"Et toi Aslander? Un mec comme toi j'suis sûr qu'il peut en raconter pas mal!"
Je ris doucement en prenant une gorgée de mon breuvage et en secouant simplement la tête. Me voici attablé dans une taverne de la capitale, pour l'occasion j'ai de quoi fêter et cela tombe bien! J'ai croisé par le plus grand des hasards un groupe de fêtard et après quelques verres offerts, nous voici déjà comme de grands amis en train de discuter, ce genre de petites frivolités sans importance autours d'un verre qui me manquent souvent de l'époque durant laquelle j'étais pirate. Ici, il faut avouer que mes compagnons de boisson, bien que fort sympathiques, sont également bien jeunes! Le plus âgé ayant tout au plus vingt-cinq ans... Il n'est pas rare que chez les jeunes gens, les hormones travaillent et l'amour soit forcément un sujet de considération! On se demande si l'on rencontrera la femme - ou l'homme - aimée, comment cela se passera, s'il y aura une magnifique romance et si cela durera toute la vie... Grotesque! Certes, mais je ne peux le leur reprocher! Sauf que voilà, je suis bel homme c'est un fait, je suis plus âgé, plus mature, plus mur et de ce fait, les voici qui me regardent tous en attendant une réponse qui risque malheureusement d'être bien moins positive que ce qu'ils attendent : Ai-je des histoires de romance à raconter? Des belles envolées lyrique pour clamer que l'amour est merveilleuse, peut-être même une conjointe m'attendant au port?
"Navré messieurs mais je crains que mon histoire ne vous déçoive... Vous voulez que je vous raconte ma plus grande romance? Alors voici... Elle s'appelait Candice. Elle était très belle, très sympathique également et le plus intéressant : Relativement bon marché!" Dis-je alors que leurs mines attentives semblent soudainement réaliser la portée de mes propos. "Et oui messieurs, c'était une professionnelle d'une qualité comme on n'en retrouve plus c'est moi qui vous le dis!" Au bout de quelques secondes durant lesquelles ils doivent sans aucun doute se demander si je suis sérieux ou non, l'un de mes compagnons de soirée finit par briser le silence. "Mais... Tu ne veux pas rencontrer quelqu'un? Avoir quelque chose de plus sincère?" Je soupire doucement, regardant le jeune homme avec une certaine lassitude. Pourquoi faudrait-il absolument vivre une grande romance, finir attaché à une seule personne, se priver de tous les plaisirs de l'existence simplement parce que l'on veut nous faire croire que le bonheur implique forcément d'être en couple? "Pourquoi le voudrais-je? Qu'est-ce que cela m'apporterait? Quelqu'un qui m'empêche de faire ce que je désire, qui s'inquiète lorsque je pars, qui finirait par étouffer ma liberté! Non mon brave ami, pour moi c'est cela la plus belle romance : la liberté! Ma relation idéale ne dure qu'une nuit d'intense plaisir sans lendemain et sans les problèmes inhérents à la vie de couple! Il y a bien plus important que l'amour et les autres conneries du genre!"
Dis-je en levant mon verre. Je doute de les convaincre, peut-être ai-je tort mais c'est un débat qui n'a pas lieux d'être! Chacun son opinion! Je préfère l'aventure, la liberté, certaines amitiés mutuellement bénéfique qu'une relation fermée dans laquelle j'aurais vite fait de me mourir! Et d'ailleurs... "Sur ce, veuillez m'excuser mes braves mais il est temps de prendre mon départ... J'ai de la route demain!" Je salut ainsi mes nouveau compagnons, effectivement la route jusqu'au grand port est longue mais, je peux bien faire un petit détour pour voir une amie... Je quittes donc l'établissement, rejoignant Orisha qui m'attendait devant ce-dernier et nous retournons jusqu'à notre lieu de séjour. Je graisse la patte de l'aubergiste pour qu'il laisse mon compagnon entrer dans l'établissement - hors de question qu'il dorme dans une vulgaire écurie bas de gamme - et il dort au pied du lit alors que je prépare la suite des événements.
Quelques jours plus tard, une sonnette tinte de manière sonore alors que je passe la porte d'une boutique, je suis accueillis par une jeune demoiselle : "Bonjour et bienv... Ah..." me dit-elle avec ce regard si spécifique qui semble juger ma présence en ce lieu... Je souris en coin, regardant la jeune fille comme si de rien n'était. "Bonjour Irhu! Toujours un plaisir de voir un si radieux rayon de soleil!" Dis-je ironique mais relativement amusé. "Nemue est-elle là?"
- Si Nemue est là? Non, elle est de sortie aujourd’hui. Dommage, n’est-ce pas? Maintenant que vous le savez, vous pouvez dès à présent quitter la boutique. Nous n’apprécions pas spécialement les flâneurs, ajouta la jeune femme d’un ton empressé, comme si elle cherchait à le chasser.
Mais bien évidemment, la dame n’était jamais bien loin, et bien qu’elle était occupée, elle n’était pas sourde non plus. La sorcière ne put s’empêcher de sourire lorsqu’elle entendit sa jeune protéger tenter de chasser son ami. Irhu ne l’appréciait pas spécialement et n’aimait surtout pas que ce de dernier tourne autour de Nemue de la sorte bien qu’elle ne sache pas la moitié des choses qu’il se passait entre eux et c’était mieux ainsi.
La demoiselle quitta alors son poste, abandonnant ainsi ce qu’elle était en train de faire au côté du porte-bougie surpris par la disparition soudaine de sa propriétaire.
- Nemue?! Mais où avez-vous donc disparu?
L’ignorant complètement, Nemue ouvrit alors la porte entrouverte de son laboratoire et, toujours aussi élégante, s’avança alors au travers des allées en jetant un petit regard plissé en direction de Irhu qui fit comme si de rien était et s’éloigna aussitôt du comptoir pour fuir.
- Il me semblait bien avoir reconnu cette voix. Je suis bien heureuse de vous voir aujourd’hui. Que me vaut votre visite? Vous recherchez quelque chose en particulier?
Elle s’avança jusqu’à ce dernier pour le saluer plus convenablement. Après tout, entre eux, il n’y avait plus aucune gêne et bien que ce dernier cherchait toujours à lui faire des baises mains quand il en avait la chance, Nemue, elle, était surtout du genre tactile n’hésitant pas une seule seconde à se coller à lui pour lui faire une simple bise. Des yeux suspicieux les observaient au loin, alors autant ne pas faire exprès de chercher le courroux de la jeune demoiselle.
Elle s’appuya alors sur le comptoir et le corbeau qui surveillait l’entrée vint alors se déposer aux côtés de sa maîtresse et pencha doucement la tête de chaque côté, en observant l’homme qui se tenait tout près. Nemue lui jeta un regard de côté et vint lui caresser doucement le poitrail plumeux d’un doigt. Sachant qu’il appréciait lorsqu’elle faisait cela, ce dernier ouvrit légèrement le bec en laissant échapper un léger roucoulement heureux. – Adorable, dit-elle tout simplement avant de rapporter son attention sur son ami devant elle.
Cette jeune demoiselle n'est pas réellement un mystère! Certes il est surprenant que mes charmes ne fonctionnent pas spécialement sur sa personne mais en même temps, il faut aussi dire que j'ai promis à Nemue, lors de mon premier passage dans sa boutique, de ne pas charmer sa protéger! Rien d'étonnant alors qu'elle puisse ne pas succomber! Cependant, c'est également une vilaine menteuse! Alors qu'elle affirme que la gérante des lieux n'est pas présente, je regarde directement en direction de cette porte derrière laquelle se trouve la pièce dans laquelle elle se cachait déjà lors de ma première visite et, comme de fait, voici que la dite porte s'ouvre pour laisser l'élégante silhouette de mon amie faire son apparition alors que Irhu m'abandonne sans même un baiser d'adieu, un drame certes mais bien vite chassé par le plaisir de revoir la belle jeune femme qui vient, sans gêne aucune, me prendre dans ses bras pour une accolade qui n'est - pour l'instant en tout cas - qu'amicale bien que, cela suffise pour que je sente les yeux de sa protégée tels deux poignards directement dans mon dos.
"En particulier? Pas réellement! Je dois avouer n'être que de passage et j'ai donc voulu en profiter pour venir vous voir cependant... Pour être tout à fait honnête, puisque de toute manière cette très charmante demoiselle prétend que vous vous êtes absentée, peut-être accepteriez-vous de m'accompagner pour un tour du village?" Lui dis-je avec mon éternel sourire charmeur tout en lui tendant la main. Main qu'elle accepte non sans un sourire complice, alors que nous nous mettons en route bien que, avant de quitter la demeure, je me tourne vers la jeune demoiselle qui, pour une raison inconnue ne semble pas m'apprécier, et décide de calmer les tensions entre nous. "N'ais crainte Irhu! Je sais que les minutes nous séparant sont interminables, elles déchirent également mon coeur à chaque instant cependant, nous nous reverrons lorsque je ramènerai Nemue ma très chère dulcinée!" Dis-je avec toute l'ironie du monde! Non pas que la demoiselle me soit antipathique, elle est mignonne et je suis sûr que l'on pourrait bien s'entendre si elle ne m'avait pas ainsi pris en grippe mais, puisqu'elle semble me tenir en basse estime, autant m'amuser de la situation! Je souris ensuite, prenant le bras de Nemue dans le mien, je la guide jusqu'à l'extérieur de la boutique.
"Je crains que ma petite plaisanterie ne me fasse pas gagner des points avec votre protégée..." Dis-je en riant doucement. "Alors ma belle amie dites-moi, qu'y a-t-il de beau à voir à Manillam? Mes dernières visites sont toujours brèves et je n'ai jamais eu le temps de découvrir ce charmant village! Autant donc le faire en charmante compagnie..."
