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LE DESERT VOLANT - Escouade 5

Primus sent son ventre faire des pirouettes lorsque le ballon quitte le sol et commence à s’élever dans les airs, comme par enchantement.  Il observe incrédule la terre s’éloigner, lentement mais surement. Lui qui affiche d’habitude air coincé entre le blasé et le dédaigneux ne peut contenir tout à fait son émerveillement.

Bien qu’on leur ait brièvement expliqué le fonctionnement de cet étrange navire aérien, un mélange de cristal d’air chaud accompagné par tout un ensemble de cordages, cela demeure quasiment miraculeux. C’est tout bonnement incroyable. Jamais il n’aurait cru une telle prouesse possible. Fasciné il observe le grand port et le paysage alentour, les maisons qui pourraient être des habitations de poupées.

Il est ramené à la raison par un courant d’air un peu plus brusque que les autres. II se cramponne au bord de la nacelle, il s’agit de ne pas tomber par-dessus bord et ainsi trouver la mort sans avoir pu poser ne serait-ce qu’un orteil sur l’île volante. La voilà d’ailleurs qui apparait, enfin.

C’est comme un océan de sable. Une multitude de vallées, des monts et des pentes qui se succèdent à l’infini. C’est tout aussi fascinant qu’inquiétant. Que se passerait-il si tout ce sable venait à tomber du ciel ? Il semble y en avoir assez pour engloutir tout le Grand Port. Mais un autre problème, bien moins hypothétique surgit dans l’esprit ralenti par l’émerveillement de Primus. Rien ne semble perturber la mer de dunes dorée. Absolument, c’est-à-dire même pas le campement qu’ils sont sensés rejoindre !

Alors qu’il se retourne pour alerter ses sous fifres…ses compagnons, se corrige-t-il intérieurement, il constate que ses derniers, ont étés plus rapides que lui et qu’ils sont déjà bien au fait du problème. Primus les observe impuissant. Il ne peut rien faire de plus qu’eux. La bonne nouvelle, c’est qu’l ne sont pas les seuls, les autres ballons dans le ciel connaissent le même contretemps.

Néanmoins un malheur n’arrive jamais seul, Primus est bien placé pour le savoir. Un bruit étrange attire son attention. Par un miracle qu’il ne saurait expliquer, le sable vole au loin. Il tourbillonne, menaçant, et s’il était doté d’une personnalité, on pourrait dire qu’il a l’air très énervé. Et surtout très rapide. Alors que la masse paraissait lointaine, Primus a l’impression qu’elle les rejoint en un instant. Et en l’espace de quelques secondes, le voyage aux traits merveilleux vire au cauchemar.

C’est comme si le vent violent et le sable vicieux avaient été personnellement offensés par leur présence dans l’air. Comme s’ils venaient les punir de leur intrusion sur leur territoire.  Primus tente tant bien que mal de protéger son visage des assauts répétés des deux entités qui n’en font plus qu’une. Il parvient tout juste à distinguer le sol qui se rapproche bien trop rapidement à son goût.

Il tente d’ouvrir la bouche pour prévenir les trois autres hommes, mais il ne parvient qu’à ingérer du sable. Il est encore en train de tousser lorsqu’un choc sourd lui fait comprendre qu’ils touchent le sol.
Ni le haut ni le bas, ni l’envers ni l’endroit, plus rien ne fait sens lorsqu’il roule dans le sable comme s’il n’était pas plus lourd qu’une vulgaire poupée de chiffon. Puis tout s’arrête brusquement.

Une, deux trois quatre… cinq respirations. Surtout ne pas paniquer. Incapable de se s’orienter, Primus ne comprend même pas par où commencer pour se démêler de la toile du ballon dans laquelle il se trouve empêtré. Puis comme un phare dans la nuit, une voix l’éclaire soudainement, s’enquérant de leur état à tous. C’est comme si on venait d’allumer une torche dans une nuit sans lune, tout reprend son sens. Primus réalise qu’il est couché sur le sable et qu’il se débat en vain contre la toile. Vérifiant que son sac en bandoulière est toujours bien fermé, qu’il sent bien son fourreau et sa rapière sur son coté gauche et que son couteau est toujours bien attaché à sa ceinture, il se retourne péniblement puis rampe laborieusement en direction de la voie salvatrice. Ainsi, il parvient enfin à s’extirper de sous la toile du ballon de Javic.

