Luz est inquiète. Un Aillier vétéran de la deuxième branche de l'Astre de l'Aube est porté disparu depuis plusieurs jours, évaporé semble-t-il dans la nature. Aux dernières nouvelles, il venait d'achever une mission aux côtés de deux Aventuriers pour soigner un cerberus sauvage, et avait pris le chemin du retour vers Forteresse. Il ne s'est pour autant jamais signalé à son comptoir de référence par la suite et sa famille n'a aucune nouvelle de lui. Luz Weiss a donc fait le choix de lancer un appel à l'aide dans le but de recruter des personnes talentueuses susceptibles de mener l'enquête.
+ Proposé par : @Luz Weiss
+ Participants : @Chrystielle Keyser & @Ramar Aldor
+ Objectif : Retrouver Jaïkan Shavra, Aillier vétéran de la deuxième branche récemment disparu au terme d'une mission pour l'Astre de l'Aube.
Elle serra brièvement les mains de la vétérinaire entre les siennes, espérant ainsi lui transmettre une once de sa force. Elle se tourna ensuite vers l’homme qui l’accompagnait et qui complétait leur duo. Elle ne connaissait pas son identité, hormis qu’il s’agissait d’un Aventurier compétent dans son domaine, tout particulièrement dans la recherche. Elle inclina subtilement la nuque à son encontre, salutation qui se voulait respectueuse en dépit du pli soucieux qui avait courbé ses sourcils.
Elle sortit de sa besace sa carte holographique et la posa délicatement au sol. Un clic plus tard, et les lignes imagées de la carte d’Aryon se dessinèrent dans les airs autour d’eux, vastes montagnes aux reliefs sinueux parcourus de nuages blafards.
Elle leva rapidement les yeux vers le dénommé Ramar, hésitant à préciser ses doutes.
Jaïkan avait à présent disparu depuis pratiquement une semaine. Prenant très au sérieux l’appel de Chrystielle qui n’avait pas manqué de lui remonter le problème, Luz avait jugé pertinent de faire appel à sa réputation en publiant elle-même une demande de recherche.
Elle les observa s’éloigner en se mordant la lèvre inférieure, trépignant d’ores et déjà d’attente. Elle ne pouvait toutefois se soustraire à ses obligations, bloquée par l’impossibilité de les accompagner dans cette enquête. Pourvu qu’il ne soit rien arrivé à ce vétéran de la deuxième branche !
3ÈME LUNE DE LA SAISON FROIDE DE L'AN 1001
Je savais que Jaïkan avait des problèmes, je le sentais au fond de moi. Cela fait peut-être seulement 3 lunes que je suis directrice de la deuxième branche de l'Astre de l'Aube, mais cela m'a suffit pour connaître sur le bout des doigts chaque personne qui la compose. Et Jaïkan fait partie des meilleurs experts en soin animalier.
Comment cela a-t-il pu se passer ? Accompagné de deux aventuriers, rien n'aurait dû lui arriver. Surtout que Jaïkan n'est pas sans défense non plus ! Il sait manier les armes, se défendre.
Je fais les cents pas devant l'entrée de l'établissement où attend Luz. Je préfère arriver avec l'autre aventurier. Celui-ci arrive finalement, enfin, je pense que c'est lui. Et, pour ne pas lui faire trop peur, je me met à parler, mettant de côté ma timidité.
- Bon-Bonjour ! Vous...vous êtes là pour...pour la demande de re-recherche ?
Une fois qu'il m'ait répondu, je me présente rapidement. Chrystielle Keyser, vétérinaire, directrice de la deuxième branche de l'Astre de l'Aube, et franchement énervée de la disparition de mon ami.
Nous rentrons finalement dans l'établissement.
- Luz, nous sommes là.
Je le vois, à sa tête, que la noble est aussi perturbée que moi de part le cas de Jaïkan. Elle explique rapidement la demande, la zone de la disparition, ainsi que le fait que les deux aventuriers nous attendent à la Forteresse.
- Nous allons retrouver Jaïkan, je te le promet.
J'essaye de tout faire pour ne pas faire trembler mes mains quand celles-ci prennent celles du docteur. Simplement imaginer ce qu'il a pu arriver à Jaïkan...non, restons positive.
Je me tourne vers Almar.
- Almar, par où voulez-vous commencer ? Aller interroger les deux aventuriers, ou partir tout de suite à la recherche de Jaïkan dans les montagnes ?
Je laisse l'aventurier faire le choix. Il est spécialisé en recherche, il est don beaucoup plus performant que moi pour mener cette enquête. Pour ma part, je ne suis pas sûr de pouvoir me contenir face aux deux aventuriers qui ont tout simplement abandonnés mon bon ami dans les montagnes, seul.
Ramar n'était pas de bonne humeur. Cela ne lui arrivait pas souvent, mais il y avait de quoi. Il avait profité des récents événements pour passer voir ce que son père était devenu. Mais en tout bon ivrogne qu'il était désormais, le jeune homme l'avait trouvé ivre-mort sur le sol de sa maison, maison qu'il n'entretenait plus à part un autel pour sa défunte femme. Pour la défunte mère du garçon qui avait grandit sans elle, en grande partie, et qui pourtant ne se complaisait pas dans la médiocrité et le ridicule.
Il avait ramassé son père pour le jeter dans l'abreuvoir des bêtes à l'extérieur. Le bougre avait alors reprit connaissance brutalement avant de se voir ramené de force dans la masure. Cette maison était tout ce qu'il restait de la femme qu'ils avaient perdue tous les deux. Ramar ne supportait pas que son père en prenne si peu soin et lui fasse aussi peu honneur. Il avait collé son vieux dans son lit non sans l'avoir au préalable assommé sans état d'âme. Cet homme méritait si peu de sa part. Heureusement que Chimère avait été là pour lui...
Il avait ensuite prié Lucy pour sa mère, devant l'autel que le père gardait aussi propre qu'au premier jour. Cet homme était juste plongé dans un désespoir sans fin que Ramar n'avait jamais su consolé ni compensé. Les deux ne s'étaient plus jamais entendus depuis la disparition, mais le jeune homme était parti dès qu'il l'avait pu, pour voyager et faire ce pourquoi sa mère était excellente : l'aventure.
Ramar avait quitté son vieux village sans attendre. Il connaissait assez bien les alentours, et pour passer le temps et son humeur, il avait voulu se rendre à Forteresse pour s'occuper l'esprit à d'autres choses. Il y avait trouvé une demande de mission, de la part d'une certaine Luz Weiss, pour retrouver un membre d'une organisation qu'elle semblait diriger. Une recherche, parfait !
*Tu vas devoir te calmer et bien te concentrer, Ramar.* dit doucement Chimère, l'écharpe blanche qui était enroulée autour de son cou. *L'annonce parle quand même d'un cerberus et de deux aventuriers...*
Je suis calme ! répondit-il, sur un ton qui suggérait l'inverse. On sait parfaitement tous ici que les aventuriers du coin sont parfois très sympathiques, mais en général, ce sont plutôt des gros cons opportunistes-
*CHUT !* la coupa-t-il. *On pourrait t'entendre.*
Ramar regarda autour de lui sans voir personne. Il se trouvait dans une rue assez large mais ce n'était pas non plus le centre-ville, c'était vide. Un peu plus loin se trouvait le bâtiment qu'on lui avait indiqué comme destination pour prendre les informations de la demande. Il répliqua donc, un peu agacé mais sans être blessant non plus.
Pour le coup, je ne vois personne, et quand bien même un aventurier m'aurait entendu, il...
*Il devrait faire attention à sa tête avant qu'on ne la lui coupe !* l'interrompit joyeusement Diolime, son épée, toujours prompte à vouloir raccourcir les gens. *Mais je ne pense pas que cette dame soit une aventurière !*
Ramar entendit Chimère renifler mentalement de dédain, tandis qu'il ne comprenait pas ce qu'elle et Diolime rapportait. Il ne voyait personne, un simple regard le lui indiquait. Il se concentra alors sur les ruelles, pensant que quelqu'un pouvait s'y tenir un peu à l'écart de sa vue, rendant son repérage plus difficile. Mais avant qu'il ait pu comprendre, il fut surpris par une jeune femme bien vêtue, non loin de lui et tout timide. Il sursauta comme jamais et se renfrogna aussitôt : ses objets se fichaient de lui allègrement dans son esprit.
Oh chut hein ! ne put-il se retenir de répliquer pour les faire taire. Oh non, pas vous, excusez-moi ! Oui oui, c'est bien moi, Ramar Aldor, j'ai prévenu en ville que la tâche m'intéressait, faisant partie de mes spécialités...
*Mon pauvre Ramar, que ferais-tu sans nous...* commenta alors Chimère, sarcastique.
Le jeune aventurier n'avait pas répliqué pour ne pas paraître plus fou encore, car il était certain de passer pour un fou désormais... Il suivit la jeune femme qui semblait très perturbée. Elle se nommait Chrystielle Keyser et s'occupait apparemment des animaux au sein de l'organisation, à un haut niveau semblait-il. La personne disparue était un proche et elle était tout naturellement en colère face à la situation. Il voyait bien que l'incompréhension de l'événement menait à cette émotion chez la vétérinaire, mais il faudrait qu'il parvienne à la calmer avant de commencer, si possible. Il ne fallait pas se laisser obscurcir le jugement par ses émotions, dans ce genre d'affaire. Enfin, il faudrait que lui aussi arrive à s'affranchir de ses humeurs dues à tout ce qu'il avait vécu dernièrement...
Il se retrouva finalement dans le bureau de la noble, à qui Chrystielle les présenta succinctement. Luz Weiss s'empressa alors d'apporter toutes les informations dont elle disposait. Ramar se concentra alors immédiatement : se mettre au travail était souvent un moyen efficace pour se vider l'esprit. Ses objets étaient aussi, à son plus grand soulagement, très consciencieux et écoutaient attentivement avec lui, sans le déranger.
Les doutes premiers allaient clairement aux deux aventuriers qui avaient accompagné le dénommé Jaïkan Shavra dans sa mission de soin d'un cerberus sauvage. Ils avaient attesté que l'homme avait réussi sa mission et en était revenu sans aucune blessure. Toutefois, d'après la noble, l'homme vivait ici avec sa famille depuis des années et avait l'habitude de ce genre de tâches. Chrystielle ne contredisait pas l'information, Ramar comprit ainsi que le problème venait effectivement des aventuriers. Ils ne pouvaient avoir tout dit, car s'ils avaient dit la vérité, alors comment expliquer que la famille de l'homme ne l'avait pas revu depuis ?
Luz Weiss s'était alors mise à le regarder, comme pour s'assurer qu'il ait compris, en suggérant une visite aux deux aventuriers soupçonnés. Ramar lui sourit aimablement en répondant sérieusement pour qu'elle comprenne bien que le message était plus que clair pour lui.
Ne vous en faites pas, il est évident qu'ils ont quelque chose à cacher et ils peuvent être des aventuriers, ça ne change rien pour moi. Je le saurai s'ils ont quelque chose à voir avec la disparition de votre ami.
*Ouais ! T'as raison Ramar ! On va leur trancher les bijoux !*
L'aventurier eut du mal à ne pas sourire au commentaire de son épée, surtout qu'il n'en pensait pas moins. Luz et Chrystielle s'échangèrent encore quelques conseils pour la première, quelques
promesses pour la seconde, avant que le début officiel de l'enquête ne commence réellement.
Almar, par où voulez-vous commencer ? Aller interroger les deux aventuriers, ou partir tout de suite à la recherche de Jaïkan dans les montagnes ? lui demanda Chrystielle en se tournant finalement vers lui.
Ramar eut du mal à nouveau de se retenir de rire. Décidément, cette mission allait vraiment lui changer les idées ! Dans tous les cas, la jeune femme lui faisait confiance pour mener à bien l'enquête et elle comme la noble semblaient toutes deux trop émotives encore pour qu'il se risque de corriger la jeune femme. Tant pis, il se nommerait Almar pour le moment alors. Il entendait déjà Chimère et sa tunique qui le raillait gentiment mais sûrement dans son esprit, mais il n'y fit pas attention, il valait mieux en rire.
Avant de répondre, il jeta un regard circulaire dans la pièce. Elle était assez spacieuse, mais il ignorait si c'était le bureau de la noble ou un quelconque autre lieu préparé pour l'occasion. Peu importait. Il comprenait juste que seule la carte pourrait leur être utile afin de retrouver l'homme s'il était encore dans les montagnes. Mais il comprenait aussi, à l'attitude de Chrystielle, qu'elle ne savait pas forcément quoi faire et serait sans doute peu efficace pour se défendre. Bien que... il n'avait pas réussi à le réparer lui-même tout à l'heure, et Luz Weiss avait semblé un peu surprise à leur arrivée aussi... Une hypothèse germa dans son esprit mais il la laissa de côté pour le moment. En faisant l'inventaire des possibilités, il savait par quoi commencer, mais le temps comptait. Il entendait quelques objets dans la pièce parler doucement, mais il n'y fit pas attention, comme souvent. Soucieux et réfléchi, il répondit donc doucement, les bras croisés, une main sur le menton.
