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    Un monde plein de mystères,
    plein de magie et surtout plein d'aventures...

    Il est peuplé de créatures fantastiques. Certaines d'une beauté incomparable, d'autres aussi hideuses qu'inimaginables, beaucoup sont extrêmement dangereuses alors que quelques unes sont tout simplement adorables. La magie est omniprésente sur ces terres : des animaux pouvant contrôler la météo, des fleurs qui se téléportent, des humains contrôlant les éléments, des objets magiques permettant de flotter dans les airs...

    Dans ce monde, il y a le royaume d'Aryon. Situé à l’extrémité sud du continent, c'est un royaume prospère, coupé du monde. Il est peuplé d'hommes et de femmes possédant tous un gros potentiel magique, chacun vivant leurs propres aventures pour le meilleur comme pour le pire.

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    La guerre des mots - Ft Oswald J. Cloverfield
    Adam De ObeliaFloffy Ball
    Adam De Obelia
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    La guerre des mots - Ft Oswald J. Cloverfield
    Lun 29 Mar 2021 - 21:23 #

       
    Une lettre amicale
    Oswald feat. Ashley

       
    Les premières lignes s’inscrivaient. L’encre s’incrustait tandis que le sablier du temps s’écoulait lentement. Les rideaux de velours ne laissaient alors filtrer que quelques rayons qui s’écrasaient sur le bureau en ébène. La plume enfoncée dans l’encrier, les documents triés sur un coin du meuble, tout semblait trop parfait.

    Fidèle à lui-même, le visage était figé de marbre, pourtant, tu pouvais voir apparaître dans la pupille d’azur la colère qui s’animait sauvagement. Brièvement, le crâne se pencha sur le côté, l’aimable sourire venant s’aligner sur ses lèvres de glace. Les mains croisées sous le menton, Ashley semblait dominer la totalité de la pièce par sa simple présence.

    « J’espère avoir mal compris. N’est-ce pas ? »


    Une voix mielleuse, langoureuse, le jeune noble ne s’échappait pas de son rôle, il croisa les jambes puis se redressa lentement. Une lettre froissée face à lui se démarquait au milieu de ce tableau insensé. Ashley repoussa l’enveloppe proche de son employé, ne quittant pas une seule seconde du regard le jeune homme terrifié.

    « Il va de soi qu’il n’est pas question que cette affaire ne puisse nous échapper, n’est-ce pas ? Donc, vous allez réitérer l’offre à notre cliente, doublez la somme. Mais vous allez me ramener ce tableau. »


    La pupille s’ouvrit d’un éclair. Le pouvoir s’infiltra dans chaque veine, chaque pore, mais avant qu’il ne s’active, Ashley ferma les yeux, laissant filer entre ses lèvres un soupir.

    « J’attends de vos nouvelles dans la semaine. »

    Lorsque les lourdes portes de son bureau se fermèrent, le jeune homme se saisit de sa plume presque nerveusement. Il détestait qu’une situation puisse lui échapper, de ne pas pouvoir la maîtriser comme il le souhaitait. Pourtant, il avait cette sensation agréable de défi qu’il devait à tout prix remporter maintenant que les dés étaient jetés.

    ~O~

    Mon Cher Sir Oswald,

    Vous m’excuserez de cette soudainement familiarité, mais il me paraît évident qu’au vu de nos derniers échanges, nous sommes assez proches pour que je me permette de vous appeler par votre prénom. Je ne me vexerai donc pas s’il en était de même à mon égard, rassurez-vous.

    Je suis ravi de constater que vos affaires soient suffisamment florissantes pour que vous rendiez notre petit jeu plus ardu. Vous ne semblez pas lésiner sur les moyens. Et comme nous avons un peu de temps, il me semblait approprié d’échanger quelques mots avec vous.

    J’en suis alors venu à me demander ce qui vous poussait à désirer tant cette toile. Quelle est donc sa valeur à vos yeux ?

    Je vois régulièrement passer des amateurs d’art dans mes galeries, et autant vous dire que la clientèle est assez loin de votre profil. J’ai donc été assez étonné de constater que mes offres ont été rejetées à deux reprises. Je n’ai pas besoin de longs discours pour comprendre que vous désirez cette toile, et je n’aurai pas l’impertinence de remettre en question vos choix. Mais comprenez que je souhaite savoir à quoi m’attendre dans cette guerre. Quelle est votre récompense ? Le gain ou bien la valeur ?

    Le goût sera probablement moins amer pour l’un de nous deux si nous connaissons la réelle raison de ce qui nous pousse à tout prix à s’octroyer le bien de cette dame. Bien évidemment, je ne demande pas de réponse si vous ne le souhaitez pas. Mais je serai également transparent quant à mes intentions si vous vous posez cette question. Cependant, quelles que soient vos intentions, sachez que je me dresserai comme un obstacle. Et j’espère qu’il en sera de même pour vous. Le jeu ne mérite d’être gagné que s’il est joué. N’est-il pas ?

    Je m’en remets à vous si vous souhaitez me laisser dans l’incertitude.


    ~O~

    La cire écarlate s’écoula sur le papier avant qu’Ashley ne dépose le sceau de sa maison, puis l’enveloppe rejoignit le plat en étain où étaient disposées les autres nombreuses lettres. Sa langue écharpée s’était laissé aller sur les pages, et il n’était pas étonnant que le jeune noble était assez contrarié de la tournure des événements. À ce rythme, s’il continuait à hausser les prix, il n’aurait plus rien à tirer de ce tableau sur le marché. Lascivement, Ashley s’enfonça dans son fauteuil, puis un sourire aigre s’étira sur son visage. Mais le laisser gagner ne devait pas être une option, ce serait tout de même dommage de perdre. Après tout, tu savais à quel point, il aimait jouer.

    « J’attends avec impatience votre réponse, Sir Oswald. »
     
    InvitéInvité
    Anonymous
    Informations
    Re: La guerre des mots - Ft Oswald J. Cloverfield
    Mer 31 Mar 2021 - 10:42 #
    Le jeu était une de mes occupations favorites. Pas les jeux d’argent bien sûr, mais les jeux de stratégie. Il m’arrivait occasionnellement de participer à des soirées en compagnie d’autres nobles pour enchaîner quelques parties face des adversaires divers. Je hais profondément avoir à palabrer avec mes semblables, les plateaux sont donc un excellent moyen de les tenir à distance tout en leur exprimant l’étendue de ma considération pendant qu’il se laissait doucement dominer par mes tactiques audacieuses. Oh, je ne gagnais pas à tous les coups, les jeux ont trop de règles à respecter pour me laisser exprimer mes stratégies dans toute leur ingéniosité. La vraie vie est pour cela, un bien meilleur terrain de jeu. Les échecs avaient gagné en popularité ces temps-ci et de nombreuses soirées leur étaient dédiées. C’est lors de l’une d’elle que j’ai pu rencontrer un jeune noble arrogant. L’héritier des O’Callaigh avait la cote en ce moment au sein de la noblesse. On ne parlait que de ses capacités hors norme dans les affaires. Le monde de l’art était un domaine qui m’était inconnu, je serai bien incapable de donner le prix d’un tableau ni sa valeur artistique. Je ne le jalousais pas, loin de moi ces idées puériles. L’ego n’avait rien à faire dans notre travail. Non, je dirais plutôt qu’il m’intriguait. Un parfum de défi l’entourait et j’adorais les challenges.

    En jouant contre lui à différentes occasions, j’avais pu extraire de son style de jeu des informations cruciales sur ses stratégies préférées. La meilleure défense, c’est l’attaque ! Voilà un proverbe qui lui correspondait bien. Il m’avait battu, plusieurs fois, et je l’avais également battu. Nous étions à ce point frustrés de ne pouvoir nous départager que nous avions convenu d’un pari pour trancher la question. La très récente veuve Aldimor possédait une toile d’exception : le don de Lucy. Une toile représentant tous les pouvoirs que la déesse a pu créer et donner aux hommes. Un travail d’exception qui valait une somme considérable. Le défi était que notre chère veuve ne s’en séparerait que difficilement, le premier à l’avoir et à la présenter au reste de la noblesse serait déclaré vainqueur.

    Je reposai ma tasse délicatement pour lire la lettre de mon challenger. Voilà qu’il ne s’embarrassait même plus des formalités d’usage ! En d’autres temps, j’aurais pu prendre cela pour une insulte, mais j’acceptai de bonne grâce de conserver ce ton familier dans nos échanges. J’irai même encore plus loin…

    Notre cher nobliau vient de découvrir qu’un simple contrat ne suffira pas à faire plier la matriarche des Aldimor. Espérons qu’il soit créatif, sinon mon amusement va être de bien courte durée.

    J’attrapai ma plume et commençai à rédiger ma réponse.

    Mon cher Ashley,

    Mon cœur s’emplit de joie de savoir que vous nous considérez suffisamment proches pour nous passer des convenances. Il serait également logique que nous nous passions de nos titres pour nos échanges qu’en dites-vous ? Nous sommes assez proches maintenant, d’après vos dires, et de mêmes rangs. Les conventions sont donc surfaites entre nous, n’êtes-vous pas d’accord ?