Encore à quatre pattes, il crache un peu de sable avant de pouvoir articuler :

« En un seul morceau pour ma part !

Il se relève après une dernière quinte de toux et s’époussette avec une efficacité toute relative. C’est donc le grand barbu dont la voie lui a permis de se diriger. Voyant que ce dernier se tient prêt à aider les deux jeunots qui sont encore dans la toile, il commence à grimper la dune la plus proche pour tenter de voir un peu ce qui les entoure. Car de là où ils sont, c’est du sable, encore du sable et un peu plus de sable par-dessus le tout !

Je monte pour voir où on est. Enfin pour essayer. Vous pensez que nous sommes tombés loin du campement ? "

Question idiote. Ils avaient déjà perdu de vue le campement avant de se faire attaquer par un nuage de sable en furie ! Mais Primus entretient l’espoir illusoire qu’ils se soient rapprochés du campement dans le chaos… Etre perdu dans un désert volant lunatique n’était vraiment ce qu’il avait prévu pour aujourd’hui !

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Résumé:

Le groupe s'était enfin réuni. Un seul membre s'était distingué aux yeux de Cynan, Primus Milan. Un noble si sa mémoire était bonne et il la savait bonne. Dire que le garde n'était pas ravi d'avoir un noble dans son groupe était de loin le pire euphémisme d'Aryon. Le mieux aurait été de n'avoir que des gardes ou des gardes et des aventuriers... Les nobles avaient cette fâcheuse tendance à être, comme le pensait le membre de la royale, moins percutant, pro-actif et pertinent que les autres classes sociales. Par ailleurs, il était de son devoir de protéger les nobles, ce qui risquait de rendre plus complexe la simple exploration du désert. Cependant, gardant bien pour lui ses considérations qui n'intéresseraient personne, il finit par monter dans le ballon, laissant la priorité à ses compagnons. Simple gentillesse ? Pas réellement. L'homme d'armes était un homme assez terre-à-terre, la simple idée de voler dans une machine dont il ne connaissait pas la fiabilité ne lui donnait réellement pas envie. En d'autres termes, il avait peur de cette expérience. Le cœur serré et l'âme bien accrochée, il ferma les yeux au moment du départ. Il n'était pas question pour lui de renoncer ou même de montrer sa panique passagère. Au pire quoi ? Il s'écrasait, mourrait de manière inutile ? Il n'était qu'un garde sans importance, son devoir devait passer avant tout. Ce simple mot en tête, comme à son habitude, il repoussa son anxiété avec cette barrière mentale, réussissant à finalement rouvrir les yeux pour avoir devant lui un spectacle qu'il n'aurait jamais cru possible.

Des dunes de sable à en pertes de vue. Déjà qu'il n'aimait pas celui sur la côte, qui avait le don pour le démanger sous son armure, il allait être servi... Heureusement, l'acier avait été troqué pour du cuir et du tissu, si bien que même l'air chaud ne le faisait pas cuire de l'intérieur. En revanche, il collait l'ensemble de ses vêtements à son corps. Le choix du cuir avait peut-être été une erreur vu la sensation qu'il procurait à Cynan. Cependant, il n'eut pas vraiment eu le temps de se plaindre mentalement, car très vite, le vent chaud laissa place à des rafales et une colonne de sable qui tournoyait dans les airs. Trop rapidement à son goût, le ballon se fit aspirer par ce tourbillon et le garde s'accrocha tant bien que mal à la première chose qui lui tombait sous la main. Malgré ses grandes difficultés, il ne put s'empêcher de regarder vers Eridan, voir comment l'aider. Impossible. Le sable et la force du vent obstruaient sa vision. Impossible pour lui de faire quoique ce soi d'autre que de s'accrocher et maudire celui qui avait eu cette stupide idée de ballon volant. Un malheur ne venant jamais seul, la tempête s'éloignant, le cristal cessa d’alimenter le ballon en air chaud. Voilà pourquoi j'aurai préféré qu'on y aille en hippogriffe se dit le garde. Encore une fois, il était impuissant face aux aléas de leur moyen de transport qui s'écrasa trop rapidement pour qu'il ne puisse tenter quoique ce soi.

