Le chemin jusqu'au bar ne fut pas agité plus que ça, le capitaine semblait dans ses pensées, intervenant de temps en temps, mais c'est surtout Ryf et la femme du groupe qui discutaient, parfois bruyamment, vu la légendaire subtilité de l'hippogriffe. Les gens se retournaient et les regardaient, ce qui était à la fois bénéfique et un tort pour leur mission ; en effet, ils passent pour des gens normaux. Qui se tapent l'affiche. Mais des gens normaux néanmoins. Aucun garde royal n'est si rustre, voyons. Surtout quand le plus enhardi des trois se prends une remontrance de la part de la demoiselle, à base de ''Alors, tu penses vraiment que jsuis moins bien que ma sœur ? '' et autre ''Nan mais t'as pas vu comment moi jsuis faites ou quoi ?''.
A dire vrai, il n'y avait jamais fait attention. Aux formes des femmes en général, faut dire. Il n'avait pas vraiment eut le choix, là bas, chez les Long ; ça lui avait été exposé frontalement, ça lui avait sauté au nez. Pas grand chose à faire des ces moments là que regarder ce mouvement hypnoti-
Non. Concentration.
Le trio était enfin planté devant l'entrée de ce bâtiment qu'il ne peinèrent pas à chercher, puisque l'enseigne était en immense au dessus de ces massives double portes. Maintenant, fallait trouver leur aiguille dans la botte de foin, puisque pas mal de personnes entraient et sortaient de l'édifice, dans un état plus ou moins lamentable. Eh, c'est comme cette fois ou il- ouais, on va éviter ne serais-ce que de penser à ce qui peut lui arriver, quand il est pas au boulot. Le patron est là.
'' Bon. Je penses que vaudrait mieux se séparer ? On couvrirait mieux l'intérieur et tous les gens comme ça... ''
Son plan n'avait l'air de déranger personne. C'est donc qu'ils passèrent les portes pour se retrouver à l'intérieur. Le tout, c'est de ne pas paraître suspect. A peine rentré qu'il prit d'assaut un des seuls tabourets de libre, au niveau du bar. Nul doute que son capitaine et Tara passèrent derrière lui, continuant leur chemin en salle. Très vite, on vint lui demander ce qu'il voulait.
'' ...Je prendrais une bière. ''
Ohlala, sous prétexte de la couverture, pouvoir boire en service, que c'est marrant ! Comment ça, il aurait pu demander de l'eau ? Ou un jus ? Non, non, il faut se faire discret. Venir ici demander un jus, c'est comme commander un quignon de pain dans les plus belles tavernes de la capitale. Boisson arrivée, vint le prix à pay- COMBIEN?!. Regard désespéré vers Arthorias. ''Patron, augmentation''. Il paya néanmoins, l'ayant quand même entre la gorge.
En sirotant sa boisson, son regard portait sur les visages, les personnes présentes. Pas mal de gardes, mais presque comme partout. Pas vraiment tous là pour boire, cependant. Choper leur contact et avoir un petit entretien allait pas se trouver être chose aisée. Allez, on commence à parler tranquillement à l'employé -ou le propriétaire, il en sait rien- de l'établissement.
'' Y a du monde, hein ? Beaucoup de gardes. ''
'' Ouais. ''
Super, très causant. On va pas se montrer insistant tout d'suite, hein. Espérer que les deux autres fassent moins chou blanc que lui. Au pire, en cas de soucis, il interviendrait très vite, et se trouve idéalement non loin de l'entrée -qui fait aussi office de sortie, ça va, vous avez compris.
Une taverne, sans doute l'endroit le plus cliché pour trouver des informations. Si l'on imaginait en plus que les égouts de la ville ne contiennent de squelettes et des chauves souris, le groupe aurait pu être un groupe d'aventurier classique.
Manque de chance, nul vieil homme ne vint pour leur donner une obscure prophétie. Un comptoir, un tavernier et des verres qui se voulaient propre.