Le temps compte, les soupçons portent clairement sur les deux aventuriers, ils sont probablement la source la plus rapide d'informations, mais aller le chercher dans les montagnes seraient potentiellement le plus souhaitable s'il s'y trouve vraiment. Le problème est que s'il ne s'y trouve pas, ce sera du temps perdu. Il faut donc commencer par les aventuriers, sans équivoque, mais sans négliger l'autre possibilité. Je ne peux vous laisser aller en montagne seule, je préfère autant que vous m'accompagniez pour les aventuriers. Vous connaissez votre mai bien mieux que moi, vous pourriez donc détecter plus facilement leurs mensonges si tel est le cas. Le reste m'incombe, ne vous en faites pas. Cependant, si par hasard vous avez la possibilité d'envoyer un familier en repérage dans les montagnes pendant ce temps là, ce serait parfait. Je n'en possède malheureusement pas, mais j'y pense, croyez-moi, surtout dans ce genre de situation.
Chimère, un peu jalouse, lui donna un petit coup sur la tête. Il n'y fit pas attention. Il fallait se dépêcher, aussi se dirigea-t-il vers la sortie, attendant Chrystielle. Il avait beaucoup parlé, mais il s'empressa d'ajouter à l'intention des jeunes femmes, en montrant la carte holographique.
Par ailleurs, je connais assez bien la région pour y avoir passé quelques années, mais une carte comme celle-ci ou une autre, assez précise autour de la zone de disparition, nous serait probablement utile. Évidemment, je la rendrai ensuite, loin de moi l'idée de paraître impoli. Je crois que mes compères aventuriers nous font déjà une certaine réputation que je ne saurai répercuter...
Son regard s'assombrit quelques instants. Même Diolime ne broncha pas. Cette fois-ci, l'humeur du jeune homme était pleinement partagée. Si ces aventuriers avaient quelque chose à se reprocher, il saurait leur faire comprendre leur erreur, à sa manière. Ramar se tint ainsi près de la porte, attendant réponse et surtout, le départ.
3ÈME LUNE DE LA SAISON FROIDE DE L'AN 1001
- Des...familiers en repérage ?
Je pense d'instinct à mes trois renards de saison. Aucun d'eux ne pourra vraiment nous êtres d'une très grande aide. Ota pourrait, elle qui est si sage et si gentille. Mais je ne ferai pas l'erreur de l'envoyer seule dans un endroit qu'elle ne connaît pas, et remplie de créatures prête à la manger pour le petit-déjeuner.
- Je n'en possède aucun pouvant répondre à la demande. Mettons nous rapidement en route pour aller voir les deux aventuriers à la Forteresse. Plus rapidement nous aurons fait ça, plus vite nous pouvons partir à la recherche de Jaïkan.
Je fais rapidement la bise à Luz avant de partir. Dehors, Ota, Hareka et Mohira attendent "bien sagement" mon retour. Hareka tourne autour d'Ota qui s'en fiche royalement, tandis que Mohira continue encore et toujours de dormir en boule dans un coin.
- Bon allez la troupe, on y va !
J'ai laissé Ernest et Auguste chez moi. J'ai pleinement confiance en eux, et je sais qu'ils vont pouvoir survivre quelques jours sans moi. Eux, je n'en suis pas très sûr, donc j'ai préféré prendre tout l'élevage.
La route jusqu'à la Forteresse se fait plus rapidement que prévus. Montrant patte blanche à l'entrée, les gardes nous laissent passer en nous emmenant directement à la salle où les deux aventuriers nous attendent. A l'intérieur, seul une table et quatre chaises servent de décoration.
Les deux aventuriers nous regardent entrer, mes trois familiers courant déjà partout dans la salle.
Je laisse l'aventurier qui m'accompagne mener l'interrogatoire. Si je devais le faire, je ne pourrais pas forcément me retenir. Je suis d'un naturel passive, mais la disparition d'un de mes amis me fait voir rouge très rapidement.
L'aventurier réfléchissait. Sa collègue n'avait pas à sa disposition de familier suffisamment autonome ou aguerri pour effectuer une reconnaissance en forêt. Ce n'était pas grave, en soi, ils iraient vite avec les aventuriers. Mais il envisageait sérieusement la possibilité d'en trouver un, un jour, de façon à pouvoir palier aux difficultés comme celle-ci.
*Ramar, il faut y aller.*
Ramar sortit de ses pensées pour constater que Chrystielle sortait de la pièce. Il fit un signe respectueux à la noble avant de prendre sa suite. A l'extérieur, trois petits renards attendaient la vétérinaire. Ils semblaient chacun avoir leur personnalité. Instinctivement, il les compara à ses objets qui avaient eux aussi chacun une personnalité bien distincte parfois. Il sourit donc et se mit en chemin après l'injonction de la jeune femme à ses familiers, la prenant pour lui aussi sans y faire attention.
L'ambiance dans la salle lorsqu'ils arrivèrent n'était pas au plus haut. Il n'y avait qu'une table et quatre chaises, les deux aventuriers assis sur deux d'entre elles. Austère mais simple. Si les deux compères n'avaient pas encore compris dans quelle situation ils étaient, ça aurait été de grands naïfs ou de purs innocents.
Mais la nervosité de l'un d'entre eux les trahissait. Ramar n'eut pas beaucoup de doutes quand à la suite des événements. Les trois petits familiers s'amusaient tranquillement tandis que la passivité manifeste de la vétérinaire montrait clairement qu'elle laissait faire son collègue. Sans faire attention à elle, bien qu'il n'ait pas conscience que ce ne soit pas de son fait, il tira une chaise, lentement. Puis il sortit Diolime et la posa de tout son long sur la table avant de faire de même, dans l'autre sens, avec Nolune, son autre épée. Il les attendit jubiler sournoisement dans son esprit, mais n'y fit pas attention. Toute son attention était concentrée sur ce qu'il faisait.
Il prit Chimère, la déroula lentement de son cou, pour la placer sur ses armes, enroulée sur leurs lames, à la manière d'un serpent près à bondir et mordre. Elle manifesta son accord dans son esprit. Ramar sourit en coin. L'écharpe était intelligente et avait saisi sans mal ses intentions. Il s'assit alors, doucement, pour enfin regarder en détails les deux individus.
Ils n'étaient pas désarmés ou menottés. L'un avait une masse imposante dans son dos tandis que l'autre une épée classique et visiblement un poignard à la ceinture. L'aventurier à la masse avait une musculature et une stature clairement impressionnantes. L'autre était plus mince mais restait plutôt massif. C'était lui qui laissait apparaître une trace de nervosité sur son visage. Ses sourcils étaient froncés et un tic nerveux agitait le coin de ses yeux. Voyant que l'homme commençait à s'agiter, Ramar prit finalement la parole et se présenta.
Bonjour messieurs. Je suis Ramar Aldor et nous recherchons un homme répondant au nom de Jaïkan Shavra...
Il s'interrompit, constatant la surprise dans les yeux des deux interrogés, qui louchèrent sur les familiers. Ramar reprit, laissant ça de côté.
...D'après ce que nous savons, vous êtes les derniers à l'avoir vu. Je vous demanderai donc de tout me raconter, sans omettre le moindre détail, si possible. Chaque détail compte quand on recherche quelqu'un, donc ne soyez pas avare, je vous en prie.
D'un geste de la main, il les encouragea à y aller. Il s'était montré, pour le moment, coopératif. Il ne voulait pas les laisser comprendre qu'ils étaient effectivement des suspects. Il fallait leur mettre le doute, et analyser tout ce qu'ils diraient et feraient. Comme il l'avait dit, chaque détail comptait. Les mettre en confiance en retirant ses armes et en se mettant à l'aise était la première étape. S'asseoir et présenter de façon objective la situation était la deuxième étape consistant à réellement mettre le doute dans leurs esprits. La troisième étape était de bien les observer pendant qu'ils parleraient. Car, en réalité, ce que Ramar visait n'était pas l'esprit de ces deux aventuriers mais celui des objets qui les accompagnaient.
D'expérience, il savait que montrer à d'autres objets qu'il prenait soin des siens étaient une étape importante pour gagner leur confiance. Et laisser planer le doute visait surtout à faire comprendre à ceux-ci qu'ils pourraient parler de leurs propriétaires sans crainte. Bien qu'il ne manquait qu'une petite étape encore pour ça... Que Chimère s'empressa de compléter tandis que les deux suspects s'interrogeaient du regard.
*Bonjour à vous, Ramar m'a donné un nom, Chimère, et nous permet à nous autres, objets, de parler avec lui sans qu'aucun autre humain ne soit capable de nous entendre. Nous vous prions donc de parler, afin qu'on puisse comprendre ce qu'il s'est passé. N'hésitez pas à corriger ou compléter ce que vos propriétaires pourront dire. Comme il l'a dit, le moindre détail à son importance. Qui plus est, il n'y a qu'avec lui, que vous pourrez parler...*
Elle se tut et n'eut aucune réponse. Pour le moment. Ramar se doutait que les objets attendraient d'en savoir plus. Mais il sentait déjà, à l'ambiance qu'il sentait dans son esprit qu'il y avait une tension en suspend.
Ce fut l'aventurier à la masse qui prit la parole en premier. Il était brun, les cheveux courts mais tout le reste sa pilosité était abondant. Il aurait pu inspirer confiance avec sa stature et son visage apparemment franc, mais Ramar ne s'y fia pas. Il avait une voix forte et claire. Il ne tremblait pas, le bougre !
Comme nous l'avons déjà dit, nous avons simplement accompagné le gars dans les montagnes. On s'est retrouvé pour partir à la porte menant vers la forêt au Nord, et on l'a suivi. Il semblait bien savoir où il fallait aller. Il avait surtout peur de se faire attaquer par des créatures. 'Savez, il avait raison. Dans le coin, on a de sacrés bestioles qui faut pas déranger ! Elles vous bouffent un bras ou une jambe si vous y faites pas gaffe ! Il rigola avant de reprendre. Au final, on est tombé sur un foutu warg noir, c'est mon ami qui se l'est fait. Il voulait nous bouffer, j'pense, mais il était trop vif pour moi. J'ai fait l'appât et c'est lui qui l'a eu. Ensuite on a eu un grognours ! Ah c'était cool ça ! Il était pour moi lui, mais votre ami, Jaïkan, a vraiment eu peur.
Il se tourna vers l'autre aventurier et lui balança un petit coup de coude dans les côtes, qui faillit le faire tomber de sa chaise. Le brutal était très visiblement tout fier et l'autre lui lança un regard noir. Une petite voix sombre retentit alors soudainement dans l'esprit de Ramar.
*Quel rustre... Il ne se rend pas compte de sa force lui...*
Ramar évita de montrer une quelconque réaction. Cela ne révélait rien pour le moment. Mais ça allait bientôt devenir intéressant, il le sentait. L'aventurier musculeux reprit alors, tout dans sa fierté.
Mais il nous a aidé, il nous a dit qu'on pouvait juste lui donner de la nourriture et fuir. Du coup, on lui a lancé de la nourriture et je l'ai attaqué. Ah c'était fort comme méthode ! La bête, occupée à fouiller dans ce qu'on lui a jeté, a pas vu ma belle masse lui arriver sur le coin du crâne ! Oh ça n'a pas suffit, mais après ça, je m'en suis occupé seul ! Une belle bataille épique comme je les aime ! Il m'a même laissé un petit souvenir, tenez regardez !
Il montra une profonde entaille dans ses vêtements au niveau du côté de l'abdomen. Ramar observa surtout qu'il ne l'avait pas réparé et qu'il n'avait pas même un bandage. Pourtant, ça aurait dû avoir lieu une semaine plus tôt... Avait-il un pouvoir de guérison ou autre lui permettant de ne pas avoir été blessé ? Ou mentait-il purement et simplement ?
Bon heureusement, j'ai une capacité utile dans ses cas-là, ses griffes ont juste touchés de la pierre, mais c'était quand même une belle bête, hein Omen, pas vrai ?!
Il faillit remettre un coup de coude dans le dénommé Omen qui esquiva de justesse, plutôt ronchon. Mais cela n'attira pas l'attention de Ramar qui écoutait plutôt quelque chose d'autre parler pendant ce temps là.
