Pour une fois, Java ne s'attarde pas à la Forteresse après en avoir passé le portail de téléportation. Elle serait bien allée chiner quelques inventions, ou discuter avec de vieux amis, mais elle a aujourd'hui un but bien précis en tête. En effet, elle comptait bien rentabiliser la permission qu'elle avait obtenu pour la semaine à venir.

Il y avait des rumeurs sur un forgeron qui s'était un peu éloigné des sentiers battus, dont la boutique présenterait bien des merveilles pour l’œil aguerri. Alors oui, ça faisait une petite trotte dans les montagnes, mais il ne fallait pas voir ça comme un périple. Le froid, ça revigore ! Surtout quand on s'habille aussi légèrement que Java, peu importe les saisons. Le pas confiant, elle repense à son ptidodo, laissé entre les bonnes mains de l'adorable vétérinaire du Village Perché. Et puis elle pense à l'oeuf de glooby, toujours dans son sac. Peut-être qu'elle aurait l'occasion de le faire éclore quand elle serait arrivée à la boutique ?

Après une bonne heure de marche, elle voit enfin les contours du bâtiment se préciser sous ses yeux. Elle accélère un peu le pas, dans sa hâte, et ouvre enfin la porte avec fracas. Son surnom n'est pas qu'une référence à son pouvoir, après tout.

▬ Salut l'ami ! C'est une sacrée trotte pour arriver jusqu'ici, mais on m'a dit que ça en valait vraiment le coup.

Elle ferme la porte derrière elle, toujours avec autant d'entrain, mais un peu moins de brutalité dans ses gestes. L'intérieur de la boutique est impressionnant – chaque arme semble être le résultat d'heures de travail acharné, et il faut avouer que ça force le respect. Même quand on est toute contente à l'idée d'une nouvelle rencontre plus qu'utile dans sa ligne de métier.

▬ T'es le gamin du forgeron, j'imagine ? Oh quoique, t'as bien une tête d'apprenti. Ou ptet même de forgeron aussi, y a des jeunes qui démarrent tôt. C'est toi le forgeron du coup ? Enfin, même si c'est pas toi, tu devrais pouvoir m'aider...

Il a peut-être l'air d'un petit jeune, mais il a une bonne tête, ce type derrière le comptoir. Plutôt que de s'attarder en bavardages (et histoire de ne pas s'enfoncer plus), Java décide de dégainer son arme. C'était la première fois depuis bien longtemps qu'elle ne la prenait pas en main pour se battre avec, et peu importe le soin qu'elle en prenait – même les rubans bleus qui l'ornaient étaient immaculés – l'usure marquait ce sabre qui l'avait tant accompagnée.

Elle s'approche en quelques pas du comptoir pour y déposer son arme, qu'elle défouraille presque avec timidité pour montrer sa lame fatiguée, mais parfaitement aiguisée, et mettre côté à côte les deux parties de son emblématique « bâton ».

▬ Alors, ça, c'est la raison pour laquelle je suis là. Et comme j'suis polie, j'en profite pour me présenter : je m'appelle Java, et je suis une garde du Village perché. Je préfère me battre à mains nues, mais c'est toujours plus pratique d'avoir une arme de fonction, et ça fait des années que j'utilise des sabres courts pour les combats plus difficiles. Mais... Tu vois les marques, là ? C'est parce que je sors la lame qu'en cas d'urgence. Un bon coup de bâton, ça fait déjà bien mal, hein ?

Elle se pare d'un sourire amical. Le simple fait d'en dire autant sur sa façon de se battre lui donne déjà l'impression de raconter sa vie, même si elle parle avec un parfait inconnu.

▬ Bref... Ce bon vieux sabre-bâton a encore de longues années devant lui, mais ça fait un moment que je cherche un forgeron qui serait capable de me refaire une beauté pareille. Et vu tout ce que je vois... j'crois bien que j'ai enfin trouvé mon bonheur !

C'est son enthousiasme qui parle. Aura-t-il raison ? Dans le pire des cas, le jeune homme aux cheveux rouges aura peut-être quelques conseils à lui donner, ou une autre arme à lui recommander...

Java croise les bras et se laisse porter par le discours du jeune homme, qui sait bien mieux qu'elle de quoi il parle. Si son arme était un genre de compagnon à ses yeux, alors le rouquin était ce qui s'approchait le plus d'un conseiller marital. Et il avait bien des choses à dire sur le mariage, plus que mouvementé, qui unissait la garde et son sabre.

