Tu avais fait changer l’adresse de livraison une fois l’expédition confirmer. Tout le monde allait passer à un moment ou un autre à la Capitale et tout les trafiques de courrier et colis serait plus rapide ou engorgé si vous préféré à cet endroit pour les prochains jours. Il y avait une sorte hystérie collective qui avait pris une partie du peuple, ceux voulant participer à la découverte de ce nouveau lieu en prenant ces ballons-volants. Cela ne rassurait pas d’autre qui assurait que cela allait être la mort assurer de faire confiance à un objet sans magie et que si le lieu à explorer était dans le ciel c’était peut-être la volonté de Lucy que ce lieu ne soit pas atteignable par les hommes.
De ton côté tu voulais profiter de cette occasion pour revoir Cynan. Cela faisait bien dix lunes que tu ne l’avais pas vu. Depuis ton départ de la caserne de la capitale, depuis la fin de ta formation d’espion et le fait qu’on t’est officiellement fait passée de la civile au régiment des Belluaires au Village Perché. Vous aviez une promesse un peu idiote qui correspondait bien, une qui avait fait que dans tous les cas tu avais de base poser ta permission depuis des lunes pour cette date à fin de venir le voir. Est-ce qu’il s’en souviendrait ? Sûrement, même sans l’avoir mentionné dans vos nombreuses lettres il ne peut avoir oublié cette promesse un peu stupide. Enfin, tu l’espères.
Dans dix lunes, même jour, même heure, même caserne, on se revoit et on rattrape tout.
Il n’avait jamais accepté en y regardant bien. Comme bien souvent, c’était toi qui avais imposé quelque chose et souri comme si c’était gravé dans la pierre pour toujours une fois sortie de ta bouche. Tu es presque certaine de l’avoir entendue soupirer quand tu as dit cela, mais tu sais que cela ne l’embête pas tant que cela, juste parfois tu es trop pour lui. Trop pleine de vie, de mots, de volonté, d’envie de le bouger de sa zone de confort, de changements dans tous les sens. C’est le hasard qui vous a mis sur le chemin l’un de l’autre et tu as décidé que ce hasard avait voulu que tu lui donnes plus de vie qu’il en a de base dans son corps. Ton objectif ultime et de le faire rire aux éclats, à s’en faire mal au ventre et aux joues, à en prendre le souffle pour plusieurs minutes et ne plus arrivé à s’arrêter, que la simple mention de ce qui a déclenché le rire le fasse repartir d’encore plus belle. Un objectif où tu es encore loin du compte.
Quoi qu’il en soit, tu l’attends, là où vous vous êtes quitté la dernière fois, devant la caserne, alors que tu partais pour le Village Perché et lui repartait pour son service à la royale. Tu as tellement à lui raconter que tu n’as pas couché sur le papier. Il y a tellement de choses que tu as oublié de lui dire. Comme la bataille d’eau pour la promotion de votre nouveau lieutenant, que la dites lieutenante était aussi celle qui avait vu ton frère dans ces derniers moments. Toute tes assignations avec les adorateurs du gloot sacrés ou encore ta rencontre avec la reine et bien d’autres sujets qui sont passés à la trappe. Parce que, vraiment, ce n’est pas le genre de chose qui s’écrit, mais qui se raconte de vive voix, avec les intonations différentes pour les différents moments ou même les gestes pour illustrer les propos. Parce que tu veux lui donner le meilleur des aventures que tu as pu vivre.
En l’attendant, tu te mets à chanter des prières toutes douces pour les Astres, t’arrêtant de temps en temps pour saluer et échanger quelques mots avec des gardes de ta connaissance qui passent par là. Ce n’est jamais très long et la plupart sont aussi pressés soit de reprendre le service, soit d’aller se préparer pour la future expédition, soit, tout simplement, continuer le cours de leur vie. Tu es venu bien trop tôt par rapport à l’heure du rendez-vous, faire la causette pendant quatre heures avec les gens ne te dérange pas et permet d’avoir quelque information croustillante en même temps, mais si tu souhaites que Cynan soit lui aussi un peu en avance. Mais bon, peut-être qu’il a oublié, si c’est le cas tu te feras un plaisir de lui tirer les oreilles et lui mettre une rouste pendant un combat d’entraînement que tu voudras sur le champ.