Pour ce qui était de passer inaperçus, Arthorias n'était pas forcément le plus adapté. De ses jeunes années de services, il entrait dans de tels lieux équipés de pieds en cape. Imposant l'autorité de la garde royale avec toute la subtilité d'un marteau de guerre.
Le soucis était que ce genre de chose ferait précisément l'inverse de toute l'enquête.
Soupirant pour lui même, il laissa ses hommes se disperser dans la taverne, partant s'installer à une table ou une partie de dés endiablée était en cour. Une table majoritairement ignorée par la garde.
Les autres étant de toute façon relativement silencieuses.
-Quels sont les paris ?
-Quatre contre Dix pour lui
Un des hommes désigna un joueur nerveux en bout de table, qui ne cachait pas sa nervosité. Et sitôt qu'il eut remporté la manche, commença à s'éclipser sous les regards sombre des autres gardes
-Eh Rogal ! T'en vas pas comme ça, paye ta tournée !
Lança un des marins, visiblement peut au courant du fait que son ami cherchait à passer inaperçu.
Cela fit se lever plusieurs soldats, et surtout tourner les têtes, déclenchant un mauvais pressentiment chez l'officier qui fit signe à Tara d'intercepter leur proie.
Si possible en douceur, même si là n'était pas sa spécialité
Première lune de la saison Froide de l'an 1001
Bon. Passer inaperçu dans une taverne, très bien. Mais il n'y a qu'un seul problème : je ne suis jamais allée dans une taverne. Si une fois, Vivianna a décidé de m'y amener de force pendant un de mes congés. Mais elle avait rapidement finie tapis, et il a fallut que je la porte pour rentrer à la maison, en faisant tout pour éviter sa queue et ses vomis.
Alors je vote pour quoi ? La jeune femme bourrée ? Non, personne ne l'est vraiment. Une héritière d'une famille noble ? Elle n'irait pas dans un endroit comme celui-ci. Une pirate en manque de tritons ? Mouais, je ne suis pas convaincue moi-même.
Mais fort heureusement grâce à mon capitaine, je n'ai pas le temps d'y penser plus que cela. Il avait réussi à trouver Rogal, et il me demandait de l'arrêter. N'en dîtes pas plus, mon capitaine ! Le garde me fonce dessus, tête baissé, et j'en profite pour faire la technique Hryfin : buste bien puissant, et les pieds fermement ancrés dans le sol. Mais sa carrure est tout de même plus imposante que la mienne, et je me retrouve à devoir reculer de quelques pas.
- Garde Rogal. Vous allez nous suivre sans opposer la moindre résistance.
- Et sinon quoi poupée ?
- Et bien je me verrais obligée d'utiliser la force, et je ne suis pas sûr que cela vous soit des plus plaisants.
Rogal rigole un peu dans sa barbe avant de me pousse de l'épaule pour me passer devant. Ma réactivité est plus rapide que la sienne : je lui encercle le bras droit, passe ma jambe sous la sienne et l'entraîne dans ma chute. Le voici au-dessous de moi, dans l'incapacité la plus totale de partir.
Je me retourne vers mon capitaine, et lui fait un grand sourire.
- C'est ça que vous vouliez, non ? J'ai été compétente ?
Bien sûr que oui, qui douterait de ma capacité à capturer le suspect ?
- Maintenant que vous n'avez plus la possibilité de partir, acceptez-vous de nous suivre gentiment ?
- Va te faire voir, sale p...
- Cap', je peux taper ?
Pas assez proche pour réagir de suite ou être le désigné du capitaine, c'est à Tara qu'il ordonna silencieusement de saisir leur proie. Entre temps, l'hippogriffe s'était levé, et commençait à se diriger également vers là ou l'animation prenait place. Le dénommé Rogal semblait des plus nerveux, son agitation se répandait aux personnes autour, encore plus important, aux autres gardes présents. Tout ça, ça sent pas bon.
En tentant de se barrer, il atterrit sur la femme du trio, justement, qui l'arrêta d'une manière des plus familière, puisque c'est son mode préféré, celle ou tu assoies ta domination physique en arrêtant net le mec qui pense pouvoir te prendre de vitesse ou de force. Bon, c'est une technique dont il use et abuse car il a une confiance plus qu'aveugle en ses capacités de ce côté là, elle marche moins bien avec la jeune femme qui dut quand même montrer un petit signe de faiblesse en se faisant repousser sur un petit mètre.
