"Encore des papiers..."

Un soupir, las et déjà épuisé. Les heures s'égrainent effroyablement dans ce bureau auquel il a encore du mal à prendre ses marques depuis ces dernières lunes. Si dans l'optique Harald éprouvait une certaine contrainte dans l'idée de gratter du papier au lieu d'accorder davantage son temps et son énergie à ses hommes, il n'en oublie pas l'importance primordiale de garder un œil acéré et rigoureux dans l'aspect administratif de la cité et ses mises à jour.

"Échanger sa lame et son bouclier pour une plume et un encrier... pour l'instant", voilà tout de même cette pensée qui martèle son esprit pour se donner du courage. Même si, il possède l'esprit et le mental suffisamment solide pour commencer et terminer sa besogne dans le calme et le silence, et ce, sans frustrations. De temps en temps, il accorde quand même son attention au paysage montagnard, grand et majestueux, un vent répand un voile brumeux et blanchâtre, parsemé par des épluchures de la poudreuse qui se lève au gré des bourrasques. Une poésie hivernale qu'il a l'habitude de voir depuis sa naissance et sans y ressentir une once de lassitude.

Une boisson chaude dans les mains, pour rythmer son travail qui est loin d'être terminé. Le vide juridique depuis la tragique perte du précédent capitaine a également laissé un bazar sans nom dans les bureaux de La Forteresse - en particulier à la direction - et cause en conséquences quelques litigieux problèmes qui bien heureusement, n'ont jamais dépassé l'ordre administratif. Des chiffres, des ressources, l'agencement des unités, les permissions, les budgets trimestriels, tous avec l'aide des personnes compétentes qui ont pu lui permettre aujourd'hui d'avoir un semblant d'ordre notable.

Quelques lunes, déjà, que son emploi du temps ne se résumait qu'à jouer les secrétaires, à la simple différence qu'il était le coup de tampon final et décisionnaire qui permettait de classer l'affaire en question. Il finit par afficher un sourire satisfait après avoir rangé une liasse de parchemins dans un dossier et regarder l'énorme pile dressée encore sur le bout de la table qui trône comme un supplice dont il n'est pas prêt de disparaître. Nouveau soupir.

Son bureau était une grande pièce qu'il enviait particulièrement du temps de son poste de lieutenant. Dorénavant, ce "bonheur" de le retrouver se mélange aujourd'hui à l'amertume. A l'idée d'être le remplaçant d'une personne qui serait encore capitaine si Lucy en avait décidé autrement. Plus luxueuse, décoré d'armes et de boucliers de guerre d'apparat sur chacun des murs, mais aussi de la carte de tout le territoire occupé par ses hommes sur celui du fond, et des tapisseries qui rassemblent les trois unités de la Forteresse. Les Grognours sur le mur de droite, Hippogriffe à gauche, et le génie au plafond, qui, au centre de l'engrenage présente un lustre cristallique tamisé qui offrait une lumière confortable pour des yeux travaillant le papier. Un petit coin salon modeste pour recevoir les invités de marques, des meubles décorés et pourtant malgré tout cela, peu d'affaires du Brun sont présentes.

Il avait besoin de temps, avant de tout remplacer. Comme pour garder encore le vestige de La Biche avant de tourner une nouvelle page, sans doute l'esprit nostalgique du Capitaine couplé avec un respect infini pour son ancienne camarade de l'Académie. Le deuil était encore présent. Et comme un coup de tonnerre qui ne s'annonce pas au milieu de la plage du Grand Port, la porte s'ouvre dans un fracas et notre capitaine n'a pas pu retenir un sursaut à la vue d'un homme vêtu bien différemment de ses rangs. Mais il n'est pas dupe. Les deux prétoriens juste derrière le grand double battants, la voix résonnante qui s'échappe du heaume de son confrère va rapidement donner des réponses à ses premières questions.

Puis la crinière du lion donne un dernier coup de marteau aux souvenirs d'un vieux grizzly qui ne pu s'empêcher de fendre un sourire attendri.