*Ah ça c'est sûr ! Une belle bête plus propre que lui ! Regardez dans quel état il me laisse ? J't'envie, Chimère, tu es pas déchirée, toi au moins...*
*Je suis désolée pour toi, ma pauvre... C'est que pour un aventurier, Ramar prend soin de sa tunique même s'il a été blessé, contrairement à ton propriétaire...*
*Oui, enfin sauf quand il me bave dessus en dormant !* répliqua l'intéressée, amusée.
Ramar entendit la tenue de l'homme rire à la remarque de sa propre tenue. Bien. Le contact était passé. Et cela validait pour le moment le récit du gaillard. Maintenant, la suite...
Belle prouesse, en effet. Veuillez poursuivre, je vous prie.
L'homme s'ébouriffa la tête avant de reprendre en s'excusant.
Oui, désolé. Ben après ça, on n'a pas eu spécialement de souci. Je crois que le Jaïkan a pas trop aimé ma façon d'utiliser son conseil, mais au moins il était en vie. Il a beaucoup parlé avec Omen après ça, moi je m'occupais plutôt de chasser les petites bestioles qui nous croisaient et les branchages, vu que je suis le plus grand. Ensuite il nous a dit de faire très attention et le moins de bruit possible. D'après ce qu'il a dit, le gros chien qu'il voulait soigner était craintif et restait pas trop loin de sa meute. Fallait surtout pas attirer la meute sinon on aurait pas été bien, d'après lui. Moi j'aurai bien testé mais bon, on a fait ce qu'il a dit...
*Mais quel idiot, vraiment !* commenta à nouveau la petite voix sombre. Ramar ne parvenait pas à identifier de quel objet cela venait, encore.
...Le doc s'est retrouvé avec le gros toutou, je sais pas comment il fait pour y arriver mais la bestiole le laissait faire sans broncher. Doué le doc ! Nous, on a juste attendu, aux aguets, mais ça a été. La meute a rien remarqué. Il a pu faire son job, puis on a fait demi-tour. Et grâce à ma prestance, on n'a pas été embêté du tout ! Bref, retour sans encombre, je l'ai lâché avec Omen pour aller prévenir la Guilde. Et le pote m'a rejoint pour fêter ça et raconter nos exploits à la taverne à côté ! Pas vrai ? Il était bien vif ce warg quand même ! Mais pas aussi costaud que mon grognours ! Héhé !
L'aventurier railla à nouveau son camarade en lui collant une bonne grosse bourrade dans le dos, que l'autre ne parut pas trop apprécier, comme tout le reste depuis le début. Il se retrouva le torse collé à la table, le visage rouge.
Oui, Björn, c'est ça, c'est ça... répondit-il sur un ton clairement agacé.
*Ah, encore un comme ça, et je pense qu'il me plantera dans son bras, comme avec l'autre...*
Ramar comprit finalement à qui appartenait cette petite voix. C'était la dague du dénommé Omen. L'homme avait les cheveux longs et bruns comme son compère. Son visage était toutefois plus fin, même si sa carrure était tout à fait correcte, il ne faisait clairement pas le poids physiquement. Il semblait en effet plus agile que Björn, collant effectivement avec la version du warg noir. A ne pas sous-estimer. Ramar se méfiait plus d'un homme comme lui que d'un comme le guerrier né.
Toutefois, il fallait confirmer les soupçons désormais, et avoir l'avis de Chrystielle. Il restait encore à faire, et ce fut Chimère qui tenta la première.
*L'autre ? Tu parles de Jaïkan ? Il s'est passé quelque chose entre ton propriétaire et lui ?*
Aucune réponse. Ramar attendit que Björn reprenne son sérieux et son calme sur sa chaise avant de se tourner vers Omen pour l'encourager à poursuivre.
Merci. Si je comprends bien, c'est donc vous, Omen, qui avez vu Jaïkan en dernier. Pouvez-vous nous raconter donc la suite, je vous prie ? Evidemment, n'omettez aucun détail si possible.
L'homme jeta un regard noir très furtif à son camarade, avant de se tourner vers Ramar, essayant visiblement de prendre meilleure contenance. Le jeune homme ne vit toutefois pas le regard de Björn en réponse : à la fois choqué et désolé. Chrystielle l'avait peut-être perçu. En tout cas, son collègue espérait qu'elle ne serait pas décontenancée par sa façon de procéder. Il savait que sans connaître son pouvoir, c'était difficile de comprendre, surtout là qu'il faisait visiblement confiance aux paroles du grand guerrier, apparemment sans remise en question. Il espérait donc qu'elle le laisserait faire et surtout qu'elle saurait reconnaître son ami dans son histoire. Dans les faits, c'était sur l'histoire à venir qu'elle pourrait avoir des doutes, il en était lui-même déjà certain. Mais était-elle assez sereine pour bien voir tout ça ? Il n'avait pas eu le temps d'échanger réellement avec elle...
3ÈME LUNE DE LA SAISON FROIDE DE L'AN 1001
J'ai beaucoup de mal à comprendre ce qui se passe. Peut-être est-ce dû au stress de ne pas retrouver Jaïkan vivant, ou même...en un seul morceau. Ou bien est-ce à cause des trois renardeaux qui courent dans tous les sens, manquant de renverser tout ce qui se trouve à leur porté.
Je récupère rapidement un poisson qu'Hareka voulait manger. Sa simple odeur me certifie dans le fait qu'il ne soit pas très très frais.
- Ne mange pas ça, voyons !
- Mais j'ai faim !
- Tu as déjà mangé ! Tu attendras le repas du midi.
- Non ! Je veux le poisson ! Je veux je veux je veux !
Le renard roux me fonce alors dessus, pour finalement essayer de me sauter dessus. Dans la panique, je lance le poisson pourri là où il ne pourra pas l'attraper. Je repère une armoire assez haute, et arme mon bras.
Mais malheureusement, ma force n'est pas aussi puissante que je ne l'aurai pensé. le poisson atterrit de façon visqueuse sur le visage de Ramar, qui venait de poser une question au deuxième aventurier.
- Hoooo....je peux faire comme maman ?
- Je suis complètement désolée ! Je...besoin d'aide pour l'en-l'enlever ?
J'ai l'impression d'avoir pourri tout l'interrogatoire. Les deux aventuriers se regardent brièvement et, dans un seul mouvement, se lève pour se diriger vers la porte.
- Nous sommes attendue quelque part d'autre, fit un des deux. Veuillez partir rapidement.
L'interrogatoire est terminé et ce, à cause de ma maladresse...Des cours existent-ils pour être plus adroite ?
Ramar se retrouva tout à coup victime d'un malheureux accident qu'il n'avait pas vu venir. Un poisson relativement avarié venait de se coller à la peau de son visage. La viscosité et l'odeur nauséabonde de la chose faillirent avoir raison de son estomac, sur le coup, mais il parvint à se retenir.
Il libéra rapidement son visage et reposa l'arme maritime sur la table tandis que les deux aventuriers en profitèrent pour se retirer, dans une fuite désormais évidente. Ils les prièrent de partir afin qu'ils puissent rejoindre un autre lieu où ils seraient, semblait-il, attendus. Le jeune homme ne put les retenir car il préféra rassurer, malgré tout, la jeune femme qui s'était confondue en excuses.
Ne vous en faites pas, ce n'est rien. Décidément, vos familiers sont bien joueurs ! Mais je ne suis pas certain que cela soit judicieux pour eux de manger de la nourriture aussi peu fraîche...
*C'est toi qu'est pas frais ! Ahahah !* répliqua son épée, Diolime, souvent la plus encline à raconter n'importe quoi et donc à rire.
Ramar entendit ses autres objets rirent à l'unisson et il ne put s'empêcher de se laisser embarquer dans l'humeur. Seule sa tunique semblait ne pas apprécier la situation, mais alors pas du tout...
*Non non non non non, Ramar ! Tu ne vas pas... oser !? Non, tu n'oserais... pas ?! RAMAR !?*
Elle devenait de plus en plus hystérique alors qu'il approchait lentement sa manche de son visage pour venir l'essuyer. Il n'avait malheureusement pas de serviette avec lui.
Et si...! lui chuchota-t-il alors qu'il s'essuyait.
*Nooooooooon ! Euuuurk !*
Si, si, si !
Les rires de tous ses objets éclatèrent bruyamment dans son esprit tandis qu'il les accompagna. Du point de vue de Chrystielle, le jeune homme devait sembler fou : il venait de se prendre un poisson sur le visage, pas frais, et il éclatait de rire tout seul après s'être essuyé...
Cependant, même Chimère était hilare et Ramar ne put s'empêcher de la taquiner, elle aussi, ne se souciant plus du tout du reste de la pièce.
Attention, Chimère... Tu serais bien plus pratique pour servir de serviette... ! la menaça-t-il sur un ton parfaitement amusé en approchant doucement sa main d'elle, sur la table.
Étrangement, elle cessa immédiatement de rigoler et peu à peu, l'hilarité générale retomba. Ramar prit un peu de temps, du coup, pour se calmer et s'excusa à son tour auprès de la vétérinaire.
Veuillez m'excuser... La situation s'est avérée très amusante pour mes objets et moi. Voyez-vous..., il se gratta la tête, visiblement embêté, J'ai la capacité de faire parler les objets, et ce petit accident nous a bien fait rire, mes objets et moi... Enfin, peut-être pas vous, mais... Bref, on a bien rigolé grâce à ce poisson, ne vous en faites pas, il a beau ne pas être frais, il nous a bien rafraichis, nous !
Il se rendit aussitôt compte de la piètre qualité de son jeu de mots, ce que Chimère ne manqua pas de lui faire remarquer en se moquant de lui et de son "choix de mots un peu chaud"... Il ne put s'empêcher alors de venir se frapper doucement le front de la main, signe qu'il se désespérait lui-même et que Chimère, pour le coup, ne l'aidait pas le moins du monde à s'en sortir !
Mais il finit par reprendre un peu contenance et elle l'aida en lui rappelant la mission et ce qu'il devait rapporter à sa collègue. Il ne s'embêta pas et répéta simplement ce que Chimère lui dictait, docilement.
Pour en revenir à l'interrogatoire, les aventuriers sont partis mais leurs objets m'en ont appris bien plus qu'eux-mêmes. Le dénommé... Björn... Enfin le gars balèze avec la grosse masse... répéta-t-il alors, peu à peu, laissant à chaque fois Chimère lui parler avant d'énoncer ce qu'il entendait sans trop y réfléchir. Il en a une bien bonne, lui - roh Chimère !
Il s'emporta légèrement vers son écharpe pour la rabrouer avant de s'excuser à nouveau et de reprendre, plus sérieusement et sans l'aide de son écharpe.
Désolé, je répétais les paroles de mon écharpe et elle n'a pas su se retenir de me faire cette farce, excusez-moi, vraiment. Bref, ce Björn, il est innocent mais c'est possible qu'il devienne complice pour protéger son ami. Tout ce qu'il a raconté a été confirmée par sa tunique, qui se plaignait d'ailleurs du peu d'entretien qu'il en faisait, surtout quand il a parlé des traces que le grognours lui avait laissées. Ahah, aussi peu délicat qu'un grognours, justement, même son physique s'en rapprochait, à croire qu'il l'avait mangé !...
Il avait tenté une petite boutade pour mettre un peu l'ambiance mais sa tentative n'avait clairement pas le niveau pour... Il se reprit de suite et continua, sérieux à nouveau, malgré les rires de moquerie de ses épées et sa tunique.
Bref, la dague de l'autre, Omen, n'a rien révélé de précis mais rien de rassurant non plus. Apparemment, le gars l'aurait planté dans le bras de quelqu'un d'autre, mais nous n'avons pas réussi à en savoir plus. Mais vu ses réactions, leur fuite juste avant et ce que la dague a révélé, j'en déduis que Jaïkan n'est pas mort, si c'est bien de lui qu'il s'agit. Ils étaient pressés et le deuxième aventurier a clairement quelque chose à cacher, il a profité de l'occasion pour esquiver ma question. Je suis quasiment certain qu'il n'a donc pas fait que raccompagner votre ami sur le chemin. Je pense qu'il doit le séquestrer quelque part pour lui soutirer, par exemple, des informations sur des créatures rares, je dirai, vu les connaissances de notre recherché. Je pense aussi que Björn n'était pas au courant et qu'il l'a compris pendant que j'ai posé la question. Nous n'aurons donc qu'à suivre...
*...l'odeur du grognours à la trace...* compléta Chimère, doucement, comme susurrant à son oreille. Ce qui fonctionna, il répéta mot pour mot sa bêtise.
