Depuis la naissance de Melta, l’enfant avait toujours été une force de la nature face aux maladies. C’était comme si, par la grâce de Lucy, le petit avait été taillé dans le bois parfait pour supporter le pouvoir de son père adoptif. Jamais, sauf pour des petits mots bénins, Faolan n’avait vraiment eu besoin de consulter un médecin pour le petit. Même quand sa manifestation de pouvoir avait eu lieu, l’énergie débordant qu’il avait eue juste avant, avait été diagnostiquée gracieusement par un guérisseur dans la même auberge qu’eux. Pourtant, Faolan n’est pas sans savoir de comment réagir aux maladies, c’est quelque chose de fréquent chez lui avec sa magie et ses contre couts. Très fréquent même, mais c’est sur lui que cela arrive et non un enfant de trois ans.

Quand la première quinte de toux un peu plus forte de ce qui lui arrive d’habitude était arrivée alors que le cuisinier finissait la lessive dans leur petite location dans la capitale, il ne s’était pas plus inquiété que cela. Après tout, la toux était quelque chose de fréquent et à force de parler fort au familier de son père ou même pousser des cris sous sa forme complète de riboux, cela travaillait les cordes vocales. Tout allait bien dans le meilleur des mondes au début, c’est toujours ainsi que commencent les histoires.

Malheureusement, pour que cette histoire ait une suite autre que ça passa et tout continua de tourner sans histoire, ça ne continua pas bien. Sans que cela soit désastreux, l’état de santé du petit ne s’améliora pas, ses toux furent assez proche les unes des autres, toujours bien sèche, et l’enfant croissait qu’il avait mal à la gorge. Son appétit, assez important en temps normal, semblait partit en vacances tout se que son père pu lui proposer pour remplir un peu son ventre fu refuser, même le lait au miel fit grimacé l’enfant qui refusa de le boire les larmes aux yeux. C’était plus la fatigue qui lui tombait sur les épaules et un début de fièvre qui jouais que Melta qui jouait le difficile.

Faolan n’était pas idiot, enfin, pas totalement plus exactement, il sait bien que ce n’est pas quelque chose de forcément grave, mais, comme beaucoup de parents, il y a une peur latente qui est présente, pas mal de distraction parce que pensant à trente-six mille choses que pourrait avoir son enfant et enfin, un bout de colère contre lui-même de ne pas avoir le protéger contre quelque chose, qui, au final, ne pouvait pas être prévu si on regarde cela d’un point de vue neutre. Donc, actuellement, alors qu’il se dirige vers le cabinet de Luz, on lui a indiqué la direction quand il a dit vouloir voir se médecin en particulier, son temps qui le suis est une pluie de grêle, accompagné de vent et de quelque éclair d’orage. Un temps parfait pour déplacer un enfant vous en conviendrez. Pourtant, à force de vivre avec sa météo et encore plus depuis son tatouage qui lui fait ignorer les effets de son propre temps sur lui, il ne s’en rend même plus compte.

Dans ces familiers il n’y a que Canelle, sa rarwük, qui avait tenu à le suivre dans cette expédition. Le petit se faisait un devoir de toujours être au qui-vive pour protéger les deux humains malgré son jeune âge. Ce n’était pas plus mal que les autres soient restés à l’abri à la maison pour se reposer, au moins il n’y aurait pas de malade supplémentaire à cause de cela. Faolan avait espoir que comme il avait eu une bonne impression de Luz quand ils avaient travaillé ensemble pour la couronne dans l’orphelinat, elle pourrait l’aider plus efficacement, de plus, il voulait de base la contacter pour prendre rendez-vous et savoir si elle pouvait lui faire une lettre de recommandation pour son dossier d’adoption. Il c’était lié a une petit qu’il avait rencontré il y a peu à l’orphelinat les petites pattes. Elle était entrée il y a peu et avait du mal à se lier aux autres enfants des lieux, mais finissait toujours dans les alentours du cuisinier quand il venait passer un moment dans les lieux avec Melta qui s’amusait comme un petit fou d’avoir des amis aussi varié.

Dans tous les cas, l’homme avait commencé une procédure d’adoption pour la petite, il ne s’attendait juste pas que cela soit autant de paperasse, surtout en le sachant célibataire, avec déjà un enfant a charge et avec une profession qui le fait voyager beaucoup, le mettant dans une catégorie de personne avec un salaire non fixe et stable selon l’administration. On le jugeait sur beaucoup de points qui n’avaient rien à voir, de son point de vue, de savoir si on pouvait prendre soin d’un enfant convenablement ou pas. Du coup, peut-être qu’une lettre d’un médecin, bien vu par la couronne, pourrait peut-être l’aider. On sait jamais, il est important de jouer toutes ces cartes.

Une nouvelle toux de Melta le fit accélérer le pas alors que Canelle poussait à miaulement désapprobateur de se changement de rythme intempestif. Une fois face à l’adresse qu’on lui avait indiquée il frappa fort au battant de la porte et attendit, alors que la grêle s’était un peu amplifier suite au constat que la fièvre de Melta semblait plus importante que se qu’il pensait. Il était tout sauf tranquille. Alors que, spoiler alerte cher lecteurs, sachez que la maladie de Melta est tout ce qu’il y a de plus bénin, le surmenage magique et physique sur un enfant hyperactif n’est pas ce qu’il y a de plus dangereux, même avec un rhum par-dessus.

