Il y avait pas mal de rumeurs sur la famille Cloverfield et plus particulièrement l’actuel chef de famille. Celui-ci semblait posséder mille et un visages selon les dires de chacun, tantôt un beau jeune homme, une autre fois un laideron qui n’avait pour soi que sa fortune et bien d’autres encore. Cette capacité ne faisait qu’accentuer un peu plus le mystère qui entourait l’homme. Maintes rumeurs couraient sur lui et ses activités dans les bas-fonds de la capitale. Trop nombreuses pour savoir lesquelles étaient véridiques, tu n’avais pu qu’être certain d’une seule chose : l’homme n’était pas tout blanc et trempait dans diverses magouilles plus ou moins sombres. Peu de monde semblait vouloir travailler contre lui, à croire qu’il était le croque-mitaine qu’on retrouvait dans les contes pour enfant. Tout cela était plutôt ridicule, l’homme devait juste avoir un don lui permettant de modifier son physique, et être doué pour gérer ses affaires qu’elles soient illégales ou non. Après tout, le dernier des Cloverfield était un être humain. C’était cette pensée qui t’avait mené à accepter la requête d’un aristocrate qui voulait obtenir des informations sur cette famille et leurs activités. Que voulait-il en faire ? Tu n’en savais rien, tu étais seulement intéressé par la somme promise si tu réussissais cette requête. Tu n’avais qu’à voler des documents, rien de plus simple, d’autant plus que tu n’en étais pas à ton premier coup d’essai. Tu faisais ça depuis que tu étais gamin, c’était quasiment une activité familiale quand tu étais enfant.
C’était donc plutôt confiant que tu avais commencé à étudier ta cible. D’abord en cherchant des plans du manoir, puis en observant les allers et venues des employés, visiteurs et autres. Les jours passants, tu avais noté qu’une femme revenait régulièrement ou plutôt y vivait. Était-elle l’épouse d’Oswald ? Pourtant, tu n’avais aucune information sur un potentiel mariage... Et jusqu’à preuve du contraire Oswald était un homme. Était-elle une maîtresse alors, une employée qui vivait sur place ou simplement une des apparences qu’il pouvait revêtir ? Sans réponse à tes questions, tu avais quand même préparé minutieusement ton plan au mieux. Tu avais même séduit une des bonnes –en y ajoutant quelques cristaux aussi- pour peaufiner ta stratégie.
C’était désormais le jour J, selon les informations que tu avais reçu de la demoiselle, Cloverfield devait sortir de chez lui pour un rendez-vous professionnel. Tu avais donc prévu d’agir pendant son absence pour obtenir les documents que désirait ton commanditaire. Caché dans l’ombre, tu réajustas ton masque sur ton visage. Mieux valait protéger un minimum ton identité si tu avais à faire avec cette famille, surtout en agissant contre eux car les rumeurs t’avaient tout de même rendu méfiant. Pas assez pour refuser ce boulot, mais assez pour que tu prennes quelques précautions supplémentaires. Etrangement, tu te rappelas les derniers mots d’un de tes ”amis” : “L’argent te perdra Obsidian.” Préférant ignorer ce vieux souvenir, tu restas en position, prêt à agir.
Le soleil commençait à décliner à l’horizon quand tu vis le signal. Une petite bougie avait été posée sur un rebord de fenêtre comme tu l’avais convenu avec ton informatrice. Cloverfield était parti, la voie était libre, tu pouvais désormais te rendre dans l'imposante demeure sans prendre le risque de croiser un importun. Félinement, tu grimpas le mur et te hissas dans le cadre de la fenêtre. Personne. Tu te faufilas dans l’embrasure, longeas le couloir en direction de ce que tu savais être le bureau du maître des lieux. Arrivé devant la grande porte en bois, tu attendis une seconde avant d’ouvrir. Il n’y avait pas un bruit qui provenait de l’intérieur ou même du reste du manoir. A croire qu’il n’y avait pas âme qui vive ici, ce qui, lorsqu’on y songeait, était plutôt inquiétant. Ils n’avaient pas pu tous partir après le départ du propriétaire, non ? Il devait bien y avoir quelqu’un qui restait pour faire les poussières ou pour les gérer les affaires du manoir surtout que ce n’était que le début de la soirée... La fille avait bien précisé qu’il y avait toujours quelqu’un dans la maison. Ton instinct criait que quelque chose clochait, qu’il fallait filer d’ici, mais tu ne t’écoutas pas. L’occasion était bien trop rare et l’échéance de la mission arrivait à grands pas. C’était aujourd’hui ou jamais, tu devais obtenir ces informations pour être payé.
Ignorant ton malaise, tu entras dans le bureau. La décoration, bien que jolie, était plutôt basique, ressemblant à bien d’autres pièces d’étude que tu avais pu voir au cours de tes nombreuses “aventures”. Il y a bien quelques objets de collection qui ressortait du lot et si tu pouvais deviner que ça coûtait un bras, tu te révélais plutôt insensible pour tout ce qui touchait à l’art. Tu pris une grande inspiration pour te calmer, regrettant de ne pas avoir quelques feuilles de mer-oklm pour t’apaiser l’esprit et faire taire la nervosité qui commençait à ronger tes entrailles. Tu fouillas d’abord le secrétaire, puis le cabinet mais rien. Pas une feuille qui approchait de près ou de loin à ce que tu cherchais. Peut-être que tu devrais te contenter de ramener une des nombreuses oeuvres qui décoraient la bibliothèque pour te faire pardonner ? Tu soufflas, frustré de ne tomber sur rien alors que ça faisait déjà quelques minutes que tu parcourais la pièce. Crocheté les tiroirs fermés à clé n’avaient rien donné. Il devait y avoir une cachette... Ce n’était pas possible autrement. Pourtant ton indic n’avait rien dit par rapport à ça, mais Cloverfield gardait peut-être ce secret pour lui tout seul. Dans la même situation que le noble, tu aurais aussi caché tous des documents en rapport à tes activités illégales aux personnes susceptibles de te trahir. Il ne restait plus qu’à trouver cette cachette avant que quelqu’un ne débarque.
