Autant l’un que l’autre, notre fouille n’est pas plus fructueuse… Je soupire en me dirigeant vers les derniers coffres que nous n’avons pas fouillé abandonnant l’idée de ramasser de la vaisselle pour la revendre. En m’approchant des coffres, un clic discret se fait entendre. Sur mes gardes, je m’immobilise et constate que la pierre sous mon pied s’est légèrement enfoncée dans le sol. Pas de bol, je crois que j’ai marché sur un piège…

Shir ? Je crois que j’ai un menu problème…

Immobile, j’essaye de rester calme. Cela ne va pas m’exploser au visage n’est-ce pas ?

Loin de moi l’envie de casser l’ambiance mais mon annonce semble avoir cassée la relative bonne humeur de mon comparse. Si je n’avais pas le pied sur un machin pouvant potentiellement m’exploser au visage, sa tête m’aurait fait éclater de rire. Il l’aurait certainement mal pris, et il aurait eu raison. En l'occurrence, il semble presque plus inquiet que moi. Chose paradoxale sachant que c’est moi qui est le plus en danger pour le moment… Je me demande s’il essaye de me rassurer ou de se rassurer lui-même. Avec un peu de chance, le piège ne s’activera pas car abimé par le temps…

Bien sûr que tout va bien se passer. Restons calme et cherchons une solution.

Réfléchissant à un moyen d’ôter mon pied de ce foutu interrupteur, j’envisage d’user du fourreau d’un de mes sabres pour garder la pierre enfoncée et retirer mon pied de là. A choisir, sacrifier un fourreau me semble une bien meilleure idée qu’une jambe… Alors que je porte la main à mon sabre, un nouveau clic se fait entendre. Immédiatement, je reporte mon regard vers mon coéquipier. On ne peut pas avoir autant de malchance non ? Sa remarque me fait sourire, un sourire un brin crispé. Tendant mes mains vers lui pour lui intimer le calme, j’essaye de le rassurer sur notre situation.

Pas de panique, tout va bien se passer. Aucun piège ne semble s’être déclencher pour le moment.

*pssssshhhh*

Rectification, il y a bien un truc qui s’est armé… Réfléchissant à toute allure, je cherche la source de ce bruit. On doit à tout prix comprendre à quoi nous avons affaire si nous voulons en réchapper ! On dirait le bruit du vent à travers un orifice… Une meurtrière comme dans le bâtiments où j’habitais lors de ma précédente affectation. Regardant Shir, je remarque qu’un nuage commence à se former à ses pieds. Génial…

Faisons le point veux-tu. Un gaz est en train de se répandre dans la pièce. Je doute que cela soit juste un truc opaque, cela nous laisse donc deux options… Du poison ou un truc qui va exploser sous peu.

Au fur et à mesure que je parle, j’ai l’impression que ce fichu nuage se densifie et remplie de plus en plus la pièce. Et avec la porte défoncée par Shir, ça va certainement se répandre dans la pièce d’à côté.

Je pense qu’il vaut mieux courir maintenant et mettre le plus de distance entre ça et nous. Je propose que l’on s’engouffre directement dans un escalier. Quel est ta préférence, monter ou descendre ?

Attendant sa réponse, je me prépare à détaler au pas de course. La vitesse est notre meilleure alliée pour le moment. Si cela explose, on se fera peut-être juste souffler, si c’est du poison, plus on s’éloignera vite, moins on y aura été exposé.

Notre situation pourrait certainement être bien meilleure mais pour l’instant, notre priorité est de nous éloigner de cette fumée. Traitons les choses une par une… Optant à juste titre pour monter à l’étage au-dessus, Shir s’élance en essayant de cacher son nez derrière sa manche. Je ne prend même pas cette peine jugeant que le tissu ne filtrera pas vraiment le gaz et court juste derrière le page. Arrivé dans l’escalier, il me fait part de son appréhension sur ce que nous allons découvrir. J’hésite un instant à l’informer que nous nous approchons clairement d’une grosse bestiole. Mon odorat est formel, on approche de la source de l’odeur que j’ai sentie un peu plus tôt… Décidant que cela ne sert à rien de lui mentir, je l’informe de notre probable future situation.