    Il semble que vous ayez compris que notre chère Dame Aldimor n’est pas une femme de logique, mais une femme de passion. Je crains que vos offres successives, bien que très interessantes, ne vous portent préjudice dans cette vente. Il n’y a aucune somme que vous ne puissiez débourser qui vous permettra de faire en sorte qu’elle se sépare de son bien. Vous auriez dû la voir à l’enterrement de feu son mari, elle était inconsolable, la pauvre. Je ne pouvais que lui apporter mon soutien et lui dire de se raccrocher aux derniers biens qui lui restaient de son mari et de chérir ses souvenirs autant qu’elle le pouvait. Je me souviens maintenant que c’était lui qui avait fait l’acquisition de cette toile… elle aurait sûrement plus de valeurs aux yeux de sa femme qu’une montagne de cristaux.

    Pour ce qui est de mon intérêt pour l’art, vous avez vu juste. Je ne suis qu’un humble profane dans le domaine, c’est tout d’abord notre défi qui me fait m’intéresser à ce tableau. Au-delà de l’orgueil, n’oubliez pas que le monde des affaires est également une scène sur laquelle nous jouons tous un rôle. Les étoiles montantes récolteront les meilleurs contrats. Vous comprendrez bien que la pièce que nous jouons en ce moment aura des répercussions très variées sur nos affaires futures. Chacun de nos coups est observé par d’autres, chacune de nos stratégies leur arrache des cris d’émerveillement ou de stupeur. C’est une réputation que je cherche à obtenir, plus qu’un simple bénéfice financier. J’espère que vous ressortirez également grandi de notre petit jeu quelque soit le vainqueur.

    Les prochains pions que vous devrez déplacer devront l’être avec la plus grande douceur. Je serai très attristé que vous perdiez notre pari en vous faisant chasser du cercle des confidents de Dame Aldimor par votre acharnement.

    J’attends avec impatience de vous voir agir au bal que la famille Aldimor donne en fin de semaine. Puisse l’intelligence que j’ai vue lors de nos parties, briller de nouveau lors de cet évènement.

    Je signai de mon nom et apposai mon sceau, avant de confier la lettre à l’un de mes serviteurs. Je lui avais menti, ce tableau m’intéressait pour d’autres raisons. Fruit d’une affaire mal menée par mon grand-père lorsqu’il s’était essayé au commerce de l’art, il était une honte pour ma famille. Je ne pouvais tolérer qu’il soit exposé librement en sachant la somme misérable pour laquelle mon ancêtre l’avait vendu.

    Il allait être temps de passer à la vitesse supérieure. J’avais mis le pied dans le cercle proche des Aldimor et il me fallait maintenant atteindre celui de la plus âgée d’entre eux pour pouvoir agir avec finesse. Oh, Ashley, tu ne le sais pas encore, mais tu as déjà perdu.
    Adam De ObeliaFloffy Ball
    Adam De Obelia
    Informations
    Re: La guerre des mots - Ft Oswald J. Cloverfield
    Mer 31 Mar 2021 - 17:54 #

     
    Le début de l'action
    Oswald feat. Ashley

     
    Ceux que certains oubliaient lorsqu’ils voyaient Ashley, c’était qu’il était jeune. Et bien qu’il supportait sans peine un empire commercial qu’il avait judicieusement monté, il n’en était pas moins un homme qui n’avait d’expérience que de ses réussites. De son audacieuse ascension, il lui était arrivé de rencontrer l’échec à quelques reprises qui n’entachaient pas son nom, et la valeur de ce qui marquait le marché ne naissait qu’à travers les cristaux.

    Tu te doutais sans peine que l’immonde rempart qu’il avait dressé face à tous était son meilleur atout, et en même temps sa pire Némésis. Que lorsque certains s’écriaient au travers des mots qui ne pouvaient être posés que par les sentiments. Qu’elle était une véritable valeur au contraire de ce qui avait peu à peu façonné son monde. Maintenant que son nom résonnait à travers les langues perfides des nobles, il était évident qu’il n’était même plus question de se ternir d’une image dictée par des émotions.

    « Votre offre a été à nouveau rejetée. La comtesse souhaite que vous arrêtiez de l’importuner pour cette œuvre. »

    Tu entendais presque le rire cynique qui s’égarait à travers l’embrasure de la porte. Et aussi rare que cela puisse paraître, Ashley n’était pas présent derrière son bureau. La tension régnait maintenant au travers de ce petit espace qui séparait le tyran. Il n’était pas homme à s’ouvrir à sa colère. Ou bien à hurler à tort contre ceux qui se dressaient face à son insatiable ambition. Mais rares étaient ceux qui contrariaient si bien son incroyable talent de marchandage. Et il semblait bien que le jeune s’était frotté à un mur bien plus colossal qu’il ne le pensait. Que ce soit cette vieille mégère qui ne cédait pas à ses caprices d’enfant, ou bien cet agaçant concurrent qui avait une langue bien plus écharpée que la sienne.

    La lettre froissée entre ses doigts, Ashley s’était laissé tomber dans le sofa qui ornait le décor sobre de sa chambre. Assombri par les rideaux clos, personne n’osait pénétrer dans l’antre qui avait vu la vague de colère déferlante. Des débris de porcelaine, des meubles renversés, l’image du vertueux despote s’était brisé lors d’un accès de rage.

    « Il se fiche de moi… »

    ~

    Le bras posé sur son front, il entrouvrit les yeux pour relire les quelques lignes qui ornaient le papier de bonne facture. Il était vrai qu’Ashley avait lancé les hostilités en premier et que la lettre grossière qu’il s’était permis d’envoyer n’était qu’un acte puéril afin d’attiser les nerfs de la guerre. Cette rivalité qui était née entre les deux hommes avait rendu le précieux enfant complètement stupide et ravagé par la cupidité du gain. Il allait sans dire qu’il ne portait pas une affection farouche envers les nobles, de ce fait, il n’avait prêté guère d’attention aux grands noms tant qu’ils ne venaient pas compromettre son marché. Et là avait été sa plus grande erreur. Mal connaître son ennemi était comme se tirer une balle de genou avant la course. La sienne s’était essoufflée à peine commencée. Oswald était un concurrent terrifiant, il avait eu l’occasion à quelques reprises de se frotter à lui et son ingéniosité dépassait de loin les quelques amateurs qui avaient osé s’attaquer à son précieux nom. Les lèvres finirent par s’étirer d’un large sourire. Au moins, le jeu avait le mérite d’être joué.

    « Oscar, amenez-moi mon encrier et ma plume. »

    ~

    Mon précieux ami,

    Je suis ravi de constater que mon amitié soit partagée. Je craignais que ma soudaine familiarité ne puisse vous irriter. Si tel est notre souhait, pourquoi donc nous priver ? J’accepte avec joie que nos échanges puissent se poursuivre loin de ce ton cérémonial.

    Je ne vous savais point aussi proche de la Comtesse, les rumeurs disaient qu’elle avait perdu la tête depuis le décès de son regretté mari et qu’elle n’acceptait plus le dialogue auprès de nos congénères. Les nobles sont bavards, mais il faut croire que tout ne doit pas être pris au pied de la lettre. Je me sens presque bête d’y avoir prêté de l’attention. Cela dit, ne vous êtes-vous pas planté une épine dans le pied en attribuant à ses biens une valeur que nous ne pouvons défier ? Je méditerai sur la question et vos desseins.

    Pour ma part, je vous suis reconnaissant de vos précieux conseils, je saurai en faire bon usage. Après tout, nos différents échanges m’ont permis d’en apprendre beaucoup sur le marché. Vous le savez bien, je ne suis encore qu’un novice dans ce domaine. Je serai donc prudent.

    Cependant, je suis fort chagriné que vous ne portiez d’intérêt à cette œuvre qu’un défi, et non une passion. Saviez-vous qu’elle avait disparu durant des années avant que notre ami mette la main dessus ? Et qu’au travers de ses vigoureux coups de pinceaux, l’artiste essayait de faire croître un nouveau mouvement ? Il a été désespéré que personne n’y prête attention à ses débuts. Pourtant, tout est parfait, de la couleur à la composition. Je ne connais personne qui ne pourrait nier l’évident talent de l’homme qui a créé ce tableau. Si je prends grand plaisir de ce petit jeu, j’espère que vous trouverez un autre objectif que celui de notre bataille en essayant d’acquérir cette œuvre.
    Je me sentirais insulté si vous doutiez de mes compétences alors que je vois en vous un adversaire talentueux. Vous n’aurez nullement besoin de vous inquiéter de mes relations avec Dame Aldimor.

    À bientôt mon cher ami.


    ~

    L’audace dont avait fait preuve le jeune homme devenait récurrente. Cette fois-ci, il devrait user de finesse afin de tisser des liens solides auprès de ce cercle inflexible. User de ses charmes avait bien plus d’influence sur la jeune population que sur ceux qui avaient mieux vécu que lui. Et parler affaires avec une vieille dame qui ne voyait au travers de cette œuvre qu’un triste souvenir d’un défunt, était bien plus compliqué qu’il n’y paraissait. Et s’il voulait surpasser cet homme ô combien talentueux, il devrait en priorité revoir le cercle qui entourait cette Aldimor.

    « Oscar, faîtes-moi parvenir la liste des invités de la Comtesse Aldimor. »

    ~

    Ashley réajusta les boutons de ses manchettes, l’apparence gracieuse dont il faisait preuve lors d’un événement social contrastait avec l’étonnante épave qu’il avait été ces derniers jours. Il n’était pas un partisan des événements mondains, les conversations étaient toujours les mêmes. Portée sur l’ego de ceux qui étaient nés avec de l’or dans la bouche. Le peuple au moins avait cette qualité de se montrer bien plus honnête.