Alors que tu réfléchissais rapidement à une possible cache qui pourrait résister à une perquisition de la garde ou un voleur de ton genre, tu entendis quelque chose. En une fraction de seconde, tu te retournas vers le bruit, tes dagues sorties pour attaquer le nouveau venu. Ou plutôt la nouvelle venue. C’était la femme que tu avais repéré lors de ton enquête. De près, tu devais avouer qu’elle possédait un physique agréable. Plutôt grande et élancée, elle possédait une longue chevelure ébène et surtout des yeux d’un vert éclatant. Le temps semblait soudainement suspendu, comme s’il attendait que l’un de vous deux ne réagisse pour reprendre son cours.
Je ne suis pas naïf, je tomberai moi aussi un jour ou l’autre, aussi certainement que je mourrai. La seule solution, c’est d’enfanter un héritier qui portera votre combat un peu plus longtemps. Cela ne veut pas dire que j’abandonne ! Je lui tiendrais tête jusqu’aux bout tant que mes objectifs ne seront pas remplis. Renoncer maintenant signera la fin de ma famille et c’est inacceptable ! Notre héritage est bien trop colossal pour le laisser se faire écharper par les vautours.
Aujourd’hui encore, le temps s’acharne à me faire passer devant la justice. Dans l’ombre, des ennemis mal informés pensent pouvoir découvrir mes secrets. Un peu comme cet aristocrate zélé qui pensait pouvoir proposer un contrat d’espionnage en toute discrétion. Malheureusement pour lui, je paye assez cher mes informateurs pour être tenu au courant d’une telle entreprise contre ma personne. Il manquait cruellement de discrétion. On ne faisait pas d’appel d’offres dans le monde de l’ombre, on prenait un individu de confiance et on lui donnait une tâche en lui en disant le moins possible. Il était même préférable qu’il ne sache même pas qui l’engageait. Cela évitait bien des soucis. Bourrer le crâne de votre larbin de fausses informations était aussi une option que j’affectionnais tout particulièrement. Dans le cas où il se ferait pincer, les informations qu’il délivrerait seraient elles aussi source de bénéfice. L’entreprise serait donc un succès, peu importe son issu. Vous comprendrez donc aisément ma consternation en voyant un tel amateurisme. Je plains déjà le pauvre mercenaire qui avait accepté ce contrat ridicule. Il allait apprendre une leçon qu’il ne serait pas près d’oublier.
Tromper son monde est un art complexe et extrêmement éreintant. Il ne suffit pas d’une seule personne pour échafauder un plan très complexe. Heureusement pour moi, ma famille se passait quelques conseils de génération en génération. Prenez le manoir Cloverfield par exemple, une habitation tout à fait ordinaire pour un standard de noble en apparence. Situé en dehors de la capitale, au milieu des plaines. Notre propriété est assez grande, de même que notre terrain. Tout l’édifice est entouré d’un immense jardin à la flore exceptionnellement riche. Vous pensez que cela vient de mon goût pour les plantes ? Bien sûr que non ! C’est un endroit parfait pour se cacher et espionner ma maisonnée sans se faire voir. Comment ? Pourquoi un criminel laisserait le cham libre à ses ennemis pour l’espionner en cachette ? Tout simplement parce que si vous saviez où se cachent les espions, vous savez que vous êtes espionné. Et si vous savez que vous êtes espionné, vous contrôlez l’information. Chaque cachette identifiée par ma famille possède un mécanisme simple pour savoir si quelqu’un l’a utilisée. Rien de technologique, juste un petit marqueur : de la poudre, des branches pointues qui cassent très facilement … Je les fais vérifier régulièrement pour détecter la présence d’un intrus et il semblerait qu’une petite souris se soit faufilée dans mon domaine récemment. Parfait …
Une fois la cible identifiée et que vous savez que vous pouvez le mener en bateau, il convient de l’espionner à votre tour. J’avais mené personnellement l’entretien d’embauche de mes serviteurs et je savais pertinemment lequel d’entre eux j’essaierai de corrompre si j’étais un ennemi des Cloverfield. Anna, notre nouvelle bonne était une cible idéale. Jeune et bête comme un singe, elle ne rêvait que d’amour et de conte de fées. Une cible parfaite. Je la surveillais donc de près jusqu’à déceler chez elle les signes d’un amour fou. Il était évident que ce n’était pas une coïncidence, aucun homme sain d’esprit ne pourrait s’abaisser à prendre cet horrible laideron. Je dois avouer que notre mercenaire avait de la ressource et ne manquait pas d’idées. Son analyse était pour le moment sans faille. Dommage pour lui, il m’attaquait sur mes terres, là où je suis le mieux préparé. Si son employeur avait été un peu plus consciencieux, il lui aurait fourni davantage d’informations.