"Arthorias !"

Il se redresse aussitôt de sa chaise, pulsé par une énergie nouvelle avant de tendre ses bras.

"Entre, voyons."

Réduisant la distance, une accolade fraternelle va sceller les retrouvailles de deux hommes qui ne se sont pas vu depuis une éternité. Une grimace amusée à la boutade avant de claquer d'un geste sec son épaulière, en l'avisant de la tête aux pieds, l'étincelle dans les yeux qui montre un certain émerveillement pour l'armure de son ami. Il faut dire que la Garde Royale a le sens des présentations !

"Regardez-moi ça, on s'occupe des lionceaux pendant un petit bout de temps et ils viennent grogner à la grotte de leur mentor. Installe-toi."

Il lui indique les fauteuils qui entourent une table basse dans un coin de la pièce pour saisir sa théière, resservir son verre, puis un autre pour ensuite se rapprocher de ce qui semble être maintenant son collègue de l'État-Major lui-même. L'idée est encore dure à réaliser alors qu'une décennie plus tôt, les choses étaient tellement différentes. Même s'il était l'aîné, Arthorias a su gravir les échelons plus rapidement et faire profiter de ses compétences pour le service de la Couronne, et seulement pour ça qu'Harald le considère plus que son égale et peut-être même aujourd'hui un exemple. L'élève dépasse le maître ?

"Tiens, cela te fera du bien. Alors, en quoi me vaut l'honneur de la visite du Capitaine de la Garde Royale dans notre cité ? C'est bon de te revoir."

Pour la première fois, et réellement, Harald pouvait enfin retirer la casquette du Capitaine pour un moment plus familier, dédié à la camaraderie, à la nostalgie, ses larges et massives épaules déjà relâchées dans sa tenue. L'impression de mettre en pause toutes ses responsabilités dans une bouffée d'oxygène revigorante et agréable. Il est vrai que son camarade lui rappela alors que même si ce n'était pas lui qui viendrait de lui-même sur la possible mise au point - sans doute à des fins correctionnelles - sur les failles existant sur son territoire, il ne pourra malheureusement que l'affirmer en détaillant comme il le pourra tous les dispositifs déjà mis en œuvre pour améliorer la situation. Pour le reste, il n'était qu'un homme avec ses faiblesses et c'est pour cela que la commission existe.

Mais il étire tout de même un sourire émue, dissimulé dans sa barbe, légèrement humidifié par sa boisson, sur l'attention si attachante de son ancien camarade avec qui il a pu le conseiller par l'époque, et se retrouve à sa place après toutes ses années aujourd'hui. Finalement, le merveilleux moment de rendre la pareille et Le Kirin possède toute l'humilité nécessaire pour accueillir avec plaisir les prochains conseils qu'Arthorias pourra lui confier au détour de cette conversation. Il pousse un soupir en grimaçant, comme pour traduire qu'effectivement les choses n'étaient pas évidentes... Assis face à lui, il pose délicatement son verre avant d'orienter ses prunelles grises dans la direction de son vis-à-vis.

Il resta silencieux, les émotions varient en fonction de l'évolution du discours du Lion. Des fois, en opinant énergiquement du chef, pour bien faire comprendre à son interlocuteur que tous ses dires étaient le contexte actuel qu'Harald traverse. Il remplace le grand Capitaine Von Andrasil, il était tout à fait normal que les gens qui la suivaient sont beaucoup plus réticent à l'idée de suivre un homme qui a juste profité d'une place libre, même si, l'état-major a estimé qu'il avait accompli assez de choses dans sa vie pour pouvoir en endosser la responsabilité.

"Je te remercie mille fois, Arthorias. Etre Capitaine est une dimension que je ne voyais que de loin jusqu'à présent. J'en mesure toute sa taille et son ampleur qu'aujourd'hui. Finalement les rôles s'inversent mon ami, et j'ai bien l'impression que je vais avoir en effet besoin de toi."