    Le doux parfum fleuri avait embaumé la grande salle, l’orchestre s’était adonné à un air doux pour adopter le ton qui y régnait. Il devait bien se l’avouer, mais la maîtresse de maison avait du goût. Accompagné de son élégante prose, Ashley vint saluer les hôtes de la réception.

    « Je suis honoré d’avoir reçu votre invitation Dame Aldimor, annonça-t-il courtoisement. »

    Le temps n’était pas encore aux affaires s’il ne voulait pas envenimer sa relation avec la comtesse. Et cela devait commencer avec les habituelles courtoisies, peu importe ceux qui viendraient franchir son impénétrable barrière. Une guerre était une guerre.

     
    InvitéInvité
    Anonymous
    Informations
    Re: La guerre des mots - Ft Oswald J. Cloverfield
    Jeu 1 Avr 2021 - 16:37 #
    J’attendais l’heure du courrier avec impatience ces jours-ci. Ma correspondance avec le jeune O’Callaigh me tenait-elle tellement à cœur, que je trépignais comme un enfant à l’idée de recevoir sa réponse ? Il ne faut pas exagérer non plus… Il me pressait simplement de connaître la suite de notre petite guerre, bien que je savais pertinemment à quoi m’attendre, lire les délicieuses mésaventures de ce jeune noble allait me divertir au plus haut point ! Mes serviteurs s’en étaient rendu compte puisqu’ils se mettaient en quatre pour m’apporter les lettres le plus rapidement possible. Voilà, il était l’heure. La porte s’ouvrit, m’arrachant un sourire mauvais, tandis qu’une servante m’apportait le courrier du jour sur un plateau en argent. J’attrapai machinalement le premier papier de la pile et l’ouvris d’un coup sec.

    Pouet-Pouet, Monsieur, balais dans le cul !!!


    Je tournai la tête vers la messagère, lui montrant le papier, ce qui la fit blanchir instantanément. Je bouillonnais de colère qu’on puisse se moquer de moi dans ma propre demeure en m’envoyant pareil torchon. L’écriture était incertaine, sûrement tracée par un paysan, le vocabulaire utilisé était également une preuve du piètre niveau intellectuel de son auteur. Ma servante qui était restée muette finit enfin par retrouver la voix pour se confondre en excuse.

    Sortez-moi ce torchon de ma vue et trouvez qui l’a écrit !! Incapable !


    Je lui jetai le poème que j’avais préalablement roulé en boule, et la congédiai dans la minute. Pour dire la vérité, j’avais déjà une idée de l’auteur de cette mascarade. Sûrement un coup des orphelins. J’avais refusé de financer un orphelinat le mois dernier et depuis ces sals marmots me faisaient des farces à longueur de journée. Si cela ne s’arrêta pas bientôt, je sentais que ces enfants allaient être orphelins ET à la rue. Ma patience avait ses limites…

    Ravalant ma rage, je récupérai la vraie lettre qui m’intéressait parmi toute cette paperasse. Je la parcourus attentif au moindre détail et à la moindre allusion. Je devais reconnaître que mon adversaire écrivait divinement bien. Malheureusement, la calligraphie était le seul art dans lequel il excellait. L’art de la tromperie lui était inconnu. Je m’amusai de sa réponse et de la déconfiture qu’il allait subir à cette soirée. Il était bien trop généreux dans ses lettres, il répandait les informations sans aucune précaution. Pauvre de lui…

    ~~~
    Mon cher ami,

    J’ai été fort étonné d’apprendre vos malheureuses aventures lors du bal de lundi. Quelle malchance que ce serveur ait renversé un plat de fruit de mer sur vous. Le personnel de maison est absolument incompétent de nos jours. Nous devrions baisser un peu plus leur salaire. Cependant, un serviteur sous-payé, c’est un serviteur qu’on peut acheter. Il est bien plus facile d’atteindre un noble par ce biais vous ne pensez pas ?

    Au-delà de mes réflexions organisationnelles, je voulais vous signifier à quel point je suis désolé que vous n’ayez pas eu l’occasion de vous entretenir avec la comtesse. L’odeur lui était insupportable, la pauvre… J’ai entendu dire qu’elle en avait fait un malaise qui l’avait contrainte à se retirer pour la soirée. Une histoire absurde, mais vous trouverez sûrement une occasion de vous rattraper j’en suis certain.

    Je n’étais pour ma part pas présent à cette soirée, mais ne croyez pas que je renonce à notre défi. Je suis allé rendre une visite de courtoisie à notre amie commune l’autre jour et j’ai eu l’occasion de contempler cette toile magnifique. Vous aviez totalement raison à son sujet, un vrai chef-d’œuvre. J’en ai d’ailleurs fait part à la comtesse et elle a été ravie de rencontrer quelqu’un s’y connaissant autant en art. Mes connaissances sur la toile l’ont abasourdie. Je dois vous remercier pour cela, c’est grâce à vous que j’ai pu briller à ses yeux. Elle m’a qualifié « D’amateur d’art » vous vous rendez compte ? Moi, un profane dans ce domaine ? Le destin peut être tellement ironique.

    Je ne doute en aucun cas de vos compétences qui se sont avérées si justes et j’attends avec impatience de vous revoir au gala de charité de samedi. La cause des orphelins est une cause importante.


    Mes yeux saignaient de me voir écrire pareilles fadaises. Donner pour les pauvres était contre tout ce en quoi j’aspirais. Pourquoi perdre ma fortune pour ceux qui n’ont rien ? Je laissais cela aux nobles en manque d’attention. J’apposais mon cachet sur la lettre assassine avant de la transmettre à mon messager. Il était certain qu’elle rendrait mon adversaire complètement fou. Se faire rouler avec tant d’aisance ne plaisait à personne. Maintenant, il apprendrait qu’il ne fallait jamais donner son emploi du temps à ses ennemis, car ils pouvaient alors se préparer. Payer les serviteurs pour créer un accident, placer un laxatif dans leur verre d’une vieille noble … Tout mon plan s’était passé comme prévu et le jeune Ashley avait dû le subir malgré lui. Toutefois, je ne participais pas à ce pari pour le torturer, mais bien pour gagner à la fin. J’avais mis les deux pieds dans le cercle proche de la comtesse. Il ne restait plus qu’à murmurer quelques phrases et la toile serait à moi.
    Adam De ObeliaFloffy Ball
    Adam De Obelia
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    Re: La guerre des mots - Ft Oswald J. Cloverfield
    Mer 21 Avr 2021 - 0:09 #

     
    Contre-attaque
    Oswald feat. Ashley

     
    Je me hâte de vous répondre, Cher Ami.

    C’est avec un plaisir non feint que je constate que mes conseils vous ont été de bonne fortune. Cependant, ce n’est pas la raison de ma lettre. Vous avez pu le constater à mon grand regret que je n’ai pu être présent au gala. Je vous épargne les détails, mais le destin a voulu que je me trouve ailleurs pour une affaire urgente.

    J’espère que vous avez pu vous y rendre, si c’est le cas, vous n’avez pu louper cette adorable enfant. J’ai entendu dire qu’elle est arrivée il y a peu à l’orphelinat. Elle était la seule survivante d’un incendie ravageur. Elle n’osait même pas parler ! Vous imaginez la pauvre enfant ? En tout cas, tous ne parlaient que d’elle. Même la comtesse si recluse s’est prise d’affection pour cette petite. Vous auriez dû voir lorsque nous sommes allés lui rendre visite. Elle en était folle. Nous avons beaucoup discuté, et la petite Mielle s’est montrée extrêmement brillante. Elle a adoré notre cher Don de Lucy. Autant vous dire que dame Aldimor en était pantoise. C’était émouvant de la voir enfin parler.

    Nous avons d’ailleurs beaucoup ri en apprenant que Mielle s’était vengée d’un aristocrate sans cœur en lui envoyant un coup de pied dans le tibia. Quel être sans cœur peut donc bien mépriser de si jeunes enfants à qui la vie n’a pas su leur sourire ?

    En tout cas, cette enfant m’a permis de fortement me rapprocher de notre amie. Vous aviez raison, la comtesse est une femme de passion, j’ai été bien ignorant de penser que tout pouvait se régler avec quelques cristaux.

    J’attends de vos nouvelles, c’est toujours un plaisir de recevoir vos lettres.


    ~O~

    Ashley était rentré dans une rage folle lors de la réception de la lettre de son cher et tendre Oswald. Il n’avait même pas imaginé une seconde qu’il pouvait se retrouver face à quelqu’un qui pourrait l’écraser aussi facilement. La naïveté dont avait fait preuve le jeune noble était accablante et de fait, il voyait s’éloigner trop facilement son ultime but.

    Avec attention, il apposa le sceau rouge sur le dos de la lettre. Du coin de l’œil, il observa l’enfant qui reposait dans les draps de son lit. Il poussa un long soupir puis s’étira longuement. Utiliser le doux visage d’une enfant pour arriver à ses fins, voilà une chose que le jeune noble n’aurait jamais cru faire un jour – ce n’était certainement pas sa défunte mère qui en serait fière. Pourtant, lorsqu’il était allé faire un tour à l’orphelinat afin de se préparer à une éventuelle catastrophe dont il ne pourrait échapper au gala de charité. Ashley avait pu rencontrer les enfants tous plus misérables les uns que les autres. Et c’était bien sans une once de compassion qu’il leur souriait. S’il y a bien une chose que le jeune homme avait apprise durant sa jeunesse, c’est que tout est bon à tirer de tous, alors autant ne pas se faire d’ennemis inutiles même dans une guerre aussi futile que celle qui l’opposait au successeur des Cloverfield.