Elle fait un sourire en coin et lève les yeux au ciel lorsqu'il en arrive à analyser sa façon inhabituelle de manier sa compagne. D'un côté, elle était ravie de pouvoir parler sérieusement de son style de combat avec un expert ; de l'autre, vous connaissez Java, se dévoiler autant et tout d'un coup, c'était pas trop son truc... Bonne joueuse, elle l'écoute patiemment, et hoche de temps en temps la tête pour ponctuer ses phrases.

Il finit par se présenter, et elle enregistre son prénom tout en se demandant comment il faisait pour avoir encore de la salive en réserve – en même temps, vu l'endroit où il avait posé son magasin, il devait pas recevoir de la visite tous les jours. Ou peut-être, plutôt, qu'il n'avait pas envie de discuter avec n'importe quels visiteurs. C'était un peu touchant, dans tous les cas. Elle siffle d'admiration en parcourant à nouveau ses œuvres du regard. Beau boulot pour un gamin. Il ira loin.

▬ Eh bah ! Y a pas à dire, tu sais d'quoi tu parles. C'est bien, ça. Sinon ouaip, je cherche quelqu'un qui serait capable de me faire un remplacement au moins aussi solide que ce vieil ami... Enfin, à la base. Si t'es au moins capable de me faire ça, t'auras relevé un sacré défi. Mais vu comme tu t'y connais, j'vais t'expliquer un peu comment je m'en servais et comment je compte m'en servir, hein ? Peut-être que ça t'éclairera un peu mieux sur comment t'y prendre, ou alors que ça te donnera des idées.

Tout en parlant, elle s'approche lentement des différentes armes, et les regarde attentivement. C'est toujours plus facile de se confier le dos tourné.

▬ En vérité, je préfère toujours me battre à mains nues, si je le peux. Comme tous les gardes, on m'a appris à manier une bonne variété d'armes, mais... rien ne vaut un coup de paume bien placé, si tu veux mon avis. A l'académie, tout le monde pensait que je finirais avec des dagues dans les mains – tu vois le genre ? Le combattant furtif qui te tranche le lard quand t'as le dos tourné, et qui te menotte avant que t'aies le temps de dire « ouf ».

Son regard passe d'une épée bâtarde à un sabre courbé.

▬ Pas mon délire. L'avantage des lames un peu plus longues, c'est que t'as un peu plus de marge de manœuvre. Difficile de neutraliser un smilodon des plaines avec une ptite dague. Et j'voulais voir du pays, tu sais ? Alors j'ai testé plusieurs longueurs de sabre, jusqu'à trouver celle que t'as sous les yeux. Aussi utile pour couper une tranche de jambon qu'une patte de monstre. Passe-partout.

Elle fixe maintenant un fléau d'armes. Voilà exactement le genre d'armes qu'elle déteste manier. Quoique, si le gros machin était rétractable magiquement, qui sait...

▬ Le fourreau, c'était juste esthétique. Jusqu'au premier combat où il m'a donné l'avantage. Après, c'est devenu stratégique. Pour ça que j'ai investi dans un bois solide, histoire de peaufiner l'illusion. Et puis...

Son regard clair revient lentement jusqu'à Lyle. Il n'a pas besoin d'entendre les détails. C'est un artisan, et un homme d'affaires. La version abrégée sera très bien.

▬ Et puis, pendant quelques années, j'ai changé de voie. Je m'occupais de sillonner le royaume pour chercher des gardes potentiels à recruter à l'académie... Tu t'en doutes, y avait pas mal de gamins dans le lot. Alors forcément, j'ai adapté mon style de combat pour porter des coups plus doux, euh... dissuasifs, comme on dit. Jusqu'à tout récemment. Mais maintenant, j'ai réintégré un régiment. Sauf cas exceptionnels, j'aurai plus de gamins à dissuader.

Elle inspire un grand coup. Allez, c'est presque fini !

▬ C'est pour ça que je suis là. Je me bats plus comme avant, et cette arme est marquée par. « L'avant » ? On m'a déjà dit d'aller voir un enchanteur, me faire faire une arme deux-en-un ou j'sais pas quoi, mais j'me sens pas vraiment prête pour ce genre de choses. Peut-être plus tard ? Pour l'instant, c'est un forgeron dont j'ai besoin.

