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    Un monde plein de mystères,
    plein de magie et surtout plein d'aventures...

    Il est peuplé de créatures fantastiques. Certaines d'une beauté incomparable, d'autres aussi hideuses qu'inimaginables, beaucoup sont extrêmement dangereuses alors que quelques unes sont tout simplement adorables. La magie est omniprésente sur ces terres : des animaux pouvant contrôler la météo, des fleurs qui se téléportent, des humains contrôlant les éléments, des objets magiques permettant de flotter dans les airs...

    Dans ce monde, il y a le royaume d'Aryon. Situé à l’extrémité sud du continent, c'est un royaume prospère, coupé du monde. Il est peuplé d'hommes et de femmes possédant tous un gros potentiel magique, chacun vivant leurs propres aventures pour le meilleur comme pour le pire.

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    A une journée de cheval de la Capitale, aux abords d'une petit village quelconque, un véritable massacre a eu lieu. Dans les décombres, on trouve pas moins d'une demi douzaine de corps, morts avant l'arrivée du feu. Que s'est-il passé exactement ? Qui a fait tout cela ? Personne n'en sait rien mais chose encore plus étrange : de longues heures après l'événement, un mist blanc à la crinière bleu y a été vu avant d'en repartir aussi vite. Autant dire que cet événement peu commun soulève bien des mystères...En savoir plus...
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    L’Astre de l’Aube au marché noir ? Ce matin, une rumeur des plus sombres se répandait dans les salons de la Capital. La célèbre Luz Weiss aurait été aperçue en train d’acheter des objets illégaux au marché noir ? Simple rumeur, tentative de décrédibilisation ou simple mensonge de couloir ? Impossible de le dire ! L’Astre de l’Aube dément officiellement que sa directrice puisse avoir de telles relations avec la pègre. Une mauvaise pub qui pourrait éclabousser l’organisation médicale si elle s’avérait vraie, mais pour l’instant ce ne sont que des rumeurs. Des rousses, il y en a beaucoup dans Aryon et ce ne sont pas toujours la célèbre Médecin à la chevelure flamboyante. Affaire à suivre.En savoir plus...
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    Guilde ou milice
    Aeron RenmyrthLe Prince
    Aeron Renmyrth
    Informations
    Guilde ou milice
    Lun 15 Fév 2021 - 12:01 #

    Guilde ou milice ?

    Si la Guilde et la Couronne encouragent la création de groupes au sein de la vénérable intitution des aventuriers afin d'améliorer leur sécurité en quête et leur efficacité lors des demandes de habitants du Royaume, des rumeurs persistantes depuis plusieurs mois maintenant font état de regroupements d'aventuriers dont les périmètres d'actions seraient un peu plus litigieux. Evidemment, aucune plainte formelle n'a été reportée, et ce n'est que l'accumulation des on-dits qui fait que le Prince diligente une enquête discrète et informelle.
    + Proposé par : @Aeron Renmyrth
    + Participants : Jin Hidoru & Whiskeyjack Callahan
    + Objectif : Investiguer les rumeurs de milices se livrant à des actions douteuses au sein de la Guilde


    Assis à son bureau, avec la lumière blanche et pure de l’hiver derrière lui, Aeron observait les deux aventuriers qui lui faisaient face. Il avait, de fait, déjà travaillé avec chacun d’entre eux. Derrière lui, un peu en retrait, Vlora servait également de lien et pourrait fournir, suite à l’entrevue, son propre avis sur la manière dont l’échange se sera déroulé. C’était que, d’habitude, le Prince déléguait cette tâche, occupé qu’il était ailleurs. Mais, d’une, il était nécessaire de faire preuve de doigté cette fois-ci, et de deux, il paraissait tout à fait normal de rencontrer en chair et en os ceux qui travaillaient avec application pour lui.

    Sur sa droite, Jin Hidoru. Un aventurier chasseur de prime, élémentaire de feu, et qui disposait d’une puissance tout à fait appréciable. Les rapports auxquels il avait accès faisaient état d’une personnalité sans compromis, et d’un appel probablement trop fréquent à la violence. Dans tous les cas, la présence d’un peu de muscle pour cette mission ne serait probablement pas un mal pour peu que l’autre intervenant parvienne à juguler son binôme…

    Sur la gauche, Whiskeyjack Callahan, l’ex-examinateur de la Guilde, familier des rouages internes et individu décidément sympathique, toujours avec un sourire sous sa moustache foisonnante. Ex-examinateur, évidemment, suite à sa promotion au Conseil de la Guilde, l’instance dirigeante qui n’avait de compte à rendre qu’au Ministre affilié. Aeron avait déjà travaillé avec l’homme lors de ses recherches sur ce que les Saphirs avaient pu ressentir et dégoté de l’autre côté de la Frontière, et si les résultats étaient sans surprise un peu maigre, quelques informations intéressantes avaient tout de même fait surface, qui n’apparaissaient pas réellement dans les autres rapports dont il disposait. Et, surtout, il était calme.

    « Messieurs, bonjour. Je tiens à vous remercier de vous être déplacés. Tout d’abord, mes félicitations, Monsieur Callahan, pour votre promotion au poste de Conseiller de la Guilde. Nul doute qu’avec votre influence, cette dernière continuera à constituer un atout de choix pour le Royaume et tous ses habitants. »

    Il s’arrêta quelques secondes, et inclina la tête en direction de Hidoru, en signe de salut. Mais ce dernier n’avait pas de fait d’arme particulier, n’était pas encore Saphir, encore que cela ne saurait probablement pas tarder. Il fallait toutefois rester méfiant : nombreux étaient les aventuriers qui échouaient, lors d’une quête tragique, à franchir le dernier pas, et disparaissaient mystérieusement dans les limbes de l’histoire.

    « Je vous ai conviés ici aujourd’hui pour un sujet délicat. Tout d’abord, je tiens à préciser qu’il ne s’agit de rien d’officiel, mais qui concerne la Guilde au premier chef, et, bien évidemment, le Royaume au second. »

    Le Prince tendit la main derrière lui pour attraper un dossier sur une commode proche, mais Vlora lui tendait déjà le parchemin concerné, qui contenait toutes les notes dont ils disposaient sur le sujet.

    « Merci, Vlora. Comme vous le verrez dans le rapport que je vais vous laisser à la fin de notre échange, un certain nombre de rumeurs inquiétantes sont arrivées à mes oreilles. Selon ces dernières, des groupes d’aventuriers se seraient formés, non pas pour accomplir des missions et quêtes complexes, comme encouragé par la Guilde, mais pour servir des intérêts tiers, difficilement identifiables de prime abord. Peut-être est-ce simplement pécunier, ou peut-être y a-t-il des desseins plus sombres. »

    Il fit glisser le parchemin vers Callahan.

    « Evidemment, le sujet est sensible. Il ne s’agit que de vagues rumeurs, sinon la Garde interviendrait, mais je tiens à les éclaircir au plus tôt. C’est pour cela que vous constituez, à mon avis, un bon binôme. Monsieur Callahan, votre ascension récente d’examinateur à conseiller de la Guilde devrait vous permettre de disposer à la fois de l’autorité et des connaissances nécessaires pour tirer cette affaire au clair. Si besoin, vous serez épaulé de Monsieur Hidoru, un fier combattant et aventurier. »

    Le Prince nota d’un coup d’œil le léger toussotement de Vlora, derrière lui.

    « Toutefois, Monsieur Hidoru, je me permets de vous rappeler qu’il s’agit d’une enquête basée sur des suspicions, et que si des dégâts importants venaient à être causés, ou des blessures voire des morts, il serait regrettable que la Garde doive intervenir… à votre propos. Je vous assure en tout cas que je ne tolèrerai aucun dérapage indu, soyez-en certain, et que le fait que vous travailliez pour moi ne me rendra pas moins intraitable. »

    Il tapa ses mains l’une contre l’autre avec une expression satisfaite.

    « Messieurs, vous disposez de toutes les informations possibles. Je vous souhaite bon courage et bonne chance. Que Lucy soit avec vous. »

    Une fois les aventuriers partis, Aeron se recula dans son fauteuil.

    « Vlora ? Qu’en avez-vous pensé ?
    - Je pense qu’il y aura un bon équilibre entre Whiskeyjack et Jin. La véritable question, c’est de savoir s’il y a véritablement anguille sous roche ou non…
    - Il n’y a pas de fumée sans feu, et le faisceau d’indice est là. Dans le pire des cas, nous n’aurons que perdu quelques cristaux, rien de bien dramatique. »

    Baissant les yeux, il vit le prochain dossier qui l’attendait.

    « Bien, reprenons. Cette réforme de la fiscalité des tabourets ne va pas se faire toute seule. »
    Whiskeyjack CallahanLe glooby de toutes les femmes et la femme de tous les glooby
    Whiskeyjack Callahan
    Informations
    Re: Guilde ou milice
    Lun 15 Fév 2021 - 23:08 #
    Je sors du bureau du Prince passablement énervé.

    -Putain de merde.

    Jin tourne la tête dans ma direction en fronçant les sourcils. J’ai le regard dans le vague, serrant le poing rageusement. Sérieusement ? C’est le Prince qui doit m’annoncer ce genre de nouvelles ? D’où je suis pas au courant ? D’où le conseil n’est pas au courant ? J’ai toujours causé que la réputation de la guilde, c’est ce qu’il y avait de plus important. La bonne réputation rassure les clients qui fournissent des quêtes, donc du travail et permettent à la guilde de vivre, de s’agrandir et de gagner encore en réputation, nourrissant les aventuriers et le personnel. On ne déconne pas avec la réputation. Et voilà qu’il faut que ce soit l’une des personnalités les plus influences du pays qui vienne me révéler qu’il y a des sales histoires à propos d’aventuriers renégats qui vont passer la réputation de la guilde au second plan pour se remplir les poches à faire des trucs qui rentrent absolument pas dans le registre habituel de la guilde. Non, ce n’est pas anodin. Et ça a le don de particulièrement me faire chier. Rien. Nada. Pas un mot. J’aurais même pas songé à pareille nouvelle. Ne pas savoir pour un type comme moi, c’est une faute professionnelle. Ça touche à mon honneur. Et on ne déconne pas avec l’honneur d’un homme.

    Je m’approche de Jin. Je le regarde droit dans les yeux et je le mets en garde d’un doigt ferme agité devant son visage d’éphèbe.

    -Tu sais quoi Jin ? On va trouver ces fils de putes. Et on va leur faire regretter d’avoir voulu enculer la guilde.
    -Tu peux compter sur moi. Ils ne récidiveront pas.

    Bien ce que je veux entendre. Je jette ma cape sur mes épaules parce qu’il caille et je pars avec mon pote, qu’est plus qu’un collègue depuis le temps. La porte donnant sur l’extérieur s’ouvre grâce à un domestique zélée. Nos silhouettes se découpent dans la lumière irisée caractéristique des matins de la saison froide telle deux ombres vengeurs partant nettoyer la guilde de ces brebis galeuses. Comme on dit dans le milieu.

    Ça va chier.

    ***

    Après une vingtaine minutes de carrosse où on a partagé notre temps entre introspection silencieuse, réflexion sur l’éventualité de bouffer un morceau et discussions diverses du sort qu’on allait réserver à ces connards, on arrive à la guilde. Il n’y a pas de fumée sans feu, qu’aurait pu dire le Prince devant nous avec ces rumeurs jetées à notre face comme si on était les derniers des aveugles. On traverse le hall sans qu’on nous emmerde. Les gueules furax qu’on tire ne manquent pas d’écarter les questions et les ennuis de notre chemin. Je réserve une salle de réunion pour qu’on bosse. Je commande aussi un casse-dalle parce qu’on ne va pas perdre du temps à se la toucher autour d’une bonne bouffe. Je demande aussi une bière et un lait de chèvre. Je me souviens des petits plaisirs de la vie de Jin, surtout quand ça nous aide à ne pas incendier la moitié du bâtiment. Tiens, c’est une idée. Quand on les aura retrouvés, je ferais boire à Jin une gorgée de gnole à Gégé. La sainte association du meilleur des examinateurs et des aventuriers pour leur cramer le cul. Bref, on a de quoi tenir la siège. On fait tomber les capes, on remonte les chemises et on se met à détricoter ce que nous a filé le prince.

    Mais on se repose pas que là-dessus. Le conseil n’est pas courant. A priori. Mais il y a forcément des informations. Pas de fumée sans feu. Ça doit être notifié. Mais comment souvent, quand on traite des millions d’informations, il y a toujours une partie qui finit par se perdre. Sauf dans la tête de quelqu’un. Je convoque Trovnik. Je préfère mêler le moins de monde possible, car il est envisageable que des traces ont été couverts. Ce qui ferait écho à d’autres affaires de corruption dont je vous parlerais peut-être un jour. Mais Trovnik sera jamais dedans. Jamais compromis. Incorruptible. J’ai quand même une grimace de peur quand je vois sa tête passer l’entrebâillement de la porte. Reflexe conditionnée d’années sous ses ordres. Aujourd’hui, c’est moi qui les donne.

    -Conseiller Callahan ?
    -Trovnik. Ce que je vais vous dire doit rester entre nous. Pas de question. C’est bien clair.
    -Parfaitement. Conseiller Callahan.
    -Je veux tout ce que vous avez sur des groupes d’aventuriers fonctionnant depuis un moment. Six mois au moins. Toutes les informations que vous aurez sous la main laissant entendre que des éléments de la guilde travaillent peut-être un peu trop fidèlement pour d’autres et que n’est pas forcément du bon côté de la loi.
    -Comme une sorte de milice, conseiller Callahan ?

    On tique. Je secoue la tête. Lentement. Pas toi Trovnik. Je sais qu’il serait capable d’être trop honnête et de tout balancer. Mais je ne veux pas y croire. Ne me dit pas que…

    -Comment ça ?
    -J’ai entendu certaines rumeurs. Ca a été notifié dans le rapport d’événement numéro deux cents soixante treize. Page cent trente six. Il me semble.

    Le rapport d’événement. Encore un truc que vous prenez une semaine à lire et dont la majorité du contenu est aussi plaisant que de regarder un escargot faire le cent mètres par trente-cinq degrés. Ne me regardez pas comme ça. On ne peut pas tout lire. C’est strictement impossible. Mais ça aura au moins l’avantage de nous faciliter la vie.

    -Exactement. Tout ce qui concerne ces rumeurs.
    -Bien monsieur. Laissez-moi trente minutes.