Il fronce subitement les sourcils.

"J'ignorais que La Royale subissait de pareilles calomnies qui viendraient tâcher sa réputation. Sans doutes des crétins qui ne valent même pas la peine d'accorder ton attention pour une doléance. C'est incroyable ce que tu fais avec ton régiment, et j'espère pouvoir renvoyer le même reflet."

Un sourire pour accompagner le rire, Harald était bien loin du stade de "l'habitude". Si le gout de la nouveauté était quelque chose d'agréable pour sortir d'une routine ennuyante, le Capitaine du Blizzard le voit d'un autre œil dorénavant. Mais au fond de lui, il y avait ce gout de défi qui alimentait un certain engouement frissonnant. Sortir de son confort, se battre, des choses qui peuvent être excitantes si on prend la peine d'accepter sa condition. Car finalement, c'était d'abord ce qu'il fallait faire : accepter.

Mais... Notre homme va fendre un sourire taquin quant au subit changement, gêné, du Lion de la Capitale. Il prend alors un ton mielleux derrière toujours ce sourire qui se voulait embêtant.

"J'ai personnellement fait une demande par courrier à son égard afin qu'elle rejoigne nos rangs avec la promesse d'une promotion, pour qu'elle puisse évoluer chez nous. Une femme compétente, douée, qui possède d'ailleurs une monture assez exotique. Mais, nous n'allons pas parler de son curriculum, n'est-ce pas...?"

Clin d'œil, une autre gorgée, puis il s'affale afin de bien s'installer pour la suite des hostilités.

"Notre Capitaine a le cœur qui bat ?..."

Rire amusé.

La réflexion sur l'ostentation générale et surtout à l'armée avancée par Arthorias est plus que pertinente. Dans la mesure où c'est l'homme et ses failles qui participent à la gestion d'un régiment, il y aura toujours quelque chose à redire, à contester, à juger, quand bien même l'expertise de leurs remarques est égale à celle de leurs bêtises. Cela eut comme l'effet d'un déclic pour Harald. Finalement, comme le meilleur moyen de relativiser malgré toute cette pression qui venait de lui tomber dessus.

Il ferait ce qu'il peut, dans la mesure du possible, et sans mourir de manière stupide.

Réaliser la dure fonction de Capitaine est une chose, essayer d'en avoir les épaules en est une autre. Et c'est avec beaucoup de reconnaissance envers son cadet qu'il le remercia. Dur est le travail, mais pas impossible. Et comme le Capitaine de la Royale le souligne très bien, il n'est pas seul, des lieutenants aux compétences remarquables sont là pour lui permettre de soulager ce labeur colossal qui l'attend. Le cerveau remplit de conseils, le torse gonflé d'une énergie nouvelle, il fallait maintenant s'occuper du cœur de son ami.

Plusieurs fois, ils ont eu ce genre de conversation. Plusieurs fois, ils ont échangé sur les sacrifices que ça demande à un homme pour évoluer dans une carrière militaire. Si à l'Académie les instructeurs les ont prévenus du prix que ça allait leur couter, le vivre reste une épreuve pour la plupart des gardes. Il comprit alors que l'adjudante était une rencontre tout à fait singulière et bien loin d'une relation passagère. Quelque chose que notre brun n'a malheureusement pas encore vécu. Oh, moult aventures d'une nuit, certes, mais bien loin de quelque chose dont son ami le tourmente aujourd'hui.

Hélas, les sentiments ne se contrôlent pas, et sa précédente relation le prouvait suffisamment. Connaissant l'histoire plus que dans les grandes lignes, la discussion prend une tournure beaucoup plus personnelle, et Harald resta silencieux, une oreille attentive et une épaule solide, s'il le faut. Il entendit quand même la demande implicite de notre amoureux, à savoir, la possibilité de venir la voir en respectant bien sûr le cadre du travail que le Capitaine de Forteresse demande à ses subordonnées, et Dahlia en faisait inéluctablement partie. Il se penche alors en avant, un bras passe par-dessus la table basse pour empoigner celui de son confrère.

