Deuxième lune de la saison fraîche de l'an 1000
Mes mains sont moites, je sens mon visage couvert d'une fine couche de sueur. Mais je continue quand même, mon pied droit bien ancré dans le sol, mon bras bien levé devant moi.
Puis le coup de mon épée, Hoan, part vers le mannequin de bois. Je porte mes attaques sur ces flans, recule de trois pas, le contourne et recommence mon assaut.
Je ne me souviens pas depuis combien de temps je suis là, à m'entraîner. Je suis enfin de ma torpeur quand Ciaran vient me rappeler que j'ai un entretient avec le capitaine.
D'un salut, je lui demande de m'excuser, et cours pour prendre ma douche te me changer. Il est vrai que j'avais quelque peu oublié ma rencontre avec Arthorias., tellement calme pendant l'entraînement.
Il me faut plus d'une dizaine de minutes pour me changer et me retrouver en face du bureau du capitaine. Droite comme un I, je toque à la porte fermée. J'entend alors un "entrez" très faible venir de l'intérieur, et me permet donc d'entrer.
- Garde Long, capitaine. lui dis-je en faisant le salut de garde royale, paume vers le cœur.
Le bureau se voulait calme, organisé et aussi strict que son propriétaire. Tout était classé, trié, posé avec soin, comme si chaque chose avait sa place.
C'était une réalité dans la vie de la garde royale, mais une chose bien plus floue pour un prétorien. Arthorias était encore à son bureau quand Tara frappa à sa porte, paré de la somptueuse armure de sa fonction.
Cette dernière se voulait resplendissante, gravée à l'or et décorée avec soin pour que nul ne puisse dire que la garde royale n'aidait pas à faire resplendir le royaume.
Sous le heaume en forme de crane qu'il portait, l'officier sourit, son reflet dans le miroir était sans défaut... royal auraient pu dire certains. L'insigne du lion parait l'avant de sa ceinture, en une boucle d'or qui tenait une arme de cérémonie tout aussi ouvragée.
Arme qu'il dégaina pour laisser sur le côté et récupérer Pénitence.
L'épée était lourde, faite pour être maniée à deux mains, comme l'avait appris Arthorias pendant de très longues années. Gravée pour que le nom de son propriétaire en soit visible sur le fil.
Les fantasmes auraient voulu que seule la brillance accompagne ce jour. Mais comme s'apprêtait à le découvrir la nouvelle recrue, les confrérie les plus enviées étaient également les plus secrètes.
L'homme récupéra un lourd grimoire, donc l'épaisse couverture de cuir brun était fermée à l'aide d'imposante chaines qui cliquetèrent quand il le fixa à sa ceinture.
Quand elle finit par entrer, il était toujours dos à elle, fixant le bureau dans lequel il c'était tenu des années plus tôt, pour à son tour prêter serment.
-Long...
Le nom resta en suspens dans la pièce, les quelques rayons du soleil permettant d'y voir la poussière en suspension. Comme si cette dernière faisait écho à ce mot laissé en suspens.
-Votre nom est souvent mentionné, toujours en bien
Lentement, l'homme se retourna. Sans un bruit de perceptible malgré l'épaisseur de l'acier qu'il portait comme une seconde peau. Ses yeux vairons luisant doucement derrière les fentes de son heaume.
-Mais les prouesses seules ne sont pas ce qu'on attend d'un Prétorien.
La phrase tomba comme un couperet, la lente cérémonie commençant avec cette simple phrase. Phrase qu'il prononçait pour la première fois depuis son ascension.
-L'épée peut pourfendre, l'égide tenir, l'armure résister. Mais ils ne sont que des accessoires. Le maillon le plus faible réside dans la chaire sous la cuirasse.
Garde Long, sur votre serment de la garde, désirez vous toujours rejoindre les Prétoriens ?
L'officier laissa un long silence, observant sans siller la potentielle recrue, avant de finir par poursuivre.
-Si tel est le cas, sachez que vous serez testé, comme jamais auparavant. Et que la seule force ne suffira pas à gagner votre rang.
Si vous vous engagez, ce sera de corps et d'âme, pour garder des secrets que nuls ne doit jamais savoir.