    Parfait. Le temps de boire un verre, manger un gâteau et on part à la chasse aux traitres.
    Jin HidoruLe Châtieur Ardent
    Jin Hidoru
    Informations
    Re: Guilde ou milice
    Mer 17 Fév 2021 - 23:56 #


    Jack est pas en forme. Ouais, c'est pas génial. D'habitude il est solaire et arrache le sourire même au plus ronchon de la guilde. Mais là c'est lui qui va avoir besoin d'une touche de bonne humeur. Après, j'peux comprendre, il considérait déjà la Guilde comme son petit bébé, maintenant qu'il est Conseiller, l'arrivée de cette rumeur n'est peut-être pas la meilleure nouvelle pour lui.

    En tout cas on a un boulot, et que ça soit pour moi comme pour lui et la Guilde on va faire ça vite et bien.

    Du moins, j'vais faire en sorte de refroidir ou griller personne. Apparemment j'suis un peu lourd de la patte. Difficile de se retenir lorsqu'on est en plein élan, mais j'pense pas que cette excuse va servir de combine pour passer entre les mailles des exigences du Prince. Essayer de faire marcher sa tête, sans l'enfoncer dans le crâne de quelqu'un d'autre. Mais vu comment le collègue est remonté, j'vais avoir de quoi m'occuper que foutre autre chose que déchausser les dents de quelqu'un.

    Enfin, peut-être, ou pas.

    Les miches dans le bureau, Trovnik nous laisse tout les deux. Bizarre d'ailleurs, j'ai l'impression de pas être à mon poste, l'équivalent d'un larbin pour eux. L'avantage d'être le pote du Conseiller peut-être. J'vais vite prendre l'habitude... Mais pas le temps de s'affaler dans les chaises. On va devoir trier sur le volet un maximum d'informations pour amorcer le début d'une piste. Vu le nombre de pages mentionné, j'sens que j'vais passer un bon moment à la lecture. Mais mine de rien, grâce aux cours de Xylia, j'ai presque hâte d'utiliser mes nouvelles compétences littéraires au service de la guilde. Ca me changera de classer mes primes à mon bureau.

    Le lait de chèvre accueilli avec plaisir, j'me retiens de glisser un conseil à Jack, que la colère peut vite altérer notre jugement ou notre capacité à réfléchir, mais j'crois que j'suis pas un bon exemple. Ma bouche s'ouvre, puis finalement je la ferme pour continuer de becter. Plus tard, la porte s'ouvre et c'est une caisse en bois remplie de papelards dans les bras de Trovnik qui va finir sur la table. Poussières, fiches volantes et tout le tintouin.

    J'pousse une quinte de toux, la bouche dans le coude. Bon, finalement, ça me chauffe pas des masses. Mon regard cri à l'aide dans les yeux de mon partenaire, mais j'y vois que de la détermination poussé par une rage sous-jacente.

    - On a du travail, vous pouvez disposez. Ordonne sèchement le Beau-Jack.
    - Bien monsieur.

    J'prends une grande inspiration, avec l'appréhension que, oui, on va en chier. Mais genre, bien. Jack n'a peur de rien, et plonge les bras dans ce bousier administratif, talonné par moi avant de nous assoir sur les chaises, face à un tableau d'affichage qui dispose d'un bocal de punaises.

    L'horloge tourne. Evidemment, j'serai pas aussi rapide que lui. Mais j'y arrive. Le début d'un puzzle à reconstituer. Clope au bec, j'arrive avec un premier élément.

    - Rapport médical de plusieurs aventuriers blessés de manière "inexpliqué". Aucun témoignage plus détaillé de l'incident; "on a pas compris, certainement magique", cite l'un d'eux. Tiens, le voilà.

    J'épingle sur notre tableau un présumé suspect identifié et qui correspond au profil demandé par Jack, aventurier fraîchement arrivé, un certain "Don'Khei Congue", un loubard bien poilus, il a l'air de sentir la boucane à outrance. J'pose le rapport médical sur le tableau ainsi que son profil et ses faits d'armes.

    J'croise les bras en avisant la capture du cadre magique où sa trogne y figure.

    - Hm, costaud le type. On dirait qu'il s'est fait corriger salement par un paquet de bonhommes. La magie fait ça ?

    Le genre de bestiau que j'veux pas croiser entre douze cordes. La théorie de la milice est pour l'instant la plus envisageable, la question est pourquoi ? Les gardes sont pas assez bon ? Pas très sympa pour Zahria qui travaille pour cinquante, ni même Bridget qui a l'air de très bien se débrouiller. Ou alors peut-être une rébellion contre la guilde ? Le gouvernement ? J'retourne à ma chaise et continue ma fouille, en m'arrêtant un peu plus longuement sur chaque page. J'en vois pas le bout, mais j'garde encore la motivation. Ma lecture reste quand même plus rapide qu'au début, et j'réalise que maintenant l'avancée de ce progrès.

    J'aime bien, hé.

    J'sais pas trop ce qu'on va trouver, mais ce que je sais en revanche, c'est qu'on va rester un moment dans cette pièce, et j'espère qu'il y a assez de remontant ou de tabac pour tenir le coup.

    Whiskeyjack CallahanLe glooby de toutes les femmes et la femme de tous les glooby
    Whiskeyjack Callahan
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    Re: Guilde ou milice
    Jeu 18 Fév 2021 - 19:56 #
    Le postulat de base, c’est qu’il existe une milice.

    Pas de fumée sans feu.

    -Pas de fumée sans Jin…
    -Mmmh ?
    -Non… rien.

    Pourquoi la guilde ? Parce qu’elle permet de regrouper des gens aux talents variés sans qu’on trouve ça suspect. Elle permet d’envoyer lesdits groupes dans des interventions dans tout le pays sans qu’en on est à redire. Et elle permet de payer les aventuriers et ainsi éviter que l’argent tombe de nulle part. Ces trois axiomes, je me les fais assez rapidement. Parce que l’idée même de milices privées constitués d’aventuriers m’était choquante, je n’y ai jamais songé. Mais à partir du moment où c’est le postulat de base, ça en devient évident. La guilde offre une certaine liberté à ses membres, liberté qu’il est facile d’exploiter à des fins malhonnêtes.

    Je regarde le tableau. Congue trône au centre. Relié à plusieurs blessures d’aventuriers déclarés aux hôtes de la guilde sans que lesdits aventuriers aient été très prolifiques sur les circonstances de ce qui leur est arrivé. Ça ne veut dire grand-chose, si ce n’est qu’ils cachent quelque chose.

    -T’en es où sur l’identification des autres gars ?
    -J’en ai deux. Plus qu’un. Ce listing n’en finit pas…
    -On avait mis les contres rendus d’admission quelque part ?
    -Euh… A côté du cendrier, là. La pochette bleue.

    J’avise ladite pochette et j’en profite pour vider le cendrier dans la poubelle. Je ne fume pas souvent, mais là, j’ai envie. Sacrément. Heureusement qu’on a un vasistas pour aérer un peu, sinon on serait enfumé depuis un moment. Le tabac apaise un peu la colère qui a fourmillé dans mes veines quelques heures plus tôt. Alors que j’en allume une autre. Je tape dans la corbeille de noix pour en coller deux dans la gueule. Le ventre vide, c’est pas la meilleure idée non plus. Je retourne à ma place et je pose mes panards sur la commode à côté, ouvrant ledit dossier. A côté, Jin s’exclame.

    -Ah putain voilà le dernier ! Ils avaient mal orthographié son nom, les cons.
    -L’erreur est humaine Jin. Il faut savoir la pardonner.
    -Même quand l’erreur consiste à participer à une milice ?
    -Oublie ce que je viens de dire. Surtout la deuxième partie.

    Jin va placer les différents types sur le tableau, entourant Congue. Il y a Ralph « Molosse » Letrange, Nicolas « Nic » Exubery et Jasper « Surin » Alberta. De mon côté, je fouine à la recherche d’une information qui me ferait tiquer. Mon collègue s’est posé devant le tableau, aspirant longuement sur sa tige, regardant les têtes des rigolos.

    -Molosse ? Il a plutôt une tête de rat. Pourquoi s’appeler molosse ?
    -On t’appelle le châtieur ardent, t’as rien à voir avec le chat.
    -Ouai, mais je suis plutôt chaud quand je me bats.
    -Il tient peut-être plus du clebs quand il se bat, aussi. Ou bien qu’il aime bien ramasser les bâtons de son nouveau Maitre. Va savoir.

    Je retourne à mes papelards. Jin se prend une pause. Faut aussi bien s’hydrater. Il fait craquer la moindre de ses articulations dans l’intention de se sentir mieux, mais c’est de l’action qui lui faudrait. Moi, il me faudrait une information. Même la plus insignifiante. Je trouve les dates d’admission des quatre gus. Si Congue est assez récent, les autres ont entre un et cinq années dans la guilde. Ce qui a le don de m’irriter un peu, pour que des « vétérans » puissent sombrer si bas dans la décadence, c’est que leur nouveau maitre doit bien payer pour compenser leur peu d’honneur. En regardant la date d’admission de Congue, quelque chose m’interpelle, mais je ne sais pas quoi. Un truc ne va pas, mais je ne sais pas quoi.

    -Pourquoi Congue n’a pas de surnom ?
    -C’est parce qu’il est récent. Toi, t’es le châtieur, parce que t’as déjà une réputation dans la guilde.
    -J’ai pas souvenir que les trois gars là aient de la réputation.
    -L’autre explication, c’est qu’ils reçoivent les surnoms de camarades d’aventures. Ça finit par rester. Moins prestigieux comme moyen d’obtention de son surnom, mais avoir un surnom, c’est quand même très bien vu parmi les gars. Tu peux me redire la date du rapport médical ?

    Jin se rapproche du tableau et examine les documents.

    -Septième jour de la première lune de la saison froide.
    -Septième ? T’es sûr ?
    -Je sais encore compter.
    -… Intéressant.
    -T’as quoi ?

    Ce que j’ai ? C’est l’inscription de Congue qu’est une journée APRES son entrée officielle dans la guilde. Drôle de truc.

    -Encore une merde administrative ?
    -Encore une remarque sur l’administration et t’as mon pied au cul. C’est un collègue, Marty Nieh. Il y a son sceau. Il fait du bon boulot. Et puis, c’est le genre de truc qui est souvent vérifié par Trovnik. Pour ces indicateurs. Tu peux croire que c’est du sûr.
    -Ou alors, c’est l’infirmière qui a mal fait son travail.
    -Membre de l’Astre de l’Aube. Tu veux t’expliquer avec mademoiselle Weiss ?
    -Non. On va éviter. Qu’est ce que ça veut dire alors ?

    Je réfléchis un instant en caressant ma moustache, pensif.

    -ça veut dire… qu’ils se connaissent d’avant. Ça expliquerait qu’il ait été identifié comme aventuriers. Les autres l’ont soutenu.
    -Et ton Marty Nieh, il ne s’est pas posé de question quand un type à moitié cassé s’est présenté ?
    -Non… C’est vrai. Mais ça me fait penser… On avait par le listing des groupes d’aventuriers.
    -Ah non, je mets plus le nez dedans. Rien que dans les Loutres Ninjas, ils sont une chiés.
    -File, je m’en occupe. Regarde du côté des derniers contrats des gars là.
    -Okay.

    On retourne dans une vingtaine de minutes à regarder la paperasse, à se niquer les yeux et à sentir le gorille de l’action tambouriner à notre porte en gueulant qu’il trouve le temps long. Je finis par trouver ce que je voulais chercher et je remercie jamais assez la qualité de Trovnik de vouloir tout lister. Probablement sa seule qualité.

    -Ils appartiennent tous au même groupe.
    -Sérieux ?
    -Ouai. Même Congue.
    -Le Trident du Fou.
    -Encore un surnom pour se la péter.
    -Ah bah l’égo, on se refait pas.
    -Ah bah tiens, le Trident du fou. Je les ai.
    -Ah ouai ?
    -Spécialisé dans les contrats de traques en milieu sauvage. Des longues visiblement.
    -Histoire de partir loin des regards indiscrets pendant tout le temps dont ils ont besoin… Un dénominateur commun sur les clients ?
    -Des clients très variés. Pas de nom qui revient.
    -Mmh.
    -Tu penses qu’ils sont concernés ?
    -Je pense qu’ils ne sont pas innocents. Trouvons tout ce qu’on peut avoir sur ce fameux Trident.
    Jin HidoruLe Châtieur Ardent
    Jin Hidoru
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    Re: Guilde ou milice
    Dim 21 Fév 2021 - 0:32 #


    Pas innocents. Ouais, certainement. Mais à quel point ?

    Les papiers cachent désormais chaque meuble, exploité comme support pour essayer de rendre la lecture agréable. Raté. J'commence à choper une migraine, celle qui tape dans les tempes, baillant par intermittence pour oxygéné le cerveau mais aussi me faire pleurer des yeux, ces prunelles qui ont rien demandé.

    Et paradoxalement, ouais, ça brûle. Le comble, non ?

    Le silence est entrecoupé par la caresses des feuilles et le claquement de pages. Gardant l'idée en tête d'avoir n'importe quoi qui pourrait nous parler directement ou indirectement du Trident. Pensant chercher au mauvais endroit, j'recommence. Reprenant les rapports. Et, bingo.

    - Ecoutes ça, Jack. Que j'appelle en écrasant une énième cigarette.
    - Hm?
    - Rapport de coups et blessures. J'suis entrain de centraliser les noms. Quelques uns reviennent fréquemment. Nos bonhommes. Un rapport par semaine. Des durs à cuir.
    - Visiblement, une routine pour eux.
    - Ca veut surtout dire qu'ils ont arrêtés les traques pour quelque chose de moins long. J'sais de quoi j'parle, j'reviens pas une fois par semaine après une chasse. Des fois ça me prend une lune juste pour traverser le pays.

    J'hausse un sourcil perplexe en rapprochant mon intérêt sur les "raisons". Le collègue se rapproche en posant sa pochette quelque part dans ce bordel sans nom.

    - Qu'est-ce ça dit ?
    - Des conneries aussi grosses que toi. Bagarre de taverne pour commencer.
    - Tu vas pas me dire que t'as jamais envoyé des tatanes dans une taverne ?  
    - Eh bah figure que toi que...

    Il a pas tord l'enfoiré.

    - Ouais, non, rien. Ensuite ça va plus loin ; une mamie pas contente qui s'est senti bousculé.

    J'fais le parallèle avec le rapport médical.

