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    Un monde plein de mystères,
    plein de magie et surtout plein d'aventures...

    Il est peuplé de créatures fantastiques. Certaines d'une beauté incomparable, d'autres aussi hideuses qu'inimaginables, beaucoup sont extrêmement dangereuses alors que quelques unes sont tout simplement adorables. La magie est omniprésente sur ces terres : des animaux pouvant contrôler la météo, des fleurs qui se téléportent, des humains contrôlant les éléments, des objets magiques permettant de flotter dans les airs...

    Dans ce monde, il y a le royaume d'Aryon. Situé à l’extrémité sud du continent, c'est un royaume prospère, coupé du monde. Il est peuplé d'hommes et de femmes possédant tous un gros potentiel magique, chacun vivant leurs propres aventures pour le meilleur comme pour le pire.

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    L'oeil nocturne
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    L'oeil nocturne
    Mar 16 Fév 2021 - 8:16 #
    Ces derniers jours avaient été chaotiques, forts en rebondissements. Gardenia sentait qu'elle avait appris en ces quelques rencontres plus qu'elle ne l'aurait imaginé et ses songes tourbillonnaient en de nombreuses questions qu'elle mourrait d'envie de poser. Pourquoi beaucoup semblaient associer la richesse au bonheur ? Pourquoi certains trouvaient que son envie de quitter son confort était étrange ? Pourquoi les livres étaient-ils si différents de la réalité ? Comment comprendre ce qu'autrui éprouvait ? Pourquoi en dépit des meilleures intentions le mal pouvait être infligé ?

    Assise par terre contre le mur, juste à côté de son lit, la jeune femme réfléchissait, cachée de la lumière nocturne. Parfois, être assise dans un coin et dans l'obscurité lui donnait le sentiment d'être protégée. Même si elle hurlait son désir de liberté, elle trouvait un certain réconfort dans l'étroitesse des ombres et du contact froid des meubles. Des barrières aux vibrations, aux sons, aux lumières et autres micro-agressions qui avaient tant fragilisé ses sens durant son jeune âge.

    Gardenia ne trouvait pas le sommeil, hantée par la lettre de Camille qu'elle avait reçue la veille. Laevis s'en était allée pour cette nuit, laissant la noble seule avec ses songes et ses sentiments confus. Elle n'avait pas touché sa harpe en ce jour, ni même ouvert un livre ; en revanche elle avait beaucoup dessiné, en témoignaient les feuilles en pagaille sur son bureau mais également par terre. Des dessins variés, partant du jardin de sa maison à la colombe messagère, en passant par un garde près d'un arbre, le forgeron anobli et sa douce amie riant aux éclats. Elle avait voulu marquer ses souvenirs au fusain pour être sûre de ne pas les oublier quoiqu'il arrive, pour que les images restent gravées dans sa mémoire, fidèles à ce que ses yeux avaient pu voir.

    La fenêtre était entrouverte légèrement mais aucun garde pour la surveiller, ces derniers étant assignés aux autres entrées et sorties de la bâtisse. Le froid s'engouffrait par vague dans la chambre dont les rideaux parfois valsaient avec le vent léger, avant de se calmer. La noble, elle, était avec une couverture sur les épaules, bras croisés sur ses genoux, le menton posé dessus. Ses yeux fixaient le dessin d'une rose juste devant elle.
    Elle aurait pu passer un long moment ainsi encore, figée dans cette position de vulnérabilité, si un bruit n'avait pas attiré son attention, dehors. Léger, très léger, comme un animal se posant en douceur sur la neige, prédateur discret.

    Son attention se concentra sur la provenance de ce bruit qui approchait, trop délicat pour un homme en armure ; ce n'était pas un garde. Il lui sembla entendre le souffle de sa fenêtre s'ouvrant davantage au vent extérieur, et un glissement à l'intérieur. Elle ne voyait rien, elle entendait juste ; immobile, curieuse, inquiète et un peu terrifiée tout de même ; quelqu'un venait d'entrer dans sa chambre. Elle se recroquevilla davantage sur elle-même, attendant de voir si une silhouette se présentait à elle, sachant que ses bijoux était de l'autre côté du lit, là où elle se trouvait ; la petite commode de bois blanc aux dorures anciennes. Gardenia tira davantage sur son drap pour le passer sur sa tête, rentrant ses pieds sous sa robe de nuit, patiente.
    Ivara Streÿk& Inaros
    Ivara Streÿk
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    Re: L'oeil nocturne
    Mar 16 Fév 2021 - 21:33 #

    L’œil nocturne

    Inaros


    Aussi silencieux qu’une ombre, il s’engouffra à l’intérieur de la pièce grâce à la fenêtre ouverte. La lumière de l’astre de la nuit lui permettait de distinguer quelques-uns des meubles, mais c’était surtout ses lunettes de jour qui lui permettait d’y voir clair : un grand lit, une grande commode, d’autres plus petites, un bureau avec une unique chaise en velours, un fauteuil, un élégant guéridon sur lequel trônait un vase. C’était une chambre, probablement celle d’une jeune adulte. Le mercenaire plissa les paupières mais ne discerna aucune silhouette couchée. Il relâcha le cadre de la fenêtre en posant son pied sur le sol, dont il reconnut les fibres épaisses et serrées caractéristiques de la moquette. Il avait bien choisi sa cible. Une de ces maisons aristocratiques surveillées par quelques gardes qui, comme prévu, étaient postés à d’autres entrées ce soir-là. Les différents projets qu’il menait ne l’empêchaient pas de convoiter les richesses d’autrui, autant par nécessité que par besoin d’exercer ces larcins. C’était viscéral, il avait besoin de vivre ainsi. Un dernier regard sur le grand jardin et il reporta toute son attention face à lui. Il ignorait dans quelle demeure il s’était introduite. Il n’y avait là aucune volonté personnelle de nuire à quelqu’un ou à une famille en particulier, ce n’était même pas un contrat. Si on lui avait posé la question, il aurait sûrement qualifié ça de loisir. Masqué et entièrement vêtu de noir, il comptait bien rester une ombre et se faufiler jusqu’à l’objet de ses désirs : les cristaux et les bijoux ! Il sortit son aspicasse pour faire une sauvegarde de la pièce et pouvoir la fouiller en toute tranquillité. L’objet magique lui permettrait de tout remettre en ordre, comme s’il n’était jamais passé par ici.

    En avançant à tâtons, il eut l’occasion de remarquer plusieurs feuilles éparpillées partout sur le sol. Et un grand tapis très moelleux qui lui donnerait l’occasion d’étouffer ses pas. Le premier orteil posé dessus, il se pencha pour ramasser l’une d’elles. Un dessin. C’était un jardin, probablement le même que celui d’où il venait. Le rendu de la symétrie, des volumes et des couleurs impressionnèrent Inaros, pour le peu qu’il put en voir. Était-ce la part d’Ivara qui le rendait un peu plus sensible aux créations artistiques ? Il préférait se dire que cette admiration venait de lui, même s’il n’avait pas développé la même sensibilité artistique que la sculptrice.

    Inaros n’avait pas tout à fait tort. Il y avait autre chose, de plus enfoui et propre à lui-même. Cette chambre lui rappelait celle de sa petite (demi-)sœur, Violette Lehnsherr. Les différents livres éparpillés ici et là lui rappelaient son enfance. Il se revoyait, faisant la lecture à Violette les jours de mauvais temps en les imaginant dans la peau de leurs héros favoris. Un jour, il était un pirate sanguinaire. L’autre, le prince invaincu d’un temps lointain. Sans s’en rendre compte, il s’était agenouillé pour feuilleter le bouquin. Il savait lire et écrire grâce à son éducation et n’avait jamais perdu cette habitude. Il fronça les sourcils en remarquant que ce n’était pas un conte ou une histoire pour enfant. C’était un traité de géographie sur les connaissances actuelles du Royaume d’Aryon. Il n’avait pas le temps de le lire entièrement, mais il se dit qu’un tel ouvrage aurait sa place dans la bibliothèque d’Ivara, surtout avec l’Ordre des Célantia. Les cartes semblaient précises, indiquant les reliefs et les rivières. Il essaya de trouver la Capitale et de repérer les alentours. Il n’en était pas sorti beaucoup de fois.
    Il avait bien encore quelques minutes à perdre, plongé dans sa réflexion. La pièce était vide et il n’avait alerté personne. Dans le pire des scénarios, il sortirait d’ici en moins de deux.

