C'était le brusque crissement sonore qui avait éveillée Valeera de son demi-sommeil. Le glissement d'une roue sur une plaque de glace et le craquement sourd d'un essieu brisé. Le hennissement d'un cheval paniqué alors que ses sabots dérapaient sur une congère dissimulée, la seule force animale ne parvenant pas à retenir la masse qui trainait lentement l'animal vers une chute certaine. Un cris inarticulé fut hurlé, et l'agitation frénétique d'un levier qui n'était plus relié à rien résonna dans la cabine.
La glissade se fit d'avantage sentir qu'entendre, les passagers étant brutalement poussés vers l'avant, la vitesse de leurs futur cercueil s'accélérant au fur et à mesure que la gravité reprenait ses droits.
Valeera était encore à la porte, contemplant le manteau enneigé de la montagne adjacente qui se changea en masse floue et confuse.
Son estomac se souleva lentement quand la carriole se mit à décoller du sol, se riant un court instant de son propre poids, laissant à la Vipère tout le loisir de contempler le vide qui s'étendais sous elle, ainsi que la cime des montagnes
La chute fut impitoyable, le sentiment d'impuissance gagnant la vipère alors qu'une main de géant la plaquait contre le banc sur lequel elle avait prit place.
Un concert de cris et de craquement remplaça rapidement la moindre de ses pensées alors qu'un tourbillon de confusion s'abattit sur les passagers. Une roue vint s'arracher de l'attelage, ajoutant à cette avalanche artificielle des nuances de son. L'animal qui avait été entrainé ne fit pas exception au reste de la caravane, hennissant une dernière fois avant de s'écraser contre les flancs de la montagne
Le bruit résonna dans toute la vallée, alors que le transport accidenté dévalait la pente, gagnant toujours plus en vitesse, éjectant parfois un corps désarticulé, parfois un bagage qui s'écrasait en éclatant sur les pentes escarpées.
Impuissante, la vipère se sentit happée par l'extérieur, trop paniquée pour remarquer la destination finale de ce voyage.
Sa dernière vision se résuma à un aigle frôlant les cimes enneigée. Et alors que la carriole finissait par se briser en contrebas sur un pic aiguisé par des siècles de vent, sa carcasse s'enflamma , les cristaux de chauffages de cette dernière s'emballant en calcinant les corps entassés à l'intérieur, le bois sec de cette dernière n'ayant attendu qu'un peu de chaleur pour devenir un ultime bûcher qui crépita joyeusement, formant un contrepoint macabre à cette mise en scène
Valeera heurta la froide surface d'un lac de montagne son souffle coupé par le choc et les muscles tétanisés par le choc de l'eau glacé. Elle n'eut même pas le luxe de se débattre face à sa propre mort.
Ses yeux félins ne purent que contempler l'éclat du soleil s'éloigner lentement d'elle, comme si Lucy en personne avait décidé de lui arracher lentement sa dernière flamme, parfois entrecoupés par les bulles qui s'échappaient de ses lèvres
J'entendis le bruit d'une voiture qui se rapprochait, puis celui des chevaux. Je m'écartai du chemin pour la laisser passer. Durant ce bref moment d'arrêt, je regardai mon Katana, pensive. Lyle disait qui c'était une très belle pièce, forgée par un expert, pour sûr. Pas à ma taille et que je si ne faisais pas attention, la lame pouvait s'abimer. S'il le disait, ça devait être vrai. Il m'a prouvé qu'il était quelqu'un de compétent. J'allais devoir me montrer plus prudente avec Atropos, si je ne voulais pas le briser. D'autant plus que je comptais bien faire quelque chose avec. Quelque chose qui me tenait à cœur. Si cette lame était unique à mes yeux, je devais la traiter en tant que telle. Je mettais des cristaux des côtés, je travaillais dur afin de pouvoir me présenter devant un enchanteur, avec Atropos. Et là, seulement là, ce katana serait une pièce unique. Je voulais dire... Réellement unique, à tous les points de vus. La carriole déjà loin devant, elle bifurqua sur la droite pour prendre, elle aussi, le chemin de la Forteresse.
Je me remis en route. A ce rythme, je devais arriver avant la nuit. De toute façon, je n'avais pas le choix. Je n'avais aucune envie de me retrouver paumée en montagne, à me geler le derrière en pleine nuit tout en devant surveiller les moindres recoins pour ne pas me faire bouffer par une meute de prédateurs. On pouvait être l'aventurière la plus courageuse et la plus intrépide du Royaume, la Nature, elle, avait un don inégalé pour rappeler tout le monde à l'ordre. Et je ne voulais pas me frotter à elle. A nouveau, j'entendis des cheveux. Des hennissements, cette fois. Un bruit sourd. Je regardai derrière moi, rien, pas de carriole. Je m'apprêtai à faire un pas quand je vis, soudain, une masse noire filer comme une flèche juste devant moi. Par réflexe, je protégeai mon visage avec mes deux bras et tournai la tête pour voir la voiture, que je venais de croiser, dégringoler la montagne. Ah, ils étaient franchement mal barrés, ceux qui étaient là dedans. La carriole décolla du sol, je vis des passagers et des bagages se faire éjecter. Certains passaient actuellement une moins bonne journée. Je me désintéressai de la scène pour reprendre ma route, chacun ses problèmes.
Et là, je me souvenais encore de mon père, qui me disait d'aider mon prochain. Qui me disait que dans la vie, il fallait toujours tendre la main à ceux en difficulté. Que la Vie pouvait nous juger à chaque instant, en fonction de nos actions antérieurs. Je n'y croyais plus, à toutes ces conneries. Depuis qu'on me l'avait pris. Le karma. Il venait de me frapper en pleine tronche. Un pas, un second, j'oubliai déjà cette calèche qui devait être en miette à présent. Et une miette, je venais de m'en prendre une. Rattrapée instantanément par ma décision d'ignorer que des gens avaient besoin d'aide. Sonnée, je dégringolai à mon tour le flanc de la montagne. Je parvins à identifier l'objet de mon malheur : Une roue. UNE ROUE ! Dans ma chute, mes ombres essayaient tant bien que mal de s'accrocher aux arbres et autres rochers qui m'entouraient. Probablement ce qui m'avait sauvé, car la violence de ma chute fut nettement atténuée. Je dégainai Griffe, l'une de mes deux dagues. La lame racla le sol jusqu'à trouver trouver un point d'accroche.
Mon cœur battait à tout rompre... Bordel, la trouille. Mes jambes tremblaient encore, je crus un instant que j'allais me faire dessus. D'accord... Tout allait bien, j'étais en vie et j'avais compris la leçon. Aider les gens, ne pas ignorer leur détresse. En même temps... En tournant la tête, je pouvais voir, en contrebas, la voiture prendre feu. Elle et ses occupants. Les tentacules de mon ombres lâchèrent le tronc d'arbre qu'elles avaient trouvées pour me soutenir. Alors que je descendis la paroi enneigée pour retrouver le sol plat, je vis, dans le lac devant moi, une forme couler lentement dans l'eau, de laquelle s'échappaient des bulles. J'envoyai aussitôt mes bras spectraux plonger dans l'eau glacial. Il s'enroulèrent autour du corps que je parvins à tirer hors de l'eau avant de le traîner sur la berge. Je m'approchai pour constater que le corps en question était celui d'une jeune femme. Jeune femme qui respirait encore. Bon, il ne me restait plus qu'à espérer qu'elle reprennent rapidement ses esprits, sinon elle allait crever de froid.