    - T'as déjà vu une mamie bloquer la coiffe du rotateur de l'épaule avant de fissurer la cloison nasale d'un loubard de ce genre ?
    - Ne sous-estime par le troisième âge, Jin. Tu pourrais très bien en bousculer une et puis t'arriver des galères.
    - Ouais, c'est arrivé une fois, j'ai dû calmer le seul témoin de la scène. Une longue histoire. Bref. Ca colle pas. Tiens, regarde ceux-là.

    J'pose les rapports les uns après les autres, en prenant une copie de la carte d'Aryon. J'punaise les zones des supposés "incidents" qui ont entraîné ces malheureuses blessures. Et pour couronner le tout, Jack pose quelque chose d'intéressant.

    - Et pour couronner le tout...
    - Tu lis dans mes pensées.

    Il épingle alors le document.

    - Des plaintes.
    - Et le loustic, je le connais. Kriss Lacrasse.
    - Pauvre homme, on va venger ce pauvre gars qui demandait honorablement son salaire. Les fumiers.

    J'sais pas. Il m'a emmené à la Gueule Cassée alors que j'tapais du pouce au Village Perché. J'garde ça pour moi, des fois que Jack l'a mauvaise. J'poursuis ma lecture.

    - "Ils se revendiquaient d'être dans le Trident de chais plus quoi, pour venir me piquer un ordre de mission disponible au tableau d'affichage, ils m'ont rossé à trois. Vous comprendrez que c'était compliqué pour moi de partir en mission..." Après il parle de son chômage, mais c'est hors sujet. Peut-être une erreur qu'on pourra exploiter. La mission était de capturer... Un gladiateur ? Hm, on a pas le profil du type.
    - A voir dans les missions archivées.
    - Des plombs de lecture encore...
    - On en aura peut-être pas besoin si on trouve quelque chose ici.

    J'recule pour contempler un p'tit peu la carte sous un meilleur angle, en mettant des rubans rouges qui traversent chaque sinistre et essayer de donner un point d'intersection d'un supposé QG qui nous donnerait un semblant d'adresse. Jack devinera la manœuvre et me donne instinctivement un coup de patte. J'caresse mon menton une fois la besogne terminée, le regard pensif.

    - Ils se rassemblent peut-être dans ce coin. Et utilisent les alibi qu'on a cité pour s'envoyer des marrons ailleurs. La question, c'est pourquoi.
    - De sombres dessins impardonnables.
    - Garde ta hargne pour quand tu les verras. Essayons de trouver d'autres cas, peut-être que ça apportera des précisions sur leur cachette.
    - Je suis déjà dessus.
    - Le soleil décline, Jack.
    - On casse la graine et on s'y remet. Jin ?
    - Ouais, ouais. On fait ça. Faudra que j'prévienne quelqu'un que je ne serai pas disponible ce soir.

    Pas de coup fil cristallique, ma chère et tendre Haru. J'ai du boulot.

    On va trouver votre terrier, vermines, une question de temps et d'informations. Mais le moment venu... Vous serez châtié pour vos péchés. Rien à voir avec le p'tit matou qui veut des tendresses, croyez-moi.

    En entendant, je rallume une clope.

    Whiskeyjack CallahanLe glooby de toutes les femmes et la femme de tous les glooby
    Whiskeyjack Callahan
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    Re: Guilde ou milice
    Dim 28 Fév 2021 - 19:16 #
    Un sandwich trois viandes et recouvert d’assez de sauces pour avoir du cholestérol pour l’ensemble de l’année plus tard, on se remet au turbin, non sans taper dans une bonne bouteille de la réserve des conseillers, parce que les yeux piquent, les muscles sont endoloris par l’absence d’efforts physiques particulier qu’on pourrait se risquer à chopper une saloperie qui vous nique les veines et qui vous balance dans un lit d’hôpital pour les cinq prochains jours. Je peux vous dire que ce n’est pas la joie. Alors, un petit remontant, qui réchauffe les cœurs. Sauf que Jin refuse, évidemment. Parfois, il n’est vraiment pas très fun. Pour que je l’aime bien alors qu’il ne boit pas, c’est que c’est vraiment un chic type. Vous imaginez s’il buvait ? Ce serait le pote idéal. Pour sûr.

    -Ah merde, il y a de la sauce qu’a coulée sur le rapport…

    Lou va faire les gros yeux quand il verra ça. Je nettoie tant bien que mal avec un bout de serviette avant de boire une gorgée de gnole qui n’a pas peut-être pas le don de me faire réfléchir plus vite, mais qui me permet de me donner un petit coup de fouet. Allez, on s’y met. Il reste plus grand-chose à exploiter, en même temps et avec ce qu’on a, c’est plus qu’une question d’élimination des cibles potentielles. Ils se réunissent probablement dans un espace gros comme quatre pâtés de maisons. Très probablement un rade. Le genre d’endroit où les gens peuvent entrer et sortir à toute heure sans que ça semble bizarre et qu’on puisse y entendre de l’animation aux degrés variés. Je fais un listing des bars que je connais et que je fréquente et que je l’élimine par conséquent. Je connais suffisamment les patrons de ces établissements pour savoir qu’ils ne vont pas trainer dans ce genre de plans fumeux. Ça réduit les possibilités. Puis même ceux que je connais pas forcément, il y a ceux plutôt bien connu qui n’auraient jamais pu dissimuler pareil activité sans paraître suspect. Ce qui fait qu’on réduit drastiquement les possibilités. Alors, ça peut être un endroit qu’on ne connaît pas, mais quand on connaît un bar, on sait généralement s’il y a un autre établissement à moins de vingt mètres. Ça fait des cercles partout dans la région visée qui réduise comme peau de chagrin les différentes possibilités. On finit par se retrouver avec quelques coins à envisager.

    Jin aspire longuement sur sa cigarette dans un lourd silence.

    -Est-ce qu’on se dégourdirait pas les jambes ?
    -Vrai que ça serait pas de refus.

    L’est pas si tard. On se prend une voiture sur les frais de la guilde pour y aller rapidos et on crapahute dans les environs. On laisse le brin en l’état. Je fais signaler à Lou de rien toucher même si je sais bien qu’il va jeter un œil et criser devant le bordel que la pièce est devenue, mais il y a quand même un certain respect de la hiérarchie chez le bonhomme. C’est ce qu’on fait du coup. C’est le soir. Il caille un bon coup. Il neige même un peu. On s’emmitoufle dans nos vêtements et on se colle avidement dans le confort de la voiture en sachant qu’on aura pas à se prendre le vent cinglant de la soirée dans la figure sur le trajet. C’est quand même bien pratique ce moyen de transport.


    -Qu’est ce qu’on fait si on tombe sur eux ?
    -Tu peux rattraper ta soirée ou c’est mort, Jin ?
    -Je crois qu’elle me fera quand même la gueule.
    -On va les titiller alors, si ça te dérange pas.
    -Je demande que ça.

    On arrive, on nous débarque et on profite de la protection des maisons hautes et des renfoncements dans les murs pour se protéger du froid. Puis on crapahute. On s’est trouvé un petit circuit pour passer en revue ce qui reste des points à inspecter. On finira bien par trouver non ? C’est bien le cas. C’est au bout de trois quarts d’heure à ce peler les miches qu’on finit par découvrir une ruelle descendant lentement vers des ténèbres intrigantes d’où sortent et entrent des types aux gueules patibulaires. Un mec costaud fait maladroitement le vigile discret à l’entrée, surtout préoccupé par trouver un peu de chaleur à côté d’un brasero aux flammes timides, projetant les ombres des passants sur les murs.

    -C’est là.
    -On avance.

    On s’arrête pas. On sait maintenant, mais on peut pas y aller comme ça. On pourrait nous reconnaître. J’suis quand même pas n’importe qui et Jin non plus. On s’écarte jusqu’à rejoindre un établissement d’un type que je connais qui accepte de nous filer une pièce le temps qu’on se rende méconnaissable. Pour nous deux, on se change de couleurs nos vêtements grâce à nos boites de couleurs et je tape dans ma réserve d’objet inutiles pour sortir deux « La Moustache ». Un truc a collé sur la gueule et que ça vous fait pousser une pilosité plus qu’abondante.

    -Mais t’as déjà une moustache, Jack.
    -ça marche partout. Mais on va pas tenter le diable et je vais me le mettre sur le menton pour faire une barbe. A toi le plaisir d’avoir une moustache.

    Ça prend quelques minutes, mais v’là que Jin se retrouve avec une moustache que j’envierais presque. Méconnaissable le beau gosse imberbe. De mon côté, j’hérite de la barbe de bucheron qui se mêle plutôt bien à ma moustache. On transpire la virilité velue.

    -Allons voir ce qui se cache là-bas maintenant.
    Jin HidoruLe Châtieur Ardent
    Jin Hidoru
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    Re: Guilde ou milice
    Mar 2 Mar 2021 - 16:07 #


    Alors c'est ça, de porter une moustache ? Ca gratte sous les narines, j'ai des poils qui rentre dans la bouche, mais franchement, si ça permet d'avoir la classe comme le Jack, j'dis pas non. Va savoir si j'sais la porter maintenant, comme le collègue et sa nouvelle barbe flambante. Revenu sur nos pas, le gorille qui se réchauffe comme il peut nous toise arriver. Nous détaillant, pas trop fort et pas longtemps, il souffle dans le creux de ses mains avant de les frictionner.

    Vrai que c'est un temps de merde ce soir. La p'tite flamme dans le brasero me donne envie. Mais on va éviter de se faire remarquer. Passant deux doigts sur ma nouvelle pilosité, j'ajuste également mon manteau noir et bleu avant de me racler la gorge.

    - 'lut l'ami. Fait beau, hein ?
    - Vite la saison douce, c'est clair. Qu'est-ce que vous voulez ?

    Le moment de jouer au culot.

    - Invitation sur Congue, pour tu sais qui et pour tu sais quoi.
    - Les paris sont élevés ce soir, vous participez ?
    - N..Oui, bien sûr, qu'on participe.
    - Bienvenu les gars...

    Il s'écarte et tape sur une porte métallique un certain nombre de fois avant de siffler dans une sonorité spécifique. Un échange de regard discret avec Jack pour se préparer.

    - ...Bienvenue dans la Cage.

    L'ouverture mène à des escaliers qui descendent vertigineusement. On voit que dalle à l'intérieur quand il ferme le battant derrière nous. J'prends ma pierre de feu pour me cramer les doigts et tenir une petite flamme timide afin de progresser sans se faire une cheville. L'écho d'une foule en délire raisonne dans le couloir alors que ça descend toujours. Arrivé à un replat, on prend un virage, puis un autre, qui mène à un couloir qui lui est illuminé. Deux gardes posté devant une cavité naturelle creusée dans la roche. Putain, je les connais. Neville Loubard et Trev Bornik. Toujours ensemble autour d'une bière à la guilde. Alors ouais, des aventuriers font des trucs en douce, et ça rend pas service à notre réputation.

    J'sens que Jack est tendu. J'lui attrape l'avant-bras pour ne pas qu'il fasse de conneries. Il a forcément épluché leur rapport dégueu lorsqu'ils terminent leurs habituels escortes. Ils nous laisse passer sans prendre le temps de nous analyser et on s'engouffre dans un gros boucan; des hurlements d'encouragement, ça sent la bouffe et l'alcool, le brasier fait crépiter une viande à la broche. Il y a un étage de tribune, la salle est juste immense. Des lampadaires cristalliques et des torches illuminent le coin. On se faufile dans ce beau monde, un paquet de citoyens, des vagabonds, des gens qui ont des sales gueules de criminels. Et autour...

    Des aventuriers en patrouille. Putain. Joe Ramon, Miles Davis, Chet Baker, vous aussi...?

    J'pousse un soupir. J'me sens trahi, et pourtant c'est pas mes meilleurs amis. Mais ils font parti de la guilde. Une famille, finalement. Jack est toujours silencieux. La mâchoire serrée, on commence à monter l'étage pour avoir une meilleure vue d'ensemble, il est ouvert sur le rez-de-chaussée et propose une rembarde pour se délecter de la vue. Et mes yeux s'écarquillent quand j'comprends enfin pourquoi ça gueule.

    Deux loustics s'envoient des marrons dans une fosse, encerclé par la smala qui continue sans fatigue de brailler des ordres pour gagner leur pari.

    J'affiche un regard désolé à Jack. Il est vraiment pas bien. Posant ses regards sur les agents de sécurités, un semblant d'arbitre et celui qui relève les paris. Tous sont de la Maison. Pour l'instant on voit pas nos hommes trouvés dans notre petit investigation.

    - Il va falloir les sortir de leur trou.

    Whiskeyjack CallahanLe glooby de toutes les femmes et la femme de tous les glooby
    Whiskeyjack Callahan
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    Re: Guilde ou milice
    Mar 2 Mar 2021 - 19:33 #
    Tous des traitres.

    Ces sourires satisfaits. Ces attitudes de baroudeurs en terrain conquis. Ces autorités de pacotilles sur des types à peine capable de traverser la rue sans s’évanouir. Ils font les fiers. Ils font les malins. Mais ils me dégoutent. Tous, ils ne valent pas mieux qu’un orteil de Jin. Et je n’hésiterais pas à l’écraser d’un coup de botte. Ils forment une grosse merde. Parait que ça porte bonheur de marcher dedans. J’irais bien à pied joint. Et j’essuierais mes godasses sur un vieux paillasson que je brulerais après coup. Ouai. Je pense que c’est tout ce qu’ils méritent. Je contemple les pauvres bougres se tataner dans la fosse. Je suis partagé. Tu veux les sortir de là, Jin ? Mes avis qu’ils s’y sont mis tout seul. Quelque chose à prouver, l’envie de rejoindre le groupe. Que sais-je. Peut-être que l’un de ces deux là voudra s’inscrire dans quelques jours à la guilde pour mieux toucher sa paie et salir le nom de la guilde. Je pose une main ferme sur son épaule. On peut rien pour eux. On ne sait même pas s’ils veulent vraiment qu’on intervienne. On est là pour chopper des informations. Voyons voir ce qu’on a.