Enfin arrivé au niveau de sa compère, on pouvait dès à présent oublier toute notion de discrétion, quelques personnes attablées eurent un hoquet à l'entente des mots ''garde royale'', certains soldats ici semblaient mal à l'aise, et pas mal de personnes sont sorties à ce même moment. Quelle ville de mort vraiment, la cité aquatique est vraiment dans le top des pires bleds ou il a pu poser les pieds, et pourtant, il a visité le village perché ! Ne restait qu'à aider Tara, aux prises avec Rogal.
Bon, pas besoin, au final. Bien que dominée, d'une acrobatie qu'il aurait bien été incapable de reproduire, elle entraîna Rogal dans sa chute pour au final être celle en position de force, au dessus de lui. Elle avait l'air particulièrement fière. Ah oui, c'est vrai. De tous les gardes royaux, elle est celle qui est le plus matrixée par le capitaine. Compréhensible, d'une certaines manière. Un peu trop, d'une autre. Ça se débat, mais ça fait que toujours elle se dépasse et fait un job impeccable.
Au sol, le garde de la cité aquatique n'en restait pas moins chafouin, essayant vainement de se débattre, vociférant dans sa barbe, manquant d'insulter la femme sur lui. Oh, pas sympa, ça. Lentement, Hryfin s'accroupit à côté des deux belligérants.
'' Bien vu l'arrêt, Tara. Quant à toi...'' Il mit trois tapes sur la joue de Rogal, elles ne se voulaient pas violentes, mais bon, Hryfin étant Hryfin... '' On parle pas comme ça a Tara. Et hey, certains aimeraient être dans cette position, tu sais ? ''
Il se releva en ricanant, mais se remit quand même sur le qui-vive, à côté d'eux, en mode armoire à glace, bras croisés, observant le reste du bar. Les gens avec qui Rogal jouaient avaient un air gênés, pour ceux qui sont restés, du moins. Les autres gardes étaient soit partis, soit presque sur le point de leur bondir dessus ; venir en aide à Rogal ? Ou simplement frustré du débarquement de la garde royale dans leur cité, venus mettre le nez dans leurs petites affaires ? La tête de l'hippogriffe pivota vers son capitaine.
'' Bon...Ensuite ? On part sur quoi ? Et lui...On en fait quoi ? ''
A moins de se montrer conciliant ou encore plus agressifs et impressionnants que dernièrement, rester ici serait une mauvaise idée, du moins, pour lui. Arthorias avait, espérons le, un plan ou une idée derrière la tête. Se reposer autant sur son capitaine frustrait le brun, qui aimerait bien faire ses preuves un peu plus. Dans ce contexte, ça reste difficile, après tout, la tête pensante de cette expédition, c'était bien leur capitaine, qui les avait entraînés là dedans presque à l'aveugle pour eux.
Soyons honnête, un garde royal n'est pas ce qu'il y a de plus discret, qu'il soit un cuirassier comme Hryfin ou un Prétorien comme Tara. Un Voltigeur aurait surement trouvé un moyen d'arrêter notre homme sans rameuter la moitié des gardes du coin, mieux encore sans parler du titre d'Arthorias. Mais c'était quand même ce qui se faisait de mieux pour le reste.
Balayé donc l'idée de rester incognito. Et alors que la moitié des clients avaient fini par remarquer le petit manège, l'officier du sortir de son comptoir pour observer leurs prise du jour.
Tour à tour, il fixa Tara, puis Hryfin avant de soupirer, se pinçant l'arrête du nez en voyant les collègues du garde commencer à se lever. Il était pourtant évident que l'arrêter au milieu des autres serait une catastrophe.