Tout était enfin prêt. Ma nunuche de bonne avait été convaincue par ses collègues que je sortirai ce soir pour un rendez-vous d’affaire. Le piège était posé, je n’avais commis aucune erreur jusque là et la souris entra dans mon manoir sans se méfier. Je le vis s’approcher de ma demeure une fois que ma doublure s’en fut allée en diligence. Je n’avais pas pu récolter d’informations à son sujet, il n’était personne à vrai dire, un inconnu qui avait besoin d’argent, mais qui au demeurant avait un certain talent. Un diamant brut que je pourrais peut-être exploiter, allez savoir. Il commença par le bureau, comme c’était prévisible ! Un conseil, si vous voulez cacher votre paperasse dangereuse, rangez là sous votre pot de chambre, perso n’ira jamais regarder. Mon bureau était au deuxième étage et ne possédait qu’une seule porte. Il était fait comme un rat.
Je poussai la porte de la pointe de ma rapière avant d’entrer, dévoilant mon visage suffisant à ses yeux ébahis. Immédiatement, il se mit en position de combat prêt à passer à l’attaque. Il était temps de jouer un peu la comédie. Je pris un air faussement apeuré, pour la forme, et hurlait à son encontre :
Qui êtes-vous ? Qui vous a laissé entrer ?
Ma stupide bonne, pensais-je pour moi-même. Ma stupide et désormais sans emploi petite bonne. Elle avait joué son rôle de fusible, il était temps que je la remplace par une autre ingénue.
Vous êtes sur la propriété des Cloverfield ! Savez-vous ce qu’ils font des intrus ?
Je le menaçais sans dire que c’était moi qui m’occuperai de son cas, car j’étais le dernier de ma famille. Mon corps se tendit prêt à réagir à la moindre attaque. J’étais encore dans l’embrasure de la porte et il serait très mal venu pour lui de m’attaquer, car il m’était encore possible de partir en courant tout en hurlant à la mort, ce qui n’arrangerait pas ses affaires. Alors que vas-tu faire petit souriceau ? Ne m’oblige pas à sortir mon plan de secours s’il te plaît, je place beaucoup d’espoir en toi !
Oswald feat. Obsidian
Quelque chose cloche.
C’était la première pensée qui avait traversé ton esprit suite à l’arrivée de la jeune femme dans le bureau. Celle-ci avait parfaitement joué la surprise et l’inquiétude de voir un inconnu masqué –et armé- dans le bureau du maître des lieux, mais ça sonnait étrangement faux pour plusieurs raisons. Sa manière de se tenir dans l’embrasure de la porte de manière à bloquer ta fuite, tout en lui permettant de pouvoir s’échapper ou d’attendre une aide extérieure, le fait qu’elle était déjà armée en arrivant... Tout cela faisait écho à ton sentiment de malaise d’un peu plus tôt. Tu avais été piégé. Tu en étais certain et tu regrettais désormais de ne pas avoir écouté ton instinct. Sans lâcher des yeux la demoiselle, tu retins un ricanement à ses questions. ”Allons, ce n’est pas la peine de jouer la comédie, ma jolie... Nous savons tous les deux que j’étais attendu. Est-ce que c’est l’autre idiote qui a parlé ? Ou est-ce que cette mission était vouée à l’échec depuis le début ?” Déclaras-tu d’une voix suave que tu utilisais souvent avec tes “clients”. Tu étais prêt à parier que c’était la seconde solution. Tu avais, après tout, confiance dans tes charmes et la bonne était persuadé que tu l’emmènerais avec elle après ta mission. Comment pouvait-elle être naïve au point de croire que tu allais vraiment te marier et fonder une jolie petite famille avec elle ? Elle méritait bien d’être traitée comme une imbécile... Quoi que...et si elle t’avait trompée ? Non... Elle n’avait pas le niveau pour ça. Puis, soudain, tu réalisas. C'était un plan fourbe, presque diabolique, mais parfaitement crédible. Et si elle avait été sciemment placée là pour te tromper toi ou même une autre personne qui aurait pu accepter cette mission ? Elle était un pion qui n’avait même pas conscience de l’être. La personne qui l’avait engagé savait qu’elle finirait par le trahir et cela changeait toute la donne. Une fraction de seconde, voilà, le temps qu’il avait fallu pour que tu réalises l’étendue du piège dans lequel tu t’étais fourré, que tu étais toi aussi un idiot qui avait cru que ce cambriolage serait facile malgré les rumeurs. Tu étais comme une mouche prise dans les toiles d’une araignée et qui venait seulement de le comprendre.
