A Way To Go

La douce peinture de la nuit s’effaçait lentement à l’horizon. L’abysse qui s’étendait jusque dans les astres laissait maintenant place aux quelques rayons dorés du soleil. Le matin peinait à se frayer un chemin au travers des étoiles qui parsemaient encore le ciel. Se dessinait alors au centre d’un chemin pavé, une silhouette feutrée. Le temps suivait son cours à l’encre noire, tandis que tu t’effleurais à une matinée fraîche.

Les ruelles encore vides de leur habituelle fréquentation, il déambulait silencieusement. Parfois, quelques passants croisaient son chemin, mais aucun ne saisit son attention. Celle-ci s’était égarée entre les lignes de ses pensées, longuement concentré, aucune voix ne parvint à l’en détacher. Il semblait que le travail ne quittait jamais ses traits, que son visage ne se déridait pas de cette expression sérieuse qui luisait dans le bleu céruléen de son regard. Mais tu le voyais, tu savais qu’au travers de ce masque à l’apparence aimable habitait une personne aux allures inquiétantes.

À l’ombre des bâtiments, tu ne savais ce qui avait entraîné cet homme dans ces rues si tôt le matin. Il se délivra finalement d’un ultime soupir, puis, sur la terrasse qui venait tout juste d’ouvrir, il s’installa sur une chaise. Ashley de son nom était venu en ce jour pour observer. D’une posture à l’élégance rare, le jeune homme laissa quelques cristaux rampants sur la table en bois. Un sourire d’une étrange tendresse s’étira sur ses lèvres, ainsi, il commanda sa boisson.

Lorsque la forme disparut entre les portes du café, Ashley se permit un moment de relâchement. Tu ne sus réellement quelle fut l’injure qu’il siffla entre ses dents. Tu ne pouvais rentrer dans ses songes, mais il était pourtant bien rare que cet homme se permette ainsi de se relâcher.

La façade se forgea à nouveau quand la boisson rencontra la table face au jeune noble. Toujours aimable, Ashley la gratifia d’une prose douce et envoûtante non sans attirer une légère rougeur sur les joues de la jeune serveuse. Intérieurement, tu ne pouvais t’empêcher un sourire narquois. Ashley était devenu bon acteur, maître de ses plus profondes émotions. Qui ne pouvait tomber dans ses filets sans se brûler une aile dorénavant. Un œil vif coupa net tes pensées, l’azur incrusté dans son regard perçant semblait chercher quelque chose dans la foule qui s’amassait peu à peu. La Capitale s’animait, bientôt, un brouhaha incessant résonna dans les rues. De celui qui vendait son journal aux jacassements incessants des rumeurs qui éveillaient la curiosité des plus retors.

Tu ne pouvais t’empêcher de suivre ce regard qui allait et venait entre chaque personne. Enfin, une brève idée traversa ton esprit, et tu compris ce qu’il cherchait. Les trésors de l’art s’essoufflaient depuis que le marché s’était inscrit d’une mode viscérale pour un modèle unique. Et les ventes chutaient. Là, était devenue l’inquiétude du jeune noble. Il n’était connaisseur que de vue, intéressé par les idées grandioses qui traversaient les esprits des artistes fous et de leur vision du monde sous un angle nouveau. Mais le plagiat d’un mouvement récent faisait s’effondrer l’empire que le jeune homme avait pris soin de monter. Tu compris la raison pour laquelle Ashley avait fini par abandonner son bureau. Il n’était même pas question qu’une révolution se passe en-dehors de son avis. La confiance qu’il maintenait auprès de ses congénères ne tenait qu’à un fil.

Ainsi, dans les méandres d’une foule qui s’animait, l’heure tournait gracieusement. Parfois tu voyais son regard se perdre dans un coin de rue où les premiers saltimbanques clamaient leur pouvoir avec passion. Mais rien ne semblait réellement attirer son attention.

Finalement, Ashley retroussa brièvement ses manchettes, prêt à abandonner son projet pour le restant de la journée. L’azur s’effrita derrière les paupières de marbre, tandis qu’un long soupir s’étala sur ses lèvres. Un arrière-goût d’inachevé s’étala dans sa gorge. Le jeune noble ne supportait pas l’idée que sa journée puisse se solder d’un échec. Machinalement, il repoussa les quelques mèches qui volaient devant son front.

Enfin.

Le souffle se tamisa d’un sourire satisfait. Au centre de la masse mouvante, se trouvait peut-être enfin ce qu’il recherchait. La curiosité anima les traits du jeune homme. Tant et si bien qu’il se laissa guider au travers de la myriade de gens qui s’attroupaient pour s’assurer une belle vision du spectacle qui se déroulait sur les pavés de la capitale. Les bras croisés, quelques doigts martelèrent le pli de son coude, geste nerveux.

Peut-être une lueur d’espoir. Le regard perçant se réservant le droit de détailler le faciès avec intérêt.

L'avantage de « travailler » dans la rue était qu'on y trouvait toutes sortes de personnes. Cela pouvait aller aux simples ouvriers et artisans qui travaillaient comme aux personnes plus nobles qui traversaient simplement les rues sans s'arrêter. Quelques fois même, il y avait un ou deux membres de la Garde qui patrouillaient pour la sécurité.
Quant à toi et bien... Tu n'avais pas bougé de ta place, ta petite « scène improvisée » en extérieure, toujours accompagné de tes fidèles assistants dont tu prenais soin en plaidant leurs causes avant tes prestations en annonçant que les cristaux que le public aurait la générosité de te donner servirait en grande partie à nourrir tes animaux.
Ce n'était pas faux mais... Tu n'étais pas non plus très honnête avec cela car, évidemment, tu gardais quelques cristaux pour toi même si la santé de tes animaux passaient plus que toi. D'ailleurs, tu n'avais pas à te plaindre car tu avais réussis à avoir une chambre gratuite à l'auberge en échange des potentiels clients que tu allais leur ramener.
Ainsi, sur ce sujet, c'était du « donnant donnant » et cela te plaisais bien. Tu pouvais ainsi proposer tes tours de passe-passe sans être inquiéter de rien même si, quelques fois, le public n'était pas forcément au rendez vous et les cristaux ne pleuvaient pas, tu arrivais à te débrouiller. Chaque jour avait beau se ressembler, ils étaient différents.
Ce matin là, d'ailleurs, comme tous les matins, tu te tenais prêt sur ta scène sans rideau. Parmi ton public du jour, il y avait les habitués et quelques nouvelles têtes même si elles étaient rares :

« Bien, qu'allons nous faire aujourd'hui ? »

Lanças tu au public dont la majorité connaissait tes tours même s'ils n'avaient toujours pas compris les trucages qu'il y avait derrière et c'était tant mieux. D'ailleurs, il s'agissait de ton plus grand secret en tant que magicien : toujours veiller à faire attention que personne ne découvre les « trucs » cachés sous tes numéros.
En parlant de numéros, tu savais bien que le public attendait de te voir « travailler » avec tes animaux. Yule le lapin nain bicolore et Ky'ha la belle colombe blanche étaient, en effet, les véritables « stars » du spectacle et tu n'étais que leur partenaire. À croire que c'était toi qui était leur assistant et pas l'inverse.
Balayant rapidement le public du regard, tu t'aperçus que les enfants étaient venus en nombre, ayant sûrement poussés leurs parents à s'arrêter pour assiter au spectacle :

« Cette fois, c'est au tour de Yule d'entrer en scène »

Annonças tu alors que tu plongeais doucement tes mains dans ton chapeau pour en sortir le lapin bicolore avec une délicatesse extrême, le déposant tout contre toi, le laissant grimper sur ton épaule, place normalement « réservée » à Ky'ha mais la colombe s'amusait à tournoyer dans les airs au dessus de toi pour le moment.
Placé ainsi, Yule eut également tout le loisir de regarder le public et tu entendis les murmures d'admiration de certains, déjà sous le charme de cette petite boule de poils noires et orange. Cependant, le calme Yule changea bien vite d'attitude, semblant fixer un point dans le public pour, ensuite, commencer à s'agiter.
Tu fus réellement surpris et tu lâchas ta prise mais, heureusement, le lapin ne tomba pas de bien haut et, une fois sur le sol, il bondit en direction de ce qu'il avait vu :

« Yule ? Qu'as tu vu ? » Les murmures interrogatifs du public te répondirent tandis que tu suivais ton lapin : « Où vas tu comme ça ? Peut on le savoir ? »

L'avantage était que le public pouvait croire que cela faisait parti du numéro mais... En réalité non car, tu avais beau souvent « travailler » avec tes animaux, ce n'était pas pour cela que tu pouvais comprendre leurs comportements et là... L'attitude actuelle de Yule était un réel mystère, même pour toi mais personne ne le savait.
Finalement, au bout de quelques minutes de « course poursuite », le lapin nain s'arrêta aux pieds d'un homme et se dressa sur ses petites pattes en couinant. Étonné, et faisant mine d'être essoufflé, tu finis par rattraper le « fugitif » pour le reprendre dans tes bras :

« Et bien, qu'as tu vu pour être aussi intéressé ? » Tu relevas ensuite les yeux vers l'homme et tu eus un soudain frisson intérieur que tu réussis, heureusement, à masquer avec un sourire : « C'est donc cet homme qui t'intéressais ? Peut on savoir pourquoi ? » Pour toute réponse, Yule couina une nouvelle fois avant de grimper de nouveau sur ton épaule et continuer de regarder fixement l'homme aux cheveux roux. Ah... Tout s'expliquait alors : « Navré Messire, loin de moi l'idée de vous importuner, mais il semblerait que la couleur de vos cheveux ai intrigué mon lapin. Ne le prenez pas mal mais je pense qu'il aurait confondu avec la couleur des carottes que je lui donne de temps en temps » Puis, toujours avec le sourire pour masquer ton trouble devant l'aura si familière et pourtant si étrangère du jeune homme, tu lui proposas : « Puisque vous êtes là, que diriez vous d'assister à un tour de magie ? Garanti sans magie, ce sont plutôt des tours de passe-passe traditionnels si cela vous intéresse »

Avec respect évidemment puisque tu ne pouvais pas oublier tes origines même si, comme tu le disais toi même, cela appartenait au passé et c'était de l'histoire ancienne mais... Cela ne t'empêchais pas de tenter ta chance en lui demandant.