    Au bout de quelques minutes, il se releva, l’atlas en main. Il était tout de même venu ici dans un but précis ! Il emporterait avec lui le livre, mais il comptait sur les bijoux et les cristaux. Il se tourna vers le lit, son regard bleu-vert s’attardant sur le mobilier de la pièce. Où pouvaient-ils être cachés ? Une élégante petite commode. Un monticule formé par une couverture. Un guéridon. Un monticule formé par une couverture ?! Impassible derrière son masque, Inaros s’approcha du monticule en restant à quelques centimètres de distance.

    - Z’êtes là-d’ssous d’puis l’début, c’est ça ? La voix du mercenaire était douce et féminine mais ferme. Toutefois, pas suffisamment à son goût. Il regrettait sa voix masculine. J’vous f’rais pas d’mal si vous m’disez simpl’ment c’que j’veux.

    Et puis, il voulait surtout savoir à qui il avait affaire. Quelqu’un qui s’était dissimulé sous une couverture pouvait être simplement couard ou incroyablement rusé pour feindre la couardise et lui sauter dessus. Peu importait le cas qui se présenterait à lui, le mercenaire était prêt à se battre si besoin.
    InvitéInvité
    Anonymous
    Informations
    Re: L'oeil nocturne
    Lun 22 Fév 2021 - 20:14 #
    Lorsque l'ombre d'un pied se dessina au devant, Gardenia retint sa respiration un court instant. Elle pouvait vaguement voir, jusqu'à hauteur du genou de l'individu ─ un voleur, très certainement. Était-elle en danger ? Peut-être bien, aussi ne bougeait-elle pas, entendant les battements de son coeur aussi fortement que si un tambour était frappé à côté de ses oreilles. Le rythme n'était guère paniqué cependant ; juste plus puissant que d'ordinaire, le silence de la pièce accentuant cette pulsation pourtant silencieuse à autrui. Elle vit un genou se poser à terre et une main se tendre vers un des livres au sol, les pages se tournant en douceur. Le geste avait beau être lent et silencieux, pour Gardenia, chaque frottement de page était un bruit assourdissant, à peine éclipsé par la puissance de ses battements de coeur. Le livre quitta le sol et, aux aguets, la noble espérant que ce fusse suffisant à l'intrus pour s'échapper ; mais il n'en fit rien.

    Il y eut un court moment de silence durant lequel Gardenia sentait qu'il observait et sondait la pièce. Elle n'entendait aucune panique ni inquiétude, l'individu était totalement calme et ne l'avait certainement pas remarquée ; à tort songeait-elle, car quelques secondes après, le voleur s'avançait vers elle, trop proche. Ce fut à ce moment là que Gardenia sentit les battements de son coeur s'emballer quelque peu, et son regard écarquillé ne faisait qu'exprimer la crainte qu'elle éprouvait d'être découverte.
    Il parla et elle sentit son coeur s'arrêter un instant. Une menace accompagnée d'une requête. Elle avait peur, elle, maigroulette, sans force et se sachant si sensible à la moindre douleur. Un frisson visible la parcouru mais elle déglutit péniblement, songeant à ce qu'elle devait faire ; hurler ? Elle s'en déchirerait les tympans par la même occasion et personne ne serait assez rapide pour rejoindre sa chambre. Lui sauter dessus ? Elle se ferait mal plus qu'autre chose et son poids plume ne servirait à rien. Rester sous la couverture ? Ou bien se montrer ? Elle n'en savait rien ; elle ignorait tout du comportement à adopter dans ce genre de conditions.

    Cependant elle se fit la réflexion que si l'intrus voulait lui faire du mal gratuitement, il l'aurait fait dès l'instant où il l'avait vue. Peut-être que voir son assaillant la protégerait d'une quelconque façon ─ elle espérait, vraiment. Alors le monticule qu'elle était releva la tête, la couverture basculant vers l'arrière pour dévoiler son visage. Gardenia leva les yeux et ne vit... rien. Le voleur ne pouvait être identifié, le visage couvert, le corps protégé. Elle ne pouvait pas même deviner s'il s'agissait d'un homme ou une femme.

    Je vous dirai ce que vous voulez savoir si vous ne touchez personne, dit-elle d'une voix tremblante.

    Ah. Elle s'étonna de son propre culot, de reprendre la proposition de l'individu et une main confuse lâcha le bord de couverture qu'elle tenait pour l'agiter devant elle, s'excusant avec précipitation.

    Je veux dire que j'accepte votre offre ! Ne faites juste de mal à personne s'il vous plait !

    Elle ignorait si le voleur voulait s'en tenir à sa chambre ou aller piller les pièces voisines. La possibilité qu'une gouvernante ou qu'un garde se trouve dans une des pièces voisines signifiait qu'en cas de bruit ou d'altercation, l'intrus risquerait de vouloir se défendre et pourrait se montrer dangereux.
    Lâchant la couverture, les paumes de ses mains visibles au voleur, Gardenia entreprit de se lever en douceur, ne le quittant pas des yeux. Sa seule robe de nuit faisant office de protection, ce n'était pas peur dire qu'elle se sentait presque nue tant un rien pouvait la transpercer sans la moindre résistance. Ses cheveux lâchés, elle donnait un air fantomatique à sa figure menue.

    Je... ne suis pas armée...

    En se levant, elle réalisait que l'intrus n'était pas bien grand ─ en tout cas moins que Hryfin, Nivan ou Bartelot. Elle n'en restait pas moins méfiante.

    Qu'est-ce que vous voulez...?

    Et pourquoi lui avait-il pris son livre au juste ?... Comptait-il le revendre ? Elle n'était pas certaine du prix de ce tome mais il ne devait pas valoir autant, si ?
    Ivara Streÿk& Inaros
    Ivara Streÿk
    Informations
    Re: L'oeil nocturne
    Mer 24 Fév 2021 - 13:56 #

    L’œil nocturne

    Inaros


    Une frêle silhouette se révéla à lui. Puisqu’il y voyait comme en plein jour avec ses lunettes magiques, il eut tout loisir de détailler le physique de la demoiselle. Sa peau laiteuse laissait deviner qu’elle n’avait pas l’habitude du travail dans les champs, elle paraissait aussi assez jeune et Inaros lui donna - à vue de nez - un peu plus d’une vingtaine d’années. Ses longs cheveux blancs encadraient un visage presque sans défaut, illuminé par deux grands yeux bleus apeurés. À n’en pas douter, c’était cette jeune femme qui occupait cette pièce et les nombreux dessins en vrac sur le sol étaient de sa main. Le livre qu’il tenait fermement était aussi à elle. Il avait vaguement eu l’idée de s’en servir pour l’assommer si elle s’était révélée menaçante mais il se rendit compte qu’il n’en aurait pas besoin. La voix de la noble tremblait alors qu’elle lui intimait l’ordre de ne blesser personne. Lorsqu’elle se releva, il jugea même qu’il était parfaitement capable de la maîtriser avant qu’elle ne puisse lever le petit doigt. Il était légèrement plus grand qu’elle - cela se jouait à une dizaine de centimètres - mais il était surtout bien plus musclé. Sous son masque, un sourire se dessina sur la moitié gauche de son faciès.

    - J’compte pas t’faire d’mal, affirma-t-il en rangeant l’ouvrage dans sa besace sans fond. Seulement, j’peux pas m’permettre d’me faire avoir par tes cris d’minette.

    À peine avait-il terminé sa phrase qu’il avait attrapé les poignets de la femme pour la faire tourner et plaquer son dos contre son torse. Il la maintint très fermement, plaquant aussitôt sa main libre contre les lippes de son otage pour éviter qu’elle ne pousse le moindre son d’alerte. Se préparant à l’éventualité d’une contre-attaque, il se prépara mentalement à être mordu, pour ne pas être surpris et la laisser s’échapper, et tordit très doucement ses bras. Il veilla à ne rien lui briser, le but n’était pas de la blesser.
    Il eut alors le loisir de remarquer qu’elle avait les oreilles légèrement pointues, un peu comme lui même si cela ne se voyait pas. Ses lèvres à quelques centimètres, il reprit la parole en murmurant, pour ne pas alarmer qui que ce soit.