...l'odeur du grognours à la trace... Euh... Je veux dire... Encore mon écharpe qui m'induit en erreur, désolé... Si on les suit simplement, ils feront une erreur qui révèlera ce qui nous manque, je pense. En fait, vu la naïveté du grog- de Björn, il y a des chances pour que, si on leur laisse un peu d'avance, on les retrouve assez vite en train de se chamailler et donc se compromettre. Omen n'avait pas l'air content du tout de l'idiotie du grand gaillard, ni sa dague par la même occasion. Il y a donc de grandes chances qu'ils s'embrouillent sur le fait que le petit n'ait pas mis au courant le grand...
Il regarda Chrystielle et ses familiers, cherchant à savoir si elle arrivait à emmagasiner ses informations et la nouvelle. Jaïkan ne pouvait pas être mort s'il avait raison, Omen avait besoin de lui vivant. Par contre, son état, c'était autre chose... S'il était assez vicieux, il pourrait bien avoir torturé le membre de l'Astre. Mais se précipiter ne servirait à rien, il fallait plutôt suivre l'accusé sans qu'il ne s'en aperçoive, jusqu'à l'endroit voulu. Et ça, Ramar n'aurait aucun mal à le faire dans une ville aussi grande que celle-ci.
Les trois petits renards semblaient beaucoup s'amuser, ils devaient être jeunes encore. L'aventurier les observa un bref moment et proposa une petite pause à la directrice d'il ne savait trop quelle branche de l'Astre de l'Aube.
Si vous me le permettez, nous allons pouvoir faire une petite pause, le temps pour vous et moi de nous occuper de nos petits protégés. Nous pourrons les rattraper sans mal dès que vous le souhaiterez. Je n'aurai pas de mal à les retrouver, et je suis certain que vous ne manquez pas non plus de ressources. Pour ma part, il faut que je calme un peu mes objets...
Il se tourna alors vers ses épées et son écharpe qui s'éleva, à la manière d'un serpent.
*Toi ? Nous calmer ? Avec ton sens de l'humour ? Ok, je te mets au défi de réussir à faire rire la table alors, pour voir !*
Ramar sourit et ne se laissa pas démonter. Il acceptait le défi de son écharpe. Il n'avait pas l'habitude qu'elle bouge autant devant quelqu'un d'autre, par ailleurs, mais au point où il en était pour aujourd'hui... En y repensant, grâce à Chrystielle, il avait non seulement une mission mais aussi eu une bonne rigolade avec ses amis. Sa mauvaise humeur était finalement repartie grâce à elle, ce qui n'était pas forcément simple...
Bien, mon écharpe me met au défi de faire rire la table, je vais vous laisser un peu tranquille avec vos familiers pour le relever, mais on peut se lancer à leur poursuite quand vous voudrez !
Il se replaça sur sa chaise et s'écarta un peu. Il aurait l'air vraiment idiot à parler à une table...
Bien, essayons ça alors. Qu'est-ce qu'il y a de pire qu'une limace écrasée ?... Un Glooby écrasé !... Non ? Bon, alors qu'est-ce qu'il y a de pire qu'un Glooby écrasé ?... Deux Gloobies écrasés ! Ahah !... Non plus ? Mmh... Qu'est-ce qu'il y a de pire que deux Gloobies écrasés ?...
*Trois Gloobies écrasés...?* tenta Nolune, son autre épée, en général plus mesurée que la première.
Non ! Un Glooby dans un autre Glooby !... Non plus ? Vous êtes durs là... Mmh... C'est l'histoire d'un Glooby qui respire par les fesses, qui s’assoit. Et qui meurt.
*Mais arrête avec les Gloobies ! Qu'est-ce que tu as contre eux ?! Laisse-les tranquille !*
Ramar se renfrogna un peu.
Rien du tout ! Ok, ok... Euh............ Rah j'ai que ça alors hein ! Qu'est-ce qu'il y a de pire qu'un Glooby dans un autre Glooby ?... Un Glooby dans deux Gloobies écrasés ! Ahaha !
Son seul retour fut un silence éloquent. Ramar commençait à désespérer un peu, alors.
Mmh... C'est l'histoire de Pouf, le Feu follet. Il rentre dans un lac, et Pouf, le Feu follet !... Non plus........ Comment on appelle un Warg qui n'a pas de pattes ?... On ne l'appelle pas, on va le chercher ! Ahah
*Mais tu as fini avec les animaux ?! T'es pas croyable, laisse-les, les pauvres bêtes...*
Ok... Euh... C'est l'histoire d'un aveugle qui rentre dans une taverne. Puis dans une table, et dans une chaise, et dans un mur... Non plus ? Roh, faudrait savoir !... A quoi sert la noblesse d'Aryon ?... Aryen. Oui bon, je ne sais pas, je l'ai lu dans un livre, il y a longtemps, bon... Une dernière alors : Quelle est la différence entre une table et une chaise ?
*La chaise est à quatre pattes tandis que la table est debout ?* tenta Diolime.
Ramar répondit non de la tête avant de donner la réponse, souriant mais pas rassuré.
La table est mieux élevée, elle sent pas le cul des gens, elle !
A sa surprise, une nouvelle voix éclata de rire dans son esprit. Il avait réussi ! Mais qu'est-ce que ça avait été fastidieux ! Et Chimère se fit un plaisir de le lui rappeler.
*Ok, Ramar, tu as réussi. Mais sérieusement, arrête l'humour, c'est pas ton style, vraiment !*
Le sourire de l'aventurier devint un peu jaune. Il ramassa ses armes et son écharpe pour les remettre à leurs places. Il jeta un regard vers Chrystielle, espérant qu'elle n'avait pas trop suivi ses échanges avec les objets ou qu'elle ne le prenait pas pour un fou total, et lui demanda, la main vers la porte :
Je suis prêt, si vous le voulez. Sachez que j'ai réussi, mais décidément, j'aurai besoin de cours d'humour, c'était étonnement plus difficile que je ne l'aurai cru ! Enfin, on va chercher Jaïkan ?
- Résumé des blagues pourries, juste pour aider:
- 1) Le "Si si si !" très sadique et inutile pour le fait de s'essuyer avec sa tunique
2) La Menace de l'écharpe utilisée comme serviette (Oui bon bah quoi ? Fallait bien que je lance l'ambiance avec les objets moi hein xD)
3) Jeu de mots entre "frais" et "rafraichis"
4) Allusion "Il en a une bien bonne" (Il est 23h passé ! )
5) Comparaison maladroite entre un aventurier et un grognours, sur la longueur et notamment avec l'odeur (Bof, mais bon, quitte à avoir l'air con, fallait bien que j'enfonce Ramar !)
6) Le Glooby écrasée
7) Les 2 gloobie écrasés !
8) Un Glooby dans un autre Glooby !
9) Le Glooby qui meurt assit x)
10) Un Glooby dans 2 Gloobies écrasés (Vraiment désolé pour les Glooby !)
11) Le Feu follet nommé Pouf qui pique un tête
12) Le Warg sans patte
13) L'aveugle qui rentre dans une taverne
14) La Noblesse d'Aryon x)
15) La différence entre une chaise et une table !
Bon, il y en a plus que ce que je pensais, il doit bien y en avoir 10 qui sont valides dans le tas. Oui, j'ai fait 10.... =O
Et désolé les Glooby ! Je vous aime bien en vrai !
3ÈME LUNE DE LA SAISON FROIDE DE L'AN 1001
Ramar me fait peur. Clairement. Je rigole nerveusement, et me frotte le haut du bras gauche avec ma dextre, en cherchant quelque chose à regarder.
- Haha...Oui...oui...Bon bah...je...je v-vais m'occuper de mes ren-renardeaux, hein...
Je pars tranquillement, à grandes enjambées, le plus loin possible dans la direction opposée. Je récupère Ota et commence à la caresser nerveusement pour me calmer. Elle ne comprend pas forcément, mais ne montre aucun signe de colère...
J'attend donc patiemment dans mon coin que Ramar est fini avec son monologue intérieur. Il m'a expliqué son pouvoir, mais j'ai surtout l'impression qu'il n'est pas seul dans sa tête...ais-je bien fait de partir SEULE avec lui ? J'aurai dû insister auprès de Luz pour qu'elle vienne avec nous...
Une fois fait, je pars dans la direction de la sortie, en parlant à l'aventurier pour qu'il puisse me repérer.
- Je vous laisse passer devant, dans ce cas. Je ne vous serez d'aucune utilité. Ne sachant pas traquer, courir ou même me battre, tant qu'on ne tombe pas sur des animaux, je ne serai là que pour de la figuration.
Je siffle mes trois renardeaux. Ota arrive tout de suite, Mohira continue à ronfler comme pas possible et Hareka...fait du Hareka. Heureusement que la petite femelle a assez de caractère pour trois, et qu'elle va les chercher en leur tirant l'oreille pour qu'ils se dépêchent.
- Allons y, alors !
Sur le signal de Chrystielle, ils sortirent donc des locaux. Ils prirent ensuite la direction qu'on leur avait indiqué à l'entrée à la demande de Ramar. La fuite précipitée des deux aventuriers semblait évidente, et on s'étonna de voir les deux enquêteurs avec autant de retard.
Chrystielle semblait prendre ses distances avec le jeune homme, mais pouvait-il sérieusement lui en vouloir pour ça après la scène qu'il lui avait offert ? En toute honnêteté, il estimait que oui, compte-tenu de la scène précédente avec le poisson. Mais il était trop habitué à être incompris voire douté pour s'en formaliser plus que cela. Il ne se concentrait que sur son objectif : retrouver Jaïkan.
Chimère à son cou, la vétérinaire le talonnant avec ses petits familiers, il avançait tranquillement entre les rues. Il savait parfaitement qu'ils ne devaient pas trop tarder, mais il avait confiance en sa capacité, espérait même que la réussite de la démarche convaincrait la jeune femme à lui faire plus confiance sans méfiance. En demandant de temps à autre à divers objets sur le chemin, comme une poignée, un tonneau ou encore un sceau, il la mena peu à peu sur la piste des suspects.
La vie du disparu tenait probablement à un fil, celui du timing de leur intervention. Une tension avait naquit entre les deux aventuriers pendant l'interrogatoire. Et une tension importante telle une épée de Damoclès avait surgit sur les épaules d'Omen. Il risquait d'être découvert et devait donc se débarrasser des preuves au plus vite. Ramar était certain, donc, grâce aux doutes qu'il avait insufflés pendant la séance, que l'aventurier se dirigerait droit vers le lieu où il menait son activité. Au mieux, là où se trouvait son détenu.
Toutefois, l'autre énergumène avait compris la situation aussi, et avait décidé de couvrir son ami. Mais ce ne serait pas gratuit. Cet homme, Björn, était fier, Ramar se doutait qu'il provoquerait une esclandre avec l'autre. Là, cependant, s'arrêtait tout ce que le jeune aventurier et ses objets étaient pour le moment capable de deviner. Il pouvait y avoir un lieu, comme deux voire plus. Le dénommé Omen pouvait s'allier avec Björn pour leur barrer la route en le postant dans un endroit clé, ou ils pouvaient encore se battre sans parvenir à un accord entre eux...
L'entretien n'avait pas révélé assez d'éléments pour pouvoir déduire plus que ces hypothèses. La seule certitude qu'il avait, c'était qu'Omen les mènerait d'une manière ou d'une autre à Jaïkan. Le tout restait à déterminer comment... Le "quand" fut donné par la lanterne vacillante au gré du vent sous un porche.
Le porche en bois formait l'angle d'un croisement entre deux rues désertes. Ils s'étaient arrêtés là afin que Ramar demande des informations aux objets présents, la lanterne éteinte lui avait répondu tristement. Les deux hommes s'étaient séparés ici, apparemment après une vive discussion qu'ils avaient entamée bien avant. D'après l'objet, ils étaient parvenus à un accord et s'étaient séparés pour "répartir les tâches". Le plus "gros" d'entre eux devait s'occuper de "ranger les peaux" dans une grange et de les brûler, tandis que l'autre, le plus "petit", partait dans la "cave de sa famille" pour "faire taire le doc".
Jusque là, Ramar n'avait échangé que brièvement avec les objets rencontrés, laissant Chimère demander les détails au besoin, et surtout ne faisant qu'indiquer ensuite la direction à prendre à sa coéquipière. Les informations obtenues, cette fois-ci, ne pouvaient être gardées et il s'appliqua à les lui répéter gentiment mais fermement, se servant des familiers pour repérer la jeune femme.
Voici la situation, madame Keyser. Björn et Omen se sont pris la tête sur le chemin mais sont parvenus à un accord, en se séparant ici. Le premier, le plus imposant, est parti dans cette direction pour effacer les traces de l'activité de l'autre. Il semblerait qu'il fasse des peaux pour les revendre, probablement grâce à du braconnage. Ils ont parlé de brûler des peaux. J'imagine qu'il en avait après votre ami pour ses connaissances et ainsi élargir son activité. Même si je n'en doutais déjà pas beaucoup, c'est une preuve de plus que votre ami est sans doute vivant. Cependant, nous devons nous hâter, car Omen est parti dans l'autre direction, visiblement pour le faire disparaître. Il semble que nous n'ayons plus que cinq minutes de retard sur lui. Si on se presse, on pourra l'arrêter à temps.