Aslander était donc uniquement de passage et bien que ce fût le cas, elle était heureuse que ce dernier ait pensé à elle et ne le cacha pas lui offrant ainsi un sourire charmeur. Après tout, ce dernier n’était pas le seul à savoir usé de mimique pour gagner quelque chose même si pour une fois, elle n’attendait rien de ce dernier. C’était une visite surprise qui allait très certainement se transformer en balade puisqu’il l’invita ainsi à faire le tour du village tout en usant des paroles de la jeune protégée ce qui amusa la sorcière. – Eh bien, puisque je ne suis pas ici, cela ne devrait pas poser de problème. Après tout, Irhu se débrouille très bien sans moi et comme je lui fais assez confiance pour la laisser seule, elle pourra le rester encore un moment.
Faisant un pas sur le côté pour regarder derrière ce dernier, elle crut voir une demoiselle grimaçante en direction d’eux deux ce qui arracha un rire à Nemue. S’il y avait bien des gens avec qui elle pouvait agir naturellement c’était bien avec Irhu et son frère ainsi qu’Aslander. Même avec ses parents, elle se gardait une petite gêne pour certaines choses, mais bon, quel enfant n’avait pas de secret pour ses parents? Du coup, elle prit volontiers le bras qui lui était offert et le suivit, même s’il s’arrêta pour embêter un peu Irhu qui ne semblait pas savoir où se mettre. Hésitante entre la gêne et la honte, elle préféra se détourner et vaquer à d’autres occupations.
- Ne vous inquiétez pas pour elle. Elle est timide et je crois qu’elle et son frère se sont donné le devoir de veiller sur moi. Elle vous a dans le collimateur, mais quand elle réalisera que vous êtes quelques de bien et non une mauvaise personne, elle s’adoucira, enfin je l’espère.
Même elle n’était pas totalement sûre, mais bon. Elle s’était habituée à l’attitude de la jeune fille qui semblait simplement se protéger des relations toxiques en tout genre. Vivre dans la rue en compagnie de son frère lui avait forgé un caractère assez présent et qui ne plaisait pas à tous.
- Un tour du village en guise de rendez-vous galant? C’est une excellente idée!
Bon, ce n’était pas spécialement romantique, mais un rendez-vous restait un rendez-vous, non? Puis elle pourrait en profiter pour lui montrer à quel point à Manillam les villageois étaient accueillants et chaleureux. Ainsi, il pourra parler de l’expérience qu’il aura eue ici à ses connaissances. Elle ne pouvait pas espérer mieux vu l’orateur qu’il était.
- Enfin, je tiens quand même à prévenir que nous ne sommes pas à la capitale et bien que Manillam soit un grand village, certaines choses ne sont pas accessibles. Mais cela est déjà réfléchi avec le propriétaire de la compagnie Murmevent. Enfin, je ne vais pas vous ennuyer avec cela.
Entraînant alors ce dernier à sa suite, Nemue se dirigea aussitôt vers le marché public où de nombreux étalages étaient installés en face des commerces.
- Nous apprécions grandement le grand air et chaque fois qu’ils le peuvent, les commerçants s’installent en extérieur pour vendre leurs marchandises. Cela permet de garder le contact, personne ne s’enferme et c’est bien plus convivial.
Évidemment, il s’agissait de biens nécessaires pour la plupart des kiosques. Après tout, cela ne servait à rien pour le moment de tenter de vendre des objets plus luxueux quand il n’y avait pas de clientèle pour cela. S’approchant alors de la boulangerie du coin, une petite dame se tenait à son comptoir le sourire aux lèvres.
- Nemue, ma belle enfant! Vous arrivez à point nommer! Une fournée de croissants vient tout juste de sortir du four. Vous en voulez?
- Huguette et son mari font les meilleurs pains et pâtisseries que j’ai pu manger jusqu’à présent.
- Oh, ne dites pas de bêtises! Je suis sûre qu’il y a des endroits bien meilleurs que chez nous. Enfin, entrez, entrez avant qu’on ne se jette dessus comme des petits pains chauds!
Tapotant d’une main l’épaule de la vieille femme, Nemue entraîna donc son ami à l’intérieur afin d’y récupérer les fameux croissants tout chaud et moelleux encore fumants. C’était un véritable délice! Et comme de fait, lorsque l’odeur de croissant frais se fut répandue dans la rue, cela attira bien des clients.
User des paroles d'une personne contre elle-même est toujours un certain plaisir on ne va pas se le cacher! Pour le coup, cela me permet de justifier l'absence de la belle dame puisque son employée affirme de toute manière qu'elle n'est point présente! Une porte que j'ouvre pour la "sorcière" et dans laquelle elle s'engouffre sans l'ombre d'une hésitation. Il faut avouer qu'après tout, elle et moi n'hésitons que rarement à passer du temps ensemble, surtout ces-derniers temps! Depuis nos retrouvailles parfaitement hasardeuse lors de la soirée organisée au palais par le prince héritier, nous nous revoyons régulièrement que ce soit pour des discussions entre amis, des instant plus intimes entre amants ou des missions qu'elle me confie afin que je lui vienne en aide - chose que je ne refuse jamais naturellement - et qui débouchent parfois sur plus encore... Mais soit! C'est donc bras dessus bras dessous que nous quittons l'établissement de mon amie non sans que je ne fasse une déclaration parfaitement fausse à sa jeune protégée qui semble avoir le rouge aux joues alors qu'elle se retourne rapidement pour vaguer à ses occupations devant mon regard amusé.
Bien-entendu Nemue explique l'attitude de la jeune fille, cette-dernière - tout comme son frère - se sont mit en tête de protéger la belle dame des relations qui pourraient être toxiques? J'ai de la peine pour Irhu en réalité, la pauvre m'a probablement très bien cernée! Certes, je ne comptes pas être toxique pour mon amie, loin de moi l'idée de profiter d'elle ou de l'attirer dans des affaires houleuses, cependant elle a raison sur un point, point sur lequel Nemue fait totalement erreur : je ne suis pas une bonne personne! "C'est une brave gamine..." Dis-je simplement avec un petit sourire sincère! En effet, la demoiselle est ce genre de personne pour laquelle j'éprouve un véritable respect et sans aucun doute un peu de peine! J'ose espérer ne jamais lui donner raison mais je sais que jamais je ne pourrais lui donner tort! "Voyons Nemue, vous savez bien que vos affaires ne me dérangent jamais!"
Et ainsi, nous prenons la route du village, un rendez-vous en quelque sorte qui, s'il n'est pas spécialement romantique, n'en reste pas moins un rendez-vous! Après tout, deux amis peuvent aussi faire une ballade ensemble, c'est une sorte de rendez-vous "galant" duquel on n'attends pas spécialement de l'amour ou la formation d'un couple ce qui, en réalité, me convient parfaitement! Nous allons donc tout d'abord sur la place du marché, pour cela il faut bien avouer que ce n'est pas très différent du grand port : les gens sont dehors, vendent leurs produits, il y a du bruit, de l'animation mais c'est tout de même un peu différent! En effet, tout le monde semble se connaître, les gens se saluent tous en souriant, comme une grande famille heureuse de se revoir! Bien-entendu, je ne doute pas que Mallinam ait aussi une part plus sombre, en réalité cela me fait également pensé à mon île natale de l'archipel, un endroit qui semble bien sous tout rapport mais lorsqu'on cherche un peu, les choses sont bien moins blanche que l'on pourrait le croire... Pour l'heure cependant, c'est une sympathique vieille dame que nous rencontrons et qui nous offre des croissants chaud et délicieux il faut bien l'avouer! L'art du travail manuel rend tout plus goûteux encore!
"Délicieux!" Dis-je en croquant dans la pâtisserie encore fumante alors que nous allons à contre-sens de la foule qui semble vouloir se ruer sur ces merveilles sucrées. Nous avançons ensuite le long du marché, regardant ça et là ce qui se vend, discutant avec les commerçants, tous semblent connaître Nemue... Je souris doucement, restant un peu à l'écart des conversations, ne voulant pas m'immiscer mais taisant surtout mon nom autant que possible! Se mon passé me rattrape un jour je ne veux pas que Nemue soit pointée du doigt... Alors que nous nous éloignons de la place du marché, je me permet de me remettre quelque peu en avant, me montrant plus présent dans la conversation.
"Il semble que tous vous apprécient... Non pas que j'en ai douté! Comment pourrait-on ne pas vous apprécier après tout?"
Il est vrai que Irhu est une brave gamine, mais elle ne dit rien au commentaire de son ami se contentant d’un simple sourire alors qu’ils s’éloignent tous les deux de la boutique pour circuler entre amis dans les rues du village. Bien que cela avait des allures d’un rendez-vous galant et que certaines têtes se tournaient dans leur direction, Nemue ne faisait que leur répondre d’un simple sourire. Après tout, si tout le monde la connaissait ici, ce n’était pas spécialement le cas du beau brun qui l’accompagnait. Peut-être pensait-il qu’il s’agissait d’un prétendant ou bien d’un nouvel amour, mais ils se trompaient tout simplement. Lui et elle ne feront jamais un tout et cela a été convenu depuis leur première rencontre. Il se voit, se fréquente en toute amitié, bien qu’il partage d’autres moments qui regardent qu’eux, mais ce n’est pas ce qu’elle attend d’un futur potentiel. Non, Nemue est peut-être une idéaliste voir une rêveuse. Elle rêve qu’un homme ou une femme se décide à la courtiser en prenant son temps, la sortir pour faire des activités, lui écrire des lettres. Bien qu’elle apprécie grandement les plaisirs de la chair, elle souhaite prendre son temps avec cette personne qui lui saura spécial. C’est le genre de romance idéale dont elle a toujours souhaité, et ce depuis qu’elle soit en âge d’y penser. Peut-être que le monde a bien changé, mais elle garde tout de même espoir. Un jour, elle trouvera la personne qui voudra prendre cette peine.
Enfin, ils s’étaient tous les deux diriger vers la place du marché où ils avaient pu manger l’un des croissants chauds de Huguette. Tout était préparé par les soins du couple et les voir travailler ainsi de concert était toujours beau à voir. Bien évidemment, au fur et à mesure qu’ils avançaient au travers de la rue, Nemue était interpellé par-ci et par-là et présentait Aslander comme son ami. Bien évidemment, elle s’était souvenue qu’il aimait bien jouer les mystérieux alors ne prononça pas une seule fois son nom. D’ailleurs, elle le voyait se faire plus discret derrière ce qui n’était une très bonne chose aux yeux de la femme. Pas envers lui, mais envers elle plutôt puisqu’elle avait l’impression de le mettre de côté et elle fit tout pour remédier à cela, saluant poliment et rapidement les villageois pour retourner auprès de ce dernier.