    - J’te conseille vraiment d’pas crier. J’compte pas t’faire d’mal mais j’peux pas savoir c’que toi t’vas faire.

    Ironique de la part d’un homme qui s’introduisait dans une demeure pour la piller.

    - Les bijoux. Les cristaux. C’est ça qu’je veux. Et le reste d’la…

    Ce fut là qu’il remarqua qu’elle avait l’air d’avoir mal. Vraiment très mal. Sur l’instant, il ne comprit pas. Il avait veillé à ne pas serrer trop fort et à ne pas faire prendre un angle étrange à son corps. Elle devait être extrêmement fragile, Inaros n’avait vraiment aucune raison de s’en faire. Il relâcha ses poignets et retira sa paume de sur sa bouche. Il lui semblait avoir face à lui une petite créature sans défense et il se rendit compte qu’il n’aurait vraiment aucun intérêt à continuer de la brutaliser ainsi.

    - Merde. J’comptais pas t’faire d’mal. T’es fais en sucre ou quoi ? Chuchota-t-il.

    Ce fut à son tour de lever les mains en l’air et d’incliner la tête. Il était homme de parole et il commençait à être très intrigué par le spécimen qu’il avait face à lui.

    - Sérieusement, t’as eu mal à c’point ? On continue d’vous élever comme des mauviettes par chez vous ?

    Il désignait par là toute la noblesse. Lui-même avait grandi dans ce milieu, avant de s’en échapper avant ses dix ans. Il avait en horreur ce milieu aristocratique. Quoiqu’il en soit, le mercenaire était de bonne humeur ce soir. Ses affaires tournaient bien, son projet avançait et il semblait avoir récemment trouvé un semblant de paix intérieure. Sans non plus devenir aussi bavard qu’Ivara, son esprit lâchait un peu de leste sur ses principes et sa langue se déliait légèrement, rendant hommage au petit curieux bavard qu’il aurait pu être.  
    InvitéInvité
    Anonymous
    Informations
    Re: L'oeil nocturne
    Mer 24 Fév 2021 - 14:49 #
    Ses cris ? Elle n'eut pas le temps de souffler qu'il l'attrapait et la plaquait contre lui, la main bloquant le moindre son pouvant s'échapper de ses lèvres. Le choc fut suffisant pour étouffer sa voix et la respiration bloquée par la stupeur ne revint qu'après quelques secondes, lorsqu'elle se sentait en souffrance. C'était bien le mot ; souffrance, car le contact qu'il avait initié était terriblement douloureux pour elle. Elle ne savait pas si ce qu'il faisait était supposé faire aussi mal, cependant sentir sa peau aussi pressé et sa chair tordue par sa poigne, elle sentait comme des milliers de coupures enflammer les points de contact et les pulsations de son coeur paniquer brutalement. Plus il serrait, plus elle avait une douleur vive et lancinante qui alla jusqu'à causer une respiration irrégulière et paniquée, suivie par des larmes qui ne mirent guère longtemps à s'échapper. Si elle savait crier, elle l'aurait certainement fait ; mais elle n'en était pas capable. Sa voix était physiquement bloquée dans sa gorge, mourrait à chaque respiration et les tremblements qui témoignaient de cette panique interne se faisaient plus présents à mesure qu'il la gardait prisonnière.

    Pourtant il finit par la lâcher et Gardenia manqua presque de tomber au sol, se rattrapant de justesse sur le lit voisin, une main sur le tissu. Dos courbé, elle reprenait sa respiration, tremblante, ayant la sensation d'avoir les bras en feu et sa peau tirant dans toutes les directions. Se retournant en titubant, toujours voûtée par la douleur qui continuait de la tirailler, elle ferma ses poings contre sa poitrine en un geste défensive, reposant le regard sur l'individu.

    Ce... ce n'est que moi... dit-elle en reculant d'un petit pas.

    Malgré elle, la douleur ne s'atténuait pas aussi vite qu'elle l'aurait souhaité. Ses articulations avaient également souffert d'être forcées en un mouvement qu'elle ne contrôlait pas et elle dû s'asseoir sur le lit, se forçant à prendre de longues et lentes inspirations, expirant avec autant de calme que possible. Cela faisait très longtemps qu'elle n'avait pas eu mal, longtemps qu'elle n'avait pas pleuré, même. Plus que la peur, la frustration de se savoir aussi faible venait ravager le reste de ses émotions chaotiques. Si elle avait été plus forte, plus capable, peut-être aurait-elle pu un peu se défendre ou crier à l'aide. Lançant un regard au cambrioleur, elle était partagée entre la colère et la peur. Un dernier soupir fut lâché avant qu'elle ne se risque à reprendre la parole.

    Et je ne peux pas crier.

    Comme pour le prévenir qu'elle ne représentait aucune menace. Elle ne représentait rien, pour lui. Ni une menace, ni une résistance. Elle était juste là, témoin de son acte, mais ne pouvait rien y faire. Gardenia déglutit, reprenant le dessus sur ses émotions mais toujours les mains contre elle, craintive du moindre geste violent qu'il pourrait encore lancer à son égard.

    Prenez ce que vous voulez mais... Elle hésita, détournant le regard. Laissez-moi juste le tome que vous avez pris, s'il vous plait.

    Une source de savoir, c'était ce que représentait ce tome. Tant qu'elle n'avait pas vécu ses propres expériences elle n'avait guère le choix que de se fier aux informations relatées dans des livres tels que celui qu'il avait pris. Des mots qui ne devaient, en théorie, que parler de la vérité et des faits, sans fioritures et belles histoires pur rendre la réalité plus agréable.

    Laissez-moi juste mes livres.

    Des dessins, elle pouvait en refaire ; les livres, il fallait qu'elle les demande et qu'on les lui trouve. C'était plus compliqué et c'était ce qu'il y avait de plus cher à ses yeux dans sa chambre, au de-là même de sa harpe. Si elle ne décidait pas elle-même de s'en séparer, alors cela voulait dire qu'elle considérait avoir toujours des choses à apprendre de ces ouvrages. Elle ne s'attendait pas à ce que le voleur comprenne de toute façon, ni à ce qu'il accepte ; mais elle essayait quand même.
    Ivara Streÿk& Inaros
    Ivara Streÿk
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    Re: L'oeil nocturne
    Ven 26 Fév 2021 - 14:10 #

    L’œil nocturne

    Inaros


    Il s’y était repris à trois fois pour lui faire comprendre le message : il ne comptait pas lui faire de mal. Alors comment s’était-elle retrouvée dans cet état ?

    Il regarda la jeune femme se tortiller misérablement lorsqu’il la délivra, notant les larmes qui dévalaient ses joues pour venir s’écraser sur les étoffes précieuses qui recouvraient le lit. Il n’en était même pas amusé. Il était assuré qu’elle ne ferait rien, il pouvait poursuivre ses méfaits tranquillement. Elle n’était plus une menace potentielle aux yeux du mercenaire mais bien un élément du décor. Il était pourtant intrigué par l’être chétif qui lui faisait face. Il se demandait qui elle était et, surtout, quel était son pouvoir pour être à ce point sans défense face à un homme qui entrait sans invitation dans sa chambre pour la dépouiller de ses biens les plus précieux. Le comble avait été d’apprendre qu’elle ne pouvait pas crier. Elle n’avait aucune barrière à ériger contre lui. Il trouvait ça pitoyable. Elle semblait faible, voire plus encore, et bien qu’il ne soit pas de ceux qui prenaient du plaisir avec la souffrance de l’autre, il préférait quand même quand il y avait un minimum de résistance.

