Cela faisait quelques mois que Nemue avait rejoint l’astre de l’aube et bien évidemment, elle avait dû répondre à bien des questions des villageois de Manillam. Est-ce que cela voulait dire qu’elle partirait? Allait-elle toujours pouvoir les recevoir? Bien évidemment, elle les avait rassurés leur expliquant qu’elle n’allait pas bouger et que son emploi du temps n’allait pas changer pour autant, bien que son engagement à fournir des potions à vendre à Liory prenne un petit peu plus de son temps, mais rien de bien alarmant. Elle avait simplement réduit les séances de médium pour se concentrer sur son vrai gagne-pain.

Bien évidemment, Nemue n’était certainement pas le seul membre ailier à avoir rejoint l’organisation et comme elle l’avait discuté, sa boutique faisait office de comptoir officiel. Bien évidemment, tout lui appartenait et l’argent qu’elle y gagnait lui appartenait toujours, bien qu’elle verse en dons et en médicaments une certaine contribution. Après tout, elle n’avait pas la noblesse que de nom et si cela pouvait permettre d’améliorer la qualité de vie des malades, elle n’allait pas hésiter d’aider au meilleur de ses capacités. Bien évidemment, elle allait garder certains détails de ces recherches secrets, mais cela ne relevait pas du domaine de la santé.

Ce n’est que bien plus tard qu’elle reçut une lettre plutôt formelle où Nema Thomme, une préceptrice au service de la famille royale, ainsi qu’alchimiste et membre de l’astre de l’aube, lui avait fait savoir sa volonté de la rencontrer afin d’échanger entre membres de la même branche et aussi soumettre la possibilité de travailler ensemble. Nemue était toujours ouverte aux nouvelles rencontres surtout si cela pouvait lui permettre de bénéficier d’un soutien quelconque. Elle lui avait donc fait parvenir, à son tour, une lettre où elle acceptait volontiers de la recevoir à Manillam dans son humble boutique qui avait déjà subi l’agrandissement. Elle s’était assurée que pour ce jour là, Irhu et Lith soient tous les deux entièrement disponibles pour gérer la boutique puisqu’elle serait dans l’impossibilité de répondre aux invités pendant un certain temps sauf en cas d’extrême urgence. La date avait donc été convenue et il ne manquait plus que cette chère mademoiselle Thomme.

C’est donc à la journée convenu que cette dernière fit son apparition. Lorsqu’elle avait ouvert la porte pour pénétrer l’endroit, le croassement du corbeau se fit entendre permettant ainsi aux deux protégés d’accueillir la femme. Bien évidemment, Lith, l’aîné, s’était empressé d’aller chercher la femme à la chevelure d’ébène qui s’était donc empressée de sortir de son bureau pour accueillir son invité. Tendant sa main à son tour pour la saluer, Nemue l’observa un instant de son regard perçant. Voilà une bien grande femme dont elle ne dépassait pas. Faisant elle-même dans les mètres soixante-dix, elle trichait un peu afin de s’ajouter encore quelques centimètres dus à la hauteur de ses talons, mais même avec cela, il lui manquait un peu pour y être égal. Enfin, heureusement, elle n’avait pas à se casser le cou pour la regarder dans les yeux comme elle devait le faire avec son ami.

- Enchanté, dit-elle d’une voix agréable. Je suis Nemue Lynella, mais vous pouvez m’appeler Nemue tout simplement. Un sourire sur les lèvres, elle retira sa main de la sienne. – Ici, il n’y a pas de titre qui vaille. Enfin, j’espère que le voyage de la capitale jusqu’ici n’a pas été trop long.

Elle se retourna alors l’invitant donc à la suivre, bien qu’elle remarqua sa démarche du coin de l’œil. Nemue avait opté pour une tenue simple mettant malgré tout sa silhouette en valeur. Une queue de cheval haute empêcherait donc sa chevelure de la gêner durant leur travail. Elle portait un chemisier blanc possédant un col en V et légèrement ouvert, ainsi qu’un pantalon tailleur sombre remontant sur sa taille et mettant l’emphase sur ses longes jambes. C’était une tenue qu’elle jugeait confortable.

- Vous désirez quelque chose à boire? Eau, thé, café voir même un petit verre de spiritueux?  

Nemue les mena doucement en direction de l’agrandissement où se trouvait son laboratoire où elle préparait les remèdes en tout genre et où elle gardait les ingrédients rare et coûteux qu’elle ne vendait pas. Sur le passage, Nema pouvait voir de nombreux étalages remplis d’accessoires et d’ingrédients que l’on pouvait se procurer facilement. Il y avait du matériel médical qui se mettait bien dans une simple trousse.   Il y avait même de nombreuses pierres précieuses pour les amateurs de lithothérapie sans compter des capteurs de rêves en tout genre qui étaient suspendus du plafond. Plus loin, dans une seconde section se trouvaient des objets magiques appartenant à la compagnie Murmevent qu’elle vendait. Depuis qu’elle s’était liée à Liory ainsi qu’à l’astre de l’aube, cela avait grandement augmenté la visibilité de Nemue, bien qu’elle n’était pas méconnue du bataillon. Il y avait même des rumeurs courantes à son nom dans la capitale. À l’approche de la porte, Nemue entendait bien du brouhaha derrière cette dernière.

- Nemue dépêchez-vous de revenir! Zuriel fait encore n’importe quoi!
- Cessez de dire des bêtises! Vous n’êtes qu’un vulgaire porte-bougie et vous êtes simplement jaloux de ne pas pouvoir bouger comme moi, s’enquit alors la statue de cire qui avait la capacité de se mouvoir et de se déplacer seule.

Ouvrant la porte, Nemue constata donc d’un simple soupir que ses deux âmes artificielles étaient encore en train de se chamailler. D’ailleurs, qu’elle n’avait pas été sa surprise de retrouver dans ses affaires cette petite chose suite aux évènements qui s’étaient déroulés lors de l’exposition de statue de cire qui avait mal tourné.