    Par tout hasard, il avait croisé la comtesse qui rendait régulièrement visite à l’orphelinat. Elle faisait face à ce petit être blond qui gardait les lèvres closes. Tout naturellement, il avait engagé la conversation, tout avait d’abord commencé formellement. Tu l’avais vu s’excuser de ses étouffantes offres puis peu à peu, vous en étiez venus à parler de cette pauvre enfant qui n’exprimait plus rien depuis qu’elle avait rejoint l’orphelinat. Elle subissait le regard condescendant des nobles. Alors elle s’était refermée.

    Au final, le jeune noble n’avait pu être présent lors du gala, une réelle urgence s’était présentée à lui et il n’avait pas hésité à faire une offre généreuse afin d’excuser son absence obtenant la faveur de ceux qui se disaient défenseurs de la veuve et de l’orphelin. Mais ce qui lui importait bien plus c’était d’attirer le regard de la comtesse à travers ses actions et surtout à travers les paroles de l’orpheline qui s’était vraisemblablement attachée à lui.

    Ashley quitta le sofa en s’approchant de l’enfant, délicatement, il glissa sa main dans les jolies boucles blondes qui entouraient le visage poupon.

    « Mielle, il va être l’heure de retourner à l’orphelinat, je ne pourrai pas t’accompagner, c’est Oscar qui t’escortera.»

    La petite fille fit une moue mal réveillée, visiblement, elle n’était pas d’accord pour rentrer maintenant. Seulement, à force de s’enfuir de l’orphelinat pour se réfugier chez lui, elle finirait par avoir des ennuis. Mais il semblait qu’elle s’attachât très vite au jeune noble.

    « Ne t’en fais pas, tu es toujours la bienvenue chez moi, puis je suis certain que dame Aldimor sera ravie de notre prochaine visite. »

    Tout n’était qu’une question de temps pour s’attirer davantage les faveurs de la comtesse, mais il était évident que tout ne se jouerait qu’avec cette enfant. Lorsque le majordome se présenta face au maître de maison, Ashley lui tendit la lettre avec un sourire satisfait. S’il ne devait pas posséder ce tableau, il ne le laisserait pas l’avoir aussi facilement.

    « Transmettez mes amitiés à Sir Oswald, et n’oubliez pas de lui demander comment va son tibia. »

     
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    Re: La guerre des mots - Ft Oswald J. Cloverfield
    Mer 21 Avr 2021 - 10:11 #
    Je terminai de lire la dernière lettre de mon cher partenaire de jeu. Chaque phrase me laissait un goût amer dans la bouche. Étais-je déçu ? Non, ce n’était pas ça, je ressentais un peu de fierté de voir ce jeune noble commencer à échafauder des stratégies plus complexes grâce à moi. Pourtant, je ne pouvais valider la sienne. La charité … un gouffre financier dans lequel je ne me risquerai jamais. Ceux qui n’ont rien ne méritent aucunement de recevoir l’argent de ceux qui ont tout. Quel était l’intérêt ? Le gain social était énorme bien sûr et c’est ce qu’Ashley espérait en tant que retour sur investissement, mais en matière de profit financier l’équation était très déséquilibrée. J’applaudissais cependant son inventivité, bien qu’il n’ait fait que me copier à vrai dire. Je ressentais une certaine fierté de le voir passer enfin aux coups bas, c’était le signe qu’il apprenait enfin mes leçons. Malheureusement pour lui, il était encore loin de dépasser le maître. Voyons comment il allait réagir à mon prochain coup. Retourner une attaque contre celui qui l’initiait était l’une de mes spécialités.

    ~~~
    Mon cher Ashley,

    Il est regrettable que nous n’ayons pu nous croiser à ce gala, vous auriez en effet pu observer avec moi à quel point votre petite protégée peut être violente parfois. Je me réjouis cependant de voir que vous renaissez de vos cendres et que notre pari est toujours d’actualité. Cette course est si exaltante que j’aurais été désolé de vous voir abandonner si vite. Il semble que vous appreniez de vos erreurs et je suis fier de retrouver le joueur inventif que j’ai pu affronter aux échecs.

    Malgré toute la joie que j’éprouve en ce moment, cette lettre est porteuse d’une triste nouvelle. Je viens d’apprendre qu’un incendie accidentel à ravager une partie de l’orphelinat. Par la bénédiction de Lucy, tous ses habitants ont pu évacuer à temps, mais je crains que le bâtiment soit en très mauvais état. J’ai rencontré la comtesse l’autre jour qui cherchait des mécènes pour loger les enfants ou les adopter. Sa détresse m’a beaucoup touché et comme vous êtes quelqu’un de très généreux, je me suis permis d’évoquer votre nom pour loger la petite Mielle. Vous semblez déjà vous être pris d’affection pour cette petite alors je suis sûr que vous serez ravis de l’accueillir durant les travaux qui devraient durer au moins un an, je pense. La comtesse espérait également vous voir investir pour la reconstruction de l’orphelinat aux vues de votre précédente donation, il serait mal venu de la décevoir, ne pensez-vous pas ?

    En tout cas, je vous félicite, elle ne tarit plus d’éloges à votre sujet. Il semble que vous ayez réussi à toucher son cœur, vous m’en voyez ravi. J’ai hâte de voir comment vous allez vous arranger pour utiliser votre notoriété dans votre quête.

    Votre dévoué,

    Oswald J. Cloverfield


    ~~~
    J’apposai mon sceau sur la lettre avant de la confier au serviteur qui quitta la pièce avec empressement. La porte claqua quand il sortit et mon regard glissa doucement sur l’homme assis devant moi, perdu dans la lecture d’un contrat particulièrement long. J’observai ses traits à la recherche d’indices sur ce qu’il pouvait bien penser en découvrant les termes de notre accord. Soudain, je repérai un léger mouvement dans ses sourcils, m’indiquant que quelque chose l’avait dérangé.

    Quelque chose vous a troublé mon cher ?


    Il releva les yeux, passablement énervé d’avoir été si facile à déchiffrer. Il déposa la feuille devant moi en pointant une ligne en particulier pour attirer mon attention sur elle. Je me penchai pour vérifier de quelle clause il s’agissait et un sourire mauvais se dessina sur mes lèvres.

    Ce passage n’était pas là pour notre premier accord.

    Mon regard se fit plus dur en l’entendant faire cette remarque. Évidemment qu’il n’était pas présent, chaque contrat était différent et celui-ci n’échappait pas à la règle.

    Le premier contrat était parfaitement adapté à la conjoncture de l’époque et celui-ci est adapté à la conjoncture actuelle.


    Mais je ne comprends pas pourquoi il est nécessaire d’ajouter autant de précautions ...

    Mes sourcils se froncèrent instantanément, les commanditaires pouvaient vraiment être des imbéciles parfois.

    Avalon vous a déjà aidé dans votre première entreprise et nous savons tous les deux les conséquences de cette première association. Vu que vous utilisez ses services à des fins très particulières, le réseau souhaite simplement s’assurer que votre prochain coup ne lui éclabousse pas au visage.


    Je posai ma main sur la feuille, doigts écartés, et la poussai dans sa direction en lui indiquant le bas de la page avec mon index.

    Il est non négociable, alors allez-vous signer ? Sans cela, vos projets resteront à l’état de rêves inachevés.

    Son visage laissait à penser qu’il hésitait, puis je vis la lumière du défi s’éteindre dans ses yeux quand il signa mon contrat, vaincu.

    C’est toujours un plaisir de faire affaire avec vous, Seigneur Aldimor.
    Adam De ObeliaFloffy Ball
    Adam De Obelia
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    Re: La guerre des mots - Ft Oswald J. Cloverfield
    Dim 25 Avr 2021 - 14:44 #


    Retarder l'échéance
    Oswald feat. Ashley

     
    Mielle était une enfant calme et discrète. Ashley n’était donc pas forcément affecté par la présence de la fillette. Peu à peu, il s’était habitué à la petite tornade blonde qui déboulait dans son bureau, à la recherche de compagnie. Il semblait qu’en peu de temps, le jeune noble était devenu une figure paternelle au regard de la petite fille. Bien évidemment, lorsqu’il avait appris le récent incident, il se doutait sans mal qui en était la cause. Posant enfin la lettre d’un air résigné, il allait sans doute devoir faire appel à ses talents de négociant pour rattraper sa large perte de cristaux.

    Le bon point de cette affaire, c’est qu’il avait réussi à agrandir son cercle social auprès de la noblesse. Sans doute que l’incident avait dilapidé une partie de sa fortune, mais les prochains ne semblaient pas être un réel obstacle. Il espérait cependant que le trou creusé ne s’approfondirait pas davantage. Loin d’être las de leur jeu, Ashley ne semblait exprimer aucune à l’encontre d’Oswald. Même s’il se sentait comme un enfant pris au piège dans les filets du noble, il aimait jouer visiblement bien plus que le gain à la clé. Chacun avait son propre terrain et ses propres cartes. Et il était temps d’utiliser les siennes plutôt que de se fondre dans une pâle copie du seigneur Cloverfield.

    Ashley saisit son manteau dont il entoura ses épaules avec grâce. Puis, il tendit une main vers la fillette qui trottinait vers lui.