    Puisqu’elle était assise sur ses draps, il décida de respecter cet espace et de ne pas approcher. Elle semblait suffisamment apeurée comme ça et Inaros ne comptait pas en ajouter une couche supplémentaire. Il se déplaça même un peu sur le côté, pour éviter d’être trop éclairé par la lumière lunaire. Il était certes masqué et capuchonné, mais il préférait éviter de pouvoir être identifié.
    Il allait également devoir la contrarier. Il était hors de question qu’il lui rende ce livre. Il en avait besoin au plus vite et maintenant qu’il l’avait dans son sac, il s’imaginait mal devoir aller farfouiller dans les commerces pour espérer le dénicher une nouvelle fois. De ce qu’il avait pu en feuilleter, les cartes étaient extrêmement précises et il pouvait facilement les mettre en corrélation avec celles qu’il avait déjà pu dénicher. Un ouvrage de qualité à n’en pas douter.

    - Ça, j’peux pas. Il secoua la tête de gauche à droite pour appuyer ses dires. J’voulais même te demander d’me donner la suite d’la collection. T’façon, vu ta condition, tu dois pas voir d’nouveaux paysages bien souvent.

    La provocation la ferait peut-être parler. Il avait remarqué qu’elle avait tendance à vite s’insurger et à protester, avant de se rappeler qu’elle n’était pas capable de grand-chose physiquement.

    - Moi, j’en ai b’soin. Tu fais quoi, toi, si t’es même pas capable d’te défendre contre un type qui rentre dans ta chambre en plein milieu d’la nuit ?

    Sans s’en rendre compte, il s’était quand même approché de quelques pas. Une façon de pouvoir l’observer plus en détail. Elle paraissait banale. Une tête bien faite, deux bras, deux jambes, un corps non difforme. Qu’est-ce qui clochait donc à ce point pour qu’elle n’essaie pas de lui en coller une ? Il en avait connu des rêveuses, mais celle-là était la moins téméraire d’entre toutes.
    Une idée germa alors dans son esprit. Il n’y avait aucun enjeu à la voler sans qu’elle agisse. Il voulait savoir si elle était capable de lui fournir un peu de résistance. Sans ça, son vol aurait un goût amer.
    Dans son malheur, elle était chanceuse. Inaros avait la langue bien pendue ce soir-là et décida de se montrer un peu joueur avec elle pour mettre en place son idée. Non pas qu’il s’en amuse, mais peut-être que cela pourrait lui servir. Il se savait bien intentionné envers elle - il ne voulait que sa richesse - mais que ferait-elle contre quelqu’un qui aurait des intentions bien moins louables ? Peut-être était-elle plus à même de se défendre verbalement ? Non pas qu’il se transforme en preux chevalier mais la situation dans laquelle les deux jeunes gens se trouvaient était pour le moins inopinée.

    - Je pense que… J’vais te laisser essayer de me convaincre de te rendre le tome. Si t’es assez persuasive, il est à toi. Sinon, j’le garde et tu me donnes aussi le reste de la collection.

    Il croisa ses bras sous sa poitrine - enfin, il préférait penser que c’était son torse - tout en toisant la petite créature aux cheveux blancs de haut en bas. Rentrerait-elle dans son jeu ou garderait-elle le silence ? Si elle optait pour la deuxième option, alors Inaros fouillerait la pièce de fond en comble par lui-même pour trouver ce qu’il voulait et il partirait ensuite en laissant la pièce comme à l’origine. Il savait très bien que ce n’était qu’une demeure parmi d’autres et qu’il n’y remettrait jamais les pieds. Il pouvait aisément prendre la fuite et se faire oublier pendant quelques temps.
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    Re: L'oeil nocturne
    Ven 26 Fév 2021 - 15:49 #
    Faible. Incapable. Si même dans sa chambre qui devait être l'endroit le plus en sécurité pour elle, le danger finissait par s'inviter, où pouvait-elle aller ? Que pouvait-elle faire face à la moindre menace ? C'était si frustrant. Cet individu la toisait, savait qu'elle ne pouvait rien faire et qu'elle n'allait opposer aucune résistance. Elle le regardait, lui qui se cachait dans la pénombre, tandis qu'elle restait prostrée sur son lit, craintive. Quelqu'un d'autre aurait pu opposer une certaine force, ou bien créer du raffut pour attirer l'attention. Mais elle ?

    Elle, elle restait à serrer les dents, mais pas trop fort. Elle fermait ses points, mais ne pouvait pas trop forcer. Elle ne pouvait pas même exprimer sa propre frustration proprement, devant se contenter de ressentir ses émotions sans les rendre visible. Le cambrioleur semblait même se rire d'elle et de sa situation, ce qui ne faisait qu'accentuer ce complexe d'infériorité. N'y avait-il vraiment rien qu'elle puisse faire ? Ne pouvait-elle vraiment rien dire et seulement subir ? Était-elle vouée à rester une faiblarde que la vie passe son temps à blesser au moindre à-coup ? Non.
    Gardenia ne niait pas ses faiblesses et était même la première à les dévoiler, ce dans un but de clarté, pour éviter toute maladresse ou malentendu. Mais lui ? La jeune noble braqua sont regard sur le voleur qui se refusait à lui rendre ce qui lui appartenait. Peut-être avait-elle l'air pitoyable, mais il lui restait un minimum de fierté.

    Et si vous me disiez plutôt pourquoi vous en avez besoin ? Elle tentait de reprendre un minimum d'assurance et cela se voyait davantage dans son regard que dans sa gestuelle. Pour moi, ces livres sont ma seule source de connaissance sur le monde au-de-là des murs de cette chambre.

    Presque tremblante, elle tendit la main vers la commode, allant toucher du bout des doigts des bracelets posés en vrac dans une boîte déjà ouverte. Elle y glissa ses doigts, les soulevant en même temps qu'elle parlait.

    Ces bijoux ne valent rien à mes yeux, mais vous en ferez un meilleur usage je l'espère...

    ... et elle lui jeta les bijoux en direction visage avec autant de force que possible. Une tentative désespérée d'obtenir une seconde de liberté pour rouler de l'autre côté du lit et se ruer vers la fenêtre où elle sentit le froid la mordre brutalement ; et où elle se figea, tout un scénario se déroulant dans son esprit. Et si ce cambrioleur se faisait attraper parce qu'elle alertait les gardes ? Que lui arriverait-il ? Serait-il tué ? Envoyé dans un cachot ? Pourquoi ?
    Elle s'arrêta à la fenêtre, la seule idée d'un tel scénario la rebutant. Alors ses deux mains attrapèrent vivement les portes vitrées et elle les referma, se causant une douleur sonore au passage tant le claquement avait été proche pour elle. Elle colla son dos à la fenêtre, consciente que le danger était maintenant beaucoup plus grand pour elle. Un peu stupide, non ? Peut-être suicidaire un peu, dans sa tête ? S'enfermer ainsi avec un cambrioleur n'était guère très malin, surtout quand elle avait si peu de façons de se défendre. Terrifiée ? Elle l'était, totalement.

    Et qu'avait-elle à dire pour sa défense après cette stupide tentative ? Rien. Elle n'avait rien à dire. Alors elle était en train de se maudire intérieurement d'être aussi stupide par moment car, malgré elle, elle espérait que l'individu ne lui ferait pas davantage de mal. Il n'avait pourtant qu'à l'assommer, rouvrir la fenêtre et partir, et c'était fini.

    S'il vous plait !

    Et elle trouvait encore le moyen d'insister, en plus. Un peu naïve la noble, non ? Beaucoup trop naïve pour son propre bien.
    Ivara Streÿk& Inaros
    Ivara Streÿk
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    Re: L'oeil nocturne
    Sam 27 Fév 2021 - 15:43 #

    L’œil nocturne

    Inaros


    Le mental du mercenaire fut mis à rude épreuve par la demoiselle.