Aujourd'hui, était un jour spécial. Non pas parce que Cynan avait enfin pris un jour de congé, une première depuis bien longtemps. Il fallait avouer que cela faisait bien des lunes, dix sans doute, qu'il n'avait pas pris de jour de repos au point qu'on l'avait poussé à en placer un. Le garde royal était bien trop occupé à vouloir devenir la meilleure version de lui-même pour perdre son temps en loisir et divertissement. De ce fait, le repos n'était que synonyme de dépréciation de l'entraînement, perte de rythme, chose qu'il refusait. Il n'avait pas rejoint la garde royale dans le but de faire honte à son insigne. Néanmoins, aussi spécial que soi cette prise de repos à demi-forcée, ce n'était pas ça qui rendait ce jour spécial à ses yeux. Aujourd'hui, il revoyait Xylia. Dix lunes déjà... Une éternité aux yeux du jeune adulte. Depuis son départ, il se sentait seul, il n'allait pas mentir. Entre son départ à elle et la disparition de Jaina, ces derniers temps avaient été d'une solitude bien plus pesante que d'habitude. Ce n'était pas tant que ça lui déplaisait, mais les choses étaient différentes sans elles, moins satisfaisantes. Cependant, il n'en faisait pas moins bien son devoir, finalement, c'était la seule chose qui comptait. De plus, il avait d'autres gardes avec qui il pouvait bien s'entendre, comme Hryfin, mais personne n'était comme Xylia ou Jaina. Personne ne pourrait remplacer celle qui l'avait tant aidé à l'académie et envers qui il serait toujours reconnaissant. Sans qu'il ne s'en rende compte, elle lui avait donné une chose qu'aucun livre, aucun instructeur n'aurait pu lui donner, une humanité qu'il avait perdu dans les montagnes de son enfance. Ou alors qu'il n'avait jamais réellement eu. Elle était celle qui arrivait à le faire sourire, à le faire se détendre, même si le plus souvent, il gardait son masque de froideur et de distance, au fond de lui, son amitié lui échauffait le cœur.
Perdu dans ses pensées qui voguaient avec les nuages qu'il contemplait depuis la fenêtre de son dortoir, il se remémorait les lettres qu'elle lui avait envoyées, ne voulant oublier aucun détail. Chacune d'entre elle avait été une bulle d'oxygène dans laquelle il s'était engouffré, les lisant et les relisant la nuit, dans son lit, au point que son simple regard appuyé aurait pu à terme abîmer le papier. Après un long soupir qui se termina par un timide sourire, bien trop rare, il prit avec lui sa cape blanche avant de sortir du dortoir. Sortir sans son armure était pour lui très étrange, il se sentait comme nu sans cette dernière, affaibli et vulnérable. Au lieu de l'acier, il portait une tunique bleue, un pantalon blanc et des bottes marron. Tout son dos était recouvert par le blanc de sa cape qui dissimulait aussi son épée. Il allait devoir s'habituer à ne plus être en uniforme pour l'expédition, ordre du capitaine, il se rendait dans le désert avec un petit stagiaire de la garde royale. Cynan décida donc de voir cet accoutrement comme un entraînement plus que comme une contrainte de la vie civile. S'il était venu en armure sans être de garde, Xylia l'aurait sans doute vivement réprimandait. Elle qui voulait qu'il ait une vie en dehors de la garde... À chaque fois, il lui rappelait que c'était un peu à cause d'elle s'il était à la royale et non à la civile. Pourtant, tel un idiot, il écoutait et appliquait au moins partiellement ses conseils. Sauf celui de sourire plus souvent. Ni de l'appeler par son prénom. Et encore moins de se détendre concernant ses obligations. En fait, il n'appliquait pas tant que ça ses conseils. Au moins, il les écoutait. Sortant du bastion de la garde royale, il se rendit dans l'île royale qu'il quitta à son tour passant par le deuxième pont de la capitale. Il était si rare qu'il ne soit pas dans une de ces deux îles quand il avait à faire dans cette grande ville. La cité avait tant à offrir, mais le garde prenait finalement si peu.