Restant allongé au sol pendant quelques instants, il chercha à se calmer avant de sortir du ballon. Plus jamais il ne monterait dans ce genre d'engin. Du moins, pas sans ordre direct. Après s'être débattu contre de la toile, il finit par sortir. L'homme barbu avec eux demanda s'ils allaient bien. Il fit oui de la tête alors qu'il cherchait sa lance. Enfouie dans un peu de sable, elle n'était pas partie très loin. Il fallut bien quelques minutes pour que le jeune homme retrouve un usage parfait de ses jambes et finisse par retrouver pleinement ses esprits. Où étaient-ils ? Visiblement, aucun autre groupe ne s'était échoué près d'eux. Pas de campement en vue. Rien qui ne permettrait de se repérer. Si bien que l'idée du noble Primus Milan fût accueillie par un hochement de tête du garde, qui ignora tout simplement la question presque rhétorique. « Cela me semble être une bonne idée. Si on arrive à atteindre des hauteurs suffisamment élevées, on pourra, avec de la chance, voir le campement de loin ou au moins un point d'eau où nous reposer. » Laissant Primus ouvrir la marche, Cynan s'autorisa un bref moment près du point de chute afin de vérifier si son compagnon d'armes, encore plus jeune que lui, allait bien. « Tout va bien, Ophiucus ? »

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LE DESERT VOLANT - Escouade 5

Perché sur sa dune, Primus observe attentivement les alentours.

-Voyons voir… murmure-t-il pour lui-même

A première vue, ils semblent entourés par ce désert ocre à n’en plus finir. Cependant, en fixant le paysage quelques instants on parvient à distinguer avec plus ou moins de netteté certains éléments du décor. Des rochers tout d’abord, que l’on aurait aisément pu confondre avec le sable tant leurs couleurs sont proches. Heureusement qu’ils avaient atterri dans le sable, ce qui leur a probablement évité diverses blessures. Il n’ose imaginer l’état dans lequel il serait s’il avait chu la tête la première contre une de ces pierres.

Primus manque de lâcher un soupir de soulagement lorsqu’il réalise que les formes étranges sur le sable sont des végétaux. Mais le temps de monter sur la dune, il a eu le temps de remettre en place son masque du parfait petit noble. Si tout ceci n’avait été que sable alors sa présence aurait été complètement vaine. Quand son regard se pose sur un de ces immenses fleurs jaunes, il a la confirmation qu’il pourra bien retirer quelque chose de son voyage sur cette île flottante.

Ses pensées sont interrompues par le grand barbu qui vient le rejoindre. Primus l’observe enrouler tout son visage dans un foulard quelconque. Devrait-il en faire de même ? L’écharpe qu’il a emportée doit toujours être calée au fond de son sac. Aller vers les ruines… Effectivement, Primus peut apercevoir au loin les formes pyramidales. Mais n’est-ce pas un endroit dangereux ?

Il est une nouvelle fois interrompu, cette fois avant d’avoir pu ouvrir la bouche. Il leur manque un des gardes. « De mieux en mieux » songe-t-il. Qu’attendre de mieux de soldats ayant l’air aussi jeunes ? Depuis leur départ ils ont déjà dû essuyer une tempête, un débarquement en catastrophe et maintenant, un disparu ! En espérant que son corps sans vie ne soit pas dans le creux d’une dune aux alentours. Il ne peut s’empêcher de tressaillir lorsque barbe-drue hurle le nom du garde. Eridan donc.

Mais il a beau crier, l’agacement naturel autours d’eux ne permet guère à sa voix de porter. Il écoute sans broncher les suppositions de son compagnon d’infortune, n’osant prendre la parole. Selon lui le plus probable est que le-susmentionné Eridan soit mort, mais il ne tient pas à passer pour l’oiseau de mauvais augure. Pour se donner quelque chose à faire, il entreprend de sortir son chapeau de son sac afin de protéger son visage du soleil qui n’a pas décidé de faire semblant de briller aujourd’hui.  

Dans son élan il retire son manteau qui lui tient bien trop chaud et l’attache soigneusement autour de sa taille. Il doute qu’ils soient sortis d’affaire avant la coucher du soleil et qui sait s’il ne sera pas content d’avoir de quoi se réchauffer une fois que l’astre diurne aura disparu.

-Je ne suis guère enthousiaste à l’idée de nous rapprocher des ruines dont nous devions normalement nous tenir à l’écart. Mais je vous avoue que je n’ai rien de mieux à vous proposer.

En se tournant vers le garde survivant il lui demande :

-Vous connaissiez bien cet Eridan ? A votre avis, en admettant qu’il se soit retrouvé dans le même état que nous mais un peu plus loin, vous pensez qu’il songera lui aussi à se diriger vers le Sud-Ouest ?