Reprenant sa respiration, le blond finit par dire
-Maintenant... On le prend et on part
Un soupçon de défiance traversa les yeux du soldat qui devait bien se douter de ce qu'il se passait. Il fit d'ailleurs mine de se débattre, sans pour autant poser le moindre soucis aux royaux
-On part, très vite
Inutile de dire que la ville n'était plus vraiment sure, maintenant que la moitié de la garnison les voyaient emprunter un des leurs. Insistant une dernière fois sur ses mots, il commença à tourner les talons, voyant ses soldat prendre le garde sous le bras.
L'officier dut jouer des épaules avec quelques récalcitrants pour parvenir à la sortie, entendant dans son dos quelques cliquetis d'épée commencer à se dégainer
-Plus vite encore
Et ce fut à ce moment là que la course poursuite s'engagea
Première lune de la saison Froide de l'an 1001
En me relevant, je glissais une main sur le torse d'Hryfin. Un geste qui se voulait double : le bloquer pour ne pas qu'il tape notre suspect, et le remercie pour son doux compliment. Qui aurait pu le croire ? Même si je pense qu'il fait ça pour se faire pardonner de tout à l'heure, avec Vivianna...
Mais bon, c'est un compliment, et on l'accepte sans protester.
Quand le capitaine nous demande de partir rapidement, je peux sentir une pointe de danger dans sa voix. Je regarde autour de moi et note que la plupart des clients sont debout, main sur leur épée accroché pour la plupart à leur ceinture, ou posée à plat sur la table haute.
Un seul regard à mon collègue et nous soulevons à deux Rogal, qui se débâter comme il le pouvait. Une petite tape derrière la tête, et il se calme.
- On arrête de nous embêter, oui ? Parce que s'il faut employer la manière forte, je connais quelqu'un qui peut rapidement vous faire marcher au pas.
- Parce....parce que ce n'était pas la manière forte, ça ?!
Faut-il vraiment lui répondre ? Non, lançons lui simplement un regard en biais avec un petit sourire au coin, pour qu'il puisse voir à quel point la démonstration de tout à l'heure ne voulait rien dire.
-Plus vite encore.
- On fait au plus vite, capitaine.
A peine sortie de la taverne, Rogal sous le bras, que des cris me parvienne. Les hommes du garde à l'intérieur avaient dégainé leur épée, et nous fonçait dessus.
Sous le coup de la surprise, je poussais notre prisonnier vers Hryfin.
- Porte le pour qu'on aille plus vite !
Solidement attaché comme il est, il ne pourra pas s'enfuir sans notre accord, de toute façon. Et je fais assez confiance au garde pour qu'il ne perde pas un seul moment l'homme des yeux.
En courant à mon tour, j'essaye de parler le plus bas possible.
- Par où devons nous aller ?
Voilà que, grâce au chemin pré-tracé par le capitaine dans la foule dorénavant compacte du bâtiment, le duo de gardes finit par sortir, alors que la vraie nature de tout le monde refit surface, commencèrent à leur foncer dessus. Commençant à trotter, il se retrouva seul quelques dixièmes de secondes avec Rogal, le plus correct étant de dire que ce dernier avait été projeté sur le grand. Ô Tara, que tu vas le payer, elle a complètement raison hein, mais qu'est ce qu'elle va finir par le payer. Il dut donc s'arrêter quelques instants, le temps de bien choper leur cible et la propulser sur ses larges épaules, le portant sur son dos comme on transporterait un soldat blessé. Une perte de temps qui lui valut quelques bousculades et coups légers qu'il oublierait immédiatement le lendemain.
Le trio, à présent presque un quatuor, se retrouvait donc à courir à toutes jambes, brisant la populace du mieux qu'ils pouvaient, une marée humaine derrière eux les poursuivant sans relâche, ou presque, ils finiraient bien par gagner du terrain, et se cacher en petit groupe comme ça sera aisé, la souris se cache facilement de l'éléphant. Autant la course n'était-elle pas l'activité préférée de l'hippogriffe, celle ci restait plutôt distrayante, assez pour qu'il ait presque envie de ça finisse pas. Les effrontés derrière eux qui n'avaient que leurs gorges pour hurler, Tara et Arthorias devant afin d'essayer de se diriger, Rogal sur ses épaules qui lâchait une nouvelle onomatopée à chaque pas du brun ; ''Eh'' ''Oh'' ''Uh'' ''Ah'' ''Er'', l'expérience était telle qu'il aurait l'impression de chevaucher un moloch, mais en encore plus buté et endurant.