    « Viens Mielle, nous allons rendre visite à la comtesse, je suis certain qu’elle sera ravie de te voir. »

    ~

    Sire Oswald,

    Vous avez fait preuve d’une extrême bienveillance à l’égard de cette enfant, je suis ravi de constater que vous n’éprouvez aucun ressentiment. C’est évidemment sans remords que j’ai décidé de la prendre sous mon aile le temps que l’orphelinat soit à nouveau reconstruit. Ne vous inquiétez donc pas, la comtesse Aldimor était ravie lorsque je lui ai annoncé que je prenais une partie des frais à ma charge. Après tout, ces enfants méritent leur chance, n’est-ce pas ?

    D’ailleurs, en parlant de notre amie, je suis allé la voir récemment, et je suis très inquiet à son sujet. Elle semble avoir été prise d’une fièvre délirante sous peu. Même ses si précieux enfants ne sont pas aptes à être reçus. Il lui arrive parfois des moments de lucidité, où nous arrivons à obtenir une entrevue partielle avec la comtesse.

    Je crains malheureusement que les éloges dont elle a pu faire à mon sujet ne soient d’aucune aide face à cette soudaine folie. Sans doute, auriez-vous été un confident de bon conseil pour l’aider à se remettre de ce passage difficile. Mais il semblerait qu’elle n’accepte actuellement vraiment personne à son chevet. À l’heure actuelle, son seul exil se trouve dans ce tableau qui lui rappelle son tendre mari. Je me tiendrai donc garant de vous offrir de ses nouvelles lorsque les occasions se présenteront. J’espère donc ne pas vous décevoir en vous annonçant que notre si attrayante querelle se doit d’être reportée quelque temps.

    J’ai donc espoir que nos échanges ne pâtiront pas de cet échec à l’instant. Et que je puisse jouir de vos préceptes. Après tout, je ne suis qu’un ignorant avare de vos conseils.

    Je vous transmets mes amitiés sincères.

    Ashley O’Callaigh

    ~

    La douleur lancinante entamait le crâne du jeune noble, il reposait non sans mal sur le divan à l’abri de toute lumière. Les flammes se fondaient dans son corps telle une torture tonitruante à laquelle il ne pouvait s’échapper. Il ne savait combien de temps cela allait durer, ni s’il pourrait le supporter, mais ses visites régulières chez la comtesse devraient cesser avant que les effets ne soient irréversibles.

    Un rire s’échappa des lèvres d’Ashley, il n’avait pas été bien difficile de faire abdiquer dame Aldimor. Un simple contact du regard avait permis de mettre en route un nouveau processus. De même que le but du jeune noble avait radicalement changé de position. Même s’il désirait ce tableau, sa priorité n’était plus d’en avoir la possession, mais retarder Oswald de mettre la main dessus. C’était devenu une activité bien plus attrayante.

    Il attendait avec impatience la prochaine riposte afin de faire appel à de nouveaux artifices. C’était vrai, Ashley était un joueur né, il s’était aveuglé par le gain, mais à présent cette langue de vipère qui lui faisait face attisait le brasier de la compétition.

    « Oscar, veillez à ce que je ne rencontre personne jusqu’à demain. »

    Mais la priorité serait de se remettre de la lave en fusion qui coulait dans ses veines sinon, il ne pourrait se montrer pertinent dans ses décisions.

     
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    Re: La guerre des mots - Ft Oswald J. Cloverfield
    Mar 27 Avr 2021 - 21:29 #
    Le seigneur Aldimor était en train de ravager mon salon dans un tourbillon de colère. Il était venu me voir à l’Aube pour faire un scandale. Tout son plan venait de tomber à l’eau à cause de la maladie de sa mère. Cela devait faire une bonne heure qu’il faisait les cent pas chez moi en pestant sur le monde entier. Heureusement pour lui, il n’avait pas encore eu l’idée idiote de me reprocher son échec. J’avais fait en sorte de lui ouvrir la voie comme convenu, le reste était à sa charge. Je fis signe au majordome d’apporter une autre bouteille en espérant qu’il se calme enfin. En attendant, je finissais de lire la dernière lettre de ce cher Ashley.

    Un rictus mauvais se dessina sur mon visage. Oh, Ashley … tu sortais enfin de ta chrysalide ! Toi qui te retenais tant, voilà que tu t’engageais enfin corps et âmes dans notre jeu ! Le voir passer à l’action sans me copier m’emplit d’une joie immense. Il me mettait des bâtons dans les roues, mais j’étais en extase devant sa manière d’y parvenir pour la simple raison que je n’avais aucune idée de ce qu’il avait bien pu faire à la comtesse. Poison ? Maladie ? Pouvoir ? Je n’en savais rien et cela attisait mon envie d’en découdre. Il s’était suffisamment laissé piétiner ces derniers jours. J’exultais à l’idée de voir ses prochaines tentatives pour me mettre en déroute.

    Je regardai le noble colérique qui ne s’était toujours pas assis et qui continuait à arpenter la pièce comme si cela allait changer quelque chose. Je soupirai, exaspéré par sa conduite de débutant. M’associer avec lui avait été très lucratif, mais également source de bien des ennuis. Les petites querelles de la famille Aldimor étaient vraiment un sac de nœuds. Il sembla enfin remarquer que je le regardais intensément et s’arrêta, se rendant compte, pour la première fois depuis qu’il avait passé le pas de ma porte, qu’il se comportait comme le dernier des imbéciles.

    Bien maintenant que vous êtes calmé, je vous prie de vous asseoir.

    Je lui désignai le fauteuil à côté de moi et il prit place, non sans garder une certaine agitation. Je levai les yeux au ciel avant de l’écouter patiemment.

    John vous ne comprenez pas, elle doit signer la vente de l’entreprise la semaine prochaine ! Si je n’interviens pas d’ici là, je serai privé de mon héritage. Cette folle pense qu’elle peut se permettre de sacrifier ma fortune pour aider des miséreux sans le sou !


    Il était vrai que la comtesse espérait dilapider sa fortune en œuvre caritative dans très peu de temps et son fils se sentait spoiler de ses biens. S’il avait été plus prudent, il aurait pu régler ce problème avant même l’intervention malencontreuse d’Ashley. Je réfléchis intensément à la manière de rattraper sa bévue.

    Elle prête toujours l’oreille à ce que vous dites ?

    Oui quand elle n’est pas enfermée avec ce jeune noble …

    Une idée me vint afin de contrecarrer les plans d’Ashley une dernière fois. Cette histoire approchait de sa conclusion, j’en avais la certitude, mais ce n’était que lorsque qu’il serait au paroxysme de sa gloire que je le ferais retomber sur terre.

    Nous avons encore les moyens de vous aider Seigneur Aldimor.

    Mais je n’ai plus les moyens de vous payer, à moins que vous ne vous contentiez de la promesse d’un paiement quand j’aurais l’hérita …

    Je l’interrompis d’un geste de la main. Je savais pertinemment quel était l'état de ses finances actuellement et laissez-moi vous dire qu’elles étaient pathétiques pour un noble de son rang. Le comte n’avait rien à m’offrir si ce n’est …

    Il y a bien une chose que vous pouvez me promettre, monsieur le comte. En effet, je cherche à faire l’acquisition d’un tableau …

    ~~~
    Cher Ashley,

    Je suis désolé d’apprendre que l’état de santé de la comtesse a pu se dégrader autant ces derniers jours, mais je suis confiant dans le fait que vous pourrez la soutenir de votre mieux. Je suis malheureusement un piètre confident et je ne saurais lui être d’une quelconque aide. Je crains devoir me reposer sur vous pour cette tâche, mais j’ai confiance en votre bonté, vous saurez être à la hauteur.

    Je m’inquiète cependant pour elle, on m’a rapporté que depuis le passage du docteur, ses délires se sont intensifiés au point qu’il est presque impossible de l’entendre parler de manière cohérente. Dans tout ce malheur, j’ai tout de même une bonne nouvelle à vous annoncer. Avant de sombrer dans la folie, la comtesse avait émis l’envie d’aider les plus démunis en finissant les œuvres caritatives de la capitale. Elle devait d’ailleurs vendre l’entreprise familiale en début de semaine, mais en a été empêchée par ses premières crises, quel hasard malencontreux ! Tout cela pour vous dire, qu’en attendant son rétablissement, sa famille organise une vente aux enchères dans deux jours et je vous laisse deviner, le tableau fera partie des lots.

    Je pense donc que notre petit jeu pourra prendre fin à cette soirée. Qu’en dites-vous ? Laisser un autre acheteur s’en emparer serait fâcheux. J’ai hâte de vous voir à cette soirée. Cela fait bien longtemps que nous n'avons pas eu l'occasion de discuter de vive voix.

    Votre dévoué,

    Oswald C.


    ~~~
    La vente aux enchères était incroyablement populaire, il faut dire que les Aldimor ne manquaient pas de toiles et autres objets artistiques à mettre en vente. En suivant mes conseils, l’héritier de la famille avait fait renforcer la garde autour de sa mère empêchant qui que ce soit de l’approcher même Ashley. Il aurait été gênant qu’il se mette en travers de la vente aux enchères. Un peu de poison dans son thé et sa « maladie » avait pris des proportions spectaculaires permettant de facilement la faire confiner pour la soirée sur ordre du médecin. Il m’avait suffi de faire remplacer sa broche nutrivif par une autre défectueuse, afin de tromper sa vigilance. Le réseau Avalon était très efficace pour ce genre de petits travaux.