- Pardonnez-moi, dit-elle tout simplement alors que ce dernier lui fit une remarque qui n’était pas totalement fausse. Il est vrai qu’elle était fort appréciée ici. Elle cherchait à améliorer l’image de Manillam ainsi que la qualité de vie de ces derniers, mais elle ne pouvait le faire seule bien évidemment. Mais étant le médecin du village, elle connaissait la plupart d’entre eux et s’était toujours montrée professionnelle. Jamais elle n’avait parlé d’autrui à d’autre, certain se confiait à elle cherchant des conseils même côté émotionnel. Elle veillait sur eux d’une certaine façon, mais toute chose avait une part d’ombre et ceux qui connaissaient son secret ne l’appréciaient pas spécialement. Bien évidemment, elle s’assure de vérifier qu’il n’y a plus qu’eux deux pour parler.
- Il est facile de ne pas m’apprécier, vous savez. Quand on peut parler aux morts cela peut mettre en danger certaines personnes – surtout les coupables. J’essaie de garder cela le plus discret possible, bien que je reçoive toujours des familles en quête d’un dernier au revoir. Je leur fais signer des closes de confidentialités, mais parfois les rumeurs vont comme une traînée de poudre et on fini par me retrouver. Ce surnom de sorcière me colle bien à la peau. Enfin, heureusement que je sais bien mentir par occasion. Qui pourrait croire qu’un médecin qui prône la vie chercherait à réveiller les morts. Enfin, la sorcière a certainement bien des ennemis.
Après une petite conversation avec quelques commerçants durant laquelle je m'écarte un peu, Nemue revient, s'excusant et je secoue doucement la tête pour lui signaler que ce n'est rien! Après tout c'est mon choix aussi de garder une certaine distance avec ces braves gens! Je ne désire pas donner raison à Irhu et que ma présence ne soit négative pour la jeune femme! D'ailleurs, je la remercie grandement - et mentalement surtout ne l'exprimant pas oralement - de taire mon nom! Nul doute qu'elle sait que je ne veux pas forcément le révéler et même si elle n'en connait pas la raison principale, je lui suis reconnaissant de cette attention! Nous marchons un petit instant, nous éloignant de la foule alors que je souris tout en constatant quelque chose : la jeune femme semble fortement apprécié dans ce village! Bien-sûr cela me semble on ne peut plus logique! Après tout, elle fait de son mieux pour aider la population locale et non pas uniquement en sa qualité de soignante mais bien en essayant également d'apporter une certaine prospérité à Mallinam, un dévouement qui est tout à son honneur nul ne pourra dire le contraire!
Cependant, elle s'approche de moi, vérifiant à droite et à gauche que personne ne puisse réellement entendre ses propos et j'arque un sourcil, surpris et légèrement curieux de ce changement de précaution alors qu'elle commence à parler... Son pouvoir! Oui, elle m'en a déjà parlé lors de notre première rencontre, cette capacité qu'elle a de parler avec les esprits, cette spécificité qui lui a - en partie - valu son surnom de sorcière - surnom qui ne lui va définitivement pas que ce soit par son apparence ou par la clarté de ses actions - et je soupire doucement. N'est-ce pas ironique? Savoir qu'une bonne âme, sincère et honnête comme Nemue a des ennemis alors que moi, ancien pirate, toujours criminel par moment, suis plutôt apprécié de mes pairs mais également de la populace qui ne connait peut-être même pas mon nom? Une tragédie que cela et pourtant, la triste réalité est celle-ci! Cependant, si la "sorcière" de son surnom à beaucoup de personnes qui peuvent lui en vouloir, elle a également un ami bien présent et qui pourrait potentiellement se montrer plus dangereux que ses ennemis! Je souris donc doucement, l'armure brillante et chatoyante ne me va pas spécialement je le sais, je n'ai rien d'un chevalier blanc qui va courir à la rescousse de la veuve et de l'orphelin cependant, un chevalier noir qui châtie sans discernement ceux qui s'en prennent à ses amis? Voici un rôle qui m'irait parfaitement.
"Votre pouvoir est un don Nemue! Certes, il n'est pas forcément simple è vivre et je comprends qu'il puisse avoir été difficile à porter. Cependant, vous vous en servez pour aider les gens, pour apporter des réponses aux familles des victimes, pour permettre aux citoyens de voir une dernière fois les êtres aimés! Vous n'avez rien d'une sorcière! Et, si cela vous attire les foudres de criminels ou autre rebus de la société qui voient en vous une menace, n'oubliez pas que vous avez également des amis prêts à bien des choses pour vous protéger..." Dis-je laissant ma phrase s'évanouir dans le souffle du vent. Ce n'est pas une affirmation parfaitement formulé mais je sais qu'elle sera assez intelligente pour comprendre le sens de ces paroles : oui, s'il faut se salir les mains pour faire disparaître de la surface du royaume un criminel dont le plus grand crime serait de menacer la belle mort ou pire, de s'en prendre à elle, elle n'aurait qu'un mot à dire pour que cela soit fait. Mais pour l'heure, je souris doucement sans lui laisser réellement le temps de me questionner quant à sa compréhension de mes paroles.
"Je suis sûr qu'il y a dans ce village un lieu que vous aimez particulièrement non?"
Son pouvoir un don? Elle ne voyait pas vraiment cela du même œil que ce dernier et n’en aurait très certainement pas parlé ainsi si elle était du même avis que ce dernier. En effet elle aidait les gens, mais leur faisait payer le prix. Ceux qui arrivaient chez elle sans en avoir les moyens découvraient qu’il s’était trompé de porte. Cela n’avait rien à voir avec son devoir de médecin et elle ne devait rien à personne. Son pouvoir elle décidait de l’utiliser pour les autres et non pour elle-même alors autant en profiter. Bien évidemment, Aslander avait décidé de mettre son armure de chevalier servant même si ces paroles semblaient vouloir dire bien plus qu’il ne laissait entendre. Être prêts à pouvoir faire bien des choses s’était une façon de lui dire qu’il n’avait certainement pas peur à se salir les mains. Bien évidemment, Nemue lève les yeux et rencontre le sourire de ce dernier qui ne semble pas vouloir lui donner la possibilité de le questionner, puisqu’il enchaîne aussitôt. Un sourire se dessine sur ses lèvres. En effet, il y avait bien un endroit où elle aimait bien se rendre, qu’importe la saison.
- Suivez-moi, je vais vous faire découvrir mon havre de paix. Il s’agit d’un endroit où j’aime bien me reposer et où tout le monde est le bienvenu.
Peut-être que cela n’allait pas spécialement l’intéresser, mais ne lui avait-il pas demandé un lieu qu’elle aimait. Il ne devait certainement pas avoir les mains vertes alors lui parler de plante n’était certainement pas sa tasse de thé, mais de là, il y avait une vu magnifique sur les montagnes enneigées. Elle l’entraîna alors jusqu’au jardin communautaire qui normalement était bien plus occupé lors de saison chaude. Pour le moment, il n’y avait qu’une flore qui survivait au temps froid. Quelques bancs en bois avaient été disposés pour profiter de la vue et c’était assez éloigné du reste du village pour profiter pleinement de la nature.
- Cela est bien plus joli lors de la saison douce et chaude, bien que même en cette saison, cela à son charme. J’y viens souvent lorsque mon esprit semble trop occupé, cela m’apaise.
Maintenant qu’il n’était qu’eux, Nemue s’approcha de ce dernier d’un air plutôt sérieux. Elle glissa sa main contre son avant-bras et referma sa poigne sur ce dernier pour qu’il ne puisse s’échapper. Elle n’était pas spécialement en quête de réponses, mais elle voulait s’assurer de quelque chose. Pendant ce bref instant de silence, elle l’observa un moment, passant de son torse à ses yeux – cherchant surtout une façon de lui exprimer sa pensée. Après tout, s’il était prêt à faire ce genre de besogne pour libérer l’apothicaire de toute menace, c’est qu’il y avait une part d’ombre en lui qu’elle ne lui connaissait pas. Elle n’avait pas peur, elle ne sentait pas écœurer par lui, mais il était son ami… Levant doucement une main qu’elle apposa sur sa joue, elle caressa cette dernière doucement de son pouce alors que le vent légèrement frisquet vint les frapper tous les deux.
- Vous êtes quelqu’un qui m’est cher, Aslander et c’est parce que je vous aime beaucoup que je ne vous demanderai jamais de faire une telle chose pour moi. Même si vous étiez ma dernière option, même si ma vie était réellement en jeu, je ne le voudrais pas. S’il vous arrivait malheur par la suite, je ne pourrais vivre en paix en sachant que tout cela serait à cause de moi…
Un léger sourire sur les lèvres, Nemue enleva finalement sa main de sa joue tout comme elle abandonna son avant-bras pour se détourner légèrement pour regarder vers les montagnes. Évidemment, il était facile de comprendre que l’amour dont elle parlait ici n’avait rien à voir l’amour passionnel entre deux êtres éprouvants de forts sentiments l’un pour l’autre. Elle faisait que démontrer à quel point son amitié était importante à ses yeux. Les mains dans le dos, dont sa dextre qui tenait la seconde par le poignet, elle poussa un léger soupir. Aslander avait très certainement ses secrets et elle l’avait bien compris, elle était curieuse, elle avait envie de creuser, mais une certaine crainte planait tout de même. Elle ne désirait pas le lui montrer après tout elle s’inquiétait peut-être pour rien, mais elle avait confiance en ce dernier. Elle savait qu’il ne lui ferait certainement jamais de mal. Cet endroit qui aurait dû apaiser son esprit semblait avoir créé plus de soucis dans l’esprit de Nemue.