Bientôt, une opportunité s'ouvrit à eux. D'un coup, un ''A droite !'' recouvrit les fortes respirations des trois royaux, alors que bien obéissant, il se mit à virer à droite pour les suivre dans une petite rue. Et une autre. Ainsi de suite. Plus ils s'enfonçaient, tournaient de manière presque aléatoire mais pourtant si maîtrisée pour ne pas retomber sur leurs pas, les bruits de pas s'estompèrent, si bien qu'un moment, le silence était presque pesant, rendant déjà nostalgique de la course poursuite, les assaillants étaient sans doutes loin derrière, ou arriveraient par petits groupes, bien plus gérables. Oh, non, ils n'allaient pas en tuer, après, on peut rester non létal, on ne meurt pas d'une jambe retournée ou d'un bras disloqué.
Il ne fallût pas plus longtemps pour que le duo de tête ralentisse. Ryf fit de même, une fois totalement à l'arrêt, il relâcha Rogal des ses épaules dans un grand ''THUD'', un bruit semblable à un sac de pommes de terre qu'on laisserait tomber, après tout, la ressemblance était des plus frappantes ; l'esprit retourné par les événements, des yeux tournants à la manière d'une personne qui aurait le mal de mer ; le Hryfin Express n'est pas connu pour être confortable.
'' Bien. Et maintenant ? Faudrait quand même se poser quelque part. Quitte à se faire oublier. On pourrait – Ouais, non, on va pas apporter de problème chez les Long. ''
A la mention de ''problème'', il toisa Rogal de haut, avant de s'accroupir face à lui, tout dominant qu'il est. Ils peuvent toujours en finir ici, et repartir aussi vite qu'ils sont venus, sans plus de remous que ça. L'objectif serait-il considéré comme accompli, cependant ? Rien de moins sur.
'' Après on peut s'arrêter plus longtemps ici hein. '' Sa dextre attrapa le menton de Rogal, le grand commença à faire bouger sa tête un peu dans tous les sens, comme pour l'analyser. '' Franchement, en cinq minutes, jpenses que c'est plié. ''
'' Pli-Plié de quoi ? Jdirais tout – Non, je sais rien, laissez moi tranquille ! ''
'' Trois. Trois minutes. ''
Rien dit qu'il ne finirait pas par cracher ses dents dans le caniveau si toutefois son capitaine lui donnait la permission finale. Le deal serait qu'il sauverait une quenotte par réponse ou aveu qu'il estime bon. Ça ressemble à une bonne offre.
La course poursuite finit par leur faire parcourir une bonne partie de la cité aquatique, cette dernière disposant de manière fort pratique de nombreuses ruelles plus ou moins étroites qui suffirent à distancer leurs poursuivant.
Cela et une foule plus ou moins amorphe qui fournissait un excellent moyen de bloquer leurs poursuivant. Et alors que le groupe de royaux s'arrêtait, profitant du répit pour souffler, Hryfin fit une nouvelle fois preuve de son talent inné pour l'intimidation, décrochant un rire au capitaine qui leva la main avant de reprendre.
-Pas besoin de le torturer je pense, notre ami est plus que disposé à tout nous raconter, je me trompe ?
-Vous êtes qui d'abord ?
Hasarda le garde en ne reconnaissant personne du groupe, forçant Arthorias à reprendre momentanément son apparence d'origine, ce qui fit pâlir le garde d'avantage que la main de Hryfin prête à lui montrer la vie d'après.
La vérité ainsi découverte, l'officier put reprendre ses faux semblant, observant les alentours avant de trouver une petite porte donnant sur une cave à mi-hauteur qu'il ouvrit avec la délicatesse typique d'un soldat, un coup de botte ferré venant fracturer la poignée avec suffisamment de douceur pour l'ouvrir en grand
-Maintenant que les présentations sont faites, évitons de dévoiler les problèmes du royaume au milieu des rues vous voulez ?