Après tout, lui Primus Milan a survécu à leur arrivée, alors un garde royal, aussi jeune soit-il doit bien y être parvenu également non ? Il n'y croit qu'à moitié mais il l'espère de tout cœur.

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Résumé:

D'une certaine façon, Cynan savait qu'ils avaient eu de la chance. Non pas que tomber dans une tempête de sable ou d'avoir un dysfonctionnement de cristal soit une chance en soi... Ce serait une mauvaise définition de la chance. Cependant, dans leur malheur... Et bien au moins ils étaient tombés sur du sable. C'était bien le seul aspect positif que le garde arrivait à trouver à ça. La ville lui manquait. Ou encore le froid des montagnes de son enfance. La bonne époque. Bref, tout climat où il ne cuirait pas de l'intérieur. Mais loin de se plaindre, il chercha son camarade près du ballon. Au départ, il croyait qu'Eridan était juste tombé dans les vapes. Néanmoins, il ne trouva personne. Son cœur se serra puis s'arrêta avant de repartir de plus belle. L'inquiétude le gagna. Du calme, se dit-il, ce n'était pas le moment de paniquer. Le devoir avant tout. Sauf que malgré cette phrase fétiche, il ne pouvait nier que l'idée de perdre son compagnon d'armes le touchait. Où avait-il bien pu se fourrer ? Bon... De toute façon, peu importait le "où", s'il était tombé, le sable avait dû amortir sa chute. De plus, il ne devait pas être tombé durant la tempête, mais plus durant la panne du cristal... Ce qui voulait dire que la chute ne devait pas être mortelle. En revanche, s'il était inconscient... Que faire ? D'un côté, il était hors de question d'abandonner qui que ce soi derrière lui. De l'autre, la mission devait passer avant tout. Il n'y avait pas d'état d'âme à avoir. Après tout, si lui-même avait été porté disparu, il aurait voulu que ses compagnons continuent sans lui, sans se retarder pour une futilité comme la recherche d'un membre disparu sans doute déjà hors de danger ou hors de portée.

Après un long soupir étouffé par son voile. Il retourna près du frère et du noble afin de leur annoncer la nouvelle. « Je crains qu'Ophiucus soit... Perdu. » Sans se lancer dans des explications longues pour expliquer le pourquoi du comment, le garde préféra résumer ce simple état de fait en une simple phrase. Peut-être aurait-il mieux fait de donner un peu plus de détails, car le frère se mit à crier. Comme si cela allait changer quelque chose... Néanmoins, suivre la route inverse de la chute ne semblait pas être une mauvaise idée. Après tout, ils n'avaient aucun repère... Peut-être que par chance... Oui, ce mot revenait beaucoup trop de fois dans son esprit. Beaucoup trop à son goût. Ce sentiment d'impuissance face aux aléas de l'expédition paralysa un instant ce garde qui n'avait que dix neufs années à son actif. Il ne savait pas quoi faire. Qu'avait-il lu à ce sujet ? Non pas qu'il y ait beaucoup de livre sur le fait d'une expédition dans un désert volant après une chute de ballon volant. Cependant, en cas de perte de repère, la première chose à faire était de sécuriser le ravitaillement pour ensuite rejoindre les points de repères visibles. Regardant autour de lui, il était incapable de dire comme ça quelle direction était le nord, le sud ou tout autre repère. Il suivit du regard les destinations proposées par ses camarades.

Hum... Vu la direction Sud-Ouest indiquée par ses compagnons, cela donnait le choix entre des végétaux non loin des ballons ou les ruines... Il avait du mal à distinguer en raison du sable qui continuait de tournoyer là-bas. Alors qu'il réfléchissait, il fut coupé par le noble Milan et sa question sur Eridan. « Hum... C'est un jeune stagiaire de la Royale de dix-sept ans. Encore à l'académie. J'avoue donc ne pas savoir ce qu'il ferait. » Le ton était totalement détaché et contrastait avec la réelle inquiétude qu'il ressentait au fond de lui. Néanmoins, cette inquiétude n'allait pas l'aider. « Je propose qu'on aille d'abord vers la zone où il y a le plus de végétation. Cela nous permettra de nous abriter du soleil et avoir une vision plus claire... Avec un peu de chance, on pourra trouver des fruits à emporter. L'étude des végétaux est donc une bonne idée. » Il commença à se diriger vers l'endroit qu'il avait indiqué, prêt à suivre une autre direction. « Nous chercherons Ophiucus en chemin, mais rien ne garantit que nous le trouveront. Nous devons rapidement trouver le camp ou un autre groupe. Le reste passe après. » La voix froide contrastait avec la chaleur ambiante. Certes, Cynan se détestait pour son pragmatisme. Sauf qu'ils ne pouvaient se permettre de retourner chaque centimètre de sable pour retrouver quelqu'un qui pouvait très bien être à des kilomètres. Le bien de la mission avant tout. 