- Excusez-les, ils ont encore du mal à cohabiter.

La formalité de la lettre ne lui avait pas réellement posé problème. Nemue ne refuserait jamais de recevoir de l’aide d’une camarade de métier. Mis à part quelques membres de l’organisation, Nemue n’était pas très proche de qui que ce soit. Elle travaillait normalement seule ou aidé de ses protégés qui se montraient très utile à leur façon. Lith gérait beaucoup le stockage des marchandises et des remèdes et aussi des livraisons de médicaments lorsque cela était nécessaire. Certaines maladies ne se soignaient pas nécessairement avec l’aide de la magie. Alors qu’Irhu gérait la boutique et aidait les clients au besoin. Elle n’avait pas le sourire facile, mais il était rare qu’elle ne sache pas satisfaire la demande du client. Nemue avait même commencé à la former comme apprentie à ses côtés quand elles avaient du temps pour cela. Si elle pouvait créer des potions ou des remèdes en tout genre sans l’aide de la sorcière, cela lui apporterait une très grande aide.

Elle les guida alors jusqu’au laboratoire où elles furent accueillies par les deux âmes artificielles qui avaient bien du mal à s’endurer. Enfin, le problème était surtout de Zadicus qui se trouvait certainement trop bien pour la pauvre Zuriel qui était supposée représentée l’image de Lucy. Enfin, heureusement leur chamaillerie ne sembla pas déranger l’alchimiste qui en rigola même. Au moins, elle avait un certain sens de l’humour.

- Et bien, merci. J’ai la chance de pouvoir travailler avec bien des gens qui acceptent de me fournir en ingrédients quand je ne peux pas en récupéré moi-même sans compter mes propres employés qui s’occupe de mes plantations sur mon domaine. Dit-elle dans un grand sourire. Elle ne disait pas cela pour se venter, car après tout, sans l’aide de tous ces gens, Nemue ne serait certainement pas là où elle est aujourd’hui. – Pour les pierres précieuses, elles sont utiles pour de la lithothérapie ou bien le pouvoir des pierres s’il est plus simple pour vous de comprendre ainsi. Chaque type de pierre à ses spécificités. Elles émettent une résonance ou bien une vibration qui améliore le bien-être par contact ou avec proximité. Elles seraient capables de soigner certains maux ainsi que de rééquilibré l’être autant sur le plan physique que psychologique. Enfin, ce n’est pas tout le monde qui y croit.

Est-ce qu’elle y croyait elle-même? Certainement, même s’il s’agissait d’un principe sans fondement. Certains de ses clients étaient revenus contents alors que d’autres n’avaient pas réellement vu de changement. Dans ces cas-là, elle s’excusait auprès d’eux et cherchait d’autres solutions à leurs problèmes.

Par la suite, la jeune femme déposa son matériel au sol et elle s’accroupit pour en ressortir un flacon contenant quelques feuilles de pestilences selon les dires de Nema. Elle n’avait pas spécialement de cadeau à lui offrir malheureusement et ne possédait pas d’ingrédient aussi rare. Elle avait déjà entendu parler de cet endroit, mais ne s’y était jamais rendue. Sur le terrain, elle ne serait absolument pas utile surtout qu’elle ne savait pas plus se battre.

- Merci, beaucoup, vous n’auriez pas dû. Enfin, je vais écouter vos conseils, mais n’est-ce pas une plante toxique capable de tuer un homme? Vous en avez trouvé une utilisation utile?

Enfin, Nemue alla donc déposer le flacon sur l’une de ses étagères où de nombreux ingrédients s’y trouvaient et se dirigea finalement vers un petit bar personnel afin de se saisir d’une simple bouteille d’eau qu’elle fit couler dans un verre afin de l’offrir à sa collègue qui semblait venter le laboratoire de Nemue qui ne put s’empêcher de sourire au comparatif.

- Et bien, le rangement c’est plutôt important surtout lorsqu’on ne veut pas y perdre quelque chose. J’ai toujours travaillé plus efficacement dans un environnement propre et rangé. Mais il faut dire que cette partie m’est toute nouvelle. Cette section n’existait pas il y a peu et j’ai bien évidemment fait ajouter l’espace pour cet endroit. Normalement, nous devions faire le voyagement entre ma demeure et ici avec des cargaisons que je produisais seule de mon laboratoire personnel. Donc oui, tout est neuf.

Tous les murs étaient tapissés d’étagères qui contenaient soit de nombreux ingrédients allant de la plante jusqu’aux ingrédients provenant de créatures. Ou il y avait quelques grimoires parlants de maladies, de traitements, de divers soin touchant des problèmes de magie. Bien évidemment, une grande partie de sa collection restait dans le bureau de sa demeure, mais elle n’avait rien à envier. Elle avait eu la chance d’avoir un père archéologue qui lui ramenait toutes sortes de bouquins lorsqu’il revenait de ses voyages. Au centre de la pièce se trouvait un grand meuble qui possédait un comptoir leur permettant de travailler les ingrédients et bien évidemment elle possédait quelques chaudrons, mais surtout de diverse taille adaptée à la quantité dont elle devait créer.

- Bon, sur quoi aimeriez-vous travailler aujourd’hui, ma chère amie? Il semblerait qu’une expédition se prépare au sud du pays, peut-être que nous concentré à renflouer les potions en tout genre pourront les aider. À moins que vous ne vouliez vous concentrer sur de nouvelles recherches?

Peut-être qu’elle devrait elle aussi prévoir des cadeaux pour ses invités ou bien ses hôtes? Enfin, elle en faisait déjà à certains moments, mais voilà que la demoiselle lui conseilla de commencer par de petits plans de certaines variétés de plantes. Enfin, elle avait déjà tout cela près de chez elle, mais il est vrai qu’elle pourrait se facilité les choses sur elle avaient une serre bien plus proche. N’avait-elle pas justement entendu d’une jardinière magique capable de faire pousser n’importe quelles graines jusqu’à maturation sans l’aide d’une personne externe. Cela lui serait très utile et elle devait mettre la main sur cette dernière.