Quand la porte s’ouvre sur Luz il y a une sorte de soulagement qui prend tout le corps de Faolan. Il avait eu peur qu’elle ne réponde pas, qu’elle soit ailleurs, il était marqué que ce fût fermé pour la visite médicale, mais il ne se voyait pas non plus faire marche arrière pour trouver un autre médecin dans cette situation. Puis, il n’aurait pas forcément eu confiance. Enfin, si, il aurait eu confiance en Louise, mais la femme devait être en mers avec son équipage et ce n’était pas le moment de faire une escapade pour la retrouver dans ce genre de condition.

Il passe la porte sans demande son reste quand elle le laisse rentrer. Il ne fait même pas attention à Cannelle qui se met à sentir le Rarwük adulte présent sur place. Cela a semblé la détendre et l’amuser beaucoup, mais toute son attention est sur son fils là tout de suite et les instructions que lui donne Luz. La grêle se fait un peu moins importante, comme l’orage qui se calme aussi. Ils sont en sécurité avec une personne de confiance, tout va mieux aller maintenant.

— Merci, Luz, désolé de venir ainsi, mais…

Les mots se coupent dans sa gorge alors que Melta grommelle à nouveau et qu’il tente de le cajoler pour le calmer un peu. Cela fonctionne plutôt bien, la fatigue aidant l’enfant à être assez docile mine de rien. Il y a du bon dans toute cette maladie tout de même. Au moins ils n’ont pas à faire avec un petit qui se transforme toutes les cinq minutes et court dans tout les sens pour ne pas se laisser prendre dans les bras. Non, ça c’est ce que son fils avait fait hier par jeu sous les yeux horrifier de son père qui ne voulait pas qu’il utilise autant sa magie sans en savoir ces limites. Même s’il savait parfaitement que cela faisait partie de l’enseignement de la magie aussi de tester ces limites aussi jeunes.

Il écouta les instructions de Luz et déposa l’enfant dans le lit d’appoint avec toute la délicatesse dont il pouvait faire preuve. Se faire guider dans ce genre de moment était bien plus simple. Cela demandait moins d’énergie et ces nerfs étaient assez à fleur de peau ainsi. Alors qu’il prend le temps de sortir de son sac sans fond une serviette sèche, meilleur investissement avec son pouvoir, et a séché son fil après lui avoir retiré ces vêtements trop humides comme indiqué par la rousse. Pour ces derniers, il sortit sa sèche vite pour les mettre à sécher dedans. Oui, il prenait peut-être un peu ces aises, mais il se doutait aussi qu’ils n’allaient pas finir cette consultation en cinq minutes tempos en main.

— Si je dérange, n’hésite pas à me le dire et pour répondre à tes questions, heu…

Il a les réponses, il les a vraiment, mais cela demande à ce qu’il ne fixe pas en boucle son fils et prenne peur au moindre mouvement un peu suspect qu’il pourrait faire. Même en se disant avec une personne de confiance, il a du mal à gérer cette nouvelle situation. Est-ce que ça faisait de lui un mauvais parent ? Non, mais il se pose tout de même la question même si c’est stupide. Il se fait bousculer à un moment par Cannelle qui semble jouer à touche-touche avec son comparse et ça semble détendre le cuisinier qui arrive à faire un peu plus le point sur ce qui vient de lui être demandé.

— Il a découvert son pouvoir il y a une lune, métamorphose en Riboux. Il se transforme beaucoup, je ne sais pas si c’est vraiment une bonne chose, hier encore plus et je n’ai pas su l’arrêter.

Ce n’était peut-être pas l’information qu’elle souhaitait tout de suite, après tout, elle n’avait pas commencé par cela. Est-ce qu’il faisait tout dans le désordre ? La grêle redouble et la neige tombe sans arrêt, heureusement que ce genre de manifestation ne se produisait pas en intérieur.

— Ça à commencer depuis hier soir, il a commencé à être un peu plus chaud et grognon aussi. Il a mal dormi cette nuit et a refusé de manger, même un simple lait au miel il a pleurer quand j’ai voulu lui faire boire… Il tousse pas mal et je ne sais plus trop quoi faire… Je ne fais pas d’automédication, pas avec Melta.

Avec lui ça ne l’a jamais dérangé. Jouer à l’apprenti sorcier sur son propre corps ce n’est pas un souci, mais son fils n’était pas un terrain de jeu pour cela.

— Donc il n’a rien mangé depuis hier alors qu’il mange beaucoup normalement, enfin, c’est un bon appétit quoi… Je… Hum… Voilà…

Il ne sait pas trop quoi ajouter pour l’aider, il n’arrive même pas à savoir si ce qu’il vient de dire l’aide ou non. Il prend une forte inspiration pour se calmer un peu plus et la neige, ainsi que la grêle se calme doucement, même si encore là, l’orage lui a complètement disparu.