Le silence se fit, et Arthorias laissa à la jeune femme une dernière opportunité de faire marche arrière
Deuxième lune de la saison fraîche de l'an 1000
- Merci, mon capitaine.
-Mais les prouesses seules ne sont pas ce qu'on attend d'un Prétorien.
Un coup d'épée ? Une chute de plusieurs mètres sur le sol dur ? Je ne sais pas comment illustrer la phrase qui vient d'être prononcer. Faut-il que je m'entraîne plus, que je coopère d'avantage avec mes collègues ? Mes capacités ne sont peut-être pas les meilleures, mais je les pensais suffisantes pour être digne d'être un garde de la royale.
Quand le capitaine explique finalement que mon corps et mon esprit doivent être assez digne pour faire partie des prétoriens, quelque chose en moi se détendit. Faire plus d'efforts, tout simplement. Je passerai moins de temps à la taverne de la garde, afin de me consacrer d'avantage aux entraînements.
- Mon serment ne changera jamais, mon capitaine. Ma lame, mon corps et mon âme sont à la Couronne. Je ne pourrais trahir, mentir, ou même défier la royauté. Je donnerai ma vie pour elle, et comblerai ma famille d'honneur.
Je met alors mon genou droit au sol, et incline la tête devant mon capitaine.
- Je passerai tous les tests nécessaires pour vous prouvez ma loyauté.
Le premier discours ne l'avait pas fait vacillée. L'officier en prit note avant de s'avancer jusqu'à sa hauteur. Gardant ses mains à hauteur de la poignée de son épée.
-Si tel est votre souhait alors.
L'invitant à se relever, il la fit sortir pour regagner le couloir, mais au lieu de partir vers les escaliers, l'officier la conduisit à l'opposé du couloir. Ou personne ne mettait jamais les pieds. Une petite salle les accueillit. Privée des décorations que l'on s'attendrait à voir à cet étage du bâtiment.
Des murs de pierre brute, enchâssés à intervalles réguliers de cristaux de lumières qui pulsaient doucement. Pour donner à la pièce une atmosphère tamisée. Pas assez pour être qualifiée de sombre. Mais trop pour ne pas douter d'un but pour occulte.
Posant sa main sur l'une des pierres de la salle, le capitaine l'enfonça dans le mur, le raclement de la pierre se répercutant en écho alors que toute la salle semblait s'enfoncer dans le sol. Descendant lentement et pendant de longues minutes dans les entrailles de la terre.
-Votre serment à la couronne ne vous sera plus utile ici bas. Les prétoriens ne servent pas une famille. Ils sont les gardiens du royaume. Et de ses secrets.
A peine le mot fut il prononcé que la plate forme s'arrêta dans un bruit sec, laissant voir une double porte en acier qui s'ouvrit à la volée, révélant un immense couloir plongé dans l'ombre. Ou seuls quelques points de lumières étaient visible à l'horizon.
-La Garde Royale est plus vieille que le royaume, et le prétoriens plus vieux que la l'entité que vous pensiez connaitre. Que connaissez vous de cet ordre ?
Le silence se fit alors qu'ils s'avançaient dans les ombres, les pas de la recrues se répercutant dans les couloirs enténébrés alors qu'Arthorias n'émettait pas le moindre son.
-Ils ont de belles armures, des panaches flamboyants et son les meilleurs du royaume. Mais personne ne saurait dire pourquoi, ni comment.
Les quelques cristaux de lumières laissaient voir au mur, des gravures anciennes, représentant des soldats terrassant monstres et humains. Parfois des îles étranges ou des créatures qui avaient depuis longtemps été oubliées par le royaume.
Et plus rarement... bien plus rarement, c'était un crâne humain qui était enchâssé dans la pierre, l'os de son crane marqué d'un symbole difficile à regarder.
-Pour mériter ce titre, les Veilleurs éprouveront votre résolution, votre courage, votre détermination, et plus important encore, votre résolution.
Ils franchirent une porte cachée par l'obscurité, qui révéla une salle immense, entourée d'authentique braséro de pierre, crachant un feu véritable qui laissait percevoir un Prétorien derrière chacun d'eux.
Tous avaient l'épée levée face à leurs casque. Dans une position solennelle.