De sa main bandée et fatiguée, elle tire délicatement sur un des rubans bleus qui orne son fourreau, et défait un nœud solide pour en récupérer les bandes de tissu, qu'elle met dans sa poche.

▬ Si tu veux bien t'occuper de mon cas, je te paierai à la hauteur du défi que je te pose, peu importe le tarif ! J'ai aussi un pouvoir vraiment pratique si t'as besoin de petites mains en plus pour des tâches simples, et je camperai sûrement pas trop loin, donc je serai à ta disposition ! Et si jamais tu trouves la vieille Java trop emmerdante, je verrai si je peux me payer une de tes créations déjà toutes faites, histoire de pas t'avoir embêté pour rien. Ca t'va ?

Le forgeron avait parlé plus que de raison sur le sujet de sa lame – la guerrière, elle, s'était étendue en verbiage sur son style de combat. Et même si ce n'était pas son fort, Java avait quand même assez d'expérience en nouvelles rencontres pour savoir que dans ce genre de cas, ça passe, ou ça casse.

Java pouffe de rire quand il fait une remarque sur son âge, mais reprend instantanément son sérieux alors qu'il développe sa proposition. Une copie qui dépasserait sa vieille amie serait déjà un luxe, mais... une nouvelle arme ? Créée par le même esprit qui a forgé toutes les belles lames qui les entourent alors qu'ils parlent ? Elle n'arrive pas à savoir s'il est optimiste, ou juste doué à ce point. S'ensuit quelques minutes de silence, ou elle le regarde de haut en bas et de bas en haut.

Bon, déjà, on va s'occuper de répondre dans l'ordre.

▬ J'dois bien avoir au moins dix ans de plus que toi, mais c'est sympa. Tu réchauffes le cœur de la vieille Java !

Elle prend une voix de mamie exprès pour grossir le trait, puis rit à nouveau. Détendre l'atmosphère, c'est une solution comme une autre pour y voir plus clair quand il faut prendre une décision. Même si elle se connaissait assez pour savoir qu'elle n'hésitait pas vraiment. Juste un petit peu, pour pouvoir se rassurer plus tard au cas où elle aurait fait le mauvais choix.

▬ Une surprise, hm... Ca m'tente bien. Tu fais du beau boulot, et j'serais bien con de pas te donner une chance. Je vais m'arranger pour passer la semaine dans le coin, alors !

Malgré son intonation enjouée, elle est déjà en train de calculer ses arrangements. Trouver un endroit confortable pour camper dans le froid ne serait pas un souci, par contre, comment contacter sa division pour les prévenir ? Ah oui, c'est vrai, elle avait des flèches messagères, maintenant. Juste à coucher quelques mots sur le papier, et à tirer son arbalète vers le ciel. Ca devrait le faire.

Satisfaite de ses prévisions, elle décide d'en partager quelques unes avec Lyle, et accessoirement, de rentrer dans les détails de ce qu'elle peut faire pour l'aider.

▬ Tu voudras que j'te ramène un peu de viande quand j'irai chasser ? Comme j'le disais tout à l'heure, j'peux aussi te filer un peu de main d’œuvre si besoin. J'sais pas manier le métal, mais je peux me dédoubler et te filer un clone pour approvisionner ta forge en charbon, ou ce genre de choses. Hésite pas à demander, je refuse jamais un peu d'exercice, et je vais sûrement passer la semaine à m'entraîner dans tous les cas.

A son tour, elle s'appuie aussi sur le comptoir, des étoiles dans les yeux.

▬ Alors, on commence par quoi ?

Java hoche la tête vigoureusement en signe d'approbation. Si une garde n'est pas capable de monter la garde, alors que saurait-elle faire ? Une fois seule, elle décide de s'asseoir en lotus devant l'entrée du magasin. Elle médite quelques minutes, puis pose une main sur le sol. Une Java surveillera l'arrière du bâtiment. Une autre patrouillera sur le chemin que Lyle a pris en partant. Et une autre ira chasser de quoi préparer un ragoût bien nourrissant ce soir. Son plan de routine lui semble raisonnable : il ne laisse que peu de place au hasard, bien qu'elle garde quelques clones en réserve en cas d'affrontement.