— Désolé de te déranger pour cela. Merci pour ton aide.

Sa voix est un peu pitoyable, mais on peut sentir toute la reconnaissance possible de ne pas l’avoir laisser dehors avec son fils dans cet état. Il l'avait certes déjà dit, mais cela ne tuait personne de le redire.

Tout est normal.

Elle l’a dit, elle le sait, c’est une professionnelle, c’est pour cela qu’il est venu ici, pourtant, il y a un doute qui reste dans son cœur. Est-ce que c’est vraiment normal de ne pas arriver à gérer un enfant ainsi ? C’est si simple pour lui d’oublier ces propres difficultés étant enfant ou celle de ces parents avec le reste de sa fratrie. Il est toujours plus simple d’oublier que tout le monde a du mal avec les enfants à un moment ou un autre que de se dire que c’est normal. Cela fait quelque part un peu moins peur. Enfin, possiblement.

Pourtant, il fait un effort pour se rassurer, pour ne pas s’inquiéter plus qu’il ne l’ait, prenant ce que lui offre Luz sans aucune difficulté. S’il faut faire boire son fils, il le fera, pour son bien avant tout. Melta grogne un peu et pleurniche quand il commence à lui faire boire, mais le cuisinier ne se stoppe pas pour autant. Elle a bien dit qu’il fallait tout lui faire prendre, même s’il n’en voulait pas, c’est pour son bien et sa confiance en la rousse est totale.

Est-ce qu’il devait accepter l’offre de rester sur place ? Sûrement, de toute manière, il avait encore à parler avec la noble et si Melta bougeait moins il se reposerait plus. Enfin, c’est certainement ainsi que cela fonctionne. En plus tout sèche encore dans ces affaires et partir en laissant tout sur place serait étrange. Se chercher des excuses pour ne pas culpabiliser au fait de rester dans un lieu accueillant est toujours un peu étrange.

— Je… Hum… Merci pour l’invitation, je vais l’accepter avec plaisir. Je peux faire le repas, c’est mon travail après tout. Est-ce que tu souhaites avoir aussi quelque chose à manger en même temps ?

La moindre des politesses de proposer à son hôte à manger après tout. Cannelle stoppa ce qu’elle était entrain de faire avec le familier de la rousse et courus de ces petites pâtes pour sauter sur l’enfant qui faisait mine de vouloir de se relever de sa place. Dans un soupire habituer à ce genre de scène le blond attrapa son familier avant qu’il n’atteigne l’enfant d’une main et recoucha son fils de l’autre, une profonde fatigue sur son visage.

— On a dit manger, pas faire la fête…
— Pas faim…
— Mais oui, mais oui. On verra ce que tu diras face à mon porridge.
— Popo ? Oh ! POPO !

Un long soupire sortit de sa bouche alors que Melta semblait s’exciter sur son porridge, le même s’il avait refusé hier soir. Peut-être avec plus de miel ça passera mieux du coup. Il relâcha Cannelle qui lui lécha les doigts en ronronnant avec attention.

— Oui, oui, tu auras aussi quelque chose. Maintenant, tu restes avec Melta et s’il bouge de là il n’y aura pas de friandises.

C’est faux, il le sait parfaitement. Même si la petite n’arrivait pas à gérer son fils elle aurait une friandise pour au moins avoir tenté. Il voulait presque se faire croire qu’il était quelqu’un de ferme dans cette décision. Puis, en plus, il savait aussi que son fils ferait un effort pour que le familier ne soit pas réprimandé. C’était peut-être parti que d’utiliser ce genre de méthode, mais au moins cela fonctionnait mine de rien.

— Je te suis pour les cuisines si cela ne te dérange pas. J’aurais un autre sujet que la santé de Melta dont je voudrais discuter si tu as le temps.

Il fallait qu’il se concentre sur autre chose que la santé du petit en plus, elle avait dit que tout allait bien et était normal. En plus, sa magie passive avait un certain poids sur ces nerfs actuellement. Au moins, il était arrivé à ce que l’orage parte complément et que la grêle ne soit qu’un lointain souvenir, il n’y avait que la neige de sa songerie et mélancolie du moment, mais en soit c’était beaucoup plus calme pour dehors, même si ce n’était pas du tout la bonne saison pour cela.

— Oh ! Si jamais il y a dégât sur la toiture à cause de la météo il faudra l’ajouter à ma facture pour les soins.

Il ne le dirait pas à tous les gens à qui il avait pu faire des dégâts dehors, mais Luz soignait son fils et il n’allait pas lui faire l’affront de lui faire payer cela en plus de tout le reste.

Il y a une part de lui qui voudrait dire avec force qu’il pourrait totalement s’embêter à lui faire un repas digne de la famille royale pour son aide, mais la fatigue autant nerveuse que physique hurle dans son corps que ce genre de promesse est un ramassis de connerie et qu’il s’effondrera dans la cuisine avant d’être au plat principal s’il se prend à ce genre de jeu. Ils ne sont pas assez nombreux pour manger ce genre de repas et cela ne serait que du gâchis de nourriture et c’est tout sauf son envie de moment.