- J’y compte bien. Vous avez déjà entendu parler de la jardinaland? Cela semble être une vraie pépite pour des gens comme nous. Je dois juste trouver l’endroit où je pourrai l’installer et surtout me la procurer.

Enfin, Nemue laissa donc l’alchimiste faire le tour de son lieu de travail afin d’observer à sa convenance ce qui s’y trouvait. Ne pouvant s’empêcher d’observer la démarche éclopée de son invité, la sorcière se mit à réfléchir sur son calice qui permettait de soigner toute sorte de maux que c’est superflu, voire même mortel.  Serait-elle capable de la soigner ou le mal était-il déjà fait? Après tout, le corps pouvait ne jamais se remettre de certaines blessures bien qu’il trouvait les moyens de guérir, même si cela impliquait un parfois des défauts qui laissaient un inconfort chez la personne. Combien de personnes lui avaient parlé de douleur fantôme, même malgré la guérison de leurs plaies qui laissaient des cicatrices. Elle pouvait les soulager, mais la peau étant déjà guérie, elle ne pouvait pas faire plus.

- Je n’utilise pas spécialement cela lorsque je reçois des patients qui souffrent d’un mal physique, mais parfois cela vaut le coup de tenter l’utilisation de la lithothérapie pour des gens qui ne se sentent pas spécialement bien. Parfois cela fonctionne et je ne suis pas obligée de leur prescrire de quelconques médicaments, mais pour d’autres je n’ai pas le choix.

Évidemment, la médication qu’elle offrait leur permettait de relaxer et de se changer les idées. Certains mélanges de plantes apportaient du bienêtre, sans complètement bousiller les sens comme l’aurait fait une drogue, mais bon, évidemment, avant tout cela, elle cherchait toujours l’élément déclencheur avec le patient. Elle n’était pas une psychologue, mais elle était toujours de bonne écoute.

Nema prit le temps d’expliquer par la suite ce qu’elle savait sur ladite plante, dont certaines de ses recherches et expériences. Ainsi donc elle avait créé une huile essentielle dans laquelle les têtes de flèches pouvaient y être trempées. Ce qu’elle lui dit l’intéressa au plus haut point, même si elle n’était pas du genre à créer ce genre de chose. Elle préférait offrir des soins plutôt que du matériel dangereux qui pourrait en blesser plus d’un, mais il est vrai qu’avec l’apparition de l’agrandissement et des objets magiques de Liory,  Nemue pouvait peut-être augmenter son champ de potions en tout genre, mais bon, elle allait devoir réfléchir à cela lorsqu’elle sera seule. Parce qu’il s’agissait de travail supplémentaire et elle n’avait pas nécessairement le temps pour cela. Même s’occuper de son vaaki était devenu compliqué et elle n’avait pas eu spécialement de temps à lui offrir. Enfin, elle remarqua les crispations du visage de la jeune femme lorsqu’elle alla chercher sa canne et Nemue attrapa le tabouret sur lequel elle avait pour habitude de s’asseoir afin de le mettre à l’endroit où Nema pourra se reposer.

- Asseyez-vous Nema. Vous semblez souffrir à cause de votre jambe. Vous pouvez poser vos choses sur l’îlot central, nous pourrons y travailler tout en restant assis. Malheureusement, Lith n’est pas mon apprenti, mais mon protégé et travaille par la même occasion pour moi, mais pas en ce qui concerne la fabrication de quoi que ce soit. Il remplit les étagères, vérifie l’inventaire et livre les médicaments au besoin. Irhu, sa sœur, s’occupe surtout de gérer la boutique lorsque je suis occupée. Je lui montre de temps à autre comment faire certaines potions, mais j’ai donc besoin qu’elle reste à l’avant pour accueillir les clients. Je me suis libérée pour vous, mais les affaires fonctionnent toujours, si je peux le dire ainsi.

L’achalandage s’était accru surtout depuis qu’elle avait fait rénover et choisi d’ajouter à sa collection des objets magiques. Enfin, sa boutique n’était pas qu’une simple boutique, elle était à la fois son bureau médical ainsi que l’endroit où elle recevait pour ses consultations de l’ordre de son pouvoir.

- Enfin, nous pouvons très bien créer un lot de potion de soin et d’antidote. J’ai plusieurs chaudrons à notre disposions. Il est donc possible d’en faire en grande quantité. Après tout, nous ne savons pas ce que ces volontaires trouveront lors de l’expédition. Autant qu’ils soient préparés à toutes éventualités.

Nemue avait donc tourné les talons pour sortir du laboratoire, puisqu’elle avait besoin d’ingrédient qui se vendait aussi au détail, mais s’arrêta sur le pan de la porte en se tournant vers la jeune femme.

- J’ai peut-être la solution pour votre jambe. Je pourrai essayer de vous soigner si vous le désirez.

Nemue secoua doucement la tête avec son doux sourire.

- Ne vous prenez pas la tête pour si peu, Nema, je pourrai très bien chercher par moi-même. Puis je suis sûre que vous avez des choses bien plus importantes que de surveiller les quantités de la jardinaland. Puis si cela est si en demande, le temps que votre lettre vienne jusqu’à moi et que je fasse le trajet pour venir m’en prendre une, elles auront eu le temps de disparaître.

La discussion s’était poursuivie, Nema semblait essayer de comprendre ce qu’était la lithothérapie en utilisant quelque chose qui pouvait y ressembler et Nemue plissa doucement les yeux à ce moment.

– Et bien, chaque chose est composée d’une énergie et lorsque notre état change, la vibration de cette dernière change aussi. Chaque minéral possède une certaine concentration d’énergie qui a des effets différents sur nous. Tout dépendant du type de pierre utilisé, cela peut aider au plan physique, émotionnel, mental et spirituel et cela peut aller, des problèmes digestifs à la diminution de la douleur jusqu’au trouble du sommeil. Je ne sais pas si cela est plus clair maintenant.