Quand le forgeron revient, Java ne fait plus qu'une avec les autres. Elle lui propose de partager son dîner, et lorsqu'il repart, elle s'en va installer son campement. A l'aube, elle consacre son entraînement au maniement du sabre. Quelque chose dans les paroles du jeune homme lui donne envie de rafraîchir sa technique. Elle s'est présentée comme simple garde, mais elle est plus que ça. Et si un lieutenant n'est pas capable de faire couler le sang au bon moment, alors... alors quoi ?  L'avantage de passer sept jours sur une tâche relativement simple – pour elle – c'est qu'elle avait tout le temps d'y réfléchir, et de brasser ses souvenirs. Les bons, les mauvais, les joyeux et les tristes, et tous les autres.

Une après-midi, un marchand de légumes a remonté la montagne. Il voulait offrir une épée à sa fille pour son entrée dans la guilde. Java lui a acheté des poireaux, puis elle l'a aidé à écrire un mot à laisser pour le forgeron « à son retour officiel ».

Un matin, elle reçut un corbeau du Village perché. On lui demandait son avis sur la marche à suivre à l'annonce d'activités suspectes à l'ouest de la forêt. Elle gribouilla une réponse pleine de ratures avec un petit schéma (qui, heureusement, était bien plus facile à déchiffrer que son écriture) et renvoya l'oiseau.

Et après ce qui sembla bien faire pile sept jours, l'attente arriva à sa fin. Lyle revenait, cette fois avec un nouveau visage – et surtout, avec le fruit de son labeur dans les mains. Son air exténué fit sourire la garde. Il avait tout donné. Brave petit. Sa magie se dissipa d'elle-même, et il ne resta plus que la vraie Java face à lui. Avec la familiarité des vieux amis, elle alla chercher une chaise pour la poser à côté de lui, sans rien rajouter. C'était sa façon à elle de lui dire qu'il pouvait enfin souffler.

▬ Pas trop fatigué ?

Même si ses mots lui étaient destinés, son regard était accaparé par l'arme dissimulée qu'il portait. Brûlante de curiosité, seul son respect pour le travail bien fait l'empêchait de lui bondir dessus pour déchiqueter le tissu avec les dents comme un chien fou. En revanche, impossible d'empêcher ses yeux de briller comme les étoiles du ciel du Nord.

▬ C'est quand tu veux. J'peux monter la garde un peu plus longtemps, si tu veux te reposer, d'ailleurs.

Toute son attention est attirée par une seule chose. Des... des dagues ? Non, c'est pas un surin classique, ça. Java écoute ses explications sans quitter ses futures nouvelles amies du regard. Dans sa tête, des centaines de nouveaux mouvements défilaient un par un, et tout un nouveau monde de techniques à maîtriser s'offraient à elle. Sans s'en rendre compte, son sourire a pris des proportions démesurées... Visiblement, le chien fou aura sorti ses dents différemment.

▬ Lyle...

Elle prend doucement les armes en main, accusant toujours le coup de la surprise et l'excitation face à la nouveauté. C'était pour ça qu'il avait pris toutes ces mesures ! Et qu'il avait travaillé aussi dur ! Elle lui aurait fait le plus gros des câlins si elle n'avait pas déjà enfilé ses nouveaux bijoux.

▬ Tu m'surprends, et en bien, gamin. J'aime ça. On va voir ce que ça donne sur un adversaire compétent.

Java fléchit le genou et pose la main au sol, et en quelques secondes, fait apparaître un de ses clones. Contrairement au petit régiment qu'elle avait déployé pour garder la boutique, ce clone-ci avait le feu dans les yeux. Animé par toute la fougue de Java, elle lui avait donné un seul objectif : se battre au maximum de ses capacités, à mains nues. Accessoirement, elle voulait vérifier si ses armes de poing allaient se dédoubler aussi – mais apparemment, il fallait qu'elle s'habitue à les porter pour qu'ils soient inclus par son pouvoir. Pas de souci ! Elle aurait tout le temps du monde pour s'y habituer en rentrant, et encore plus après être allée vérifier cette histoire de désert volant.

Son clone se place en position de combat, et Java fait de même. L'ambiance s'alourdit d'un coup, et ni l'une ni l'autre n'adopte plus aucune forme d'expression. Dans une suite de mouvements rapides qui ressemblent à une danse complexe, elles s'affrontent à égalité parfaite. Normal : si Java a ordonné à son double de tout donner, alors elle doit faire de même. Malgré ses esquives, le clone se retrouve rapidement parcouru d'entailles plus ou moins profondes. Il se remet en garde, et cette fois Java attaque de front. Le bruits des os qui craquent sous la parade du coup résonne, et elle se rend compte de la puissance de frappe dont elle est maintenant capable. Elle enchaîne sur un revers puissant qui fend la lèvre de son double.