"Mourir était une réalité" Une pensée bien amère qui traversa l'esprit de Valeera alors qu'elle s'enfonçait lentement dans les eaux glacées, sentant ses membres douloureux s'engourdir plus rapidement encore que sa chute. Une miséricorde aurait été qu'elle s'écrase en bas, finissant comme tout ces nobles aux corps répandus ou brûlés en pagaye dans les rochers.
Lucy la condamnait à mourir noyée au fond d'un lac, préservée à jamais par les température qui ne laisserait jamais la rose noire se faner.
L'ironie de la situation la frappa, déclenchant un sourire involontaire qui ne parvint par à l'empêcher de tousser. Une nouvelle fournée de bulle remonta à la surface, ses poumons se remplissant du liquide glacé à mesure.
Et si son esprit aurait eu tendance à combattre la mort, le froid la poussa à s'enfoncer dans son futur décès. L'acceptation de ce fait immuable la poussant même à fermer ses grands yeux jaunes.
Résignée à mourir, elle sentit néanmoins quelque chose s'enrouler autour de sa taille. La sensation fut loin d'être agréable, comme si un serpent s'enroulait autour d'elle dans une dernière étreinte.
*Même la mort se révèlera décevante ?*
Devenue cynique, elle se morigéna elle même de son excès de confiance. Sa vie n'avait été jusque là qu'une vaste plaisanterie. La mort ne lui serait pas plus douce que le reste.
Mais au lieu lentement resserrer son étau sur la vipère, le serpent la tira. Lui faisant revoir la surface devenue si lointaine dans son esprit.
Ses poumons en feu lui refirent comprendre que la vie ne l'avait pas quitté, et finalement lui permirent de se débattre dans un dernier sursaut propre à la gamine des rues qu'elle avait été.
Ses mains s'agitèrent, en tachant d'agripper futilement la surface qui s'approchait de plus en plus, jusqu'à ce que l'air frai remplace l'eau glacée et qu'une nouvelle force ne l'envoie rouler dans la neige fraiche.
Valeera parvint à se remettre à genoux, sentant ces derniers tenter de se remplir futilement.
Dans un dernier sursaut de vie, elle se mit à convulser, recrachant toute l'eau qui avait tenté de la noyer, immobilisant la vipère dans une position honteuse qui lui néanmoins de survivre quelques secondes de plus.
Aussi paniquée qu'épuisée, elle se laissa tomber sur le flanc, profitant comme elle ne l'avait jamais fait de l'air frai. Ses yeux de félins embués de larmes s'ouvrirent pour voir ce qu'il restait de la cariole, confirmant par la même que personne n'avait survécu à cet "accident".
Mais la montagne étant une maitresse cruelle, le souffle du vent eut tôt fait de la frigorifié sur place, l'eau n'aidant guère à la garder à température humaine.
Encore incapable de marcher, la demoiselle dut se contenter de se trainer au bord du lac, encore inconsciente de ce qui avait bien pu la sauver. Un instinct de survie redevenu fort l'obligeant à se rapprocher de l'épave en flamme, quitte à s'écorcher sur la rocaille.
De l'aventurière qui l'avait sauvé, elle ne vit rien, trop sonnée et amochée pour s'apercevoir de la proximité humaine.
Et ce n'est que quand une main se posa sur son épaule qu'elle roula sur le dos, découvrant dans un éclat aveuglant celle qui avait du la tirer de ce lac quasi gelé.
-Qu...
Un premier mot tenta de s'échapper de sa gorge, mais elle se retrouva rapidement à tousser d'avantage qu'à parler, la faisant se plier en deux, son organisme tentant toujours d'évacuer les liquides qui encombraient ses poumons
La femme à mes pieds se mit à grelotter. La neige, l'eau et la caresse du froid allaient bientôt la tuer. Son instinct la poussa à ramper au sol, rendant sa situation encore plus humiliante. Elle passa à coté de moi sans même me remarquer, son seul et unique but était de survivre, d'aller chercher le réconfort des flammes. Triste ironie quand son salue se trouvait être le cercueil enflammé de ses camarades de route. Je la regardai, au loin. Si faible. Une faiblesse qui pourrait pousser n'importe quel prédateur à la prendre en chasse. Des instincts qui pouvaient se réveiller, à tout moment. Si faible que la tuer serait d'une facilité déconcertante. L'achever, récupérer tout ce qui pourrait-être utile et la jeter, comme un bout de viande, dans les flammes. Puis repartir, les poches probablement plus remplis qu'elles ne l'étaient actuellement. Dire que l'idée ne m'avait pas traversé l'esprit serait mentir. L'espace d'une petite seconde, c'était tentant. Mon ombre s'agitait, sur le sol. La deuxième seconde, je m'approchai, oubliant, aussi vite qu'elle n'était venue, cette idée sordide. Si j'avais décidée de la sauver, je me sentirais "presque" incapable de l'achever. Et mon père serait sûrement très déçu, s'il me regardait de là où il se trouvait en ce moment. Je me penchai légèrement en avant, une main vint replacer ma mèche de cheveux qui s'était glissé devant mon visage. L'autre se posa sur l'épaule de la jeune femme.
Cette dernière, encore sous le choc, fit volte-face, glissa sur le dos et me fixa. Elle baragouina un début de mot avant de tousser, encore. Elle se replia sur elle-même. Etait-elle blessée, pour se tenir ainsi ? Je levai les yeux pour regarder plus haut, la montagne. La chute fut violente, le passage de la voiture remontaient très haut. Branches cassées, rochers, troncs d'arbres... Ils furent tous bien secoués. Je baissai les yeux vers la jeune femme à mes pieds. Celle-là avait eu beaucoup de chance de s'en sortir. Pour le moment, en tout cas. En regardant autour de nous, je ne voyais rien pour me repérer. J'ignorai où je me trouvais actuellement et escalader la paroi de la montagne était impossible, sans équipement. J'inspirai, ne sachant pas trop quoi faire. Est-ce que je devais me barrer et laisser cette fille là, à son sort ? Attendre qu'elle reprenne ses esprits pour essayer de retrouver notre chemin ? Je ne voyais aucun court d'eau à remonter. Je m'installai sur la roche, près du feu, pour profiter moi aussi de la chaleur.
"Tu devrais retirer tes vêtements pour les faire sécher au feu. Si tu restes avec des vêtements mouillés, dans ce froid, tu vas mourir. Je vais te les essorer, pendant que tu te réchauffes." Conseillai-je.
Retirer nos vêtements, alors qu'on était trempé, dans le froid. Vu comme ça, c'était une mauvaise idée. Ca pouvait aller à l'encontre notre instinct, mais c'était la meilleure chose à faire. Si je devais retrouver la civilisation avec cette fille, je voulais au moins m'éviter un boulet mourant. Ca commençait à sentir le poulet ici... Ca aurait pu être alléchant, cette odeur, si je ne savais pas que ce qui était en train de cramer, c'était des gens. Un peu plus loin, je vis le corps d'un des chevaux. Tranquillement assise sur mon cailloux, je commençais à repérer ce qui allait pouvoir nous être utile. Impossible de savoir, pour le moment, combien de temps il nous faudrait pour retrouver notre chemin.
Valeera avait parfaitement confiance de n'être qu'une proie. Faible et fragile, à peine en état de se défendre, le premier venu aurait pu lui trancher la gorge et repartir en pillant ce qui pouvait bien rester de la carriole.