Ce double cercle formait la délimitation d'une arène faite de sable fin, immaculée et sans traces.
-Votre épée.
Arthorias tendit les deux mains pour récupérer l'arme de la garde. Une preuve de sa dévotion, et un prérequis dans l'épreuve qui allait suivre.
Le roulement d'un tambour lointain accompagna ses paroles, ce dernier marquant un rythme encore difficile à saisir.
-Marchez au centre de l'arène, asseyez vous... et attendez
Deuxième lune de la saison fraîche de l'an 1000
Je ne devais pas me laisser perturber par la sombre atmosphère environnante. Pas me laisser perturber par les dessins sur les murs, les crânes humains emmurés, les bruits de tambour que j'entends. Pas non par le ton solennel de mon capitaine. Et pas non plus par sa demande de laisser Hoan.
Hoan. Mon épée. Mon héritage paternel. Je ne pouvais décidemment pas la laisser à quelqu'un. Mais mon capitaine n'était pas quelqu'un. C'est mon capitaine. Et il vient de me donner un ordre.
D'un geste calme et lent, je détache la ceinture qui retient Hoan à ma taille. Son poids me paraît tellement lourd. C'est bien différent de la tendre pour la donner à quelqu'un que pour s'entraîner avec. Mais encore une fois, ce n'est pas quelqu'un, c'est mon capitaine. Et, en le regardant dans les yeux, je lui tend mon héritage.
- Oui, mon capitaine.
Je fais un demi-tour, et me dirige vers le centre de la pièce. Je ne regarde rien, je reste concentrée sur ma mission : marcher au centre de l'arène, m'asseoir, et attendre.
Mes pas font des traces nettes sur le sable intacte de l'arène. Arrivée à son centre, je fais un demi-tour pour me retrouver face à mon capitaine. Lentement, m'aidant de ma main droite, je me pose au sol, en tailleur. Mains ouvertes, paumes vers le ciel, tête haute et yeux grand ouvert, j'attend de voir ce qu'il se passe.
Mais lentement est relativement longue. Dans cette ambiance tamisée, simplement éclairée par les feux autour de moi, j'ai dû mal à savoir combien de temps ce sont écoulé depuis que je me suis assise. Les tambours continuent de battre, et les hommes -- que je pense être des Prétoriens -- non pas bougé non plus.
Et puis soudain, comme si cette simple pensée était le feu vert, les hommes baissent leur épée dans un mouvement sec et rapide. Ils avancent vers moi, dans un mouvement complètement coordonné. Mais je ne vacille pas. Mes yeux restent fixés sur la silhouette de mon capitaine.
Les Prétoriens arrêtent leur mouvement quand la pointe de leur épée ne se trouve qu'à quelques centimètres de ma gorge exposée. Les tambours cessent de battre. Je continue à rester stoïque , les yeux fixes, la tête haute, les mains ouvertes vers le ciel, et en tailleur dans le sable blanc.
Il fut un temps ou lui même était passé par là. A genoux dans le sable, entouré de soldats qu'il ne connaissait pas. Une cérémonie qu'il avait trouvé trop mystérieuse, peut être trop exagéré pour un simple rite. Maintenant qu'il l'organisait, le blond ne pouvait que la comprendre.
Même ce sable avait une histoire, vibrant d'une magie ancienne que nul n'avait revu depuis. Et alors que la jeune femme initiait le premier rituel Arthorias s'éclipsa laissant les ombres le recouvrir alors que le cercle des épées s'abattait sur Tara.
Tous en rythme les hommes s'avançaient l'arme au clair, pointant celle qui rejoindrait peut être leur confrérie. Un rituel autant qu'un test, c'était le premier qui déterminait la confiance qu'elle porterait à ceux dont elle voulait revêtir le manteau.
Et quand les lames finirent par se baisser, ce fut au tour d'un individu d'apparaitre sur le bord de l'arène. Vêtu d'une armure baroque, il marchait sur le sable d'un pas tranquille, deux pierres vertes fixées sur les yeux de son heaume.
La forme était angulaire, cruelle, le casque à la couleur de l'os humain, comme si un spectre flottait dans la pièce.