    Les ventes allaient bientôt commencer et je voulais d’abord souhaiter bonne chance à mon adversaire, bien que la chance ne lui serait d’aucune aide ce soir. Je le cherchai parmi la foule, prêt à me diriger vers lui pour le saluer comme il se doit.
    Adam De ObeliaFloffy Ball
    Adam De Obelia
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    Re: La guerre des mots - Ft Oswald J. Cloverfield
    Mar 4 Mai 2021 - 17:04 #


    La Chute
    Oswald feat. Ashley

     
    Appuyé au fond de son divan, Ashley terminait de lire les quelques lignes de sa lettre, puis un soupir lascif s’échappa de ses lèvres. Il n’était pas assez stupide pour ne pas se douter que son fier adversaire avait une idée derrière la tête. Les jeux avaient été faits avant même qu’il ne puisse passer le seuil de la demeure de la famille Aldimor. Mais maintenant qu’il ne pouvait plus exercer sa pression sur la comtesse, il savait que le tableau ne lui serait jamais acquis.
    Mais lui-même avait eu ses propres cartes en main. C’était une cuisante défaite, il ne pourrait que le reconnaître, mais ça ne l’empêcherait pas de se présenter fièrement. Avant qu’elle ne succombe pleinement, Ashley avait couvert ses arrières des dépenses farfelues dont il avait été victime ces derniers temps. Mais tout cela serait bientôt terminé. Un vague sourire fleurit sur ses lèvres. Alors qu’il tenait précieusement dans ses mains un document important.

    ~


    Ô mon cher Oswald,

    C’est un bien regrettable incident, en effet, j’ai été ravi d’être le conseiller de cette charmante comtesse. Je suis navré qu’elle n’ait pas eu l’assistance qu’elle méritait lorsqu’elle en avait besoin. Quel fils indigne de n’être présent alors qu’elle souffrait mille martyrs.

    Vous savez, elle s’est souvent confiée à moi, alors que la peur de la mort s’approchait. Je pense bien que ce n’est qu’une paranoïa passagère et qu’elle nous reviendra au plus vite. Mais elle craint que son héritier ne gâche leur fortune égoïstement. Son tourment m’a brisé le cœur, vous savez. Il est honteux qu’une mère ne puisse se reposer pleinement sur ses enfants.

    Vous vous doutez que je serai bien présent lors de ces enchères, pour rien au monde, je ne louperai cet événement. Et j’espère bien que cette fois, vous ne me ferez pas faux bond. J’étais bien déçu de ne pouvoir échanger quelques formalités avec vous lors du bal. De plus, il n’est pas envisageable que quelqu’un d’autre puisse mettre la main sur ce précieux tableau. Il ne manquerait plus qu’un ignare dans le domaine ose s’en emparer.

    À bientôt,

    Ashley O’Callaigh


    ~

    Ashley referma l’enveloppe délicatement, il ne restait plus que quelques jours avant les enchères, et s’assurer que ses arrières y seraient correctement couverts. Il ne savait pas ce que prévoyait Oswald, mais rien ne lui serait épargné durant cette soirée. Prudence était mère sûreté.
    Enfin, il reporta son attention sur l’homme en face de lui.

    « Comme vous le savez, la comtesse m’a remis les documents de son héritage. Je souhaite que vous en fassiez part à leur famille. Je doute qu’ils acceptent si facilement que l'annonce leur soit faite par un étranger. »

    En effet, le jeune noble avait travaillé la comtesse afin qu’elle lui partage une partie de l’héritage, car à défaut de ne pouvoir le verser à des œuvres de charité – dû à la pression de son rejeton – elle avait donné sa confiance au jeune noble pour qu’il puisse le faire à sa place. Il n’avait pas été bien difficile de la persuader après ses généreux dons pour l’orphelinat. Il en ferait probablement un ‘’meilleur usage’’ que ses imbéciles d’héritiers. Le tout serait de se débarrasser de la comtesse en temps voulu.

    « Vous pouvez disposer. »

    ~

    Présent au milieu de la foule, Ashley avait pour habitude de se présenter en homme discret, les relations sociales y étaient généralement assez ennuyantes. Chacun se plaisait à recevoir des faveurs tant que l’on avait des cristaux à verser. Puis lorsqu'il n'y avait plus de profit à en tirer, ils était lâchement abandonnés.

    Il prit le temps de parcourir la liste de ce qui serait vendu. Mais, ces enchères lui hérissaient le poil, car les valeurs de certains objets étaient faussées. Il se demandait si la famille Aldimor pourrait vraiment s’en sortir sans leur matriarche.

    Puis, il finit par apercevoir son concurrent, il s’approcha. Puis inclina brièvement son buste afin de le saluer.

    « Oswald, je suis ravi de vous voir présent ce soir. »

    Et cela était quand même bien vrai. Il avait été très plaisant d’échanger des lettres avec le noble, mais leur différend se montrait plus distrayant à l’oral. Il savait également qu’Oswald était bien trop précautionneux, et il ne saurait ce qu’il comptait faire pour le contrer. Bien sûr, il tenterait de posséder ce tableau, mais rien le lui assurerait. Une chose avait été sûre durant tous leurs échanges, l’aristocrate avait toujours eu le dessus sur lui. Même si cela se montrait très frustrant aux yeux d’Ashley, il ne pouvait nier que ça lui avait été très formateur. Quelque part, il lui vouait un profond respect.

    « J’espère que cette histoire n’entachera pas notre amitié, cela me manquerait que nous ne puissions profiter à nouveau de quelques parties d’échec. »

    Il quitta un instant Oswald du regard, afin de balayer la salle du regard. Depuis qu’il n’avait plus de contacts avec la comtesse, il n’avait pu savoir quelle avait été la réaction de son héritier lorsqu’il avait appris que son héritage ne serait pas entre ses mains.

    « Je suis tout de même attristé que la comtesse n’ait pu être présente elle aussi. Je ne savais pas qu’ils disposaient d’autant de bien si précieux. »

    Et c’était vrai, il avait vu passer des pièces qui allaient se perdre à un prix misérable. La comtesse aurait probablement crié au scandale si elle avait été présente, ses craintes étaient belles et bien fondées quand elle lui avait avoué qu’il n’apporterait à leur famille que la honte.

    Enfin, les enchères allaient débuter. Ashley prit congé, il aurait ne lui restait plus qu’à s’approprier leurs biens pour faire ses propres ventes plus tard.

    « Je vous souhaite bonne chance pour ce soir. »

     
    InvitéInvité
    Anonymous
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    Re: La guerre des mots - Ft Oswald J. Cloverfield
    Mer 5 Mai 2021 - 12:31 #
    Le plaisir est partagé mon cher.

    J’avais enfin trouvé mon concurrent parmi toute cette foule de nobles dégénérés. Il semblait fasciné par la lecture des lots mis en vente ce soir. Il était vrai que la collection des Aldimor devait beaucoup intéresser mon ami. Mis à part le tableau de nos convoitises, beaucoup d’autres œuvres pourraient lui plaire. Pour ma part, je ne m’intéressais qu’à quelques lots, des artéfacts anciens gardés jalousement par cette famille. Il fallait bien que j’y trouve aussi mon compte n’est-ce pas ?

    En aucun cas cela ne pourrait porter atteinte à notre amitié, au contraire je sens qu’elle nous a rapprochés au-delà du simple jeu.

    Le jeu d’Ashley m’avait impressionné et je gardais beaucoup d’espoir pour la suite des évènements. Ce n’était pas de l’inquiétude, ce qui allait suivre était inéluctable, mais il pouvait encore me surprendre.

    C’est regrettable en effet. Mais peut-être fera-t-elle une apparition ? Le prix des lots est scandaleux, je la vois mal rester au lit tandis qu’on spolie sous son propre toit. Je vous souhaite donc bonne chance mon cher ami. Oh, je vois le fils Aldimor qui me fait signe, si vous voulez bien m’excuser.


    Je saluai brièvement avant de me diriger vers mon client qui semblait encore en proie au doute. Que se passait-il encore ? À peine m’étais-je approché de lui, qu’il me tendit une feuille de papier. Je levai un sourcil inquisiteur et dépliai le document pour découvrir avec stupeur que ce cher Ashley avait réussi à faire main basse sur une partie de l’héritage. Mon visage se tourna lentement vers mon partenaire qui, étrangement, me fixait au fond de la salle. Soudain, sans que je puisse le retenir, mon visage se tordit en un rictus diabolique. Mes dents apparaissaient dans toute leur blancheur et mon regard était celui d’un prédateur. Oh, Ashley, ton chant du cygne était si beau ! Malgré ta défaite certaine, tu arrivais encore à briller. Nul ressentiment n’emplissait mon cœur en cet instant, seule la fierté de le voir réussir dans l’échec le faisait palpiter. Était-ce cela la compersion ?  

    Mon visage retrouva brutalement son sérieux habituel. L’émotion intense qui l’avait parcouru disparut, remplacée par le masque d’acteur que je portais si bien. Ashley avait certainement vu mon vrai visage, mais qu’importe, il l’avait bien mérité. Je me tournai alors vers le fils héritier pour le rassurer.

    Votre mère passe encore pour folle, il est encore temps de contester, mais uniquement si elle n’a pas le temps de guérir. À vous de voir. Vous n’avez malheureusement plus les moyens de vous adjoindre les services d’Avalon.


    J’écrasai la feuille sur son torse et le fixai intensément.

    Maintenant, montez sur cette estrade et accomplissez vos projets ou restez dans l’ombre et sombrez.