Mais sa sauveuse n'eut nullement cette sauvagerie l'aidant par ses paroles dans cette situation délicate.
Les mains tremblantes, et ayant renoncé à parler, la Vipère défit ses vêtements, non sans mal. La chemise rendue transparente par l'eau ne donnant pas plus de pudeur que de chaleur, elle s'en débarrassa sans attendre.
A sa grande surprise, perdre ses vêtement ne lui donna pas plus froid que cela.
C'est complètement nue qu'elle reprit donc lentement conscience des alentours, arrivant finalement à se redresser sur les mains. Le regard encore embué par les larmes de sa noyade, la vipère eut du mal à voir l'aventurière.
La chaleur du bucher derrière elle lui permettant au moins de survivre quelques instants, son être réchauffé lentement par les braises mourantes des nobles qui avaient été les passagers de cette cariole mortelle.
Un bras dépassait encore d'une des porte brisée, tendu dans l'espoir que quelqu'un ne vienne aider le cadavre noirci enterré sous plusieurs centaines de kilos de bois.
-... Merci...
Parvint elle à dire en toussant, cette fois sans se ramasser comme un misérable vers, ses bras entourant son buste dans un réflexe inutile.
Genoux en sang et plein de terre, ses yeux jaunes balayèrent les vestiges de l'accident, repérant quelques vêtements qui avaient été répandus au sol.
-Pas la peine
Parvint elle à articuler en reprenant peu à peu l'usage de la parole. Sa voix d'ordinaire froide contenant toujours un soupçon de panique. Passant des pieds à la tête de l'aventurière, son visage se crispa de douleur quand elle se remit debout.
Une vierge des neiges par sa tenue, bien qu'elle n'en ai jamais eu la résistance au froid.
-Je vais tacher de trouver quelque chose dans ce qui est tombé... Jette ceux là au feu
Il lui fallut plusieurs minutes pour retrouver des affaires à sa taille. Les nobles avaient eu avec eu un monceau de vêtement difficilement croyable, et si les dentelles précieuses et les sous vêtements affriolant étaient devenus une vision commune dans la neige, trouver quelque chose de pratique s'avéra être une longue pénitence qui fut au final efficace. Un épais pantalon de laine noire rembourré couvrit ses jambes nettoyées à l'eau, puis un haut violet bordé d'épaisses fourrures d'ours trouva une place sur ses épaules consciencieusement lavée de la terre et du sang qui les maculaient.
Loin d'être remise sur pied, la vipère était tout de même protégée du froid. La grande cape dans son dos empêchant le rude vent de la montagne de finir de la tuer.
Chaque parcelle de son corps hurlait de douleur, lui rappelant à quel point la mort avait été proche de la saisir. Sans cette demoiselle, sans doute aurait elle encore été au fond du lac, une poupée cristallisée pour le bonheur des habitants aquatiques de ce lac de montagne.
-Je m'appelle Alice
Mentit elle sans vergogne et tachant de regarder ce qui restait de la caravane qui l'avait emmenée jusqu'ici. Les derniers éléments de la caravane terminant de se consumer pour effacer lentement la moindre trace de l'accident.
-Tu as vu ce qu'il c'est passé ?
Ses deux yeux jaunes se tournèrent piteusement vers sa sauveuse, tachant d'avoir un air interrogatif même si la douleur masquait une bonne partie des expressions de son visage
Elle marcha en tachant de ne pas boiter, ramassant ça et là des affaires qui aurait pu être utile
"... Merci..." Dit-elle.
Elle pouvait surtout remercier cette roue de merde qui m'avait foutue la peur de ma vie. Je regardai encore en haut, pour mieux m'imaginer tout ce que j'avais dégringolée. J'étais vraiment pas passé loin de la mort cette fois-ci. Ma tête se tourna ensuite vers la fournaise à coté de moi. J'aurais fini comme eux, si mes ombres n'avaient pas eu le reflexe de s'accrocher à tout ce qui était à leur porté. Elles étaient comme deux bras en plus et, dans des situations comme ça, elles s'agitaient sans vraiment m'en rendre compte. De l'instinct, tout simplement. Quand on tombait, nos bras et nos mains cherchaient naturellement à se rattraper. Quand on faisait une chute, on mettait toujours, inconsciemment, nos mains en avant pour amortir le contact entre nous et le sol. Là, c'était tout pareil. De loin ça pouvait paraître rigolo, de voir deux grands bras s'agiter dans tous les sens, en panique.
"Pas la peine"
Je sortis de mes pensées pour regarder l'humaine qui se remettait, lentement mais surement, de sa mésaventure. Elle avait retrouvé sa voix, c'était déjà bien. Elle reprit même contenance en parvenant à se relever. Bon, cette jeune femme semblait solide. Je me disais que, peut-être, je n'allais finalement pas me traîner un boulet. De toute façon, je l'aurais laissé derrière moi à un moment ou un autre si je m'apercevais que c'était le cas.
"Je vais tacher de trouver quelque chose dans ce qui est tombé... Jette ceux là au feu" Déclara-t-elle.
Je me contentai de laisser ses affaires dans la neige pour aller m'installer à nouveau sur mon cailloux-chaise. Patiente, je donnai le temps nécessaire à la jeune femme de trouver des vêtements de rechange dans le bordel qu'il y avait juste devant nous. Un pantalon de laine noire rembourré et un haut violet avec de la fourrures. Bon, une chose était à présent sûre : Elle n'allait pas mourir de froid. Peut-être d'autre chose, mais pas de froid.
"Je m'appelle Alice"
D'acc. Je hochai une fois la tête. J'en avais pas grand chose à faire. Je voulais juste retrouver mon chemin, aller à la forteresse pour faire le plein et rentrer chez moi, auprès de ma compagne. Le reste m'importait peu.
"Tu as vu ce qu'il s'est passé ?" Demanda-t-elle.
J'avais encore bien la rage contre cette roue qui m'avait causée autant d'ennuie.
"La voiture a perdue une roue et elle a glissé tout le long." Répondis-je simplement.
Alice s'éloigna un peu pour ramasser, çà et là, tout ce qui pourrait être utile. Utile à quoi ? Pour le moment, difficile à dire. Je croisai les jambes, mon coude venant se poser sur ma cuisse et la paume de ma main accueillant mon menton. Je fis de même, envoyant mes bras fumeux faire le tri parmi les décombres. De la corde, de la bouffe, de l'eau et un morceau de la toile de la voiture. L'essentiel. Je me relevai après avoir rangé ce que je parvins à récupérer.
"Faut pas trainer ici. Les cadavres peuvent attirer des parlions ou des wargs noirs. Et j'ai pas envie d'avoir à me frotter à ça." Déclarai-je avec la même monotonie.
Le pommeau de mon katana fit office de repose poignet, tandis que j'observais les alentours. Le soleil était encore assez haut dans le ciel. De quoi nous offrir quelques heures pour agir, avant la nuit. Et de là où on était, impossible de dire si on allait pouvoir retrouver notre chemin avant. Je ne voyais rien autour de moi. Nous étions dans une immense cuvette naturelle, entourée de montagnes avec un lac en son centre. Mais peut-être y avait-il un petit ruisseau, ou une rivière, qui alimentait ce lac. Si nous parvenions à trouver un cours d'eau, il serait facile de retrouver la Forteresse. La course du soleil était toujours la même. De l'Est à l'Ouest. Et, durant tout le temps où j'étais resté assise, je ne faisais, en réalité, qu'observer dans quelle direction les ombres se déplaçaient. Je savais donc où était le Nord. Une chose que mon père m'avait apprit. Garder la tête froide et agir sans attendre, en situation de survit. Direction le Nord, donc.