   — Sincèrement, je n’ai pas l’énergie pour quelque chose de compliqué et tu auras simplement droit à mon porridge miracle.

Le Rarwuk de Luz ne les suit pas et quelque part ça le rassure pas mal. Avoir un familier en plus pour surveiller les actions de son fils pour ne pas qu’il s’amuse à se transformer une nouvelle fois en Riboux ou décide pour une raison qui le dépasse d’imiter un Glooby malgré qu’il ne soit pas bien. Emboîtant le pas de la noble il se laisse porter et chaque pas semble plus léger que le précédent.

   — Oui, j’aime beaucoup les tisanes, beaucoup plus que n’importe quel alcool.

L’alcool est pour cuisiner ou goûter, les tisane et thé c’est pour boire et oublier. C’est une évidence pour lui, quelque chose qui coule de source, comme tout le reste en y réfléchissant. Sans plus trop réfléchir il rentre dans la pièce, fouille un peu les placards plus pour voir ce qui est présent sur place qu’autre chose puis prends sans aucune hésitation une petite marmite, sort sa cuillère magique de son sac ainsi que du lait de lapin fromager qu’il avait achetés hier soir, pour faire à la base un lait au miel à son fils, des flocons d’avoine ainsi que du miel de Phume. De quoi faire un porridge des plus simple, mais rempli de tout ce qu’il fallait pour être de nouveau en pleine forme.

   — Hum… Oui, la tempête c’est la faute de mon pouvoir. Chaque élément est lié à une émotion, tout se combine et change autour de moi dans un rayon de deux mètres. C’est impossible de mentir sur ce que tu ressens, enfin… c’est compliqué plutôt…

Il explique tout cela en se mettant à l’ouvrage tranquillement. Cuisiner en même temps que parler est quelque chose de plus pratique pour expliquer des sujets qui sont un peu gênants. Il trouve totalement le fait d’être aussi ouvert avec son pouvoir une fois que quelqu’un le sait gênant, même s’il déteste l’idée même de ne plus l’avoir. C’est comme être vide de ne plus avoir sa météo qui s’active autour de lui.

   — La neige c’est… hum… quand je suis dans mes pensées, un truc comme ça. Je préfère la pluie, c’est quand tout va bien. Enfin, quand le ciel est dégagé aussi, mais ce n’est pas le même tout va bien et… C’est un mélange un peu étrange et tout.

C’est surtout que d’expliquer ses propres sentiments sans forcément être dramatique ou extrême a quelque chose de compliqué dans l’exercice de la chose. Il touille tranquillement sa préparation au-dessus, un feu fait entre-temps juste en dessous. Il fouille encore dans un sac et sort sa hotte à chocolat et des petits cailloux qu’il trimbale pour ce genre de moment. Il les met dedans et laisse la magie agir et sortir quelques morceaux de chocolat à la place des pierres et les met dans une petite assiette avant de reprendre le mélange de son porridge qui s’épaissit doucement.

   — Au fait, pour changer de sujet et revenir à ce que je voulais te demander… Je suis en procédure d’adoption, mais c’est un peu compliquer en étant père célibataire de se faire valider son dossier, même si on connait l’enfant et qu’il est à l’aise avec nous et qu’on serait la meilleure solution et… bref, c’est compliqué sans travail dit stable ou étant itinérant ou de situation maritale conventionnelle. Est-ce qu’il serait possible d’avoir une lettre de recommandation de ta part pour dire que je suis capable ? Comme tu es médecin et noble ça aura plus de poids dans mon dossier et… Enfin, je ne veux pas te forcer les mains ou quoi que ce soit, mais, enfin, si ça te semble raisonnable, bah, j’aimerais une recommandation, mais sinon tant pis hein…

Il s’embrouille lui-même dans ce qu’il raconte et voit bien que ce n’est pas aussi fluide qu’il aurait pu le vouloir. Bien loin de ce moment tranquille où tout va bien dans le meilleur des mondes. Il touille avec un peu plus de force son mélange et il est de plus en plus certain que les effets de sa cuillère seront au-dessus de ces espérances.

L’enthousiasme de Luz lui fait vraiment chaud au cœur, il a toujours apprécié que les gens s’emportent facilement ainsi. Les personnes qui parlent sans forcément de filtre pour leur question, sans se dire que cela pourrait être mal vu comme façon de faire. Même dans ces songes provoqués par une pastille rêve donner à son insu, c'était quelque chose qu’il avait apprécié alors que la situation n’avait pas été des plus normale. Il continua de touiller sa préparation avec un sourire fatigué au visage.

   — Oui, je me suis décidé, on peut dire ça ainsi.

Il y a un petit rire qui sort de sa bouche en même temps qu’il cela. En fait, il n’est pas forcément certain de ce qui a été vraiment décidé ou non. Il voudrait pouvoir dire que c’était une décision, mais c’était un peu plus complexe que cela. Plus un signe de Lucy quelque part.

   — Elle s’appelle Rune, enfin, plus exactement elle réagit au prénom Rune que Melta lui a donné… C’est tellement improbable comme situation en fait.