La cave n'était pas ce qui se faisait de plus spacieux. Mais elle était loin des regards indiscrets, et l'effraction ne serait pas visible de la rue, donnant à tout le monde le temps de souffler.
-Maintenant qu'on est tous confortablement installés, il va être temps de nous expliquer pourquoi la garde arrête les gens de manière aléatoire.
L'histoire mit longtemps à commencer, le pauvre Rogal étant déjà bien secoué par la course poursuite. Finalement, il ne se révéla pas avar en informations, racontant à peu près tout ce qu'avais besoin de savoir la garde royale.
Quelque chose avait prit le contrôle de la garnison, une espèce de parasite qui contaminait peu à peu la ville. Sous la forme d'une excroissance de cristal sur la nuque
-Et vous n'avez pas idée de comment c'est arrivé ? Un mage un peu trop zélé ? Le conservatoire du littoral ?
-Aucune idée non, ça à commencé après que nous ayons repêché un cadavre jeté là par la mer. Quasiment cristallisé. On ne sait pas vraiment d'où il venait, et aucuns équipage légal n'a rapporté une disparition.
Un puzzle commençait à s'assembler dans l'esprit du capitaine. Même si les maigres pièces qu'ils avaient là n'étaient pas suffisante pour dresser une image bien nette de la situation.
En somme ils avaient une épidémie magique sur les bras, qui contaminait petit à petit les habitants sans objectifs clairs...
-Et vous n''avez rien fait ?
-A vrai dire... elle à commencé au sein de la garnison
-Et pourquoi êtes vous épargnés ?
Un long moment de silence s'installa, Rogal ne parvenant pas à fixer l'un des trois gardes dans les yeux avant de finalement lâcher à voix basse
-J'ai déserté quand ça à commencé
L'annonce ne manqua pas de faire plisser les yeux à l'officier, qui, comme tout bon capitaine, voyait mal ce genre d'abandon de poste. Cela dit le régulier paniqua tenta de se justifier
-J'avais rencontré une belle fille à la taverne, une certaine Vivianna... Et on avait prévu de passer quelques temps loin de la ville, mais comme nous étions trop sollicités... je n'arrivais pas à me dégager du temps
Vivianna...
Les yeux d'Athorias remontèrent jusqu'à Tara, un sourire dissimulé derrière un masque de gravité, que seul Hryfin put remarquer.
-Et donc, qu'est ce qui vous à alerté ?
-Et bien quand je suis revenu... personne ne m'a rien dit... Et ils m'ont presque ignorés pendant un temps, Lucy devait être de mon côté
-Lucy ou quelque chose qui à repoussé ces choses... Et vous avez la moindre idée de ce qu'ils font avec les personnes enlevées
-Pas du tout, ils sont emmenés à la surface, mais ils reviennent toujours chez eux, comme si de rien n'était. Et sans le moindre souvenir. Il n'y a que les gardes qui semblent être ailleurs
La situation se voulait préoccupante... Et quelque chose lui faisait craindre le pire. Il allait falloir se résoudre à faire quelque chose pour la ville. Avant que l'infection ne se répande au reste du royaume, peut importe son origine.
-Je vois...
Hryfin, Tara... Je vais vous demander de rester en ville pour surveiller la situation, trouvez vous un coin tranquille, je pense qu'il va falloir appeler la cavalerie pour cette affaire
Il n'y avait rien de sur encore, mais sans doutes les archives souterraines seraient utiles. L'affaire lui rappelait bien trop une autre. Et en l'absence du maitre espion, la garde royale allait devoir agir de son côté. Encore une fois, il allait falloir outrepasser quelques autorités...
-Tara, tu gérera la chose, Hryf', tu lui obéira le temps de la mission, je vais tacher de rentrer à la capitale et démêler cette affaire au plus vite. Et revenir avec tout ceux que je pourrais rassembler.
Ses traits se firent plus sérieux alors qu'il se levait et se plantait devant Rogal
-Et vous, vous venez avec moi
-Euh... pourquoi donc ?
