L’eau était atrocement froide pour ne pas dire glacée. En même temps, les températures étaient soudain redescendues cette semaine. Le froid n’était pas un problème pour notre montagnard, mais il ne fallait pas non plus tenter la malchance. Il prit donc soin de sa toilette le plus rapidement possible, avant de courir encore trempé jusqu’à son feu de camp. Bon OK, pas si insensible au froid que ça … Il récupéra en vitesse un morceau de tissus qu’il avait préparé pour se sécher quand une piqûre froide vint s’attaquer à sa nuque.
Ne bouge plus si tu tiens à ta tête.
Aord ne pouvait pas voir celui qui avait parlé, mais il sentait clairement le contact froid de sa lame qui n’attendait qu’une impulsion de sa part pour lui traverser la gorge. Il obéit sans discuter levant doucement les mains en l’air ce qui l’empêchait par ailleurs de cacher son anatomie exposée au grand jour. La situation était délicate et … gênante. Le jeune homme se maudit d’être aussi insouciant parfois. Il était dans de beaux draps, il ne restait plus qu’à coopérer gentiment et guetter une opportunité de régler son compte à son nouvel « ami ».
Allons, mon ami, pas besoin de sortir ta lame. On peut parler entre gens civil …
Ferme ta gueule ducon.
Il augmenta la pression du métal, faisant ruisseler une petite goutte de sang le long de la nuque de notre frère. Oooook, discuter ne marchait pas alors il allait gentiment la fermer et voir comment ça se passait. Il n’attendit pas longtemps, car deux autres vauriens sortirent des broussailles. Il était encore plus dans la merde, maintenant que deux gars armés et costaud se trouvaient entre lui et ses affaires. Il se sentit jauger du regard, ce qui était des plus gênant vu sa condition. Il resta stoïque face à l’indiscrète inspection. Ce devait être ça qu’on ressentait quand on travaillait dans les maisons de plaisirs. Sauf qu’il n’était pas payé pour ces conneries lui ! Ses ruminations intérieures furent brutalement interrompues quand il sentit la pression de la lame diminuer, tandis que son ravisseur ordonnait aux autres de fouiller ses affaires. La lame avait glissé devant sa gorge tandis que le malfrat aboyait. Aord avait juste le temps de glisser sa main gauche entre elle et ses artères. En plus, dans la position où il était ses mains étaient pile à la bonne hauteur. Il attendit que les comparses se penchent sur ses affaires et empoigna la lame de la dague de sa main gauche et émettant un léger râle de douleur quand elle lui trancha la paume. Il gratifia également l’autre salop d’un violent coup de coude de son bras droit dans les côtes qui lui fit relâcher la tension dans son bras juste assez longtemps pour qu’il l’écarte de sa gorge et se dégage de son étreinte.
Il courut immédiatement vers ses affaires profitant de la position désavantageuse des deux autres, il allait leur envoyer un bon coup de pied et un coup de poing pour les déséquilibrer et s’enfuir avec le maximum d’affaires ou au moins récupérer son arme. Malheureusement, la déesse avait d’autres projets pour son serviteur. Une violente détonation sortie de nulle part retentit et le jeune homme se sentit projeter en arrière. Une simple pensée traversa son esprit avant qu’il s’écrase deux mètres plus loin : est-ce un pet qu’il avait entendu ? Il gémit en se relevant difficilement à cause du choc en grommelant :
Non, mais c’est quoi cette magie de m…
POUUM
Le jeune frère s’écroula promptement assommé par le troisième vaurien.
Tain, mais c’est quoi son problème à c’ui là ? Il peut pas se tenir tranquille au lieu de courir à oilp ?
Et mec, je crois que c’est un prêtre, regardes-y a sa putain de robe dans le sac !
Merde ! Ça apporte le mauvais œil de tuer un prêtre. On fait quoi boss ?
Le premier à avoir attaqué se massait le flanc droit encore endolori. Il s’approcha de l’infortuné et lui colla plusieurs de coup de pied pour lui rendre la monnaie de sa pièce. Aord n’en avait cure vu qu’il était inconscient, mais ça le semblait détendre. Il termina son passage à tabac par un crachat de mépris.
Foutu connard. J’veux pas du mauvais œil. Attachez-le, il aura qu’à prier qu’on le retrouve !
Les trois bandits lui attachèrent donc les mains et les pieds, avant de partir en riant emportant toutes ses affaires et même ses sous-vêtements. Ils laissèrent le jeune Aord inconscient et complètement dépouillé au milieu de la clairière.
Soudainement, un bruit sourd retentis, ce qui freina sa marche instantanément. Plusieurs secondes passèrent, avant qu'elle n'aperçoit trois hommes sortir de nulle part. Ils étaient tous en train de s'esclaffer comme des vauriens après un mauvais coup. N'ayant pas l'air de l'avoir apperçu, les trois hommes continuèrent leurs manèges devant les yeux d'Ellyanna. Pendant que l'un se frottait les côtes, l'autre vidait une sacoche sur le sol, tout en rallant. Bien sûr, il aurait fallu être aveugle pour ne pas voir ce qui se passait là, avec la fumé d'un feu de camp un peu plus loin, pas besoin d'être détective pour voir que ce qu'il avait avec eux étaient loin de leur appartenir.