Lui-même avait un peu de mal à se dire que c’était comme cela que tout était arrivé.

  — Je fais parfois du bénévolat à un orphelinat qui s’appelle les petites pattes, c’est un endroit où les orphelins sont tous des hybrides. Parfois certains sont là suite à des abandons, d’autres non, mais il y a une certaine mise à l’écart, pourtant ils sont tellement adorables et… bref, ce n’est pas la question.

Il se perdait si rapidement dans sa fougue de vouloir dire que ces enfants qu’il voyait si souvent deviennent des adultes géniaux et était déjà des enfants tout autant géniaux.

   — Rune est arrivée il y a deux lunes là-bas. Quelqu’un l’a déposé comme on déposerait un enfant à l’école, puis est reparti aussi rapidement sans dire un mot. Personne n’a compris sur le moment avant de voir la cape de la petite bouger et voir que c’était une petite hybride et qu’on venait l’abandonner ici comme si cela donnait bonne conscience.

Quand on lui avait expliqué il n’avait pas compris pourquoi le personnel n'avait pas cherché à rattraper la personne qui avait amené la gamine avant de se rendre compte que cela aurait été pire s’il l’avait simplement lâché au milieu de la ville sans personne pour la récupérer. Pas que cela rend ce qui est arrivé moins pire, mais il comprend un peu mieux du coup. Enfin, comprendre n’est pas vraiment le terme exact.

   — Son hybridation fait qu’elle a des oreilles et une queue de Crasmo complètement adorable, mais aussi les crocs et tout le larynx, d’après un soigneur qui est venu c’est peut-être une des causes de son mutisme, mais il est aussi possible que cela soit psychologique, avec les hybridations c’est toujours un peu compliqué à ce qu’il m’expliquait.

Il n’a aucune idée si c’est la cause de son abandon, mais il ne comprenait pas les parents de base qui laissaient leurs enfants juste après leur avoir donné la vie.

   — Quoi qu’il en soit Melta a tout de suite trouvé sa couleur de cheveux adorable, comme de la neige pleine de poussière qu’il a dite, elle lui a grogné dessus quand il a dit cela. Il l’a suivi toute la journée où on a été sur place, il a tenté de lui trouver plein de noms et c’est sur Rune qu’elle a semblé réagir. On est parti et revenu une semaine après avant de repartir un peu et qu’après les autres bénévoles elle s'est mise à réagir seulement à Rune quand on l’appel. Cette fois c’est elle qui a collé Melta tout du long et ça n’a pas eu l’air de le déranger, au contraire, je me suis retrouvé avec ces deux canailles dans ma cuisine, Melta volant de la nourriture et elle qui semblait vouloir me donner un coup de main.

Il y a toute une tendresse particulière dans sa voix en disant cela.

   — Elle c’est juste accroché à moi, plus que tous les autres et avec son âge je sais qu’elle aura du mal à trouver une famille. Huit ans ce n’est pas évident pour des enfants hybrides à ce qu’on m’a dit, surtout avec un handicapé en prime. Je peux juste pas ne pas la prendre dans ma famille alors qu’elle semble y avoir tellement sa place. On écrit des lettres, enfin, elle tente d’écrire des lettres et ça finit souvent en dessin pour m’expliquer les termes qu’elle ne trouve pas…

Ce n’est pas une correspondance classique, mais à la base il l’avait fait pour qu’elle ne se sente pas toute seule quand il part à l’aventure et avec son ptidodo cela semblait aller rapidement. Même si cela ne faisait que deux lunes ça lui semblait si plus long et normal comme lien avec cette petite. C’est pour cela qu’il avait commencé les démarches au début de cette lune.

   — Bref, on s’entend bien et même si je sais que cela ne sera pas forcément évident tous les jours, je sens dans mes tripes que c’est ce qu’il faut faire.

Dans son cœur aussi. Il tourne avec un peu plus d’énergie son mélange, avant de ralentir un peu pour la suite de la question. Il avait presque l’impression d’avoir déblatérer sur la petite simplement pour ne pas vraiment répondre à cela. Pourtant, il adore son travail, mais il y a une ombre sur le tableau, si on peut dire cela comme ça.

   — Sinon, non, je ne suis pas un cuisinier fixe. Mon rêve est de pouvoir apprendre le plus de recettes possible, par le plus de monde possible et pour ce faire j’aime voyager aux quatre coins du pays pour en apprendre plus. Pourtant, j’ai eu un projet avec un aventurier que j’ai rencontré fortuitement dans un marché. Une rencontre rocambolesque, mais qui a été une base d’une amitié et partenariat qui semblait prometteur. C’est même lui à qui m’a aidé à trouver le nom de ma franchise quand je me déplace, la farandole des saveurs. On avait tout prévu pour faire la livraison, il s’occuperait plus du côté gestion et moi de la cuisine. Vraiment un bon partenaire et ami, mais c’est un aventurier et il m’a dit qu’on mettrait ça en place à son prochain retour de quête. Il n’y a pas eu de retour de quête.