▬ GÉNIAL !

Son cri suraigu lui échappe alors qu'elle esquive à son tour, pour au final achever son clone en lui fracassant le crâne. Elle reste immobile une ou deux minutes, le temps d'emmagasiner les souvenirs de cet affrontement. Oui, il faudra qu'elle fasse attention à ça... Ce coup-là pourrait être intéressant pour dévier un projectile... Oui, comme ça. Elle les fait glisser le long de ses doigts pour s'en défaire, et se retourne vers Lyle.

▬ T'as vu un peu ça ?! C'était trop bien ! T'as fait un travail de titan mon grand, j'ai l'impression d'être deux fois plus puissante qu'avant ! Et pourtant, j'suis plutôt costaud, hein ?

Elle trottine jusqu'à lui en jubilant, et lui ébouriffe joyeusement les cheveux.

▬ Je sais pas combien t'en demandes, mais je paierai le prix qu'il faudra ! Et pour le nom, euh... Ca te va si j'appelle ça mes Poings d'Acier ? J'suis pas douée avec les noms compliqués.

Elle a presque envie de lui demander des jambières assorties, mais mieux vaut garder cette requête pour plus tard. Déjà, faut lui laisser le temps de s'occuper un peu d'autres gens. Ensuite, elle aura aussi besoin de temps pour s'habituer à la dernière addition de son arsenal. Et accessoirement, même si elle a ramené la majorité de ses économies, elle n'aurait sûrement pas les moyens de se payer une autre folie !

En contraste total avec son interlocuteur, la garde déborde d'énergie. Il faut dire qu'après une semaine si tranquille, retrouver un peu d'action (quitte à devoir littéralement se créer son propre adversaire) lui avait fait du bien. Mais plus que ça, elle était sincèrement heureuse et honorée d'avoir de telles armes, si bien faites, rien que pour elle. Et quoi de plus gratifiant pour une Java que d'être reconnue en tant que combattante ?

Lyle a l'air plus qu'usé. Elle se calme un peu en l'écoutant parler du prix... pour finir par adopter une expression complètement perplexe. C'est elle qui voit ? Elle comprenait bien son raisonnement – elle aurait probablement le même si elle devait faire payer ses services au cas par cas – mais... vraiment ? Est-ce que c'était un test ? Non, il a l'air sincère. Il a l'air d'avoir hâte de se reposer aussi, donc elle ferait mieux de se décider.

Java le suit du regard, puis décide de fouiller son sac. Elle a emmené une bourse bien garnie juste pour ce fameux forgeron, et elle compte bien récompenser ses efforts comme il se doit ! Avec le petit supplément spécial de la maison. Alors elle sort sa bourse, mais aussi son Sèche-vite de son sac, dont elle extirpe un bon kilo de viande de sanglier séché. De mémoire, elle avait mis l'équivalent d'une centaine de cristaux gris de côté, avec peut-être un peu de rab... Elle recompte, et constate que sa dernière paie a un peu grossi la somme. 120 cristaux gris, donc un peu plus d'un cristal clair. Elle aurait aimé donné plus, mais les économies qu'elle avait laissé au Village perché étaient déjà bien assez amaigries.

▬ Bon, j'te file ma bourse, ma viande séchée, et je te laisse ce qui reste de poireaux de l'autre jour. Ca te va ? C'est plus proche d'un cristal clair que de 10 cristaux, mais c'est tout ce que j'ai et que je peux te donner.

Elle dépose son paiement sur la chaise, puis regarde à nouveaux ses Poings d'Acier.

▬ T'es un bon forgeron, et un bon gars. J'reviendrai à l'occase. D'ici là, je sais qui recommander aux frères d'armes qui auront besoin de refaire leur équipement !

Elle lui adresse un dernier salut, récupère ses affaires et s'en va en trottinant pour rejoindre de nouveau la Forteresse. Avant d'emprunter à nouveau le portail de téléportation pour rentrer à la caserne, elle fera un petit crochet par une taverne qu'elle aime bien, pour raconter la semaine qu'elle a passé, mais également, pour vanter les mérites d'un petit jeune plein de talent et d'ambition.

Ca réchauffe le cœur, quelque part.