Elle espérait que cela était plus clair, mais elle n’avait pas spécialement envie de lui faire un exposé complet sur le sujet, après tout elle n’était pas là pour cela bien que de voir une collègue s’y intéresser, lui faisait tout de même plaisir. Elle s’était dépêchée de permettre à cette dernière de s’asseoir en lui remettant un banc et après avoir parlé de ses protégés Nemue avait offert à cette dernière la possibilité de guérir sa jambe, bien qu’elle refusa.

- Oui, je vous l’offrais tout simplement. Bon, je reviens alors. Je vais aller me procurer ce dont nous aurons besoin pour travailler.

Elle laissa donc seul Nema avec son porte-chandelle ainsi que la statue de cire qui représentait Lucy. Ces dernières s’étaient tenues tranquille sur l’îlot et la statue sursauta au contraire de son partenaire qui ne pouvait pas bouger prit sous cette forme solide.

- Enchanté Nema, s’avança alors la petite lucy pour essayer de lui serrer la main, même si elle n’était pas bien grande. Je m’appelle Zuriel et voici Zadicus!
- Hey! Qui a dit que je voulais qu’elle sache mon nom?
- Il faut être poli Zadicus, et Nemue n’apprécie pas lorsque tu te montres grognon avec ses invités.
- Il n’y a que dame Nemue qui compte à mes yeux!

La petite statue se tourna alors vers leur invité et donna l’impression de sourire.

- Veuillez l’excuser, il n’est pas habitué à accueillir de nouvelle personne ici… (Baissant le ton) Il se croyait privilégié.

Nemue revint quelques minutes plus tard munies d’un petit panier d’osier dans lequel elle avait disposé des plantes, dont de l’aloès, ainsi que de la gangue d’œuf de crapaureau – ou la gelée qui entourait les œufs des têtards à titre informatif – qu’elle gardât dans des pots de verre. Puis elle se mit aussitôt au travail en déposant le nécessaire sur l’îlot. Chacune de leur côté avait possiblement leur méthode et Nemue avait, depuis quelque temps, commencé à tester les gelées médicinales et une lotion solaire était très certainement le meilleur test. Évidemment, Nema allait très certainement se montrer curieuse, puisqu’elle n’utilisait pas que des ingrédients provenant de végétaux. Il fallait savoir doser, peser et ajouter les bons ingrédients au bon moment. L’aloès était connu pour calmer les brûlures sur la peau tout comme les coups de soleil. Elle apportait une sensation de fraîcheur et gardée au frais, cela faisait de vraies merveilles.

- Oui, j’ai déjà travaillé avec Irhu, lorsque l’occasion nous adonne. J’aimerais bien faire d’elle mon apprentie, mais au final le choix lui revient et elle ne semble pas en démontrer trop l’intérêt. Elle est encore jeune et semble se satisfaire des tâches que je lui donne.

Nemue testa la texture de sa gelée après l’avoir mélangé avant d’ajouter les autres ingrédients qu’avait préparés Nema. Puis elle leva doucement les yeux vers cette dernière.

- Je suis plutôt mal placée pour vous conseiller de sortir… Mise à part me promener dans le village, voyager jusqu’à ma demeure ou bien parfois rendre visite à ma famille, je ne suis pas celle qui sort le plus à moins que ce ne soit pour un cas médical. Être médecin et apothicaire c’est ma vie et cela m’a permis de rencontrer des gens formidables.

Un petit sourire en coin fit lever ses lèvres alors que ses pensées s’étaient dirigées vers l’un de ses amis en qui elle plaçait toute confiance.

- D’ailleurs, l’un d’eux partira pour cette île flottante…
- Elle doit parler de son grand brun… Comment il s’appelait déjà, mentionna alors Zadicus, le porte-bougie. Ah oui! Aslander!
- En effet, je parle d’Aslander, mais ce n’est pas mon grand brun, puisque nous ne sommes qu’amis et partenaires commerciaux, Zadicus.
- Ne l’écoutez pas, Nemue, vous savez bien que Zadicus est un grand jaloux!
- N’importe quoi!

Nemue secoua la tête en écoutant leur charabia. Ils étaient comme chat et chiens.

- Vous avez aussi des connaissances qui s’y sont engagées dans cette expédition?

Faire manger des embryons de têtard à ses élèves était une drôle de farce, dont elle ne releva pas. Elle se souvient d’une époque lointaine où elle et sa sœur jouaient près de la forêt et la fraîcheur du lieu amenait toute sorte de petites bestioles que sa jumelle trouvait répugnantes. Combien de fois Nemue s’était-elle vue réprimander par ses parents parce qu’elle avait glissé quelques insectes grouillants ou bien même des lombrics dans les vêtements de sa sœur. Un petit sourire s’était affiché sur ses lèvres alors qu’elle continuait à déposer les ingrédients sur leur plan de travail.

S’installant finalement à sa place, Nemue se mit donc à préparer de son côté les ingrédients dont elle aurait besoin et surtout pour tester ses préparations. Bien évidemment, elle allait faire en petite quantité pour éviter de gaspiller des ingrédients et il lui faudra par la suite tester sa gelée à l’aloès pour vérifier qu’il n’y avait rien d’anormal. Elle devait s’assurer de bien doser et de ne surtout pas mettre trop de gangue pour dénaturer le côté médical de la crème. À première vu, ça ne lui semblait pas bien compliqué puisqu’elle connaissait déjà les ingrédients nécessaires ainsi que la quantité.