Mais Lucy a décidé autrement. À moins que cela soit la vie. Qu’importe, il ne reviendra plus et il faut faire avec. Surtout sans. Faolan préfère ne pas vraiment penser à tout ce qu’implique ce qui est arrivé, il préfère aller de l’avant et continuer de chérir ce projet commun tout de même. Même s’il semble plus lourd d’un seul coup.

   — Donc pour le moment je suis mon propre patron, mais j’ai du mal avec tout le côté gestion ou même je sais qu’il me faudrait un pied à terre pour l’enfant et leur éducation même si je vadrouille de temps en temps. J’aimerais bien avoir une solution, mais cela ne tombe pas du ciel malheureusement.

Tout en disant cela, il sort la marmite du feu et termine de mélanger à côté pour être certain que cela n’accroche pas au fond avec la chaleur qui reste dans le fond de cette dernière même hors du feu.

   — Cela sera trop beau…

Melta aussi bondira de joie quand il saura qu’il aura sa grande sœur. Il avait déjà bien en tête l’image mentale de cet échange. Rune et c’est dessin qui seront à moitié terminés, un sourire plein de crocs aux lèvres et Melta qui se métamorphose en boucle par enthousiasme en proposant mille et un jeux à faire tout de suite dans la seconde. Cette image bien douce de lui face à ce bonheur enfantin met le deuil de son ami plus loin.

   — Merci.

Autant pour les papiers que les soins ou encore sa façon d’être juste là. De ne pas poser les questions qui font mal. De ne pas avoir de chose auquel il ne veut pas répondre, ni aujourd’hui, ni jamais en fait. Ce n’est pas du déni de la situation, simplement qu’il y a certaines choses qui n’ont plus de réponse, même en les demandant, alors autant faire avec. Enfin sans pour le coup. C’est souffler, comme un soupire et il n’est même pas sûr qu’elle est entendue, par contre ce qu’il a bien entendu lui c’est sa proposition à elle d’emploi.

   — Oh !

C’est le premier mot qui sort de sa bouche. Ce n’est même pas qu’il est contre cela, juste, il ne s’y attend pas. Vraiment pas. Cela semble presque trop beau pour être vrai de lui proposer un poste, de chef en plus, tout en pouvant continuer à voyager. Surtout, cela demandera une sacrée organisation pour mettre ça en place. Faire passer pas mal de lettres, ne jamais partir trop longtemps, même aller voir régulièrement Fedora au grand port ne sera pas aisé en plus de ses autres voyages, mais en même temps une situation stable pour les enfants serait tellement bien. Il voudrait aussi tout de même continuer ce projet qui fut à deux pendant un temps.

   — Je ne m’y attendais pas.

C’est une évidence, mais il a besoin de le dire, de s’occuper l’esprit en faisant autre chose que de remplir les bols pour eux trois. La clef de tout cela était… La clef ? Doucement une solution assez viable se fit dans son esprit. Il savait parfaitement que cet artefact avait été envoyé par son père à la base pour le faire revenir à eux, d’avoir un accès lié à eux, mais cela pouvait ne pas être eux. Vu la dernière dispute avec sa mère, son père comprendrait. Même sans cela il comprendrait.

   — J’allais commencer à dire que ça allait être compliqué avec les lettres ou même mon but premier ou encore mon envie de voyage, mais en fait… C’est peut-être la solution idéale et, si cela vous convient, j’ai même de quoi enrichir cette proposition pour nous deux.

Doucement, il sort sa clef dimensionnelle de son sac sans fond et la pose sur la table. On parle affaires, alors autant voir aussi de comment encore plus optimiser cette chance qu’on lui offre.

   — Vois-tu, à la base, je parcours le pays à la recherche du plus de recettes possible et apprendre est quelque chose qui me plait beaucoup et découvrir le monde aussi… Je me dis, qu’avec ce que tu proposes, je pourrais orienter un peu plus mes recherches de recette pour certaines avec des effets bénéfique, magique ou me rapprochant de certaine particularité médicale de tes patients. Seulement ce genre de recherche comme je l’ai dit se fait en voyageant et c’est mes voyages aussi qui me permettent d’avoir des produits de qualité et fraîcheur supérieurs… Il y a quelque temps ma famille m’a fait parvenir cette clef dimensionnelle, enfin mon père la fait et ma mère là sus et elle voudrait que je la lie à chez eux et bref, ce n’est pas une bonne idée de base.

Il ne sait même pas pourquoi il dérive sur le sujet, mais cela vient naturellement.

   — Quoi qu’il en soit, je ne sais pas si tu connais le principe, mais si je pouvais la lier aux cuisines de ton hôpital ça me permettrait de laisser des notes, recettes, ingrédients, voir carrément des plats, du moment que je trouve une porte de mon côté. Tout comme je pourrais récupérer des notes sur les besoins des patients, même en étant hors de l’hôpital. Je ne cache pas que cela me permettra aussi d’avoir un lieu pour travailler même si autour de moi ce n’est pas exactement ce que je souhaite en matériel. Pour le coup, si jamais cela peut aider, je laisserais sur place des objets aussi de mon inventaire spécialisé en cuisine pour que le reste du personnel puisse l’utiliser. Je te fais assez confiance pour me dire que tu vas engager des personnes de confiance ou qu’on verra à deux…

Il marmonne de plus en plus et cela semble s’emballer dans son esprit. Tout se met bout à bout sans même qu’il en ait vraiment l’air et il a un franc sourire aux lèvres.