Sa sauveuse n'était pas très loquace. Ce qui ne dérangeait pas la vipère outre mesure. Bien au contraire, si elle pouvait elle même se taire et économiser son énergie … Tout irait pour le mieux.
Terminant son exploration, elle eut un bref résumé de la scène par l'aventurière. Ainsi une simple roue arrachée...
Valeera se mit à sourire hors de vue de l'aventurière. Voilà qui arrangeait bien ses affaires. Récupérant les vêtements que sa nouvelle amie avait laissés aux sol, elle les jeta elle même dans le brasier, observant les dernières traces de bois se consumer. Ne restaient que des poutres consumés et des morceaux de ferrailles noircis. Pour sur, les cadavres faisaient partis du lot... Mais comme on le lui rappela bien vite, les wargs étaient légion dans la région.
Nul doutes que ces derniers seraient réduits à l'état d'ossements rapidement.
Hochant la tête pour elle même, la vipère récupéra les derniers éléments épars sur le sol, dont une dague ouvragée qui, il fallait l'espérer, ne servirait pas. Ce n'était de toute façon pas un vulgaire couteau qui la protégerait contre une meute de wargs.
Ou pire... Les montagnes étaient connues pour abriter de nombreuses créatures, et les loups charognards n'étant absolument pas le pires, loin s'en fallait.
Relevant la capuche de ses vêtements sur ses cheveux, "Alice" fit signe à son amie pour qu'elles repartent, abandonnant la caravane calcinée et son chargement macabre.
Les pentes étaient rudes, mais un pareil lac devait forcément avoir un effluant.
Sans être une aventurière, et par pure analogie avec les réseaux d'égouts de la capitale, la demoiselle se mit à chercher un pareil canal, finissant par trouver un léger écoulement à l'autre extrémité du lac
En quelques signes, Valeera et Sofia finirent par s'organiser pour le suivre, s'enfonçant dans les bois gelés qui bordaient la cuvette.
Echouées comme elles l'étaient, c'était de toute manière la seule voie à suivre, la pente étant bien trop raide pour tenter de la remonter, et attendre des secours qui n'arriveraient jamais n'était pas non plus une option viable.
S'enfoncer entre les arbres et l'inconnus pouvait révéler du suicide pur et simple, mais aussi hasardeuse qu'était la situation, elle n'en imposait pas moins des solutions qui en tout autre temps aurait été stupides.
Le cours d'eau était d'à peine la largeur d'un humain, ne charriant qu'une quantité infime de liquide. Mais cela indiquait clairement une certaines inclinaison du terrain. Si l'endroit était assez vieux, peut être l'eau avait-elle creusée la roche pour offrir une échappatoires aux deux rescapées.
Seul le crissement de leurs pas rythmaient réellement leur marche, le vipère serrant les dents à chaque fois que ses bottes glissaient, ses os lui rappelant douloureusement la chute à laquelle elle avait survécu
L'idée de m'enfoncer dans les bois ne me plaisait pas du tout. Les arbres allaient chercher haut dans le ciel la lumière du soleil, leurs épais feuillages obstruait en grande partie le passage des rayons. Je regardai à mes pieds, je voyais à peine mon ombre. Le silence de la forêt était toujours quelque chose de sinistre, d'inquiétant. Seul notre respiration et nos pas brisaient ce silence. Et cette sensation désagréable d'être observée, d'être suivie. J'avais horreur de la forêt, quand j'étais dans une situation aussi merdique. Raison de plus pour me pousser à trouver une orbe lumineuse, et vite. Je dépendais bien trop de la lumière, j'étais inconsciente de me balader sans un moyen de secours. Heureusement, je savais aussi bien combattre avec que sans mon ombre. Encore une fois, la sagesse de mon père qui me disait que se reposer entièrement sur la magie pouvait avoir l'effet inverse. Ca pouvait rendre les gens faibles, incapable de se débrouiller sans elle.
A mesure que nous avancions, la lumière du jour semblait disparaître de plus en plus. A croire qu'on allait bel et bien passer une nuit, au moins, en pleine forêt. Nous avions récupéré de la corde et ce n'était pas le bois qui manquait ici. Mais c'était peut-être un peu trop tard pour se mettre à construire un abris. En pleine montagne, ce n'était pas les grottes ou cavités rocheuses qui manquaient. Les grottes, je préférais éviter. C'était un risque trop grand, n'importe quel animal sauvage, un grognours au hasard, pouvait s'y aventurer. Je repérai, un peu plus loin, un renfoncement dans le sol. Je m'y approchai pour voir un trou qui se formait sous la terre. Par dessus, les grandes racines des arbres formaient un toit naturel. Ca semblait pas mal, pour cette nuit.
"On devrait s'arrêter ici pour la nuit. On s'ra... plus ou moins en sécurité, là dessous. J'vais chercher de quoi faire un feu."
Je ne lui demandais pas vraiment son avis. Libre à elle de continuer si elle le voulait. Je savais d'expérience qu'il fallait s'arrêter avant la tombé de la nuit. Le crépuscule était le moment où les prédateurs se mettaient à chasser. Je trouvais quelques brindilles et de la mousse sèche. Pile ce qu'il fallait pour allumer un feu rapidement. Ca allait tenir les animaux sauvages éloignés, en plus. Le petit ruisseau n'était pas très loin, j'en profitai pour y remplir ma gourde. Tout le nécessaire pour faire un feu en mains, je retournais auprès d'Alice et commençai à creuser le foyer. Je n'avais encore envie de réduire la forêt en cendre à cause d'un feu non maîtrisé. Un foyer creusé entouré de roches était le meilleur moyen pour éviter de cramer dans notre sommeil.
Je déposai les brindilles et la mousses dans le foyer. Je demandai à Alice si, par hasard, elle n'avait pas de quoi l'allumer. Sa réponse négative ne me surpris pas vraiment. Bien, il fallait donc y aller à l'ancienne. Par friction. Ce n'était pas la première fois que j'allumais un feu de la sorte. Je pris un morceau de bois souple que je reliai, comme un arc, avec la fine cordelette récupérée sur les restes de la carriole. Un autre morceau de bois sur la paume de ma main et un autre sur le sol qui allait me servir à faire des braises. Je me mis à frotter plusieurs minutes, sans m'arrêter. De la fumée apparut, puis des braises, que je déposai délicatement dans la mousse. Je soufflai doucement jusqu'à faire apparaître des flammes. Il ne restait plus qu'à l'alimenter à présent.
Le soleil avait fini par lui aussi se fatiguer de leurs trajet, se couchant lentement jusqu'à ce que la cuvette ne masque ses rayons. Pour autant, les pics étaient encore éclairés, ce qui laissait le temps aux deux survivante de trouver de quoi s'abriter. Pas question de marcher de nuit, Valeera tenait bien trop à sa vie pour risquer un coup de poker aussi grossier.
Un humain n'avait rien d'un prédateur nocturne, et si à la capitale, la vipère était au sommet de la chaine alimentaire, tel n'était pas le cas au milieu de la nature ou ses talents devenaient inutile.