Ellyanna soupira. C'est qu'elle détestait les malfrats et voleurs. Ne voyant personne dans les parages et ayant tout de même bon coeur, malgré son caractère de glace, elle décida de leur reprendre ce qu'ils avaient volé. Puis, après tout, n'était-ce pas le moment parfait pour réellement voir si ses entrainements solo de corps-à-corps portaient fruits ?!
S'approchant d'un pas déterminé, le capuchon toujours devant le visage, elle s'arrêta à quelque mètre des trois hommes, restant là, à attendre leur réaction. Bien que du haut de ses 5'3s pieds, elle n'avait pas vraiment l'air de taille au côté de trois costauds armées.
En la voyant, deux des hommes la menaça de leurs armes.
- Qu'est-ce que tu fous là toi ?! Dis l'un d'eux en s'approchant d'elle de manière hostile.
Pour Ellyanna, parler avec des voleurs tels que ceux-là n'en valaient pas la peine. N'étant déjà pas une grande bavarde, elle préférait leur répondre d'une autre façon.
Une fois l'homme arrivé à bonne hauteur, elle lui assenna un coup de genou entre les jambes, avant de lui frapper directement les oreilles à mains ouvertes. Ceci a pour effet de déséquilibrer son adversaire et lui fit ressentir une douleur extrêmement vive qui le fit hurler, faisant accourir ses deux compagnons. Cela l'avait du moins assez sonné pour qu'il tombe sur ses genoux, les mains sur les oreilles, avant qu'elle ne lui assène un coup de genou directement dans le visage, lui cassant le nez et lui faisant perdre connaissance.
En voyant cela, les deux autres accourus vers elle en ragent. Enlevant rapidement sa cape, elle la lança sur l'homme qui semblait déjà blesser aux côtes, afin de prendre ces cinq secondes d'esquive pour assener deux coups rapide et puissant dans les reins et le foie de celui qui avait vidé le sac au sol. Un coup bien placer au niveau des reins provoqua une forte douleur à son assaillant, mais le coup dans le foie lui coupa directement l'arrivée en oxygène, ce qui eut comme effet de le faire tomber comme une planche a direct le sol, essayant de retrouver son air.
C'étant libéré de la cape, le dernier hurla de colère en courant vers Ellyanna. Elle n'eu pas le temps de se retourner, qu'elle reçut un énorme coup au visage, la faisant tomber au sol. C'était mordu l'intérieur de la joue droite et la lèvre par le fait même, elle se mit à saigner vivement.
- Le jeu de jambe va être à revoir.... Ce dit-elle en grimacant.
L'homme arriva vers elle et l'empoigna à la gorge. Elle n'arrivait plus à respirer, mais c'est à ce moment qu'elle repensa à la dague qu'elle garde toujours cachée dans sa botte droite. Immédiatement, elle la saisie et fit une profonde entaille à l'avant-bras de l'homme. Il la relâcha. Puis, elle lui planta la lame directement dans l'épaule, ce qui le fit hurler de douleur.
Le premier homme ayant eu le temps de reprendre quelque peu ses esprits, empoigna celui qui cherchait toujours son souffle et se mit à s'enfuir tout en criant à l'homme ensanglanté de les suivre. Ce qu'il fit, non pas sans haine. Il cracha aux pieds d'Ellyanna avant de partir en courant, perdant une bonne quantité de sang. Il avait l'air assez amoché et laissait une trainer de sang derrière lui, mais elle ne l'avait pas suffisamment blessé pour le tuer.
Elle ne les pourchassa pas, ce disant qu'ils avaient dû en avoir assez. Elle cracha un filet de sang, dû à ses blessures à la joue et la lèvre, puis alla récupérer sa cape et le sac. Elle prit soin de tout remettre les effets à l'intérieur, même les... sous-vêtements ?! En voyant cela, Ellyanna eut un petit jugement rapide et bien des questions, mais n'en fit pas plus.
Une fois rendu à la hauteur du feu de camp, Ellyanna remarqua immédiatement un corps au sol. Bien sûr, elle alla rapidement vers lui, utilisant la même dague encore couverte de sang pour détacher les liens de l'homme, avant d'utiliser ses dernières force pour le redresser et l'adosser à une grande roche.
- Et moi qui croyais avoir tout vu... Dit-elle tout bas. En laissant glisser curieusement ses yeux un peu partout......
Tout vu, ce n'était pas peu dire. L'homme était nu comme Ver et, bien qu'elle ne soit pas une jeune femme des plus perverses, elle ne s'écoeurait jamais devant un corps sans vêtements ! Mais bon, elle avait tout de même une certaine politesse et s'empressa de le couvrir avec sa lourde cape. Observant l'homme davantage, elle remarqua l'entaille dans sa main, ce qui la fit serrer les dents. Elle connaissait trop bien ce genre de douleur.