-Tara....
A nouveau le nom resta suspendu dans l'atmosphère de la pièce, la silhouette s'asseyant devant la garde en tailleur. Nullement gênée par le poids de sa tenue.
Le port toujours droit, sa tête se pencha sur le côté alors que l'exécuteur la fixait de haut en bas.
-Une bien étrange place pour une fille qui avait pourtant tout
Le cercle de Prétorien s'éloigna d'un pas, gravant le cercle d'une empreinte de pas circulaire, puis une autre. Le battement des tambours lointain se modifiant doucement.
Rapidement, le cercle c'était reformé derrière les braseros, chaque regard rivé sur la demoiselle.
-Pourquoi avoir choisi cette voie ?
Une longue séance de questions allaient débuter, au chaque acte, et chaque partie du passé serait décortiqué par ce juge qui n'en avait pas le nom.
Chaque Prétorien était présent d'une manière ou d'une autre, ainsi, toute la confrérie entendrait ses mots.
-Pourquoi le cercle intérieur ? Pourquoi la garde ? Par passion ? Par envie ?
Le heaume s'arrêta net, se penchant lentement en avant, dévisageant la garde de ses yeux d'emeraude
-Ou par regret ? Par colère ?
- Musique:
Deuxième lune de la saison fraîche de l'an 1000
Je fis un mélange de tout : mon regard se pose sur son heaume, et j'attend la fin de sa tirade. Je me sens légèrement flotter. Est-ce à cause de sa magie ? Je ne sais pas, mais je préfère répondre oralement à ces questions, même s'il arrive à lire en moi.
- Je veux servir la couronne. Je veux les protéger des dangers avant qu'ils n'arrivent.
- Et ?
Et ? Oui, il y a un et. Je n'ai pas menti. Je veux protéger la couronne en donnant ma vie. Mais il y a une autre raison, plus sombre, plus personnelle, plus égoïste.
- Je veux me démarquer de ma sœur. Je ne veux plus qu'elle soit la plus remarquer, la plus gentille, la plus jolie.
Oui, c'est pour qu'on me remarque enfin, pour qu'on n'est plus peur de moi, de mon caractère, de mon pouvoir.
- Je ne peux pas mentir. Avantage ou inconvénient, je ne sais pas encore. Mais ma fidélité et ma dévotion ne pourront pas être cachées. Je veux faire la fierté de ma famille. Je veux que mon nom ne soit donné que pour de hauts faits, de bons hauts faits.
Mes motivations sont vraiment égoïstes, surtout dis à haute voix. Mais je ne cille pas pour autant. Mes yeux non pas quitter l'heaume du chevalier. Mon dos est resté bien droit, bien digne.
J'attend sa réponse. Je ne peux clairement pas échouer ici, pas maintenant.
L'Exécuteur prit une poignée de sable, la laissant couler de sa main de fer avec une régularité envoutante. Ce dernier laissa la garde finir, la fin de son discours coïncidant avec le dernier grain de sable.
-Rentrer dans cette confrérie exigera de toi des sacrifices. Jusqu'ou sera tu prête à aller ?
Il finit enfin par se lever, posant son gantelet froid sur le crane de la demoiselle. Sa large main englobant tout l'avant de sa tête, alors que le mystérieux chevalier commençait lentement à accéder aux souvenirs de Tara.
Rien ne lui fut épargné. Et l'Exécuteur pu voir chaque fait et gestes, pensées ou désirs de la demoiselle, dans une expérience pour le moins douloureuse.
Après une longue minute d'étude brutale, la pression finit par se faire plus légère.
-Je comprend mieux... Et bien soit.
Un signal muet fut donné, et l'arène dans son entièreté fut éclairée, non pas par les cristaux mais par le sable qui se mit à luire doucement. Donnant à cette pièce un relief unique.
Une myriade de scènes gravées dans la roche fut révélée, certaines datant sans doutes d'avant le royaume. Et les Prétoriens qui composaient le cercles se révélèrent n'être qu'une minorité de soldat par rapport à ceux cachés dans les ombres maintenant dévoilés.
Tous étaient là, les yeux rivés sur cette nouvelle recrue. Vêtus de leurs capes et de leurs harnois de cérémonies. Le regard impérieux et la main sur leurs armes.