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Tuto pouvoir:

LE DESERT VOLANT - Escouade 5

L’annonce du garde royal confirme les craintes de Primus. Leur groupe vient officiellement de voir son effectif réduit à trois membres. La figure du moine, déconfite l’aurait surement amusé en d’autres circonstances. Mais là, il est trop occupé à suer toute l’eau de son corps. D’autant plus que lui non plus n’est pas ravi de cette nouvelle. Qu’un soldat soit potentiellement mort lors du voyage, cela ne lui fait ni chaud ni froid. Quoiqu’il ne serait pas contre un rafraichissement. Mais en revanche que l’un des gardes supposés les protéger soit manquant, là c’est une toute autre histoire.

Mais de toute façon, inutile de gaspiller leur énergie en vaines recherches. Ils ne connaissent quasiment rien de cette île et tout ce qu’ils gagneraient c’est de s’égarer encore plus. Il se contente d’acquiescer aux paroles du garde et se concentre sur la marche.
 
Son chapeau, protège sa peau des rayons du soleil mais est inefficace contre la chaleur du désert. Primus a la sensation d’étouffer et il sue à grosses gouttes, ce qui est absolument inconvenant pour un aristocrate de son rang. Malheureusement il ne peut pas faire grand-chose pour combattre la température caniculaire. Il s’arrête un instant à l’ombre d’une des grandes fleurs, pour se désaltérer. « Louée soit Lucy pour les gourdes fontaines » songe-t-il lorsqu’il avale goulument le liquide miraculeusement frai. S’il avait eu une gourde normale, elle serait vide depuis bien longtemps !

Ne voulant pas passer pour une feignasse de noble, tout juste bon à écumer les banquets, il se remet en mouvement, aussi prestement que possible. Mais sa progression n’est guère aisée, entre les cailloux le sable et la température ambiante, on est loin de la promenade de santé…

Mais il est interrompu dans ses pensées par le moine qui s’arrête brusquement. Un cadavre dit-il ? Maintenant qu’il est immobile et qu’il n’est plus en train de souffler comme un boucton souffrant de surcharge pondérale, il peut effectivement sentir l’odeur reconnaissable de la chair en décomposition.  Surement s’il s’agissait de celui d’Eridan, le cadavre serait bien trop frais pour dégager une telle odeur ?

Lorsqu’il arrive devant une imposante carcasse, à la suite du moine, Primus ne peut retenir un soupir de soulagement.  A moins qu’il n’ait pas remarqué qu’il avait embarqué dans le ballon avec un quadrupède, ce n’est, à l’évidence, pas du corps de leur garde royal disparu dont il est ici question.

Toutefois il n’a pas le temps de s’interroger plus sur le type de cadavre que l’on peut trouver en plein désert, car toute son attention est accaparée par la plante qui semble appliquée à finir de manger ce qui reste de la chaire du cadavre. Incroyable, il n’a jamais vu une telle chose.

Imitant une fois de plus le moine, il sort son carnet et une mine de plomb pour réaliser un rapide croquis et noter tout ce qu’il peut observer sur la mystérieuse fleure violacée. Une fois son schéma terminé, il s’éloigne un peu pour faire de même avec une des « fleurs de soleil », et ramasse  quelques fruits au passage. Le temps qu’il revienne près des autres, le barbu est en train de tripoter les os du cadavre. En temps normal, Primus lui aurait bien fait remarquer à quel point il trouve cela répugnant mais en l’occurrence, il préfère s’abstenir.

D’autant plus qu’il semblait qu’ils n’étaient pas seuls ici. Au loin, une bête avec un nombre de corne avoisinant un chiffre aussi farfelu et ridicule que dangereux semble les observer.  Un compagnon de leur nouvel ami en décomposition ? Ou alors celui qui l’a mis dans cet état ?