Voilà qui aurait bien pu ruiner sa réputation si on l'avait vu. Heureusement les masses ignobles sur lesquelles elle gagnait chaque jour un peu plus de pouvoir étaient loin et elle n'avait ici qu'à se soucier de survivre. Ce qui était déjà éreintant en soit
Et quand Sofia proposa un abris pour la nuit, elle ne se fit pas prier pour accepter, commençant à chercher des branches tombées pour recouvrir leur abris de fortune.
La petite dague servit finalement, à retirer du feuillage pour en faire un petit toit. Un toit d'épines fines, mais toujours préférable au froid. Si fait, leur dernier espoir se couvrit rapidement d'une couverture de fortune qui leur permit au moins de s'isoler de l'extérieur en plus de fournir un pare vu vis à vis des prédateurs.
Rapidement, la neige qui c'était remise à tomber le consolida, et la vipère se glissa dans ce terrier de fortune sans demander son reste.
Alors que l'aventurière allumait un feu, elle se glissa au plus profond de l'endroit qu'elle le put, s'installant de manière à ne pas la gêner. Mais ce ne fut qu'une fois rendue là qu'elle entendit un léger sifflement, suivit d'une sensation de froid sur ses jambes alors qu'un serpent commençait à grimper dessus.
L'animal la fixa dans les yeux, se redressant dans une posture agressive qu'elle reconnut immédiatement
-Je serais toi, je ne ferais pas ça
L'animal resta en suspens, ses sifflements traduits en parole intelligibles par la bague que portait Valeera au doigt. Un objet rare volé quelques lunes plus tôt ont elle n'avait encore jamais envisagé de se servir.
Mais vipère de ville face à vipère du froid, cet anneau prenait tout son sens.
Sous le regard étonné de sa sauveuse s'engagea alors une lente négociation entre l'animal et l'humaine, majoritairement à sens unique car l'animal comprenait bien peu de concept.
Un compromis fut finalement trouvé car l'animal retrouva sa position initiale et se lova sur le ventre de la demoiselle
-Un peu de chaleur contre une nuit ici
Fut tout ce qu'elle expliqua avant de tendre ses mains vers le feu qui c'était mis à crépiter, la fumée sortant d'une petite ouverture pratiquée dans le toit.
Le serpent resta là sans bouger, fixant tour à tour l'aventurière puis la criminelle avant de lui même fermer les yeux pour profiter de cette chaleur inespérée malgré l'hiver
"Je serais toi, je ne ferais pas ça" Prévint Alice.
Pas certaine que l'animal puisse comprendre, je récupérai Griffe, l'une de mes deux dagues, prête à attraper le serpent pour le priver de sa tête. Ca serait un excellent repas et une bonne source d'énergie. La jeune femme en décida autrement, car elle et le reptile semblaient... discuter ensemble. Alors qu'il était d'abord menaçant et prêt à attaquer, ce dernier se calma et s'installa sur le ventre d'Alice. Un brin agacée - j'aurais bien mangée du serpent - je rangeai ma dague dans son étui et m'installai contre la paroi de terre. Le trou était assez grand pour rester assise. Je regardai un œil à ce qu'il se passait dehors, pour essayer de savoir si, à notre réveil, nous pourrions avoir une mauvaise surprise. Etre ensevelie sous la neige, par exemple.
"Un peu de chaleur contre une nuit ici"
Entendis-je, sans y prêter davantage attention. J'avais déjà vu des choses tordues dans ce Royaume, alors une jeune femme qui pouvait parler avec les animaux... Ca ne me préoccupait pas plus que ça. Pour moi, nous étions juste passées à coté d'un repas chaud. La lumière disparut de plus en plus, jusqu'à nous plonger dans le noir le plus total. Seul notre feu nous éclairait. La forêt ne dormait jamais, pas même la nuit. On pouvait entendre la vie nocturne. Des hiboux, le cri de wargs ou de loups au loin, le passage d'animaux au dessus de nous, le vent qui s'infiltrait parmi les feuillages. Bref, je n'avais pas bougé. J'attendais simplement de trouver le sommeil.
Le lendemain, je me réveillai bien avant le soleil. Notre feu avait bien tenu, il n'en restait à présent qu'une toute petite flamme et des braises encore très chaudes. Je récupérai une branche, un morceau de tissu que j'avais récupéré sur la cariole et je me levai pour sortir de notre abri. Je m'approchai d'un pin que je frappai plusieurs fois avec ma dague pour récupérer de la sève. Le tissu en fut recouvert, que j'enroulai ensuite autour de ma branche que j'allumai avec notre feu de camp. Ma torche en main, je repérai à nouveau le ruisseau. D'abord grâce à mes oreilles, puis mes yeux.
L'air de rien, je m'assis non loin du bord pour observer l'eau. Il y avait du poisson, ça serait dommage de ne pas pouvoir en profiter. Je passai plusieurs minutes à attendre le passage des poissons, que j'attrapai ensuite avec mon ombre. Ils étaient petits, j'en avais pêché que deux... Mais c'était mieux de rien. Je les rangeai dans ma sacoche, n'ayant pas l'intention de retourner de suite dans notre abri. J'essayais de repérer, sur les branches des arbres, des nids d'oiseaux. Et ça, c'était moins difficile à trouver étant donné qu'à cette heure, les oiseaux quittaient souvent leur nid. Je n'avais qu'à lever les yeux pour en trouver quelques uns. L'un de mes tentacules tenait ma torche, l'autre m'aida à grimper aux arbres.
Trouver des nids étaient facile, oui. Mais en trouver qui contenaient des œufs, ça c'était autre chose. Il me fallut plusieurs dizaines de minutes pour mettre la main dessus. Le petit déjeuné en poche, je retournai auprès de l'abri pour préparer tout ça. J'enveloppai les poissons dans des feuilles bien vertes que je déposai ensuite sous les braises. Ils allaient cuir lentement et, surtout, ils allaient bien cuir et nous éviter une intoxication. Je fis de même avec les œufs, eux aussi sous les braises. Poissons et œufs durs, un petit déjeuné de luxe, vu notre situation. Alice ne semblait pas encore réveillée, ou peut-être que si, je ne voyais pas bien, avec sa position. Le serpent, lui, était toujours là.
Un déjeuner sommairement avalé, et le duo reprit sa route, laissant là l'abris qui leur avait permit d'éviter de mourir de froid. Ignorante en survie comme elle l'était, Valeera se contentait de suivre les brève indictions de la demoiselle, déjà reconnaissante de l'avoir sauvée de la noyade et du froid.
Le cheminement au travers des arbres se fit plus raide, une légère pente descendante accompagnant le ruisseau. Ce quelles avaient pris pour une cuvette était en faite un long chemin descendant jusque plus loin dans une vallée ou l'on pouvait voir un village.
Une vision paisible mais qui restait tout de même à plusieurs heures de marches.
Nul doutes qu'elles y arriveraient avant la nuit si les ennuis ne les rattrapaient pas avant.
Les wargs devaient déjà avoir trouvés la carriole et les restes de ses occupants. S'ils étaient affamés, peut être resteraient-ils dans le coin pour ronger les os.
La vipère ne tenait pas le savoir et accéléra doucement le pas, peu désireuse de voir la fourrure noire d'un loup apparaitre derrière un arbre.
Le cours d'eau allait en s'élargissant, et il fallut bientôt choisir sur quelle rive aller.
La demoiselle prit à droite, s'éloignant des arbres pour obliquer vers le chemin le plus direct pour trouver le village.
Il ne restait de toute manière qu'une voie à suivre...