- Ma demeure n’est pas si proche d’ici. Elle est à mi-chemin entre le grand-port et ici, donc je dirais que pour m’y rendre, cela me prend quelques jours, mais je pense peut-être la vendre afin de me rapprocher du village perché. Ayant nouvellement acquis un pass de téléportation, cela sera plus pratique pour moi de me déplacer par ce dernier et comme ma boutique se trouve ici je pourrai retourner chez moi après une journée de travail. Elle leva les yeux quelques instants en direction de sa collègue silencieusement avant de reprendre la parole toujours d’une voix douce. - Et puis, se déplacer constamment n’a pas que des avantages, vous avez la chance de retrouver votre demeure, alors que pour ma part, je dois souvent dormir dans l’appartement au-dessus. Je dois même partager le lit de Irhu alors que Lith possède sa propre chambre…

L’appartement était petit et n’avait que le nécessaire pour y vivre ce qui n’avait rien à voir avec sa demeure. Maintenant qu’elle s’était engagée auprès de Liory à lui fournir quelques potions à vendre de son côté, Nemue n’avait presque plus de temps pour elle et ne vivait que pour le travail présentement. Heureusement que ses jeunes protégés l’aidaient quand elle ne pouvait être présente parce qu’elle ne pourrait tout simplement pas y arriver. Peut-être devra-t-elle penser à engager plus de personnel?

Par la suite, ses âmes artificielles crurent bon de se joindre à la conversation qu’elles avaient, mêlant ainsi Aslander à cela ce qui la fit doucement rouler des yeux. Il était en effet précieux pour elle, mais pas dans ce sens. Elle l’avait sauvé d’un mal inconnu, avait donné de sa personne pour l’aider à guérir. Leurs chemins s’étaient de nouveaux croisés les amenant ainsi à partager du temps ensemble faisant toujours de plus amples connaissances à chacune de leur rencontre et lorsqu’elle avait vraiment eu besoin de lui, il avait été présent pour elle. Heureusement, elle avait guérit depuis et n’en touchait pas mot à personne. Après tout, rien ne servait d’alarmer cette dernière.

- Un ami très proche… hm? dit-elle avec curiosité en levant un sourcil avec curiosité en lui jetant un bref coup d’œil. Et comment s’appelle cet ami?
- Elle a rougi, ce n’est clairement pas qu’un ami.
- Zadicus franchement! S’écria Zuriel en se tournant vers ce dernier.
- Quoi?! On l’a tous vu et Nemue est bien trop gentille pour poser les véritables questions. A-t-elle couché avec?

À ce moment, Nemue tourna la tête en direction du porte-bougie et lui fit de grands yeux. Peut-être que la forme spectrale en pierre n’avait pas la capacité d’exprimer ses émotions visuellement, mais son silence en disait long sur son état actuel. Il mima même le son de déglutie même s’il n’avait pas de salive ou de bouche.

- Zadicus, je t’avertis de suite, si tu ouvres encore, ne serait-ce qu’une fois, la bouche pour sortir une bêtise dans ce genre, je te retourne là où je t’ai acheté. Pire encore, je te jette au fond d’un lac et tu vivras éternellement avec les poissons. Compris?
- Compris… dit-il d’une petite voix avant de retourner dans son mutisme.
- Je suis vraiment désolée, ajouta dans un soupir lassé Nemue en direction de son invité. Ignorez ce qu’il vient de dire et continuons notre discussion comme s’il n’était jamais intervenu.

Elle était terriblement mal à l’aise. Évidemment, qu’elle était curieuse, mais elle ne se savait pas aussi proche de cette dernière pour avoir l’audace de la questionner sur ce genre de sujet. Elle avait remarqué ses petites joues rougit, mais elle avait l’intention d’usé de subtilité au moins quitte à ce qu’elle en parle d’elle-même. En tout cas, elle espérait tout simplement que cette dernière ne soit pas choquée.

- Il ne s’agit pas d’une simple maison de campagne, mais bien d’un manoir alors je me vois mal conserver cela alors que je pourrais la vendre et investir l’argent de sa vente dans ma boutique ou bien dans une nouvelle demeure au village perché. Me rapprocher de Manillam serait certainement la meilleure chose à faire. Et si je voulais prendre des vacances, j’irais certainement à un endroit où je n’ai vraiment pas l’habitude d’aller. Dit-elle amuser.

La plage dorée lui avait fait de l’œil à quelques reprises surtout après avoir visité sieur Alkh’eir dans sa demeure au bord de la mer. L’idée de pouvoir enfiler son maillot de bain, se prélasser au soleil à boire des petits cocktails l’intéressait au plus haut point. Peut-être devrait-elle proposer à Aslander de venir avec elle? Profiter de la mer à deux serait bien plus amusant que d’y être seul.

- En effet, vivre à côté de son boulot est plutôt bien, parce que cela évite bien du transport, mais avoir son travail à la maison n’est pas mieux. Après tout, comment se sentir reposer quand on sait que le travail nous attend juste à côté? Mais pour répondre à votre question, Irhu est Lith ne sont pas mes collègues à mes yeux. Ils sont mes protégés, je les vois comme mes enfants, même si je n’ai que treize ans de différence avec le plus vieux. Nous sommes une famille et nous travaillons ensemble.

En effet, elle s’est occupée d’eux, les a sortie de la rue avant qu’ils ne viennent travailler avec elle. Ils s’agissaient tout de même de petit voyou alors cela a tout de même pris un certain temps pour eux de s’apprivoiser. Autant elle devait gagner leur confiance, car ils avaient déjà été déçus par les adultes une première fois autant elle devait s’assurer de leur montrer qu’elle était là pour eux, apprendre à les connaître tranquillement sans brusquer qui que ce soit.

Enfin, après cela Nemue frôla la catastrophe à cause de Zadicus et Zuriel qui s’obstinèrent sur des choses à dire ou pas. Enfin, c’était certainement le porte-bougie qui était en tort dans toute cette histoire parce qu’il ne savait pas tenir sa langue dans sa poche, mais elle l’avait de suite fait taire.

- Vous n’auriez pas dû répondre, Nema. Cela ne nous regardait absolument pas. Enfin, je voulais simplement vous taquiner et vous faire rougir, mais jamais je n’aurais poussé le vice en vous questionnant ainsi. Puis vous êtes trop douce envers ce dernier. Même en porte-cacahuète il ne sera pas utile et cela ne l’empêchera pas de parler, malheureusement.