    Je le traine vers le comptoir. Une espèce de mur taillé directement dans la roche, donnant un aspect préhistorique au bar. Bien la première fois que j’ai ce genre de déco. Fort heureusement, les gars du coin n’ont pas trouvé l’idée excellente de se saper de peau de bêtes. Ça aurait été sacrément débile parce qu’il ne doit pas faire très chaud ici quand ils n’ont pas une animal entier à la broche. J’aligne les cristaux pour avoir une bière qui, après qu’on l’est gouté, mérite à peine la dénomination. Pourquoi est-ce qu’il faut que les établissements des gens que j’ai envie d’encastrer dans le mur soient aussi les pires taverniers de l’histoire de la création. Je la bois quand même, parce que je me doute qu’elle est coupé à l’eau et que quelque part, il y a un brasseur qu’a pas demandé à ce qu’on massacre son travail qui continue de faire ce qu’il aime faire avec passion et dévouement. Faut bien honorer ça. On avise quelques gars, on parle du beau temps qu’on voit et du combat. Les premiers passent leur chemin. On finit par dégoter un gars qui aime bien parler. Ça tombe bien.

    -Il y a d’autres combats de prévus ?
    -Après celui là ? Ouai. Je crois que des gars du trident vont se foutre sur la gueule. Comme d’habitude quoi. Histoire de gagner des places dans la hiérarchie.
    -La hiérarchie ?
    -Ouaip, mon petit gars. Vous ne connaissez pas ? Les types se battent et quand ils gagnent, ils gagnent en grade. Si l’un défi genre le chef, il prend la place du chef.
    -Ils doivent souvent changer de chef…
    -pas tant que ça. Depuis que je suis là, c’est toujours le même. C’est le Crack. C’est le bruit que ça fait quand il en a fini avec toi. Je peux dire qu’ils ne sont pas beaucoup à le défier. Moi, je n’oserais pas.
    -T’es du trident ?
    -Ah bah non ! Le trident, c’est l’élite. C’est les organisateurs quoi. C’est eux qui gèrent cette affaire. Et après, ils bossent sur d’autres trucs. Il y’en a qui viennent uniquement pour la castagne. J’ai bien essayé, mais je me suis fait allonger au bout de deux minutes. Pas très glorieux. Mais je fais partie maintenant des murs. Dans la hiérarchie, je suis tout en bas, du coup, je suis rarement emmerdé.
    -Pourquoi donc ?
    -Bah, parce que si quelqu’un de plus que moi me défie, je me peux refuser. Et quand t’es dernier, t’as rarement l’occasion de pas pouvoir refuser.
    -D’accord…
    -Mais vous en savez pas grand chose, vous deux. Vous êtes nouveaux ?
    -Ouai. On vient juste de découvrir.

    Son visage s’illumine d’un sourire de damné. Il bat le rappel des gars autour de lui à grand renfort de cri. On sait pas où se mettre avec Jin.

    -Hé ! Les gars ! C’est des nouveaux !
    -Et c’est quoi le truc avec les nouveaux ?

    Trois gars nous répondent en cœur.

    -La deuxième règle de la fosse. La première fois que tu viens. Tu te bats.
    -Ah.

    On échange un regard légèrement paniqué. Surtout moi. Je sais moins me battre que Jin, quand même.

    -On peut pas faire une exception ?
    -C’est pas moi qui fait les règles. C’est le chef. Et en ce moment, le Crack, je crois bien qu’il aime beaucoup cette règle. Du coup, vous vous battez l’un contre l’autre ? Rien de mieux pour battre le fer d’une belle amitié, ça.

    On se regarde à nouveau avec l’ami de Jin. Mais il va me démolir ! On va vraiment se castagner dans le vide ? J’ai beau avoir de la rage à revendre, je l’ai davantage pour le Crack. Pas pour Jin. Ça me ferait mal de lui refaire le portrait même si dans le fond, c’est plutôt moi qui vais manger. Je finis par poser une question utile.

    -Et quand on se sera battu, on pourra défier des gars ?
    -Pressé de se foutre sur la gueule ? Bien ça. Ouai. Si l’envie vous titille les roustons, vous défiez plus bas que vous, il peut refuser. Plus haut que vous, il peut pas refuser. C’est la quatrième règle de la fosse.

    Je regarde Jin. Et je lui fais comprendre d’un regard. C’est peut-être une sale idée de se foutre sur la gueule, mais il y a moyen de rentrer dans le jeu de ces connards et de les battre avec leurs propres règles. Eux qui souillent les règles de la guilde, ça serait pas un sacré pied de nez ?
    Jin HidoruLe Châtieur Ardent
    Jin Hidoru
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    Re: Guilde ou milice
    Ven 5 Mar 2021 - 22:47 #


    J'voulais demander si tout ce charabia était juste un gag. Une p'tite farce aux nouveaux pour les faire flipper et attendre avec le sourire la chute de cette vanne bidon. Mais non. Ça commence même à chauffer quand ils se passent le mot pour annoncer l'arrivée de deux nouvelles frappes pour la fosse. J'accepte le plan, d'un léger mouvement de la tête. À contre cœur. Alors, on pourrait me dire "super, Jin, tu vas te battre, t'adore ça".

    Pas exactement.

    Je prends un énorme plaisir à administrer de la douleur en masse à l'intérieur des gens qui le méritent. Parce que j'ai décidé qu'ils le méritaient ? Non, parce que le Royaume a foutu les primes sur les accusés, les damnés, les coupables.

    Un châtiment nécessaire. Rétablir l'ordre, enfermer les nuisibles, exterminer la vermine.

    Mais là on me demande de brutaliser un collègue, un ami, un frère de la guilde. Techniquement mon patron. Ça change la donne. J'suis pas serein, j'respire fort, mon regard fuite sur les côtés. Jack mérite pas d'avoir la gueule d'une fougasse aux chorizos, ou les membres disloqués, le derme carbonisé. Une bise, une claque sur l'épaule et une discussion amusante autour d'un verre, ouais ça serait le pied. Mais on a pas totalement le choix. Alors j'me rassure.

    On fait ça pour la mission. Simplement pour la mission. On s'excusera, on regrettera nos gestes mais on saura tous les deux que c'était ce qu'il fallait faire. Un mal nécessaire pour notre Maison, la Guilde. Alors, allons nous casser la gueule. On commence à nous bousculer pour avancer dans ce trou. L'odeur refuse de quitter cet enfoncement; le sang, la sueur. Une main arrive sur mon épaule, insistante. J'grogne dangereusement.

    - Retire cette main ou tu la récupères pas.

    Deux mirettes enflammées me trahissent puis vont s'éteindre devant Jack. On ne se serre pas la main, pas d'accolades non plus pour rester crédible. Puis on plonge dans la poussière rocheuse. Suffisamment haut pour ne pas en sortir tranquille, du moins, sans mettre l'adversaire KO. Pas le temps de mettre au point une stratégie. Ca gueule dans tous les sens, autour de nous, pas de présentation, nous sommes que deux cabots sans histoire qui doivent faire leurs preuves.

    Alors on se regarde longuement. A la suite de cette conversation silencieuse, on retire nos manteaux. Le sol est terreux, humide par le sang, les glaires et les sueurs. Ca donne pas envie de plonger dedans. Les manches retroussées, on mettra quelques secondes à se toiser, regarder le public qui nous hue jetant du gravier pour nous ordonner de bouger. Un coup de cloche annonce le début du combat, puis nous nous tournons autour, Jack a une garde bagarreur de taverne, j'peux voir ses côtes flottantes qui m'indiquent que c'est un gros buveur présumé, la rate est accessible si j'arrive à le fatiguer.  

    Mes deux poings sous le menton, les coudes sur les flancs, les jambes fléchit pour baisser mon centre de gravité, je cherche a verrouiller un rythme de respiration. Il va falloir lui faire mal.

    - Allez Jin, bordel de merde.

    Avancer en zig-zag sur des feintes de corps, déployer trois direct du gauches pour garder la distance. Merde, j'frappe pas fort, pas appuyé, Jack va les parer sans problème. Ca commence à siffler du côté des tribunes. Jack part sur un crochet marteau ample du droit que j'esquive d'un geste circulaire de la tête, puis répliqué d'une autre directe du gauche timide au milieu du visage. Il recule d'un pas, mais pareil. Son nez est rose, mais va retrouver ses couleurs quelques secondes après.

    Putain, j'y arrive pas. Pense à un truc, énervant...

    - Le suçon...Que j'susurre inconsciemment.

    Et bah voilà une bonne raison. J'dessine un sourire carnassier avant d'hurler comme un mort de faim dans un plaquage qui nous enfonce dans le mur. Ca gueule en haut. Jack attrape ma nuque sous son aisselle avant de m'envoyer des coups de coudes dans la colonne, la pointe de l'os m'envoie des décharges douloureuses dans le corps.

    - Putain, Jack !
    - Pour la Guilde, Jin !
    - Mon cul, ouais !

    Mes bras entourent son dos, et dans un rugissement, j'le suplex au sol. Ainsi commence un roulé-boulé à s'envoyer des gnons dans la tronche, et bizarrement, ils deviennent de plus de plus costaud. Je m'échappe dans une roulade, me remets en garde et charge de nouveau, infatigable. Bloquer son crochet gauche puissant, riposté direct du droit, recommencer, encore, encore, encore. Le dernier se fait intercepter dans la main de Jack avant de ramasser une gifle de tavernier dans ma tempe.

    J'suis sonné pendant une seconde, sa bourdonne dans mon oreille, la vache. Il tente une torgnole pour recommencer, désaxé pour esquiver, arriver sur le flanc, chercher le foie dans un uppercut sec et rapide puis le bousculer d'un coup d'épaule dans le coin de la fosse, un coin de la gueule en sang, la mienne aussi.

    Le public est hystérique.

    J'tapote ma tempe pour garder un peu la réalité du combat. En réalisant, que mine de rien, Jack Callahan est un cogneur.

    Mais j'ai encore rien envoyé, là.

    Allez, on danse.

    Whiskeyjack CallahanLe glooby de toutes les femmes et la femme de tous les glooby
    Whiskeyjack Callahan
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    Re: Guilde ou milice
    Lun 8 Mar 2021 - 11:17 #
    Dans l’idée, il faudrait que ça soit le plus fort de nous deux qui gardent suffisamment de jus pour aller défier le boss des lieux. L’un pourrait s’allonger après trois mandales de l’autre, mais c’est le risque de pas plaire au public et de se faire mettre à la porte avant d’avoir pu ferrer notre gibier. De toute façon, ça ne peut se passer comme ça. Il y a quelque chose de formidablement fort et souvent d’incroyablement débile qui s’appelle la fierté masculine. Ou fierté mal placé comme certains diraient. Et cette fierté, elle impose qu’on ne se défile pas quand il s’agit de s’envoyer des fions à la gueule. Qu’on ne triche pas même si on aurait toutes les raisons du monde de le faire. Dans la fosse, l’un contre l’autre, c’est fierté contre fierté. Et je saurais pas regarder Jin en face si je m’allongeais au bout de deux minutes. Je me doute bien qu’il a l’habitude, autant pour la castagne que pour le plaisir, mais il s’agit de faire bonne figures.

    Car le vainqueur ne fait pas l’ombre d’un doute. C’est sa bienveillance envers moi qui l’empêche de me détruire en quelques coups bien placés. Il a tout ce qu’il faut. Je manque de technique. La baston de taverne, j’en fais pas non plus des masses et on passe régulièrement au projeter de chaises dans la nuque qu’à l’échanges de châtaignes dans les règles de l’art. J’ai fait de la salle, ça vous donne une certaine résistance physique. Une capacité à encaisser les coups. Et ça tombe bien. Il n’y a rien de mieux qu’un gonze qui en prend plein la gueule pour satisfaire les plaisirs coupables des tarés s’agglutinant autour de nous. Ils veulent du spectacle. Ils en auront. Puis ils élèveront Jin au rang de cador. Et puis il ira démolir la gueule du Crack et en comptant ce qu’il me reste de dent, je serais bien content de le voir se faire sécher sur place. On se cogne, donc. Et pour l’instant, on rentre pas beaucoup dans le vif du sujet. On se fait des câlins. On s’envoie quelques pruneaux qui font bourdonner la tête, mais c’est juste ce qu’il faut pour se réveiller de la torpeur dans laquelle on passe notre vie et que seul les poings sont capables de nous en sortir.

    Jin tape la pause un instant. J’en profite pour gagner le public à ma cause. Je me retourne vers lui et je l’incite à gueuler plus fort. Je le galvanise. Je lève une main ferme et mes supporters me tapent dedans comme si j’étais assuré de la victoire. C’est qu’à la masse, j’ai un avantage. La salle, ça vous sculpte pas mal. Le Jin, il est plus sec, mais il donne l’impression de frapper un mur de pierre. On se regarde. Il a un sourire de charognard. Il a remis ses idées en place. Avec nos gueules poilus, on passe facilement pour des hommes des cavernes. Et ça, ça en rajoute à la comédie qui se joue, même si les poings ne sont pas là pour faire semblant. Il se rapproche. Pas rapide, laissant planer le doute sur l’angle d’attaque. Côté gauche, propulsion. Je lève ma garde, mais il est passe par le haut, son poing devenant un pilon. Poussière, je redeviendrais. Je prends le coup plein poire et je recule d’un pas, sonné. Il enchaine, revenant sur le plancher crasseux des connards et vient m’enchainer un aller retour dans la gueule juste parce qu’il a fait sauter ma garde. Je recule et je bute contre le mur. Il attaque encore. Instinctivement, je me baisse. Le coup passe au dessus. Je prends appui contre le mur et je pars le ceinturer à pleine balle. Il est déséquilibré. Je le projette au sol et il profite de l’inertie pour m’envoyer valser plus loin. Je roule boule jusqu’à l’autre côté et je me relève aussi vite que je peux. J’ai mal à la bouche. Je crache une glaire. Pourpre. Ça coule le long de mon menton.

    Premier sang.

    Les voyeurs sont hystériques. Mes supporters de tantôt me gueulent des insultes. Il y en a qui me choppent à l’épaule, derrière moi. Je me retourne fissa et je lui décolle la mâchoire d’une droite sèche. Les gens rigolent. On ne déconne pas avec les bagarreurs. Je retourne me concentrer sur Jin qui s’est relevé et qui, malgré l’euphorie du combat, a ce petit truc dans le regard de celui qui a peur d’être allé trop loin. C’est que je tire une sacrée gueule. Le sang qui coule. On s’échauffe alors la sueur commence à faire coller la poussière et la crasse de la fosse. Avec ma barbe et ma moustache souillé par la saleté, on me prendrait facilement pour le bourrin à moitié fou contre qui il faut pas se frotter. C’est marrant, on s’envoie des fions. Mais maintenant qu’on a fait couler le sang, il va falloir passer dans une nouvelle dimension. Celle du sale. Celle où les jeux de jambes et les bons mouvements laissent place à la pure brutalité et la simple idée que plus on tape, plus on fait mal. Je me pourlèche la lèvre, goutant au gout du sang. De mon sang. Avant la fin, je gouterai aussi à ton sang, Jin.