- Vous voulez visiter la taverne? Dit-elle finalement en tournant son visage souriant voir quelque peu espiègle en sa direction alors que la lumière mettait l’emphase sur son regard émeraude. – À moins que vous n’ayez plus le temps pour profiter d’un simple verre en ma compagnie.
Effectivement, mon offre n'a rien de réellement innocente, cependant je préfère rapidement changer de sujet, lui demandant s'il y a un endroit particulier qu'elle apprécie dans ce village dans lequel elle est installée. Mieux vaut n'importe quoi, même une banalité pour éviter qu'elle ne pose une question à laquelle je n'ai nullement l'intention de lui répondre! Mieux vaut ne rien dire, ne pas confirmer, plutôt que de lui mentir ce que je me refuse à faire et cela depuis notre première rencontre, le silence est souvent bien mieux dans ce genre de cas! Comprend-t-elle d'ailleurs ma motivation de ne pas épiloguer sur cette proposition? Sans aucun doute, ma gestuelle et bien plus claire que mes paroles sur ce point et de ce fait, la jeune femme prend les devants, m'affirmant qu'il y a effectivement un lieu qui l'apaise? Je souris doucement en faisant un geste, l'invitant à prendre les devants, marchant ensuite dans son sillage pour rejoindre ce lieu de paix, d'apaisement qu'elle m'affirme connaître.
Je dois avouer que je comprends pour quelle raison : la montagne bien visible au loin la végétation - sans doute plus présente lors des saison douce et chaude - qui doit pouvoir calmer les esprits les plus animés... Je me tourne vers la jeune femme en souriant doucement pour lui faire part de mon impression mais la voici qui me saisit le bras, me faisant arquer un sourcil alors que je me demande la raison de cette attitude. Évite-t-elle mon regard? Non, elle semble plutôt chercher ses mots alors qu'après que son regard ait fait quelques fois l'aller-retour entre mon visage et mon torse, voici qu'elle prend la parole non sans déposer sa main sur ma joue. Je l'observe, ne décollant pas mon regard du sien temps que j'ai l'occasion de la regarder bien-entendu... Évidemment, Nemue a sans aucun doute comprit le sens de mes propos, certes elle n'en parle pas directement mais il est plus qu'évident qu'elle a parfaitement deviné la profondeur de mes propos! Je soupire doucement, bien-entendu elle ne me le demanderait pas, après tout cela serait se rendre complice de mes gestes et ce n'est pas ce que je désire! Elle se détourne après ses propos, me relâchant et j'observe sa silhouette qui s'éloigne un peu alors qu'elle fixe l'horizon...
Je secoue doucement la tête avant de m'approcher d'elle. Non, elle n'aura nullement besoin de me le demander de toute façon! J'ai mes sources et si quelqu'un s'avise de menacer mon amie je pourrais agir sans qu'elle n'ait besoin de prononcer le moindre mot... Elle se tourne soudainement vers moi alors que je ne suis plus qu'à quelques centimètres d'elle en réalité, la dominant de ma hauteur vu notre différence de taille, je souris en hochant la tête. "Vous savez parfaitement que pour vous, j'ai toujours le temps..." Dis-je simplement en déposant ma main sur sa joue. Non, je ne viens rien dire de plus! Après tout, il est inutile de revenir sur le reste de cette conversation, il semble qu'elle comme moi ayons parfaitement comprit les intentions de l'autres et les non-dits sont parfois bien plus importants que les paroles échangées! Il n'y a nul romance entre la jeune femme et moi, c'est justement pour cela que cette "relation" fonctionne, parce que c'est en toute amitié que l'on veille l'un sur l'autre à notre manière : elle en refusant que je ne fasse quoi que ce soit de regrettable pour elle, moi en sachant que me salir les mains ne sera pas impossible! Il faudra juste qu'elle ne l'apprenne pas pour éviter qu'elle ne s'inquiète. Ma main glisse de sa joue, caressant doucement sa peau, passant dans son cou, descendant le long de son bras pour venir saisir sa main que je soulève pour y apposer mes lèvres. Cette fois cependant, ce n'est pas le baise-main parfait puisque mes lèvres touchent réellement sa peau! J'aurais pu l'embrasser, peut-être même l'aurais-je voulu mais je crains que cela ne soit mal comprit vu notre discussion actuelle.
"Prenez les devant ma belle amie, je vous suis."
Se torturer l’esprit et tenter de deviner quoi que ce soit sur l’homme qui se tenait tout près d’elle ne lui rapporterait rien. S’il voulait lui parler de lui, elle l’écouterait volontiers, mais pour le moment, elle le savait gardien de ses secrets. Même si elle avait peur de découvrir des choses dont elle ne serait peu fière, ce n’est pas spécialement pour cela qu’elle craint pour ce dernier, mais bien parce qu’elle l’apprécie et qu’elle ne saurait pas quoi faire dans ce genre de situation. Non seulement, il pourrait se mettre en danger et avoir la garde aux trousses, mais ça impliquerait qu’elle ne pourrait le revoir aussi facilement que présentement. Jamais elle n’avait pensé aux problèmes que cela pourrait lui apporter si elle se faisait voir en sa compagnie ou bien même associer à ce dernier. C’était le cadet de ses soucis.
Alors elle fit ce qu’il y avait de mieux à faire dans ce genre de situation. Elle ravala ses craintes ainsi que toutes ses questions et se plaqua un sourire aux lèvres avant de se tourner en direction de son ami qui se trouvait fort près afin de l’inviter à boire un verre. Elle dut lever la tête un moment pour croiser son regard, après tout elle ne faisait qu’un peu plus d’une trentaine de centimètres en moins que lui. Leur regard se croisa alors qu’il venait déposer sa main contre la joue de cette dernière qui continuait à lui sourire s’apaisant peu à peu. Il a toujours du temps pour elle. Bien des femmes rêveraient d’entendre ses paroles en provenance de son ami et jalouseraient la relation privilégier qu’elle entretenait avec celui-ci. Sauf que même si d’une vue extérieure on pouvait croire qu’ils formaient un couple à certain moment, d’une vue rapprocher cela n’avait rien à voir. Ils étaient libres de faire ce qu’ils désiraient chacun de leur côté, ils n’échangeaient pas spécialement de courriers lorsqu’ils étaient loin l’un de l’autre. Ils se voyaient lorsque cela leur adonnait. Ils n’étaient que deux amis qui ne se limitaient pas et qui profitaient pleinement de ce que l’autre avait à lui offrir. Un jour, cela allait très certainement s’arrêter ne gardant qu’une simple amitié, mais pour le moment, rien ne les retenait.
La main de ce dernier glissa doucement le long de sa joue suivant ainsi la ligne du contour de son corps pour venir se saisir de sa main afin d’y apposer un baise-main sur cette dernière. Une petite lueur se mit à briller dans le regard de la femme alors qu’elle ne pouvait quitter ses yeux noisette qui l’observaient à son tour. Ignorant s’il s’agissait de son geste au bien de cette proximité qui avait donné envie à le demoiselle, mais bien que ce dernier lui mentionna tout simplement de prendre les devants, elle franchit les quelques pas qui les séparaient et se leva sur la pointe des pieds. Glissant une main derrière sa tête, elle le rapprocha délicatement d’elle, et vint déposer un chaste baiser sur ses lèvres. Elle aurait pu approfondir davantage, rester ainsi coller à lui en cette température froide, mais ce n’était ni la place ni le meilleur endroit pour approfondir ce genre d’échange – bien que la vue et le pourtour de fleur avaient un petit quelque chose d’unique.
Quand elle s’éloigna de ce dernier, un sourire aux lèvres, elle ne s’excusa pas. Après tout il avait franchi cette étape depuis bien longtemps et comme suggérer elle avait pris les devants en se tournant légèrement.
- Suivez-moi, ce n’est pas bien loin.
En effet, il ne suffit que de quelques minutes de marches pour revenir au centre du village où se trouvait la taverne qui semblait déjà bien animées. Bien qu’elle fasse office de lieu de repos pour les voyageurs, le petit restaurant couplé du bar offrait de très bons repas. La communauté était très soudée et s’entraidait comme il le pouvait. Puis bon, si la qualité n’y était pas, personne ne voudrait s’y arrêter. Lorsqu’elle ouvrit la porte, quelques regards s’étaient tournés en leur direction et elle fut vite salué et acclamé par certains habitué ce qui la fit rire légèrement.
- Il semblerait que je sois pilier ici aussi… dit-elle quelque peu gêné en direction de son ami. Enfin, aller choisir une place, qu’est-ce que vous voulez boire?
Une promesse insonore, une affirmation que je me fais plus à moi-même que je ne le fais à la jeune femme, une résolution à laquelle j'ai bien l'intention de me cramponner : quoi qu'il arrive, j'agirais si le besoin s'en fait sentir! Qu'importe les conséquences pour moi, sans doute est-ce stupide, je ne me suis jamais senti redevable envers quelqu'un ou je n'ai imaginé prendre des risques pour un autre que moi mais Nemue? C'est différent! Je lui dois énormément, elle m'a sorti d'une situation à laquelle je ne trouvais aucune issue sans rien demandé en échange, elle a donné de son être pour m'aider et elle est vite devenue l'une des rares personnes en laquelle j'ai véritablement confiance! De mon entourage elle est sans aucun doute la seule à qui il est possible que je révèle un jour mon passé... Dans ces circonstances, il me semble plus qu'évident qu'il m'est totalement impossible de lui tourner le dos si j'apprends que quelqu'un veut s'en prendre à elle! Après tout, n'ai-je pas fais le serment d'être présent si elle en a un jour besoin? Certes, cela concernait ses besoin en matériaux plus qu'autre chose mais, je l'ai aidé dernièrement avec son familier et je pense que l'on peut dire qu'on a dépassé le stade de la simple faveur commerciale!