Elle jeta un regard furibond sur l’objet qu’on put entendre déglutir péniblement et qui se contenta finalement d’éclairer le pupitre où il se tenait silencieusement. Zuriel quant à elle, descendit du perchoir et rejoint la table venant observer avec intérêt ce qui se passait.

- Je suis plutôt de la vieille école, alors je préfère laisser le temps jouer son rôle, donner la chance à la lotion de bien s’imprégner de tous les ingrédients. Allez trop vite n’est pas nécessairement une bonne chose. Nous pourrons faire des potions de soins par la suite voire même des antidotes puisqu’on ignore sur quoi ils vont tomber. Je crois que cela leur sera très utile. Sauf si vous désirez faire autre chose, je pourrais vous proposer une balade en ville, mais je pense à votre jambe qui semble vous faire souffrir et je me dis que cela ne serait pas une bonne idée.  

Elle pouvait toujours l’aider à marcher en lui offrant son bras marchant ainsi côte à côte dans les rues, mais cela ne dépendait que de l’alchimiste.

Nemue hocha la tête face à l’offre que l’hybride lui faisait. Bien qu’elle n’ait pas encore l’intention de vendre, après tout, elle ne faisait que commencer à y penser, puis tant qu’elle n’avait pas trouvé l’endroit qui lui plairait, elle ne préférait pas en parler ouvertement.

- Lorsque je serai prête, je vous en ferai part alors, dit-elle avec un sourire courtois. Mais bon, je ne pense pas que Manillam soit prête à accueillir une demeure aussi grande que la mienne ici, puisqu’il s’agit déjà d’une construction faite selon mes goûts et besoin. Enfin, je ne serai certainement pas la première noble à m’installer dans un village loin des grandes villes et bien que j’aimerais que Manillam se développe,  je n’ai pas non plus envie qu’elle perde de son cachet.  

Enfin, les discussions s’enchaînaient les unes après les autres et même s’il eut un moment un peu plus tendu que les autres, Nema ne semblait pas avoir trop mal pris la situation. Elle chercha même à faire quelques plaisanteries, même si elle se lançait un très lourd défi. Un sourire enjoliveur se dessina aussitôt sur les lèvres de la panthère alors qu’une lueur bien plus joueuse sembla animer son regard. Elle glissa sa dextre sous son menton en repliant délicatement ses doigts sur lesquels elle s’appuya.

- Je vous souhaite bonne chance pour cela, ma chère. Il s’avère que je suis bien douée à ce genre de petit jeu. J’espère que vous saurez me surprendre, mais bon, nous sommes avant tout ici pour le travail, n’est-ce pas? Ajouta-t-elle.

Enfin, cela n’avait rien d’officiel et il s’agissait que de deux collègues qui avaient décidé de faire connaissance et de travailler ensemble. Puis, pourquoi ne pas en profiter et prendre un peu d’air par la suite afin de lui faire découvrir ce magnifique village!

- Et bien nous pourrions essayer. Peut-être que cela pourra vous y aider ou du moins vous aider à réduire les douleurs que vous éprouvez. Après tout, si ce qui vous a causé cette blessure date et que votre corps a guéri ainsi, je ne pense pas que cela puisse vous ramener à l’état d’avant. Enfin, il faudrait étudier vos cas pour en savoir plus, car même si je possède avec moi un objet capable de soigner quelqu’un d’une blessure l’étale, je ne pense pas pouvoir passer outre la guérison naturelle du corps.

Laissant ainsi la femme s’aider de sa canne, Nemue les guida finalement vers la sortie en précisant bien évidemment à Irhu qu’elle comptait sur elle le temps de son absence. C’était surtout pour la prévenir qu’elle faisait cela, parce qu’elle lui faisait amplement confiance.

- Venez, ma chère. Prenons un peu d’air et dégourdissons-nous un peu. Vous avez faim ou soif? Il y a la boulangerie non loin d’ici qui offre de délicieuses pâtisseries et facile à manger. Sinon, je ne sais pas si vous vouliez simplement profiter de la vue.

Évidemment, elle ne forçait rien et  préférait laisser le choix à son invité. Après tout, Nemue connaissait Manillam et s’y trouvait depuis un moment déjà. Puis, laisser la féline choisir, permettrait aussi de la connaître indirectement sans avoir à poser plein de questions. Enfin, le marché public était bien plus petit que celui de la capitale, mais il y avait un peu de tout ce qui était nécessaire et c’était bien moins bruyant. Les gens se connaissaient et personne n’avait besoin d’attirer l’attention de personne ici.

En effet, si tout avait déjà guéri et qu’il ne restait plus que la douleur derrière, cela serait bien plus compliqué à faire disparaître cette dernière. Il y avait aussi la possibilité d’opérer, afin de détruire pour reconstruire, comme l’on faisait parfois avec un os qui avait mal guérit, mais elle se doutait bien que pour une jambe complète cela serait encore plus difficile à endurer.

L’important c’était de rester positif. Il existait plein de remède et de médicament qui aidait à soulager la douleur, peut-être n’avait-elle simplement par trouver ce dont elle avait besoin. Mais pour le moment, Nemue voulait profiter un peu de Manillam en sa compagnie et cru voir dans le regard de la féline de l’intérêt lorsqu’elle parla de pâtisseries. La sorcière ne put que sourire à cela et hocha doucement la tête.

- Il y a le petit café d’à côté qui prépare de délicieux breuvages. Il fait beau et bien que frais, nous pourrions profiter de nos boissons sur la terrasse. Qu’en dites-vous?