    Curiosité. Il attendait avec impatience d’entendre ce qu’elle pourrait bien lui rétorquer. Réussirait-elle à le convaincre de lui rendre son bien ? Inaros lui-même se tâtait sur ce qu’il allait faire. Il était évident qu’il avait l’avantage physique et qu’il pouvait très bien choisir de le garder. Toute frêle qu’elle était, elle serait incapable de lui porter le moindre coup pour l’en dissuader. La fierté brillait dans son regard, ce qui faisait dire au mercenaire que, si elle se trouvait dans cet état, c’est parce qu’elle n’avait pas d’autres recours et qu’elle subissait quelque chose. Quoi ? Ça, il en savait foutrement rien et il pouvait pas le deviner. En tout cas, il y avait quelque chose qui l’empêchait de sortir de cette pièce. Sûrement sa grande sensibilité.
    Mais la jeune femme eut une réaction insensée.
    Surprise. Il ne réagit pas sur le coup. Il eut à peine le temps de lever le bras pour attraper quelques-uns des bijoux en plein vol. Il n’allait pas se priver ! Il les fourra dans son sac, tout en s’abaissant pour récupérer ceux qu’il avait loupé.
    Colère. Pendant qu’il ramassait les pierres précieuses, il redressa la tête pour la fusiller du regard. Tant pis si elle ne voyait pas grand-chose, il espérait qu’elle ressentait tout le mécontentement et l’exaspération qui parcouraient la moindre parcelle de son anatomie.
    Et puis ce fut une multitude d’autres sentiments qui se chevauchèrent dans son esprit dont l’incompréhension puisqu’elle n’avait fait que refermer la fenêtre, un agacement plus mesuré alors qu’il comprenait plus ou moins la raison de son geste puis la cupidité. C’est cette dernière qui gagna la partie. Il n’y avait pas de petit profit.

    Il se releva, s’approchant à grandes enjambées d’elle mais sans la toucher. Il avait bien compris qu’elle aurait bien trop mal et ce n’était pas son but. Il visait désormais autre chose.

    - T’oses pas t’enfuir alors qu’tu viens d’me provoquer ? T’es vraiment stupide ou bien... Il laissa sa phrase en suspens. À quelques centimètres d’elle, il la toisait de toute sa hauteur. Plutôt que d’me jeter tout cet argent à la figure, tu d’vrais essayer d’réfléchir à un moyen d’l’utiliser plus intelligemment.

    Et il poussa un long soupir de lassitude. Plutôt que de se faire une ennemie, il essayait de se faire une cliente. Après tout, les nobles étaient son fond de commerce. C’était surtout eux qui quémandaient les services de gens comme lui. Voler, assassiner, enquêter avec des moyens illicites, sécuriser des trafics illégaux ou leur permettre de se procurer des substances interdites… La liste des services qu’il avait déjà rendu à ces gens de la haute était longue.
    La femme semblait être intelligente. Elle comprendrait sûrement où il voulait en venir, mais il préféra clarifier ses propos. Elle était vraiment chanceuse qu’il se sente bien ce soir-là et qu’il lâche du lest sur certains de ses principes - ce qui était peut-être lié à l’attitude d’Ivara.

    - J’suis pas un simple voleur. J’suis homme à tout faire. Et, puisque tu m’balances si gentiment ton argent… J’pense qu’tu devrais essayer de l’investir.

    Il attendit quelques instants que cette phrase fasse son bout de chemin dans la tête de son interlocutrice. Il avait déjà fait cette expérience dans le passé : certains vols pouvaient donner lieu à de surprenants accords entre deux personnes que tout semblait opposer.

    - Tu m’dis que ce livre est ta seule source de connaissances au-d’là d’cette chambre. Pourquoi tu vas pas dehors ? Qu’est-ce qui t’en empêche ? T’es une riche héritière qui doit rester cloîtrer ici ? Ou bien c’est lié à cette hypersensibilité bizarre ? J’pense pas que tu jouais la comédie. T’as encore les yeux tout humides.

    Puisqu’il entrait en phase de négociation, il recula de quelques pas pour laisser un peu d’espace à la jeune femme et lui permettre de réfléchir à sa proposition.
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    Re: L'oeil nocturne
    Sam 27 Fév 2021 - 18:36 #
    L'intrus se dirigea rapidement vers elle et, redoutant le moindre coup, Gardenia ferma les yeux en détournant le visage, son corps se raidissant pour la préparer à un choc. Un coup qui ne vint pas car le cambrioleur s'était arrêté à proximité mais ne la touchait pas ─ et cela la perturba quelque peu car elle ne s'imaginait pas un malfaiteur l'épargner. Il lui souffla qu'elle était stupide et la noble rouvrit les yeux, osant lever le regard pour observer le peu qu'elle pouvait apercevoir. Si la terreur se lisait dans son regard, elle sentait l'intrigue monter en elle. Pourquoi ne s'en prenait-il pas à elle après ce qu'elle avait fait ?

    Investir ; un mot qu'elle connaissait mais qu'elle n'avait jamais appliqué. Investir dans quoi ? Dans qui ? Pourquoi ? Il lui semblait qu'elle cherchait à investir dans elle-même et sa progression, pas à acheter les gens. Pourtant, cet individu forçait, comme s'il savait qu'il pouvait obtenir davantage d'elle et qu'ils pouvaient tous deux en ressortir gagnants. Il la bombarda de question et la jeune femme resta interdite un instant avant qu'il ne s'éloigne d'elle pour la laisser se calmer un minimum.
    Gardenia pu se détendre un peu, juste un peu. Suffisamment pour qu'elle songe à ses paroles, déglutisse, et essuie ses yeux avec frustration. Ah que c'était pitoyable d'être ainsi. Elle maugréa, peut-être un peu boudeuse, une explication bancale.

    C'est lié à cette hypersensibilité, comme vous dites. Mais j'essaie de m'améliorer.

    Son regard bifurqua un instant sur la sacoche qui contenait le livre, puis au sol. Elle n'était pas certaine de ce qu'il pouvait lui apporter en définitive, car elle cherchait une chose simple mais pourtant si compliquée ; la liberté. Comment l'atteindre si ce devait être au dépend d'un autre ? Que pouvait-elle acheter ?

    Même si j'essayais de négocier avec vous pour que vous m'apportiez quelque chose, je ne sais pas ce que vous pourriez faire. Ce dont j'ai besoin n'est pas... matériel. En dehors de ces livres, je ne sais pas. Alors...

    Ah, ça l'énervait un peu quand même. Qu'on s'invite chez elle, lui vole ses affaires, la confronte sur sa propre faiblesse, sur son manque de créativité ou d'idées, au sein même des murs qui devaient la protéger. Elle avait enchaîné les tentatives dernièrement, les rencontres et pourtant, avait-elle vraiment progressé ? Elle n'avait pas plus gagné de libertés qu'avant.

    Alors qu'est-ce que vous, vous pourriez y faire ? Vous entrez et sortez de chez moi avec aisance, pillez mes biens et j'en viens presque à me sentir coupable de ne même pas avoir de quoi marchander, car je n'ai aucune idée de ce que je peux demander ! Vous pouvez faire en sorte de contrôler cette hypersensibilité ? Vous pourriez m'emmener avec vous au de-là de ces murs et m'aider, sans que je me torde de douleur ? Non ! Si c'était aussi facile, je ne serais pas bloquée ici.

    Même si sa voix avait légèrement monté de quelques décibels, elle ne pouvait pas vraiment exprimer sa colère et sa frustration autrement qu'avec une voix tremblante et des mains des poings légèrement fermés. Pourquoi, encore une fois, venait-on lui rappeler qu'elle n'avait pas de solution ? Pourquoi encore, elle recommençait à douter de ses propres parents qui lui disaient que nul ne pouvait l'aider pour son pouvoir ? Y avait-il vraiment des solutions, dehors ? Autres qu'elle-même apprenant à le maîtriser de façon direct ─ et le pouvait-elle seulement ? Ses doigts attrapant sa robe de chambre, crispée, elle ne regardait toujours pas le voleur.

    ... navrée pour cet... excès de colère.