Codage par Libella sur Graphiorum

First Encounter

La voûte céleste s’était éclairée d’un soleil chaleureux, animant la foule. Celle-ci, troublante semblait s’émouvoir d’un spectacle factice. Le décor se tissait, les enfants tressaillaient. Et au centre de ce vacarme, se dessinait la silhouette du jeune noble. L’ombre droite, Ashley n’était qu’un des nombreux spectateurs devant ce théâtre grandiose fictif.

Le vulgaire essaim se mit à acclamer la tricherie assumée, là où la magie faisait naître des merveilles, cet homme créait de ses doigts un pouvoir faussé. Des tours qui naquirent de l’imagination et de la dextérité. Et bien que le jeune noble ne fût pas spécialement féru de cet art étrange, il n’en demeurait pas moins intrigué.

L’ordre des choses voudrait que ce soit d’un ridicule d’éveiller les sens sans utiliser les dons offerts de par nature en ce monde, pourtant, il relevait simplement de l’ordinaire. Tu savais qu’Ashley n’avait jamais pu s’émerveiller de son enfance, devenu sans rêves, ni espoir, il n’était plus qu’un tyran tiraillé entre ses devoirs et son apogée. Peut-être était-ce la raison pour laquelle il avait été attiré dans la toile que représentait ce spectacle.

Coupé de ses pensées par le petit animal qui fit sa course jusqu’à ses pieds, le tyran, se pencha pour venir toucher le pelage. Sans retirer ses gants, il donnait le change de sa chaleureuse présence. Si les hommes étaient dupes de ta supercherie, ce n’était pas le cas des animaux. Tu ne le savais pas encore, mais Ashley n’était pas un ami des animaux. Tant et si bien que lorsque les deux quenottes traversèrent le cuir du gant, le jeune noble tressaillit. Définitivement, les animaux ne l’aimaient pas.

Ashley se redressa en tenant sa main douloureuse.

Un sourire rendu à l’artiste, il ignora l’agressivité de l’animal à ses pieds.

« Je ne doute pas que cela a dû intriguer notre ami. Je n’aurais cru qu’un animal puisse confondre la couleur de mes cheveux pour une friandise, assena-t-il langoureusement. Ne vous tourmentez pas, je ne suis aucunement offensé.»

Sous couvert de ce masque, le jeune noble s’était intelligemment montré aguicheur envers ceux qui attiraient son attention. Bien qu’il n’y ait aucun autre intérêt que pour son commerce, il devait savoir utiliser de ses charmes avant de se faire écraser par plus fort que soi. Tu savais qu’il utilisait les mots avec aisance.

« Je comptais justement m’arrêter pour profiter de votre spectacle. Je suis impatient de voir ce que vous nous préparez. »

Il s’approcha brièvement du jeune artiste, les lèvres contre son oreille. Quelques vifs mots posés au creux de son cou, sinueux. Ses mots sonnèrent telle une prose infernale, s’alimentant d’une douceur accablante.

« J’espère que vous saurez m’impressionner, si c’est le cas, je viendrai vous voir après votre prestation. »

Ashley relâcha son étreinte puis recula au centre de la foule pour disparaître de son regard. Posté dans un coin, il attendit patiemment que l’animation débute, que les trésors de cet art outrageant fassent son effet. Il ne doutait pas du talent du magicien. Également durant ce temps, il repensa aux offres prolifiques qui inondaient le marché. Il en était épuisé de voir et revoir des œuvres toujours plus similaires les unes des autres. Si cette fois, son imbécile tailleur ne trouvait pas l’inspiration au travers de cet artiste, il retournerait probablement se pencher autour de la vente de tableaux.


Lorsque de ses mains, le magicien termina sa prestation, Ashley applaudit en se rapprochant. Il attendit que la foule se disperse pour venir le voir puis vint poser une bourse en cuir à côté du lapin qui semblait cracher tel un chat, à sa présence.

« Vous êtes talentueux, c’est… Rafraîchissant de constater que votre art sait se défaire de ce que nous avons l’habitude de voir. »

Une somme folle pour un saltimbanque de rue, mais son intérêt n’était pas dans le spectacle, mais bien dans la personne qui lui faisait face. D’une élégance propre à l’aristocratie, Ashley gardait pourtant cette distance, non sans se défaire de ce sourire poli qui ornait ses lèvres.

« Saviez-vous que les plus grands artistes qui ont foulé le sol de notre petit monde étaient complètement fous à lier. L’un d’eux s’est même arraché l’oreille dans sa folie. Vous imaginez la tête de sa pauvre femme lorsqu’elle a vu le massacre ? Et tout ça, car il n’arrivait pas à faire ressentir une émotion à travers son œuvre. »

L’ineptie sonna comme une insulte malgré le ton employé. Derrière cette phrase, il faisait un amalgame des artistes qui sortaient de l’ordinaire, cette arrogance aurait dû lui coûter cher s’il n’avait pas repris.

« Pourtant, je trouve que c’est à travers l’innovation que nous trouvons les plus beaux trésors de l’histoire, annonça-t-il. Vous vous demandez probablement la raison pour laquelle je vous parle de tout ça, n’est-ce pas ? »

Volontairement ou non, le jeune noble se montrait bien présomptueux, mais son but était tout autre que celui d’agacer le saltimbanque.

Décidément, cette rencontre fut assez surprenante sur bien des points. Tout d'abord sur la façon dont tu avais « abordé » ton interlocuteur même s'il ne s'agissait pas de ton fait. Effectivement, on pouvait dire que cette rencontre s'était faite par « lapin interposé » puisque, au départ, c'était Yule qui s'était montré intrigué par ce noble personnage.
Cependant, quelque chose n'allait pas. Ton lapin n'était pas « connu » pour se montrer aussi agressif envers les humains mais... Pour cet homme, c'était différent. Tu ne t'en aperçu que trop tard mais Yule avait déjà mordu l'homme. Évidemment, un air choqué passa sur ton visage mais, apparemment, la « victime » de ton lapin ne semblait pas crier au scandale, ce qui était une bonne chose.
Pourtant, l'homme décida d'ignorer la soudaine agressivité de ton animal pour s'adresser à toi en te disant, sur un ton langoureux qui te fis intérieurement frissonner, qu'il n'en était pas le moins du monde offensé. Aussitôt, inclinant légèrement le torse, tu pris la parole :

« Soyez remercié pour votre sollicitude, Messire. Je n'aurais jamais pensé que mon lapin puisse agir de la sorte avec quelqu'un. J'aurais dû le rattraper plus tôt pour vous éviter cette morsure » T'excusas tu sur un ton soutenu, respectueux, avant de redresser le visage : « Soyez cependant assuré que je veillerais désormais à ce que ce fâcheux incident ne se reproduise plus »

Ta manière de parler avait sûrement laissé un indice sur tes origines à ton interlocuteur car tu ne pensais pas qu'un « réel » artiste des rues, qui n'aurait pas eu le choix que de réellement vivre dans la rue, ne parlerait pas aussi respectueusement devant quelqu'un mais, honnêtement, tu t'en fichais.
À tes cotés, Yule continuait de cracher à la manière d'un chat avant de se calmer lorsque tu baissas ton chapeau. Aussitôt, le petit animal sauta à l'intérieur tandis que le noble affirmais qu'il avait justement l'intention de s'arrêter pour profiter du spectacle que tu pouvais proposer.
Tu voulus aussitôt le remercier pour le temps précieux qu'il daignerait accorder à ton modeste spectacle mais ton interlocuteur ne t'en laissa pas le temps, manquant même de te faire sursauter lorsque tu sentis qu'il s'était rapproché de toi pour te souffler, sur un ton de confidence, qu'il espérait que tu saurais l'impressionner car, si tel était le cas, il viendrait  te voir après ta prestation.
Ton corps était figé suite à ce soudain rapprochement. À quoi jouait il ? Que voulait il ? Qu'espérait il de toi, exactement ? Tant de questions malheureusement sans réponse puisque tu n'avais pas le pouvoir de lire dans les pensées mais tu avais la désagréable impression que l'homme essayait de t'attirer dans un piège et qu'il allait faire de toi une marionnette que le noble allait diriger à sa guise.
Cependant, vous étiez dans la rue et vous n'étiez pas seuls. Le public attendait donc ce n'était vraiment pas une bonne idée de provoquer un scandale en manquant de respect à un noble, surtout venant d'un « simple » artiste des rues tel que toi :

« Soyez rassuré que je ferais de mon mieux pour vous proposer un numéro qui saura vous satisfaire, Messire, ne serait ce que pour m'excuser du désagrément que vous a causé mon « partenaire » » évidemment, tu parlais de ton lapin en disant cela : « Sur ce, Messire, je vous souhaite de profiter agréablement du spectacle »