Se mêlant à la foule grouillante dans laquelle il se confondait parfaitement, il continua sa route, sans faire attention à ce qui se passait autour de lui. Personne n'aurait pu deviner que le jeune homme était un garde, encore moins de la royale. Ses traits fins et sa silhouette assez fine laissaient présager bien des choses, mais pas un soldat. Pourtant, cela ne l'avait pas empêché d'être une des meilleures recrues de sa génération, notamment grâce à l'aide de son amie. Il était un redoutable stratège et compensait son manque de force brute par une clairvoyance nette du combat. La clairvoyance n'étant pas un atout physique, il ne ressemblait donc pas à ce qu'il était, un guerrier qui prenait inconsciemment goût à chaque combat qu'il livrait. Par ailleurs, sa main gauche sur la garde de son épée rappelait tout de même un statut guerrier au minimum. Espérant qu'il n'ait pas à s'en servir, il quitta les premières murailles de la cité afin de rejoindre la caserne. Il était pile à l'heure. Contrairement à elle qui semblait être en avance. Voilà qui était étonnant. Cynan préférait quant à lui toujours se tenir à l’horaire convenu. Cela évitait les malentendus. Se dirigeant vers elle d'un pas élégant, son visage était toujours neutre et on ne pouvait lire la satisfaction qu'il avait à la vue seulement dans son regard gris, caché par sa longue chevelure d'ivoire qui se mouvait au gré du vent. Rendez-vous dans dix lunes, même heure, même caserne, on se revoit et on rattrape tout. Tels avaient été les mots de Xylia. Il n'avait bien sûr pas accepté, pourtant, il l'avait gravé dans le marbre de sa mémoire. Une fois arrivé vers elle, il lui dit d'une voix douce « Tu es en avance, Mavrocordato. » Cela pouvait sonner comme un reproche, pour le garde, c'était juste sa façon de taquiner son amie. « Je suis content de te voir. »
Tes lèvres se courbent en un sourire, marginalement tu époussètes un peu ta tunique bleue et sans attendre la moindre autorisation ou autre, lui saute au cou comme aurait pu le faire toute petite amie de marin au retour de son homme après des lunes en mers. C’est une scène que tu as bien trop vue enfant pour ne pas savoir la refaire à la perfection, le baiser chaud et mouillé en moins. Tu mets une certaine force dans ton étreinte, autant pour t’assurer qu’il est bien réel que pour l’embarrasser un peu si possible. Il est si amusant de jouer des limites physiques que tu laisses si loin de toi assez souvent.
— C’est Xylia, je te l’ai dit combien de fois Cynan ? Franchement ? Ce n’est pas que ce n’est pas plaisant de t’entendre le dire sans faute, les Astres me soient témoins de combien ça peut me faire rouler les yeux aux cieux ceux qui se trompe en boucle. Il y a certain dont je sais que c’est par simple moquerie, mais beaucoup c’est par erreur de prononciation ou juste ne pas se souvenir de l’ordre des syllabes. La dernière fois il n’y avait aucun effort, je t’assure, j’ai eu le droit à un Macrotardemorvo. Dégueulasse, autant en bouche qu’a entendre. Il s’y est pris à trois fois en plus pour sortir cela.
Alors que tu racontes cela, comme si tu l’avais vu le jour d’avant et que tu continues simplement une discutions laisser en pause la veille, tu te décolles doucement. Tun geste vif tu lui pinces doucement les joues, un peu comme ta grand-mère peu le faire quand elle te revoit pour te faire payer, plus ou moins, tes pas assez nombreuses lettres de son point de vue. Même si tu en écrivais une par jour ça ne serait pas assez, mais ce n’est point le sujet.