"Nous protégeons ce Royaume. Mais nous protégeons aussi ses valeurs, et l'Amour en fait parti. Je saurai me montrer attentif, Arthorias. Ceux qui disent que les gardes sont sans cœur et sans amour sont des menteurs. Et je ne prêche pas cette parole. Je vous souhaite tout le bonheur du monde."

Sa main revient vers lui pour saisir sa tasse dans la foulée.

"Tu es certainement au courant que les choses seront difficiles pour vous. Et peut-être que pour la pérennité de votre couple, un choix devra être fait. Mais cette quête ne m'appartient pas, et vous êtes suffisamment capable de pouvoir en discuter tout les deux. Je l'ai affecté en patrouille de nuit, je tâcherai de te transmettre son emploi du temps afin que tu puisses profiter d'un créneau en sa compagnie. Attention Arthorias, je tiens à garder cette Garde maîtresse de son corps et de son esprit..."

Une mise en garde nécessaire malheureusement, car il est monnaie courante de savoir que le cœur et la raison sont parfois difficilement lié. Deux parties qui peuvent causer du tort à son propriétaire dans une situation dangereuse. Et peuvent conduire à une issue fatale.

Rassuré par les mots d'Arthorias, il accompagne son regard pour se réconforter, par le biais de l'éternel paysage qui les entoure. Il connaissait les faits d'armes de cette dernière, et bien sûr qu'il a eu un retour sur ce combat contre cette créature. Peu de gens arrivent à ce genre d'exploit, et c'est bien pour cette distinction qu'il souhaitait l'avoir dans ses rangs. Le regard de Dahlia dorénavant plus acéré, le corps expérimenté par le terrain, il fallait absolument lui donner le pouvoir d'aider à diriger une compagnie, ou quelques premières classe sur le terrain qui n'ont pas le passé de la jeune femme.

Il opina doucement et longuement du chef, comme pour donner du poids aux dires de son ami. Harald voulait les meilleurs à ses côtés, et sa quête ne faisait que commencer.

"Ne t'en fais pas, les rumeurs sont plus rapides que les rapports. l'Adjudante Delancy fera un merveilleux travail ici, et puis, il ne faut pas oublier qu'elle appartient à une grande famille. Tout le monde se rappelle du Capitaine Delancy qui a donné son épée pour La Royale. C'est à elle de briller, maintenant."

La dimension de la conversation pouvait désormais changer, quant à la prochaine question de son vis-à-vis. Il a bien raison, les wendigos ont donné la couleur sur la manière de gérer les surveillances sur le terrain, et ne connaissant pas les dispositifs mis en place par son prédécesseur... Il fallait tout recommencer. Harald se leva, termina son verre et s'échappe du fauteuil pour rejoindre l'immense carte qui recouvre la moitié du mur du fond en saisissant une réglette en bois. Naturellement une posture professionnelle, tout comme l'intonation, le cadre militaire revient aussi vite qu'il était parti.

Il ressentait une certaine pression, lorsqu'il réfléchit à comment présenter ce qu'il a mit en place. Un peu comme un exposé devant un jury à l'Académie. Une sensation pas si agréable, mais il prit son courage à deux mains.

"J'ai cru comprendre que tu as pu participer au nettoyage de la zone. J'ai eu le rapport sous les yeux il y a quelques lunes, les crocs du Lion ont bien grandi depuis que nous nous sommes séparés à ce que je vois."

Sa barbe se retrouve déformée par un sourire timide mais admiratif, puis tapote la carte avec l'extrémité de la réglette comme un instructeur qui assure un cours en pointant le Poste-Frontière.

"Il fallait tout reprendre. J'ai donc réorganisé les unités en les rassemblant dans des corps plus grand et qui rassemblent d'avantage d'hommes en étalant leur périmètre d'action. Le commandement est centralisé par le Post-Frontière commandé par mes lieutenants. Le Grognours, et L'Hippogriffe, comme tu peux le voir sur les nouvelles tapisseries de ce bureau."