    Sur ces mots, je retournai m’asseoir auprès d’Ashley. Il n’y avait plus que lui qui m’intéressait ce soir. Les lots, les intrigues, plus rien de cela n’avait d’importance. Je l’avais reconnu comme un homme de valeur sans morale et cela était la plus grande distinction que je pouvais donner à quelqu’un. Je m’assis discrètement à côté de lui.

    Je vous félicite Ashey. Peu nombreux sont les hommes à m’avoir autant amusé. Je suis certain que nous sortirons tous les deux gagnants de cette soirée maintenant.

    Nous fûmes interrompus par l’ouverture des enchères. Les lots s’enchaînaient les uns après les autres et comme par hasard, celui qui nous intéressait tous les deux se trouvait en dernier. J’enchérissais sur les artéfacts qui auraient une place dans ma collection et laissais volontiers les œuvres d’art à mon ami. Nous réussîmes à remporter quelques enchères, mais pas toutes. De toute façon, elles n’étaient que secondaires. Le plat de résistance arrivait bientôt.

    Et maintenant, voici le dernier lot de la soirée : le don de Lucy !


    Une pointe d’exclamation parcourut la foule, tandis que les employés découvraient la toile pour l’exposer aux yeux de tous. Je regardais mon partenaire assis à côté de moi.

    Nous y voilà !


    Un sourire moqueur se dessina sur mes lèvres, puis mon attention revint à la vente. J’enchérissais en premier, défiant mon voisin d’en faire autant. Nous nous battîmes avec fougue, mais ce n’était qu’un jeu pour moi. J’aurais cette toile de toute façon.  

    Une fois, deux fois, adjugé à Messire O’Callaigh pour …


    Attendez !

    La voix d’une femme venait de résonner dans la grande salle. La matriarche des Aldimor se tenait en bas des escaliers, fière, mais encore faible des mauvais traitements qu’elle avait subits. Elle s’avança jusqu’au centre de la pièce, se retenant tant bien que mal avec sa canne. Un ricanement m’échappa malgré moi en la voyant briser tous les rêves de son fils.

    Cette enchère est une mascarade ! Je ne tolérerai pas que l’héritage de Charles soit ainsi bradé, je …


    Elle s’étouffa dans une quinte de toux assez violente, laissant le loisir à son fils de la rejoindre pour essayer de s’en débarrasser.

    Allons mère, il ne faut pas vous surmener ! Cette vente permettra de reconstruire l’orphelinat qui vous tenait tellement à cœur, vous ne savez plus ce que vous dites !


    La vieille femme retrouva soudain assez de force pour repousser son fils parjure.

    Ne me touche pas ! Je sais ce que tu as fait et tu paieras pour ça, je peux te l'assurer !

    Les deux parents commencèrent alors à faire une véritable scène au beau milieu de la salle. La lumière de l’imposant lustre qui les surplombait illuminait la scène comme dans un théâtre. Je posais la main sur l’épaule d’Ashley, plus pour le retenir de s’en mêler, que pour lui signifier quoique ce soit.

    Laissons laver leur linge sale en famille, voulez-vous ?


    Un petit sourire complice se dessina sur mes lèvres quand soudainement, un craquement de tous les diables se fit entendre. La dispute s’arrêta presque immédiatement et les deux Aldimor tournèrent leur visage vers moi totalement blême. Les autres convives étaient trop occupés à chercher l’origine du vacarme. D’un seul coup, l’immense lustre de la salle de bal se décrocha, ne laissant aucune chance à la comtesse et à son fils de l’éviter. Il s’écrasa dans un fracas de fin du monde, écrasant les deux imbéciles qui se faisaient la guerre. Les hurlements de la foule résonnèrent dans les murs, tandis que le sang des Aldimors teintait le sol de leur demeure. Juste avant de mourir, ils avaient eu un regard pour moi, un regard qui disait : pourquoi maintenant ?

    Les assassinats étaient des contrats trompeurs. Quand on voulait tuer quelqu’un, il fallait mettre sa propre vie en jeu. Un seul meurtre, et vous pouviez être sûr que vous ne mourrez jamais de vieillesse, mais toujours de la main de quelqu’un. Les Aldimor venaient de comprendre ce principe fondamental. Le fils voulait tuer ses parents, la mère voulait venger son mari. Deux contrats d’assassinat, un seul assassin. Les cibles et les commanditaires, tous fauchés par la mort … Chacun d’eux m’avait engagé pour préparer le terrain pour leur petit coup, mais il m’avait suffi de les pousser à recruter le même assassin sans le savoir. Je leur avais ouvert la voie, c’était eux seuls qui avait décidé dans faire la voie du meurtre. Pathétique … Dommage que personne n’avait de potion miracle dans l’assistance, ils en auraient eu grand besoin.

    Je jetai un coup d’œil aux serviteurs qui s’étaient dépêchés de recouvrir la toile pour la faire disparaître de la scène de crime. D’un hochement de tête, je leur indiquais qu’ils pouvaient procéder comme convenu et ils partirent avec l’objet de mon pari en profitant de la diversion.

    C’est absolument atroce.


    Mimant un instant de faiblesse, je m’écroulais fébrilement sur mon voisin tout en lui glissant un petit message dans la poche. Puis, je me redressai tant bien que mal et pris congé de mon ami.

    Je suis navré, mais toute cette horreur m’indispose. Je pense que je vais me retirer pour la soirée. Nous nous reverrons sous peu, j’en suis persuadé …


    Je quittai alors la salle d’un pas chancelant, laissant le soin au serviteur de nettoyer le carrelage. Les Aldimor s’étaient brûlé les ailes dans leur quête de vengeance.

    ~~~
    La vengeance est une tragédie.

    Passez me voir dans trois jours, un cadeau vous attendra.

    Votre ami.
    Adam De ObeliaFloffy Ball
    Adam De Obelia
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    Re: La guerre des mots - Ft Oswald J. Cloverfield
    Jeu 6 Mai 2021 - 21:13 #


    Le Dénouement
    Oswald feat. Ashley

     
    « Quelle tragédie.. »


    Ashley était installé posément sur une banquette, ne semblant pas le moins troublé par la situation. Demain seraient les funérailles de la famille Aldimor, et tel le rapace qu’il était, il ne manquerait certainement pas cet événement. Après tout, un héritage était à la clé. L’hypocrisie de cette famille les avait ruinés d’une chose encore plus importante que leur stupide querelle. Et s'était terminé d’une bien triste manière.

    Il était resté jusqu’à la fin, le temps que le chandelier révèle le triste massacre. Sur le moment, il avait été bien trop surpris pour pouvoir réagir. Ce ne pouvait certainement pas être un accident, tout était trop parfait dans le timing. Il releva ensuite son regard vers son interlocuteur, un fin sourire sur les lèvres tout en apportant la tasse à ses lèvres.


    « Qui aurait pu prédire un tel incident, le jour fatidique qui plus est ! »


    Il marqua sa phrase d’un ton presque théâtral. Tout n’avait – et bien heureusement – pas été perdu lors de cet incident. Le jeune noble avait réussi à s’approprier des biens qui relanceraient son économie à peine, seraient-ils mis sur le marché. Et bien évidemment, le triomphant Don de Lucy ne faisait pas partie de ses gains. De ce fait, il n’avait pu que répondre positivement à l’alléchante invitation d’Oswald. Lorsqu’il avait découvert la note dans sa poche, Ashley n’avait pu empêcher un sourire d’orner ses lèvres. Le Cloverfield l’avait mené par le bout du nez du début à la fin, et lui n’y avait vu que du feu. Il reprit enfin, d’un ton jovial.


    « Mais je vous cède avec joie la première place du podium, je n’ose même pas imaginer une seconde avoir eu une chance de remporter ce tableau. »


    En raccordant un peu les fils, il n’avait pas eu trop de difficultés à comprendre comment s’était déroulée l’affaire. Après tout, il avait appris à connaître ses agissements durant leurs quelques échanges. Une famille déchirée, un désir de vengeance, ajouter deux nobles avares, et toute l’histoire coulait de source.

    Même en étant au courant de cette affaire sordide, Ashley n’aurait rien pu faire pour le contrecarrer. Et plutôt que de se retrouver parent d’une enfant de huit ans, il se serait endetté stupidement en le regardant triompher.


    « Je dois admettre avoir été surpris de la tournure des événements, il n’aura pas été chose aisée de vous concurrencer. »


    Il poussa un profond soupir, puis ajouta avec un mouvement de la main.


    « Mais vous m’avez tout de même rendu un fier service, ça m’évite d’employer une personne pour faire le ménage. »


    Maintenant, qu’il y pensait, il se sentait presque nostalgique de leurs échanges. Il aura connu des phases méconnaissables, mais cette correspondance lui avait apporté un amusement non feint. Il avait manqué de se brûler les ailes à plusieurs reprises.


    « Je m’incline sans honte face à vos talents. »


    Maintenant, qu’allait-il advenir de leur relation. Qu’attendait-il d’Ashley ? Son silence ? Il l’aurait. Après tout, lui non plus n’avait pas fait appel à des méthodes très honnêtes. Cependant, il avait puisé dans les ressources de son pouvoir, et probablement, ne serait-il pas capable d’y faire appel avant un moment. Juste son évocation faisait crépiter les douloureuses brûlures. Dire qu’en général, il faisait appel à de ‘’l’aide’’ extérieure. Il fallait croire qu’il avait pris cette histoire à cœur pour qu’il en vienne lui-même à s’impliquer dans un tel projet.