-Vous allez expliquer tout cela au commandant
La sentence sembla plus pétrifier l'homme que la rencontre avec un scolopendre des mers, mais le Lion ne lui laissa pas le temps de se fabriquer une excuse, sortant une bourse remplie de cristaux qu'il tendit à ses soldats
-L'adition est pour le royaume, tacher de rester en vie jusqu'à mon retour
Première lune de la saison Froide de l'an 1001
J'essayais de comprendre au mieux la situation dans la ville aquatique. Donc depuis que des gars ont remonté un cadavre, il y a des cristaux qui poussent sur la nuque de tout le monde. Ok très bien, notons ça quelque part dans un coin de la tête.
Je ne relève pas la mention de ma grande soeur, notant -- encore une fois dans ma tête -- qu'il allait falloir que j'ai une conversation avec elle. Mais je souris au fait qu'Hryfin va devoir m'obéir. Ah bah ordre du captaine, hein, on peut pas lutter !
Je donne un coup de coude à mon collègue, et répond au capitaine :
- A vos ordres, capitaine.
Nous attendons patiemment le départ du capitaine avec son otage, et je me retourne vers Hryfin.
- Bon, il va falloir qu'on se trouve un coin tranquille en attendant son retour, et qu'on garde tout de même un oeil sur la situation de la ville. Et il faut aussi que j'aille parler à Vivianna.
Je réfléchis pendant quelques secondes.
- On commence par quoi ?
Donc, du coup, ces gens enlevés sont remontés hors de la ville. Puis reviennent. Complètement amnésique de cet événement traumatique. Ça ne reste que des bribes d'informations, des parties qui s'assemblent mal dans le cerveau limité du garde royal. Ouais, y a des cristaux qui poussent sur les gens, qui pousseraient les gardes locaux à s'emparer de personnes. Car ils seraient eux même infectés ? Ou les gardes le sont, et pratiquent ces choses innommables à de parfaits innocents, aussi sains que possibles ? Ça surchauffe. Laissons ce travail de méninges aux personnes plus compétentes que lui dans ce domaine, voulez-vous ?
Même pas eut le temps de dire ''Du coup, on rentre à la maison ?'', qu'Arthorias leur demanda de rester sur place, lui seul aurait le privilège de repartir à la surface, où l'eau ne menace pas de l'inonder, où la populace n'est pas contre lui, où la pression est comme elle devrait l'être, car pas sous des hectolitres d'eau salée. Merde. Et ce n'est pas la compensation financière, qui ne servirait en tout cas qu'à couvrir leurs dépenses, qui lui redonnera le sourire. Le discret coup qu'il reçu de Tara le ramena à une autre réalité ; qu'elle allait lui en faire baver, aussi bien par rapport à sa sœur qu'au fait qu'elle est, théoriquement, au dessus de lui dans la hiérarchie, en tant que prétorienne. De quoi lâcher un long soupir...
Le capitaine partit avec son otage. Il aura de quoi faire aussi, si on y réfléchit, eux n'auraient qu'à continuer d'enquêter et éviter tout soucis d'ordre public. Auraient-ils aussi à empêcher les enlèvements ? Pour l'instant, faut se poser et faire le point. Pas qu'il soit déçu d'être en tête à tête avec Tara, le contraire n'est pas vrai toutefois, il est relativement indifférent. C'est une femme incroyable qui fait son travail de manière très carrée, méthodique, point commun qu'ils ont en tout cas.
'' On a qu'à trouver un endroit où crécher en attendant qu'on soit relevés. Et ensuite, on peut rendre visite à ta charmante sœur. ''
En fait, non, elle aussi, allait en prendre pour son grade, déjà qu'il était pas tendre en présence de leur supérieur, sans Arthorias Hekmatyar, les blagues, petite piques amicales et autres joyeusetés allaient fuser de part en part, ce qui n'a jamais semblé la déranger. Ainsi, les deux gardes royaux commencèrent à s'éloigner de cette ruelle, côte à côte, prêts à en découdre avec cette ville aussi originale qu'étrangère.