La piste du ruisseau devenait plus difficile à pratiquer. Raide, rocailleuse, on pourrait facilement se fouler la cheville si on regardait pas où on mettait les pieds. Mais ce fut une stratégie payante, car ce petit cours d'eau descendait loin dans une vallée dans laquelle un petit village se trouvait. De là où on était, il était vraiment, vraiment minuscule. On allait avoir besoin de plusieurs heures de marche pour y arriver. Le ruisseau s'élargissait, à mesure que l'on gagnait du terrain, jusqu'à tomber sur des défluents. La jeune femme qui m'accompagnait ne semblait pas vouloir perdre davantage de temps et emprunta aussitôt celui de droite. A première vu, c'était le chemin le plus direct pour arriver au village.
"Bon, nous avons notre destination sous les yeux. Il va nous falloir plusieurs heures pour y arriver."
Est-ce que ça me faisait peur ? Pas du tout. J'avais l'habitude de marcher. Une qualité, quand on était aventurière, certes, mais maintenant que j'y pensais... Investir dans une monture serait pas mal aussi. Hé ben... Je devrais peut-être arrêter de penser en fait, j'allais me ruiner si je devais acheter tout ce qu'il me fallait. Bon, au moins ça me donnait des objectifs à atteindre, une raison de plus pour aller travailler. Je manquais cruellement d'équipement, je comptais peut-être un peu trop sur mes ombres pour me sortir des situations merdiques. Surtout qu'il n'en fallait pas beaucoup pour rendre mon ombres quasi inutilisables.
Alors que j'étais perdue dans mes pensées, des vrombissements se firent entendre. Assez insupportable, c'était un bruit sourd, qui faisait mal à la tête. Et je pouvais le reconnaître entre mille, ce bruit. Un groupe de moblins s'approchait de nous. Ils étaient 5, tout au plus. Rien de catastrophique en soit, c'était des créatures plutôt faibles. J'étais juste surprise d'en voir ici, en plein jour. Comme quoi, ce genre de nuisible, on en trouvait vraiment partout. J'ignorais si Alice était douée pour se battre, elle avait certes récupérée une petite dague, mais à première vu, elle n'avait pas l'air une combattante.
Bon, j'allais régler ça en deux temps, trois mouvements. 5 moblins, c'était à peine assez pour en faire un échauffement. Cette fille allait pouvoir rester derrière et regarder. Je matérialisai un tentacule, qui s'empara de Lachésis. Je fonçai ensuite sur le groupe de suceur de sang pour envoyer mon ombre sur eux, prête à tout transpercer d'un. Mais là, je vis l'ombre d'un gros nuage passer juste au dessus. Pile à ce moment là, sérieusement !? Mon tentacule se vaporisa, faisant tomber le katana au sol, sous un tintement métallique ridicule. Merde, la poisse ! Je freinai ma course, dérapant sur la roche pour changer de stratégie.
Trois moblins me prirent pour cible, les deux autres se dirigèrent vers Alice. Je ramassai ma lame pour la ranger et me mis en position de combat, Atropos dans mes mains. Une tâche plus pénible que difficile, je parvins à me défaire de ces sales bêtes. Le sol dégoulina de matière visqueuse, tandis que je nettoyais la lame de mon katana. Hors de question de laisser un truc aussi dégueulasse dessus, encore moins après le nettoyage fait par Lyle. Ma camarade de voyage s'était elle aussi défaite de ses parasites.
"Hum... bon, pas b'soin d'utiliser mon pouvoir pour si peu. Je voulais y aller à mains nues, sinon c'est trop facile"
... ... Hm. ... ... Je la regardai. Elle me regarda. Je regardai mon ombre. Elle me regardait encore. Je regardai les moblins morts. Elle regarda les moblins mort. Je la regardai. Bref, je pense avoir été convaincante. Je toussotai discrètement avant de reprendre la marche. Si ça avait été autre chose que ces insectes, à ce moment là, on aurait surement passées un sale moment...
Des moblins... Voilà bien une espèce qui ne sévissait guère à la capitale. Et pourtant même la vipère des rues en connaissait le nom et l'ennui. Le lourd bourdonnement emplit ses oreilles et lui tira une grimace alors qu'elle tirait sa dague dans l'espoir que l'aventurière attire les cinq.
Sans succès cela dit car deux d'entre eux préférèrent le sang raffiné de la citadine à celui plus rustique de l'aventurière.
Deux gros moustiques géants qui peinaient à trainer leurs carcasses bouffie jusqu'à elle, l'un d'eux peinant visiblement à voler tant son estomac était rempli de sang.
Sans doute représentait-elle une cible plus facile. Chose qu'elle accorderait sans peine à ces créatures stupides. Son domaine était le crime, pas les duels brutaux auxquels se livraient les aventuriers.
La petite dague de fer pouvaient paraitre bien ridicule dans sa main, mais la taille ne faisait pas tout.
Le premier moblin, moins repus fut sur elle, ralentit par la végétation contre laquelle Valeera c'était réfugiée, cherchant à tout prix à le faire revenir au niveau du sol.
Les quatre pattes fragiles de l'animal finirent par mordre la neige avant d'avancer la trompe suceuse de sang vers la jeune femme avec un air menacant.
Mais c'était sans compter un sursaut de la vipère qui au lieu d'attendre se jeta sur la créature en expédiant un méchant coup de pied dans une des pattes qui se brisa nette, déjà fragilisée par le poids qu'elle avait à soutenir.
La créature dégringola le long de la pente avant de plonger dans les eaux glacées du lac dans lequel elle fut emportée puis noyée par les bras impitoyable du gel.
Le second s'avéra cela plus rapide qu'elle escompté, et se posa presque sur elle, ses deux yeux vides fixant la demoiselle sans intelligence apparente, ne cherchant qu'à remplir son sac de fluide d'avantage.
Mais avant que la trompe ne se lève, la dague de fer vint se planter entre les deux yeux de la créature, la faisant tomber à la renverse dans un crissement d'aile affolées.
S'approchant pour récupérer son arme, elle ne put que constater que l'animal était encore vivant.
Quelque chose glissa entre les jambes de la demoiselle, serpentant doucement jusqu'à la proie affaiblie ce qui tira un petit sourire amusé à la Valeera qui reconnut la vipère avec laquelle elle avait parlée alors.
Ce fut d'une façon presque maternelle qu'elle regarda le serpent planter ses crocs dans le moustique avant de lui injecter un venin qui l'immobilisa et le tua lentement, laissant tout le loisir à la citoyenne de récupérer sa dague et de rejoindre son amie.
Un dernier regard vers la vipère, et le duo reprit la route vers le village qui s'approchait à grand pas
Le serpent qui s'était réfugié sous les vêtements d'Alice sortit de sa cachette pour aller se repaitre de ces immondices. Au moins un qui y trouvait son compte. Je l'avais même oublié, celui-là. Devant cette scène, autant cruelle que simple, de la Nature, je m'arrêtai quelques instants pour nettoyer ma lame. Hors de question d'y laisser des résidus aussi dégoûtants, encore moins du sang, qui pouvaient l'abîmer. Je regardai le résultat de mon entretien, satisfaite de voir à nouveau Atropos briller de mille feux. Je me détournai de la scène de combat, pour reprendre notre route en direction du village. Les flocons se mirent à tomber avec parcimonie. Le silence, le froid, la neige... Une ambiance quelque peu morbide, comme s'il n'y avait plus de vie autour de nous.