”Aaah... Ne répondez pas. Je viens de comprendre. C’est une vraiment une bonne idée d’avoir engagé cette fille en sachant qu’elle serait le maillon faible des employés. Il ne restait plus qu’à attendre que ça morde, hein ?” Tu lâches un rire léger et malgré la situation dans laquelle tu trouves, tu ne peux t’empêcher d’être admiratif. Vraiment. Tu resserres ta prise sur ta dague. Tu ne dois absolument pas baisser ta garde, pas face à un tel adversaire. Tu l’avais déjà bien assez sous-estimé en acceptant ce boulot. Tu devais trouver un moyen de sortir d’ici. De préférence en vie et en bon état. Pour cela, tu devais gagner du temps et quoi de mieux que discuter avec cette charmante créature ? Tout pour gagner quelques précieuses minutes. Foncer dans le tas et sauter par une des fenêtres n’était clairement pas une solution. Déjà, tu ne savais pas ce qu’il t’attendait dehors, puis fuir au milieu des plaines était moins facile que de filer à travers les toits ou les ruelles de la capitale. Sans compter que tu pouvais faire une mauvaise chute. Que faire... ” Je dois dire que je suis impressionné. La famille Cloverfield est vraiment à la hauteur de sa réputation.” Un peu de flatterie ne fait jamais de mal, d’autant plus que tu es sincère pour une fois et d’une certaine façon ça se sent. Tu souris derrière ton masque, faisant se plisser très légèrement tes yeux dorés en direction de la demoiselle à la rapière. ”Je suis sûr que nous pouvons discuter entre personnes civilisées. En échange de sortir d’ici indemne, je suis prêt à vous offrir des informations sur la personne qui m’a employé... Et je pourrai même vous rendre un ou deux services gratuitement. Proposes-tu, tu n’as rien à perdre à le faire. Tu veux juste sortir d’ici. Tant pis pour les cristaux, ta vie est plus importante. Ce n’était pas encore le moment d’aller bouffer des pissenlits par la racine. Tu finirais bien par trouver un autre boulot si tu sortais d’ici vivant. Il reste plus qu’à attendre sa réponse le cœur battant, toujours en garde. Tu espérais qu’elle n’aurait pas besoin d’attendre l’avis d’Oswald et surtout, tu priais Lucy qu’elle accepte tout simplement de discuter.
Le voyant calmer le jeu, je descendis délicatement la pointe de ma rapière vers le sol gardant tout de même une garde en octave pour parer à toute attaque en direction du torse. Je restai impérieusement silencieux, laissant à son petit esprit étriqué le temps nécessaire pour comprendre la situation dans son ensemble. S’il était arrivé jusque-là, c’était uniquement parce que je l’avais permis. Malheureusement, ce n’était qu’une fois leur vie en jeu que les mercenaires écoutaient enfin un autre son que celui de l’argent. En cet instant, nous pouvions discuter tous les deux et c’est l’option qu’il choisit. Un sourire mauvais se dessina malgré moi sur mon visage quand il comprit enfin le rôle qu’avait joué mon imbécile de bonne dans toute cette machination.
Votre regard est affûté, cher intrus. Repérer si rapidement le membre le plus faible psychologiquement parmi les serviteurs, je dois dire que j’ai été très impressionné par votre analyse.
Je mimais des applaudissements tout en gardant la pointe de ma lame pointée vers lui. J’étais réellement impressionné qu’il ait compris ce stratagème. Ceux qu’il arrivait à tromper se contentaient de penser que la petite bonne les avait trahis. Cependant, ce mercenaire semblait avoir vu à travers l’illusion. Oui, voilà un diamant brut qui valait tous les efforts que j’avais déployés pour l’attirer jusqu’à moi. Je restai imperturbable quand il tenta de flatter ma faille. C’était évidemment un piège pour me démasquer, il manquait d’information sur moi et croyait que j’étais parti pour affaire. Pour l’instant, je n’allais pas me démasquer. Il m’avait appelé ma jolie, j’étais donc une femme à ses yeux, parfait…
Il est évident que nous allons discuter, sinon vous ne seriez jamais arrivé jusqu’ici. Tout au plus auriez-vous servi d’engrais pour les rosiers.
Un regard lui signala que je ne plaisantais pas. Il allait devoir choisir ses mots avec précautions, car il n’avait rien pour négocier et je pouvais rapidement me lasser de ce petit jeu. Une fois que ma menace eut fait son petit effet, je continuai :
Je vous ai observé pendant que vous montiez cette petite opération et j’avoue humblement que vous avez du potentiel. Voyez-vous, je suis pourvoyeuse de menus travaux pour les gens de votre acabit. Par ailleurs, je suis un bien meilleur employeur que celui que vous avez actuellement. Son manque de discrétion est ce qui vous a démasqué très cher.
Soudain, je relevai ma lame devant mon visage avec un petit sourire. C’était un salut commun chez les nobles, mais peut-être qu’un mercenaire ne le reconnaîtrait pas.
Mon nom est Johana Doe. Enchanté de vous rencontrer. Je suis ravi qu’Oswald m’ait permis d’utiliser sa chère demeure pour notre rencontre. Cependant, j’aime savoir avec qui je fais affaire.
Mon regard devint bien plus perçant et insistant. La seule réponse que j’attendais était affirmative. Il n’avait rien pour lui dans cette situation, aucune issue, aucune monnaie d’échange et j’allais le lui faire comprendre.
Je connais déjà tout de votre commanditaire et vu l’empressement avec lequel vous me l’offrez sur un plateau, je doute que vos services « gratuits » vaillent vraiment le coup.
Toutefois, votre potentiel a une valeur certaine à mes yeux, contrairement à votre parole. Qu’elles sont vos autres compétences très chères ? Étonnez-moi, je vous prie.
Oswald feat. Obsidian
Haha. La demoiselle avait eu la “politesse” de te laisser un peu de temps pour comprendre la situation et surtout de mettre des mots dessus. Elle écouta sagement ton analyse et la complimenta, mais tu avais la sensation que ses éloges n’en étaient pas vraiment. Etrange, non ? Il n’y avait vraiment aucune raison pour qu’elle se moque de toi. Vraiment aucune. Tu retins un petit reniflement moqueur, ce n’était peut-être pas le moment de te lancer dans l’autodérision. Tu aurais tout le temps de le faire une fois que tu ne serais plus à deux doigts de servir d’engrais pour les rosiers comme elle le disait si bien.