Probablement une créature… L’odeur que j’ai sentie tout à l’heure est de plus en plus forte au fur et à mesure qu’on monte les marches…

Plus habituée à combattre des animaux lors de mes chasses en pleine nature, je passe devant lui et tire un sabre de son fourreau. Nous montons prudemment les marches jusqu’à apercevoir une lumière et la fin de l’escalier. C’est maintenant que les choses sérieuses reprennent… Je m’avance à l’entrée de la pièce essayant de trouver la source de l’odeur tout en priant pour qu’elle soit à un potentiel étage supérieur. Je soupire en silence, l’odeur est trop forte pour que la créature soit ailleurs… Au premier abords, la pièce semble vide mais une fois mes yeux adaptés à la luminosité de la pièce, je distingue la forme d’un gros animal au fond. Elle semble en train de dormir… Une chance pour nous peut-être. Je descend quelques marches pour rejoindre Shir et discuter de nos actions.

Il y a une chimère qui roupille au fond de la pièce. Si on fait attention, on peut tenter de la contourner et voir s’il n’y a pas un autre escalier pour changer d’étage.

En temps normal, j’aurai proposé que l’on combatte et tue la chimère mais à deux, cela est risqué sans même un arc et des flèches… Avec ça, on aurait pu, en visant correctement, l’affaiblir un peu avant de passer à l’attaque avec nos armes conventionnelles. Après discussion, on opte pour la tentative d’une traversée discrete. Toujours en tête du groupe, je m’engage en première dans la pièce Shir me suivant quelques pas derrière.

Chaque pas me tire une grimace alors que je me rapproche de la chimère. Dangereuse, je préfère qu’elle reste endormie plutôt que de servir de repas. Arrivée à sa hauteur, j’hésite un instant à lui porter un coup fatal pour être certaine de ne pas avoir de problèmes par la suite mais mes connaissances sur l’animal ne sont pas assez étoffées pour être certaine de mon coup… Alors je la laisse tranquille préférant évoluer en silence vers les escaliers visible derrière elle.

Arrivée dans les escaliers, je monte quelques marches perdant ainsi de vue la chimère et m’appuie contre la paroi en soupirant. Mine de rien, c’était stressant comme situation. Je laisse un petit temps à mon coéquipier pour qu’il puisse lui aussi souffler puis lui fait signe que nous continuons. Murer dans un silence de plomb, je m’attaque à la nouvelle volée de marche.

Le temps passe lentement, et le paysage ne change pas… Des marches et encore des marches… Pas patiente pour un sous, je commence à regretter que nous n’ayons pas affronter la bestiole.

C’est long….

La plainte m’échappe alors que je n’en voit pas le bout. On explore un escalier ou une tour en fait ?

L’ascension de l’escalier est une bonne occasion de réfléchir. Réfléchir à notre situation légèrement critique ? Non, ce n’est pas mon genre. Réfléchir à ce que je pourrais bien faire pour qu’Athena cesse enfin d’ignorer mes avances est bien plus intéressant. Ce n’est pas comme Kaïri, ou d’autres, elle est un peu mon premier coup de foudre. Plus qu’une conquête, celle que j’aimerai avoir comme compagne. Mais, pour ça, il va déjà falloir briser cette fichue carapace qu’elle s’est forgée… Je pensais que cette carapace se serait un peu fissurée pendant que nous ne sommes pas vu, mais non, elle est toujours aussi insensible. J’ai cru un instant que les ragots de la Caserne suite au massage que je lui ai fait lui ouvrirait les yeux… Mais non, elle est complètement hermétique à tout ça… Il va donc falloir frapper un très grand coup maintenant. Mais quoi ?

L’avantage de réfléchir à autre chose que notre situation est que je ne vois pas le temps passer et évite de penser à mes jambes qui commence à être douloureuse. Données importantes qui débarquent dans ma tête lorsque Shir réponds à ma plainte.

Possible… Désolé, j'étais ailleurs. On s'arrête manger et boire ? Je commence à avoir un peu faim quand même, tout ce stress me creuse l’appétit.

Joignant le geste à la parole, je m’assoie sur une marche et commence à fouiller dans mon sac sans fond à la recherche de la nourriture et de la gourde. Je prend une longue gorgée d’eau essayant de chasser un pseudo-goût de poussière restant dans ma bouche. J’enfourne un bout de viande séchée dans ma bouche et sans aucune cérémonie continue la discussion la bouche pleine.

Twu cwa qu’on va awiver au wout ?

Même moi, j’ai rien compris à ce que je viens de dire… Tant pis… J’avale tout rond le morceaux et recommence.

C’est long… J’ai l’impression qu’on monte au ciel là, elle paraissait pas aussi grande la tour vu de dehors. Tu crois qu’on devrait faire demi-tour ?

Monter ou retourner vers la chimère au risque qu’elle soit réveillée maintenant… Je grignote un peu préférant économiser les rations. On a pour deux jours de nourriture chacun et une durée indéterminée de fouille… Je range mes restes bien comme il faut pour ne pas les perdre dans le sac et reprend un gorgée d’eau. Prévoyante, j’attache la gourde à ma ceinture. Compte tenu qu’elle se remplit toute seule, l’eau comblera le creux qui pourrait survenir… Avec un soupir, je reprend l’escalade des marches mais cette fois en incluant mon camarade à la réflexion.