Nouvelle révérence respectueuse avant de tourner le dos au noble pour rejoindre ta « scène improvisée » et le public qui commençait d'ailleurs légèrement à s'impatienter mais qui, heureusement, t'étais resté fidèle. Quant au noble, il avait « disparu » dans la foule mais tu sentais encore son regard sur toi.
Cependant, tu fis comme si de rien était, proposant à ton public le classique numéro de la fleur derrière l'oreille d'une « assistante volontaire innocente » et ce tour eut l'effet escompté car la demoiselle fut surprise de découvrir la fleur en te demandant si tu savais comment elle avait bien pu atterrir ici.
Évidemment, la réponse que tu lui offris était un mensonge car tu lui assuras que tu n'en avais pas la moindre idée puisqu'il s'agissait d'un tour de magie et la demoiselle en resta là malgré ses questions qui n'avaient trouvées aucune réponse et, finalement, le public se dispersa tandis que tu ramassais ton chapeau dans lequel était tombé quelques cristaux.
Yule, posé sur le sol à coté de toi, cracha de nouveau, te faisant lever le regard sur le jeune homme aux cheveux roux. Décidément, ton lapin ne l'aimait pas même s'il semblait apprécier le spectacle car tu avais entendu ses applaudissements. D'ailleurs, il dit lui même qu'il te trouvais « rafraîchissant » :

« Vous me flattez, Messire, mais je ne fais que mon travail. Cependant, cela ne m'empêche pas d'être touché par le fait que vous avez apprécié ce moment. Après tout, c'est pour cela que je propose ces tours de passe-passe : stimuler l'imagination et être le témoin de l'émerveillement dans les yeux de mon public »

Le ton de ta voix était attendrit lorsque tu avouas une telle chose car c'était la vérité, celle que tu pouvais voir à chaque fois que le regard de ton public se posait sur tes tours et, même s'ils ne comprenaient pas comment cela fonctionnait, du moment qu'ils restaient émerveillés, cela te suffisais.
Ce fut à ce moment là que le jeune homme sembla décidé à étaler sa science, te parlant des grands artistes du siècle qui étaient également connus pour s'être torturés. Peut être ton interlocuteur s'attendait il à te voir énervé ? Cependant, en toute sincérité, cela ne te fis ni chaud ni froid, bien au contraire puisque tu répondis :

« Cela voudrait il dire que vous essayez de me comparer aux artistes que vous citez ? J'en suis flatté, Messire mais, pour ma part, je n'ai aucune intention de me couper l'oreille puisque je n'ai pas pour ambition de chercher la célébrité » Tu eus ensuite un sourire... Respectueusement hypocrite envers le noble avant de reprendre : « Quoi qu'il en soit, vos connaissances en matière d'art sont impressionnantes. Seriez vous un expert dans ce domaine ? Si tel est le cas, pardonnez ma question mais pourquoi un tel intérêt pour ma personne alors que je ne suis qu'un modeste artiste de rues ? »

Tu répétais cela comme pour faire oublier ton origine noble alors même que tu savais que c'était impossible. Pourtant, bien malgré toi, un léger sourire provoquant s'afficha sur le visage, montrant ainsi à ton interlocuteur que tu n'allais pas perdre ce que tu considérais à présent comme un duel entre vous deux.
Encore une fois à te parler d'art, tout en terminant par une remarque assez pertinente car, effectivement, tu ne savais pas où le noble voulait en venir mais cela ne t'empêchas pas de le dire avec respect :

« Effectivement, vous avez deviné juste, Messire. J'avoue ne pas très bien comprendre vos propos mais j'imagine que vous allez me l'expliquer n'est ce pas ? »

Ce ne fut pas comme la dernière fois où tu avais offert une légère révérence à ton interlocuteur. Non, là tu le regardais dans les yeux avec assurance, conscient que cela puisse sonner comme un affront mais était il un homme à s'offusquer aussi vite ? Après tout, tu ne pensais pas avoir fait quelque chose qui puisse heurter sa suceptibilité. Tu ne l'avais ni insulté, ni même élevé la voix.
Quoi qu'il en soit, cela mis à part, il y avait quelque chose qui te tracassais :

« Maintenant que le spectacle est terminé, j'avoue avoir une question qui me brûle les lèvres. Je vais donc me permettre de vous la poser, si cela ne vous dérange pas : en quoi puis je vous être utile, Messire ? »

Lui demandas tu en le regardant dans les yeux, ton sourcil se levant d'un air interrogatif car, oui, la réponse qu'il pourrait te donner t'intriguais.

Codage par Libella sur Graphiorum

Make your first move

Ashley n’était pas un homme démonstratif. Son visage s’était figé d’émotions indéchiffrables, il se contentait d’offrir un faciès figé de son sourire. Le noble semblait être un mystère, rien ne semblait rompre le masque d’albâtre. Loin de s’offenser des tirades méfiantes de l’artiste - si bien justifiées, il s’écarta brièvement pour lui faire signe de le suivre.


« Je vais en venir aux faits, ne soyez donc pas sur la défensive. Allons nous installer à une terrasse, ce sera bien plus confortable pour que nous puissions poursuivre cet échange. Ne vous en faîtes pas, les frais serons à ma charge.»


Le jeune noble n’attendit aucune réponse de sa part, se dirigeant vers le café le plus proche. Il s’animait avec souplesse et discrétion, digne de son titre de noblesse. Il tira la chaise délicatement, puis s’y posa. Sa joue rencontra l’intérieur de la paume de sa main. Ashley semblait plus décontracté, son regard était fixe, perçant vers son interlocuteur, tel l’aurait été un félin. Un prédateur au centre de cette foule tourmentée.

Déblatérer était un talent propre au jeune noble, celui-ci s’était approprié une langue bavarde. N’était-ce donc pas mieux pour embrouiller l’esprit de ceux qui lui faisaient face. Il choisissait ses mots avec attention, explorait avec patience et s’armait d’une poésie séduisante. L’artiste s’armait d’ailleurs lui aussi d’un langage qui n’était pas commun aux babillements rustres.  


« Vous semblez venir de loin, mon ami. »


Il déclara d’une voix calme et posée. L’étau tardait à se fermer, drainant l’espoir de voir à nouveau son marché fleurir. Que son nom soit clamé haut et fort, mais pourtant, tu le savais, tu avais l’habitude. Ashley était un homme qui savait se faire désirer, qui prenait son temps pour en arriver aux faits. Ainsi, il piquait joyeusement la curiosité de son vis-à-vis, la faisait brûler d’un feu dément, et ronger l’être de sorte à ce que la sentence tombe implacable.


« Veuillez excuser ma discourtoisie, j’ai oublié de me présenter. »


Il posa respectueusement sa main sur sa poitrine, puis inclina la tête en avant. Il n’avait pas été hasardeux dans son choix, il était évident que c’était bien volontaire de sa part que de ne commencer les présentations qu’à l’instant. Ainsi, il disposait avec soin ses premiers pions sur l’échiquier de sa vie. L’ombre de son sourire ne quitta jamais ses lèvres glaciales.


« Je suis Ashley O’Callaigh, et la raison pour laquelle je me dois de faire appel à vos services, est due à mon métier. Bien évidemment, tout ne sera pas sans une compensation.»


Sa courte tirade s’anima au travers de sa main libre. Il ne mentait pas, une riche compensation serait à la clé tant que le résultat était présent. Et loin d’avoir un œil trompeur, le jeune noble était persuadé d’être tombé sur la bonne personne. Après que les tableaux les plus exorbitants se soient volatilisés après leur vente, les artistes sculpteurs n’avaient pas eu cette chance. Seuls quelques artefacts à l’histoire attrayante peinaient à trouver des acheteurs. Il était donc temps de remédier à ce souci. La douce créature croisa ses jambes, son regard inquisiteur jaugeait les réactions face à lui. Ses desseins mis à nu, le jeune noble retarda davantage son discours sinueux.


« Que souhaitez-vous commander ? Nous serons plus confortables autour d’une boisson chaude. Après tout, le temps nous est clément, mais il fait tout de même encore assez froid. »


Les lèvres ne se déliaient qu’avec des banalités agaçantes, bientôt son interlocuteur finirait par perdre patience, pourtant, il s’amusait de ses expressions perplexes. Il allait sans dire qu’Ashley était un personnage contrariant. Car bien qu’il ne soit pas toujours facile de converser avec lui, il n’en était pas moins honnête. La parole était même envoûtante.


« Récemment, mes artistes de passion se sont égarés de leur but. Perdus dans une gloire éphémère, ils ne sont devenus qu’un ramassis de bons à rien. »


Un long soupir agacé effleura les lèvres du tyran, il tapota nerveusement son doigt sur le bois de leur table. Visiblement lui-même bien contrarié de ne plus rien tirer de ces nouvelles œuvres. Un voile passa dans le regard fatigué du noble, il ne s’étonnait même plus de devoir lui-même recruter ceux qui feront à nouveau chatoyer sa gloire. Il cessa donc enfin de faire durer cet insupportable suspens lorsqu’une tasse fumante se présenta à lui.


« J’ai été attiré par votre physique ainsi que par votre fabuleuse prestation. Ce n’est pas tous les jours qu’il est possible d’admirer un spectacle pareil. »


Il était évident que la petite Mielle jubilerait, cet homme faisait croître les rêves, et ça correspondait exactement à la petite fille s’était égarée chez lui. Et s’il se devait d’accomplir à nouveau une représentation pour le bien de ses artistes, l’orpheline serait enfin occupée et ne viendrait plus accourir dans son bureau. Il ferait de la sorte une pierre deux coups.


« Je souhaite que vous posiez pour mes artistes pendant que vous nous faîtes profiter de votre admirable spectacle. J’aimerais que vos idéaux transparaissent à travers leur travail et que vous les inspiriez de votre art novateur. »


Il reposa sa tasse, puis inclina légèrement la tête sur le côté sans se départir de son sourire, le jeune noble espérait que l’homme serait enclin à accepter sa proposition, ça lui permettrait de tirer un trait sur ce travail supplémentaire qu’il jugeait inutile.