”Ce n’est pas la première fois que je fais un boulot de ce type, il était assez évident qu’elle serait la plus facile à convaincre... Malheureusement, mon expérience n’aura pas suffi à voir que c’était un piège.” Et cette constatation malmenait quelque peu ton estime personnelle. D’autant plus que tu n’étais pas un débutant, cela faisait presque dix ans que tu étais un mercenaire et encore plus que tu trempais dans ce genre de magouille à cause de ton paternel. Celui-ci serait d’ailleurs plutôt déçu s’il apprenait que tu t’étais fait avoir et cela même si ton adversaire était talentueux. Avant que tu ne puisses laisser tes pensées divaguer un peu plus sur ton géniteur et les possibles commentaires qu’il ferait si tu le croisais, la jeune femme reprit la parole. Ainsi, tu avais malgré tout du potentiel à ses yeux ? C’était... assez réconfortant d’une certaine façon. Tu eus un sourire mauvais à la mention de ton employeur. Ainsi c’était en parti sa faute ? Soudainement, tu avais envie d’aller le voir pour t’expliquer avec lui. Ca n’empêchait pas que tu aurais dû voir son incompétence, cela t’aurait poussé à y réfléchir à deux fois avant d’accepter ce boulot. Bon, tu étais peut-être un peu de mauvaise foi pour le coup. Tu savais que la promesse d’un si gros pactole t’aurait attiré quoi qu’il arrive.
Ce salut … était-elle une noble ? Tu n’en étais pas vraiment étonné, sa façon de se tenir ou de s’exprimer trahissaient une certaine éducation. Encore une fois, tu n’eus pas le temps d’y accorder un peu plus de réflexion puisqu’elle continuait sur sa lancée. Outch... Décidément, ce n’était pas ta journée, mais tu n’allais pas t’excuser d’avoir voulu vendre ton commanditaire. Tu ne lui avais pas juré fidélité et tu ne te considérais pas spécialement comme une personne honorable. Si trahir quelqu’un te garantissait la survie ou une grande somme d’argent, tu n’allais pas hésiter. Sans oublier que c’était la première fois que tu travaillais pour lui. Si encore ça avait été un des nobles qui faisaient régulièrement appel à tes services tu aurais pu y réfléchir à deux fois. Mais là ? Vraiment aucune raison. Et soyons honnête, eux aussi te vendraient à la moindre occasion s’ils étaient à ta place.
“Obsidian De Yllor, enchanté de vous rencontrer.” Soufflas-tu d’une voix suave tout en réalisant parfaitement la réponse attendue au salut qu’avait fait Johana. Tu pouvais remercier ton père pour cela. Celui n’avait jamais désespéré que votre famille retrouve leur ancien titre de noblesse et vous avait donc éduqué comme si vous l’étiez encore.[/color] ”Si je vous l’offre sur un plateau avec un tel empressement, c’est tout simplement que j’estime ma vie plus importante que mon partenariat avec lui et j’étais donc sincère dans mon offre.” Tes paroles n’avaient aucune valeur, mais tu devais quand même te vendre ? Et tu devais la surprendre en plus ? Elle s’attendait à quoi exactement ? A ce que tu fasses un tour de magie ? Tu te mettes à jongler avec tes dagues avant de les faire disparaître ?”Cela fait plusieurs années que je me dévoue pour résoudre les problèmes d’autrui... Surtout ceux qu’on ne veut pas confier à la garde ou aux aventuriers. Quelqu’un se dresse toujours contre vous ? Je peux trouver des informations ou utiliser un autre moyen pour faire pression sur lui ou tout simplement l’éliminer si on veut quelque chose de plus définitif. Je pourrai donner plein d’exemple du type et jusqu’à maintenant je m’en sortais plutôt bien.” Oh, il y avait bien eu de petits ratés en dix ans, surtout à tes débuts, mais tu avais vite gagné en expérience et tu t’étais fait un petit nom. ”Le mieux ça serait de vous montrer mes compétences. Faîtes-moi passer un test ! Et si j’arrive à vous satisfaire, nous pourrons travailler ensemble et vous aurez eu raison de m’épargner !” Tu souris, du même genre de sourire qu’on les marchands qui tentent de faire acheter leurs articles à un client hésitant. Sauf, qu’elle ne peut le voir à cause de ton masque.
L’intrus savait que sa vie était en jeu et il savait maintenant pourquoi. Il était logique de vouloir marchander sa vie contre un peu d’informations, mais je n’avais que faire des promesses. Je connaissais les mercenaires, ce n’était pas avec leur simple parole qu’on pouvait s’assurer qu’ils exécuteraient le travail. Une généreuse récompense était un gage plutôt fiable, mais pas forcément le meilleur. Non, il y avait beaucoup d’autres moyens plus subtils de s’arroger la loyauté de quelqu’un. Loyauté est un bien grand mot, je voulais l’obéissance de quelqu’un. Il faut pour cela connaître profondément la personne à qui vous avez affaire et lui proposer quelque chose en échange, quelque chose qu’aucune somme, même les plus indécentes, ne pourrait dépasser. Pour ce faire, il fallait d’abord connaître son nom et voilà que la petite souris venait de me le donner sur un plateau. De Yllor… un nom puissant et misérable à la fois. Le nom d’une famille qui avait connu la déchéance et l’opprobre. Mentirait-il sur son nom ? Il serait idiot de sa part de me l’avoir donné aussi facilement. J’avais maintenant tout ce qu’il me fallait pour le faire arrêter par la garde d’un claquement de doigts.