Scinder l'équipe en deux pour arrêter les deux aventuriers ne lui était même pas passé par la tête. Chrystielle avait bien dit qu'elle ne serait d'aucune aide dans un combat et la mission ne consistait après tout qu'à retrouver le vétérinaire. Il reprit donc la route, pressant cette fois-ci le pas, dans la direction indiquée par la lanterne.
Au bout de quelques rues, à peine, ils arrivèrent en bordure des habitations et un chemin menait vers une vieille masure, direction prise par Omen à peine deux minutes plus tôt, d'après une dalle installée au sol pour indiquer différentes directions. Il se tourna alors vers les familiers de Chrystielle puis elle, se baissant légèrement, pour se mettre sur ses gardes. La vieille maison trônait à une trentaine de mètres plus loin sur une petite colline. Elle était suffisamment isolée et bien placée pour commettre toutes sortes de méfaits en toute impunité et surveiller les alentours. Il s'adressa donc à elle pour la prévenir avant débuter le sauvetage et lui proposer une démarche.
C'est ici. Il est possible qu'il garde Jaïkan dans un sous-sol, soit sous la maison, soit plus en arrière, dans une extension comme un jardin ou je ne sais quoi. D'après ce que je viens d'apprendre, il n'y a qu'une vieille femme vivant ici, et Omen qui vient d'y arriver. Je suppose que c'est sa mère, elle n'est probablement pas au courant des activités du fils, mais je peux me tromper. C'est tout ce que je sais, il y a peut-être des animaux cependant, mais si c'est un braconnier, je doute qu'il apprécie beaucoup leurs compagnies, et inversement. Je vous propose de contourner pour aller explorer derrière, tandis que je vais explorer l'intérieur. Soyez évidemment la plus discrète possible, mais je ne me fais pas de souci pour ça vous concernant... Si jamais vous rencontrez la moindre difficulté, n'hésitez pas à hurler pour m'appeler et je vous rejoindrai aussitôt, ou alors attendez-moi si vous découvrez quelque chose. Évidemment, si vous avez la possibilité de secourir votre ami sans vous attirer de problème, faites. Je vous laisse mon écharpe, Chimère. Tant que nous ne sommes pas trop loin, je pourrai garder un œil sur vous grâce à elle. Cela vous convient ?
Il lui tendit Chimère, l'écharpe à plumes blanches se recroquevillant en une petite boule pour lui faciliter la tâche. Il garda ensuite le regard vers la maison. Il ruminait intérieurement de ne rien avoir sur lui qu'il pourrait lancer afin d'obtenir des informations sans prendre de risque inutile. Il avait entendu parler d'une dague-retour, une petite lame qui lui serait bien utile : en la lançant, elle verrait ce qu'il ne pouvait voir d'ici, et avec sa capacité de retourner dans sa main à sa demande, elle lui confierait tout, sans qu'il n'eût été en danger à quelque moment que ce soit. Un bien bel objet qu'il lui faudrait trouver, manifestement, pour l'aider dans une situation pareille...
Il attendit l'accord de Chrystielle. Si elle le lui donnait, ils se sépareraient stratégiquement. Elle prendrait alors le chemin le moins dangereux, restant en contact avec lui via l'écharpe donc sans courir de danger trop imminent. De plus, si Chimère repérait un danger qu'elle ne saurait voir, elle lui ferait comprendre de ne pas approcher plus voire de fuir, en bougeant. Comme la vétérinaire avait pu le voir et comme elle pouvait le constater, le vêtement était doué d'une vie propre et pouvait bouger librement, se serrer autour de son bras ou encore se comporter tel un familier en adoptant des postures simples de serpent, par exemple. Et elle enverrait les informations à Ramar par la pensée, mais la citoyenne pouvait en douter, mais alors elle douterait de toute la poursuite...
De son côté, l'aventurier s'approcherait de la maison aussi discrètement que possible et l'explorerait. Il se gardait cette zone qu'il estimait la plus probable à retenir le disparu, d'autant que le suspect y était entré un peu plus tôt. Un affrontement serait plus probable que dans la zone laissée à Chrystielle, pour sa sécurité. Mais dans le doute...
3ÈME LUNE DE LA SAISON FROIDE DE L'AN 1001
J'écoute les explications de Ramar, et mon sang ne fait qu'un tour. Alors déjà, ce sont des trafiquants de peaux d'animaux, et de deux, ils emprisonnent mon cher Jaïkan comme un prisonnier. Tout ceci me fait terriblement mal !
Je ne suis pas quelqu'un qui s'énerve facilement, préférant rougir et jouer de ma timidité pour éviter le conflit. Mais là...quand on cherche le Fenrir, on le trouve facilement !
- Je suis désolée, monsieur Ramar, mais même si votre plan semble parfait, je passerai par devant. Et maintenant.
Je ne lui laisse pas le temps de répondre ou d'essayer de m'arrêter, je suis déjà en route vers l'entrée de la maison, son écharpe autour du cou. J'ai plus de chance de réussir mon entrée que de l'échouer. Deux points pour et un seul contre. Les pour :
- Mon pouvoir. Pour une fois qu'il met utile, je ne vais pas me priver pour ne pas parler. J'ai récemment réussi à traverser des murs avec, mais je ne sais pas si je pourrais le refaire maintenant.
- Le fait qu'il y ai la possibilité qu'il y a des animaux à l'intérieur. Comme ils vendent leur peaux, je peux mettre ma main à couper qu'ils ne sont pas très amis. Je pourrais donc leur demander de m'aider à kidnapper l'homme, je pense que sa mère ne soit pas trop une menace.
Le contre ? Faut-il vraiment que je dise le contre ?
- Maman va casser des têtes !
- Tant qu'il y a un endroit où je peux dormir...
- N'est-ce pas trop dangereux, maman ?
- Je rentre, vous non. Vous restez à l'extérieur. Je ne continuerai pas à discuter de cela.
Bizarrement, aucun des trois n'a quelque chose à redire à cela. Ils s'arrêtent et rebroussent chemin pour se remettre à l'abri. Bien, pour une fois qu'ils m'obéissent sans broncher.
Devant la porte, je me concentre autant que mon esprit perturbé le permet, et traverse le mur. J'ai réussi ! De l'autre côté, je vois la maman assise autour d'une table, et son fils entrain de fouiller dans une valise.
De ce que j'ai compris du pouvoir de Ramar, il peut discuter avec les objets. Je croise les doigts pour que je sois assez proche de lui pour que son écharpe puisse lui dire la situation.
Décidément, cette mission allait bel et bien lui changer les idées ! Comment pouvait-il en être autrement quand on voyait la réaction de cette jeune femme à ce qu'elle venait d'apprendre ?
Chrystielle était partie au quart de tour, s'excusant juste de ne pas suivre son idée. N'avait-elle pourtant pas dit ne pas être utile en cas de combat ? Chimère avait tout juste eu le temps de s'enrouler autour de son coup que la jeune femme, toute aussi frêle et gentille qu'elle paraissait, s'était dirigée sans attendre vers la maison. Ramar resta un instant à la regarder faire, souriant devant son exubérance et son changement d'attitude. Elle n'était plus que colère et ressemblait davantage à un char d'assaut qu'à une vétérinaire.
Quand bien même personne, sur Aryon, ne saurait ce qu'est un char d'assaut, Ramar se la représenta comme un grognours en armure fonçant vers la maison, pour vous donner une idée.
*Hé bien mon gars, cette femme semble avoir du caractère et ne pas avoir peur du danger ! Ahah ! Mais tu devrais quand même la suivre, elle parait bien fragile quand même !*
Diolime, son épée, semblait ainsi s'accorder avec tous les objets du jeune homme et avec lui-même. Il dégaina l'arme en question et suivit prestement Chrystielle tandis qu'elle allait bientôt atteindre la maison. Avec toute cette poursuite, Ramar aurait bien bu dans sa gourde fontaine, mais il n'en eut pas le temps, la jeune femme s'était arrêtée devant un mur. il l'entendit dire quelque chose à ses familiers qui le croisèrent alors en sens inverse. Elle les avait congédiés pour les protéger. Peu après, elle disparut à travers le mur extérieur.
Il pressa le pas, pensant l'avoir encore perdue de vu alors qu'il ne l'avait pourtant pas quittée des yeux. Mais ce fut Chimère qui lui fit comprendre la scène. Elle lui décrivit ce qu'elle avait ressenti alors, un peu choquée par l'expérience.
*Ramar ! Je... Nous avons traversé le mur ! C'était... c'était... Extraordinaire...*
Émue par l'expérience, elle ne trouvait pas les mots et lui raconta qu'il lui faudrait un cristal de souvenir, ou un livre-mémoire plutôt, pour qu'il comprenne, rien que ça ! Il avait toutefois atteint la porte. Il ne savait que faire. La défoncer ? Ou la crocheter discrètement ? Il demanda à Chimère.
*Où êtes-vous ? Que se passe-t-il de l'autre côté ?*
Elle lui décrivit alors la scène dans laquelle Chrystielle s'était retrouvée. Une vieille dame, probablement la mère, se trouvait assise près d'une table tandis qu'Omen, Chimère le reconnut, était agenouillé au sol en cherchant dans une valise. Aucun des deux ne semblait avoir pris conscience de l'arrivée de Chrystielle dans la pièce, mais la situation restait dangereuse.
Ne possédant pas le nécessaire pour crocheter la serrure, Ramar leva le pied pour enfoncer la porte mais il fut arrêté par un grand cri bref de la porte elle-même, l'invectivant qu'elle était ouverte... S'excusant alors en chuchotant, il ouvrit délicatement la porte et entra.
Le couloir qui lui faisait face était large et long. Un tapis de sol bleuté trônait délicatement en son centre sur toute sa longueur, de nombreux meubles de tailles diverses, d'un même bois fort, longeaient les murs. Sur certains, des cadres affichaient les visages d'inconnus, un grand cadre magique ornait même le mur entre deux portes et présentait une joyeuse famille devant l'image de la maison dans laquelle Chrystielle et Ramar étaient entrés. Ce dernier repéra donc sans mal une porte, sur sa droite, qui donnait probablement sur le salon où ils étaient tous réunis sans le savoir. Il s'en approcha doucement, en utilisant un pas glissant qu'il avait appris il y a bien longtemps, pour éviter de produire le moindre bruit.
*Chimère, je suis devant une porte tout de suite à droite après l'entrée. Y a-t-il bien une porte sur votre gauche ?*
Elle lui répondit en chuchotant. Il ne savait pas ce que Chrystielle déciderait de faire, ni ce qu'Omen cherchait dans sa valise, mais il apprit alors qu'il y avait deux portes, une qui était sans doute celle qui lui faisait face, et une vers le fond, devant Chrystielle, mais le suspect en était le plus proche.
La porte n'était pas fermée, il se risqua donc et jeta un œil pour y apercevoir la vétérinaire, mais comme il s'en doutait, il n'en fut pas capable. Elle semblait dotée d'une capacité vraiment furtive. Il avait beau savoir pertinemment, grâce à Diolime qui semblait la repérer sans mal, qu'elle devait se trouver dans ce qu'il arrivait à voir, il ne pouvait la distinguer... Ou alors, elle avait bougé sans que Chimère ne lui dise et Diolime voyait d'un meilleur angle.
Dans tous les cas, elle bénéficiait de l'avantage de sa furtivité. Omen ne s'était pas précipité vers Jaïkan directement. Ramar ignorait totalement ce qu'il pouvait chercher, à part les clés de la prison improvisée, peut-être ? Quoi qu'il en fut, grâce à Chimère il pourrait intervenir au moindre problème. Il aurait aimé posséder autant de discrétion que la jeune vétérinaire et une corde enchantée pour nouer et mettre hors d'état de nuire facilement le suspect. Mais ce n'était pas le cas.
En espérant que la porte était bien huilée, il la poussa légèrement. Au pire, se dit-il, si elle grince, cela porterait l'attention du fils et de la mère sur elle et non sur Chrystielle. Mais il n'en fut rien, elle tourna délicatement sans un bruit. Il agita alors un bras pour espérer que la vétérinaire l'aperçoive. Chimère, comprenant la manœuvre, l'aida alors en venant toquer légèrement la joue de la jeune femme de son extrémité avant de pointer vers la porte et Ramar. Elle lui rapporta son geste, il arrêta de gesticuler en silence.