Tu peux peut-être m’aider Shir ! J’ai besoin de faire ouvrir les yeux à une femme que j’apprécie tout particulièrement, les méthodes douces ne marchent pas, qu’est-ce que tu ferais ?

Poser ce genre de questions à un presqu’inconnu pourrait paraître bizarre en fait maintenant que j’y pense…

Je soupire lorsque le jeune homme évoque le caractère magique de la tour… On est pas rendu avec tout ça. J’espère que les autres groupes s’en sortent mieux que nous. On ne peut pas dire que l’on s’en sorte mal. Shir a trouvé un objet magique, on a ramassé des petits “trésors”, échapper à une nuage certainement toxique et à une chimère mais, maintenant, qu’est-ce que cette exploration peut être chiante…

Reprenant notre ascension l’estomac plus ou moins plein, mes pensées dérivent à nouveau vers la jolie Athena et plutôt que de ruminer dans mon coin, je préfère demander son avis à Shir. Plus jeune, il ne comprendra peut-être pas le coeur du problème mais ça me fait du bien d’en discuter avec quelqu’un. Je rigole dans mon coin lorsqu’il essaye de mettre des mots polis sur mon attirance envers les femmes. Mais ses réflexions amènent encore des questions que je ne m'étais même pas posées. Est-ce que Athena apprécierait les femmes autant que moi je l’apprécie ? Difficile à dire vu qu’elle est complètement hermétique à toute représentation d’une affection plus complexe que de l’amitié. Et si elle a quelqu’un en vue, elle le cache drôlement bien la demoiselle… Compliqué tout ça… Je ne me pose pas autant de question d’habitude et ça marche très bien pour séduire une femme habituellement. Pourquoi est-ce qu’il faut toujours que ce soit si compliqué quand on essaye d’inscrire quelque chose dans la durée ? Finalement, son conseil est simple… Fonce et tu verras.

Je lui roule une galoche et je vois ce qu’il se passe, c’est ça ? Je la demande en mariage ? Je la coince dans un coin sombre pour une discussion intime ? Parce que la frontière est mince entre la franchise et le reste… Elle est complètement hermétique la demoiselle, je doute même qu’elle se soit posée la question de ce qu’elle aime…

Vraiment, je ne sais pas quoi faire avec elle. Cela ne m’était jamais arrivé de me poser des questions comme ça, mais habituellement, je n’ai pas l’envie d’une relation suivie avec mes conquêtes. A la limite, il y a Kaïri aussi mais ça reste encore différent. Je note la proposition de Shir de m’aider en interprétant le langage du corps de la garde. Je me tourne vers lui avec un  regard inquisiteur.

Ce sera avec joie que je trouverai un moyen de t'emmener Athena mais, j'espère que tu n’as pas l’idée de me la prendre mon petit Shir.

Menace à peine voilée, mon côté possessive et animale ressort un trop dans mon propos. Quand il s’agit de ma jolie demoiselle, mon côté renarde a tendance à ressortir et le naturel à revenir au galop. Je note tout de même la proposition de Shir dans un coin de ma tête, tous les moyens sont bon pour moins me prendre la tête.

Peut-être que je devrais juste aller demander sa main à son père ? ça se fait beaucoup chez les nobles à ce qu’on m’a dit. Tu viens d’une famille noble toi non ? ça se passe comment en vrai quand vous avez le béguin ?

Je suis curieuse de savoir comme se passe les déclarations d’amour et tout chez les nobles. Ils sont habituellement si cérémonieux et chiants que j’ai du mal à les imaginer simplement demander leur moitié en mariage. Je suis certaine qu’ils font des cérémonies avec grands repas et un bal. Ce sont des riches après tout.

Notre discussion sur mes amourettes et les nobles nous occupe un moment pendant lequel nous continuons de monter des marches inlassablement. Le temps passe et des douleurs commencent sérieusement à s’installer dans mes jambes… Marcher pendant un moment ne me dérange pourtant pas habituellement en forêt mais ici, le sol est dur et n'amortit aucun choc en plus que cela soit des escaliers… Cette tour se joue de nous et ma patience s’en trouve amoindri…

Tu ne peux pas nous refaire la même que tout à l’heure et casser un mur ? Qu’on voit un peu le ciel ?

ça pourrait être sympa de faire coucou aux gens à l’extérieur s’ils sont encore visible.