"D'habitude, c'moi qui parle jamais. T'es encore plus silencieuse."
Rompre ce silence, essayer de forcer un semblant de conversation... Juste histoire d'avoir l'impression que le temps pouvait passer plus vite. Et éviter de penser à autre chose que nos pas, les uns après les autres, pour se rapprocher lentement, très lentement, du village.
"T'as pas l'air plus attristé que ça pour les autres occupants de la voiture. Tu ne les connaissait pas ?"
Bon, parler de ses potentiels camarade qui venaient de crever comme un tas de merde en s'écrasant sur des rochers, avant de se faire rôtir, on aurait pu connaître mieux comme sujet de conversation, oui. En même temps, qui avait dit que j'étais douée pour la conversation ? Absolument personne et j'étais moi-même la première consciente à être particulièrement nulle pour discuter avec les gens. Je ne m'intéressais pas vraiment à eux, sauf si je pouvais y gagner quelque chose. Chacun avait sa vie et les rencontres... Ca venaient, ça allaient. Un peu comme celle-ci, avec Alice. D'ici quelques jours, je l'aurais déjà oubliée. Une relation bien éphémère, comme pratiquement toutes celles que j'ai connues. Alors pourquoi s'embêter avec tout ça ? De toute façon, comme je le disais toujours... Plus on avait d'amis, plus on avait de chance d'être mêlé à des problèmes qu'ils pouvaient eux-mêmes causer ou attirer. Alors ouais, j'étais carrément mieux seule, avec Eve, ça me suffisait.
Le froid, l'air sec, étaient entrain d'assécher ma gorge. Je récupérai ma gourde pour boire quelques gorgées. Mes yeux ne quittaient pas notre objectif, ce petit village duquel on pouvait voir, à présent, les maisons, d'où la fumée s'échappait depuis les cheminées. Au moins, ce n'était pas un village fantôme. Il y avait de la vie, plutôt une bonne nouvelle. Si je trouvais de quoi me ravitailler là bas, inutile d'entreprendre une nouvelle ascension vers la Forteresse. J'en avais ma claque de cette foutue montagne. Je n'avais qu'une envie à présent : Retourner au Village Perché pour y retrouver ma compagne et profiter de la chaleur de ses bras.
La longue marche avait reprit, et si le village s'annonçait de plus en plus proche, l'ambiance n'était pas devenue plus chaleureuse pour autant, bien au contraire.
Habituée au mutisme de celle qui l'avait sauvée, Alice avait fait vœux de respecter le silence en restant aussi muette que la tombe qu'était devenue la cariole en feu. Ce fut pour ainsi dire une surprise quand l'aventurière ouvrit une tentative de discussion, ce qui laissa la demoiselle coite quelques instants
-Je respecte ton silence.
Dit elle entre deux pas dans la neige, resserrant autour d'elle la cape volée plus tôt. Tentant d'oublier le vent qui se démenait pour la lui arracher sans la moindre pitié.
On disait le nord une maitresse plus cruelle que les nobles de la capitale, et Valeera commençait à le croire elle aussi. Chaque ouverture dans ses vêtements laissaient passer un filet d'air à même de faire s'envoler la moindre once de chaleur qu'elle produisait, la forçant encore et encore à resserrer sa cape et à serrer les dents pour oublier les bleus qui se formaient lentement là ou elle avait frappée les eaux.
Et quand il fut question des victimes de la carriole, ou plutôt... de ses victimes, elle haussa les épaules.
-Non, c'était une caravane comme tant d'autre, je voulais simplement gagner la Forteresse sans y aller à pied. Finalement, je ne suis pas plus avancée.
C'était faux, bien évidement... Chaque noms étaient appris et les identités retenues. Chacun des nobles qui avaient été dans cette satanée cariole étaient dans sa liste.
Tous étaient mort de la main de Valeera même si l'accident avait été légèrement avancé. La roue n'avait pas cédée seule, pas plus que l'essieux. Un habile sabotage avait fragilisé l'ensemble de l'attelage bien avant que ces personnes ne montent dedans.
Néanmoins... Il avait cédé trop tôt face à la rudesse des routes de montagnes, et si Valeera avait prévue de descendre avant tout cela, les cahots de la route l'avait forcée à faire partie de sa propre mise en scène.
-Si je m'étais apitoyée sur leurs sort nous aurions sans doute finis dans l'estomac d'un warg.
Encore une chance que la nature efface les preuves tout aussi bien que le brasier, lui aussi déclenché trop tôt... Mais fort heureusement, l'aventurière n'avait rien vu de cela sinon un attelage dévalant la pente.
Une chance en soit, même s'il coutait à la vipère de dire que cette catin de Lucy avait aidé dans ce meurtre...
-Vivre, c'est à peu près tout ce qui importe ici, pleurer sur ceux qui sont mort ne ferait que nous faire perdre notre temps
"Je respecte ton silence." Répondit-elle simplement.
C'était donc bien ça. Et c'était pas plus mal aussi. Si ça m'évitait de me farcir un moulin à parole du matin au soir jusqu'à arriver à ce village... Enfin là, peut-être que j'aurais préféré avoir pour partenaire de voyage un moulin à paroles. Ca aurait pu me faire oublier ce froid, encore et toujours ce froid, qui semblait vraiment nous en vouloir personnellement. Cette saloperie s'infiltrait partout, d'autant plus que ma tenue actuelle était raffistolée. Autant dire que là, j'avais l'impression de me transformer en glaçon à mesure que je marchais dans la neige. Entre cette quête d'herbe blanche et maintenant ça, la montagne ça commençait sérieusement à me casse les...
"Non, c'était une caravane comme tant d'autre, je voulais simplement gagner la Forteresse sans y aller à pied. "
Elle était bien avancée maintenant...
"Finalement, je ne suis pas plus avancée." Ajouta-t-elle en écho à mes pensées.
Et moi non plus d'ailleurs. J'allais me retrouver, paumée, dans un village que je ne connaissais pas. Sans savoir comment j'allais faire pour rentrer. Avec de la chance, j'allais trouver des marchands voulant se rendre au Village Perché et leur proposer une escorte en échange du voyage... Ouais, devoir compter sur la chance ? Autant dire que j'allais rentrer à pieds dans ce cas. Evelyn allait s'inquiéter si je rentrais en retard. Elle n'était jamais rassurée quand je partais en quête, si en plus je ne revenais pas, elle était capable de ne plus dormir de la nuit jusqu'à me voir rentrer.
"Si je m'étais apitoyée sur leurs sort nous aurions sans doute finis dans l'estomac d'un warg"
Une façon de voir les choses, en effet. J'aurais réagit de la même manière de toute façon. La mort d'un groupe de nobles qu'on ne connaissait pas ? Pas le genre de truc qui allait m'arracher une larme, ouais. Et engourdie comme je l'étais à cause de ce froid, je n'avais aucune envie de faire face à des créatures.
"Vivre, c'est à peu près tout ce qui importe ici, pleurer sur ceux qui sont mort ne ferait que nous faire perdre notre temps" Déclara-t-elle.
J'aurais dit survivre, déjà. Vu le contexte et la situation dans laquelle nous étions. Enfin, je ne pouvais pas lui donner tord dans ce qu'elle disait. Le plus important, c'était de vivre ouais. Ce qu'il se passait après la mort, ça... Je n'étais pas pressée de le savoir. Il me restait encore des choses à faire parmi les vivants.
