Manier une arme n'avait jamais été un talent inné chez Liory. Son éducation l'ayant poussée d'avantage vers les arts de salons et de chambres plutôt que sur les terrains boueux et glissants des aires de duels.
Pas un geste élémentaire ne lui avait été enseigné, pas de saluts, pas d'estocade mortelle ou de bottes secrète digne d'une grande famille.
Comme tout enfant, il avait appris avec une épée en bois en jouant avec ses cousins, mais jamais une quelconque habilité n'y avait été révélée. Son cher Calixte semblant toujours trouver une nouvelle ruse pour que l'argenté finisse au sol.
Avec le temps, il avait même abandonné la simple idée de devenir un bretteur digne de son titre, plus enclins aux plaisirs charnels qu'à ceux de l'acier.
Même son formidable don n'avait put faire de lui un aventurier aguerri.

Cela dit, depuis ses quelques aventures et mésaventures, le noble avait acquis un gout certains pour le frisson. Incomparable à celui de caresser la peau de satin de Luz, ou la chevelure de Gardenia certes, mais une soif d'autre chose.
Dans un soupçon de confusion, il c'était tourné vers un antique coffre stocké dans sa demeure, qu'il emmenait partout sans raison apparente. Ce n'était qu'un souvenir donné par son oncle, un vestige d'une époque que Liory n'avait lui même pas connu, et que son sang ne reconnaissait pas.
Tel un un enfant devant une pièce interdite, il hésita à ouvrir cet héritage incongru. Et ce fut avec moult hésitation que l'argenté poussa les charnières du vénérable trésor, découvrant un sabre droit à l'allure élégante qui ne toucha pas son âme guerrière, mais plutôt son gout pour l'art.

L'arme était d'une facture exquise, sans jamais friser le luxe ostentatoire, sa lame droite et polie reflétant sans peine les yeux transit du noble qui laissa courir son doigt sur le métal, éprouvant un certains frisson dans cette froide beauté. Sa dextre en dessina les contours, remontant le long de ses courbes pour effleurer la poignée de cet instrument étranger.
La soie filée de la poignée s'accrocha à ses doigts, les forçant à se saisir à pleine main de la fusée restée vierge depuis plusieurs décennies.
Des yeux avides de découvertes en inspectèrent la garde, découvrant des arabesques d'or qui ne furent pas sans rappeler des prunelles dorée appartenant à Diane.
Sa caresse se fit plus ferme alors que sa main enroulait toute la poignée, y trouvant presque naturellement une place.

Avec la timidité d'un amant, Liory retira sa belle de son écrin, en examinant toute la grâce dans une lumière tamisée par des rideaux tirés.
Le tapotement d'un ongle sur la lame tira un ronronnement de métal de la pièce d'art qui se mit à vibrer comme un violon accordé.
Sa voix resta muette, sa gorge serrée par une émotion inconnue qui le força à un silence respectueux.
Dans une danse qui le mena au centre de la pièce, il tint la lame droite devant lui, peu habitué de voir son bras paré d'une si étrange maitresse.

Un jour, un garde lui avait dit que les lames étaient les seules épouses dignes d'un épéiste. Ne trahissant jamais ni ne jugeant ceux qui s'en servaient.
Jusque là, il avait toujours considérés ces outils de morts avec un certains détachement, se moquant presque ouvertement des obscènes exultations guerrières bien peu digne jusque là de son attention.
Assez ironiquement rien de sanglant ne lui vint pour autant. Son cœur semblait simplement connecté à cette armes qui ne lui appartenait pas.

Pourtant, ce fut au fil des mouvements qu'il trouva une symbiose avec cette dernière, non pas par une technique spéciale, mais simplement aux son qu'elle produisait en fendant l'air.
L'argenté y voyait une nouvelle amante, chantant aux rythmes de lents mouvements de va-et-viens dans l'espace de la pièce.
La vitesse lui semblait bien dérisoire alors que le fil acéré semblait imposer son propre rythme, traçant des arabesques dans ce qui ressembla d'avantage à une danse qu'un exercice martial.
Quelque chose sans musique, mais au rythme propre qui dura des heures, absorbant le noble dans une passion dévorante qui fit rosir ses joues et essoufflé ses poumons.