Progressant tranquillement dans les rues du village, Nemue suivait la jeune femme en respectant le rythme qui les guidait. Évidemment, les villageois du coin qui les croisèrent les saluèrent respectueusement. Ils étaient toujours heureux de voir l’apothicaire qu’importe le moment de la journée. Elle prenait soin d’eux et donnait beaucoup de son temps à ce village. L’idée de devenir mairesse lui était souvent venue à l’esprit, mais avec toutes ses nouvelles responsabilités, elle ne savait pas si cela lui serait possible. Enfin, chaque chose en son temps, déjà elle avait agrandi sa boutique pour y ajouter bien des produits afin d’attirer la clientèle et les voyageurs. Il n’y avait plus besoin de faire de nombreux allés retour entre plusieurs boutiques, tout le matériel d’aventurier ainsi que potion et remède se trouvait au même endroit. Ainsi, ils pouvaient aussi profiter de la boulangerie, du café et de toutes les petites succursales du coin.

- Je suis ici depuis mes vingt-cinq ans, si je ne dis pas de bêtise. Mais j’ai été longtemps en médecine itinérante lors de mes études. J’ai acheté une parcelle de terrain dans la ville plus ou moins en même temps que la construction de ma maison dans les plaines. Lorsque je suis partie, j’ai décidé de tout faire en grand. D’ailleurs, vous avez la chance de voir ma boutique maintenant rénovée. Nous avons fait agrandir que tout récemment suite à au partenariat avec la compagnie Murmevent. Liory Alkh’eir est une personne vraiment adorable, ajouta-t-elle avec un grand sourire.

Une fois à ladite boutique, Nemue ouvrit donc la porte à son invité et fut aussitôt accueilli par le couple.

- Nemue! Quel plaisir de vous voir. Vous êtes accompagnés d’une amie?
- Bonjour Lucile, il nous fait plaisir de vous voir aussi. Nous profitons d’une petite pause pour venir goûter à vos pâtisseries du jour.
- Et bien, nous avons nos habituelles, mais j’ai tenté quelque chose de nouveau aujourd’hui. Un baba au rhum. Je sais que tu aimes bien boire, alors je pense que cela pourrait t’intéresser. Pour madame, je ne saurais trop dire puisque je ne connais pas encore vos goûts, mais je vous laisse jeter un coup d’œil.

Évidemment, Lucile la connait que trop bien et sait lui vendre ce qui lui plaira. Elle laissa donc choisir sa camarade ce qu’elle aimerait manger et le tout est joliment posé dans une petite boîte afin qu'elles puissent transporter le tout jusqu’au café d’à côté.  Elles prirent place sur la terrasse et aussitôt leurs fesses posées, un jeune serveur arriva pour leur offrir à boire. Évidemment, elles prirent toutes les deux un thé pour accompagner leurs sucreries.

- J’espère que tout sera à la hauteur de vos attendre, dit-elle en ouvrant la boîte pour distribuer les portions. Je ne suis jamais déçue pour ma part.

Les breuvages maintenant apportés, Nemue brasse doucement sa boisson avant de récupérer sa cuillère pour manger.

- Quels sont vos plans une fois de retour à la capitale? Demanda-t-elle finalement avant de prendre une gorgée de son thé.

Cela ne devait pas être facile pour cette dernière de travailler pour la royauté directement. Après tout, s’il arrivait le moindre souci, elle était certainement celle chargée de fournir les médicaments le moment venu et si quelque chose venait à leur arriver, elle serait certainement la première pointée du doigt. Enfin, elle espérait que cela ne lui arrive pas. La reine était quelqu’un de compréhensif et doux comme elle avait pu le constater par elle-même. Elle avait pu croiser le prince, mais n’avait pas eu la chance de discuter avec ce dernier. Pour ce qui était du roi et la princesse, Nemue ne l’est avait jamais vu.

- M’installer à Manillam ne m’a pas spécialement arrêté de voyager. Il m’arrive encore par moment de le faire pour m’assurer que tout se passe bien. L’Apothicarium  n’est pas un poids sur mes épaules, mais je le vois surtout comme un lieu de rassemblement. Un endroit où les gens aimeront y venir pour y recevoir des conseils et des soins. Et si la compagnie Murmevent vous parle, c’est parce qu’il s’agit du fournisseur en matière d’équipement magique dans l’hôpital de l’Astre de l’Aube.

Nemue avait rencontré le jeune directeur avant même d’être recruté auprès de l’ordre, mais cela s’était passé en si peu de temps qu’elle avait l’impression que tout s’était fait en même temps.

Enfin, une fois sur la terrasse, Nemue avait questionné la demoiselle sur ses intentions prochaines. Après tout, elle devait bien avoir des envies, des rêves ou bien même des projets? Prenant le temps de prendre une cuillérée de son petit gâteau, elle le prit le temps de savourer toutes les saveurs de ce dernier en écoutant Nema. Cette dernière avait bien des idées dont certaines qu’elle ne comprenait pas par manque d’explication. Qu’est-ce qui lui était arrivé pour qu’elle ne sorte pas de chez elle? Elle était pourtant ici, est-ce que cela avait un rapport avec son état actuel?  Pour l’apprentie, elle comprenait que trop bien son ressentit. Après tout, à quoi bon étudier et garder toutes ces recherches pour elle-même alors qu’une personne pourrait perdurer son savoir une fois qu’elle disparaîtrait.

- Vous savez, même à trente-deux ans je ne suis pas pressée de trouver quelqu’un avec qui passé le reste de mes jours. Je ne m’imagine pas vivre une vie de famille comme les autres. Je ne souhaite pas d’enfant et je préfère me concentrer sur mon travail et mes avoirs.

Regardant son reflet au travers de sa tasse de thé, Nemue resta ainsi un moment avant de prendre une simple gorgée avant de poser ses yeux sur la féline devant elle. Prenant la serviette, elle essuya délicatement la perle de thé qui s’était échappée du coin de ses lèvres.

- Enfin, j’imagine que le jour où vous tomberez sur la personne qui fera véritablement battre votre cœur, vous trouverez le moyen de changer pour lui ou elle.