« Ne vous sentez pas mon obligé, c’est une proposition de travail honnête que je vous fais, mais vous avez le droit de refuser. »


Son regard se perdit sur les animaux de la prestation, s’ils devaient être présents, son manoir deviendrait bien bruyant pour les quelques jours à venir. Les cristaux n’étaient mérités qu’avec des concessions.


« Qu’en dîtes-vous mon ami ? »

De plus en plus étrange mais, en même temps... N'était ce pas comme cela que les nobles agissaient ? Usant de mots doucoureux qu'ils vous sifflaient à l'oreille tels des serpents pour vous charmer. Tu savais de quoi tu parlais pour la bonne raison que... Tu avais fais parti de ce « monde » avant de te retrouver à la rue.
Effectivement, issu d'une famille de nobles qui accordaient beaucoup trop d'importance aux pouvoirs offerts par la Déesse, tu avais eu le tien, cette « chose » comme tu disais, ce pouvoir totalement inutile qui, au final, ne t'avais servi qu'à te faire rejeté et déshérité mais, tu avais beau t'en plaindre, au fond de toi tu te savais hypocrite dans le sens où tu étais bien mieux ainsi.
Pourtant, faire la rencontre de cet homme avait réveillé en toi des souvenirs que tu pensais avoir oublié même si, encore une fois, il était impossible d'oublier d'où l'on venait. Impossible d'oublier mais également impossible de le changer. D'ailleurs, le fait que ton lapin nain, Yule, se soit montré aussi agressif était une preuve que « quelque chose n'allait pas ».
Tu aurais pu lui faire la remarque mais non, avec ce genre de personne, tu savaisi qu'il n'y avait que le respect qui comptait même si, dans ton cas, ce n'était que pure hypocrisie. Le noble t'avais flatté et attendait très certainement que tu fasses pareil avec lui mais tu avais préféré jouer le modeste même si, dans ton cas, ce n'était pas vraiment un rôle car il s'agissait de ta vraie attitude : oui, tu étais un homme modeste.
Ainsi, tu avais fais ton tour de magie, « comme si de rien était » mais tout en étant conscient de la présence de l'homme qui voulait cependant se faire discret. Le public conquis, le spectacle terminé, tu t'étais par la suite affairé à ranger tes affaires avant d'entendre l'homme t'inviter à une terrasse, ne te laissant d'ailleurs pas le choix de refuser.
Yule avait sauté dans ton chapeau que tu prenais dans tes mains. Ky'ha, quant à elle, était posée sur ton épaule, comme à son habitude, tandis que tu suivais l'homme jusqu'à cette fameuse terrasse. Le noble s'assit sur une chaise tandis que tu restas un instant debout :

« Je vous remercie de cette invitation, Messire, même si je ne comprends toujours pas votre intérêt pour moi » Cela te paraissais d'ailleurs de plus en plus louche mais tu gardas cette réflexion pour toi : « Navré mais, au risque de vous offenser, je suis parfaitement capable d'acheter par moi même ce que je vais consommer. Permettez moi donc de refuser votre proposition et ce malgré la générosité de celle ci »

Effectivement, tu ne « montrais pas les crocs » à proprement parler mais tu voulais bien faire comprendre au noble qu'il pouvait garder pour lui sa « générosité intéressée » parce que tu étais persuadé que c'était le cas. Quoi qu'il en soit, tu finis par t'asseoir également, te prenant une chaise pour être à hauteur de l'homme, en face de lui, te montrant ainsi d'égal à égal.
Tu l'écoutas donc, même si ton attention fut, un instant, attiré par une serveuse qui arriva pour prendre votre commande. Tu lui répondis avec un léger sourire avant que ton attention soit de nouveau attiré par ton interlocuteur qui te dis que tu semblais venir de loin. Aussitôt, ton sang ne fit qu'un tour mais il ne te fus pas difficile de garder ton calme car, encore une fois, tu étais parfaitement au courant que c'était ce que l'homme attendait de toi : il faisait exprès de t'agacer pour que tu perdes ton sang froid mais, bien qu'il ai peut être deviné que tu avais une ascendance noble, il ne te connaissais pas pour autant.
Cependant, cela ne t'empêchas pas de lui répondre :

« Votre perspicacité est étonnante, Messire. Néanmoins, je n'en dirais pas plus sur le sujet tout simplement parce que cela ne vous regarde en rien » Tu eus un léger sourire, entre respect et défi : « Sachez que je m'excuse sincèrement si vous jugez mes propos offensants mais j'espère également que vous comprenez que me confier à un inconnu, même si celui ci a la gentillesse de m'inviter à une terrasse, ne fais pas parti de mon caractère »

Tu n'étais pas du genre à oublier et, de toute manière, tu avais plus ou moins été éduqué comme cela : flatter les autres tout en acceptant d'être flatté toi même. Utiliser les autres, tout en acceptant d'être utilisé toi même. C'était ainsi que la noblesse fonctionnait dans la majorité des cas et, en tout cas, actuellement, tu ne faisais pas exception.
Ton interlocuteur était peut être persuadé être arrivé à te faire tomber dans son piège mais, malheureusement pour lui, tu connaissais déjà toutes les ficelles et, même s'il t'avais demandé de ne pas être autant sur la défensive, le « mal » était fait dans le sens où tu étais encore plus méfiant que ce que tu pouvais l'être en temps normal.
Par la suite, l'homme s'excusa de sa discourtoisie car il ne s'était pas présenté. Tu appris ainsi qu'il s'appelait Ashley O'Callaigh et il te disais que la raison pour laquelle il souhaitait bénéficier de tes services était liée à son métier. Imitant ses gestes, tu inclinas également le torse vers lui dans un mouvement respectueux :

« Enchanté, Messire O'Callaigh. Je me nomme Erland Mago » Peut être avait il entendu parlé de ta famille, qui sait : « J'avoue être assez curieux de comprendre l'intérêt que vous semblez avoir pour mes services en particulier mais, parlez donc, je vous écoute »

Et c'était vrai. Tu allais écouter, aussi attentivement que possible et tu allais également lui faire croire que tu allais tomber dans son piège tout en l'évitant soigneusement. Ashley voulait jouer ? Il venait de trouver un adversaire à sa hauteur même si tu étais conscient qu'il s'agissait d'un « coup de poker » et, à ce jeu là malheureusement, tu étais encore bien trop expressif contrairement à ton adversaire...
Apparemment cependant, le « combat » n'était pas pour tout de suite car le noble se contenta de croiser les jambes et te demander ce que tu souhaitais commander. Aussitôt, un sourire faussement désolé flotta sur ton visage, même si, intérieurement, tu jubilais sans le montrer évidemment :

« Je suis navré, Messire mais j'ai déjà pris la liberté de me commander une tasse de thé. Je ne vous ai, certes, pas attendu mais au moins vous ai je fais économisé quelques cristaux. Voyez donc le coté positif de cette opération. »

D'ailleurs, la serveuse arriva avec ta boisson. Yule s'était posé sur tes genoux, Ky'ha toujours sur ton épaule et ton chapeau posé sur la table. Par la suite, tu fouilas un instant à l'intérieur, prenant quelques cristaux que tu tendis à la jeune femme qui te remercias en inclinant légèrement la tête avant de se tourner vers Ashley, en lui demandant ce qu'il voulait commander.
Bien que la question ne t'ai pas été adressée, tu eus tout de même un sourire intérieur de victoire en répondant à la question posée par la serveuse :

« Serait il possible d'avoir une nouvelle tasse de thé ? Je pense avoir assez de cristaux pour me permettre de vous inviter, n'est ce pas ? »

Cette « question » était bien évidemment destinée à Ashley, même si tu n'attendis pas la réponse pour remercier la jeune femme qui alla, de ce pas, rechercher cette nouvelle commande. La jeune femme partie, tu pris une gorgée de ton thé en écoutant le noble déblatérer sur ses artistes qui, apparemment, « possédés » par le rêve d'une gloire éphémère, étaient devenus un « ramassi de bons à rien » comme il le disait lui même.
Sur tes genoux, tu sentis tes poings se crisper mais ce n'était pas étonnant d'entendre cela de la bouche d'un noble. Ta famille faisait sûrement la même chose donc, de quel droit te sentais tu aussi choqué. Heureusement, le petit museau qui se frotta doucement à tes doigts te ramena à la réalité : oui, inutile de s'énerver comme ça...
Tu le laissas donc dire, tout en plaignant intérieurement lesdits artistes tandis que la serveuse revenait déposer une tasse fumante devant le jeune homme avant de s'incliner de nouveau et repartir. Quant à toi, tu continuais de l'écouter silencieusement, du moins jusqu'à ce qu'Ashley ne t'avoue qu'il avait été attiré par ton physique et ta fabuleuse prestation. Que de flatteries, une nouvelle fois !
Reprenant une gorgée de ta boisson, avec élégance, en faisant bien attention de ne pas te brûler la langue dans l'opération, tu finis par lui répondre :

« Je suis flatté que vous trouviez mon physique autant à votre goût même si j'avouerais trouver ce compliment étonnant, surtout venant d'un homme comme vous qui doit certainement être entouré de demoiselles qui n'attendent qu'un mot de votre part pour vous faire la cour » Clairement, les « hostilités » étaient à présent lancées même s'il ne s'agissait que de paroles et non de coups : « Cependant, de mon point de vue du moins, je ne pense pas que le terme « fabuleux » convienne à mes prestations car, une nouvelle fois, il ne s'agit que de simples tours de passe-passe simplement pour montrer à ceux qui me regardent ma détermination à prouver qu'un autre type de magie existe en ce monde »