Et au bout de cette valse devenue aveugle, il se mit à sourire, peut regardant sur la qualité réelle de ses mouvements, emporté par ses propres désirs égoïstes, comme si une nouvelle amante lui tenait la main ou occupait ses draps.
Mais la magie fut prestement interrompue par des coups répétés sur la porte qui brisèrent impitoyablement son harmonie, lui faisant perdre son rythme envoutant jusqu'à ce que le sabre ne repose entre ses mains, redevenu un objet froid plutôt qu'une muse rayonnante.

Rangeant la coupable dans son coffre avec un empressement presque honteux, l'argenté cacha sa petite affaire avant d'ouvrir les rideaux en grand et de s'empresser d'aller à la porte, en soulevant le loquet sans parvenir à se défaire de cet air essoufflé et encore plein de rêverie.

-Que se passe t'il ?

Demanda t-il de manière affable en découvrant une amante faite cette fois de chair et de sang qui lui tira un sourire ampli d'alégresse

-Gardénia, ma dame, que puis-je pour vous ?

Depuis que sa maitresse était venue loger au manoir, il ne cessait de la voir, sans pour autant réussir à se lasser d'elle.
Aimant découvrir chaque jour un peu plus de cette demoiselle qui avait réussi à garder auprès d'elle un fragment du cœur de l'argenté.
Ce dernier s'agita d'ailleurs de la voir ainsi par surprise, les pupilles d'azure du noble ne pouvant s'empêcher d'en détailler les contours avec un plaisir coupable








 

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Liory devant les mots de la demoiselle se fendit d'un petit rire avant d'agiter la main négligemment, comme si le fait de remettre à plus tard leurs entrevue était autant impensable que superflu.
Bien au contraire, il lui ouvrit la porte en grand, son bras se posant dans le creux de ses hanches pour la tirer tout naturellement vers lui. Sa dextre prenant la main de la demoiselle avant que deux pupilles bleu ne se plongent dans le regard de son amante.

-Vos venus sont aussi agréables que la brise marine madame. Et je saurais parfaitement me satisfaire d'un moment de paix partagé avec vous.

Son sourire se fit plus large alors qu'un furtif baisé était déposé sur les lèvres de la demoiselle et qu'il rompit doucement le contact qu'ils avaient, remarquant que depuis sa transe martiale, le soleil était tout de même plus descendu qu'il n'aurait pu le croire.
Hochant la tête à l'affirmative, il ne laissa pas à Gardenia le loisir de se poser d'avantage de questions.

-L'heure m'avait totalement échappée oui... Je vous suis donc reconnaissant de me sortir de mes propres pensées. Sachez tout de même que je serais plus que ravi de pouvoir partager un diné en votre compagnie.

Profiter d'un instant avec la demoiselle n'avait rien d'une corvée. Une certaine forme de compréhension mutuelle c'était développée chez les deux amants. Et que ce soit Gardenia ou Liory, ils avaient chacun prit le parti de vivre leurs vie, et de se retrouver quand bon leurs semblaient.
Le manoir était si vaste qu'ils pouvaient passer des journées sans se croiser, ou alors n'échanger qu'un furtif baisé volé. A l'inverse il arrivait que certaines aubes les voyaient ensemble jusqu'au crépuscule.
Une suite de chemin se croisant sans cesse en quelque sorte.

-Si vous le désirez nous pouvons passer un petit moment au salon, et pourquoi pas gouter à la tarte faite par votre amie

Dit il en guidant lentement la demoiselle jusqu'au salon. Ce dernier semblait toujours prêt à une réception, sa verrière ouverte sur le jardin fleurit qui affichait de façon bien peu modeste une myriade de couleur différentes, et dont le parfum luttait contre celui des boiseries laqués.
Faisant s'asseoir son amie sur un fauteuil, il prit la place juste en face d'elle, chassant par la même ce qu'il venait de se passer dans la salle d'arme.
Mieux valait se concentrer sur le moment présent au risque de rater le plus important

-Comment se porte Laevis ? Bien j'espère ?

La demoiselle était souvent venue au manoir, et s'ils avaient échangés quelques mots polis, jamais l'argenté n'avait voulu empiéter sur la vie de sa protégée. Maintenant une barrière respectueuse avec cette vie que Gardénia tentait péniblement de régler au jour le jour

 

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