— Je suis en avance parce que j’avais hâte de te voir, visiblement, toi beaucoup moins. Je le comprends, voilà, je te laisse seul dix lunes et tu vas compter fleuret à d’autre. Presque sur que tu as une amourette qui traine quelque part, mais que tu vas faire comme si de rien n’était. Ou alors, tout simplement, tu as été trop aveugle pour le voir, comme avec Coraline ou Samuel. Tu te rends tout de même compte qu’ils ont fini mariés à force de se querelle pour avoir ton attention alors que tu ne voyais rien ? J’ai une lettre pour la grossesse de Coraline, tu l’as reçu aussi ?
C’était deux gardes, enfin, deux ex-gardes, ils n’avaient jamais fini leurs classes. Il avait repris au final le commerce de maroquinerie du père Coraline quand ils avaient décidé de littéralement se marier sur un coup de tête. Vraiment, ils se sont donné un coup de tête après une dispute sur l’attention de Cynan pour au final faire la demande en mariage la plus pathétique du monde dans les écuries alors que tu les lavais avec eux suite à une de tes farces. Le genre de moment qui ne s’oublie pas du tout.
— Enfin, j’ai plein de choses à te dire, pleines de détail que je n’ai pas mis dans les lettres parce que je dois absolument t’en parler directement, mais on va commencer par plus doux. Est-ce que tu vas bien ? Tu penses à te nourrir correctement et faire des pauses quand il le faut ? Tu ne forces pas trop non plus ? Est-ce que tu sors pour rester social avec le reste de tes collègues ? C’est important, même si tu ne bois pas. Par les Astres, dis-moi que tu fais ça.
Tu as presque l’air d’être une mère qui réprime son enfant sur ces choix de vie ou pour être certain que tout se passe bien dans son nouveau chez lui. C’est un peu ça, tu es un peu une grande sœur qui veut être certain que tu n’as pas fait un mauvais choix en le poussant dans la royale et qu’il s’épanouit de son mieux.
Xylia chantonnait alors que son ami s'approchait d'elle. Ce n'était pas vraiment étonnant, il avait entendu cet air un millier de fois dans la bouche de la jeune femme. Cela aurait presque pu lui arracher un sourire, si elle ne s'était pas précipitée dans ses bras. Statique, Cynan ne réagit pas, la laissant faire. Certes, ne pas rendre une marque d'affection pouvait être mal vu, mais il était déjà miraculeux qu'il ne la repousse pas. Il ne savait pas comment réagir dans ce genre de situation. Était-il censé la prendre à son tour dans ses bras ? Certainement pas. C'était une noble, il n'était pas censé se montrer ainsi alors qu'il était de basse extraction. Ceci dit, il n'était pas censé la taquiner non plus, or elle était sans doute la seule personne avec qui il se laissait aller à quelques petites remarques à but uniquement humoristique, pour peu qu'il connaisse la définition... Ce qui vu ses tentatives ne devait pas être le cas. Il n'y avait pas à dire, il était agréable qu'elle soit de retour. Sans elle, il se sentait un peu... Seul. Lui qui disait toujours que son unique but était de servir, il devait admettre qu'il était plus plaisant de servir un royaume qui avait une Xylia, qu'un royaume sans elle. Même si elle avait le don incroyable de jouer avec ses limites comme la proximité physique. Sérieusement, ça lui coûtait quoi de juste lui serrer la main ? Non pas que c'était désagréable, au contraire. Cependant, même en admettant tout le bien que ça lui faisait de revoir sa camarade de classe, cela ne l'avançait pas plus sur la réaction à avoir. Heureusement, la connaissant, elle allait bientôt commencer à parler à un rythme soutenu, lui reprochant encore son formalisme et là pourrait respirer. Il la connaissait mieux que personne, d'une certaine façon.