    Je gueule.

    Le cri du sauvage. Le cri de l’absence de civilité et de bons sentiments. C’est de l’esbroufe. C’est le sens du spectacle, mais au fond de soi, ça me rend plus vivant. Je charge comme un buffle enragé. Je cherche pas à me défendre. Stratégie osé de s’en prendre une pour saisir une opportunité de faire plus mal que ce que l’on va prendre. Jin m’attend, campé sur ses jambes. Il s’attend à ce que je le plaque. Presque. Je saute avant la fin. Un presque quintal de bidoche envoyé pleine bourre dans le corps. On a beau s’y préparer, ça surprend toujours. Nouvelle fois, on se retrouve au sol. Jin me la bourre le dos de plusieurs coups de coudes brutaux. J’encaisse, puis je me libère un peu d’espace. On a nos deux gueules à quelques centimètres de distance. Je prends de l’élan. Et je viens lui foutre un coup de boule dans la gueule. Ça explose. De part et d’autres. Ça aveugle. Ça fait mal. Et la rage s’en retrouve décupler. On s’envoie des fions. On vise pas. Il y a juste une seule idée en tête. Faire plus mal que l’autre. Et à ce jeu là, je peux vous dire que la jeunesse se démerde mieux.
    Jin HidoruLe Châtieur Ardent
    Jin Hidoru
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    Re: Guilde ou milice
    Mar 9 Mar 2021 - 23:31 #


    Un sacré flash blanc. Le coup de tête, jamais j'aurai pu le voir venir. Même en revivant un millier de fois la même scène. On distribue comme on encaisse. Des "Oooooh" du public quand c'est moi qui cogne, des "aaaaaah" quand c'est Jack qui réplique. On rentre facilement dans le cliché des deux bourrins qui se cognent sur la tronche sans discontinuer. Glaviole de sang et suée prendront le monopole sur nos dermes et poils moites. La chevelure humide, collante et lourde, ce qui donne encore plus le tournis que je l'ai déjà.

    Maintenant il fallait arrêter de faire soupape. Le combat devenait interminable.

    Nos respirations sont devenues des râles, des feules rauques et saccadés. Nageant encore dans l'adrénaline de l'instant, pulsé par une rage sous-jacente, malsaine. Presque de la haine. La haine de l'autre, j'ai qu'un projet, te nuire en personne. Et c'est presque sidérant de penser ça de Jack alors qu'il est l'une des meilleures personnes que j'connaisse.

    Mais ce soir, il est mon adversaire.

    J'viens de prendre certainement le sixième crochet du droit en pleine tronche. Il attend ma réponse, le public aussi, mais non. J'pars sur une feinte de frappe puis attrape son bras qui cherchait mon menton. Immobilisé, tordre, et utiliser mon autre bras pour une cravate bestiale et grossière dans la carotide. Souffle court sur un ultime crachat que son crâne touche directement le sol. On hurle à Jack de se relever, mais une descente du coude vient s'écraser contre son plexus.

    Position dominante, en califourchon, ainsi commence le martèlement de son visage sur une première directe. Il serre les dents et me bascule en avant. Roulé boulé avant d'arriver au pieds des "supporters". On me relève, puis on me pousse de nouveau vers mon ami qui reprend sa respiration, j'utilise alors l'élan pour sauter les deux pieds en avant pour percuter de plein fouet la trogne. Pas d'appuies en l'air, j'finis au sol comme une crêpe. Le crâne touche un peu fort et me sonne quelques secondes.

    Mais Jack se relève pas, du moins, difficilement.

    - Putain, Jack... Merde, quoi...

    Allez, reste à terre. J'me redresse progressivement, puis commence à prendre quelques foulées, la jambe d'appuie planté vers le corps du Conseiller qui se relève, mon pied droit vient fouetter sa mâchoire et l'envoie valser plus loin, poussé pour un ultime rugissement. Mais traits enragés vont laisser place à l'inquiétude, tandis qu'on salut ma victoire sur mon partenaire, mon collègue, mon pote, mon ami. Cocards sur la gueule, nez rouge dégoulinant de sang, la moustache imbibée, autant dire que j'tire pas la meilleure mine du siècle. Mais j'crois que c'est fini.

    J'espère oublier ce moment, vraiment.

    J'arrive même pas à soulever mon bras, on traine Jack en dehors de la fosse et moi j'finis par sortir après quelques bousculades du public qui applaudit le combat. J'en retiens rien de bon, seulement la première étape d'un plan qui j'espère va fonctionner. On en a payé le prix. Le camarade finit sur une chaise et moi on m'intercepte pour me foutre dans un groupe de bonhomme qui compte une chiée de cristaux sur un tonneau. Un dernier regard sur Jack, on vient de le foutre sur un tabouret contre un mur, un sceau d'eau dans la gueule pour qu'il reprenne des couleurs. Pour l'instant ca fonctionne pas des masses.

    - Un vrai teigneux.
    - Ouais, mon deuxième prénom.Que j'réponds en crachant du sang.
    - Teigneux, bien comme surnom, non ? Z'en pensez quoi les autres.

    Ca commence à crier "Teigneux" en braillant comme des débiles, l'homme parviendra à parler dans ce boucan.

    - Bravo pour ta nouvelle promotion ! Tu es dans le Trident.
    - J'ai pas fini.
    - Ah...?
    - Je veux défier Crack.

    Silence dans la salle. Puis un fou rire dans toute l'assemblée. Visiblement ils ne me croient pas, alors j'commence à monter sur le tonneau, en foutant les cristaux à terre d'un coup de botte pour gueuler un bon coup.

    - JE DEFI L'HOMME QU'ON APPELLE "CRACK".

    Mon corps ne tremble pas, mes yeux transpire la rage de vaincre, la rage d'avoir dû cogner un semblable pour vos sales tronches de ploucs. On va nettoyer ce coin, une purge est nécessaire, et je serai beaucoup plus méchant cette fois. Des pas lourd raisonnent au sol, le tonneau tremble, et tout le monde se retourne en apercevant un homme immense encapuchonné s'approcher de moi, séparant la foule en deux à son passage avant de s'arrêter net. On peut pas voir son visage, seulement entendre sa voix vibrer dans mes tympans comme un fauve s'adressant à plus petit que lui.

    - Défi accepté.

    Il me tourne le dos, et saute dans la fosse dans une onde de choc. Je... J'suis pas serein. Jack est encore dans les vapes. Mais pour lui...

    ... J'vais détruire ce fumier.

    Whiskeyjack CallahanLe glooby de toutes les femmes et la femme de tous les glooby
    Whiskeyjack Callahan
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    Re: Guilde ou milice
    Jeu 11 Mar 2021 - 19:25 #
    Je sens plus rien.

    Enfin. Si. Je sens le gout du sang dans ma bouche. Je sens l’intégralité des os de mon visage me demander de bien vouloir mourir pour qu’ils reposent en paix. J’entends des choses. Un brouhaha de voix, d’insultes et de borborygmes. Je dois avoir les oreilles en compotes. Ou c’est la cervelle qui sait plus comment interpréter les signaux. J’ai la respiration difficile. Je sens l’air passer difficilement dans ma gorge et j’pense que je dois siffler un peu à chaque expiration. J’ai la cage thoracique qui me fait mal. Comme si la terre entière avait décidé de peser de tout son poids dessus. Ça m’étouffe presque. Je sens qu’on me jette de l’eau à la gueule. Je suis à peine capable de m’occuper de rien qu’en plus, il faut que je me débrouille pour pas me noyer dans le peu de flotte qui me rentre dans le nez. Je tousse. Difficilement. On me fout une claque. Pas pire qu’une caresse. Tu frappes comme une gamine. Va demander à Jin ce que c’est de cogner. Jin ? Ah oui. C’est vrai. On se battait. Je pensais qu’il allait me pulvériser. J’ai pensé juste. Parfois, c’est agréable d’avoir tort. J’aurais été content, dans une certaine mesure, d’avoir tort. Quoi qu’on dise, ça aurait fait moins mal. Nouvelle caresse. La tête part dans le même sens. Aucune résistance. J’ai envie de dormir. Merde. Il est quelle heure ? Vous pouvez pas aller me chercher mon oreiller à dodo ? Juste cinq minutes. Allez. Ça gueule. Fort. Jin doit se mettre en valeur. Ça crie aussi à côté de moi. Un ? Médecin ? Oh bah oui, je dirais pas non. J’espère qu’il sait s’occuper d’autres choses que des verrues et de la mauvaise haleine. Vrai que j’aimerais qu’on me remette sur pied. Faudrait pas rater la suite. Je me demande quelle tête il a, le Crack. Est-ce que c’est le genre à inspirer la terreur alors que c’est un nabot ? Ça serait drôle. Je sens qu’on me palpe. Vrai que je suis plutôt beau gosse, mais on vous a déjà parlé du consentement ? C’est important. On se masse autour de moi. On dit qu’on me perd. Me voilà mal barré. Ils ont bu. Trop. Et ils voient n’importe quoi. Regardez. Je suis là. Non ? Il continue. Monde de merde, hein. Je soupire.

    Mon dernier soupire.

    Au même moment, le Crack lève les bras aux cieux de roche avec une lenteur toute calculée, les poings fermes. Ses fidèles l’acclament avec une dévotion emplie de crainte. Puis, lentement, il enlève sa capuche, révélant son visage, puis il jette négligemment son vêtement à larbin avant de faire craquer ses muscles imposants.

    Spoiler:

    Son assemblage de protèges bras, épaulettes et pièces de protections diverses font révérences à quelques créatures qui ne font pas souvent le petit déjeunée des aventuriers expérimentés, démontrant d’une certaine expertise dans la traque chez l’homme ou, du moins, un certain gout pour les fringues tapes à l’œil. Il jette à Jin un regard curieux, lâchant un mince sourire comme s’il appréciait sa prochaine victime. Une par une, il retire les différentes pièces d'équipement qui ne respectent pas les règles du combat. Et il faut respecter le code. C’est qu’il n’a pas souvent l’occasion d’affronter les gens. Il n'est donc pas habillé pour. Pas que ça le dérange. Généralement, on ne le défie pas. Parfois, il défie, et les mecs en face sont bien emmerdés. Refuser ? Passer pour un lâche ? Ou accepter et se faire démolir ? Bien souvent, c’est la peur qui les cloue sur places et ils ne valent pas mieux qu’un sac de frappes. Il n’a pas regardé le combat contre Jin. Il était occupé ailleurs. Les affaires. Puis, un nouveau combat est l’occasion d’innover.

    -Nouvelle règle du club de la bagarre !

    Il embrasse son poing d’un air pensif, fixant Jin, tournant tel un lion en cage. Chaque nouveau combat, une nouvelle règle. Pour varier les plaisir. Pour rappeler à tout le monde qui est le chef et qui fait les règles. Il se demande qui est son adversaire. Sa force. Il jette un regard à la victime inconsciente autour de laquelle on s’affaire. Plutôt bien bâti. Pas n’importe qui. Et vu la tête qu’il a, ils n’ont pas fait semblant. Pas n’importe qui, donc. Sa curiosité grandit. Le défier dans ses conditions relève du suicide. Ca ne serait pas drôle de le détruire sur place. Le Crack, magnanime, est prêt à lui donner une chance. Une victoire indiscutable est régulièrement nécessaire pour resserrer les colliers qui, dernièrement, ne retiennent pas suffisamment les chiens enragés du Trident. Mauvais pour les affaires.

    -Autorisation d’utiliser son pouvoir. Mais discrètement. Si un combattant énonce le pouvoir de l’autre, l’autre a perdu.

    Ça siffle dans les tribunes. Généralement, interdire les pouvoirs relève d’une décision sage d’éviter de tuer les gens. On fait moins d’affaires avec des cadavres et on attire davantage la situation. Peu sont ceux à connaître le pouvoir du Crack. Ils sourient, appréciant le sens du spectacle de leur chef. Le Crack se met en position. Tend la main. Et lui fait signe d’approcher.

    -Montre-moi la flamme qui t’anime, Teigneux.
    Jin HidoruLe Châtieur Ardent
    Jin Hidoru
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    Re: Guilde ou milice
    Mar 23 Mar 2021 - 13:35 #


    Évidemment, tout le monde gueule sur ses mots. Il a clairement le public dans la poche, à cracher le mot "crack" dans un rythme d'horloge. La nouvelle règle est bien entendu imposée et j'pense que la modifier ou lui proposer autre chose relève de l'absurde ou du débile. Et j'ai pas que ça à foutre à causer de quoi que ce soit.

    Vous dire que j'ai pas les miquettes, ça serait mentir. Bien sûr, son apparence me fouette le sang. Mais est-ce que ça doit m'arrêter ?  Comment Jack me verrait si j'ai pas donné tout ce que j'avais ? Comment j'peux me regarder dans le miroir correctement après avoir défoncé la gueule d'un camarade pour rien ? Comment j'vais pouvoir me balader sereinement dans la guilde avec tous ces sacs à merde jubiler discrètement sur un regard furtif que personne pigerai sauf moi ? Parce que j'me serai dégonflé, parce que j'aurai capitulé, parce que j'aurai fui.

    Non, c'est pas possible. Pas d'options, pas de choix, pas d'alternatives, pas d'autres solutions.

    Seulement gagner.

    Le combat reste pas du tout dans les règles. J'suis crevé, pas lui. J'suis blessé à certains endroits, pas lui. On est pas dans la même catégorie de poids non plus. Et pourtant il y a cette espèce de cadre ambiant qui demande un certain sens de l'honneur, un code qui faudrait suivre pour rester loyal. Très bien, alors on va jouer avec vos règles. Il ne se tient pas en garde, il marche doucement vers moi qui suis déjà paré, le sol vibre à chacun de ses pas. Lorsqu'il est à portée, il s'arrête net. Les deux poings serrés le long du corps. Si j'peux appeler ce bloc de marbre un corps.

    Coup de cloche.

    Tous mes sens s'enflamment - pas au sens propre - et c'est dans un rugissement que mon premier coup de poing part dans le plexus, faute de pas pouvoir viser la tête. Mes phalanges s'écrasent douloureusement dans un bruit étouffé, comme si toute les particules de ses muscles avaient tout encaissé.