Cependant, il fallait faire attention de ne pas refuser d'entrée de jeu car, si l'homme était sérieux, cela te ferais sûrement un meilleur revenu que tes prestations données dans la rue donc il serait idiot de laisser passer une occasion pareille qui ne se représentera plus ou alors pas tout de suite. Ainsi, tu eus un instant de réflexion, écoutant de nouveau Ashley qui développait ses intentions.
Étaient elles sincères d'ailleurs ? Tu l'ignorais en ayant cependant conscience que la plupart des nobles ne dévoilaient pas leurs jeux aussi facilement. C'était d'ailleurs pour cela que tu restais sur tes gardes avec lui car tu ne pouvais pas totalement lui faire confiance même si, évidemment, sa proposition était alléchante.
Il souhaitait que tu poses pour ses artistes tout en leur faisant profiter de ton spectacle. Une nouvelle fois, l'emploi du terme « admirable » en parlant de ton spectacle te faisais un drôle d'effet. Pour être tout à fait honnête, tu étais évidemment flatté quelque part mais... Tu savais également qu'il y avait des risques que cela ne soit pas honnête. Cependant, tu décidas d'entrer dans son jeu et devenir également un « joueur ».
Ainsi, tu entras dans une pose de réflexion, menton dans une main, avant de lui répondre :

« Et bien, je dois avouer que cette proposition est tout à fait intéressante et qu'il faudrait être idiot pour la refuser, surtout s'il y a vraiment la rémunération dont vous parlez donc... » Tu te tus en entendant l'homme qui se disait être honnête en te donnant le droit de refuser si la proposition ne te plaisais pas : « Il semblerait que ce soit votre jour de chance, Messire car sachez que je ne suis pas homme à refuser un travail qui m'est proposé, surtout si j'ai la promesse d'être récompensé à la fin » Assuras tu avant de reprendre une gorgée de ton thé. Puis, reposant la tasse sur la table, tu continuas, lui demandant pour prouver ton intérêt : « Cependant, avant de vous assurer mon accord pour ce travail, pourrais je vous demander en quoi il consiste exactement ? Voyez vous, je suis également homme a aimer connaître le terrain sur lequel je vais avant d'accepter quoi que ce soit »

Avouas tu sur un ton joueur car, effectivement, à ce « jeu » là, tu allais prouver à Ashley que tu pouvais être un « adversaire » digne de son niveau.

Codage par Libella sur Graphiorum

Mielle

Bien évidemment, de sa langue fourchue, Ashley ne lésinait sur aucun mot. De fait, son partenaire se montrait particulièrement agressif. Derrière ses doigts, un sourire bref se marqua sur les lèvres du jeune noble. Il sentait le défi naître dans le creux de chacun de ses mots. Un combat stérile qui ne faisait qu’amuser le tyran. Il releva enfin ses orbes bleutés vers son vis-à-vis. Ashley était un homme s’agaçant d’une prose assassine. Pourtant, il ne montrait aucune animosité, ni mépris, seulement une fascination de ce monde qui était à la fois si semblable et si différent de ce qu’il connaissait. La réalité était qu’il détestait la noblesse, celle-ci était pourrie par l’hypocrisie et l’avarice.

À l’inverse, il aimait le peuple honnête et fort d’une vie sereine. Il y voyait une flamme de vie naître dans chacun de ces hommes et femmes sans se laisser aveugler par l’or. Peut-être les enviait-il.

« C’est un plaisir de discuter avec vous, Sir Mago. Mais vous semblez vous méprendre de mes réelles intentions. »

Il reposa délicatement sa tasse, puis patienta un instant avant de reprendre sa réponse. Une brume blanche s’échappa de la boisson encore chaude, il ne chercha même pas à dissimuler son amusement quant à l’ancien noble qui se montrait particulièrement sur la défensive. Son doigt ganté redessina avec élégance les marbrures du bois, puis releva sa main lorsque sa voix s’éleva à nouveau.

« Je suis un amateur d’art, ce que mes yeux voient diffère de ce que d’autres peuvent apercevoir. La beauté naît à travers les émotions, l’artiste se doit de satisfaire son désir et non celui des autres. C’est un travail de passion après tout. »

Ashley était bien plus que sincère à présent, il ne pouvait laisser les quelques artistes de talent se perdre dans les méandres d’une gloire passagère. Obnubilés par les cristaux, ils s’étaient égarés de leur réel but.

« Ce que je considère chez vous comme ‘’fabuleux’’, c’est votre passion. Bien sûr, vous aimez plaire à votre public. Mais vous aimez encore plus votre travail. Et cela se ressent dans vos prestations. De plus, vous avez la chance d’avoir un physique avantageux. »

Il jouait de la séduction, mais n’y voyait aucun intérêt autre que celui de sa mission ; celle de trouver celui qui saurait faire vibrer les toiles et les pinceaux. Pour une fois, la sincérité du jeune noble ne cachait aucun piège, seulement un désir de réussite. Car celle de ses artistes était également la sienne. Le physique avantageux d’Erland collait aux proportions parfaites que l’on cherchait dans les toiles. Engager cet homme ne pouvait qu’être bénéfique.

« Je vous ferai parvenir un contrat dans le courant de la semaine. Si vous répondez favorablement à ma demande, nous nous retrouvons à mon domaine ce vendredi. »

L’O’Callaigh se redressa, puis le salua brièvement avant de disparaître dans la foule. Il avait encore devant lui une longue journée.

~

Installé au milieu d’un jardin verdoyant, Ashley profitait des quelques rayons que l’astre solaire lui offrait. Il laissait ainsi croître une image de douceur au milieu d’un paysage rêveur. Lorsqu’Oscar arriva avec leur nouvel invité, il l’invita à s’asseoir.

« Oscar, veuillez nous apporter de quoi restaurer notre ami s’il vous plaît. »

D’une révérence, il prit congé afin de leur faire parvenir au plus vite un plateau débordant de sucreries. Plus discrète, assise aux côtés du jeune noble, une jolie fillette blonde était également attablée. Ainsi, elle était habillée d’une petite robe bouffante colorée. Son regard était aussi transperçant que celui d’Ashley, d’un bleu tout aussi profond, elle semblait transpercer l’âme des gens.

« Je suis ravi que vous ayez accepté mon offre. Le contrat vous convient-il donc, ou bien voulez-vous revoir certains termes ? »

La voix s’éleva douce, presque méconnaissable. Il pencha la tête pour lui offrir un sourire, une main sous son menton, l’autre tenant une tasse en porcelaine, élégamment ornée d’or. Ashley avait de l’argent et ne s’en cachait pas. Les cristaux étaient sa preuve, celle de sa réussite, celle de sa revanche auprès de celui qui n’avait jamais cru en lui.

« Oscar vous fera visiter les lieux auxquels vous avez le droit d’accéder. Mais cela sera principalement dans l’atelier, mes artistes y passent la plupart de leur temps. »

En même temps, il désigna au fond du jardin, un charmant cabanon en grès. Entouré d’une fontaine à l’eau claire, celle-ci semblait y loger des poissons colorés. Il semblait se dégager de la bâtisse une sensation chaleureuse, habitant une nature florissante.

« Ma requête est que vous assistiez les artistes en fonction de leurs besoins. Certains sont assez capricieux, n’hésitez pas à les remettre à leur place s’ils dépassent les limites. Il arrive que la fatigue et l’odeur constante de la peinture les fasse délirer. »

Mais avant qu’il ne puisse continuer ses explications, une petite main saisit la manche du jeune noble. Il reporta son attention sur la fillette, qui s’orna d’un sourire radieux. Un long soupir s’échappa des lèvres d’Ashley qui la saisit délicatement dans ses bras.

« Veuillez m’excuser, je vous présente ma fille, elle s’appelle Mielle. En général, elle parle peu lorsqu’il y a des étrangers dans mon domaine. Mais elle semble vouloir vous demander quelque chose. »

Mielle ressemblait à un petit ange, son épaisse chevelure blonde dansant à chaque mouvement. Malgré ses origines roturières, elle s’était rapidement adaptée à l’éducation de la noblesse. Elle était une enfant sage, mais qui s’accrochait à l’affection de son nouveau parent.
Enfin, elle sauta sur le sol avant de gambader vers le magicien, puis lança un regard insistant vers les animaux aux côtés de l’ancien noble. Elle brûlait d’envie de glisser sa main dans le doux pelage.

« Est-ce que je peux les caresser ? »

La voix fluette était presque inaudible, la timidité étouffait son chant gracieux. Malgré le fait qu’elle ne soit pas réellement la fille d’Ashley, leurs yeux étaient similaires en tout point, si ce n’est l’innocence ingénue qui se dégageait de la petite fille. Elle dissimulait l’envie qui la rongeait derrière l’éducation que lui offrait le jeune noble depuis quelques mois.
Ashley, déposa sa tasse, plus ouvrit ses yeux pour le regarder droit dans les yeux. Il parla calmement, sans menaces, mais avec précaution.

« Si cela vous dérange, Mielle sera triste, mais ne vous embêtera pas davantage. J’espère juste que l’incident du spectacle ne se reproduira pas. Je ne pourrai fermer les yeux cette fois-ci. »

Après tout, Mielle était sa précieuse enfant. Il vouait un amour qui lui avait été jusque-là inconnu. Il avait appris à découvrir les plaies qu’elle cachait derrière son mutisme. Ignorante et en même qui n’en connaissait que trop pour son jeune âge.