Fort de cette décision, je lui suggère d'ouvrir la voie, de faire le premier pas vers la taverne, mais c'est dans un tout autre sens qu'elle s'avance! Un pas vers moi, se rapprochant plus encore, un mouvement d'élèvement en se mettant sur la pointe des pieds, sa main qui passe derrière ma nuque et voici que nos lèvres se rencontrent, un baiser chaste certes que, pour une fois, je ne vais pas prolonger et rendre plus dévorant encore! Pas après cette discussion, pas dans ce lieu, pas à ce moment! Nemue et moi avons toujours été très clairs l'un avec l'autre cependant, c'est une mince limite que celle entre amitié et sentiment! Évitons de donner l'impression de tomber du mauvais côté de la frontière! Je sais que ce n'est point le cas mais ne prenons aucun risque, à force de nous côtoyer - même si ce n'est pas de manière régulière - il serait dommage qu'un quiproquo se dresse entre nous! Il y aura d'autres baisers c'est un fait, d'autres rapprochements, d'autres nuits de passion que l'on partagera temps que la belle sera disponible pour cela alors, ne forçons pas à un moment qui serait bien trop romantique pour qu'il n'y ait pas d'incompréhension sur le sens de cet échange.
D'ailleurs, elle fait de même! Se détournant et faisant comme si cet échange n'avait pas réellement eut lieu, reprenant le cours d'une conversation bien plus naturel, moins sentimentale tout du moins : taverne et alcool réchauffe autant que les sentiments mais je préfère largement la gueule de bois que les conséquences désastreuses que pourrait provoquer une incompréhension de nos intentions! Après tout j'ignore ce qu'il se passe dans la tête de la belle et elle ce qui se déroule dans la mienne! Si pour moi tout est clair dans mon esprit concernant notre position - il n'y a aucune envie de former un couple avec elle - j'ignore ce qu'elle-même en pense et l'inverse est vrai également! Je souris donc, tout comme elle je ne vais juste pas faire allusion à cet échange, cette envie passagère qu'elle a assouvie comme je l'ai fais si souvent par le passé. "Je vous suis donc très chère!" Dis-je souriant tout en me mettant sur ses traces.
La taverne n'est guère lointaine c'est un fait, en réalité nous arrivons même après quelques instants de marche seulement. Poussant la porte de l'établissement nous entrons et alors que les têtes se tournent dans notre direction, il semble que Nemue soit également apprécié en ce lieu! Une bonne chose même si, depuis ce qu'elle m'a affirmé, je me dis qu'elle doit déjà avoir reçu menaces ou autres propos désobligeant! De ce fait, je reste suspicieux, surveillant la taverne avec attention pour m'assurer que personne n'ait de mauvaises intentions... Les habitudes du métiers. "Un verre de rhum merci." Dis-je à l'adresse de mon amie avant de prendre la route vers une table inoccupée dans un coin plus calme de l'établissement. De là j'aurais une vue d'ensemble sur la taverne et nous serons sans aucun doute relativement laissés tranquille la belle et moi.
Arrivé à la taverne, Nemue est aussitôt accueilli par les habitués déjà présents. Certaines têtes ne lui disaient rien ce qui était plutôt bon signe et demanda à son ami ce qu’il désirait boire. Étrangement, elle n’était pas du tout étonnée par son choix et ne fit que sourire alors que ce dernier s’éloignait d’elle pour choisir une table dans un coin plus reculé. Elle se mit alors entre deux gaillards armés de choppe de bière dont elle ne connaissait pas et tapa sur le comptoir d’une main ce qui fit retourner le tavernier en train d’essuyer une choppe qu’il venait de laver.
« Ah! Ma chère Nemue, il me semble que cela fait longtemps qu’on ne s’était pas vu, dit-il d’un ton moqueur.
- Ha Ha Ha, très amusant, petit rigolo.
- Comme d’habitude?
- Oui, mais mets-moi en deux, s’il te plait!
- Accompagné, donc…
- Un ami. »
Il pencha doucement la tête et le regarda d’un œil alors qu’elle attendait que ce dernier ne la serve. Les deux hommes à ses côtés semblèrent rigoler en voyant la jeune femme qui se trouvait au bar. Que pouvait-elle bien venir chercher.
« Vous venez boire le thé dans une taverne…héhé, plutôt étrange non? » Elle voyait bien que son taux d’alcoolémie était déjà bien avancé, mais elle ne fit que lui jeter un regard en coin tout en souriant. Elle faisait mine d’être gênée par ce dernier qui se tourna légèrement vers elle. « Si tu veux, j’peux te faire goûter une vraie boisson? » C’est à ce moment que le tavernier avait déposé les deux verres de rhum devant elle et qu’elle observa l’homme qui parlait bien trop à ses côtés.
« Quand vous saurez boire autre chose que des trucs de gamin, vous reviendrez vers moi. Pour le moment, les vrais adultes souhaitent boire. Je vous souhaite une agréable soirée malgré tout et j’espère que Manillam vous plait! Puis elle se tourna vers son ami de longue date qui tenait l’établissement et elle lui fit un simple clin d’œil amusé. Sans offense?
- Tu me brises le cœur, alors laisse-moi y repenser.
- Tiens-moi au courant tout de même! J’aimerais savoir si je suis bannie avant ma prochaine visite.»
Rigolant, elle se détourna et rejoint finalement Aslander armé de deux verres identiques contenant exactement la même chose. – Tenez, monsieur, dit-elle d’une voix amusée de la situation qui venait de se produire. Elle prit alors place en face de ce dernier et prit son verre qu’elle leva doucement avant d’y tremper les lèvres. Elle adorait l’ambiance des tavernes et elle trouvait toujours qu’il s’agissait d’un bon moment pour fumer et elle sortit alors sa pipe qu’elle prépara rapidement avant de l’allumer à l’aide de sa pierre de feu. Prenant une inspiration, elle recracha la fumée dans les airs après l’avoir laissé roulé un moment en bouche.
- Alors, vous êtes de passage, mais où devez-vous aller par la suite? Demanda-t-elle tout simplement en s’appuyant un bras contre la table en étant légèrement de côté à la table.
Sans doute n'aurais-je pas dû laisser Nemue s'occuper des boissons? Non pas que je doute de sa capacité à commander deux verres ou à s'occuper intelligemment d'homme mal fagotés qui voudraient lui faire du charme - et non, il n'y a nul jalousie dans cette supposition - mais voilà : Mallinam devient un lieu dans lequel des aventuriers passent de plus en plus! Parfait lieu médian entre les trois grandes cités du royaume, c'est un village par lequel il est normal de passer lorsque l'on traverse tout le royaume pour une quête surtout maintenant, alors que Nemue a développé un commerce bien plus intéressant pour les hommes en quête d'aventure... Il y a une chose cependant qui est "déplaisante" avec ce fait : tous les aventuriers ne sont pas des gentilhommes! Qu'on le veuille ou non, n'importe qui peut pousser la porte de la guilde et chercher à se faire engager, du noble qui se cherche et veut vivre un grand frisson ou dernier pécore de la société dont l'intelligence n'est pas une qualité mais qui a la force d'un taureau et se dit que ses bras peuvent sans aucun doute lui ramener de quoi se sustenter!
Pour l'heure, il semble plus qu'évident que les deux hommes entourant mon ami sont de cette catégorie : deux imbécile que l'alcool n'aide pas à paraître plus intelligent, le genre d'homme qui imagine qu'une femme dans une taverne n'est là que pour subir leur tentative de séduction à l'image de leur profil : répugnante et affreusement effectué! Lorsqu'on manque à ce point de classe on ne peut absolument pas donner le change c'est un fait! Impassible? Je le reste cependant! Surveillant attentivement la scène, prêt à intervenir à tout moment, l'avantage de mon pouvoir c'est que je suis a bonne portée pour broyer une main qui s'avérait trop aventureuse si le besoin s'en faisait sentir! Inutile de me lever temps qu'ils en restent à des paroles que je n'entends guère mais que je devine d'un niveau intellectuel défaillant... Après tout, si j'intervenais, qu'est-ce que cela renverrait comme image? Celle d'un prétendant jaloux? D'un homme manquant de confiance en son amie? Pire encore, quelle image cela renverrait-il à Nemue? Que je ne la crois pas capable de se débrouiller sans un chevalier servant? Définitivement ce n'est pas le cas et, même s'il est vrai que - tout comme elle ne voulait pas m'entendre parler d'autres femmes dans son lit - je n'apprécierai pas spécialement qu'elle joue le jeu de la séduction avec un autre devant moi - sans parler de jalousie, j'ai tout de même un certain égo - je n'ai rien à dire si tel était son choix! Alors, du moment qu'ils tiennent leurs mains, je n'ai aucune raison d'intervenir...
Ils semblent savoir se tenir d'ailleurs! Nemue revenant en effet finalement avec deux verres au contenu identique dont l'un qu'elle dépose devant moi! Je souris doucement alors qu'elle prend place et je lève mon verre en même temps qu'elle pour m'abreuver d'une première gorgée. Pas le meilleur rhum, pas le pire non plus! J'ai déjà bu bien plus infecte breuvage ne méritant même pas le nom de rhum dans l'une ou l'autre taverne sur mon parcours! Après tout, ce n'est pas comme si j'étais étranger à ce genre de lieu de plaisir, aimant particulièrement me mêler au marins de passage au grand port pour jouer au carte tout en parlant de la mer autours d'un verre... Plongeant mon regard dans celui de la jeune femme je souris doucement en haussant les épaules.
"Ici et là-bas..." Dis-je en riant doucement. "Je reviens de la capitale, ma première destination est donc un retour au grand port ensuite... Je verrais dans quel sens la marée me porte je suppose!" Rien de prévu pour l'instant, je dois avant tout contacter Isabella pour les derniers préparatifs, ensuite il sera temps de rencontrer mes anciens compagnons et de m'assurer que je ne risque plus jamais de les revoir. "Autrement dit, rien de bien établi présentement... Je suppose que je pourrais être n'importe où..." Dis-je sans la lâcher du regard, comme une manière de lui affirmer que présentement, je ne suis pas spécialement pressé au point de partir directement après ce verre.
- Je sais qu’il ne s’agit pas du meilleur rhum, mais il est correct, je dirais. Si nous étions chez moi, je nous aurais bien ouvert une bonne bouteille d’excellente qualité, mais nous sommes loin du confort de ma demeure.