-Talent, dévotion... Des bien bonnes bases. Mais une dernière épreuve t'attend jeune Tara. Avant de pouvoir te vêtir du manteau pourpre.
Son épée lui fut jetée, par Arthorias depuis l'assemblée, l'arme au clair se plantant devant elle dans un chuintement soulevant quelque grains de sables pour finalement s'immobiliser devant elle.
L'exécuteur partit de l'arène laissant la jeune femme seule au milieu du sable, ou une imposante main de pierre sortit de ce dernier, révélant un colosse fait de pierre et d'acier, dont les yeux sans vie se tournèrent vers la Garde
-Que l'épreuve ultime commence !
Exultât le chevalier noir avant qu'un grondement de tambour ne se fasse entendre dans l'arène
- Musique:
Deuxième lune de la saison fraîche de l'an 1000
Je me revois enfant, quand Larya s'est blessé le genou et que je l'ai porté sur mon dos pour la ramener à la maison.
Quand j'ai vu pour la première fois des gardes, et que mon vœu de le devenir s'est formé.
Quand j'ai embrassé pour la première fois Cardan.
Quand j'ai découvert que son amour n'était que tout simplement factice.
Quand j'ai utilisé pour la première fois mon pouvoir contre Larya.
Tellement de première fois douloureuses et blessantes. J'essaye de laisser couler, de ne pas m'attarder sur ces souvenirs. Le juge a dû voir assez de bonnes choses en moi, assez de qualités, pour me faire passer à l'épreuve finale.
Un homme fait de roche et d'acier sort de la zone de sable. Je ramasse Hoan lentement, non sans ne pas le lâcher du regard.
- Ta volonté de nous rejoindre est grande. Ton talent aussi.
Sous mes yeux, le colosse se met à changer. Son corps se fait plus petit, plus fin, plus féminisé.
- Mais ton attachement à ta famille est trop important.
Devant moi, Viviana est apparue, avec ses oreilles et sa queue de chat si représentative. Mais sa peau est un peu plus foncé. Je suis tellement étonnée que je ne remarque pas ce détail.
- Que feras-tu si les membres de ta famille trahisse la couronne ?
- Je mettrais fin à leur vie.
- Tara.
Sa voix est exactement la même, je suis perturbée. Ma main tenant Hoan tremble légèrement.
- Je suis désolée. J'ai été obligé de trahir Aryon. Je ne pouvais pas faire autrement ! Pardonne moi, s'il te plait, pardonne moi....
- Tue là. Pour la gloire de la couronne. Aucun traître ne doit survivre.
Mon coeur bat la chamade. Je ne peux pas faire ça. Si je suis devenue garde royale, c'est parce que je le voulais, oui, mais également parce que je voulais leur faire honneur, leur montrer que même avec mon pouvoir, on m'acceptait.
Mais je ne dois pas faillir. Je sais que ce n'est qu'un test, que la réalité est autre. Jamais ma famille ne pourrait me faire ça, faire ça au royaume et à la famille royale.
Je m'approche de Viviana, et lève Hoan au-dessus de ma tête.
- Tara ! Je t'en supplie ! Je suis désolée, je ne recommencerai plus !
- Tu as trahi la couronne...
- Je t'en conjure ! Ma soeur, s'il te plait, épargne-moi !
- ...le royaume.
J'abaisse mon épée, et celle-ci vient se loger dans le corps fait de roche et de métal de Viviana. Son corps se désagrège et retourne à l'état de sable, me laissant en sueur.
Pour seule réponse, le juge sourit sous son hameau.
L'épreuve se termina enfin. Sur une victoire de la Garde face à l'homme de pierre. Personne n'avait vu exactement de quoi il en retournait. Le sable de l'arène transmettant à chaque recrue sa propre peur.
Et lorsque que le juge déclara finalement cette recrue digne, l'ambiance se fit moins tamisée alors que les instruments à percussions c'étaient arrêtés. Laissant le silence regagner ses droits.
L'officier s'avança dans le sable, et relevant la nouvelle Prétorienne, put s'autoriser un sourire
-Bienvenue Prétorien !