Tout n’est que piège chez les Cloverfield, la meilleure méthode reste de ne pas les approcher. Vos informations succinctes étaient insuffisantes pour pouvoir espérer tous les déjouer.
Avec moi, il aurait pu anticiper toutes ces ruses. Je n’envoyais jamais un agent se prendre dans les filets de mes ennemis quand on voit où cela pouvait mener. Il n’était cependant pas exclu de sacrifier une tête pour un bénéfice plus grand, mais seulement en dernier recours, les bons éléments étaient assez rares de nos jours pour ne pas les sacrifier sans raison.
Oh je ne doute pas que votre proposition était sincère, simplement je ne suis pas sûr que vous la respectiez une fois que vous serez sorti de cette demeure et que vous serez tirés d’affaire. À moins que vous pensiez avoir une dette envers moi parce que j’aurais eu pitié de vous ? Ne soyez pas ridicule. Vous et moi savons que chaque travail mérite salaire et qu’il est l’unique raison pour laquelle vous le mènerez à bien.
Un sourire satisfait se posa sur mon visage pour accompagner ma pensée. Il ne travaillerait jamais gratuitement avec moi. Toutefois, son paiement pourrait prendre diverses formes, l’argent n’était que l’une d’entre elles.
Un test dites-vous ? Eh bien, que diriez-vous de prendre un nouveau contrat pour faire payer à votre ancien employeur le prix de sa stupidité ? Vous me semblez être le mieux placé pour cette tâche. Alors ? Jouer à un double jeu est-il dans vos cordes ?
Je levai un sourcil inquisiteur pour voir sa réaction. C’était bien inutile selon moi, car dans sa situation, seul un oui était autorisé. Un oui peu crédible d’ailleurs étant donné qui allait sûrement s’enfuir dès que j’aurais baissé ma garde. Il était temps de pérenniser cette entente.
Bien sûr cela ne sera pas gratuit. Vous serez rétribué à la hauteur de votre tâche.
De Yllor, une famille maudite marquée par la tragédie. Je savais vaguement quels genres d’épreuves il avait dû affronter. Le déshonneur, la pauvreté, la mort. L’argent pouvait peut-être vaincre les deux premiers, mais le dernier ne pouvait être résolu que par une chose : la vengeance. Oui, je voyais maintenant comment j’allais t’amadouer petit souriceau.
Je connais beaucoup de monde dans la pègre, assez pour me renseigner sur diverses choses : les vols, les objets du marché noir, les assassinats…
Je le regardai en coin, guettant une réaction à ce dernier mot. S’il était celui qu’il prétendait être, il réagirait forcément. Un imposteur lui n’aurait aucune réaction, j’en étais certain.
Outre l’argent, un partenariat vous offrira d’autres avantages à commencer par l’assurance que vos missions ne seront pas aussi bâclées que celle qui vous amène ici. Si vous réussissez celle que je viens de vous proposer, d’autres pourraient suivre.
Je croisai les bras, tenant toujours ma rapière d’une main ferme. Il n’était pas à exclure qu’il décide d’en finir plutôt que de marchander. Mon regard était dur et sans ambiguïté. La proposition était sérieuse, finit le petit jeu de dupe auquel nous jouions lui et moi, c’était une offre que je lui faisais et il ferait bien de la considérer soigneusement.
Oswald feat. Obsidian
Combien était-elle payée pour cirer ainsi les pompes de la famille Cloverfield ? La jeune femme paraissait un peu trop fière de la lignée d’Oswald. N’était-elle pas seulement la personne qui avait organisé ce guet-apens en utilisant la demeure prêtée par un autre ? Tu venais à croire qu’elle en était un membre malgré son patronyme différent. Bien que cela ne signifiait rien. Il pouvait y avoir plusieurs raisons pour cette différence et la plus évidente était le mensonge. Il n’était pas rare de mentir à ce sujet, surtout quand on faisait un travail peu recommandable. Toi aussi tu utilisais de temps à autres des faux noms, bien que cette fois-ci tu ne l’avais pas fait. A quoi bon ? La demoiselle trouverait facilement l’information auprès de l’autre idiot de noble. Et, comment osait-elle envisager que tu ne respecterais pas ta parole, avais-tu l’air d’un homme si malhonnête ? C’était honteux, vraiment. Tu n’avais pas pensé jamais à t’enfuir une fois hors de ce foutu manoir. Tu n’avais pas non plus songé aux quelques contrats qui t’attendaient à l’archipel ou au village perché et qui te permettraient de te faire oublier durant quelques semaines. Pas une seule fraction de seconde. Mauvaise foi quand tu nous tiens. “Une dette ?” Tu avais presque craché le mot alors que tu haussais un sourcil. Jamais au grand jamais tu ne considérerais ça comme une dette. A la limite un échange de bon procédé donnant lieu à un contrat. C’était tout. “Je ne suis pas assez idiot pour croire que j’ai une dette envers-vous. Rien ne me garantit non plus que vous ne changerez pas d’avis demain ou un autre jour.” Tu cherchais juste à sortir vivant de ce piège. Ta vie valait quand même plus quelques cristaux. Toi, tu considérais cela comme un paiement d’une certaine façon -même si elle n’avait pas eu tort sur le fait que tu aurais pris la poudre d’escampette. Retenant un petit rire, tu étais bien d’accord sur une chose, tout travail méritait salaire et tu n’allais pas te plaindre qu’elle t’en propose un. “Il est vrai, que je ne suis jamais contre une belle somme d’argent.” Peu à peu, la tension que tu avais ressentie jusqu’à maintenant se relâchait. Comme elle, tu continuais à maintenir ta garde, même si tu croyais de plus en plus sortir d’ici sans avoir besoin de te battre.