    Fou rire général.

    - Pathétique.

    Ses gros doigts partent dans un geste vif autour de mon cou, la pression augmente sur ma gorge alors que l'air me manque. J'tousse, ma voix s'échappe à peine, et j'peux pas monter en température au risque de faire deviner mon pouvoir. J'essaie de me libérer en en essayant d'écarter l'étau qui se resserre, mais rien à faire. J'ai le tournis, putain, non... NON !

    Mon pied arrive de plein dans la fouet dans la mâchoire, lui dévisse la tête et me lâche malgré lui. Grosse quinte de toux, pas le temps de récupérer puisque ce gros tas fonce déjà avec un coup de poing marteau qui arrive à la verticale vers mon crâne. Une roulade dans le bon tempo et c'est le sol qui va ramasser le coup à ma place. Mes poings font pas grand chose, par contre mes pieds...

    Hm, d'accord. On va d'abord fatiguer ce salopard.

    J'commence à travailler mon jeu de jambes en sautillant sur mes appuies, systématiquement sur la pointe des pieds, en reprenant ma respiration.

    - Allez, ramènes toi, Crackette.

    Il fend un rictus contrarié et charge de nouveau. Il connait pas encore ma stratégie, celle de l'énerver. J'relève que ses mouvements son amples, hyper puissants et assez évident à anticiper si on sait un peu se battre. J'me désaxe juste avant l'impact et commence à "danser" autour de lui, me réappropriant la fosse, comme si j'étais chez moi. Comme si c'était mon territoire.

    Un autre coup appuyé et tout aussi baraqué que lui me refait du vent lorsque j'évite dans une esquive circulaire. Tout en restant le moins immobile possible, jamais au même endroit, toujours sur un jeu de jambes agile. Pour l'instant, c'est joli, c'est presque moralement correct pour les deux côtés.

    Puis Crack perd patience.

    Il attrape un supporter comme une poupée articulée et me le balance droit sur ma tronche, j'me couche in extremis et le pauvre type va s'écraser contre le mur du fond comme une mouche et glisser sur une trainée de sang. Gros rugissement qui suit, sa course secoue le sol. J'me redresse, court dans sa direction, glisse entre ses jambes. Mais alors qu'il essaie de freiner sa course, j'grimpe sur son dos et envoie mon genou dans l'arrière du crâne. Ca cogne fort, sec, dans une giclure de sang, mais un revers de la main me balaye dans un claquement cinglant pour mieux m'envoyer de l'autre côté de la fosse.

    J'arrive pas à me relever. La moitié de mon visage est entrain de rougir sur cette gifle de grognours, ça pisse du sang sur mon arcade à outrance.

    Allez, putain, Jin, on se relève.

    Le genou, l'autre genou. Poing au sol.

    On y retourne.
    Whiskeyjack CallahanLe glooby de toutes les femmes et la femme de tous les glooby
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    Re: Guilde ou milice
    Jeu 25 Mar 2021 - 21:10 #
    J’ouvre les yeux.

    J’attends la douleur. Qui ne vient pas. Je sais ce que j’ai pris. Je sais que j’ai sombré dans l’inconscience un bref instant. Ou peut-être plus, difficile d’avoir la notion du temps quand on perd connaissance. Je peux vous dire qu’il vaut mieux appeler les secours quand ça vous arrive. C’est pas anodin, ce genre de truc, mais enfin, on n’est pas là pour parler santé. J’attends encore. Rien. J’ai donc un aussi bon métabolisme ? J’ai presque envie de retourner dans l’arène pour en recoller une à Jin. C’est qu’on n’a pas forcément envie de finir sur une défaite. Je tourne la tête autour de moi pour voir ce qu’il se passe. On ne se préoccupe pas de moi. Déjà parce que ça se bas dans la fosse. Ah, ça, on n’aime pas le vide. Alors on le remplace rapidement. Mais d’autres ne se préoccupent pas du combat. Ils sont visiblement entrain de se demander quoi faire du corps.

    Du mien. De corps.

    Je peux vous dire que ça vous fait très bizarre de se voir de côté. De face, c’est normal, avec un miroir. Mais de côté, c’est beaucoup plus technique, ne faites pas ça chez vous. J’ai l’air serein, même si la gueule bien tuméfié. On voit les choses sous un autre angle de cette façon. Drôle, hein ? Mais je me trouve plutôt beau gosse. A se demander comment je me fais ne pas draguer à longueur de journée. Peut-être qu’il faut donner le droit aux femmes d’importuner les conseillers, je sais pas. Ou alors, c’est l’aura. Ma sympathie naturelle qui fait que j’intimide. Un peu la poisse ultime ça. Que tout le monde ait peur de t’inviter à boire un verre alors que tu attends que ça, et plus si affinité. C’est peut-être la barbe le truc qui me manque. A méditer. Et puis cette moustache. Franchement. Elle n’est pas magnifique ?

    -Très.

    Je m’arrête dans la contemplation de mon physique d’esthète et je me retourne, constatant que je suis pas seul. Enfin, je suis pas seul, parce qu’il y a mon corps à côté et plein de gars qui ont tenté de me réanimer, mais c’est comme s’ils me voyaient pas. Par contre, le type derrière moi, j’ai toute son attention. Il dénote un peu dans le paysage. Enveloppé dans une robe longue d’un noir profond, il me domine largement, surement proche des deux mètres. Son visage dissimulé est dissimulé par une capuche et seuls ces yeux sont visibles. Deux lueurs d’un bleu flamboyant. De sa manche droite sort une main osseuse. Et quand je dis osseux, c’est pas qu’il a la peau sur les os. C’est de l’os. D’où le osseuse. Ladite main osseuse tient une faux aussi grande que le personnage et son tranchant semble évident. L’individu penche la tête sur le côté.

    -Excusez moi… mais vous êtes qui ?
    -Je suis la Mort.
    -Ah. Et pourquoi vous êtes là ?
    -Vous êtes mort.
    -Ah…

    Le truc assez étrange, c’est que finalement, j’ai pas l’impression qu’il parle. C’est comme si les mots apparaissaient dans ma tête. Enfin, ma tête est un concept assez étrange si ce que me dit cet étranger est vrai. Mais quand on se donne tant de mal pour inspirer une certaine forme d’autorité lugubre, peut-être qu’il est de bon ton de croire la personne. Et puis, ça a le mérite de justifier comment je me vois de vue de côté.

    -Du coup, ça se passe comment ?
    -Je coupe le fil, puis on fait selon votre religion.
    -Le fil ?

    En effet, je m’aperçois d’une sorte de fil me reliant à mon ancien corps. Le dernier lien, sans doute. L’ultime lien, même.

    -Pratique ce fil.
    -ca varie selon les gens.
    -Et après du coup ?
    -Comme le dit votre religion.

    Mh. Je suis bien emmerdé. Je crois que depuis que j’ai commencé à vous causer, je n’ai jamais vraiment parlé de religion. Je vais pas dire que je suis athée, mais ça pourrait l’être. Dans le doute, je vais me rattraper à la plus connue.

    -Faisons comme Lucy.
    -Lucy ?
    -Oui. Lucy.

    La Mort reste silencieux, puis sort un bouquin de sous son manteau qu’il commence à consulter sans se préoccuper de moi. Au bout de quelques instants qui paraissent une éternité, mais qui n’en sont pas vraiment une, en rapport à ce que le temps, peut-être, s’écoulent plus lentement ainsi. Enfin, je suis pas un expert en la matière.

    -Je n’ai pas de Lucy dans mon registre.
    -Ah. Du coup ?
    -Je ne sais pas comment faire.
    -C’est dommage. C’est quand même chiant de vous avoir fait déplacer si c’est pour rien.
    -C’est vrai.
    -C’est bien comme travail, sinon, Mort ?
    -C’est une tache comme les autres. Il faut beaucoup de rigueur. L’important, c’est de couper les liens avec précisions et rapidité. Vous voyez ? D’un mouvement sec et rapide.

    Il fait une rapide démonstration. A vide, heureusement. J’apprécie le geste.

    -Ah oui, faut un sacré coup de main.
    -Intéressé ?
    -Pourquoi, vous recrutez ?
    -J’ai perdu mon stagiaire récemment.
    -Ah bon ? Il a clamsé ? Ahahah. Ahahah… Ahah.
    -Non. Il est devenu duc.
    -Carrément ? ‘fin, je sais pas ce que c’est. Mais ça a l’air bien.
    -Bref, je suis à nouveau tout seul. Et c’est un peu difficile. Voyez vous, je suis assez traditionnaliste dans mon corps de métier.
    -Ah oui ?
    -La faux, c’est l’outil ancestral. D’autres Morts tentent des autres outils. Je n’aime pas beaucoup ça. C’est peut-être efficace, mais on perd un peu « l’âme » du métier.
    -Drôle.
    -De ?
    -Rien. Continue, je t’en prie.
    -Merci. Je les vois là, à parader sur leur moissonneuse-batteuse. Mais c’est pas l’esprit. Normalement, c’est la faux. Un par un. Méthodiquement.
    -Une moissonneuse-batteuse ?
    -C’est une sorte de gros trucs avec des centaines de faux à l’intérieur qui tournent tout seul.
    -ça marche avec un cristal ?
    -Un cristal ? Ah mais oui. Tu es du royaume magique. C’est pour ça que je trouve pas cette Lucy. Je peux pas m’occuper de toi
    -Ah ? Dommage. Le boulot avait l’air intéressant. Du coup, on fait quoi ? Je reste là ?
    -Non. tu me parais tout de même bien sympathique.
    -C’est tout naturel.
    -C’est cela oui. Je vais te réintroduire dans ton corps.
    -Ah ? C’est bien sympa, ça. Je ne t’oublierais pas.
    -Tout le monde m’oublie.
    -Pas moi. La preuve c’est que j’ai un ami qui …

    Je me réveille.

    J’attends pas la douleur mais elle se fait pas prier. Oh putain. Sous l’assaut, je crache un peu de sang, ce qui a le don d’attirer l’attention sur moi et sur mon soupçon de vie. Et ouai, je suis pas encore mort. Le soigneur du Trident se jette sur moi et applique sa magie pour me retaper comme il le peut. Ils ont pas tous des pouvoirs qui vous requinquent, frais comme un gardon, mais souvent, ils savent faire quelques trucs. En l’occurrence, il me tire de la zone rouge et c’est assez agréable. Je cligne des yeux. On m’aide à me redresser. J’ai un peu la bouche pâteuse. Je me souviens d’une conversation, mais plus de ce que j’ai dit. Et de à qui j’ai parlé. Bizarre. Bah. Ça doit pas être très important. Probablement les délires que l’on peut faire quand on est à l’article de la mort. Faudra me rafistoler chez des experts, qu’on me dit, mais je devrais tenir sur mes jambes et pas mourir dans leur main. Toujours relou les morts. Même lancer dans la mer avec un caillou aux pieds, ils finissent par remontée et attirer les problèmes. T’façon, je fais partie du club maintenant que je me suis battu. Et parait que l’une des règles, c’est rien ne sort. Je suis quelqu’un de réglo. Rien ne sort. Promis. On me remet sur mes guiboles et les trois quarts se détournent de moi.

    -Qu’est-ce qui se passe ?
    -C’est que ça se bat, là ! Le Crack contre le Teigneux !
    -Ah ouai ? J’aimerais bien voir ça.
    -Attends, je t’amène.

    Je prends appui sur son épaule et il me dégage un passage pour y voir un peu plus clair. Le hasard veut que le Crack choppe un gars qui boucher la vue et qui voulait pas bouger ses fesses. On prend la place avec le médoc sans trop se soucier du sort de l’autre gars. Il le retapera qu’il dit. Vu mon état, j’fais confiance.

    En bas, je vois Jin se taper avec le Crack. Sacré bestiau. Le châtieur ardent se permet une prise acrobatique osé pour prendre au dépourvu le chef du Trident. Ça se tape, mais l’autre répond. J’ai un peu peur pour Jin quand il met du temps à se relever, mais je gueule comme je peux quand il y arrive. Il a pas beaucoup de soutien, mais j’vais pas l’abandonner.

    -T’es avec le Teigneux ? Malgré la rouste qu’il t’a mise ?
    -Ouai. Je sais ce que valent ces poings. L’autre me parait trop sûr de lui.
    -Ah, ça, le Crack. Il est fort, mais il a pris un peu le melon dernièrement. Il a même proposé qu’on se renomme les Saigneurs du Crack. Les copains sont pas trop chauds. Un jour, il va se faire battre et on aura l’air con avec ce nom.
    -Vrai. Faut prévoir toutes les éventualités.
    -Ouai. Comme celle que le Teigneux se fasse refaire la gueule. Ohlala ! Le Crack va faire la frappe du tigre ! Une de ces spécialités.
    -La frappe du tigre ?
    -Ouai. On le voit à sa position. Il va se propulser en l’air et balayer l’air d’un coup de pied pour toucher son adversaire.
    -Le Teigneux va l’éviter.
    -Peut-être, mais il va pas comprendre que c’est le pouvoir du Crack qui va le toucher ?
    -Son pouvoir ?
    -Ouai. C’est dur à expliquer, mais il génère sur ses jambes, quand il frappe vite, une sorte de couche d’air solide. En face, il voit la jambe, il esquive comme il peut. Généralement, ça se joue à pas grand-chose pour l’esquiver, sauf que tu te fais toucher par cette surcouche d’air invisible et aussi dur que la jambe du Crack. Et ça fait mal ! C’est une arme secrète assez dur à percer parce que dans l’intensité du combat, la taille de ses guiboles envoyées à pleine vitesse t’incite pas trop à réfléchir, mais plutôt à esquiver à l’instinct. Du coup, tu te prends les coups sans comprendre.
    -Ah ouai. Malin.
    -Intéressant de le voir utiliser dans l’arène. C’est sûr qu’avec cette règle, il se rajoute une corde à son arc. C’est pas très fairplay, je trouve.
    -Si tu le dis.
    -Oooh ! Il a failli esquiver. Rapide le gars. Mais il a un peu était touché. Regarde-le ! Il comprend pas. Il est persuadé qu’il allait passer en dessous. Du coup, ça le travaille et le Crack en profite pour l’enchainer avec sa technique des Poings Divins pour qu’il ne puisse pas se stabiliser.
    -Les Poings Divins ? Ca a pas quelque chose à voir avec la Gueule Cassée ?
    -Ah ? Vous connaissez ? La vérité, c’est que le Crack a voulu les rejoindre. C’est un fan depuis qu’il est tout petit, mais il s’est fait battre par Kara Loft sous les yeux de Jessie Védé quand il était encore lieutenant. Il l’a pas jugé au niveau.
    -Ah oui. Dur.
    -Ouai. Du coup, cette arène, tout ça. C’est un peu son élément. C’est sa gueule cassée à lui, puisqu’il ne pourra jamais y aller en tant que combattant.
    -C’est un raté quoi.
    -Faut pas trop lui dire ça en face. Il devient rapidement sanguin quand on parle de ses échecs. Il a une grande confiance en ce qu’il est et sa maitrise du combat, malgré ce qui s’est passé à la gueule cassée. Il devient extrêmement prévisible, mais il reste puissant. Ceux qui ont essayé, je les ai pas forcement retapé comme ils étaient avant.
    -Du genre ?
    -Du genre à avoir perdu quelque chose dans la tête, si tu vois ce que je veux dire. Il sait pas ou il a mis les pieds, le Teigneux.
    -Oh, tu sais, connaissant le gars. Il met les pieds où il veut. Et c’est souvent dans la gueule.
    Jin HidoruLe Châtieur Ardent
    Jin Hidoru
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    Re: Guilde ou milice
    Dim 4 Avr 2021 - 12:18 #


    C'est pas l'envie qui m'en manque, de lui cartoucher la gueule avec mon pied. On a le droit de rêver, hein ? Qu'est-ce qui s'est passé ? J'ai pris un choc que j'suis pas censé prendre. Il pousse l'air ? Une onde de choc ? Il prend même plus la peine de jauger, pour revenir cogner plus fort avec une technique qui lui est propre aux poings.