Un instant de silence, puis il reprit plus fort
-BENVENUE PRETIORIEN !
Et ce ne fut que là, que toute la compagnie se mit à applaudir, alors que s'engageait le long cheminement du retour.
Le trajet fut bien plus court cette fois-ci , et tous émergèrent dans la cours du bastion. Ou attendait une réception plus informelle.
Tout les soldats finirent par enlever leurs casques, un grand banquet n'attendant plus que Tara pour ouvrir les réjouissances.
-Un discours !
Réclamèrent les prétoriens en portant déjà un toast à la nouvelle recrue
- Musique:
Deuxième lune de la saison fraîche de l'an 1000
On m'entraîne rapidement dehors, et je n'ai pas le temps de parler à mon capitaine, juste ce qu'il faut pour me remettre un peu de mes émotions. Là-bas, des tables ont été sorties dans la cours du bastion. De la nourriture, des boissons, tout était déjà en place pour pouvoir "fêter" mon admission au sein des prétoriens.
Les discours n'ont jamais été mon fort, ne sachant pas forcément qui remercier. Alors, au lieu de parler, je me tend comme un I, et fais le salut de la garde royale, main droite dans le dos, et main gauche sur la poitrine, paume vers le cœur.
Chacun part discuter chacun de son côté. J'en profite donc pour aller voir mon capitaine.
- Mon capitaine.
Je ne sais pas forcément quoi lui dire, je le laisse donc commencer la discussion.
Ce n'était pas tout les jours que la première compagnie accueillait un nouveau visage, et de fait, il était important de marquer cette intronisation un peu particulière. Cette dernière avait été réglée un peu plus rapidement que prévu.
Mais même si les apparences ne le montraient pas, le temps manquait. Plus que jamais, le royaume avait besoin de ses gardiens. Que ce soit dans les grandes villes, ou les hameaux oubliés.
De plus en plus, des petits groupes partaient pour aider ceux qui en avaient besoin.
Un peu de renfort ne ferait pas de mal. Et quand l'officier vit la nouvelle recure arriver à côté de lui, il finit par lui tendre un verre, alors que ses deux aides de camps se tournaient également vers elle.
-Alors Tara, pas trop secouée ? J'ai vu des cérémonies moins mouvementées
-Oui ! Cela avait l'air intense, même si personne ne sait vraiment ce que tu as vu
-Le soucis avec le sable de l'arène, on ne voit qu'un duel avec l'homme de pierre, mais jamais rien de précis.
-Et l'exécuteur ne dit jamais rien, juste que tu es digne de confiance, alors comme mes prédécesseurs je me plierait à son jugement, quoi qu'il en soit bienvenue dans la première compagnie, sans le côté mystique des longues cérémonies.
J'ai cru comprendre que tu avais eu un passé assez agité avant de venir ici
Il regarda aux alentours, seuls ses deux amis étaient présent, mais il cru bon d'ajouter
-Personne ne te jugera pour cela, encore moins mes aides de camps, chacun connait la vie des autres ici, c'est essentiel pour pouvoir fonctionner comme nous le faisons.
N'ai donc pas peur de parler ouvertement
Deuxième lune de la saison fraîche de l'an 1000
- Haha oui, c'était assez éprouvant.
Mon capitaine arrive finalement, à ma hauteur, et me tend un verre que j'accepte avec plaisir.
- Ma vie n'est pas vraiment intéressante. Je suis très proche de ma famille.
Je raconte petit à petit ma vie dans la ville aquatique, à l'académie. Je laisse sous silence quelques moments inintéressant. Pas que je mens, je ne peux pas, simplement que ces passages de ma vie ne sont pas vraiment attrayant.
J'arrive au passage de Cardan, de son..."infidélité". Difficile à comprendre qu'il se soit mis avec moi juste pour que ma sœur jumelle, Layra, puisse lui prouver son amour. Même pour moi, c'est encore assez compliqué à comprendre.
- Le juge m'a simplement rappelé certains passages.
Fallait-il leur parler de l'épreuve avec le golem ? Le fait qu'il faut prouver sa totale obéissance ? Je préfère changer de ce sujet.
- Vous connaissez les routines que les prétoriens doivent faire ?