   — Avec ça, prendre un pied à terre pour les enfants sera plus simple. Il faudra simplement que je voie avec une amie où m’installer pour eux… mais c’est une autre histoire.

L’amie en question ne voudra peut-être même pas de son idée.

   — Est-ce qu’avoir un chef cuisinier comme cela te conviendrait ? Parce que je dis ce qui m’arrange, mais il faut surtout que cela aille pour toi. Je ne sais même pas si c’est vraiment viable en solution, mais, enfin, ça me semblait bien.

Seulement il sait qu’il s’emballe trop ou encore que ce qu’il raconte saute d’une idée à une autre en oubliant des passages au milieu. Parfois il a l’impression d’être Melta qui explique un de ses rêves dans ce genre de moment.

Même s’il tente d’être le plus adulte possible, il y a une candeur enfantine en Faolan qui est à la recherche de partenaires pour échanger son enthousiasme ou encore ses plans d’avenir. L’excitation de Luz sur la mention de clé dimensionnelle fut la première étincelle à un feu qui ne fait que se dévorer dans sa poitrine. Avec la grâce de Lucy il va peut-être pouvoir faire vivre ses rêves de famille heureuse, de poursuite de sa quête de recherche de recette ainsi que d’adrénaline et son envie de pouvoir être indépendant de sa famille tout agissants pour le bien du plus grand nombre. Il avait un peu tous ses œufs dans le même panier, mais pour le moment ce n’était pas trop son souci.

   — Il faudra que je demande une porte sur mon futur emporte tout pour être des plus efficaces. Sinon, oui, nous avons un accord. Je ne partirais de la capitale qu’une fois une équipe fiable trouvée pour l’hôpital. J’ai quelque contact de mes anciens travaux qui cherchait des postes à la capitale ou un nouvel employeur tout court. On regardera cela ensemble un peu plus tard.

Parce qu’elle a raison, Melta attend son repas, même s’il n’est pas des plus enthousiastes en ce moment sur ce sujet. Un repas chaud passe toujours mieux dans une gorge malade qu’un tout froid. Encore plus du gruau qui se colle de partout une fois refroidi. Prenant la suite de la noble doctoresse, il eut un sourire amusé de toute cette situation qui n’avait plus rien à voir avec la détresse qu’il avait pu avoir plus tôt avec l’état de santé de son fils. Dehors, avec une douceur certaine, la pluie tombait sans interruption, nourrissant la terre autant que possible.

Contrairement à certaine attente, quand les deux adultes passèrent la porte avec leur chargement, l’enfant était de nouveau complètement calme, la maladie le fatiguant d’un coup trop pour faire autre chose que passer sa main en boucle dans la fourrure de Cannelle qui s’était mise à côté de lui dans le lit, sa taille lui le permettent encore pour le moment. La vue cette fois ne paniqua pas Faolan qui avait été apaisé par ça discuter avec Luz et commença doucement à lui donner son repas improvisé sous les grognements à semi-éveillé du petit tout en continuant sa conversation.

   — Pour une adresse, j’ai deux trois points de passage fixe, mais sinon j’ai un Ptidodo qui m’aide à faire passer mon courrier, il court même sur l’eau, très pratique pour quand je vais dans les Archipels… Enfin, je comptais de toute façon prendre un vrai pied à terre avec toute cette histoire d’adoption. Je vise le Grand Port pour des raisons personnelles et…
   — Fée ?
   — Melta, mange et laisse-moi discuter avec Luz.

Tout en disant cela, ses jours se colorent légèrement de rose et il tente de faire bonne mesure, mais personne n’est dupe face à cela. Il prend une nouvelle inspiration et reprend à nouveau.

   — Et sinon, pour l’officialisation, j’aurais souhaité le faire dès que j’avais tous les documents en place pour le faire, même si cela est un peu précipité. C’est quelque chose qui me tient à cœur et je me vois mal la laisser ici de toute manière, il faudrait que cela soit fait avant que je reparte à l’aventure.
   — Partir où ? Voir Rune ?
   — Repose-toi Melta, c’est une conversation de grands.
   — Suis grand.

Cela était dit dans un bâillement tout en se collant un peu plus au familier de son père alors que ses yeux peinent à rester ouvert. Au moins, tout le repas avait été pris et c’était le plus important là tout de suite. Tout en caressant les boucles rousses de son petit, il sourit à Luz avec ce sourire un peu fier de parents quand ils sont attendris pas l’innocence de leur progéniture.

   — Lui non plus ne voudra pas partir sans elle. Je suis assez faible face à lui.

Il y a des plans de Lucy qui nous dépasse. Faolan le sait. Mieux que beaucoup de monde. De son point de vue en tout cas. Vu comment la chance et le hasard font les aléas de sa vie, parfois, il se demande si ce n’est pas la vraie essence de son pouvoir. Rien que ce moment chez Luz en est la preuve. Melta vient de s’endormir sagement et même si au début Cannelle le laissait être contre elle sans dire un son, ce n’est plus le cas.

