passait par la tête en ce moment même. Probable que l'odeur et les sensations soient tellement exacerbées qu'elle en deviennent trop vives. Mais le forgeron pensait qu'en l'exposant ainsi plus régulièrement, ses parents ou ses tuteurs, auraient pu atténuer le ressenti de la jeune femme. Ce n'était qu'une théorie qu'il garderait pour lui, n'ayant pas la prétention de dire qu'il savait comment fonctionne les choses.

    S'il n'était pas surpris du caractère interdit de leur escapade, il s'offusquait intérieurement de savoir que l'on puisse continuer d'interdire à une jeune femme à priori majeure. Quoi que. En fait, Nivan n'avait aucune idée de l'âge qu'elle pouvait avoir. Il n'avait pas non plus réfléchit au fait qu'il pourrait avoir des problèmes si on l'accusait de l'avoir encouragé dans sa fugue, ou pire encore, de l'avoir enlevée. La pensée lui traversa l'esprit un quart de seconde avant de disparaitre aussi rapidement qu'elle était arrivée. Nivan réfléchissait assez rarement aux conséquences. Et il n'assumait que les responsabilité qui lui incombaient. Il savait se défendre.

    "Tu pourras sûrement, un jour. Mais il faut que tu apprennes. Ce sont des animaux sensibles, comme toi. Ils peuvent se montrer surprenant". Repris Nivan, croisant ses bras sur son torse, posant un pied sur le mur de l'écurie, sans quitter le ciel du regard. Il aimait ces paysages nocturne, cette quiétude. La lueur blafarde d'un croissant de lune éclairait faiblement le toit des bâtiments à la fenêtre desquels dansaient la lueur chaude des chandelles et des cheminées. De nombreuse bâtisses étaient éteintes, signe de la torpeur de leurs habitants. C'était ainsi que Nivan avait toujours préférée la Capitale. Endormie.

    Et alors que le silence s'étirait, interrompu jusqu'alors, le forgeron devina l'émotion de la jeune femme. Il ne l'entendait pas. Mais son silence soudain trahissait quelque chose. Il ne la regarda pas. Volontairement, jugeant que ce moment lui appartenait, il se contenta de rester impassible. Ce n'est que lorsqu'elle repris la parole qu'il baissa son regard vers elle, sans un mot, dans un premier temps. Il lui adressa un signe de tête pour signifier qu'elle ne lui devait rien. Il ne repris pas la parole tout de suite. Il savait que parfois, le silence valait bien plus que des mots choisis uniquement pour le briser.

    "Si tu as pu faire tout ça aujourd'hui, tu fera bien plus encore demain". Repris Nivan en s'approchant, posant une main sur l'encolure de l'animal blanc. Encore une fois, il resta silencieux quelques secondes avant de reprendre. "Laisses toi du temps". Conseilla t-il alors d'une voix sans timbre. Malgré sa bienveillance à son égard, il n'avait pas quitté son masque de marbre. "Tu veux rentrer?" Questionna t-il simplement. Pas qu'il ai envie de se débarrasser d'elle. Mais elle semblait éprouvée par ce qu'elle avait vécu ce soir là. Peut-être souhaitait elle désormais retourner chez elle. Ceci dit, il n'oubliait pas les mots qu'elle avait prononcé plus tôt. "Je n'ai pas envie de rentrer chez moi". Ses mots résonnaient encore dans la tête de Nivan. Parce que lui même les avaient tellement pensé autrefois. Il aurait aimé aussi que quelqu'un le sorte un peu de son quotidien alors...Il était heureux de le faire pour Gardenia.

     
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    Re: Le Grand Saut
    Sam 13 Fév 2021 - 21:18 #
    Comme depuis le début, Nivan était encourageant. Raisonnable, mais encourageant. Il ne cherchait pas à lui vendre du rêve et restait simple et juste dans ses propos ; il disait ce qui était à dire. Gardenia n'avait pas besoin qu'on la soutienne avec véhémence, qu'on lui prouve une quelconque affection ou qu'on encense sa détermination plus qu'elle ne l'était déjà. Ce n'était pas nécessaire. Même si elle ignorait beaucoup de choses, Gardenia avait eu du temps pour réfléchir, se poser des questions ; l'introspection était quelque chose de naturel et fréquent chez elle. Aussi, la discrétion du forgeron anobli était plus qu'appréciée. C'était comme lui dire qu'il la comprenait, d'une certaine façon, et qu'il ne la jugeait pas.