Bingo, elle se lança dans un reproche, comme quoi il l'appelait par son nom de famille. Un sourire pouvait se distinguer à la commissure de ses lèvres. Rien de bien flagrant, mais que son amie saurait sans doute reconnaître. Elle arrivait à amuser Cynan, c'était une des seules à y arriver. De quoi se plaignait-elle ? Déjà, il la tutoyait, ce qui représentait beaucoup pour le garde. Même Jaina avait le droit au vouvoiement. Il avait cette habitude de mettre une distance entre lui et les autres, par son statut, il se sentait obligé de le faire. Elle avait réussi à échapper à la règle, l'ayant connu à une époque où son mutisme était presque au sens littéral. Lui apprenant à lire et écrire, elle avait eu un moyen de pression pour forcer le tutoiement. Même encore maintenant, il n'était pas forcément à l'aise à l'idée, mais il était évident qu'un retour en arrière blesserait son amie, ce qui était la dernière chose qu'il désirait. Il ne put s'empêcher de lever au ciel sur sa remarque sur le fait qu'elle ne lui avait pas manqué. Elle savait pertinemment que c'était faux, elle voulait juste l'embêter. Un peu comme la mention de Coraline et Samuel. Déjà, il n'était pas d'accord avec sa vision des choses. Lui, il pariait sur le fait que Coraline avait juste cherché à rendre Samuel jaloux depuis le début et que Samuel, idiot comme il était, avait répondu à la provocation en feignant un intérêt pour lui. Une fois leur jeu puéril terminé, ils s'étaient mis ensemble. Le garde avait été heureux du mariage de ces derniers et soulagé de ne plus être au centre d'une querelle. Il avait même été invité au mariage, mais il avait préféré décliner, au cas où Xylia avait encore une fois raison... Cela arrivait un peu trop souvent à son goût. En revanche, la simple évocation de l'abandon de la garde pour fonder une vie de famille donna à l'homme au regard gris un air de dégoût. Certes, cela faisait quelque temps, mais finalement renier son devoir pour un bonheur personnel, égoïste et le plus souvent éphémère lui donnait la nausée.
Et maintenant, après lui avait fait tout un monologue de reproches, elle lui posait un milliard de questions dont il sera bien incapable de répondre en une fois. Après un long soupire, il se détacha un peu de l'emprise de son amie. Mettant sa main en l'air, à côté de son visage, le poing fermé, il leva le pouce « Je vais bien. » Il leva ensuite l'index. « Je fais attention à mon alimentation ainsi que de ne pas trop surmener mon corps. » Pas trop, il ne fallait pas non plus oublier à qui elle parlait. Il leva ensuite le majeur. « Non, je n'en fais pas trop. » Ce n'était pas tant pour se ménager que par simple rationalité. S'il voulait être utile sur la durée, il ne devait pas s'épuiser au bout de dix lunes. Un petit moment de silence vint, dans l'attendre de la quatrième question. Il hésitait à l'ignorer... Cynan était quelqu'un de profondément honnête, qui n'avait jamais menti à Xylia. Néanmoins, ne pas répondre était tentant... Non, ce serait un mensonge par omission, surtout si c'était volontaire. Il leva l'annulaire. « Absolument pas. Je n'ai aucun goût à sortir. Je préfère m'entraîner, lire, me renseigner sur les recrues, rédiger mes rapports. » Détournant le regard, tel un innocent aux mains pleines, il ajouta « J'ai fait le tour des questions, Mavrocordato. » En détaillant toujours au minimum, comme à son habitude et avec une petite provocation sur la fin. Ne voulant pas écouter le sermon aussi long que la procédure à suivre en de crimes commis par un noble, il décida de tourner les talons et de l'inviter à le suivre. « Tu me feras tes reproches le ventre plein, je t'invite. » Sans attendre de réponse, il s'engouffra dans les rues. Il avait une petite adresse sympathique dans le quartier de la caserne. Bien des élèves y mangeaient. Bien sûr, il n'avait pas découvert l'établissement par sa propre fréquentation. Il avait dû intervenir pour venir en aide à la garde civile en raison d'une bagarre entre élèves de l'Académie. Sur la route de restaurant, il regarda derrière lui, Xylia sur ses talons. « Et tu sais très bien que tu as tort à propos de Coraline ou Samuel. De plus, qui a besoin de se marier ou conter fleurette ? J'ai mon devoir à la garde. C'est suffisant. Le devoir avant tout. Ainsi que la ponctualité. » Une façon détournée de lui dire qu'il n'était pas venu en avance, car les gens normaux venaient aux heures prévues, justement pour ne pas avoir à attendre.