La rarwük fait preuve de beaucoup d’agilité pour sortir de l’étreinte sans réveiller le petit. Amusé par cela et pour la récompenser il sort de sa poche une ficelle avec un bouchon ainsi que des plumes diverses au bout. Faolan s’est joué avec son familier et le bout de ficelle tout en lisant en silence la lettre de recommandation faite par Luz.

   — Je suis un piètre soigneur, mais j’apprendrais à faire des plats qui aident dans tes soins. Je te remercie, ça m’aide autant pour les enfants que pour avoir de nouvelles pistes pour mes recherches culinaires.

C’est un contrat où les deux parties où quelque chose a gagné dans l’histoire, chacun y voyant son compte dans cette histoire ? C’était un sacré coup de Lucy de faire que Melta soit malade pile quand il avait besoin de sa lettre de recommandation à un lieu où Luz se trouvait à proximité.

   — Je serais à ton entière disposition pour finaliser le contrat à partir de demain. En soit, sincèrement, tu es ma sauveuse du moment. Cela va m’aider pour tellement plus que ma famille.

Parce que même pour son histoire avec Fedora, avoir un travail un peu plus stable, même s’il reste itinérant, c’est plus pratique. Cela donne une raison d’avoir un pied à terre proche de chez elle. Juste avoir une situation qui semble moins précaire pour ses propres craintes. D’ailleurs il rougit à la mention de Fée dite par Luz, il ne pensait pas qu’elle y ferait spécialement attention.

   — Ha… Ha ha ha… Pour le coup, je pense que même si ce n’est pas le médecin non plus son domaine de compétence Fée sera ravi de faire ta rencontre. Si Lucy le veut avec Rune, effectivement… Mais bon, je dois rattraper quelques gros faux pas de toute manière.

Officialiser cela et simplement en parler avec elle à la base. Un bâillement se glisse sur sa bouche et même si le jeu avec Cannelle le maintient éveillé il sent aussi toute la pression des derniers moments retombés et avec une fatigue piquant les yeux.

   — Désolé, je ne me rendais pas compte d’être autant fatigué. Une fois qu’on est dans la course des événements on oublie le reste et quand on a passé la ligne d’arrivée tout nous retombe dessus.

   — Oh ! J’ai l’habitude.

La phrase sort, toute seule, d'un simple constat. Oui, il a l’habitude de porter son fils endormi sans le réveiller alors qu’il est complètement mort de fatigue lui-même. Même alors qu’il doit prendre sur lui pour qu’aucun éclair ne tombe à proximité, même si juste ça ne devrait pas être à lui de jouer ce rôle de père depuis le début de cette histoire. Il y a des gestes comme ça, c’est plus qu’une habitude depuis le temps. Trois ans, mais ça semble si rapide et long en même temps.

   — Enfin… Oui, je vais m’en sortir, mais merci… Enfin, je veux dire merci d’avoir voulu aider et… je m’enfonce…

Cela aussi c’était une habitude mine de rien de s’enfoncer peu à peu dans des explications sans queue ni tête au fur et à mesure de ce qu’il disait. La fatigue était aussi en train de le prendre de plus en plus. Le contrecoup de son pouvoir, ses nerfs en vrac, la discussion, juste physiquement cela ne suivait plus. Le corps suit par automatisme plus qu’autre chose.

   — Merci encore pour tout.

Pour l’accueil, pour les soins, pour la lettre, pour la présence, pour le thé, pour l’hébergement, pour le travail, pour l’aide, pour… oui, pour tout aujourd’hui. Ce n’est pas trop de dire tout. C’est beaucoup plus rapide. Plus simple. Il y a moins d’éléments qu’on oublie. Tout se mélange et il a autant besoin de repos que son fils. Le soulagement dans son corps est plus présent. Déposer l’enfant dans le lit alors que son état est bon apporte un réconfort supplémentaire. La présence de Canelle aussi.

   — Bonne soirée et… Je ferais de mon mieux pour ne pas te faire regretter cette chance que tu m’as offerte.

Il le fera vraiment. Il dévorait même de son but initial de trouver toute les recettes d’Aryen pour se spécialiser en priorité dans celle qui sera tournée vers le bien être et rétablissement des patients. Alors qu’il se débarbouille, il tente de faire le point pour la suite, mais aussi rapidement que les idées arrivent dans son esprit, les voilà qui volent ailleurs. La fatigue complique tout et il s’endort presque immédiatement une fois dans le même lit de son fils. La respiration du petit lui servant de berceuse.

Oui, maintenant tout ira bien. Demain le petit sera en pleine forme courant dans tout les sens. Il aura tous les papiers pour finir de compléter l’adoption de Rune. Il a un travail qui lui permet de faire face à Fedora pour une réponse plus sereine sur ses sentiments.

C’est un cadeau de Lucy cette journée.

Comme Melta.

Peut-être que Melta est un envoyé de Lucy.

Qu’importe, le pays des songes vient d’emporter le cuisinier et c’est tout ce qui compte.