Primus n’a pas le temps le temps de s’en inquiéter outre mesure, car alors qu’il pointe du doigt vers la créature pour prévenir ses deux comparses, il est coupé dans son élan avant même d’avoir pu dire un mot. Comment ça, n’approchez pas ? Mais qu’est-ce qu’il croit le nécrophile-barbu ? Ce n’est pas lui qui s’amusait à tripoter les os d’un cadavre à l’instant.

Mais, il ne peut formuler aucune de ces remarques pertinentes à haute voix, car il se retrouve bouche-bée lorsqu’il voit, la dépouille s’animer et se relever péniblement sous l’effet du souffle du moine.
Là, Primus doit bien admettre qu’il est pris de court :

Et vous pensez que votre nouvel ami va pouvoir nous aider ? Parce qu’on a un nouveau camarade là-bas. Et vu la taille de ses cornes, je préférais éviter qu’il vienne nous dire bonjour !

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Résumé:

Une pointe de remords transperçait de part en part l'âme du garde. Il savait qu'il faisait ce qu'il avait à faire en expliquant qu'ils ne devaient pas s'attarder à chercher Eridan. Pourquoi ? Car ce n'était pas leur rôle. Toute personne avait une mission à un moment de sa vie et il fallait s'y conformer. Les ambitions personnelles qu'elles soient purement égoïstes ou muent par un élan altruiste n'avaient pas leur place à la garde royale. La seule ambition qu'il devait y avoir été celle d'accomplir correctement les tâches qui étaient confiées. Néanmoins, même sachant ça, même acceptant cette fissure de son âme pour la première fois, le pas de Cynan était lourd malgré la légèreté du sable sur lequel il marchait. Ses remords n'étaient pas aidés par la chaleur écrasante que subissait le groupe dans ce désert. Buvant une gorgée de sa gourde, il se demandait si son camarade avait encore avec lui le nécessaire de survie. S'il était toujours vivant... Non, ce n'était pas le moment de penser à ça. Il fallait se mettre en route. Après l'exploration, ils auraient tout le temps de rechercher des survivants. La meilleure manière d'aider ceux qui s'étaient perdus étaient de rapidement en finir avec ça pour ensuite pouvoir apporter toute l'attention requise pour le sauvetage. Cela n'avait en soi pas grand sens, mais c'était l'espoir auquel se raccrochait un jeune garde de dix-neuf ans qui n'avait jamais eu l'expérience réelle du terrain en dehors du cadre confortable de la garde royale depuis trois ans.

Suivant le groupe, à l'ombre des plantes, le garde se garda bien de regarder de trop près les plantes. La végétation n'était ici qu'un allié de circonstance qu'il valait mieux redouter autant que le soleil, la faim ou la soif. En parlant de faim, malgré sa volonté de récolter des fruits en vue de se mettre à l’abri de toute potentielle faim, force était de constater qu'il n'avait rien pour pouvoir les stocker. Cet oublie était digne du débutant un peu naïf qu'il pouvait être, loin d'être un explorateur aguerri. De plus il s'était plus ou moins fié à son compagnon d'armes concernant ce point-là, privilégiant l'armement aux provisions pour compenser la faiblesse de la jeune recrue. Visiblement, cela avait été une erreur de porter autant d'espoir sur le jeune duo. Finalement, peu importait sous quel angle il prenait l'exploration, l'esprit de Cynan revenait toujours vers celui qu'il avait laissé derrière sans que rien ne laisse trahir ses pensées. Il devait faire avec sans ralentir le groupe, sans se ralentir lui-même. Comme lisant dans les pensées du garde et voulant le contrarier, le frère demanda une pause afin de reproduire les fleurs sur son carnet. Après un long soupire, le garde finit par répondre « Faites vite. » Il était clairement inutile de lui dire qu'ils avaient mieux à faire. Après tout, l'exploration passait aussi par la reconnaissance de la faune et flore des lieux. Dire que cela ne faisait pas partie de leur mission... De plus trop pousser ses compagnons alors qu'ils en avaient abandonné un en route... Non, ce n'était clairement pas une bonne idée.