Je ne sais pas si mon capitaine restera mon capitaine, ou si je vais devoir obéir à quelqu'un d'autre...
Tous se regardèrent devant la question. Un peu innocente de la nouvelle Prétorienne, avant que Tancred ne lui mette une bourrade dans le dos. Suffisamment fort pour que cela s'entende dans la cour. Mais personne n'y prêta plus attention que cela.
-Pour sur p'tite. T'es devant celui qui te donne les ordres, pas vrai Arth ?
L'officier sourit devant la situation, vidant son verre avant de lever les mains d'un air innocent.
-Je t'arrête tout de suite mon cher Tancred, ça fait quelques temps que je délègue le travail !
-Avoir un major à du bon hein ?
-Absolument ! Surtout que je ne vais pas tarder à m'absenter pendant quelques lunes, donc ce sera avec lui qu'il faudra aller voir
Les deux amis de l'officier se regardèrent avant de soupirer. Peu désireux de passer trop de temps à faire des exercices au lieu de battre la campagne comme il se devait.
Et au bout d'un moment, le blond se mit à rire avant d'avouer.
-Mais non, je plaisante, c'est comme d'habitude, j'ai reçu des rapports étrange au niveau de Grand port, quelque chose d'étrange semble s'y produire, je veux en savoir plus, et rapidement
-Et les espions ?
-S'ils étaient fiable ça se saurait
-La Garde locale ?
-Si je tenais à avoir des infos de secondes mains, j'irai faire le tour des tavernes.
Se rapprochant du groupe, Arthorias inclua naturellement Tara. Après tout, il était plus que temps qu'elle commence le véritable travail. Inutile de trop la ménager.
-La région est vaste, alors je veux au moins cinq prétoriens sur l'affaire, dont Tara et l'un de vous deux, tachez de faire ça discrètement. Moins on nous voit, mieux c'est !
Débarquer en armure, la bannière flottant au vent n'était pas toujours la meilleure solution. Mieux valait faire les choses sans trop éveiller les soupçons
Deuxième lune de la saison fraîche de l'an 1000
Je me penche naturellement vers mon capitaine quand il demande à ce que je fasse partie de cette expédition au Grand Port. Si on arrive à rapidement finir cette histoire, peut-être pourrais-je aller voir ma famille dans la ville aquatique ? Je préfère ne pas y penser pour l'instant, ne voulant pas être dictée par une pensée aussi égoïste.
J'écoute le plus attentivement possible les ordres de mon capitaine. Aller chercher des renseignements directement sur place, bien, cela ne devrait pas être trop compliqué.
- Quand devons-nous partir ?
J'étais pressée de partir avec mon capitaine, et surtout de faire ma première mission de prétorienne.
Quand ? Voilà bien la question... Le plus tôt serait sans doute le mieux. Trop de choses dépassaient sa compréhension pour le moment. Ne serait-ce cette histoire d'île ressortie des archives...
Après un instant de réflexion, Arthorias finit par se décider avant d'annoncer.
-Dans une semaine, nous partirons pour la cité Aquatique.
Les groupe le regarda, avec beaucoup de questions qu'il interrompit d'un geste de la main.
-J'ai des informations qui concordent sur beaucoup de points. Et je pense que la ville n'est pas à l'abris de certains problèmes.
La réalité était un peu plus grave que cela. Mais il faudrait s'assurer de cela en personne pour en être sur. Une immersion sous les eaux serait donc nécessaire.
Un schéma commença à se dessiner dans son esprit avant qu'il n'annonce
-Dans une semaine, à la porte du bastion, armure dans des sacs et tenue d'aventuriers sur le dos. On partira au levé du jour.
Son air sévère se dissipa une fois ses ordres donnés, regagnant un sourire de circonstance
-Maintenant allez vous amuser, ça aussi c'est un ordre
Quand à lui, il avait un homme à remercier. L'exécuteur, dont le don servait - et ne pouvait servir que - la cause des Prétoriens à travers leur initiation volontaire ne sortait jamais des sous sols, pas plus que le sable ne pouvait garder sa magie en dehors des sous sols.
Il était donc normal de redescendre pour rendre hommage à ceux qui le méritaient