Évidemment, elle savait que la question lui serait retournée. Que pouvait-elle faire de plus qu’actuellement? Sa boutique avait été rénovée, elle avait maintenant un familier sur qui elle pouvait compter. Elle n’avait pas rencontré l’amour bien qu’elle s’était grandement rapprochée d’un homme, mais il n’y aura jamais plus de ce qu’ils ont actuellement. Ils étaient amis et amants, mais sans plus bien qu’ils pouvaient en donner parfois l’impression contraire, mais ils s’en fichaient. Ils étaient souvent apparus au bras de l’un et de l’autre, mais cela ne l’empêchait pas lui de batifoler à droite et à gauche comme elle pouvait le faire aussi.

Enfin, il y avait bien une chose dont elle était sûre dans tout cela. C’est qu’elle devait apprendre à se défendre seule si quelque chose venait à lui arriver de nouveau. Elle détourna légèrement la tête, observant la vie qui se déroulait devant elle. Des individus soulevant des boîtes, des sourires chaleureux, des discussions amicales; elle ne voulait rien manquer de cela.

- J’ai l’intention d’apprendre les rudiments du combat avec une arme. Je n’ai pas encore choisi laquelle, mais pour le moment je dois aussi entraîner mon vaaki pour qu’il puisse me protéger et m’écouter. Je ne laisserai plus personne me faire du mal.

Soupirant, elle espérait ne pas avoir plombé l’ambiance, mais puisqu’elles étaient toutes les deux dans les confidences, Nemue posa un regard sur la demoiselle qui se trouvait devant elle. Une question lui brûlait les lèvres depuis qu’elle en avait parlé et l’Apothicaire voulait savoir.

- Vous avez dit que vous aimeriez sortir de votre demeure après ce qui vous êtes arrivée. Est-ce que cela à un rapport avec votre condition actuelle? Je suis désolée de vous questionner ainsi, mais j’ai ressenti une certaine hésitation de votre part lorsque vous en avez parlé, alors je me disais que peut-être vous aviez besoin d’en parler?

La pression familiale, Nemue ne pouvait que compatir. Après tout, bien que ses parents avaient décidé de laisser leur fille décider d’elle-même ce qu’elle voulait faire de sa vie, elle ressentait tout de même les regards pesant sur ses épaules qui l’incitaient à prendre un parti pour donner quelques petits-enfants. Cela n’avait jamais été ce que Nemue désirait et quand même qu’elle espérait tomber un jour sur le grand Amour, elle ne le cherchait pas à tout prix. Sa vie lui plaisait telle qu’elle était et si cela devait arriver au moment où son corps ne pourrait plus concevoir d’enfant qu’il en soit ainsi.

« N’est-il pas préférable de vivre la vie que nous souhaitons plutôt que celle qu’un autre nous impose. À quoi bon se rendre malheureuse et d’épouser la personne qui ne nous était pas destinée simplement dans l’optique de satisfaire les désirs de nos proches et d’engendrer une descendance. Ce n’est pas eux qui vivront avec les conséquences de ces décisions qu’elles soient bonnes ou mauvaises, mais nous. Alors je ne peux que vous encourager à faire ce qui vous enchante aussi longtemps que vous le désirer. »

Pouvait-elle réellement parler d’agression dans ce genre de situation? Elle prit sa tasse de thé en main, tenant la petite soucoupe sous cette dernière afin de ne pas se brûler et la porta à ses lèvres en y prenant une simple gorgé. Elle ne pensait pas qu’elle devrait parler de ce sujet aujourd’hui, mais la fière et belle Nemue ne vivait pas la vie en rose comme certaines personnes pouvaient le penser.

« Malheureusement, commença-t-elle en déposant ses couverts sur la table. Je me suis retrouvée au mauvais endroit au mauvais moment, ou plutôt, j’ai été enroulée dans une histoire qui ne me concernant pas de base et j’ai failli y perdre la vie… »

Ses lèvres se crispèrent légèrement alors qu’elle revoyait tomber les corps inertes qui avaient été, mais elle ne s’y perdit pas trop longtemps, plongeant son regard dans celui de la jolie demoiselle qui lui faisait face.

« Mais tout va bien maintenant. La garde s’est occupée de tout cela et j’ai eu le soutien qu’il me fallait pour me remettre sur pied. »

Maintenant qu’elle avait parlé d’elle, n’était-il pas normal qu’elle pose enfin cette question qui titillait l’apothicaire depuis qu’elle l’avait vu pour la première fois. Évidemment, contrairement à elle Nema ne lésina pas sur les détails et Nemue posa une main compatissante sur celle de son amie. Elle cherchait à lui transmettre du réconfort et lui faire comprendre qu’elle n’était pas seule.

« Je suis désolée pour ce que vous avez dû vivre, Nema. J'espère que vous avez parler de tout cela à la garde de la capitale! Je ne comprendrai jamais ce qui peut pousser quelqu’un à agir de la sorte, mais vous êtes en sécurité ici et je ne laisserai personne vous faire du mal tant que vous serez dans ce village. »

Elle ne pouvait rien garantir pour son retour en la capitale, mais elle voulait qu’elle se sente bien ici au moins. Un endroit tranquille où la peur n’était pas au rendez-vous lorsque l’on mettait le bout du nez à l’extérieur.

C’était un mensonge que seule Nemue connaissait. Après tout, elle avait été attaquée et enlevée à sa boutique même avec son ami qui avait dirigé ses poursuivants jusqu’ici sans qu’il ne le sache. Même les villageois n’avaient pas été mis au courant puisque rien n’avait été saccagé dans la boutique de la demoiselle. Ils avaient réussi à entrer et avaient attendu que la nuit tombe pour s’en prendre à eux en les endormant d’une quelconque façon.

Abandonnant la main de cette dernière, elle récupéra sa fourchette pour porter en bouche une part de sa pâtisserie qui lui semblait bien triste soudainement, mais elle n’en fit rien, déposant tout simplement sa fourchette à côté de l’assiette.

« J’espère que vous me pardonnerez d’avoir éveillé ce souvenir… Malheureusement, je ne connais rien qui pourrait guérir ce genre de plaie, car seul le temps pourra vous aider, mais l’important c’est de vous entourer des bonnes personnes. »