    Et en plus, elle était désolée de s'énerver. Désolée de pas savoir faire mieux que ça, visiblement. La fatigue la prenait-elle plus qu'elle ne l'aurait cru, ou était-ce la frustration accumulée ces derniers jours qui ressortaient sans crier garde ?
    Ivara Streÿk& Inaros
    Ivara Streÿk
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    Re: L'oeil nocturne
    Lun 1 Mar 2021 - 14:49 #

    L’œil nocturne

    Inaros


    Il l’écouta s’énerver et vociférer avec une voix étonnamment douce et basse, puis s’excuser de son comportement. C’était une bien étrange jeune femme qu’il avait face à lui et, l’étrangeté, il la connaissait bien. Même un peu trop, à son goût. Il coinça son menton entre son pouce et son index, caressant distraitement le tissu qui recouvrait son faciès et commença à réfléchir à la situation. Un ancien vol suivi d’une entrevue avec la grande couturière royale les avait conduits à un accord des plus prolifiques, pourrait-il tenter le diable en retournant la situation pour se mettre la demoiselle dans sa poche ? Elle était perdue mais, surtout, riche. Du moins, c’est ce qu’il devinait grâce à la préciosité des perles, des étoffes ou encore les nombreux ornements des meubles et de certains objets. La jeune noble semblait elle-même être une poupée de porcelaine, dissimulée à tout jamais dans son écrin luxueux. Elle essayait de lutter pour s’en sortir, mais chacun de ses efforts se terminaient de la même façon : un échec. Pas une seule fois, elle n’avait réussi à lui tenir tête et à le menacer correctement. Pour le mercenaire, c’était aussi amusant que de déchirer une feuille de papier en deux.

    - T’as vraiment accès à tout c’que tu veux, ici ? Finit-il par demander après un long moment de silence. On t’autorise tous les bouquins qu’tu veux ? Y’en a sûrement qu’t’as même jamais osé imaginer.

    En échange de cristaux, c’était sous-entendu. Mais oui, Inaros pourrait très bien lui fournir certains éléments plus ou moins licites. Son métier lui donnait accès à certains avantages. Depuis qu’il s’intéressait davantage aux bouquins, particulièrement anciens, il avait pris conscience de la valeur de certains d’entre eux et de la dangerosité qu’ils pouvaient avoir entre certaines mains. Si la jeune femme était enfermée ici par les membres de sa famille, elle ne devait sûrement pas pouvoir formuler toutes les demandes qu’elle désirait.
    Prenant un peu plus ses aises, il posa son séant sur le grand lit. Il était très confortable, ce qui lui rappela sa petite enfance pendant un bref instant.

    - J’pourrais commencer par t’donner c’que tu veux. M’mens pas. J’suis sûre que t’es surveillée sur ce qu’tu d’mandes. J’serais la personne qu’il t’faut pour ça. Il croisa de nouveau ses bras contre son torse, tout en poursuivant. Évidemment, j’demanderai compensation mais on pourra parler d’mes tarifs un peu plus tard. J’suis un peu curieux quant à ton hypermachin, là. C’est d’puis toujours ? C’est juste sur ta peau ? J’ai b’soin d’en savoir un peu plus.

    Sinon, il n’allait pas aller très loin. Il pouvait vaguement imaginer qu’elle avait déjà tenté certaines choses, mais certainement pas qu’elle projetterait de s’échapper dans les jours à venir.

    - J’peux aussi t’proposer d’t’emmener dehors. J’connais certains recoins qu’ta jolie frimousse s’rait sûrement ravie d’voir. Ou c’sont les autres qui en s’raient ravis ? Encore une fois, tant qu’tu m’paies… Je peux faire tout ce que tu veux.

    Il se releva, commençant à faire les cent pas dans la pièce. Son attention se reporta alors sur les dessins qu’il avait vu précédemment. Ils étaient tous très bien faits et certainement de la main délicate de celle qui restait près de la fenêtre.

    - J’suppose que c’toi qui a fait ça ? Ça vaudrait l’coup qu’tu puisses aller croquer ailleurs. J’peux t’proposer d’tester mes services dès c’soir, si ça te tente.

    Ce serait bien plus amusant que de la voir se tétaniser dès qu’elle tentait le moindre geste contre lui. Certes, il s’était introduit dans sa chambre dans le but de la dévaliser mais il montrait maintenant de bien meilleures intentions. Elle choisirait en son âme et conscience.

    - Et puis, s’tu veux, j’peux t’montrer aussi comment on peut s’échapper par cette fenêtre avec aisance.

    Il ponctua sa remarque d’un bref rire. C’était elle qui avait fait la remarque sur son agilité et sa discrétion. Loin de là l’idée pour Inaros d’en faire une voleuse, mais il essayait d’appâter son côté un peu plus sombre. Il était à peu près certain que la malheureuse avait toujours mené une vie terne et monotone. La promesse d’un peu plus d’action devrait suffire à la convaincre. En général, les gens étaient toujours attirés par ce qu’ils n’avaient pas le droit de faire et, ça, Inaros en faisait son fond de commerce.
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    Re: L'oeil nocturne
    Lun 1 Mar 2021 - 16:15 #
    Gardenia n'avait pas besoin qu'on lui dise que sa colère était pitoyable pour le savoir et c'était la frustration de se savoir incapable d'exprimer cette colère qui l'affectait encore plus. Cependant l'intrus ne réagit pas immédiatement, causant un instant de silence qui perturba un peu la noble. Elle dissipait progressivement sa petite colère, laissant à nouveau place au désespoir d'être une victime de sa condition. Elle regardait toujours le sol, craintive, se maudissant intérieurement de ne pas être capable, de ne pas oser davantage par crainte de se blesser. Ses audaces étaient rares, peu maîtrisée et il fallait qu'on la sauve. Elle ne pouvait pas se débrouiller toute seule malgré son fort désir d'indépendance. Alors quand le voleur remis en question ses accès au savoir, aux livres qu'elle pouvait vouloir, elle releva le visage pour l'observer, confuse. Il s'installa sur son lit tandis qu'elle restait figée devant sa fenêtre, la lumière nocturne derrière elle se projetant sur son lit ; mais ironiquement, l'intrus demeurait dans son ombre à elle, juste en face.

    N'était-il pas un peu drôle qu'un malfaiteur lui propose son aide ? En était-elle rendue à être si pitoyable que même celui la cambriolant voulait l'aider ? Cette pensée aurait pu faire naître un brin d'espoir en elle mais la réalité fut toute autre ; elle en déprima davantage. Peut-être que ce soir, son coeur n'était pas aux rêves d'exploration comme elle voulait le faire croire la majorité du temps. Peut-être que ce soir elle avait juste envie de se rouler en boule dans un coin et pleurer, fatiguée et pleine de doutes. La peur, petit à petit, laissait place à une détresse silencieuse. La fatigue d'essayer de se battre avec de maigres forces transpirait de tout son être alors qu'elle soupirait doucement.

    J'ai réussi à m'échapper à quelques rares occasions... toujours dans les jardins voisins. Mais la seule fois où je suis partie dans les rues, il a fallut qu'on me sauve. Je veux sortir, je veux aller voir au dehors, je veux dessiner autre chose que des jardins, mais c'est... compliqué, confessa-t-elle.

    Le regarder était impossible. Ses iris étaient rivés sur le sol, esquivant même les quelques dessins qui pouvaient se trouver dans son champ de vision. Était-elle saine d'esprit, rendue là où elle en était ? Est-ce que son comportement était normal ?

    Je suis sensible au toucher, au son et aux odeurs. Un son de cloche peut me causer de grandes douleurs et... elle croisa les bras, sur la défensive, toutes les sensations du toucher son décuplées... c'est pareil pour les odeurs.

    Devait-elle vraiment passer chacune de ses rencontres à s'expliquer, donner des détails, justifier son comportement ? N'était-ce pas fatiguant de toujours devoir répéter qu'elle n'était pas dotée d'une maîtrise lui permettant d'agir normalement ? Elle déglutit, se retournant pour regarder par la fenêtre. Sortir de la chambre n'était pas compliqué en soit, sans hauteur ; mais les murs et les gardes étaient un véritable problème.

    Je ne sais pas où vous auriez l'idée de m'emmener, mais je ne peux pas supporter le bruit. Une égratignure seule pourrait sérieusement m'incapaciter. Je n'ai aucun souvenir précis de mon enfance, je me souviens juste que j'étais souvent alitée et que j'avais mal. On m'a dit que j'avais tendance à vouloir faire comme tout le monde mais que cela résultait à chaque fois en crises de hurlements avant que je ne perde connaissance.

    C'était ça qui avait ruiné sa relation avec son frère, beaucoup plus actif et chaotique qu'elle, toujours à crier dans tous les sens. Gardenia comprenait qu'il la considère comme un poids mort et qu'il préfère ignorer son existence, comme son père ; mais elle voulait exister quand même, malgré eux. Les souvenirs flous se bousculaient dans son esprit avant qu'elle ne repose les yeux sur l'intrus, une lueur indescriptible dans le regard.