Il commence alors a faire glisser l'accessoire sur l'ensemble des montagnes.

"Fuji, Halika, Cervin, Méru, Tsin, Suraj, Eko, Yava et Ramazd sont géré par la plupart de nos Sentinelles, sinon, j'ai mis en place une unité mobile tous équipé de Catosorus Rex que j'envoie en surveillance dans les zones les plus reculé du Nord, appartenant aux Grognours. Nous avons déjà d'extraordinaire retour sur la vitesse d'arrivée des rapports des éclaireurs. Aucun signalement qui nous indiquerait un mouvement hostile de l'autre côté, pour répondre à ta question. Pour l'instant. Cette unité possède les kits d'assistances nécessaire pour secourir nos civils s'ils décident de se promener un peu trop loin, en attendant de construire les routes qui pourront faciliter le passage. A ce propos..."

Après une expiration il reprend, les mains jointes dans le dos, enraciné au sol par ses jambes solides.

"...J'ai fait parvenir un courrier au Gouverneur de La Forteresse afin de pouvoir relancer le Projet Génie. Nous avons déjà quelques concepts qui s'annoncent prometteur, et dans la mesure où les résultats sont plus que concluant je m'engagerai à équiper mes soldats avec un nouveau matériel qui leur permettra d'apprivoiser plus facilement le Nord mais aussi d'y circuler plus facilement. Nous devrions nous voir prochainement. Une ère nouvelle s'annonce, Jeune Lion, et je compte bien en faire partie."

Harald aimait son humilité, couplé avec une ambition indomptable qui a amené son ami au poste qu'il occupe aujourd'hui. Avec une fierté qu'il ne cachait point, il pouvait montrer son travail qui a pu être apprécié par son camarade et il n'y a rien de plus rassurant qu'un homme vienne vous voir pour vous assurer que le travail est bien fait. Davantage en ce moment, avec le discours de son ami qui est également un capitaine expérimenté, il savait qu'il pouvait compter sur lui et que ce dernier n'hésiterait pas à lui apporter des axes d'améliorations pour son régiment.  

Comme si c'était le sien.

Il ne releva pas toute de suite l'étincelle curieuse et intriguée d'Arthorias tout d'abord, seulement la curiosité dans le ton de la plaisanterie qui concernait ses futurs projets auprès du Génie. Dans le même ton, un coup d'épaule taquin contre le froid métallique de son épaulière massive avant de ricaner.

"L'Etat-Major n'est même pas encore au courant, laisse-moi te réserver la surprise, j'aimerais éviter de me coller la honte si je t'annonce des objets qui ne fonctionneraient même pas par la suite. Aha."

La conversation va finalement se tourner sur autre chose. Sa question qui lui fit hausser un sourcil curieux. Comment cela pourrait être possible ?

"Hm, eh bien, il m'est difficile de pouvoir te répondre, puisqu'il s'agit d'une carte remise à jour. Serait-elle déjà obsolète ?"

Le rejoignant alors pour contempler l'entièreté de la carte, dans le but d'avoir vision plus pertinente et peut-être plus précise, il réfléchit, deux doigts pensifs tapotant régulièrement sur le menton avant de jouer avec son bouc tressé. Les vairons de son ami dans la direction du plus haut pic, il cherche alors dans les méandres de ses souvenirs quoi que ce soit qui pourrait coller avec ce qu'il suspecte. Si le Capitaine de La Garde Royale en tout cas le relève, cela mérite au moins de s'arrêter dessus n'est-ce pas ? Un soupir pour annoncer sa défaite, puis il se tourne vers lui.

"Rien qui me vient en tête en tout cas. Peut-être que les archives pourraient nous aider ? Je peux faire dépêcher l'équipe administrative si tu le souhaites."

L'intérêt de rester planter devant n'étant clairement pas l'occupation qu'il allait dédier, il tourna les talons et se posa contre le bureau, ses bras massifs croisés sur son torse puissant, les traits toujours tirés par une curiosité qu'il ne peut refouler.