Maintenant qu'elle savait, normalement, qu'il était apte à intervenir au besoin, il se tint prêt, Diolime en main. Il voulait laisser agir comme elle le souhaitait en la soutenant au besoin. A l'abri derrière la porte, il attendait donc, tandis qu'elle pourrait user librement de sa capacité pour en découvrir plus.
Il aurait pu explorer le reste de la maison à la recherche de Jaïkan, mais sans information plus précise et avec Omen, potentiellement dangereux, dans la même pièce que Chrystielle, il préférait l'épauler que partir en exploration. Avec un peu de chance, sa capacité lui permettrait de connaître le lieu où le vétérinaire était détenu sans que le sang ne soit versé.
3ÈME LUNE DE LA SAISON FROIDE DE L'AN 1001
Mais qu'est-ce que je suis entrain de faire, là ? Complètement enveloppée de colère, j'ai foncé tête baissé dans la maison où on savait pertinemment que le méchant s'y trouver. Et maintenant que je suis dans le salon, avec lui et sa maman, je e retrouve complètement sans plan. Je n'ai pas d'arme, pas de pouvoir offensif, pas de porte de sortie. Enfin si, j'en ai une : retraverser le mur pour aller demander pardon à monsieur Ramar.
Ramar...est-ce qu'il est énervé, de mon comportement ? A sa place, je le serais, oui ! Je les met tous en danger : lui, ses objets, mes familiers et même Jaïkan s'il est bien ici ! Sincèrement, comment j'ai pu me laisser aller comme ça ?
Alors que je continue de me morfondre sur mon attitude, je sens que l'écharpe que monsieur Ramar m'a fait passé avant que je ne parte en furie remue légèrement, me demandant de faire attention à un coin de la pièce. Je peux y voir l'aventurier, prêt à attaquer. A-t-il réussi à trouver un autre plan, après que j'ai réduit l'autre en miette ?
Tout ce que je peux faire, c'est faire diversion. Oui, voilà, je sors mon petit poignard, et je leur fait face. Sans peur !
- On....On ne bou-bouge plus ! J'ai...j'ai un cou-couteau et je n'hésiterai p-pas à m'en ser-servir !
Je tremble comme une feuille, mais au moins, le travail est fait. La mère et le fils me regardent, complètement étonnée de me voir dans leur salon alors que la porte d'entrée n'a pas bouger. Et même si je ne leur fait pas plus peur que cela, la diversion à tout de même fonctionner : les dos sont dos à la porte où se situe monsieur Ramar. Il pourra passer à l'action en toute discrétion, comme ça.
J'espère tout de moins, qu'en tant qu'aventurier, il sache manier les armes ou, du moins, les cordes.
Décidément, ce petit brin de femme était vraiment un délice de mignonnerie et surtout de diversion, un bien-être pour son esprit !
Ramar, derrière la porte, l'avait entendue tenter une menace dans laquelle la peur était plus que palpable. Elle avait du courage ! Surtout qu'elle gâchait son meilleur atout : sa furtivité ! Par l’entrebâillement, il a repéra finalement. Elle lui était apparue lorsqu'elle avait commencé à parler. Elle tenait un petit poignard, toute tremblante. Un peu attendri par sa tentative, l'aventurier ne put s'empêcher de sourire. Mais il devait en profiter.
La petite dame se leva, surprise, de sa chaise et resta choquée ainsi, la main tendue vers son fils, l'autre sur sa bouche. Ce dernier, lui, se releva derechef en refermant la valise dans la précipitation. Il fit juste un pas de côté pour se rapprocher de sa mère, dans un geste qui apparut comme protecteur. Pas si monstrueux le gars...
Vous êtes bien étonnante, vous, après votre apparition soudaine dans la salle d'interrogatoire pour lancer un poisson sur votre pote, vous vous pointez ici sans qu'on vous voit et vous me menacez avec ça ? dit-il, sur un ton acerbe.
Ramar en profita pour bouger. Il jeta un dernier coup d’œil dans le couloir, traînant involontairement le regard sur le cadre magique, pour s'assurer qu'aucun animal ou que personne ne s'y trouve. Il ouvrit sa besace qui, pour une fois, ne gémit pas, pour y chercher, sans bruit, sa corde. Il n'avait pas d'autre idée viable dans la situation actuelle. Il se rappelait que l'homme possédait une dague à sa ceinture, qui avait parlé, qui ne devait pas être une lame-retour vu sa forme trop classique, enfin l'espérait-il. Ce serait déjà ça, mais ça ne le rassurait pas. Cet Omen pourrait vite se révéler dangereux pour Chrystielle. Il devait donc s'empresser de le mettre hors d'état de nuire. Il ne possédait toutefois ni corde enchantée pour réaliser des nœuds en un clin d’œil, ni les menottes spéciales des gardes pour annuler son pouvoir quel qu'il fut.
Vous semblez bien présomptueuse... Je parierai que votre pouvoir est lié à votre furtivité et donc que vous ne pouvez rien me faire. Dois-je aussi en déduire que vous n'êtes pas seule ? continua-t-il, en jetant soudainement un regard en arrière, vers la porte.
Heureusement, Ramar était toujours caché derrière celle-ci. Il terminait de confectionner son nœud qui lui permettrait de maintenir le gaillard les mains jointes le plus solidement possible. Mais il ne bougea pas, pas encore. Omen venait de faire une bonne hypothèse et l'aventurier craignait qu'il vienne dans sa direction. Ce qu'il ne fit pas. Le suspect s'était à nouveau tourné vers la vétérinaire, mais l'ayant perdue de vue, il la chercha sans la distinguer. Il en fut de même pour la mère qui se trouvait derrière son fils, qui lui avait donc caché la vue un petit moment en se retournant.
C'était bien là le problème de Ramar. Il ne pouvait pas intervenir directement sur l'aventurier car sa mère se trouvait sur le chemin. Il ignorait totalement si elle était complice ou non, mais elle ne sembla pas broncher quant aux paroles de son fils. En outre, il fouillait dans une valise, un peu avant, et ce, devant elle. Vu comment il l'avait refermée en vitesse, d'ailleurs, il devait s'y trouver quelque chose d'important. Une sorte de grand sac sans fond trafiqué peut-être, pour contenir un être-vivant dedans ? Ou alors un emport'tout modifié peut-être ? Ou encore une sorte de clé dimensionnelle menant vers la pièce où il tenait enfermé Jaïkan ? Qu'importait l'objet recherché, de toute manière, avec la mère ainsi placée, il lui faudrait être soit très direct pour qu'elle n'ait pas le temps de réagir, soit être très furtif lui aussi pour qu'elle ne s'aperçoive pas de sa présence à ses côtés s'il entrait dans la pièce. Ainsi, nœud en main, il réfléchissait à comment faire, quand Omen reprit, sur un ton très menaçant.
J'avais bien raison, où te caches-tu ?! Ce n'est pas grave, eux, ils vont te trouver...
Il siffla soudainement entre ses doigts. Quelques instants plus tard, un bruit de cavale retentit, avant de laisser apparaître dans l'encadrement de l'autre porte présente dans la pièce, deux énormes chiens au poil long et brun. Si ce n'était leur museau, on aurait pu penser à des wargs noirs tant ils étaient imposants et menaçants dans un tel endroit.
Allez ! Cherchez !
Ramar failli s'élancer pour porter secours à Chrystielle, mais il n'en eut pas besoin...
3ÈME LUNE DE LA SAISON FROIDE DE L'AN 1001
- Vous pensez que maman est en danger ?
- On l'aurait entendu crier !
- Vous faîtes trop de bruit, laissez moi dormir...
Ota lève sa trouffe vers la maison, et renifle pendant plusieurs secondes.
- Je sens une odeur de chien...de gros chien
- Des copains ?!
Maintenant, c'est au tour d'Hareka de renifler l'air à la recherche de cette fameuse odeur d'ami.
- Ca pu !
- Il y en a deux, et ils sont proches de maman....
- Il faut vite aller l'aider !
- Mais on ne sait rien faire !
Ota s'en contre fiche, et court vite en direction de la maison. Mais par où entrer ? La porte est fermée à clé, et aucun des trois n'a le pouvoir de traverser les murs comme maman. Mais heureusement pour eux, la maison n'est pas très bien tenu, et un trous assez grand pour eux est présent dans le mur. Se faufilant à la queue indienne, Ota, Hareka et pour finir Mohira, ils arrivent tous les trois au moment le plus dangereux de l'attaque.
Deux gros chiens aux poils marron font face à maman. Les renardeaux peuvent voir leur mère même quand elle est en mode invisible. Pouvoir du à leur lien ou simple présence, aucune idée, mais ils savent exactement où elle est.
- MAMAN
En me retournant, je tombes sur mes trois renardeaux. Mais comment ont-il fait pour réussir à rentrer dans la maison ? J'essaye de ne pas parler, même si je suis complètement inquiète pour eux trois. Si je parle, l'homme et sa maman sauront où je suis, et je ne pourrais plus aider monsieur Almar.
- Hoooo....trois petits amues-bouches...
- Je suis sûr qu'ils ont un magnifique goût...bien sucré...
- Nous sommes venus pour nous amuser !
- Non Hareka ! Nous sommes venus pour aider maman !
- Le canapé est-il confortable ?
Le deux chiens ricanent, leurs rires remplissant ma tête. Ne puis-je pas intervenir ? Cette situation me fait terriblement peur...
- Jouer avec nous ? Est-ce que vous voulez faire, comme jeux ?
Les trois renardeaux se regardent, et un petit sourire arrive aux coins de leurs lèvres.
- UN CACHE CACHE !
Les trois petits familiers de Chrystielle étaient entrés dans la pièce sans que l'aventurier ne s'en rende compte. Peu après l'arrivée des deux énormes canidés. Chacun, dans la pièce, leur jeta un regard. Si la mère et le fils étaient surpris, les chiens grognaient légèrement et Ramar en profita pour avancer avec leur bruit camouflant le sien.
Puis Omen sortit de son étonnement et se tourna vers ses chiens.
Allez ! Cherchez ! Pourquoi vous bougez pas ?! s'énerva-t-il contre eux, s'en approchant d'un pas, menaçant.
Ramar en profita. Il dégaina d'un geste son épée, Diolime, et en asséna le pommeau contre l'arrière de son crâne, dans un bruit sinistre, après avoir fait deux pas rapides pour le rejoindre, en le moralisant sévèrement par la même occasion.
Ce n'est pas ainsi qu'on s'adresse ni à une femme ni aux animaux.
Son action fut si rapide que la dame n'eut pas le temps de réagir que son fils tomba, assommé, au sol, sans qu'elle n'y puisse rien. Ramar se dépêcha de poser un genou sur son dos pour ensuite rassembler les mains de l'inconscient dans son dos pour les attacher solidement avec son nœud. Il se retourna ensuite vers la mère, guettant les chiens dans le même geste.
Madame, je suis de la Guilde. Nous savons que votre fils a enlevé et séquestré une personne ici. Je préfère vous prévenir de suite, vous ne pouvez pas me mentir. Que vous soyez complice ou non n'est pas de mon ressort, mais pour le bien de votre fils et le vôtre, je vous conseille de me dire tout ce que vous savez, maintenant.
Un regard aux chiens, il ne comprenait pas ce qu'il se passait avec eux. Il préféra ne pas s'en préoccuper. Il les avait vu renifler en direction des petits renards de la vétérinaire, mais ils avaient disparu, alors qu'il les entendait encore. Il ne repéra pas Chrystielle. Tant mieux, il avait fait en sorte de ne pas parler d'elle pour qu'elle se fasse oublier par la femme, au cas où. Il ajouta donc :
Et rappelez et calmez ces chiens, si possible. Inutile de faire plus de dégâts que cette affaire en a déjà fait...
La vieille dame le regardait intensément. On sentait dans son regard toute sa fureur. Sa culpabilité ne faisait dès lors plus aucun doute. Elle n'avait pas pu réagir à l'assaut de l'aventurier et son fils se retrouvait inconscient, immobilisé et sous la menace : Ramar n'avait pas rengainé son arme et la maintenait contre le dos de sa victime, même lorsqu'il se releva doucement.
Elle attendit un moment, réfléchissant, avant de finalement capituler. Elle n'avait aucune option, elle ne savait pas où se trouvait l'autre intruse, sinon elle l'aurait prise en otage...
Très bien... souffla-t-elle.
Elle siffla plusieurs fois, probablement un code pour calmer les chiens, puisqu'on ne les entendit plus alors. Ramar fut rassuré.
Retirez votre épée et je vous dirai tout. tenta-t-elle.
Mais Ramar ne fut pas dupe, ni ses objets.
*Méfie-toi, tu ne connais pas son pouvoir...* fit Chimère, dans son esprit, prouvant que Chrystielle ne pouvait être très loin.