Y avait il tellement d'interêt à te montrer aussi « farouche » avec cet homme. D'accord, tu avais un certain « vécu » avec la noblesse mais ce n'était pas pour cela qu'il fallait en faire une généralité même si la manière de parler de l'homme ne te plaisais pas forcément mais à la limite, tu pouvais passer outre.
Effectivement, inutile de te mettre autant la tête au carré pour quelque chose que tu ne pouvais pas changer. Quoi qu'il en soit, cela n'empêchait la situation actuelle de vous trouver, toi et ce noble, à une terrasse entrain de tranquillement siroter votre thé. En ce qui te concernais, tu l'écoutais attentivement, mélangeant ta boisson en faisant des petits ronds dans le liquide tandis qu'Ashley, puisque vous vous étiez présentés, te flattais.
D'autres auraient certainement prit cela au premier degré et se seraient sentis particulièrement fiers d'être ainsi flattés mais toi...Tu t'étais montré aussi neutre qu'un tronc cylindrique fermement ancré dans le sol même si, évidemment, contrairement à un arbre, tu avais ton visage laissait révéler tes émotions.
L'homme se disait donc amateur d'art et te disais que tu te méprenais sur ses intentions. Tu poussas un léger soupir en posant ta tasse sur la table ovale sur laquelle vous vous étiez installés :

« Pardonnez mon comportement à votre égard Messire O'Callaigh. J'ai peut être mes raisons d'avoir une telle attitude mais je me rends compte qu'elle est assez déplacé surtout si, comme vous l'affirmez, je me méprends sur vos réelles intentions »

Nouvelle gorgée de ton thé en tiquant légèrement sur les prochaines paroles d'Ashley qui affirmait que l'artiste devait satisfaire son désir avant celui des autres. Non, décidément, sur ce point, ton avis différait du sien. Pourtant, malgré cette « différence », le noble visait juste en se rendant compte que tu aimais plaire au public mais que, surtout, tu aimais ce que tu faisais.
Effectivement, sur ce point, il n'avait pas tord. Le but final était effectivement, de gagner des cristaux mais tu ne faisais pas cela que pour ça dans le sens où tu ne fixais jamais de prix pour tes représentations. Tu poussas un nouveau léger soupir avant de reprendre :

« Je constate que mon avis diffère du vôtre sur un point, Messire O'Callaigh mais le fait est que je vous rejoins sur d'autres. En ce qui concerne mon « désir » comme vous l'appelez, de mon point de vue tout du moins, je ne pense pas me montrer aussi égoiste car, même si le fait d'avoir des cristaux reste la finalité de mes représentations, et je ne le nie pas, tant que mes tours peuvent émerveiller mon public, cela suffit à me rendre heureux » Tu déposas de nouveau ta tasse sur la table, n'éprouvant aucune honte à avoir l'audace de regarder le noble dans les yeux : « Si je puis me permettre de vous faire un semblant de schéma pour vous expliquer mes pensées, je dirais que je vois la chose de manière triangulaire dans le sens où je vois trois « acteurs » qui se doivent de « cohabiter » le plus possible entre eux : la représentation que je donne, le public que je touche et les cristaux que je reçois à la fin. Serait ce un peu plus compréhensible, dit comme cela ? »

C'est étonnant comme les gens pouvaient changer. Effectivement, au début de votre rencontre, tu avais clairement prit le parti d'être farouche avec Ashley mais, petit à petit, tu arrivais à te « dérider » pour faire un peu d'humour tout en essayant tout de même de passer un bon moment autour d'une tasse de thé parce qu'après tout, et c'était un fait, le noble ne t'avais rien fais, ni rien dit qui méritait pareille attitude de ta part.
D'ailleurs, en parlant d'humour, tu t'étais essayé au fait d'avoir renchérit sur le fait qu'il trouvait que tu possédais un beau physique. Commençant à partir au premier degré, force était de constater qu'Ashley n'avait pas réagit mais qu'il avait reprit de nouveau sur ce constat alors... Soit il faisait réellement une fixette sur ton physique, soit c'était tout à fait autre chose :

« Donc, d'après vous, l'art possède un lien étroit avec la beauté et l'esthétisme à ce que je comprends ? » Lui demandas tu en réfléchissant un instant : « Effectivement, votre vision de choses se tient. Pour ma part, et si vous me permettez toujours d'expliquer mes pensées, je dirais que l'esthétisme, pour moi, est aussi important extérieurement qu'intérieurement. »

Repris tu dans un petit sourire en reprenant une gorgée de ton thé. Le temps filait et cela commençait par t'être agréable finalement même si un voile de surprise ne tarda pas à passer devant tes yeux lorsque tu entendis Ashley te faire la proposition d'un contrat. Comment ? Déjà ? Et bien, le noble ne perdait pas de temps.
C'était quand même étrange mais l'homme semblait sûr de lui et puis, de ton coté, tu n'avais pas refusé alors... Pourquoi ne pas tenter l'expérience ? Si cela ne te plaisais pas au final, le contrat serait rompu et tu prendrais ainsi congé de lui en bonne intelligence et si, par le plus grand des hasards, cela te convenais, ce serait un bon moyen pour toi de renflouer ta « caisse » de cristaux car, oui, tu n'en avais jamais assez.
Pourtant, tu ne donnas pas verbalement une réponse au noble, te contentant de hocher la tête avant que « l'entretien » ne se termine là apparemment.....


Cela t'étais resté en tête toute la journée et, par pure curiosité, tu avais finis par demander où se trouvait la demeure O'Callaigh. Par bonheur on t'avais renseigné et à peu près guidé dans le quartier, même si certaines personnes se retournaient à ton passage en te dévisageant. Oui, il fallait dire que tu portais une tenue appropriée pour ce genre de rendez vous.
Il était rare que tu sortes cet manteau accompagné de sa chemise à jabots, en ayant arrangé tes cheveux argentés en une élégante queue de cheval, si bien que tu attirais les regards et que l'on se demandait, sur ton passage, si tu n'étais pas un nouveau noble récemment installé dans le coin. Ils se trompaient évidemment parce que tu n'étais pas un « nouveau » noble, mais bien un ancien qui remettait, pour cette fois seulement, sa tenue au goût du jour.
C'est pour cela que tu ne fus pas surpris quand, une fois arrivé devant la demeure d'Ashley, un serviteur vins te voir en te demandant de le suivre. Hochant légèrement la tête, peu flatté par le fait d'être traité ainsi puisque cela te rappelais des souvenirs, tu suivis ledit serviteur jusqu'à son maître. Par ailleurs, pour l'occasion, tu n'avais pas pris ton chapeau noir mais tes bras, disposés en tout près de ta poitrine, semblaient renfermer quelque chose de précieux.
Effectivement, puisqu'il s'agissait de Yule, ton lapin nain bicolore qui, d'ordinaire, aimait se cacher dans ton chapeau. Quant à Ky'ha, ta colombe, comme à son habitude en revanche, elle s'était posée sur ton épaule, regardant avec étonnement tout autour d'elle mais sans ressentir la moindre angoisse ni la moindre peur.
Ashley t'accueillis donc ainsi, demandant à son serviteur d'apporter de quoi te restaurer. Avant qu'il ne parte, tu le remercias d'un léger hochement de tête, revenant ton attention sur le noble qui te demandais si les conditions du contrat te convenais ou s'il fallait changer quelque chose :

« Dans l'ensemble, je vous dirais que cela peut me convenir même s'il est vrai que je ne serais pas contre quelques explications en plus sur le travail que je dois exactement effectuer » Puis ton regard se tourna vers le cabanon que le noble te montrais tout en t'expliquant que tu devais apparemment assister ces artistes : « Ainsi, je dois être une sorte de « chef d'orchestre » si je comprends bien ? Je me dois donc d'avoir un minimum d'autorité pour me faire respecter » Demandas tu sur un ton légèrement amusé avant de reprendre : « Ce n'est que d'un surveillant donc vous avez besoin, en fin de compte ? »

Aucune agressivité dans la voix, même si tu étais tout de même légèrement « farouche ». Enfin, ce n'était rien en comparaison de ta première rencontre avec Ashley. Au moins, cette fois ci, n'étais tu pas entrain de lui « montrer les crocs ». Pourtant, ce qui suivis te surpris fortement et sincèrement car tu ne te serais jamais attendu à ce genre de choses.
Effectivement, s'étant faite discrète car, timide le pensais tu, tu finis par faire la connaissance d'une fillette appelée Mielle qui, apparemment, n'était autre que la fille d'Ashley. Tu tombas des nues : aussi jeune et déjà père ?.... En même temps chez les nobles c'était monnaie courante de se marier relativement jeunes et d'avoir des enfants mais...
Enfin, l'avantage fut que cette petite eut pour conséquence de te « dérider » totalement surtout lorsque le noble te dis qu'elle souhaitait te demander quelque chose, malgré sa grande timidité. Silencieux, tu l'encourageas d'un hochement de tête et la petite finit par te demander si elle pouvait caresser le lapin que tu tenais toujours dans tes bras :

« Et bien, je n'y vois pas d'inconvénient, Mademoiselle » Répondis tu avec douceur avant de tendre délicatement les bras, libérant ainsi Yule de ton « emprise » : « Tenez, le voici. N'hésitez pas à le prendre dans vos bras. Il est habitué aux humains, il ne s'enfuira pas et je pense qu'il n'y a aucune raison pour qu'il se comporte de manière agressive » Une fois le petit animal dans les bras de la fillette, tu te retournas de nouveau vers Ashley : « En parlant de cela, j'espère que la morsure de l'autre fois n'est plus douloureuse pour vous. J'avouerais n'avoir toujours pas compris son attitude du moment envers vous »

Peut être qu'au final, avec cette petite fille, votre « relation » allait s'améliorer, qui sait...

Codage par Libella sur Graphiorum

Les premiers pas de l'artiste

« Disons plutôt que je vous imagine accompagner mes artistes. C’est un compromis entre vous et eux. »

Ashley observa sa fille tendrement tandis que ses mains se fourraient dans le pelage blanc de l’animal. Il tourna ensuite la tête vers le magicien, alignant ses lèvres d’un sourire amusé. Il secoua la main qui avait été meurtrie, puis laissa échapper un rire léger.