Durant cette petite pause improvisée, le jeune garde décida de monter la garde, inspectant les alentours de son regard. Il avait hâte de rentrer à la caserne. Protéger un palais, se battre contre des brigands, supporter les nobles... Tout ça n'avait rien de bien compliqué. Devoir se balader sans son armure, dans un désert avec des gens qui n'avaient rien de gardes... C'était du moins ce qu'il se disait refusant d'affronter son réel problème. Que dirait Jaina ou même Xylia de sa conduite vis-à-vis d'Eridan ? Alors que les remords revenaient à la charge, le frère pointa du doigt une drôle d'odeur. Il était vrai que jusque-là, Cynan ne l'avait pas remarqué, mais il réalisait qu'une puanteur venait jusqu'à lui saisir les entrailles. Suivant en silence son compagnon, il ne voyait rien à répondre. Après tout, on ne pouvait pas dire que les compétences du garde en matière de socialisation étaient son point fort. Ni ses capacités de survie en milieu hostile. Ou encore son anticipation des problèmes dans la nature. Ni la compréhension de la faune ou de la flore. C'était à se demander ce qu'il faisait là, mais une telle question lui semblait bien futile alors qu'il montait une fois de plus la garde pendant que le frère utilisait son pouvoir pour ranimer l'animal mort. Cela avait été un soulagement pour lui. Quand la vague pestilentielle était arrivée à ses narines, il avait tout de suite imaginé le pire concernant celui qu'il avait décidé d'abandonner. Cependant, une bonne nouvelle n'arrivant jamais sans contrepartie, le noble Milan pointa du doigt un nouveau problème. Pointer du doigt, oui, rien de plus. Après tout, inutile d'espérer quelque chose d'utile venant d'un noble selon le garde. Cette pensée, bien que médisante, n'empêcha pas le garde royale de se poster entre l'animal bien équipé en matière de corne et ses deux compagnons, afin de faire barrage. Pendant un instant, Cynan hésita à charger cette masse de sa lance, mais il était inutile de provoquer un affrontement si le nouvel invité était pacifique. « Je pense qu'on devrait faire vite et continuer notre route. Si possible loin de ces plantes et loin de cet animal. » Ne sachant pas ce que décideraient les deux hommes, le garde royal prit sa lance à deux mains se tenant prêt à intervenir contre toute charge de l'animal. Il visualisait déjà la chose... Un pas de côté... Enfoncer la lance dans son flanc. Pourvu que sa tête ne soit pas trop souple. 

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LE DESERT VOLANT - Escouade 5

En se détournant de la créature cornue, Primus se trouve un instant estomaqué devant le spectacle macabre du squelette qui se tient désormais debout à leurs côtés. Il en reste bouche-bée, fait assez rare chez lui pour être souligné. Il ignore s’il doit être émerveillé par un pouvoir aussi miraculeux, ou s’il doit se sentir dégouté par son caractère follement répugnant… Surement un mélange des deux.

Il a une brève pensée pour Gabriel, Donyan et Andréa. Un tel pouvoir aurait-il permis de les sauver, s’il avait été utilisé à temps ? Les circonstances présentes se rappellent vite à lui et ne lui laisse guère le temps de réfléchir plus longtemps aux pertes qui l’ont endeuillé.

D’un côté, leur équipe de trois malheureux êtres humains, accompagnés d’un squelette tout juste ramené à la vie, de l’autre le mastodonte à cornes dont les intentions restent imprécises. Primus remarque alors que le cadavre reconstitué est tout aussi cornu que son congénère de chair. La plante carnivore poursuit son œuvre et semble absorber les dernières gouttes de sang présentes sur les os blanchis.

A cet instant précis rien n’est plus fascinant aux yeux du noble passionné de flore, que le comportement de charognard de cette étrange fleure violacée. Rien, à par peut être le hurlement guttural, poussé par le mastodonte à cornes, qui baisse la tête avant de les charger. Si Primus n’était pas aussi à cheval sur l’étiquette depuis de nombreuses années, il jurerait.

Ses compagnons d’infortunes sont plus rapides que lui à réagir. Le nécrophile-barbu jette immédiatement son sac, sort son épée et va se positionner aux côtés du garde royale. Dans un réflexe idiot, Primus fait mine de l’imiter avant de se raisonner… Qu’espère-t-il accomplir à part se faire embrocher vivant ? Il est doué en escrime certes… Mais il y a fort à parier que ses talents seront totalement inefficaces face au quadrupède. A priori, il a plus de chances de gêner ses comparses que de les aider…

Dans un ultime bruit de succion tout à fait écœurant, la plante violacée termine d’absorber la dernière goutte de sang des os, et tombe dans le sable. Pris d’une inspiration soudaine Primus s’écrie, tout en virilité bien entendu :

-La plante !