    Les bras s'approchent, incroyablement plus vite, ma tête bouge de manière circulaire puis latérale pour esquiver comme j'peux, mais le dernier va se loger dans mon plexus quand j'y mets les bras en croix pour faire barrage. Le choc résonne quand même, et ça fait mal. J'suis de nouveau propulsé vers l'arrière. Un énième roulé-boulé lamentable. J'ai des fourmis dans les bras, se relever relève de l'effort extrême. Mais ça va, j'suis encore sur mes deux jambes. Encore solides.

    Crack se tape un fou rire en contractant les biceps devant tout le monde qui hurle de louanges.

    J'vais être honnête, j'suis pas bien. Même tirer la tête pour faire celui qui ne ressens rien ressemble juste à des grimaces de douleur, couplé à des râles et des expirations bruyantes. Les bras ballants, j'ai même plus la force de les maintenir dans une garde potable. On va pas se mentir, ça fouette du derche de mon côté.

    J'suis en train de perdre.

    J'ai cru entendre la voix de Jack à un moment donné, j'en profite pour balayer un peu le public des yeux. T'es là, mon pote. Difficile à expliquer, mais c'est comme regagner une bouffée d'oxygène régénérante. Se battre seul, et se battre lorsqu'on a quelqu'un sur qui compter pour nous aider, de loin comme de près, c'est bel et bien différent. Parce que le mental se retrouve pulsé par une énergie nouvelle. Et il y a que comme ça que le corps suit. Quoi qu'il arrive.

    Une glaviole de sang s'échappe de ma bouche quand j'crache avec la décence d'un pirate. Avant de prendre une grande bouffée d'air en serrant les deux poings. Crack termine de jouer les coqs et se retourne devant moi en marchant dangereusement. Allez, Jin.

    Il n'est qu'un obstacle lamentable pour le Châtieur Ardent.

    Il va falloir lui faire très mal dans une fenêtre d'intervention très courte. Finit l'asticotage Jin, faut aller au charbon. Il charge, ma main chauffe et la paume vers son visage j'expulse une vague de chaleur pour le noyer dans un mirage. J'pars directement sur le côté pour chercher le mur de la fosse, prendre un pied, deux pieds sur sa paroi pour me propulser dans les airs. Un genou pointé vers l'avant, il va s'écraser sur son crâne dans un fracas d'os alors qu'il me cherchait sans savoir où j'me trouvais. Une décharge parcourt toute ma jambe quand j'amortis la chute d'une roulade, il a la tête dure l'enfoiré. Comme un chêne puissant, il tombe pas de suite. Il titube, complètement groggy, puis pose le sien de genou, au sol. Le sommet de sa tête pisse le sang, puis il envoie une droite en aveugle, du côté où j'suis arrivé.

    - Ton pouvoir c'est les illusions ! Qu'il crie dans un élan de nervosité.
    - Raté !

    Sauf que dans un glissement j'passe immédiatement de l'autre. J'prends appuie sur sa jambe fléchie pour repartir en l'air et percuter l'arrière de sa tête une nouvelle fois dans une descente du coude. Il part en avant, puis s'effondre au sol. Il se relève rapidement. Putain, j'en ai ras le pif. J'sprint quand il tente de se relever, et mes deux pieds partent en avant dans un tacle assassin dans l'arrière du genou pour l'envoyer à terre une nouvelle fois. Il tombe comme un arbre mort sur le dos et comme une bestiole enragée j'saute sur son torse et lui assener un, deux, trois, quatre, cinq coups de tête, en rythme avec les cris du public avant de chercher à lui marteler sa tronche indéfiniment avec mon coude, le souffle bruyant.

    Il me faudra plusieurs secondes pour comprendre qu'il était déjà KO. Son visage ressemble à une tarte au fruits rouge, mais son énorme torse continue de monter et descendre régulièrement. Je m'affale sur le côté, tandis qu'un silence vient de gagner toute l'assemblée. Merde, on aura même pas eu le temps de trouver le pouvoir de l'autre. Comment j'aurai pu trouver le sien de toute manière...

    Allongé à côté de lui, la pression retombe, ma respiration est irrégulière, ma gueule est en sang, j'ai mal de partout, et j'sais que dorénavant, j'pourrais pas me relever. Comme si j'avais utilisé tout ce qu'il me restait dans un ultime sursaut d'adrénaline. Jack gueule, mais je l'entends à peine, et dans un vrombissement sonore...

    J'crois entendre des applaudissements. Puis des cris.

    C'est fini ? Putain, dites moi que c'est fini, j'veux pas crever dans une fosse.

    Whiskeyjack CallahanLe glooby de toutes les femmes et la femme de tous les glooby
    Whiskeyjack Callahan
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    Re: Guilde ou milice
    Jeu 8 Avr 2021 - 22:38 #
    -Bah putain…

    Mon nouveau pote le médic' en revient pas. Il a la bouche pendue dans le vide qu’on pourrait y foutre le cul d’une choppe à bière dedans sans trop de difficulté. Je plutôt d’accord avec son premier ressenti. J’ai pas assisté à tout, évidemment, mais cette fin, c’était quelque chose. Le Crack était un sacré morceau, mais à trop avoir la confiance, on finit par se faire avoir. On comprend pourquoi il n’a pas réussi à intégrer les Poings Divins. Le combat sans estimer la valeur de son adversaire, c’est avoir déjà perdu le combat contre soi-même. Je sais plus qui a dit ça. Peut-être bien Jacques Hichan. Crack n’est toujours pas prêt à rejoindre la Gueule Cassée et peut-être que cette défaite lui passera l’envie de vouloir se mettre sous les feux de la rampe. Se faire battre là-bas, puis devant les larbins ici présent, c’est quoi la suite ? La classe de marmot ? Ça lui collera à la peau et à part casser la figure systématiquement à tout ceux qui en auront parlé, il en ressortira jamais lavé. Si on peut-être lavé d’une défaite. Car comme a dit Rambeau, la défaite fait parmi de nous avant de devenir le marchepied vers la victoire. Et ça, il l’a quand même basé après avoir gagné contre son rival qui l’avait séché les deux fois précédentes. Ça vous pose un peu le contexte.

    Bref, c’est une histoire qui ne nous regarde pas. Pour en revenir à la fin du combat, je peux vous dire que je suis resté digne et plutôt calme. Je suis pas conseiller de la guilde pour rien. Faut avoir un certain contrôle de soi-même.

    -OUAI PUTAIN JIN ! T’ES TROP BALEZE ! T’ES LE MEILLEUR ! TU LUI AS TELLEMENT DEMOLLI SA FACE ! YA PERSONNE QUI PEUT TE DEFIER, T’ENTENDS ? PERSONNE N’ARRIVE À TA HAUTEUR.

    Contrôle de soi. Hein.

    Je saute dans l’arène et j’ai parfaitement le droit puisque le combat est fini. J’attrape mon pote le médoc encore sous le choc pour l’obliger à descendre à ma suite. C’est qu’il a du boulot, il va falloir qui me requinque mon Jin. Parce que passer l’adrénaline et l’euphorie de la victoire, on se rend tout de même bien compte qu’ils se sont envoyés des fions sacrément vénères et qu’ils ne restent pas au sol pour le spectacle. Les deux sont KO. Mais c’est mon Jin qu’a gagné. Nah. Les mandales qu’il m’a mises dans la gueule auront servi à quelque chose. Je crois pas que j’aurais tenu face à ce monstre. En même temps, Jin était bien meilleur que moi, donc le résultat est plutôt logique. On arrive à ses côtés et je demande à mon copain de s’occuper de l’aventurier. L’autre est pas mourant, je m’en assure, même si c’est moi qui va clamser à faire des efforts. D’autres descendent dans l’arène et se préoccupent davantage du Teigneux que du Crack. Privilège au nouveau roi. Je surveille le doc, mais il fait bien son taff. Il répare ce qu’il peut comme il a réparé avec moi. On file un cruchon d’eau à Jin pour qu’il s’abreuve aussitôt qu’il a repris un peu du poil de la bête. Je vais soutenir le champion, il en a bien besoin. Et alors que je manque de tituber, c’est le doc qui me soutient. On est quand même bien drôle à se soutenir à la chaine.

    Je tapote la joue de Jin pour qu’il fasse la mire sur ma gueule. Puis je le prends en pince sous le menton.

    -T’as gagné putain. Tu l’as défoncé. T’as défoncé ce connard. T’es vraiment le meilleur. Putain. Et tu sais quoi ? C’est toi le boss maintenant ! Putain ! PUTAAIN !

    Il sourit de traviole comme celui qui comprend parfaitement, mais que ça fait mal à pas mal d’endroits pour ne pas en faire abstraction. Je suis vraiment euphorique, vous ne trouvez pas ? J’arrive pas à garder une once de dignité de conseiller. On lancerait une baston générale que je me lancerais dedans direct tellement je suis dopé à tout ce que mon corps peut produire de drogue naturelle. Je lève le bras bien haut de Jin et je gueule comme un putois.

    -QUI EST VOTRE BOSS ?
    -TEIGNEUX ! TEIGNEUX ! TEIGNEUX !

    Ça gueule en chœur. Ça résonne entre les murs. Ça devait être sacrément comique avec l’ancien. Parce que gueuler « CRACK ! CRACK ! CRACK », à part donner l’impression de vouloir soulever la gueuse, je vois pas ce que ça peut vous faire penser. De partout, il y a des gars qui gueulent, frappent dans leur main ou même essaie de coller une baffe viril au nouveau champion. Tous des connards à trainer avec des traitres. Ça, j’ai pas oublié. Le trident, on le décapite et faut pas que j’oublie d’aller fouiner le plus possible avant de perdre des informations. Je me rapproche à nouveau de Jin, fort de mon autorité de faiseur de roi de circonstances et je le prends contre moi pour lui chuchoter à l’oreille.

    - Vas-y Jin. C’est ton moment. Fais les bouffer dans ta main. Impose ta loi. Fais leur oublier ce connard Crack. Profite. Tu l’as mérité. Et sans rancune.

    Ouai. Même s’il m’a allongé. Même si j’ai failli y passer, hein. Je le lâche et je le laisse face à la marée humaine. Fouiner ? Fouiner, ouai. PUTAIN IL A GAGNE C’EST TROP DE LA BOOOOMBE.
    Jin HidoruLe Châtieur Ardent
    Jin Hidoru
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    Re: Guilde ou milice
    Dim 25 Avr 2021 - 1:36 #


    J'sais même pu où j'habite, mais mes esgourdes commencent à recapter un peu ce qui se dit - ou plutôt ce qui se hurle - autour de moi. Toujours marrant, de voir qu'à l'instant où nous sommes arrivés nous étions que des sous-merdes qui valaient même pas qu'on donne l'heure, et maintenant, on devient le centre du monde. C'est l'aspect éphémère de la victoire qui peut nous faire perdre pied et choper un énorme melon.

    Est-ce que j'ai le melon ? Là, non. Plus tard, surement. Trop occupé à glairer du sang.

    Mon œil gonflé est maintenant fermé, le seul valide va balayer l'endroit mais aussi Jack, qui est aussi moche que moi. Le voir inconscient tout à l'heure m'avait bien inquiété, presque à se demander s'il avait pas canné, mais Jack est solide, et il l'a parfaitement prouvé ce soir. Quand j'veux regarder l'état de Crack, un rideau d'hommes me bloque la vue, mais vu le placard, il devrait s'en remettre également.

    Un rictus amusé aux réactions démesurées du collègue. Difficile en le voyant comme ça qu'en plus d'être un collègue de boulot il est également mon patron. Le même patron qui m'a remis un courrier qui fait refroidir, mais, j'suis sûr qu'il avait pas le choix, et j'veux pas lui rappeler ce genre de chose après ce que nous vivons. Mais il me touche, il a cru en moi, jusqu'au bout. Comme des blessés de guerre on s'écarte de la fosse, sous un tonnerre de louanges et d'applaudissement, gueulant comme des barbares sur ma victoire que j'ai eue de peu. De très peu.

    En avançant, des mains lourdes et pourtant affectives me foutent des tatanes comme pour mieux me féliciter, j'ai même pas la force de me défendre, seulement une grimace qui ressemble grossomerdo à un sourire. Mon bras tenu dans les airs par Jack, on attend mes quelques mots alors que j'ai encore le tournis. Il va retomber mollement contre moi, alors que le silence commence à regagner l'assemblée. J'affiche un regard attendri sur Jack, pour le remercier silencieusement que notre combat sera oublié, ou bien remémoré autour d'une chope dans une grosse marrade entre copains.

    J'essaie de me redresser, j'entends un truc craquer dans ma colonne, ça pique, mais j'essaie de tirer la mine du mec qui sent rien. J'espère que ça se voit. Raclant la gorge, transperçant mon auditoire par un regard qui teinte une lueur incandescente comme pour donner du poids à mes mots, je m'avance.