« Vous ne pensez toute de même pas qu’une égratignure aura raison de moi, il fit une légère pause avant de reprendre. Ne vous inquiétez donc pas, il arrive que les animaux agissent de manière inconsidérée. »

Et tant que sa précieuse Mielle n’en serait pas victime, il n’avait aucune raison de s’inquiéter. Maintenant, que la fillette avait porté toute son attention sur les animaux de l’ancien noble, Ashley pouvait d’ores et déjà ajouter plus de détails. Il pointa le contrat de la main.

« Vous ne semblez pas être un grand connaisseur du domaine. Il est vrai que cela fait quelques années que j’en ai fait ma passion et j’oublie que tous n’ont pas le même regard face à ce travail. »

Lui aussi au début, il était resté sceptique sans comprendre les enchevêtrements d’idées qui pouvaient découler d’une œuvre. Alors tout naturellement, avec le temps, il s’était forgé une puissante culture dans ce domaine, et sa vision du monde avait changé. Il avait appris à se laisser dominer par la passion qui se dégageait de chaque œuvre jour après jour. Au final, il n’était qu’un simple mécène qui s’était laissé aller à ses caprices. Ashley déposa lentement son menton dans le creux de sa main puis plongea son regard d’azur dans celui de l’interprète. Il serait plus compliqué pour Erland de comprendre l’ampleur de son travail s’il n’avait pas un minimum de connaissance dans le domaine. Ce n’était pas un réel souci étant donné la patience du jeune noble, le tout serait qu’il apporte un minimum de sa personne afin que le contrat se passe sans encombre.

« Vous ne vous êtes jamais posé la question de la conception d’une œuvre ? »

Il secoua un instant la tête, ce n’était pas la vraie question. Il tendit une main puis présenta les artifices qui suivaient le jeune magicien. Puis constata avec amusement que la petite fille était devenue folle des animaux. Des lignes sinueuses s’incrustèrent dans le pelage du petit lapin tandis que ses doigts sillonnaient sur le corps. Dans peu de temps, il ne résisterait pas au regard attendrissant de l’enfant et il aurait probablement un zoo dans son domaine. Un profond soupir, puis il reporta son attention vers l’ancien noble.

« Je devrais plutôt prendre pour exemple ce que vous connaissez. Mais imaginons, comment ressentez-vous vos prestations ? Comment faîtes-vous pour innover et impressionner un peu plus votre public ? »

Il était difficile d’être concret pour cette spécialité très subjective, après tout, chacun avait ses propres avis, un regard bien spécifique. C’est ce qui exacerbait l’esprit critique. Mais au-delà de ses connaissances, il voulait appréhender l’artiste. Après tout, Ashley aimait s’entourer de personnes intelligentes et surtout, capables de lui apporter davantage afin que son commerce prospère.

« Eh bien, dîtes-vous qu’il en est de même avec les peintres et les sculpteurs. Leur réflexion ne s’arrête pas à la simple beauté d’un paysage ou d’une personne. Derrière, ils cherchent à marquer les mémoires. Pourquoi utiliser telle technique ? Pourquoi ce modèle ou cette couleur ? Chaque composition cache une histoire. Si ce n’est pas le cas, alors l’œuvre est vide de vie. »

Un homme couvert de peinture s’approcha du jeune noble pendant sa tirade, il semblait presque détendu à ses côtés, ne montrant pas un signe de bienséance envers Ashley. Lui-même, loin d’être dérangé de ses manières. Il parla avec un accent rustre, loin de toute la civilisation noble. Ses ‘-r’ particulièrement prononcés ne dissimulaient en rien ses origines campagnardes.

« M’sieur Ashley, c’est le nouveau modèle, c’est ça ? Enchanté ! »

Ashley déposa sa tasse en acquiesçant d’un léger mouvement de la tête, puis présenta l’homme du plat de la main.

« Je vous présente Gustave Richardo, il s’agit de l’un de mes artistes. Il semble un peu rustre, mais c’est un homme de talent. Si vous vous posez des questions, il sera probablement bien plus apte à répondre que moi. Gustave, voici Sir Erland Mago. Il est également un artiste à sa manière. J’espère que vous saurez vous inspirer mutuellement.»

Tant que le résultat était au rendez-vous, il préférait de loin de s’entourer d’une personne talentueuse que d’hommes juste capables de tenir un pinceau et d’apparaître avec arrogance devant la noblesse avec des torchons sans âmes. Le peintre s’approcha d’Erland afin d’inspecter ses traits et sa corpulence. Pendant le temps où l’artiste l’observa, le mécène apporta la tasse à ses lèvres avec attention. Il ne doutait en aucun cas de ses choix et savait que Gustave allait approuver.

« Ouais, j’pense pouvoir faire un truc. Vous dégottez souvent de bons modèles. »

Ashley sourit derrière sa tasse, visiblement amusé de ses compliments.

« Je n’en attendais pas moins de vous. J’espère que cette fois, vous serez apte à peindre autre chose que votre dernière toile, j’ai presque eu honte de l’afficher dans ma galerie. »

Une langue aiguisée et dangereuse, mais cela n’empêcha pas l’homme bourru d’exploser d’un rire sincère, puis acquiesça. Ashley avait sorti Gustave de la rue après avoir vu ses créations. Il avait perdu beaucoup d’argent aux jeux, et n’avait qu’une petite cabane en bois où il avait entreposé quelques toiles inachevées. Le jeune noble avait entendu parler de lui par son associé qui l’avait lancé dans le domaine. Mais était resté introuvable quelques années puis avait sombré dans l’alcool alors qu’il n’arrivait pas à gagner des cristaux avec ses créations. Mais ce qui lui avait si longuement manqué, c’était la visibilité. Ce qu’Ashley lui avait apporté à peine l’homme avait repris un pinceau.
Il avait fallu très peu de temps avant que son succès se fasse connaître et que ses tableaux soient très demandés.

« Parfait, j’l’attends dans l’atelier quand vous serez prêts. J’vous décevrai pas. »

Ashley balaya l’air d’un bref mouvement de main en direction du peintre. Et lorsqu'il fut hors de vue, il sourit en direction du magicien.

« Alors, qu’en pensez-vous ? Voulez-vous signer ? »

Un modèle ? L'homme souhaitait simplement te faire travailler avec ses propres artistes ? Tu écarquillas les yeux puisque tu ne te serais jamais attendu à quelque chose de cet accabit mais le fait est que le noble était prêt à te proposer un contrat. Bon, ce n'était pas la mer à boire si c'était bien payé et que ça concernait le domaine artistique.
De plus, tu avais décidé d'arrêter d'être sur la défensive car il fallait être idiot pour refuser une « mission » qui allait te rapporter des cristaux donc bon... Il fallait que tu réfléchisse tout en donnant une réponse relativement rapidement. Tu poussas un léger soupir : accompagner les artistes ? Un compromis entre eux et toi ? Laissant un petit silence passer entre vous deux, tu eus un léger sourire lorsque ton regard se posa sur Yule, toujours « kidnappé » par la petite Mielle qui le « torturait » de caresses. Une chose était sûre : l'animal n'était pas malheureux :

« Bien que tout cela mérite encore quelques instants de réflexion, pour ma part, j'ai comme l'impression que je n'ai pas tellement de marche de manœuvre pour refuser dans le sens où mademoiselle votre fille à déjà prit Yule en otage » Bien que l'image n'était peut être pas appropriée, c'était évidemment une plaisanterie : « Navré si l'image choisie est déplacée mais c'est pour dire que je ne rejette pas totalement votre proposition »

Tu ne la rejetais pas mais tu ne l'avais pas non plus acceptée clairement. Enfin, pour revenir à ton lapin, la petite fille semblait effectivement s'amuser à caresser le pelage roux et crème du petit animal qui, quelques fois, relevait un museau noir dans sa direction comme pour en quémander plus et tu fus surpris de cette différence de comportement.
Effectivement, tu te rappelais bien, une semaine auparavant, que ton lapin avait mordu Ashley à la main alors qu'à présent... Il ne disait rien en présence de la fillette. Par contre, tu ne partageais pas l'avis du noble lorsqu'il disait que les animaux agissaient de manière inconsidérée certaines fois :

« Navré d'être en désaccord avec vous, sur un sujet aussi trivial que celui ci mais, personnellement, j'ai toujours pensé que les animaux agissaient avec une forme de logique. Enfin, ce n'est pas important encore une fois » Toujours assis à te place, tu tendis lentement le bras vers l'avant, laissant Ky'ha, ta colombe blanche se poser tranquillement : « Par ailleurs, je considère ces deux là comme des artistes à part entiers » Ky'ha poussa un petit piaillement avant d'enfouir rapidement son bec jaune dans ton cou avant de sautiller de ton bras à ton épaule : « Ainsi, j'ose espérer que vous accepterez leurs compagnies car je ne me séparerais pas d'eux »

Le ton employé n'était évidemment pas menaçant ni rien de tout cela. Tu souhaitais juste prévenir le noble sur tes intentions et puis, si la petite Mielle avait effectivement « adopté » Yule comme elle semblait le faire, tu espérais vraiment qu'Ashley ne soit pas allergique aux poils ou aux plumes même si quelque part... Cela risquerait d'être amusant.
Quoi qu'il en soit les « pourparlers » concernant le contrat semblaient sur le point de commencer et, comme le disait si bien le noble, tu n'avais pas tellement de connaissances dans ce domaine, tu n'allais pas mentir. Ce fut pour cela que tu secouas silencieusement la tête, simplement, comme pour faire ainsi comprendre ton sentiment à Ashley :

« Effectivement, en tant normal, je ne suis pas habitué à la réalisation d'un contrat. Disons que les travaux que j'accepte de faire pour les autres sont plus officieux »