Ce n’était pas plus mal, après tout ce genre de rencontre faisait toujours plaisir, puis elle avait été fortement surprise de le voir apparaître ainsi dans sa boutique. C’est dans ces instants qu’elle comprenait qu’elle n’était pas qu’une simple femme parmi tant d’autres, mais bien une amie à qui l’idée de rendre visite lui était venue en tête. Maintenant qu’elle connaissait son adresse, elle pourrait certainement lui rendre visite, mais contrairement à elle, il y avait bien plus de chance qu’elle se frappe à une porte sans vie. Aventurier, mais aussi propriétaire d’un commerce, Aslander devait être occupé et sa présence nécessitée a bien des endroits alors qu’elle, il était bien possible de la trouver à sa boutique puisque sa présence y était requise.
Naturellement, Nemue questionna son ami sur sa prochaine destination. Après tout, s’il n’était que de passage, cela voudrait donc dire qu’il était attendu quelque part, mais sa réponse était tout autre. En vérité, cela la surprit plus qu’autre chose et elle ne put s’empêcher de rire entre deux tirades sur sa pipe. – Vous revenez de la capitale et vous souhaitez vous rendre jusqu’au grand-port? Sacré détour que vous venez de faire pour n’être que de passage. Un air taquin se dessina alors sur ses lèvres ainsi que tout son visage alors qu’elle se pencha doucement vers l’avant pour déposer sa main contre la table non loin de ce dernier. – Vous savez, si je vous manquais tant et que vous désiriez simplement me rendre visite, il n’y avait pas de mal à l’avouer. Après tout, une visite purement amicale n’était jamais impossible bien qu’elle comprit au reste de ses propos qu’il n’était pas spécialement pressé de partir après ce verre. Elle pourrait l’invité à rester, profiter du temps qu’il avait ensemble, continué à lui montrer Manillam, manger et peut-être plus s’ils avaient toujours le temps, mais ne serait-ce pas trop? Enfin, leur dernière rencontre avait été plutôt tranquille, mais ce n’était pas plus mal. Elle prenait le temps que son ami avait à lui offrir quel qu’en soit les activités qu’ils faisaient ensemble.
- Sinon, si vous n’êtes pas si occupé que cela, j’imagine que vous avez encore du temps à m’offrir, puis s’il se fait trop tard pour reprendre la route, une gentille âme pourra toujours vous héberger, dit-elle en souriant. Bien évidemment, elle était la gentille âme et comme Lith n’était pas présent, il y avait une chambre en plus dans l’appartement au-dessus de la boutique. Il n’aura qu’à prendre sa chambre pour la nuit, même s’il y avait d’autres possibilités. – Cela me fait penser qu’il faudrait qu’un jour ce soit moi qui vous rende visite maintenant que je connais votre adresse, mais je ne pense pas pouvoir m’improviser comme vous venez de le faire. *Imaginez si je devais tomber sur l’une de ses conquêtes d’un soir…* pensa-t-elle avec un petit sourire en coin amusé par la situation. Pas que cela la dérangerait, après tout, ils ne sont pas exclusifs l’un à l’autre et des amis peuvent très bien se visiter sans qu’il ne se passe rien, mais elle savait que si elle se trouvait à la place de cette femme, elle n'aimerait pas spécialement tomber nez à nez avec une autre demoiselle.
Son regard passa alors sur Orisha qui se tenait au côté de son maître et elle pensa finalement à la créature qu’elle avait recueillie et avec qui elle partageait un certain lien depuis un petit moment. Les recherches sur son précédent maître n’aboutissaient à rien, alors l’idée qu’il allait resté auprès d’elle commençait doucement à s’imposer.
- D’ailleurs, la créature que nous avons trouvée s’avère être un Vaaki! J’ai fait quelques recherches à la bibliothèque du village perché. C’est une créature plutôt rare, donc je suis plutôt chanceuse, mais je n’ai toujours pas retrouvé de maître, alors je crois que je vais devoir lui trouver un nouveau nom.
Effectivement, il faut croire que la demoiselle est capable de lire dans mon esprit, il est exact de dire que ce breuvage n'est pas le meilleur qu'il soit, nul doute en effet qu'elle aurait pu me servir bien mieux si nous étions chez elle cependant, ce n'est pas réellement pour cela que je suis venu! Pour quelle raison être venu d'ailleurs? Aucune en particulier, je lui signale d'ailleurs que je reviens de la capitale et que ma prochaine destination sera le grand port, à cette nouvelle, un sourire taquin - que je connais bien malgré tout - se dessine sur les lèvres de la belle qui me fait une remarque pleine de bon sens : effectivement c'est un sacré détour impossible de nier cette affirmation, il est vrai que je me rajoute de la route cependant, cela n'est qu'un détail ayant bien peu d'importance. Elle continue pourtant sur sa lancé, arrivant au véritable sujet de sa remarque, une petite boutade signalant que c'était pour lui rendre une visite amicale et je ris doucement à cette affirmation... Sérieusement? Plongeant mon regard dans le sien, ne cillant à aucun instant alors que je me perds dans ses yeux émeraudes.
"Mais dites-moi Nemue..." Dis-je avant de m'interrompre un instant histoire de reprendre une gorgée de mon verre sans jamais la quitter du regard. "Ai-je un instant tenter de faire croire le contraire?" La questionne-t-elle tout en redéposant mon verre sur la table et en arquant un sourcil, sa main déposer sur la table est une cible facile et je dépose la mienne dessus avec ce sourire en coin, charmeur comme bien souvent, qui me caractérise si bien. Après tout, j'ai bien dis que je n'avais nullement l'intention de mentir à la demoiselle, qu'elle en rit si tel lui fait plaisir, cela ne change rien à la raison de ma visite en ce lieu après tout. "Vous vous doutez bien qu'un homme ne s'impose pas pareil détour sans une bonne raison! Et, entre nous, quelle meilleure raison que de vous voir? J'ai dis que j'étais de passage, je n'ai jamais dis que ma motivation concernant ce passage n'était pas de vous rendre visite! Si cela n'avait pas été le cas, pourquoi serais-je venu à votre boutique?" Dis-je en riant doucement. Certes, je n'ai pas non plus clairement exprimer le fait que j'avais rallongé mon parcours uniquement pour la voir, mais à aucun moment je n'ai prétendu que sa présence dans ce village n'avait aucun rapport avec ma propre présence au même endroit!
"Je vous l'ai déjà dis, j'ai tous mon temps à vous offrir très chère! Concernant l'heure possiblement tardive de mon départ je ne m'inquiète pas spécialement, si je ne trouve nulle âme charitable, je ne doute pas qu'un aubergiste acceptera volontiers mes cristaux!" Conclus-je en souriant même si, en toute franchise, je sais parfaitement qu'elle ne me laisserai pas rester dans une auberge alors que sa demeure n'est pas si loin que cela! "Vous serez la bienvenue lorsque vous le désirerez!" Bien-entendu, il serait sans aucun doute plus prudent de m'aviser, non pas qu'une visite surprise me dérange, si je suis en charmante compagnie il me suffira de mettre la dite compagnie dehors après tout, mon amie compte bien plus que n'importe quelle conquête. Non, ma crainte est plus qu'elle se déplace pour se heurter à une porte fermée car je suis à l'autre bout du royaume pour une quête! C'est un risque qui existe bel et bien vu ma profession...
Mon regard se porte sur Orisha en même temps que Nemue le regarde, mon compagnon est tranquillement couché, il nous a suivi depuis notre départ de la boutique aussi calme et discret que peut l'être un fauve, c'est un compagnon fidèle tel que l'on ne peut rêver mieux! "Un Vaaki? Je dois avouer que cette créature m'est toujours aussi inconnue, excepté celui-ci je n'en ai jamais vu... Quelle tristesse qu'il soit impossible de retrouver son maître même si, en toute sincérité, je doute qu'il soit réellement à plaindre! Il est évident que vous en prendrez grand soin et qu'il sera heureux en votre présence!" Après tout, Nemue est une femme remarquable et je n'ai aucun doute sur le fait qu'elle est la maîtresse idéale pour cet animal. "Je suppose qu'il reste à votre demeure? J'avoue que j'aimerai bien le revoir, c'est une créature impressionnante après tout! Peut-être aurais-je l'occasion si je m'éternise?" Dis-je toujours avec ce même sourire en coin.
En effet, ce dernier n’avait jamais tenté de cacher la vraie raison qui l’avait poussé à venir jusqu’à Manillam et elle se doutait bien que ce n’était pas vraiment pour faire du tourisme. Quand bien même, qu’elle fût la raison principale de sa visite, elle aimait bien embêté ce dernier, même s’il trouvait toujours le moyen de rattraper les choses pour le mettre à son avantage. Après tout, flatter Nemue aurait été une très bonne stratégie si elle ne le connaissait pas et surtout si elle n’était pas elle, mais une femme ne pouvait qu’apprécier ce genre de commentaire et ce genre d’attention. Elle regarda un moment cette grande main qui s’était déposée sur la sienne et elle ne fit même pas attention aux quelques regards qui s’étaient tournés en leur direction. Après tout, les agissements de la noble étaient parfois surveillés et les commères aimaient bien parler entre eux. Heureusement, Nemue avait toujours démontré un très grand désintérêt concernant tout ce qui se disait dans son dos. Qu’ils pensent bien ce qu’ils veulent! Si cela les amuse, elle ne va pas gâcher leurs petits plaisirs. Souriant doucement, elle ne se délogea pas de son emprise laissant ainsi sa main sous la sienne, alors qu’elle vint doucement tiré sur sa pipe s’empoisonnant toujours à petit feu, puis elle leva le visage vers le plafond où elle envoya la fumée avant de regarder en sa direction.
– Nous savons tous les deux que la raison principale de votre visite se trouve actuellement dans ma boutique. Elle est en train de gérer celle-ci seule, d’ailleurs, dit-elle d’une voix amusée en référence à sa grande déclaration qu’il lui avait faite. Ce ne serait pas la première fois qu’elle travaillait, mais tout ce qu’elle espérait c’est que la jeune femme ne se retrouve pas avec un cas particulier. Irhu était peut-être une apprentie très douée, mais elle avait encore bien des choses à apprendre.