Être payé tout en punissant l’incompétence de ton ex-employeur ? Sans compter, que si tu faisais bien ton boulot, il y aurait d’autres contrats à la clé... L’offre était vraiment alléchante et quelque chose te disait que travailler sous ses ordres seraient bien plus “rentable” qu’avec l’autre imbécile. Jouer double-jeu, interpréter une tout autre personne, tout cela tu l’avais déjà fait plusieurs fois. Un vrai acteur, tu pourrais même envisager à te reconvertir pour rejoindre une troupe d’artiste. Puis, ça serait une douce vengeance, non ? Tu avais hâte de voir le visage de ce pauvre idiot passer de la surprise à la détresse quand il comprendrait son erreur. Ça serait sûrement un spectacle particulièrement ridicule et pitoyable, mais profondément satisfaisant pour toi. Cependant, tu te sentais toujours méfiant. Qui ne le serait pas ? Tu continuas donc à l’écouter avant d’accepter de passer ce test.
” Je connais beaucoup de monde dans la pègre, assez pour me renseigner sur diverses choses : les vols, les objets du marché noir, les assassinats…”
Les assassinats... cette phrase, le dernier mot en particulier résonnait dans ton esprit, occultant tout le reste. C'était une proposition qui tu donnais bien plus envie qu’une bourse remplie de cristaux. Presque plus que celle de sortir indemne d’ici. Obtenir des informations sur le meurtre de ta sœur. Au cours des dernières années, tu n’avais cessé de chercher le moindre indice et cela presque sans aucun succès comme si quelqu’un se jouait de toi. Mais peut être que cette Johana Doe réussirait là où tu avais échoué lamentablement. Est-ce qu’elle utiliserait le réseau d’information de la famille Cloverfield ? Ou seulement le sien ? Tu ne connaissais pas la jeune femme et bien qu’elle semblât plus que compétente, tu ne pouvais t’empêcher de te demander si ce n’était pas du bluff... Mais pourquoi te tromperait-elle ? Pour te faire travailler en te donnant des fausses pistes après ? Elle n’y aurait aucun profit à en retirer car tu finirais par le comprendre un jour ou l’autre. Et cette histoire se terminerait mal si elle osait te tromper sur ce sujet en particulier.
Tu repris ta respiration, ton regard brillant d’un nouvel intérêt, bien que toujours méfiant. “ Aucun autre test n’aurait su me faire plus plaisir et le tromper ne sera pas un souci.” Répondis-tu, abandonnant l’idée de fuir loin d’ici en faisant quelques missions loin de la capitale pour te faire oublier. Tu ne parlerais pas de suite de ta quête personnelle. C’était bien trop intime à dévoiler ainsi et sans un minimum de confiance au moins au niveau professionnel. Et quoi de mieux pour cela que de faire quelques boulots pour la jeune femme ? Tu te faisais d’abord payer normalement, puis tu pourrais envisager d’utiliser ses relations une fois que le partenariat serait bien mis en place entre vous. “L’idée de collaborer avec vous est plutôt tentante. Je vais donc m’assurer de combler vos attentes afin que ce partenariat puisse voir le jour et que nous puissions discuter un peu plus en profondeur des possibles récompenses et autres contrats. ” Et pour la première fois depuis votre face à face, tu baissas tes armes. Certes, tu ne les rangeas pas, mais tu n’étais plus “vraiment” sur tes gardes.
Bien, j’aurais été déçu qu’il en ait été autrement. Vous comblez déjà toutes mes attentes.
Un regard en coin lui signifia que je ne plaisantais pas. La loyauté était une chose rare et il était inutile de la chercher chez tous ses collaborateurs. Les codes du monde des ombres étaient difficiles à cerner, seuls les contrats mettaient de l’ordre dans cette jungle et je savais les faire respecter. J’abaissai enfin mon arme en signe « d’amitié ». Les armes allaient être un fardeau pour la discussion qui allait suivre et il serait dangereux d'entretenir l’agressivité plus longtemps. Je vis dans ses yeux que mon petit piège avait touché juste. Il ne laissa pratiquement rien paraître, mais son regard le trahit l’espace d’un instant. Une étincelle d’intérêt personnel s’était allumée dans son regard. Il était bien celui qu’il prétendait être, j’en étais certain maintenant. Plus rien ne me retenait de passer à la suite de mon plan d’autant qu’il accepta le travail que je lui proposais.
Parfait, si cela vous convient nous pouvons commencer tout de suite.
Lentement, je glissais ma main dans ma veste pour en sortir différents documents. J’avais glissé ma main au niveau de ma poitrine pour atteindre ma poche intérieure, mais je savais que mon pouvoir pouvait faire apparaître ce geste d’une tout autre manière. Faites qu’il voit une poche à cet endroit par pitié ! Ignorant ses pensées, je lui tendis la pile de papiers.
Voici un petit lot de preuves préparé avec soin. Chacun de ses documents est une pièce d’un immense jeu de piste que j’ai préparé pour notre ami commun. Durant les semaines qui vont suivre, vous allez lui ramener un à un chacun de ses documents en faisant en sorte de lui faire croire que vous remontez une piste prometteuse. Je suis certain qu’ébloui par votre talent, il se montrera plus que généreux avec vous.