    Qu'est-ce que vous pensez pouvoir accomplir ? Si je vous payais pour m'emmener au de-là de ces murs, des gardes, de me protéger du bruit, de toute blessure et d'odeurs assommantes, seriez-vous seulement capable de l'assumer ? Seriez-vous en mesure de me ramener chez moi saine et sauve avant le levé du jour, avant que la vie ne reprenne son cours ?

    En un sens, formuler ces questions la rassurait. Elle confrontait une autre personne aux mêmes questions qu'elle se posait elle-même, demandait ce que lui avait qu'elle n'avait pas et s'il pouvait être une sorte de guide. Gardenia lui fit complètement face et s'avança même dans sa direction de quelques pas, cherchant des réponses sur ce visage qu'elle ne voyait pas.

    Ne pas avoir le contrôle sur son corps, sur ce qu'on est, est-ce que vous pouvez le comprendre ? De vous regarder dans un miroir et vous dire que vous ne vous appartenez pas vous-même, que vous êtes piégé dans un corps qui n'est pas toujours votre allié ? Parfois, j'ai la sensation d'avoir deux extrêmes qui se battent et ne sont pas capables de trouver un juste milieu. Vous m'avez fait mal précédemment et je suis terrifiée à l'idée de souffrir parce que mon corps se fiche de ce que je peux penser. Ce n'est pas le mien si je n'ai aucun contrôle dessus.

    Son pied nu se posa sur un dessin qu'elle ne chercha pas à éviter, pliant légèrement l'arbre qui était dessiné dessus. Elle s'arrêta là, relativement proche et ne décrochant pas son regard.

    Vous savez que si je sors de ces murs, je vous confie littéralement ma vie. Parce que je ne contrôle rien. Vous auriez mieux fait de vous en tenir au minimum plutôt que me vendre des mensonges. Prenez ce que vous avez et partez. Je ne peux rien faire pour vous en empêcher.

    Disparaissez. Partez. Partez, vous et vos belles promesses. Ce soir n'était pas aux rêves.
    Ivara Streÿk& Inaros
    Ivara Streÿk
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    Re: L'oeil nocturne
    Ven 12 Mar 2021 - 20:56 #

    L’œil nocturne

    Inaros


    Il écouta la malheureuse lui raconter les détails sur son hypersensibilité, qui ne se limitait pas seulement au toucher. L’ouïe, l’odorat et peut-être même le goût étaient concernés. Malédiction ou malchance ? Il n’était pas rare qu’un individu développe des facultés handicapantes dès la naissance. Si cette pauvre femme était née avec ces particularité, elle ne pouvait qu’en vouloir au hasard. Il n’éprouvait aucune compassion pour son état mais il comprenait davantage ses réactions. Si elle n’en exagérait pas le trait, elle aurait probablement pu s’évanouir après ce qu’il avait fait à son bras. Avec le temps, elle semblait avoir appris à contrôler la douleur.

    Serait-il pour autant capable d’assurer sa protection, comme elle le demandait ? Il connaissait déjà la réponse. Il se savait assez compétent. Il connaissait aussi presque tous les recoins de la Capitale, trouver des endroits calmes et propices à l’exploration pour la jeune noble ne serait pas un mal. Encore fallait-il qu’elle accepte. Encore fallait-il qu’elle abandonne la colère qui l’animait depuis qu’elle s’était jetée vers cette fenêtre pour la claquer brutalement. Encore fallait-il qu’Inaros ait la patience de la convaincre.

    Cette grande ville, grouillante de monde, possédait son lot de surprises et de beauté. Il connaissait des panoramas à couper le souffle où il était certain de pouvoir la conduire en toute sécurité. Mais plusieurs paramètres étaient à prendre en compte, notamment les conditions météorologiques. Il devinait que le sifflement du vent ou le bruit des gouttes d’eau lors des nuits pluvieuses ne seraient pas les bienvenues.

    Sa bouche s’entrouvrit pour formuler un début de réponse et interrompre le monologue de celle qui se tenait face à lui, lorsqu’elle s’approcha de lui. Pour la première fois depuis le début de cet échange, c’était elle qui se déplaçait. La colère transparaissait dans son regard qu’il soutint tandis qu’elle prononçait les mots fatidiques.

    Il venait de perdre le peu de patience qu’il possédait.

    Il savait. Il savait très bien ce que cela faisait de ne pas avoir son propre corps. Cela faisait des mois qu’il n’en avait plus et qu’il vivait dans un réceptacle qui n’était pas celui de sa naissance. Des lunes que cette enveloppe charnelle faisait des choses qu’il ne pouvait pas contrôler lui-même. Pire, il en était le parasite. Et cette pensée commença doucement à faire fulminer le mercenaire. Comment cette gourgandine pouvait-elle oser clamer qu’elle était dans un corps qui ne lui appartenait pas ? Elle était loin d’être dans sa situation et elle ne devait pas partager ses bras, ses jambes ou encore son nez avec quelqu’un d’autre. Elle était libre de le maîtriser chaque jour. Un éclat de rire, faux et emplit d’ironie, s’extirpa d’entre ses lippes entrouvertes.

    - Si tu veux faire l’concours de c’lui qui s’ra l’plus à plaindre, je m’embarquerai pas là-d’dans. Surtout pas en sachant que t’es pleine aux as. N’importe qui pourrait v’nir t’demander en mariage pour t’faire voir d’autres murs. Y’a sûrement tout un tas d’preux aventuriers prêts à t’escorter par-d’là ta chambre. Y’a sûrement d’autres nobles tout aussi prêts à t’faire découvrir d’autres sensations...

    Il haussa les épaules, reniflant un coup tout en s’approchant une nouvelle fois de la fenêtre qu’il ouvrit. L’air frais lui fit du bien. Il tourna la tête vers la jeune femme, qui était restée plantée derrière lui.

    - Est-ce que j’ferais mieux qu’eux ? J’peux pas t’le dire, mais j’f’rais à ma manière. À l’avenir, fais attention à comment tu réponds aux inconnus. Qui sait sur quoi tu pourrais tomber un jour ?

    Un souvenir fugace lui traversa l’esprit et, tandis qu’il posait le pied sur le rebord de la fenêtre pour disparaître dans l’obscurité, il arrêta son mouvement et ajouta.

    - Gardenia Whytlys. C’est c’qui est écrit sur ton bouquin. C’toi ? Le coup d’oeil qu’il jeta à la jeune femme suffit à lui fournir sa réponse. J’prends ton bouquin parce que t’as pas été suffisamment convaincante et moi, j’ai assez perdu d’temps comme ça. Veille à c’que nos ch’mins ne s’recroisent pas. J’serais sûrement moins conciliant les prochaines fois.

    Campés sur leurs positions, il serait impossible de les faire changer d’avis et le flegme du mercenaire l’avait abandonné. Que cette noble croit donc ce qu’elle veut ! Si elle désirait découvrir la vie par ses propres moyens, alors il la laisserait faire. Il était arrivé trop tôt, ou trop tard. Dans tous les cas, cet échange ne pourrait pas aboutir cette nuit-là. Quelqu’un d’autre ferait sans doute ce travail à sa place.
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    Re: L'oeil nocturne
    Mar 16 Mar 2021 - 13:56 #
    Il le formulait simplement, là, son pire cauchemar, et le visage de Gardenia se décomposa à l'écoute de ces mots ; être vendue en pâture à une autre maison. Le transfert d'un boulet, d'une cage à une autre, où finalement elle ne serait pas plus heureuse. En territoire inconnu, mais non désiré. Une cage, peu importait la couleur de ses barreaux, demeurait une cage. Gardenia eut un éclair de peur mais également d'indignation dans son regard alors que ses sourcils se fronçaient. Pourquoi pensaient-ils qu'un marriage arrangé pourrait la rendre heureuse ? Pourquoi les gens s'évertuaient-ils à vendre la richesse comme synonyme de bonheur ? Pourquoi étaient-il si convaincus qu'elle n'avait pas de raison de se plaindre car de leur perspective, elle vivait mieux qu'eux ? Les poings de la jeune noble demeuraient fermés mais elle n'osait exprimer davantage sa frustration, même si l'envie de s'énerver lui faisait mal au coeur. Le voleur s'éloignait vers la fenêtre à nouveau, l'ouvrant ; le courant d'air froid fit frissonner Gardenia qui se refusa à croiser les bras pour se réchauffer. L'écoute de son nom la fit détourner le visage un instant, presque comme si elle avait honte, rare sentiment, d'être ce qu'elle était.