Maintenant que la notion du temps avait été réglée et qu’elle lui avait lancé une invitation indirecte à rester chez elle s’il en avait envie, Nemue avait complètement changé de sujet parlant ainsi de la créature qu’ils avaient découverte ensemble. Il s’agissait d’un spécimen rare mélangeant chauve-souris et dragon voir créature reptilienne. En plus d’être aveugle, celle-ci n’avait aucune difficulté à se déplacer que ce soit sur terre ou dans les airs. Leur flair et leur ouïe étaient très développés et elle avait en plus un système sonar comme les chauves-souris, mais bien plus développé qu’elles!
- Bien sûr que vous pourrez venir le voir! Il est resté dans l’appartement au-dessus de la boutique, dit-elle avec enthousiasme. Il faut dire que je ne vais pas laisser une telle créature aux mains de mon personnel. Surtout que beaucoup la trouve hideuse et en on peur. Moi je la trouve très charmante. Enfin, nous ne sommes pas pressés. Nous verrons cela plus tard.
Elle n’avait pas spécialement cherché à créer un lien avec le vaaki, puisqu’elle ignorait si ce dernier allait rester à ses côtés, mais plus les jours avançaient et plus elle se faisait à l’idée qu’elle devenait sa maîtresse officielle. *Du coup, quel genre de nom dois-je lui donner? * se demanda-t-elle un moment. Elle déposa sa pipe de sorte qu’elle ne tombe par sur le côté et pris son verre afin d’en boire une légère gorgée d’un air pensif.
- Qu’est-ce qui vous a inspiré Orisha? Est-ce que cela a une signification quelconque?
Après tout, je n'ai aucune raison de chercher la moindre excuse! Certes, je suis un fieffé menteur lorsqu'il s'agit de mon passé, de mon nom également souvent mais s'il y a bien un domaine dans lequel j'ai toujours été sincère ce sont mes relations! Inutile de se retrouver avec une demoiselle qui rêve du grand amour alors que je sais pertinemment qu'elle ne sera rien de plus que la distraction d'une nuit! De ce fait, pourquoi devrais-je mentir à la belle, prétendre que ma présence en ce lieu n'a aucun rapport avec elle, tenter de faire croire que ce détour est parfaitement normal vu mon point de départ et ma destination? Cela n'aurait aucun intérêt de plus, je sais parfaitement qu'elle a bien conscience de la réalité : la voir était effectivement mon projet principal en me rendant dans le village dans lequel elle a installée sa boutique! Bien-entendu je prenais le risque de me heurter à une Nemue occupée ou n'ayant pas le temps pour moi mais, c'était un risque nécessaire vu ce que je m'apprête à faire dans les prochaines semaines! Qui sait si j'aurais encore l'occasion de la revoir?
Sauf que bien-entendu, même si je ne doute pas qu'elle sache mes propos comme réels, la demoiselle taquine décide de faire comme si elle pensait que ma visite était tout autre et je ris doucement. Son apprentie est ravissante et, vu son animosité à mon égard, je ne doute pas que le jeu de la séduction n'en serait que plus amusant encore - il n'y a aucun jeu lorsque la conquête est aisée - et je pourrais sans aucun doute sauter sur l'occasion pour faire une remarque, prétendre qu'effectivement, c'est la jeune demoiselle qui est le centre de toutes mes attentions, de tous mes désirs... Bien-entendu, si l'on ne tient pas en compte qu'aucune femme ne peut prétendre être ainsi au centre de ma vie, il reste le fait que si tel était le cas, pourquoi serais-je partie avec Nemue en l'abandonnant seule dans la boutique - quoi que parfois, la tentative de rendre jalouse fonctionne parfaitement j'en sais quelque chose - vu qu'elle ne me tient pas réellement en haute étime, cela n'aiderait pas ma cause!
"Ihru est certes ravissante cependant, et ne lui répétez pas elle ne m'apprécie déjà guère, je préfère la compagnie d'une Dame à celle d'une "enfant"!" Dis-je en riant
doucement... Après tout, il est vrai que la différence d'âge - si elle n'est pas réellement un problème - reste importante! Mais soit, notre discussion change aussi soudainement qu'elle a commencé et nous voici à discuter du Vaaki... Dans son appartement au-dessus de la boutique? J'arque un sourcil sans réellement comprendre ce qu'elle me dit, comment une créature de cette taille pourrait rester enfermé dans un tel espace? Certes avec l'agrandissement de la boutique, peut-être le bâtiment se trouvant au-dessus est-il plus grand mais il est sans doute également meublé! Le Vaaki a-t-il réellement assez de place?
"Je ne pensais pas possible qu'il soit si proche, je pensais devoir me rendre jusqu'à votre demeure et vos écuries pour être parfaitement honnête... Non pas que cela me dérange, après tout c'est bien le Vaaki que je désire voir et non votre habitation même si,l'un n'empêchera pas l'autre!" Dis-je en riant avant de me tourner vers Orisha qui relève la tête à la prononciation de son nom.
"Il y a quelques années lors d'un voyage en mer, j'ai posé pied sur une petite île au sud de l'archipel... Les habitants, des gens très accueillants, ne vénérais pas Lucy mais une entité guerrière supposée les protéger. Il le nommait Orisha! Je pense que le nom d'une divinité guerrière va parfaitement à mon compagnon!" Dis-je en caressant la tête de mon partenaire. "Vous pensez donner un nom à votre nouvel ami donc?"
Il est vrai que Irhu avait presque vingt ans de différence avec Aslander à une année prête. Il avait donc l’âge d’être son père. Il était donc normal pour lui de la considérer comme une enfant et Nemue ne pouvait qu’en sourire. Après tout, elle était plutôt honorée d’être considérée comme une dame et non une simple femme, mais elle ne voyait pas Irhu comme telle aussi. À ses yeux, elle était encore une jeune fille qui avait besoin d’aider et d’une main pour la guider et quoi de mieux que de lui offrir un toit, un travaille et à manger pour s’épanouir. Elle voulait lui payer un précepteur, mais elle n’avait jamais voulu, préférant rester aux côtés de son frère ainsi que Nemue. Tel un petit chat sauvage, l’apothicaire avait du amadoué le frère et la sœur jusqu’à ce qu’ils aillent assez confiance en elle pour s’en approcher sans crainte. Elle avoue avoir fait surveiller ces derniers pendant un moment, puisqu’elle craignait tout de même à ses biens – après tout ce n’étaient que des petits voyous – mais comme tout c’était bien passé, elle avait levé la surveillance et leur faisait pleinement confiance. Enfin, elle aurait pu poursuivre cette discussion sur la jeune femme en continuant de plaisanter sur les véritables intentions de son ami, mais le sujet avait bien vite changé laissant place maintenant au Vaaki.
Elle l’invita donc à venir avec elle pour qu’il puisse le voir, puisqu’il se trouvait dans l’appartement au-dessus de la boutique, puis cela lui fera peut-être plaisir de voir l’homme qui l’avait aidé à retirer le collier qui lui serrait bien trop le cou. D’ailleurs, les paroles de ce dernier fit doucement sourire la jeune femme lorsqu’il pensa devoir se rendre jusqu’à sa demeure, mais cela ferait loin et un long voyage d’ailleurs. Après tout, elle se trouvait au centre entre la capitale, le grand-port ainsi que le village perché au contraire de sa boutique qui était centré avec forteresse. C’était loin et depuis l’agrandissement elle délaissait un peu sa demeure. Peut-être devrait-elle vendre pour reconstruire plus proche? Après tout, elle pourrait vivre dans une demeure plutôt simple et jusqu’à côté construire une petite clinique dans laquelle elle pourrait recevoir malades et blessés nécessitant de ses compétences médicales. Seulement, avait-elle le temps pour gérer cela en plus de sa boutique et ses quelques rendez-vous touchant son pouvoir?
- Et bien, je ne peux pas le laisser seul dans l’écurie alors qu’il rend nerveux les chevaux, puis s’il s’agit réellement d’un familier j’ai bien de la place pour l’accueillir dans ma demeure. Puis nous ne pourrons pas faire l’allée jusqu’à ma demeure sans prendre quelques jours. Voyager à vos côtés ne me dérangerait pas, mais je suis prise ici encore pour quelque temps.
Vint alors l’explication du nom de son cher compagnon. Nemue cherchait à s’inspirer de ce dernier, mais contrairement à lui, elle n’avait pas voyagé aussi loin et ne connaissait donc pas d’autres cultures et ne pouvait pas s’en inspirer.
- C’est intéressant tout cela! Vous me parlerez de vos voyages, n’est-ce pas? Questionna-t-il ce dernier sachant très bien qu’il n’allait peut-être pas le faire maintenant. – Puis, je trouve que ça lui va très bien, à votre ami. Il a l’âme d’un grand guerrier en effet. On ne se sent pas en danger à ses côtés.
Cela l’amena même à penser qu’il ne lui avait pas du tout parlé de l’objet qu’il convoitait. S’il n’était pas pressé et qu’ils se rendaient tous les deux dans l’appartement, elle profiterait donc de leur solitude pour le questionner, mais pour le moment, elle avait d’autres chats à fouetter. Trouver un nom pour son vaaki était plutôt important. Elle tira à nouveau sur sa pipe alors que le tabac se consumait assez rapidement, puis elle prit une légère gorgée de son rhum.
- Et bien, si je suis pour l’adopter officiellement, je crois que je n’aurai pas trop le choix. Enfin, je dois avouer – et ça doit avoir bien paru – mais je suis bien contente de ne pas avoir retrouvé son maître. Je sens que ce vaaki et moi allons devenir de grand ami, puis il pourra me protéger au besoin. Même s’il me faut me trouver un tuteur pour apprendre au moins à me défendre.
Elle n’avait pas réellement de spécialité, mais peut-être qu’elle pourrait apprendre à se servir d’une simple rapière ou bien d’un arc ainsi qu’un peu d’autodéfense au corps à corps pour se sortir de situation de danger.