Je rangeai ma rapière en lui tendant le paquet de preuves. Il pouvait toujours essayer de me saigner, mais se ferait accueillir par les gardes qui l’attendaient dans le hall. Évidemment, j’avais un plan B ! Et un plan C aussi … En vérité, il y avait autant de pièges qui l’attendaient à la sortie qu’il y avait de pièges à l’entrée. Il serait mal avisé pour lui de me trahir maintenant, il perdrait beaucoup d’argent et certainement sa liberté. En cas d’attaque, je pouvais toujours compter sur ma dague, habillement caché sur mon flanc. On n’était jamais trop prudent.
J’ai longuement étudié votre employeur pendant que vous montiez votre petite opération. Je suis certaine qu’il ne pourra s’empêcher de faire chanter Oswald lorsqu’il sera certain de pouvoir le faire tomber. C’est à ce moment précis où nous aurons l’occasion de le détruire une bonne fois pour toutes.
Vous allez devoir gagner sa confiance tout en lui faisant croire qu’un étau se referme sur lui. Votre mise en scène devra lui faire comprendre que le temps presse et qu’à mesure que vous remontez la piste, Oswald remonte à lui par la même occasion. Un adversaire acculé prend beaucoup plus de risques et c’est ce que j’ai besoin qu’il fasse.
Ce plan me trottait dans la tête depuis un bon moment et chaque détail avait été pris en considération. Avalon m’avait apporté les informations nécessaires à la mise au point de cette opération. J’avais infiltré son domaine, espionné ses serviteurs. Un travail semblable à celui de mon mercenaire, mais qui ne visait qu’à lui préparer le terrain. C’était ce que mon entreprise offrait de mieux : un travail sans accro mené avec prudence.
Vous communiquerez par message avec l’un de mes contacts. Voici une adresse à laquelle vous déposerez vos rapports quotidiens afin que je puisse décider de quand lancer l’opération. C’est à cet endroit que vous pourrez récupérer les consignes à votre intention, détruisez les lettres immédiatement après les avoir lues. Quand le moment sera venu, je vous expliquerai ce que j’attends de vous.
Je lui tendis un autre papier sur lequel j’avais noté l’adresse. Il allait être temps de se quitter.
Avez-vous des questions ?
Oswald feat. Obsidian
Maintenant que vous aviez baisser vos armes, la tension se faisait bien moins importante et vous pourriez vous concentrer sur votre discussion. La jeune femme passa ses doigts à l’intérieur de sa tenue, au niveau de sa poitrine, pour en extirper des documents. Tu ne fis aucune remarque, peut-être avait-elle une poche intérieure et au pire c’était loin d’être la pire des cachettes que tu avais pu voir. Mieux valait un papier qui avait touché une poitrine que le caleçon sale d’un mercenaire qui n’avait pas connu une douche depuis bien longtemps. La seule chose qui était étrange c’est la quantité de document qu’elle avait pu y cacher, mais elle était sûrement assez riche pour se payer un enchanteur capable de créer une poche semblable à un sac sans fond. Tu les attrapas après avoir rangé tes armes, y jetant un œil alors qu’elle expliquait ce qu’elle attendait de toi. Elle avait vraiment tout prévu pour faire tomber ton ancien commanditaire et tu évitais de penser à comment se serait fini la soirée si tu l’avais déçu.
“Gagner sa confiance avec les documents, lui faire croire que Cloverfield est après lui et des rapports réguliers. C’est compris.” Tu hochas doucement la tête, arrêtas de feuilleter les documents dont tu allais te servir pour tromper l’autre idiot pour regarder Dame Doe dans les yeux. Tu te sentais étrangement enthousiaste pour ce boulot, sûrement car tu allais pouvoir te défouler sur le noble, mais aussi car tu sentais que le travail serait bien plus facile qu’à l’accoutumer. Comme quoi tout changeait selon le commanditaire. Si ta bonne impression se confirmait à la fin du test, tu allais être ravi de travailler à nouveau avec Johanna et donc Oswald. Un boulot bien préparé, un bon salaire et de possibles informations, de quoi pouvais-tu rêver de mieux à cet instant ? “Je n’ai pas de questions et si j’ai besoin de quelque chose je vous le ferai savoir.” Tu pouvais demander de l’aide à ta petite vipère comme messagère par exemple si tu ne pouvais pas attendre un rapport. Tu songeas un instant à proposer l’utilisation d’un code avant de vite changer d’avis. Il allait de soi que tu n’allais pas mentionner directement toutes tes actions, ni le nom de ton ancien commanditaire ou le tien dans les rapports pour ne pas compromettre le travail ou ta personne si le rapport tombait malencontreusement entre de mauvaises mains. Surtout si vous détruisiez chacun de votre côté les messages –enfin surtout toi puisque l’autre homme n’aurait certainement jamais l’occasion d’infiltrer ce manoir. Tu restas encore quelques secondes, mais rien ne te vint à l’esprit. ”S’il n’y a rien à ajouter, je peux y aller.”|/b] Tu te décalas après avoir patienté quelques secondes, puis t’avanças vers la porte, tu t’arrêtas une seconde à la hauteur de Johana. ”Au plaisir de vous revoir très vite pour détruire une bonne fois pour toutes notre ami commun.” Susurras-tu, avant de passer la porte. Il ne te restait plus qu’à préparer ton petit show avant d’aller voir l’autre gus. Oui, tu allais vraiment bien t’amuser et c’est avec un léger sourire, caché par ton masque, que tu quittas le manoir Cloverfield.