    Puis vinrent les menaces. Des menaces qui manquèrent de la faire rire alors qu'elle braquait à nouveau son regard sur lui ; qu'il la recroise où, de toute manière ? Elle qui ne pouvait que trop difficilement sortir ? Et pour lui faire quoi ? La taper ? Elle perdrait connaissance si vite qu'il ne s'amuserait même pas à la tourmenter.
    D'où venait ce sentiment flamboyant qu'il était en train de nourrir, subitement ? Pourquoi avait-elle envie de se ruer sur lui et le pousser dehors en lui claquant la fenêtre au nez ? Elle avait même envie de tirer sur son attirail et le forcer à montrer son visage, pleutre qu'il était de se cacher d'elle. Elle fulminait. Elle rageait d'être dans une telle position de faiblesse. Toutes les réflexions, les remarques, les moqueries, provocations et insultes, jamais elle ne réagissait ; elle encaissait, souriait, tentait de comprendre. Seulement, pas face à ce jeune homme non identifiable. Peut-être était-ce justement parce qu'elle ne voyait pas qui il était qu'elle ne pouvait pas faire abstraction des horreurs qu'elle cachait en temps normal. Il était pas humain. Elle ne pouvait pas connaître ses sentiments ni les deviner, elle ne voyait rien. Il n'était qu'un oeil nocturne, un cauchemar déboulant dans sa cage pour venir ternir le blanc de ses murs. Une tache, un parasite.

    Alors, complètement irréfléchie, elle attrapa le premier truc qui lui passage sous la main ; en l'occurrence, un coussin ; et lui balança dessus de toutes ses forces, enchaînant avec le suivant, rageant comme elle pouvait de sa faible voix.

    Vas t'en ! Disparais ! toi et tous les autres, disparaissez tous ! Vous m'énervez ! Tu veux de la richesse ? Tiens !

    Et un collier balancé au travers de la fenêtre, tombant dans le buisson.

    Ca ne suffit pas ? Prends ça ! Et ça ! Et disparais ! Ne reviens plus jamais ici ! Vas donc jouer au triste brigand qui est libre de ses mouvements plutôt que d'être une honnête personne !

    Des bijoux jetés, un coffret tombant sur le parterre humide, renversant son contenu, et Gardenia qui tremblait d'une rage qu'elle ne se connaissait pas. Elle en vint même à se baisser vers ses dessins, arrachant celui sous son pied pour le lancer maladroitement ; nul ne partait dans la direction qu'elle voulait. Elle retenait difficilement ses larmes de colère, l'indignation pulsant dans ses veines comme jamais cela n'avait été le cas. Elle n'en pouvait plus d'être ici. C'était insupportable.

    Je te hais ! cria-t-elle presque, à bout de souffle. Lâche !

    Ou peut-être était-ce elle, la lâche. Peut-être que c'était contre elle qu'elle était en colère, plus que contre cette figure nocturne.
    Ivara Streÿk& Inaros
    Ivara Streÿk
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    Re: L'oeil nocturne
    Mer 17 Mar 2021 - 20:22 #

    L’œil nocturne

    Inaros


    En voyant le premier coussin voler à toute vitesse vers sa figure, Inaros se décida un peu plus vite à disparaître du champ de vision de Gardenia. S’aidant du rebord de la fenêtre, il bondit en toute discrétion hors de la chambre et attendit quelques secondes, dissimulé juste à côté de l’encadrure. Il se maintenait fermement aux tuiles, espérant qu’elles ne céderaient pas. Il maintint cette position pendant une quarantaine de secondes, écoutant les élucubrations de la noble qui, dans une totale hystérie, ne s’était même pas aperçue qu’il n’était déjà plus là. Et, lorsqu’elle commença à lui cracher sa haine de cette voix si faible, Inaros quitta son perchoir pour s’échapper du domaine sans être vu. Ce ne fut pas bien compliqué, il n’avait qu’à faire le chemin en sens inverse. En quelques minutes, il s’était évanouit dans la nuit.

    Malgré son sac sans fond rempli d’un peu plus de richesse que d’habitude, il ne se sentait pas pleinement heureux et satisfait. Il se sentait perdu et un peu nostalgique de sa vie passée. Il essayait d’avancer main dans la main - s’il pouvait le dire - avec Ivara depuis quelques semaines, mais certains agissements de la sculptrice le prenaient totalement au dépourvu. Elle semblait avoir changé et la minute au pays des Songes n’était plus suffisante pour qu’il puisse essayer de deviner ce qui avait changé dans le comportement de la blonde dont il habitait le corps. Pourtant, avec le temps, il avait fini par lui accorder sa confiance. Il avait bien compris que, dans leur position, il n’avait pas le choix. Il avait même fait des efforts pour s’ouvrir à elle mais il n’avait pas l’impression que la réciproque soit réelle. Elle agissait de moins en moins comme il en avait eu l’habitude. Elle semblait plus… Libre ? Dévergondée. De quoi contrarier le moindre de ses plans chaque fois qu’il en avait un ou qu’il essayait d’arranger la situation entre eux deux. Il ne voulait même plus regarder les bijoux qu’il avait dérobés un peu plus tôt. À quoi allait-il vraiment lui servir ? Maintenant qu’il avait enfin réussi à monter l’Ordre des Célantia, il n’était plus autant dans le besoin qu’auparavant.

    Une interrogation subsistait donc dans l’esprit du mercenaire. Pourquoi avait-il été là, ce soir ? Pourquoi avait-il décidé de voler une noble ? Il serra les poings, ne trouvant aucune réponse. Ce qu’il venait de faire n’avait aucune logique. Du moins, ça ne répondait pas à sa propre logique. Il aurait encore mieux agi s’il n’avait pas réfléchi. Et, puisque cette action n’avait pas de sens, alors sa raison d’être elle-même n’avait plus de sens. Et, au vu de la situation dans laquelle il était, c’est cette raison d’être qui lui permettait de se sentir exister. Le mercenariat faisait partie de sa vie depuis presque toujours. Au plus bas il y a quelques lunes, c’était vers elle qu’il s’était de nouveau tourné pour reprendre ses activités. C’était en fait la seule chose qui lui restait de qui il avait pu être, tout le reste était parti ou mort avec son corps.

    Si le mercenariat avait toujours été ce qui apportait le plus de sens à sa vie, il avait toujours été obligé de se fixer un objectif secondaire. En l'occurrence, les cristaux. Mais ce n’était pas l’argent qui le motivait réellement. Ce n’était plus ça. Il fallait qu’il parte à la conquête d’autre chose. Et la réponse ne fut pas longue à trouver. Le prestige. Et dire qu’il avait failli l’abandonner pour Ivara… Il allait prouver que la renommée d’Inaros existait toujours.

    Mais comment pouvait-il obtenir cette réputation ?

    Il avait entendu parler de l’enlèvement de la reine par un de ses compères. Il devait au moins réussir à frapper aussi fort mais, surtout, une autre cible. Alors, si la reine ne pouvait plus être atteinte, qui pouvait-il frapper ?

    Une idée folle traversa son esprit et, pendant qu’il s’enfonçait dans la nuit, le mercenaire esquissa un sourire en repensant a cette petite nobliarde. T’auras au moins servi à ça...

    S’il fallait s’en prendre à une telle figure pour qu’il retrouve sa gloire d’antan, il le ferait. Peu importait les retombées que subirait la sculptrice.

    Cette cible serait rattachée à la royauté. Il frapperait un symbole lourd et plein de puissance.

    Le Capitaine Hekmatyar, Capitaine de la Garde Royale.
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    Re: L'oeil nocturne
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