— C’est bien parce que tu invites que je vais te laisser un peu de repos. Aussi parce que j’ai pas mal faim. Le muscle que je commence a vraiment le faire il se nourrit, alors prépare tes cristaux mauvaises graines.
Comme si tu allais vraiment le laisser te payer le repas. Le plan est de mettre la quantité de cristaux du restaurant pour vous deux dans sa bourse un peu plus tard. C’est une technique que tu es plutôt contente d’avoir appris à perfectionner le vol à la tire et remettre des biens à autrui sans qu’il s’en rende compte. Avec quelqu’un d’autre, tu n’aurais pas craché contre un repas gratuit. Pour un ami proche, il en est hors de question, mais tu sais aussi que son égo serait blessé si tu ne le laisses pas faire, alors, pour faire bonne figure, tu le lui autorises.
— Je te ferais même payer pour un supplément de glace à emporter qu’on ira manger dans la chambre que j’occupe à la caserne pour mon séjour ici. Une immense portion de glace, j’ai un nouveau-né à nourrir dans mes nouvelles responsabilités.
C’est plus une plaisanterie qu’autre chose. Ta petite Laïum peu parfaitement rester sans glace comme dessert comme tu l’as nourri un peu plus tôt, mais, comme tout nouveau parent un peu trop vantard, l’envies de parler de ton nouveau familier et faire passer cela pour autre chose. Comme si de manière sérieuse tu pouvais avoir un nouveau-né dans la caserne sans que tout le monde, même le troufion qui balaie les chiottes, ne le sache pas. Les histoires de coucheries sont toujours celles qui intéresse le plus le monde. Quand on n’a personne dans son lit ou qu’on se fait chier savoir ce qui se passe dans ceux qui autres permet parfois de relativiser ou de fantasmer, voir, le plus souvent, se moquer sans aucune pitié pour des inconnus dont, sérieusement, savoir qu’il couche avec Pierre, Paul ou Jackette ne change rien.
Toi-même, en réalité, tu t’en fichez un peu qu’il soit ou non avec quelqu’un. Cela serait même assez ironique que tu lui fasses la chasse à la conquête alors que toi-même te plais dans ton célibat et avec ta famille de substitution pour combler ton besoin d’amour. La seule chose que tu voudrais c’est qu’il ait l’air plus heureux, qu’il ait juste l’air de faire autre chose que se laisser vivre. Est-ce que ce n’est pas pour cela aussi que tu l’as approché à la base ? Parce qu’il ressemblait un peu trop à une coquille vide, alors qu’il est tout sauf cela quand on creuse un peu ? Certainement, mais qu’importe, c’est votre lien actuel qui est plus important.
— Il y a tellement de surprise que je t’ai gardé pour te les expliquer de vive voix, j’espère que tu as toute ta journée à m’accorder. J’espère aussi que tu m’as gardé quelque surprise.
C’est un peu égoïste de souhaitez cela, mais tu souhaite qu’il t’ai garder aussi des surprises, qu’il est pensé à ce moment pour avoir tellement à te dire. Que vos lettres soient, comme pour toi, jamais assez bien pour mettre tout ce qu’il y a dedans. Tu lui prends le bras, en étant plus proche que ce que la bienséance souhaiterait pour une personne de ton rang, mais assez éloigné pour ne pas faire couple tout de même. Une manière physique, s’il en avait besoin, de rappeler que tu es proche de lui.
— Il y a plus important que ton devoir, tu sais. Moi c’est ton bonheur qui m’importe le plus actuellement.
Même si tu as un profond respect pour son sens du devoir et que tu ne souhaites qu’il ne change à aucun moment.