N’attendant pas qu’ils comprennent ce à quoi il pense, car après tout, peu de gens peuvent se montrer aussi vifs d’esprits que lui, il se précipite sur la plante carnivore. Il s’apprête à la ramasser, main se ravise au dernier moment… S’il ne se trompe pas, et il l’espère franchement, la toucher à mains nues n’est surement pas une bonne idée. Le mastodonte cornu est quasiment sur eux. Il n’a pas le temps de chercher ses gants dans son sac.

Il retire son chapeau et l’utilise pour ramasser la plante sans avoir de contact direct avec sa peau, et relève la tête. Il est accroupi à terre, derrière le squelette vivant, la plante violacée tenue fermement entre les pans de son manteau. Le mastodonte cornu est quasiment sur eux. Autant dire, qu’il est en mauvaise posture. Il choisit d’ignorer les éventuelles réactions du nécrophile-barbu et du soldat stoïque pour le concentrer sur la mission qu’il s’est lui-même attribué.

Dès que les cornes du mastodonte-vivant rencontrent, violemment, les cornes du mastodonte-moins-vivant, Primus, dans un crie tout aussi viril que le premier, jette la plante, et son chapeau, sur le monstre de toutes ses forces en visant son flanc, puis sans attendre de voir le résultat saute en arrière pour tenter de s’éloigner le plus loin possible de l’affrontement…

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LE DESERT VOLANT - Escouade 5

Du point de vue de Primus, qui est d’ailleurs un point bien trop proche de la scène, c’est un véritable combat de titans auquel ils assistent.

Un affrontement qui heureusement ne dure pas longtemps. Son idée saugrenue porte ses fruits : la plante entreprend de dévorer le mastodonte. Par un procédé qui parait tout aussi douloureux qu’inconfortable.

Primus note dans un coin de son esprit que la fleur carnivore n’est donc pas un simple charognard qui dévore les cadavres, mais d’un véritable prédateur. Il ferait donc bien de prendre grand soin, à l’avenir, de toujours maintenir une distance respectable entre lui et cette plante.

Le nécrophile barbu est plus sensible qu’il ne le pensait. Primus éprouve beaucoup moins de compassion que lui pour le mastodonte cornu. En temps normal, le spectacle d’une bête en train de mourir dans la douleur ne représenterait aucun attrait pour lui. En revanche lorsque la bête en question avait la ferme intention de l’embrocher, il n’est pas question d’éprouver la moindre compassion à son égard, et il a bien du mal à ressentir autre chose qu’un immense soulagement.

-Vous avez bien de la chance , marmonne-t-il lorsque le moine se plaint de ne n’avoir jamais vu une chose aussi horrible. Pour sa part Primus estime qu’il a vu bien pire, et surtout qu’ils auraient pu assister à une scène bien pire si la plante ne s’occupait pas du quadrupède à cornes pour eux.

Mais le moment n’était peut-être pas le plus adéquat pour un débat philosophique sur le sujet.

Primus lève brusquement la tête ignorant complètement le cadavre ressuscité, le cadavre en devenir et le releveur de cadavres qui s’est mis en tête d’achevé le précédant, quand il croit entendre un bruit étrange tout ce petit monde.

Pas vraiment, un bruit étrange. Mais un bruit qu’il ne pensait pas entendre ici, en plein désert sur une île volante visiblement peuplée d’une faune et d’une flore portée sur la brutalité. S’il se faisait confiance, il jugerait que c’était le bruit d’une trappe que l’on refermait. Mais cela parait impossible.

Qu’est-ce qu’une trappe pourrait bien faire ici ? Plus inquiétant, qui aurait pu installer une trappe. L’île serait habitée ? Ou alors il devient fou et son esprit malade invente des sons. Un effet du désert ? Intrigué, il se relève, et, se tenant à distance respectable du trio ayant rapport avec les cadavres, va chercher l’origine du bruit incongru.

-Vous n’avez pas entendu ça ? Lance-t-il distraitement au nécrophile barbu et au garde royal taciturne, alors qu’il scrute les environs, les mains en visières pour se protéger des rayons aveuglants du soleil, les sourcils froncés, autant par la concentration que par la suspicion. Qu’est que leur réserve encore cette fichue île ?

Codage par Libella sur Graphiorum

Résumé:

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