"En tout cas j'espère que cela ne relève pas d'une urgence."

Même si au fond de lui, son cœur vaillant pulsait l'envie de sauter sur n'importe quelle occasion pour entreprendre une expédition dans le Nord sauvage afin d'en percer les secrets. Mais il y a des responsabilités auxquels il devait faire face aujourd'hui...

C'est le soucis avec sa nouvelle expérience depuis qu'il exerce ses nouvelles fonctions. Il faut du temps et du travail pour se mettre au courant des informations peut-être plus confidentielles concernant le royaume, et sa discipline et son amour de ce dernier et ses lois le rend suffisamment docile pour éviter de poser des questions. Peut-être que c'est un défaut lorsqu'il faudra écouter son intuition et chercher les choses avec une main ferme et autoritaire, en prenant le risque de bafouer l'autorité dans un élan de courage. Bien heureusement, ce genre de situation n'existe pas ou très rarement.

En tout cas, il est donc certain qu'une petite mise à jour pour être pleinement dans ses devoirs de capitaine est nécessaire, s'il veut être efficace, que ça soit pour la gestion de La Forteresse ou bien de son implication dans l'Etat-Major. Une chose est certaine pour notre Kirin, il déteste être la cinquième roue du carrosse.

Avec un regard tout aussi concentré, il observa le doigt de son camarade indiquer une position précise sur la carte. Un fort ? Harald réfléchit longuement, jouant avec les tresses de son bouc nerveusement pour essayer d'avoir une information cachée ou oubliée dans son cerveau. Rien. Il ne pu s'empêcher de rire.

"J'ai beau avoir grandi dans cette région, cet endroit me cachera encore plein de surprises..."

Son ton mêlait la déception, la surprise, et enfin, l'admiration. L'admiration sans fin qu'il a pour son pays, avec cet engouement d'en vouloir toujours plus. Et il ne comptait pas en rester là... Mais ce sourire amoureux va disparaître aussitôt pour laisser place à une inquiétude quand le lionceau s'assoit pour dévoiler ses découvertes, qui ont l'air de demander un lourd prix.

"Je ferai ce qui me semble nécessaire, Arthorias. On a signé pour ça."

Il finit par poser une main sur son épaule.

"Ce supposé fort est sur notre territoire. On a donc du travail, rien de plus et rien de moins."

Il préférait simplifier la situation plutôt que de la complexifier à cause de détails qui impliquerai l'insécurité d'Aryon. Rien n'est facile, mais il faut savoir ramener les choses à l'essentiel.

"On dit que s'inquiéter, c'est souffrir deux fois. On a pas besoin de s'infliger ça. On peut par contre le résoudre à sa source. Pour l'instant je n'ai rien d'alarmant sur le territoire, c'est donc le moment de profiter de cette accalmie pour se bouger."

Il essaie d'imaginer à sa façon un supposé Fort dans le coin indiqué par son ami, imaginant plusieurs scénarios possibles. Mais les spéculations ont leurs limites. Mais se rappelant aussi de la certaine forme de lassitude de son compagnons sur ces archives, il rebondit dessus d'un signe de tête.

"Tu sais que je suis là, si tu ressens le besoin de t'alléger. Si des problèmes doivent être résolus, alors nous les résoudrons. Quoi qu'il en coûte."

Ces mots prononcés, il s'écarte de son ami avant de rejoindre la fenêtre de son bureau et observer l'extérieur.

"Je t'invite maintenant à profiter du séjour, je te communiquerais l'emploi du temps de ta chère et tendre. Je peux te dire d'ors et déjà qu'elle est disponible en fin de journée avant de commencer sa ronde."

Bien sûr, ce n'était pas une manière de le mettre à la porte bien loin de là, c'était surtout pour donner un peu de légèreté à ce cadre. Après tout, c'était des retrouvailles, le monde sera sauvé un autre jour.