*Ouais, menace-là avec moi à la place, et si elle fait un pas de travers... Couic !* ajouta Diolime.
Ils avaient raison. Ramar devait se méfier, et la meilleure manière était de la menacer en retour. Il tenait Diolime dans la main gauche, il empoigna alors Nolune, son autre épée dépassant de son flan droit, avec la main droite, à l'envers. Il retira la pointe de sa première lame du dos du fils pour la diriger vers la mère.
Dans ce cas, asseyez-vous sur cette chaise- Un geste du menton suffit à lui montrer l'objet en question, juste à côté du corps inconscient. - que je puisse vous attacher avec lui. Ne tentez rien, ce serait in-
Il n'eut pas le temps de terminer sa phrase, car elle avait, comme il le pensait, profiter du déplacement pour tenter quelque chose. Il ne connaissait pas la nature de son pouvoir, mais vraisemblablement, cela n'avait rien de très offensif. Elle avait juste changé de direction au dernier moment pour se mettre de côté par rapport à sa lame pour tenter de le frapper.
Ayant prévu le coup, il écarta sa lame pour ne pas l'embrocher et tira juste sur Nolune, pommeau en avant, en effectuant un pas de côté qu'elle n'avait pas anticipé. Le lourd embout sphérique atteignit son estomac, lourdement, lui coupant le souffle et la pliant en deux sous le choc et la surprise.
Je vous avais prévenue. dit-il simplement.
Il profita de son immobilisation temporaire, le temps qu'elle récupère son souffle, pour lui attacher les mains avec la même corde que son fils. Mais elle tenta alors de le pousser et faillit réussir, cette fois-ci, ne s'y attendant pas. Mais d'un coup de coude dans les côtes, elle s'arrêta et tomba comme une poupée de chiffon. Inconsciente à son tour.
Décidément, cette famille... commenta-t-il plus pour lui qu'autre chose.
Il remarqua cependant un détail intriguant en voulant finir de l'attacher. En tombant, elle aurait dû s'écrouler sur la valise dans laquelle le fils avait fouillé un peu plus tôt, en la poussant un peu plus loin. Au lieu de ça, elle se tenait dans une position étrange, comme si la valise était ancrée au sol et n'avait pas daignée se décaler pour qu'elle puisse prendre une position plus... allongée.
Une fois ses mains ligotées, il entreprit donc de la retourner sur son fils et de les attacher ensemble. Il avait encore assez de longueur pour les saucissonner sans problème, ce qu'il fit sans se poser de question. Plus il les handicaperait, moins ils pourraient s'échapper.
*Très bien Ramar ! Tu peux me faire confiance maintenant, j'les tiens bien !* dit alors sa corde quand il eut terminé, de sa voix juvénile.
Lui adressant un sourire, l'aventurier s'intéressa alors à la valise. Il l'ouvrit pour l'explorer, et rapidement trouva la raison de tout ce qu'il avait vu plus tôt. Elle était fixée au sol car elle s'enfonçait dans le sol, purement et simplement. Une sorte de trappe recouvrait son fond, mais pour l'ouvrir il fallait visiblement manœuvrer quelque mécanisme.
Il s'attelait à les déchiffrer lorsqu'il entendit la valise elle-même lui parler.
*C'est désagréable... Ils m'ont ouverte et transformée en vulgaire trou dans le sol... Ce sont des barbares... Il a fait entrer un homme tout au fond l'autre fois, mais ça faisait mal, il s'était débattu et a déchiré mon tissu, là, sur le côté... Ah... Achevez-moi, je ne suis pas une cachette, ça fait mal d'être ainsi torturée... Je vous en prie... Tournez le bout rouge sur la droite deux fois, puis la ficelle grise, vous l'enroulez sur la boîte, à côté, jusqu'à qu'il y ait un déclic... Ensuite, tuez-le je vous en prie, il m'a fusionné avec ça, mais ça fait terriblement mal... se plaignit-elle, en lui offrant la solution du mécanisme.
Il était contrit. Il n'avait pas les moyens de délivrer la malheureuse et ne tuerait pas l'homme. Au moins, il avait une idée de son pouvoir, désormais...
Je suis désolé, je ne peux rien faire d'autre que faire attention à ne pas vous faire davantage de mal. Je lui demanderai de vous libérer, quand il se réveillera, c'est tout ce que je peux faire...
Il sentit alors qu'elle se renferma. Probablement pour protéger son esprit. Il jeta un regard sévère aux deux corps inanimés, à côté, puis revint sur le fond de la valise. Il tira sur la poignée et parvint sans mal à l'ouvrir. Il y avait là une entrée vers un sous-sol, sous forme d'un trou carré d'environ un mètre de côté, ouvrant sur un escalier droit et sombre.
Il chercha autour de lui et s'attarda sur les vêtements d'Omen.
Est-ce que l'un d'entre vous sait ce qu'il y a là-dedans ? L'homme que je recherche ? Des pièges ? Des créatures ?
*Non, y a rien là-dedans. Enfin, le gars est attaché dans une sorte de petit cachot. Vous faudra la clé, dans sa poche. Et y a un toutou aussi, mais je pense pas qu'il sera aussi gentil que les autres... 'Devriez y aller, je suis curieux de voir si vous en revenez vivant...* lui répondit, sinistrement, la dague de l'aventurier ligoté.
Ramar estima qu'elle avait été honnête. Les objets ne mentaient pas, très rarement, ou seulement pas omission. Aussi, il ferait attention, mais il se sentait déjà rassuré. Il fouilla dans les poches du propriétaire et en tira un trousseau comportant quelques clés. Il l'embarqua puis jeta un regard tout autour de lui.
Il ne voyait pas Chrystielle, mais l'intervention de Chimère un peu plus tôt l'avait rassuré. Elles devaient bien se porter. Il chercha quelque chose pour calmer la bête qui l'attendait dans le sous-sol, mais ne trouva rien. Il se décida alors. Il porta ses mains autour de sa bouche et prévint la vétérinaire.
Il y a une trappe vers un sous-sol dans la valise ! J'y vais en premier, Chimère te guidera au besoin ! Les deux autres sont assommés pour un moment et ligotés !
Il ne savait pas si elle se trouvait dans la pièce ou plus loin, mais il reçut un bref signe d'accord de la part de Chimère. Elles se trouvaient donc non loin et avaient reçu le message. Il se mit donc en route et entama sa descente dans les marches obscures, faisant attention à ne pas abimer plus la valise, épées en main pour se préparer à recevoir son comité d'accueil...
3ÈME LUNE DE LA SAISON FROIDE DE L'AN 1001
- Pas besoin de crier, monsieur Ramar. Je suis juste à côté de vous.
Les mains sur mes oreilles, j'essaye de faire arrêter le sifflement naissant. A sa prochaine question "mais qu'est-ce que vous faites ici ?" je préfère y répondre tout de suite.
- J'ai laissé mes renardeaux s'occuper des deux chiens. Ils ne risquent rien, j'ai écouté leur conversation. De ce que j'ai compris, ce sont juste deux animaux en manque d'amusement, et leur proposer un cache-cache était la meilleure solution.
Oui, c'est bizarre, mais je n'ai pas peur. Je fais entièrement confiance à Ota pour calmer la situation, et à Mohira. Du moins, je lui fais confiance quand il prend son sérieux et ne pense pas qu'à dormir.
- Je vais vous suivre, si cela vous convient. A ce qu'il parait, il y a un autre chien en bas ? Je pourrais essayer de le calmer en lui parlant, ou simplement comprendre comment faire pour qu'il nous laisse repartir avec monsieur Jaïkan.
J'emboîte donc le pas à monsieur Ramar, non sans donner un dernier coup d'oeil aux deux personnes ligotées. J'avais bien envie de leur donner un coup, mais cela n'aurait servi à rien, simplement à me faire mal à la main.
S'enfonçant dans ténèbres du lieux, il nous fallait allumer quelques torches pour ne pas nous prendre les pieds dans les marches. Et que de marches ! On dirait que ce tunnel descend sans fin... Allons nous nous retrouver au centre du monde ? Ou même, allons nous nous retrouver sur un autre pays ?
Après bien deux minutes de marche, avec seulement le bruit de nos pas trahissant notre présence, les marches prennent enfin fin. Je reste bien derrière monsieur Ramar. Ne sait-on jamais, le méchant aventurier n'était peut être pas seul. Il avait bien sa mère, après tout. Où était son père ?
Pour l'instant, le chemin était assez simple : un simple tunnel, pas très haut, et où seulement une personne pouvait passer en même temps. Et puis, aussi longtemps qu'il nous a pris pour descendre les escaliers, une salle s'ouvre devant nous. Circulaire, huit cellules tout autour, et à son centre, un immense chien, le plus gros que je n'ai jamais vu. Il doit bien faire plus de deux mètres d'haut, et tout autant en largeur. Ses pattes font largement deux fois la taille de mes mains, et ses crocs...
Pour l'instant, il dort paisiblement, cela nous aide grandement. Je tire sur le haut de monsieur Ramar pour que celui-ci se baisse dans ma direction, et je lui chuchote à l'oreille.
- Qu'est-ce....qu'est-ce qu'on fait ?
Je ne me vois pas essayer de combattre un animal, surtout pas un de cette taille. Et lui parler...Si sa grandeur se rapporte à sa méchanceté, nous sommes les victimes de l'hôte de ce souterrain.
Finalement, Chrystielle se trouvait visiblement à côté de Ramar. Celui-ci fut désolé en la voyant se masser les oreilles.
Oh désolé, je ne pensais pas du tout, mais qu-... s'excusa-t-il timidement.
Il allait demander ce qu'elle faisait là mais elle répondit sans qu'il ait besoin de terminer sa question. Comme lui avec son pouvoir, elle devait avoir l'habitude qu'on lui pose cette question à cause du sien...
Visiblement, elle n'avait jamais quitté la pièce car elle avait simplement laissé ses familiers "jouer à cache-cache" avec les chiens. Cette précision involontaire révélait qu'elle avait probablement une capacité comme la sienne, ou simplement une magie de familier, lui permettant de communiquer télépathiquement avec ses renards, au minimum.
Il hocha donc la tête à cette information, l'acceptant telle qu'elle lui arrivait. Elle termina en expliquant pouvoir, possiblement, s'occuper du dernier chien se trouvant dans le sous-sol caché. Très bien, Ramar se contenta de hocher la tête à nouveau en signe d'affirmation et ouvrit la marche, Chrystielle sur ses talons.
La descente fut plus longue qu'il ne l'aurait pensé. Chimère accompagnait toujours la jeune femme, mais communiquait avec Ramar tout de même, lui faisant part de ses impressions. D'après elle, sa collègue pour cette mission prenait de nombreuses précautions, et pour l'aider il lui faudrait allumer une torche s'il en trouvait une. La descente se révélait facile quant à la proximité des parois, mais l'obscurité se prononçait en effet de plus en plus. Il n'en alluma donc pas qu'une, mais toutes sur son passage, d'abord à l'aide de ses silex, puis ensuite d'une torche qu'il gardait à la main.
Au bout d'un certain temps paraissant une éternité, ils parvinrent au bout de cet escalier, dans un tunnel à peine plus grand. En vérité, il s'avérait aussi étroit que ce qui précédait... Ramar avait déjà rengainé Nolune pour pouvoir tenir une torche, mais tenir Diolime en outre relevait de l'inutilité : il ne pourrait s'en servir dans ce couloir. Mais il préféra le garder en main : ils déboucheraient bien sur un plus grand espace... Tout du moins l'espéra-t-il.
Son vœu fut cependant entendu et exaucé, Lucy en fut-elle l'auteure ou non. Une salle circulaire s'ouvrait devant eux, bordée par huit cellules et un gros chien en son centre. Endormi. Une chance, car le molosse tenait plus de l'ours que du canidé par sa taille plus qu'impressionnante. Surréaliste même, mais Ramar ne se laissa pas décontenancer.
Chrystielle le semblait un peu, en revanche, et tira sur sa tunique pour qu'il s'abaisse à sa hauteur et lui demande quoi faire en chuchotant dans son oreille. Chimère frémit légèrement au moment du geste de la vétérinaire, mais Ramar ne s'en aperçut pas, peut-être qu'elle non plus.
Il se releva et suspendit la torche dans une applique murale à l'entrée de la salle, en prenant bien soin de ne faire aucun bruit. Il se mit ensuite un doigt sur la bouche pour montrer à la vétérinaire ce qu'il avait en tête. Tenant toujours Diolime, et heureusement, dans sa main droite, il chercha doucement de son autre main dans sa besace, qui eut le bon goût de ne pas commenter pendant sa fouille, pour y chercher le trousseau de clés qu'il avait pris dans la poche de l'aventurier inconscient.