"Une chose est certaine, ils ont plus chaud que nous là où sont." Lançai-je, amusée.
Un peu d'humour ne faisait de mal à personne, après tout ! Enfin... Eux n'étaient plus là pour en rire et j'ignorais si Alice était bon public. Je resserrais mes vêtements pour essayer d'atténuer cette sensation de froid en reprenant un rythme de marche plus soutenu. Le village était de plus en plus proche, on pouvait, à présent, mieux distinguer les différentes maisons, les compter. Il y avait un petit lieu de culte, à priori, et quelques enclos qui contenaient vaches et chevaux.
"Et à part te retrouver à deux doigts de la mort, t'fais quoi de ta vie ?" Demandai-je, fixant toujours notre objectif.
Aventurière ? Je ne l'avais jamais vu dans le Hall de la Capitale, ou du Village Perché. Loin de moi l'idée de sous-entendre que je connaissais tous les aventuriers... On était tellement nombreux fallait dire. Elle n'avait pas l'air d'en être une, en tout cas. Mais comme mon père me le disait souvent : Ne jamais se fier aux apparences.
Une plaisanterie ? Valeera resta un moment muette, découvrant que son amie du jour avait finalement autant une langue qu'un sens de l'humour. Qui plus est, particulièrement correspondant à celui de la demoiselle. Et elle se permit un léger rire étouffé par les épaisseurs qu'elle avait placée devant sa bouche, mais qui parvinrent néanmoins à former de petit nuages de condensation.
-C'est sur oui
Elles continuèrent, s'approchant de plus en plus de la chaleur du village. Ce dernier promettant un peu de confort, et à la vue des charrettes qui s'y alignaient : un moyen de sortir de cet enfer blanc par une autre voie que celle de la marche.
La demoiselle eut un haussement de sourcil quand il fut question de ce qu'elle était censée faire habituellement, la vipère peina quelques instant à trouver la couverture qu'elle avait annoncée alors.
Finalement cela lui revint en même temps qu'une crevasse devant elle qui manqua de la faire chuter.
-Je suis marchande ordinairement... De savon... Enfin avant que mes échantillons destinés aux sources chaudes ne finissent en fumée
Et toi ? Je suppose que tu est aventurière ?
Décidément les produits corporels était sa marque de fabrique... Dire que c'était justement un pain de savon qui avait assuré son entrée au village perché...
-Je vais devoir retourner à la capitale et tout recommencer... La prochaine fois, je passerais par les portails de téléportation... Quitte à payer un peu plus...
Cela dit, pour te remercier, je pourrais bien t'envoyer un pain ou deux. Après tout, sans toi, je serais un cadavre gelé au fond d'un lac.
Le village était désormais à portée de flèche, et déjà, quelques habitants curieux venaient observer cet étrange duo sortit des bois. Ils ne devaient pas vraiment avoir l'habitude de voir deux voyageur sortir de leurs bois.
Valeera se sentit même obligée de lever les mains pour prouver qu'elle ne voulait pas de mal.
Ne restait que quelques mètres entre la chaleur d'un feu et elle... Mieux valait espérer que les locaux ne posent pas trop de question et s'empressent de les faire rentrer.
Mais pour cette partie, mieux valait laisser parler quelqu'un qui n'avait pas failli finir au fond d'un lac.
-Si ça ne te dérange pas de leur expliquer... je ne saurais pas vraiment par ou commencer
Peut être par le fait d'avoir scier un essieu ? Non ce serait une très mauvaise idée...
"Je suis marchande ordinairement... De savon... Enfin avant que mes échantillons destinés aux sources chaudes ne finissent en fumée " Répondit Alice.
De savon. De savon.... ? Mais c'était trop génial ! J'adorais prendre des bains chauds avec un bon savon, avoir la peau qui dégageait une odeur enivrante, sentir bon la fleur, les fruits. Evelyn -même si elle le disait pas- adorait mon parfum. Surtout quand je sortais du bain. Dommage que tous furent totalement détruit dans les flammes. J'aurais trop voulu en essayer un, là, une fois arrivée au village. Je la regardai, suspicieuse, elle devait bien avoir un échantillon qui traînait, non ?
"Et toi ? Je suppose que tu es aventurière ?" Demanda-t-elle ensuite.
Je hochai la tête une fois. J'avais visiblement la tête de l'emploi pour qu'elle puisse le deviner aussi simplement. Enfin... Une femme, armée jusqu'aux crocs, qui savait se battre et qui glandait sur un chemin en direction de la Forteresse... Que pouvait-elle être d'autre à part aventurière ?
"Je vais devoir retourner à la capitale et tout recommencer... La prochaine fois, je passerais par les portails de téléportation... Quitte à payer un peu plus..."
J'avais presque oublié l'existence de ces portails... Tellement je m'en servais jamais. Faudrait quand même que je puisse y avoir accès un jour, si je voulais moins m'absenter pour ma compagne.
"Cela dit, pour te remercier, je pourrais bien t'envoyer un pain ou deux. Après tout, sans toi, je serais un cadavre gelé au fond d'un lac."
Si sauver des vies ça pouvait toujours me rapporter quelque chose, je devrais le faire bien plus souvent. Quelle magnifique idée, même si le remerciement n'était pas trop à la hauteur de mon geste. Deux savons pour une vie, elle n'estimait pas beaucoup son existence. Mais bon, j'allais pas refuser.
"Ca m'f'rait plaisir ouais. Tu peux les laisser à la Guilde de la Capitale, à l'attention de Sofia." Répondis-je.
J'en profitai pour me présenter également, chose que je n'avais probablement pas faite encore. Nous arrivâmes finalement au village, où les premiers curieux venaient observer une scène qu'ils n'avaient visiblement pas l'habitude de voir. Ben quoi, voir deux femmes paumées en train de se geler le cul, rien d'étonnant. Sauf pour des autres paumés qui ne voyaient jamais de voyageurs. Avaient-ils seulement une auberge, dans leur trou perdu ? Bonne nouvelle en tout cas, il y avait des charrettes. Donc des marchands, qui pouvaient potentiellement partir pour la Capitale. Je regardai Alice qui levait les mains, comme pour montrer patte blanche. Moi non, j'avançai simplement et si eux, plutôt, se montraient menaçant on pourrait leur casser la gueule.
"Si ça ne te dérange pas de leur expliquer... je ne saurais pas vraiment par ou commencer" Me demanda-t-elle.
Bon, c'était vraiment parce qu'il y avait une histoire de pain de savon que j'acceptai. Je m'approchai du petit groupe de villageois pour leur expliquer la situation. L'accident de la voiture, la chute d'Alice dans l'eau, le feu de joie, notre petite escapade en nature. Bref, un petit résumé qui les avait visiblement convaincu puisqu'ils proposèrent aussitôt à Alice un endroit chaud et sec, pour lui venir en aide. Finalement, tout était bien qui finissait bien. Je me tournai vers la jeune femme, pour lui dire au revoir. Je n'étais pas une sauvageonne, quand même.
"Bon, ben bonne continuation, salut." Voila.
Ah, aussi...
"Pense au savon!"
Je la laissai entre les bonnes -ou mauvais on savait jamais- mains des habitants. Pour ma part, j'allais faire un petit tour au centre du village, pour espérer y trouver une petit boutique pour m'acheter des vêtements et refaire le plein. Ensuite, il ne me resterait plus qu'à trouver un marchand pour négocier un voyage vers la Capitale.
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