Tu allais sûrement passer pour un idiot surtout que la prochaine question du noble était au sujet de ton point de vue à propos de la création d'une œuvre. À vrai dire, en ce qui te concernais, tu ne créais pas d'oeuvre à proprement parler donc... :

« En réalité, cela ne me viens généralement pas à l'esprit de réfléchir à la création d'une œuvre car je me sens pas concerné par la question tout simplement » ça faisait un peu l'artiste qui ne s'intéressait pas aux autres mais bon... : « De plus, je ne considère pas ce que je fais comme étant une œuvre à proprement parler. Pour tout vous dire, ce sont les sentiments que mes prestations peuvent provoquer sur un public qui m'intéressent »

Tel était ton sentiment et tu devais avouer que simplement voir la petite demoiselle s'amuser à caresser Yule te rendais heureux quelque part même si, techniquement, tu ne faisais aucun tour de magie puisque tu étais en pleine négociation avec son père pour un contrat avec lui. Toujours sur ton épaule, Ky'ha continuait ses petits piaillements, comme si elle était frustrée de ne pas être au centre de l'attention même si... Ce n'étaient que pures interprétations de ta part puisque, techniquement, tu n'avais pas le pouvoir de communiquer avec les animaux.
Puis, Ashley te posas une autre question : comment faire pour innover et réussir à fidéliser un public ? Ne répondant pas tout de suite, tu pris le temps de prendre une gorgée de thé avant de reposer lentement la tasse sur la table avec un petit sourire en coin :

« Je dirais que je ressens mes prestations sur le moment et que je ne suis pas à la recherche de la réussite absolue » Répondis tu avant d'étouffer un léger rire dans ton poing : « Parce qu'il m'arrive en effet de rater mes tours mais cela n'a aucune importance pour moi car je considère cela comme faisant également parti du spectacle que je dois assurer »

C'était réellement ainsi que tu voyais les choses. Peu importait le fait que tu rates un tour de magie si tu récoltais des applaudissements à la fin, c'était que tu avais gagné malgré ta piètre performance car, non, tu n'étais pas quelqu'un qui recherchait perpétuellement la célébrité. Tu avais déjà une petite réputation dans les rues et cela te suffisais amplement.
Cependant, cela ne t'empêchas pas d'écouter le « cours d'histoire de l'art » d'Ashley qui te disais que, selon lui, chaque œuvre avait sa propre histoire sinon elle était vide. Il avait sûrement raison mais tu ne partageais pas vraiment ce point de vue, c'était ainsi : après tout chacun était libre d'avoir sa propre interprétation des choses, non ?
Tu allais lui répondre lorsqu'un homme couvert de peinture arriva. Ky'ha s'envola un instant, quittant ton épaule pour se poser sur un coin de table, plus « occupée » à observer Yule continuer de se faire papouiller par la fillette qu'autre chose. L'homme s'appelait Gustave Richardo et tu avais déjà été introduit auprès de lui comme étant le nouveau modèle.
Enfin, cela ne devait pas être une excuse pour ne pas te présenter avec politesse :

« Enchanté, Monsieur Richardo. Erland Mago mais, si je puis me permettre de vous demander une faveur » Tu pris une légère inspiration avant de continuer : « Nul besoin de « Monsieur » ou de « Messire » pour moi. Erland sera amplement suffisant et je ne m'en offusquerais pas, bien au contraire »

Il s'agissait peut être d'une familiarité à laquelle tu ne devais peut être pas te permettre mais c'était ainsi et cela ne changerait pas. Tu laissas l'homme s'approcher pour te dévisager, ne t'en offusquant pas même si... La sensation était assez étrange. Cependant, cela ne dura que quelques instants avant que l'homme ne se retire en disant que son employeur savait comment dégotter des modèles.
Quant à toi... Tu étais un peu partager mais, maintenant que tu avais laissé sous entendre à Ashley que tu n'allais pas refuser son contrat, tu allais prendre sur toi. Par contre... La façon dont le noble s'adressait au peintre... Enfin encore une fois cela ne te concernais pas donc tu allais rester à ta place et ce serait mieux pour tout le monde.
D'ailleurs, pendant que le noble conversait avec le peintre, tu te permis de « quitter cette scène » pour te rapprocher doucement de la fillette. Ky'ha était revenue sur ton épaule et, ce fut avec une voix douce que tu t'adressas à la petite demoiselle, d'une voix presque murmurée :

« Si vous me permettez de vous demander une faveur, Mademoiselle ? Pourriez vous fermer les yeux un instant et compter jusqu'à trois ? » Demandas tu et, une fois que la fillette se fut exécutée, avec plus ou moins de timidité : « … Trois ? Vous pouvez rouvrir les yeux à présent »

Quelle ne fut alors pas la surprise de la petite demoiselle lorsqu'elle rouvrit les yeux et qu'elle découvrit, en face d'elle, la colombe blanche, avec une fleur jaune, d'une couleur plus ou moins semblable au blond de ses cheveux, dans le bec alors qu'elle avait le bec vide trois secondes auparavant. Tu eus un petit sourire complice en déposant ton doigt sur tes propres lèvres comme pour intimer la petite au silence, avant de t'incliner bien bas devant elle et retourner ton attention vers son père.
Persuadé que Ky'ha allait revenir sur ton épaule, tu fus un peu surpris que ce ne soit pas le cas car, apparemment, ta colombe préférait la compagnie de la fillette : peut être espérait elle également des caresses de sa part car elle semblait jalouse du traitement de faveur dont bénéficiait le lapin ? Tu ne fis cependant aucune remarque :

« Il me faut à présent trouver le fameux atelier sans me perdre » Répondis tu avec un sourire avant de pousser un faux soupir de résignation : « Ai je réellement le choix ? Parce que je ne partirais, de toute manière, pas sans mes animaux qui sont actuellement entrain de me délaisser pour votre fille » Ce n'était absolument pas un reproche parce que le ton de ta voix était plus attendrit qu'autre chose : « J'accepte donc de signer ce contrat. Vous pouvez donc vous assurer de ma collaboration, Messire O'Callaigh »

Lentement, tu tendis une main gantée vers le jeune homme car oui, entre nobles, il était d'usage de venir les mains gantées.

Codage par Libella sur Graphiorum

Les premiers pas de l'artiste

Un léger sourire naquit sur les lèvres du noble avant qu’il ne se saisisse du contrat signé.

« Parfait, j’espère que notre collaboration vous apportera autant à vous qu’elle le sera pour moi. Et ne vous inquiétez pas pour vos amis, ils sont les bienvenus ici. J’espère simplement que ma fille ne les importunera pas outre le nécessaire. »

Il se leva, laissant échapper un doux rire, amusé, puis lui indiqua le chemin au fond du jardin afin de l’accompagner jusqu’à l’atelier. La petite fille délaissant les animaux à regret afin de les laisser rejoindre leur maître ?

« Je doute que vous puissiez vous perdre, il n’y a qu’un seul chemin pour y accéder. »

Il traversa le chemin de graviers blancs jusqu’à la petite cabane. Il ouvrit la porte afin de lui laisser admirer une pièce plus grande qu’il n’y paraissait. Une forte odeur de peinture s’y dégagea, et même en y étant habitué, Ashley se couvrit le bas du visage afin de ne pas laisser sa tête tourner. Dans l’antre se dessina plusieurs chevalets encastrés les uns sur les autres, posés dans un coin de la pièce. Il y avait un véritable capharnaüm, de tout était présent, il était même difficile d’y circuler. À l’heure actuelle, uniquement Gustave était sur place, il semblait préparer ses propres couleurs, mêlant de l’huile à ses pigments. Il avait sa petite recette personnelle afin d’avoir de meilleures teintes.
Apparemment, il n’y avait pas mieux que de faire soi-même plutôt que d’acheter des peintures hors de prix dans le commerce. Remarquant leur présence, le peintre releva la tête.

« Vous en avez mis du temps, j’ai cru qu’j’allais pioncer ! »

L’artiste posa ses deux mains sur ses cuisses avant de se lever maladroitement. Puis s’approcha d’Erland.

« J’espère que tu s’ras capable de tenir la pose un moment, c’est pas facile d’être modèle. »

Il entraîna le magicien plus loin, commençant à lui expliquer une montagne de choses afin de lui apprendre son métier. Gustave était un homme bavard et bon vivant, il était toujours heureux de partager sa passion avec des novices.
Hors du tableau, Ashley finit par s’éclipser, laissant à Erland le temps de s’apprivoiser le terrain. Il n’était plus de son ressort de lui apprendre le métier.


~ Quelques mois plus tard ~


« Je constate que vos efforts ont payé Gustave. »

Assis dans un coin de la galerie, Ashley étira ses lèvres en un sourire derrière sa tasse. Depuis que le tableau avait rejoint la collection, il n’était pas rare que des curieux s’avançaient pour admirer le travail du peintre. Les couches successives sur l’œuvre accompagnées du portait d’un homme en plein représentation. Elle attisait le questionnement des amateurs d’art, le travail de l’irréel, et du factice à travers un monde de magie. Le coup de pinceau, et la composition retraçaient ces questionnements, apportant un vent de fraîcheur au milieu des œuvres qui trônaient habituellement dans son magasin.

Il avait décidé volontairement de l’afficher sans le mettre en vente dans les premiers temps afin que la frustration attise les plus férus et qu’il le vende au prix fort à celui qui serait le plus offrant. Cette mission avait été un succès, alors qu’il déposa une lettre et un sac de cristaux dans les mains de son majordome.

« Faîtes parvenir mes remerciements à sire Erland, il nous aura été d’une grande aide dans notre apogée. Dîtes-lui que ces cristaux sont un bonus à notre contrat. »