Il est vrai que s'il rend nerveux les chevaux, laisser le Vaaki avec eux n'est guère une très grande idée. De plus, le laisser seul à l'écurie alors qu'on l'a sorti d'une certaine solitude dans les grottes n'est peut-être pas non plus la meilleure solution! Après tout, s'il a été abandonné, il vaut sans doute mieux lui montrer que cela ne sera plus le cas en passant autant de temps que possible avec lui. En ce sens, la belle dame fait donc très bien de le garder aussi proche que possible d'elle-même, c'est un fait. J'hausse un sourcil à la suite de ses propos, elle est prise ici pour quelques temps? Quel dommage! Il faut bien avouer que sa demeure m'aurait déjà rapproché du grand port contrairement à sa boutique, faire une partie de la route avec elle et profiter de son hospitalité n'aurait pas été de refus, loin de là même! Cependant, je comprends que ses obligations soient plus importantes et je souris donc, ne lui en voulant certainement pas pour cela! Après tout, c'est parfaitement normal qu'elle se consacre à des affaires importantes lorsqu'elles sont présentes.
"Je comprends parfaitement Nemue, n'ayez crainte. Il est tout à fait normal que vous ne fassiez pas l'aller-retour si vous avez encore des occupations ici."
Et cela sera ma seule réponse, inutile d'aller dans les détails ou de lui demander la nature des dites occupations! Après tout, si elle veut me le dire elle pourra parfaitement le faire sans que je ne la questionne! Je me doute que cela est en rapport avec sa boutique après tout, ce qui signifie que cela ne me regarde absolument pas! Je souris doucement alors que je porte mon attention sur le Rarwük à mes côtés, Orisha est effectivement un nom qui lui va parfaitement bien! Mon partenaire est le meilleur guerrier dont je pouvais rêver pour m'accompagner sur la route, plus d'une fois déjà il m'a montré son efficacité et son courage à toute épreuve. Mon ami porte ce nom mieux que quiconque! Je vide mon verre en relevant le regard vers la belle, un léger sourire sur les lèvres alors que j'hausse les épaules, prenant volontairement un petit sourire en coin des plus mystérieux sur le visage. Mon regard venant se planter dans celui de la demoiselle.
"Peut-être... Je suis certain que je peux vous racontez quelques-unes de mes aventures mais nous verrons cela le moment venu! Un homme se doit de garder une certaine dose de mystère non?"
Bien-entendu, ce n'est que provocation plus amicale qu'autre chose! Je n'ai aucune raison de lui cacher mes aventures du moment que j'en cache la nature! Transformer mes histoires de pirates en histoire de marchands? C'est chose aisée que j'ai déjà fais à plusieurs reprises avouons-le. Je peux parfaitement recommencer car, même si mentir à la belle ne me plaît pas spécialement, mieux vaut cela que de lui dire toute la vérité et d'affronter certaines conséquences pouvant être désastreuses de ce choix! Je ris doucement avant de me lever de ma chaise, après tout si nous devons passer voir la créature, il est sans doute mieux de ne pas perdre trop de temps. Je tend ma main à la belle pour l'aider à se lever alors que de nouveau, ce sourire joueur et charmeur s'affiche sur mon regard.
"Est-ce une demande subtile que vous me faite belle amie? Si vous voulez mon aide dans ce domaine vous pouvez être plus franche vous savez!" Dis-je en riant doucement. "Si vous le voulez, nous parlerons de mes honoraires plus tard! Allons pour l'heure retrouver votre ami, ainsi que la belle Irhu avant qu'elle ne se lasse de mon absence!" Dis-je en plaisantant bien-évidemment.
En effet, garder un certain mystère avait quelque chose d’attirant, mais Nemue n’avait nullement l’intention de se rapprocher de ce dernier dans le but de faire de lui son partenaire de vie. Alors quand bien même qu’elle en apprendrait plus sur lui, cela ne gâcherait pas pour autant leur amitié. Ils s’observent un certain temps, alors que le beau brun planté ses billes dans les siennes pour venir lui dire cela. Un sourire lui est arraché alors qu’elle dépose son coude contre la table pour venir appuyer son index sur le côté de sa joue, alors que ses doigts repliés servent d’appui pour son menton. – Allons bon, ce n’est pas une petite histoire de temps à autre qui vous fera perdre tout votre charme et votre côté mystérieux. Nous savons tous les deux, de toute façon, que ce n’est pas réellement cela qui nous a rapprochés de toute façon.
Parce que bon, son petit côté mystérieux n’avait pas réellement fait long feu dès leur première rencontre. Il s’était de suite présenté à elle, usant de son vrai prénom et parlant de son incapacité à ne penser qu’à une seule femme et qu’il devait être absolument guéri afin de pouvoir poursuivre ses jeux de séductions. S’il ne s’était pas présenté ainsi peut-être aurait-elle pu voir en lui un côté mystérieux, même si à la longue elle avait bien rapidement découvert qui il était, puisqu’ils jouaient au même jeu tous les deux.
Enfin, Aslander termina son verre d’une traite, même s’il n’en restait que très peu et Nemue fit de même avant d’accepter de se saisir de sa main pour l’accompagner. Après tout, il désirait voir le vaaki et ne manqua non plus de lui faire une remarque sur ses dernières paroles concernant le précepteur. Elle se leva rapidement, se rapprochant de ce dernier collant presque son corps au sien et elle lui sourit. Joueuse, elle fit glisser le revers de son index contre son bras, alors qu’elle plongea son regard verdoyant dans le sien. – Je pensais à apprendre à me servir d’une rapière ou d’un arc. À moins que vous soyez plutôt intéressé à m’apprendre le combat au corps à corps, dit-elle avec un petit sourire avant d’ajouter ces dernières paroles d’un ton amusé. – Vous me semblez y être doué. Oui, c’était bien un sous-entendu de ce genre qu’elle venait de faire puisque ce dernier s’amusait aussi à ses dépens.
Elle lui fit un simple clin d’œil avant de prendre les devants afin de le guider jusqu’à l’appartement où se trouvait le vaaki qui devait certainement se reposer pour le moment. Elle fit un signe rapide au tavernier pour le saluer et quitta l’établissement suivi de son ami et de son familier.
- Orisha peut rentrer dans la boutique et peut monter à l’étage si vous le désirez. Enfin, je ne sais pas s’il y sera confortable, mais je vous en donne l’option.
Une fois à la boutique, Nemue vérifia avec la jeune femme si tout se passait bien et malgré les clients qui allaient et venait, elle semblait pouvoir répondre à leurs besoins ainsi que leurs questions. Vérifiant vite faite le livre des comptes, Nemue était plutôt satisfaite du travail de cette dernière et elle lui en fit part. Une main amicale sur l’épaule, le visage de Nemue semblait changer du tout au tout. Il s’agissait là d’un visage rempli de fierté et aussi d’amour. Elle n’avait peut-être pas l’âge d’être leur mère, mais elle les traitait comme si elle l’était. Son comportement gênait parfois la demoiselle, mais elle ne s’en était jamais réellement plainte. Après tout, elle n’avait pas spécialement connu la chaleur d’une maison et l’amour d’un parent avant de rencontrer Nemue.
- Nous montons à l’étage voir le vaaki, alors si tu as besoin d’aide n’hésite pas à venir me chercher.
- Très bien, dame Lynella.
- Arrête de m’appeler ainsi, j’en ai horreur. Surtout lorsque nous ne sommes que nous! Nemue est suffisant.
La demoiselle roula doucement des yeux et poussa un soupir avant de regarder en direction d’Aslander et de le pointer du menton.
- Nous avons un potentiel client dans la boutique. Je ne peux pas vous manquer de respect devant un SIMPLE client…
- Bon, Irhu, Aslander n’est pas un client, mais un ami alors tu peux te montrer plus gentille en sa présence, hmm? Finit-elle par dire en lui jetant un regard réprobateur. Je ne voudrais pas que tu le froisses et qu’il cesse de nous rendre visite à cause de ton comportement. Je ne te demande pas d’aimer tout le monde, mais tu peux au moins faire montre de politesse. Je ne pense pas t’avoir appris à agir ainsi.
Portant son regard sur sa tutrice puis sur l’aventurier à tour de rôle, Irhu finit par lâcher un désolé mâcher et presque incompréhensible avant de s’en retourner à ses affaires. Nemue poussa un léger soupir et invita donc son ami à la suivre jusqu’à l’arrière-boutique où il n’était allé que jusqu’à la pièce cachée. À gauche, il y avait un couloir qui menait à des marches montant ainsi à l’étage. Heureusement, l’agrandissement de l’étage inférieur avait permis d’agrandir un peu l’étage supérieur, rajoutant un peu de confort et d’espace de rangement. Ça n’avait rien à voir avec l’une de leur demeure, mais au moins il y avait le nécessaire pour y vivre.
- C’est petit, je m’en excuse, mais c’est ici que loge la plupart du temps Irhu et son frère. Je partage une chambre avec Irhu au besoin, mais bon ça reste ma demeure secondaire. Installez-vous, prenez place dans le salon une fois prêt.
L’entrée était étroite au point de s’en marcher sur les pieds, mais elle se dépêcha d’enlever ses bottes pour lui laisser de la place. Cela mena pratiquement de suite sur le salon et la salle manger jumelés à la cuisine qui étaient à aire ouverte et un couloir plus loin menait jusqu’aux chambres. À première vue, le vaaki semblait manquer à l’appel, mais dû à l’absence de Lith, ce dernier avait tendance à se coucher sur le lit de ce dernier. Elle se dépêcha d’aller le chercher, mais ce dernier semblait déjà avoir entendu leur arrivée et était déjà sauté du lit. Tel un jeune vaaki, il se mit alors à courir dans les couleurs presque silencieusement, ne laissant qu’entendre le bruit de ses griffes sur le parquet. Sauf qu’Aslander ne s’attendrait certainement pas à voir le vaaki trois fois plus petit que la dernière fois. Petite boule d’énergie, ce dernier sauta aussitôt sur le canapé fouettant l’air de sa queue.