    « Alors, qu’attendez-vous de moi ? »


    Il rentrait maintenant dans le cœur du sujet. Si Oswald l’avait invité, ce n’était sûrement pas pour parler de banalités. Ils avaient déjà dépassé ce stade. Il tapota lentement son doigt ganté sur sa cuisse croisée. Il n’en montrait rien, mais sa curiosité était piquée au vif.

     
    InvitéInvité
    Anonymous
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    Re: La guerre des mots - Ft Oswald J. Cloverfield
    Ven 7 Mai 2021 - 10:57 #
    Le don de Lucy embellissait mon salon depuis deux jours maintenant quand Ashley était enfin venu répondre à mon invitation. Les obsèques des Aldimor se tiendraient bientôt et en bon requin que je suis, je ne m’y présenterai pas. Contrairement à Ashley, j’avais déjà épuisé tout ce que je pouvais tirer d’eux. Outre les 4 contrats que j’avais pu recevoir de leur part, j’avais maintenant réussi à gagner celui du chantier de l’orphelinat. La décadence de cette famille m’avait laissé le champ libre pour m’emparer d’une de leur filiale laissée à l’abandon. Les recettes de ce petit pari atteignaient des sommes faramineuses. Sans parler du tableau … À lui seul, il couvrait bien la moitié du reste de mes gains. Ashley avait réussi à tirer son épingle du jeu, même s’il avait encaissé de cuisantes pertes dans cette affaire. J’aurais préféré qu’il perde plus cela dit, ma proposition aurait été beaucoup plus intéressante pour lui dans ce cas de figure, mais je ne doutais qu’elle piquerait sa curiosité tout de même.

    Je l’écoutais patiemment, profitant de mon thé comme je savais si bien le faire, un sourire narquois posé sur mes lèvres. Je n’étais pas insensible à ses flatteries à peine dissimulées, mais heureusement pour moi, elles ne me feraient pas autant tourner la tête que le reste de la noblesse. J’étais ravi de voir qu’il prenait la défaite sous un si bon angle, il aurait été fâcheux que cette guerre l’éloigne de moi, alors qu’elle avait pour but, au contraire, de nous rapprocher.

    Je ne suis guère versé en dramaturgie, mais ce dénouement était pour le moins … théâtral !

    Je pris une gorgée supplémentaire de thé.

    Vous rendre un service ? Mais qu’ai-je bien pu faire pour éviter d’avoir à « faire le ménage ? »

    Un sourire plus ironique masqua le précédent. Ce n’était pas tout à fait faux, je n’avais rien fait pour éliminer les deux Aldimor, ils l’avaient très bien fait tout seuls. J’avais simplement aidé l’assassin à pénétrer leur propre demeure, ce qui avait été facile puisque les deux dirigeants de la famille m’avaient donné leur feu vert, les imbéciles. Mais bon, tant qu’Ashley était convaincu que je le couvrais de cadeaux, je n’allais pas le contredire. Il était tant d’en arriver au vif du sujet, trêve de badinerie.

    Oh ! Je n’attends rien de vous mon ami. Notre pari ne comportait aucune close pour le perdant, mais si vous me le permettez j’aimerais utiliser vos services de revendeurs. Voyez-vous, je suis entré en possession de cette magnifique toile et j’aurais besoin d’un expert en art pour espérer la revendre au juste prix. Une commission de 10 % sur la vente vous conviendrait-elle ?


    Un chiffre assez bas au demeurant, mais le prix de base était tellement haut que cela représentait une coquette somme. Oui, je l’insultais peut-être en lui proposant cela, mais j’étais prêt à négocier. De toute façon, je la vendrai avec ou sans lui, il valait mieux qu’il se rajoute à l’équation pour empocher au moins un peu de gain.

    Au-delà de cette vente, j’aimerais vous faire une proposition plus … pérenne. Voyez-vous, je travaille avec un … réseau qui offre de nombreux services aux personnes pouvant y mettre le prix. Vous avez pu assister tout au long de nos échanges à l’efficacité de mes opérations. Il ne tient qu’à vous de profiter de la même qualité de service en échange d’une somme convenable. Par ailleurs, compter un vendeur d’art de votre trempe parmi nos membres serait un atout de poids. Particulièrement pour des ventes très particulières.

    Je faisais bien entendu référence au marché noir. Mes connaissances en art étaient bien trop limitées et j’avais du mal à proposer des contrats de qualité dans ce domaine. Falsification, vol, revente, beaucoup de contrats pourraient m’intéresser, mais il me manquait un spécialiste.

    Alors, dites-moi Ashley ? Une collaboration vous intéresserait-elle ? Vous pourrez bien sûr à l’avenir, profiter de nos services pour vos propres intérêts. Il ne tient qu’à vous de briller comme j’ai pu le faire durant toute notre joute.

    Adam De ObeliaFloffy Ball
    Adam De Obelia
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    Re: La guerre des mots - Ft Oswald J. Cloverfield
    Dim 9 Mai 2021 - 9:04 #


    Le Mot de Fin
    Oswald feat. Ashley

     
    « Une expertise ? »

    Un sourire moqueur naquit sur les lèvres d’Ashley. Il avait le culot de lui demander une expertise pour ce tableau après la guerre qu’ils s’étaient lancée pour l’avoir. Il déposa sa joue contre son poing, puis observa la grande toile, il ne pouvait nier que le travail était splendide. Il se demandait encore comment cette famille avait pu l’avoir sous leur toit sans se douter qu’ils possédaient un véritable patrimoine de l’art. C’était une honte de n’avoir profité de son prix alors que leur fortune avait plongé pour des œuvres caritatives. Il avait été juste de leur retirer ce bien, ils avaient bien trop gâché la courte vie qui leur avait été offerte.
    Il aurait été stupide de refuser une telle offre, Ashley n’était pas assez bête pour perdre quelques cristaux juste par fierté.

    « J'accepte avec joie ! Je peux même vous proposer ma galerie pour que vous puissiez l’exhiber à des amateurs d’art, vous verrez qu’elle ne mettra pas quelques jours avant d’être vendue.»

    Il n’était pas rare pour Ashley d’afficher des toiles dans sa galerie, cela lui permettait de donner de la visibilité à ses artistes et de faire vendre rapidement des toiles. Ainsi, il pouvait mettre en contact l’acheteur et le vendeur, tout en se faisant connaître.

    « Sinon, je peux tout simplement vous faire part de mon avis dès à présent, je ne doute pas que d’ici peu vous l’aurez vendue. Après tout, c’est un trésor très demandé. »

    Lorsqu’Oswald évoqua la collaboration, le jeune noble plissa son joli regard bleuté. Il ne saisissait pas encore la totalité de ce qu’elle impliquerait. En effet, l’efficacité dont avait fait preuve cette organisation était tout bonnement incroyable, et cela avait permis à Oswald d’avoir plusieurs pions d’avance sur l’échiquier de leur grand jeu.
    Cependant, il restait trop vague sur le sujet, bien qu’il n’eût pas trop de mal à s’en faire une idée. Après tout, il commençait à saisir quel personnage était son rival.

    « Loin de moi l’idée de vous offenser, mais je ne peux me permettre d’accepter sur un coup de tête. Je me dois de travailler votre offre avant de vous donner une réponse. Je ne mets en aucun en doute, vos performances, mais vous vous doutez que tout doive être réfléchi. »

    Il se leva après avoir déposé sa tasse.

    « Je me permettrai de vous faire parvenir ma réponse après y avoir songé. »

    Il n’était pas désintéressé du sujet, mais il ne pouvait simplement pas se jeter dans la gueule du loup sans prendre connaissance des détails. Après tout, il n’avait jamais réellement plongé dans l’illégalité depuis qu’il avait commencé son commerce. Mais faire appel à ses connaissances dans le domaine afin d’agrandir son empire commercial serait prolifique.
    À nouveau, un sourire étira ses lèvres en un rictus amusé. L’amadouer de compliments, c’était bien pensé, mais il ne se laisserait pas tenter tant que tout n’était pas posé clairement. Il ne donnerait sa réponse qu’après avoir fait le tour de la question.

    « Je pense savoir comment vous contacter maintenant. »

    Il sortit de la demeure des Cloverfield suite à ces mots.


    ~

    Cher Oswald,

    J’espère ne pas vous avoir fait trop patienter, mais j’ai bien réfléchi à votre proposition et celle-ci me semble toute à fait honnête. Cependant, je me dois d’imposer quelques conditions à cette collaboration. Vous vous doutez que je ne puisse me permettre tout acte inconsidéré, il en va de mon titre.

    Je ne me permettrai pas de vous donner les conditions évidentes sur l’anonymat. Mais je tiens à ce que nos informations soient relayées par un intermédiaire. Je ne peux me charger de tous les travaux. Mais ne vous inquiétez pas, j’ai des connaissances qui sont bien assez aptes à vous donner des conseils pertinents.

    Je reste malgré tout à votre disposition si le besoin en est. J’espère que vous serez satisfait de mes compétences, même si je pense être assez confiant de ce que je pourrai vous apporter dans ce domaine.

    Je ne doute pas que nous saurons nous entendre pour cette collaboration.

    A.


    ~

    Ashley rangea sa plume dans son encrier après avoir écrit sa dernière ligne. La fermeture de sa lettre sonna la fin de cette guerre puérile dans laquelle ils s’étaient dévoués afin de faire couler l’autre.

     
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    Re: La guerre des mots - Ft Oswald J. Cloverfield
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