    - Il y en a qui disent qu'ils aiment le combat. Ils ne savent pas de quoi ils parlent. Se battre est une histoire de respect, se faire respecter, au dépend de l'autre. Il faut essayer, sentir. Avoir cogné, distribué, encaissé... Avoir tout fait, non à fond, mais assez pour comprendre.

    J'laisse planer un silence en cherchant du regard les yeux de cette bande de nazes. En espérant que ce discours puisse au moins les changer. Mais j'y crois que dalle. J'pointe le doigt vers la fosse pour poursuivre.

    - Crack a perdu, parce qu'il a oublié cette pensée fondamentale. A compter de ce jour le trident n'existe plus. De nouvelles règles vont être instaurés ici. A commencer par un nouveau nom.

    J'boite dans leur direction, la foule se sépare pour me laisser passer, et dessine un cercle solennel autour de moi. J'ose espérer que j'suis quand même convaincant malgré ma moustache factice sous le pif. Bon, j'avais dis que j'devais trouver un blase...Hm, ça devrait le faire.

    - Cet endroit va s'appeler le Club de la Bagarre. Nous ferons rien d'autre que s'envoyer des pruneaux dans la trogne. Est-ce que j'suis clair ?! Vous voulez quoi ? De la baston ?! Du combat ?! Du sang ?! Des nez cassés ?! Lèvres fendues ?! La civière toute prête ?! Les cocards ?!

    Un immense "ouais" résonne dans l'assemblée pour appuyer mes dires comme des matelots appuyant leur capitaine de navire. L'énergie que ça procure est totalement inédite. Comme une vague de puissance qui se complète à la mienne. Le reflet de la victoire. L'idée commence à émerger dans ma tête, alors que j'regarde tout autour de moi. L'idée alléchante de profiter de cet endroit pour faire parler les poings. Comme à la Gueule Cassée. Embrasser le plaisir de se casser la gueule sans discontinuer. Faire parler nos plus bas instincts dans une fosse où seuls nos ressources peuvent nous sortir de notre pétrin.

    La rage au ventre.

    Essayant de garder ce nouveau leadership qui m'habite sur les épaules, j'me saisis d'un tabouret pour prendre plus de hauteur.

    - Vous êtes prévenu, et le bienvenu, au Club de la Bagarre. Règle numéro 1... Il est interdit de parler du Club de la Bagarre.

    Je gronde cette règle avec une voix glaciale et neutre. Comme un avertissement qui défie quiconque voudrait la violer sans subir mon courroux. Une première règle qui va nous protéger du regard inquisiteur de la loi. Parce que j'viens de réaliser que j'suis maintenant dans ce bateau. Avisant Jack, nos sourires se synchronisent, satisfait de savoir que nous projetons la même chose, même si on a pas oublié tous ces traitres qui mériteront une punition exemplaire. Sommes-nous semblables ? Nan. Pas du tout. Le cadre va désormais changer. Pas question de parler mafia, ou cartel, ou milice. Simplement le bonheur de se foutre sur la gueule dans un contexte parfait pour le faire.

    Se libérer de ses chaînes pour faire parler la rage sous-jacente couler dans nos veines.

    Whiskeyjack CallahanLe glooby de toutes les femmes et la femme de tous les glooby
    Whiskeyjack Callahan
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    Re: Guilde ou milice
    Lun 26 Avr 2021 - 19:18 #
    Donnez lui dix ans de plus, des cicatrices à vous laisser imaginer les enfers qu’il a traversé et vous obtiendrez un chef capable de galvaniser n’importe quelle bande de lâches et de les transformer en légion prête à donner tout ce qu’ils ont pour voir la lueur du respect dans le regard de leur chef. Si un jour, le royaume d’Aryon était menacé et que la garde ne serait pas assez nombreuses pour s’opposer à une invasion de je ne sais quelle menace, je peux vous dire que j’ai trouvé le gars que je mettrais à la tête du corps des aventuriers prêt à mettre les cristaux de quêtes de côté pour défendre ce qui fait les valeurs de ce pays. Probablement pas le stratège, mais le Héros. Le chef charismatique. Ça aurait une sacrée gueule. Même si pour l’instant, il l’a un peu amoché. Parait que ça plait aux filles. Je lui souhaite de trouver de quoi panser ses maux en agréable compagnie.

    Je le laisse à son nouveau rôle de leader du Club de la Bagarre dont je suis officiellement membre, et je me dirige en boitant vers la partie des lieux d’où était sortie le Crack. On me l’a indiqué et il y a certains signes qui ne trompent pas. Certains des aventuriers qu’on a identifiés avec l’ami Jin quand on a gratté les archives de la guilde sont en train de mettre les voiles, sentant le vent tourner. La perspective de ne pas les arrêter là, maintenant, me fout la haine, je dois vous le dire. Mais regardons la vérité en face, je ne suis pas en état de les arrêter et Jin non plus. Et mettre les nouveaux copains de Jin dans l’affaire, c’est un coup à ce que ça se retourne contre nous. Ne prenons pas de risques. On les retrouvera. Soit quand ils mettront les pieds à la guilde comme si rien ne s’était passé, soit on les retrouvera dans la nature. J’y veillerais.

    Je laisse passer les zigotos avant de rentrer dans les baraquements d’où ils sont sortis. Le genre d'endroit privé où seuls les membres du trident pouvaient circuler. Il n’y a plus personne à part deux types trop saoulés pour être une menace. C’est un bordel sans nom, mais c’est pour la partie probablement réservé aux sous-fifres. J’ouvre quelques portes menant à des placards à des dortoirs sommaires. Les lieux ressemblent davantage à une grosse cabane comme on faisait quand on était gamin. Le genre d’endroit pour se réunir et tuer le temps quand il n’y a rien à faire. Puis je finis par trouver ce que j’étais venu chercher. Les quartiers du Crack. Un fauteuil confortable. Un bureau en bordel qui laisse peu de doute quant à l’absence de capacité administrative de l’ancien boss des lieux. Un coffre sommaire que je fracture, contenant des cristaux, probablement le fruit des derniers contrats avant qu’ils soient distribués ou bien l’argent des paris de la fosse. Ça peut être aussi la part du lion, comme quoi le Crack se mettait bien dans l’affaire. Bien plus qu’auprès de la guilde. Je récupère. Finalement, c’est l’argent de la guilde. Il sera utilisé à bon escient pour ceux qui ne trahissent pas l’institution. Puis, je me tourne vers la paperasse. Pas d’archives, des brouillons par ci par là. Des instructions sommaires. Crack devait peut-être gérer son groupe d’une main d’acier, mais il n’avait pas le temps et la patience de s’occuper de tous les petits détails qu’on oublie bien souvent mais qui font le cœur d’un groupe parfaitement compétent. Rien qu’un système rodé de transmission des informations, c’est pas à la portée du premier venu et pourtant si important. Clairement pas le temps de trouver quelque chose d’utile dans la masse. Je réunis le tout dans un fatras pas possible que je fourre dans mon sac sans fond. Des services compétents feront le tri dans ce qui est utile. Je passe une dernière fois les lieux en vue, ouvrant les tiroirs et toquant aux murs à la recherche d’une cache secrète, mais rien. Pas aussi sophistiqué.

    Je sors. Je me dis qu'on ne trouvera pas forcément tout ce que l’on souhaite sur cette affaire. Probablement que les commanditaires resteront introuvables, cachez derrière des gens qui sauteront quand ils apprendront ce qu’il s’est passé, mais clairement, ça va déjà mettre un sérieux frein à cette histoire, surtout que l’on a clairement de quoi dissiper le doute sur la rumeur. Pour le reste, on laissera ça à la couronne. Et peut-être à Trovnik, parce qu’il ne faut pas oublier que ça concerne la Guilde, aussi. Et si le Prince s’attarde sur les intérêts de la guilde, en tant que conseiller, je suis drastiquement plus concerné par ce qu’il se trame. A à un gars pas trop idiot, je lui indique de faire ramener une voiture devant l’entrée contre quelques monnaies. Puis j’attends le Jin qui met un dernier coup à sa prise de contrôle des lieux, finalisant son emprise sur les pauvres gars du coin et trouvant des gars qui ont pas trop la gueule de crevard pour gérer l’endroit jusqu’à ce qu’il revienne. Il va avoir du ménage à faire, mais faut dire que l’endroit ne manquera pas d’un certain charme. Je mettrais bien un petit pote derrière le comptoir, je pense que ça dérangera pas l’ami.

    Quand il en finit, on remonte doucement, presque bras dessous, bras dessus. On a des sales gueules. Faudra passer une bonne nuit et se refaire une santé avant d’apparaître devant le Prince avec ce qu’il voulait.

    -Tu crois qu’on va avoir des problèmes Jack ? Rapport à ce que le Prince, il avait pas l’air chaud pour le côté violence.
    -La garde est-elle intervenue ?
    -Non… mais… enfin… on porte la violence sur nos gueules là.
    -Et bien, Jin. Enquêtez pour le Prince, c’est une chose. Nous avons récupéré les informations qu’ils souhaitaient. Toutefois, il s’avère que des informations sur des aventuriers coupables d’infractions aux règlements de la guilde soient parvenues aux oreilles du conseil de la guilde des aventuriers. Il est donc tout à fait naturel que le conseil de la guilde ait pris des sanctions proportionnées aux infractions commises à l’égard desdits coupables, et ceci immédiatement après la prise de connaissances des faits reprochés. C’est du domaine de la guilde et de sa capacité à faire respecter les règles.
    -ça serait pas du pipeau de gratte-papiers, ça ?
    -T’emmerdes pas avec ça. Pense juste à ce qui te ferait plaisir, là, maintenant.
    -Un oreiller. Doux.
    -Clairement.
    Aeron RenmyrthLe Prince
    Aeron Renmyrth
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    Re: Guilde ou milice
    Dim 2 Mai 2021 - 10:56 #

    Le Prince contempla sans mot dire les deux visages tuméfiés qui lui faisaient face. Il était certain que, deux jours après sa demande initiale, quand le conseiller Callahan et l’aventurier Hidoru avaient demandé à livrer le rapport de la mission qui leur avait été confiée, le jeune homme ne s’attendait pas à un tel résultat. Cela lui avait fait craindre le pire : la situation était trop grave, ils se retiraient, vaincus par les circonstances et les brutalités.

    Une explication rapide et sommaire avait mis un terme à ses suppositions les plus funestes.

    « Donc si je comprends bien, vous avez pris le contrôle de ce groupe illégal dans le but de le réguler, juguler, et, in fine, stranguler ? »

    Le Conseiller hocha la tête avec raideur, qu’elle vienne des séquelles des combats, ou des circonstances. Aeron tapa le plateau de son bureau du doigt en lisant la liste des annexes du rapport. Evidemment, des crimes avaient été commis, comme en attestaient les faisceaux d’indices sur lesquels les deux membres de la Guilde s’étaient basés, et chaque crime méritait sa rétribution. La prise de contrôle avaient également été réalisée non sans violence, mais il s’agissait d’un niveau tout à fait acceptable : le trident avait manifestement résisté à l’interpellation, et personne n’était mort ni torturé. C’était un niveau que le Prince jugea acceptable.

    « Donc, Conseiller Callahan, vous êtes en train de me dire que malgré votre enquête, vous n’êtes pas parvenus à tirer au clair des éléments précis qui permettraient à la Garde d’inculper directement les personnes incriminées ?
    - C’est bien ça, Votre Grâce.
    - Et ce, malgré la présence d’écrits circonstanciés dans le coffre-fort du Crack ?
    - Tout à fait. Toutefois, je peux vous assurer que la Guilde continuera à mener une enquête plus approfondie et réussira sans nul doute à identifier les cas les plus graves pour les livrer à la justice de notre Royaume.
    - Et pour les cas… moins graves ?
    - Selon le décret numéro sept mille trois cent cinquante-sept, alinéa deux b, signé en l’an sept cent un, les délits commis dans le cadre de l’activité de la Guilde peuvent faire l’objet d’une enquête interne avec des conséquences tirées du règlement intérieur.
    - Hm. »

    C’était bien le cœur du problème, ou, en tout cas, ce qu’il en restait. En l’espèce, Aeron ne disposait pas d’élément probant pour agir directement ou faire intervenir la Garde, ou bien uniquement en s’en prenant à Callahan. Cela reviendrait à détruire la bonne grâce qui se construisait entre eux. Et, à voir son état, il n’avait manifestement pas rechigné à aller mettre lui-même un terme à cette affaire.

    En allant plus loin, en lisant entre les lignes, il apparaissait clair que Callahan comptait faire le ménage lui-même au sein de la Guilde, et mettre un terme aux rumeurs persistances. Cela n’était peut-être pas une mauvaise chose : la réputation de la Guilde étant ce qu’elle était, au vu de son rôle au sein du Royaume, il valait peut-être mieux ne pas l’écorner. Et si les coupables ne pourraient récidiver et que l’ordre revenait au sein de la vénérable institution, d’une certaine façon, cela suffirait au Prince. Le seul point gênant était que la Justice se devait d’être visible de tous, égale et impitoyable.

    Pourtant, elle serait visible au sein de la Guilde. Nul doute que des rumeurs viendraient corroborer ce qui arriverait probablement aux membres de l’organisation. Aeron regarde la liste de noms de suspects potentiels qui lui était fournie. Il s’agirait simplement de surveiller les retombées.

    « Très bien. J’ose espérer que de telles rumeurs ne reviendront jamais à mes oreilles, Conseiller Callahan. Hidoru et vous avez réalisé un excellent travail, et je vous remercie d’être intervenu aussi directement et avec autant de célérité.
    - C’est tout naturel, Votre Altesse.
    - Bien sûr, Votre Grâce. »

    D’un tiroir de son immense bureau, Aeron sortit une bourse de cristaux.

    « J’espère que nos prochaines collaborations seront aussi fructueuses. »

    ****

    Une fois les aventuriers partis, Vlora entra avec deux tasses de thé sur un plateau.

    « Vous êtes certain que c’était la bonne solution, Votre Grâce ?
    - Callahan va probablement finir le ménage loin des regards. En tout cas, je l’espère. Tâchez de surveiller ce qu’il va arriver à la liste des coupables présumés, d’ici un an. Nous verrons ainsi de quel bois il est fait, s’il tient davantage du robinier ou du chêne. »
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    Re: Guilde ou milice
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