    Alors que Nivan se rapprochait, Gardenia essuya d'un revers de main la dernière de ses larmes, parvenant à contenir les autres. Il se rapprochait même plus qu'un peu, Gardenia touchant toujours la tête de l'animal avec douceur. Elle hésita un bref instant à le regarder, sachant que ses yeux étaient toujours un peu humide, mais se décida tout de même à poser les yeux sur l'homme qui l'avait sauvée ce soir.
    Être côte à côte ne faisait qu'accentuer la différence de taille entre eux. Il lui semblait également bien moins intimidant qu'au départ, parvenant même à trouver une certaine douceur dans ses traits. Un léger sourire étira les lèvres de Gardenia qui caressa une dernière fois le cheval avant de se reculer de quelques pas.

    Je ne le veux pas, mais c'est le plus raisonnable. Ses yeux se portèrent à nouveau sur Nivan. Vous avez encore des choses à faire et je ne tiens pas à créer un mouvement de panique chez moi. Allons-y.

    D'un hochement de tête léger, Gardenia salua le cheval et fut celle qui ouvrit la marche, les odeurs encore plein la tête. Après quelques pas seulement, le maux de tête fut plus violent, le mouvement accentuant certainement la douleur. Sa main portée à sa tempe, elle fronça les sourcils mais ne s'arrêta pas, marchant avec lenteur pour éviter d'aggraver son état. Le léger bourdonnement qui était venu l'importuner diminua progressivement, à mesure qu'ils s'éloignaient. Nivan avait fini par la guider sans qu'elle ne fasse vraiment attention, suivant l'homme sans y réfléchir. Il lui fallut encore quelques minutes avant qu'elle reprenne pleinement ses esprits et, un peu retrait, finisse par l'appeler, une question lui traversant l'esprit.

    Nivan.

    Pour elle, la question semblait évident et irréfléchie. Une impulsion, une curiosité, appelez-ça comme vous voulez ;

    Pourrais-je vous revoir ?

    Pour le remercier, mais aussi parce qu'il l'intriguait en tant qu'individu. Il n'était pas du tout la première rencontre qu'elle avait imaginé faire et une petite voix intérieure lui disait qu'il fallait qu'elle le revoit. Elle ne savait pas tant pourquoi, mais c'était un sentiment relativement fort. Ses yeux était sur lui, sûrs d'eux. Il n'y avait pas eu la moindre hésitation dans sa voix.
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    Re: Le Grand Saut
    Sam 13 Fév 2021 - 21:55 #
    Elle avait acquiescée. Visiblement à contrecœur, mais elle semblait du même avis que lui concernant le fait qu'il s'agissait là de la meilleure chose à faire. Nivan n'aurait pas été contre le fait de poursuivre, mais il savait également qu'il fallait aussi tenir compte du rythme que la jeune femme était capable de suivre. Et pour l'heure, ses émotions semblaient trop fortes pour que le reste puisse être positif. Le forgeron ne voulait pas qu'elle ai un mauvais souvenir de son escapade. Sans quoi elle risquerait de ne pas en vouloir d'autre.

    Il avait donc fait demi tour, reprenant la rue de la forge dans un premier temps. Elle le guiderait sûrement par la suite. Après tout, s'il se proposait de la raccompagner, il ne savait pas pour autant où. Quoi qu'il en soit, il poursuivi sa route, sans hâter le pas, mais sans trop traîner non plus. Sans doute était t-il préférable qu'elle ne demeure pas dehors trop longtemps. Elle avait raison sur le dernier point: terminer sur une panique ne serait pas la meilleure des experiences.

    Parvenu sur la petite place sur laquelle se trouvait la forge, il s'était apprêtait à se retourner vers la jeune femme afin de lui demander le chemin à suivre. Elle l'avait devancé, l'interpellant soudainement. "Oui?" Avait il répondu simplement, en lui faisant désormais face. Et alors qu'elle annonçait sa requête, il fut suffisamment surpris pour que cela se remarque. Bien qu'il repris soudainement une expression quasi figée. Il n'avait pas franchement l'habitude que les gens veuillent le revoir. C'était un peu l'inverse en fait, le plus souvent. Ordinairement, on préférait le prendre pour un parvenu vaniteux. Il s'en accommodait sans mal, à vrai dire.

    "Bien sûr. Tu sais où est ma forge." Indiqua simplement Nivan alors qu'elle lui indiquait le chemin pour la reconduire. Alors qu'ils parvenaient non loin de la destination, il lui donna une dernière indication. "Je suis souvent à la forge, mais si tu ne m'y trouve pas, tu peux y laisser un messages, les forgerons qui y travaillent me le transmettrons." Proposa t-il simplement alors qu'ils arrivaient à destination. Nivan se stoppa un court instant. "Bonne nuit Gardenia". Acheva t-il avant de la laisser rentrer. Il ne quitta la rue pour rentrer chez lui que lorsqu'il fût certain qu'elle soit bien rentrée.

     
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