Déposant le sac de l'homme non loin de lui, elle coupa le bas de sa cape pour en faire deux morceaux de tissu. S'empressant d'aller en tremper un dans l'eau du lac, elle revint pour essuyer le sang de la blessure, avant d'enrouler le deuxième autour de sa main, de façon a créé un genre de pansement improvisé.
Les liens détachés, l'homme adossé à la roche, sa blessure panser, ses effets retrouvés et la cape d'Ellyanna cachant son corps nu, elle se redressa pour voir au loin, cherchant et écoutant. Les voleurs semblaient bien partis, mais elle préférait rester sur ses gardes...
Épuisée, elle cracha encore une fois un peu de sang avant de ce coucher sur le sol. Non, elle n'allait pas partir avant que l'homme est repris suffisamment ses esprits, bien qu'elle n'ait aucune dette envers lui et n'avait aucunement à faire tout cela. Elle tourna légèrement la tête vers le malchanceux, trouvant tout de même la situation assez cocasse et aborda un sourire. Un sourire !? Ellyanna n'avait aucunement l'habitude de sourire aussi facilement, mais là... C'était assez loufoque comme événement. Elle préféra tout de même garder le silence et ses distances. Oui, elle l'avait aidé, oui elle avait très bien remarqué la tunique, mais elle sait tout de même qu'après une attaque pareil il allait peut-être être ébranlé et vu la taille de l'homme comparé à la sienne, elle préférait reprendre son souffle à l'écart.
Le jeune homme prit soudain conscience de ses blessures. Tout son corps irradiait de concert avec sa tête quand il ouvrit mollement les yeux. Il essaya de bouger, mais la contraction de ses muscles ne fit qu’appuyer davantage sur les zones endolories le faisant grommeler dans sa barbe. Cette journée était vraiment merdique ! Il ouvrit un peu plus les yeux et aperçut une jeune femme allongée un peu plus loin. Savoir qu’il n’était pas seul le réveilla un peu plus, l’adrénaline du combat n’étant pas encore totalement dissipée. Il la dévisagea longuement, laissant courir ses yeux le long de ses formes, avant de les arrêter sur une dague enduite de sang. Il fronça les sourcils devenant soudain beaucoup plus méfiants.
Sans quitter la femme des yeux, il parcourut la clairière du regard à la recherche d’informations. Il comprit d’abord qu’on ne l’avait pas déplacé pendant qu’il était inconscient, puis il avisa son sac et ses affaires. Le frère s’étonna de leur présence, convaincu que les bandits seraient partis avec. Loué soit Lucy, il n’aurait pas besoin de faire amende honorable auprès du temple pour s’acheter de nouvelles affaires et une nouvelle arme. Son esprit commençait à devenir plus clair et Aord réalisa enfin qu’il était quelque peu dévêtu. Il attrapa machinalement la cape qui commençait à glisser sur son torse et ses joues rosirent quelque peu. La femme ne devait pas pouvoir le remarquer à cette distance. Cette cape ne lui appartenait pas, c’était une certitude et ce bandage …
La femme n’avait toujours rien dit, mais elle n’avait pas marqué d’hostilité envers lui. Peut-être bien qu’elle l’avait sauvé ? Autant tenter la communication, même ça n’avait pas fait ses preuves la dernière fois.
C’est … hum … une belle journée n’est-ce pas ?
La phrase la plus inutile du monde, mais soyons sérieux deux minutes contrairement à ce rp, que pouvait-il dire d’autre dans cette situation ? La déesse jouait vraiment avec sa foi. Il entreprit de se relever doucement en utilisant la pierre derrière lui pour trouver un appui. Pendant toute l’opération, il ne tint la cape que d’une main, ce qui était beaucoup moins pratique pour se cacher efficacement. L’opération fut lente, laissant largement le temps à l’étrangère de profiter de la vue si l’envie lui en prenait. Une fois debout, le jeune homme la regarda un peu gêné, puis il pointa ses habits du doigt et ensuite son corps tout entier.
Vous allez me planter si je …
Il haussa un sourcil interrogateur pour la supplier de ne pas s’interposer entre lui et la décence. Si elle ne s’opposait pas, il irait récupérer ses habits en pas-chassé, avant de se diriger derrière les buissons pour se vêtir plus dignement. Tandis qu’il s’habillait à l’abri de toute atteinte à la pudeur, il s’écria :
Comment avez-vous fait pour récupérer mes affaires à ces malfrats ? C’est la déesse elle-même qui a dû vous envoyer !
Il sortit de derrière son arbre, portant cette fois sa tenue habituelle en cuir et en fourrure décidément bien plus appréciable que sa tenue « au naturel ».
Oh, je ne me suis pas présenté. Frère Svenn, à votre service.
Il se fendit d’une petite révérence ironique, en la regardant d’un air amusé.