Il fit un pas en avant pour se placer bien devant la jeune femme, entre le chien et elle, et lui tendit le trousseau, la main dans son dos. Sans quitter la bestiole des yeux, il chuchota à son tour pour qu'elle comprenne bien.
Je crois avoir compris que vous pouvez être parfaitement indétectable. Si c'est bien le cas, même avec ce chien, alors prenez ce trousseau et faites le tour aussi discrètement que vous savez le faire pour trouver celle où se trouve Jaïkan et lui ouvrir. Je m'occupe du chien pendant ce temps-là, mais plus vite vous le trouverez, plus vite on pourra s'occuper de lui. Ne faites pas attention à moi.
Chimère se mit à trembler autour du cou de la jeune femme, mais Ramar ne put le voir. Elle suivrait Chrystielle car telle était sa mission, mais elle n'aimait pas le laisser affronter un tel danger seul. Néanmoins, il n'était pas seul, il y avait tous ses autres objets et notamment ses épées.
Quand il sentit le poids des clefs soulager sa main, il hésita un instant à dégainer de suite Nolune. Mais il chercha sa corde, à la place. Avant de se souvenir qu'il l'avait déjà utilisée : elle retenait attacher le fils et la mère à l'étage du dessus. Décidément, une autre corde, une enchantée, lui serait d'une terrible utilité !
Sans autre option valable, il dégaina délicatement son épée, et s'approcha lentement de la bête. Il ne savait pas où se trouvait Chrystielle, il espérait simplement qu'elle n'était pas restée sur place. Mais pour la protéger, il devait se tenir prêt. Et il en avait besoin, car le monstre s'éveillait, certainement attiré par l'odeur étrangère qu'il représentait.
Sans prévenir, ses crocs sortirent aussitôt de ses babines en repérant l'aventurier, avant même que ses yeux ne soient ouverts, un instant plus tard. Ramar et l'animal se jaugèrent du regard, l'un très calme, l'autre de plus en plus enragé. Ce fut ce dernier qui n'en tint plus et s'élança le premier sur l'adversaire. D'une petite esquive latérale, l'aventurier évita la charge mais utilisa sa lame pour entailler légèrement la patte qui l'avait raté.
Petit jappement, demi-tour instinctif et nouvel assaut. Le jeune homme n'eut pas le temps d'esquiver, il plaça ses épées en croix devant lui pour bloquer. La masse du canidé s'écroula alors contre lui. Il n'était pas faible mais c'était trop pour lui. Il ne tint qu'un bref moment, juste le temps de se décaler pour ne pas se faire aplatir.
*Bon, en terme de force, tu tiens pas, donc faut jouer autrement. Avec finesse, mais tu sais faire ça, hein ? Nolune elle sait y faire avec la finesse !* commenta Diolime.
L'intéressée ne répliqua pas, la deuxième lame intervenait rarement. En effet, ce n'était pas nécessaire, Ramar avait bien compris l'idée tout seul. Il n'avait que la vitesse pour lui et son bras gauche tenant Nolune représentait sa meilleure arme dans ces cas-là. Car il attaquait comme un droitier mais qu'il n'était pas droitier, son bras gauche avait appris à fouetter l'air pour ajouter des coups variés en plus de ceux avec Diolime.
Ramar se ramassa au sol, ses deux lames en arrière. Il attendait que le chien attaque. Le chien n'attaqua pas. Il semblait renifler autre chose, accaparant son attention. Parfait, l'opportunité était encore meilleure. Il bondit et pivota. Diolime fut parée par les griffes d'une patte monstrueusement trop grande pour un chien, mais Nolune trouva, comme prévu, un angle sur le flan de l'animal.
La lame entailla le cuir et trouva un petit espace entre deux côtes où s'engouffrer. Mais elle n'entra pas beaucoup plus loin. Le chien se retira aussitôt sous la douleur, avec un jappement terrifiant.Il n'aurait pas été aussi grand et dangereux, Ramar l'aurait trouvé attendrissant sur le moment.
Aussi, il ferait tout pour ne pas le tuer. Mais ce ne serait pas simple s'il restait aussi vindicatif. L'action offrit toutefois un petit répit, que l'aventurier accepta volontiers. Tandis que la bête se recroquevillait dans son coin, à distance respectable de Ramar, ce dernier remarqua une cellule ouverte. Mais il n'avait pas fait attention si elle était déjà ouverte avant ou non. Dans le doute, il demanda à voix haute.
Ne me répondez pas directement, si vous ne le pouvez pas, Chimère le fera à votre place pour que je sache, mais est-ce que tout va bien ? Avez-vous réussi à trouver Jaïkan ?
Il restait en garde, le regard fixé sur le chien, qui pouvait revenir à l'assaut n'importe quand. Il espérait qu'elle lui répondrait, au moins une des deux. Quoi que, si elle était déjà partie avec son ami, ni elle ni l'écharpe ne l'entendrait et il n'aurait pas non plus de réponse. Il préférait finalement cette option. Il attendit donc un peu, mais moins inquiet, avant de pouvoir terminer son petit combat contre le gros canidé.
3ÈME LUNE DE LA SAISON FROIDE DE L'AN 1001
- Ne faites pas attention à moi.
J'aurai bien aimé répondre, mon monsieur Ramar m'avait dit de rester complètement invisible. Je fais donc un grand oui de la tête, même si je me suis souvenue, trop tard, que personne ne pouvait me voir. Prenant les clés dans mes deux mains, je fais le tour par la gauche, en posant un pied après l'autre dans la plus grande des discrétions.
Je suis à la moitié du chemin, au niveau du ventre de l'animal, quand celui-ci se réveille. Je ne pu retenir un petit cris de surprise, que j'essaye d'étouffer le mieux que je peux. J'accélère le pas. Heureusement qu'à force d'utiliser mon pouvoir, j'ai réussi à l'étendre à tous les sons que je peux émettre, sinon le gros chien serait déjà sur moi. Et ça.....je veux pas.
Arrivée enfin derrière le danger, j'essaye de parler le moins fort possible, même si les bruits du combat me couvre parfaitement.
- Monsieur Jaïkan ? Monsieur Jaïkan ?
- Docteur Keyser ?
Le voix n'était pas loin de ma position, mais elle paraissait tellement faible...Je le vois finalement au fond d'une cellule, se rapprochant des barreaux. Je me place devant lui en faisant extrêmement attention de parler avant pour ne pas l'effrayer encore plus.
- Monsieur Jaïkan ! Comment allez-vous ?
- Il s'est passé beaucoup de chose, vous savez, docteur...
- Ne vous inquiétez pas, nous vous ramenons à l'hôpital de Luz le plus rapidement possible.
Je cherche la clé de sa cellule sur le trousseau de clé, et la trouve finalement assez rapidement. On dirait que Lucy est enfin de notre côté ! Je passe mon bras autour de lui et essaye de l'aider à marcher du mieux que je pouvais, du fait que mon collègue fait facilement trente centimètres de plus que moi...
J'entend alors monsieur Ramar me parler. Faut-il que je lui réponde ? Est-ce que son écharpe magique le fera à ma place ? Ne le sachant pas, j'essaye de crier sans me faire remarquer par le chien.
- NOUS SOMMES SUR LE RETOOOOOOOUR !!
J'espère que monsieur Ramar arrivera à tenir le temps qu'on revienne. Usant de nouveau de mon pouvoir, je rend Monsieur Jaïkan aussi invisible que moi, et commence le voyage retour.
Lorsqu'il entendit Chrystielle hurler, Ramar se figea du stupeur. Cette femme était candide à un point étonnant, mais il se reprit rapidement. Car le son n'était pas loin, le gros touffu pourrait bien changer de cible très vite.
Le jeune homme ne mit pas longtemps à réagir, par conséquent. Il fonça. Profitant du fait que l'énorme canidé cherche encore l'odeur de ce qui avait hurlé dans ses oreilles, il vint enfoncer ses deux lames dans son cuir épais, sous l'une de ses épaules. Les lames rentrèrent assez facilement de quelques centimètres, avant qu'il ne les retire et ne vienne fouetter les deux pattes qu'il avait face à lui, tranchant une partie des tendons.
L'animal jappât horriblement tandis que Diolime, la lame principale de l'aventurier, ne vienne l'achever en entrant par sa gueule alors grande ouverte. Il s'effondra doucement, les yeux vitreux. Ramar avait été expéditif car la réponse de la vétérinaire la mettait en danger autant que son ami. Il avait donc changé de stratégie en profitant de l'occasion que cela lui avait offert par la même occasion.
Laissant le cadavre ainsi, il essuya ses lames avant de les rengainer simplement. Diolime s'extasiait du combat et s'enorgueillissait du coup fatal. Ramar n'y prêta pas attention, le laissant un peu seul mais tapotant ses deux gardes en signe de reconnaissance. Il revint juste à l'entrée de la salle afin de demander à Chrystielle :
C'est terminé. Vous êtes où, que je puisse vous aider ?
Il patienta un instant, observant bien le couloir étroit, pour attendre la réponse et repérer la jeune femme et le fameux Jaïkan.
3ÈME LUNE DE LA SAISON FROIDE DE L'AN 1001
Je ne sais pas vraiment comment prendre en compte la scène qui vient de se passer sous mes yeux.
Monsieur Jaïkan appuyé contre mon dos, j'avais dû mal à relever la tête pour voir où je marchais. Je le faisais donc quand de très peu occasion, afin de permettre à mon collègue de se reposer le plus de temps possible. Du coin de l'oreille, je pouvais entendre que le combat contre le chien et monsieur Ramar continuait. J'entendais le chien parler dans ma tête, mais retraduire ces paroles ici ne me fera qu'exclure. Le calmer ne servira à rien, il a s'en doute était élevé dans ce but, être la créature la plus dangereuse et méchante de la ville souterraine. Comment un maître peut faire ça à son animal, son compagnon de vie ? Pour arriver à une telle extrémité, il n'y a pas 36 milles façons : le torture, le taper, le priver de nourriture, le rendre cannibale. Tellement de méthode barbare, qui tue l'animal de l'intérieur, petit à petit.
Et puis, soudainement, le silence se fit, dans la pièce mais également dans ma tête.
Les pattes avant de l'animal s'écroulent sous son poids mort, et il tombe sur le côté gauche, à l'opposé de notre position. Le bruit de son corps rencontrant le sol fut grave et profond, signe qu'une vie était sur le point de partir. J'ai commencé à faire un pas vers lui pour essayer de le sauver, mais monsieur Jaïkan bloquait ma position.
- Mais...
Mon collègue fit simplement non de la tête en fermant les yeux. Je savais ce que cela voulait dire : il n'y avait plus d'espoir de le sauver. Est-ce que cela en valait vraiment la peine ? Sauver un animal dangereux, qui peut nous tuer au moindre ordre ? Oui, bien sûr que oui. Toute vie est précieuse, même celle du plus petit insecte, ou de la plus méchante des personnes.
Une larme commençait à rouler sur ma joue, quand une nouvelle voix se fit entendre dans ma tête. Comparé à celle d'avant, celle-ci est plus calme, plus chaleureuse, et le sentiment de dangerosité et de méchanceté y est complètement absent.
Merci....merci...
Le flot de larme ne voulait plus s'arrêter, mais je sourie. Je sourie au repos de cette âme torturé par un homme sans coeur. Je sourie à cette âme qui va enfin connaître la paix et la tranquillité.
Après avoir essayer d'essuyer du mieux que je pouvais mes larmes, monsieur Jaïkan et moi-même reprenons la route pour rejoindre monsieur Ramar.
- Monsieur Ramar ! Tout c'est bien passé, de votre côté ?
Mon coéquipier prend monsieur Jaïkan à ma place, et me raconte rapidement son combat contre le chien.
- Oui...j'ai...j'ai vu que vous aviez gagné...félicitations.
C'est triste, mais est-ce que je ne le serais pas encore plus si c'était le cadavre de monsieur Ramar qu'on laissait derrière nous ?
Remontant à la surface, je retrouve mes trois renardeaux dans la pièce à vivre du kidnappeur. Ils m'apprennent qu'ils ont réussi à semer les deux gros chiens, et qu'ils sont sûrement entrain de se cacher quelque part dans la maison. Ota m'apprend également qu'au cours du jeu, une patrouille de gardes est passée à proximité, et qu'elle a réussi à avoir leur attention. Ceux-ci ne devrait pas tarder à arriver.
- Vous avez entendu, monsieur Ramar ? Ah...bah heu....n-non, vous av-avez pas enten...entendu...des gardes vont arriver d'ici quelques minutes. Nous pourrons facilement leur expliquer la situation, et le fait que lui et son abominable maman sont des méchants !