A peine avais-tu posé la statuette sur le bureau que tu t’effondras au sol alors que tes jambes cédaient sous un poids invisible, se brisant sur le coup...Et avant même que tu ne puisses lâcher le moindre hurlement de douleur, tu oublias ce qu’il venait de se passer, comme si ça n’avait été qu’une illusion, un cauchemar qui s’effaçait maintenant que tu étais éveillé, te laissant tremblant et essoufflé sur le sol. Ton cœur battait à tout rompre, et tu cherchais à te calmer quand le pied du noble s’écrasa sur ta joue pour te “saluer”. Là encore, ça ne dura qu’une seconde, mais cette fois ci, tu l’avais véritablement senti. Que t’avait-il fait pour que tu tombes ? Tu fermas les yeux, incapable de te relever pendant encore quelques secondes. Tes doigts vinrent se poser sur ta joue désormais douloureuse pour la masser doucement. Le petit noble râlait peut-être que ton éducation, mais lui aussi devrait la revoir ! Ça ne se faisait pas de marcher sur les gens qui faisaient le sale boulot pour lui!  



A la mention d’Oscar, tu rouvris les yeux, croisant un instant le regard du majordome qui restait encore une fois imperturbable à votre petite guéguerre. Il s’inclina légèrement suite à la demande de son patron et sortit silencieusement du bureau pour aller chercher le fameux thé. Tu détestais le thé. Saleté ! Injurias-tu intérieurement Ashley. “J’aurai préféré un alcool fort... Râlas-tu plus pour toi-même que pour ton client. Tu relevas doucement la tête pour jeter un regard mauvais au noble qui souriait doucement, bien que tu sentais comme une légère tension chez lui. Le petit con... Il allait voir ! Tu lui ferais payer ! Tu ne pris même pas la peine de lui répondre, préférant le maudire dans ta tête. De toutes façons, il n’avait pas tort, tu te fichais totalement de l’histoire de la statuette, même si tu en avais cherché les grandes lignes avant de la récupérer chez son propriétaire. ” Si tu y tiens je suis prêt à t’écouter dire combien cette œuvre est fantastique et ce qu’elle représente.” Les gens, qui comme Ashley, t’engageaient pour retrouver des œuvres de collection aimaient souvent déblatérer sur l’objet qu’ils désiraient. Pour te faire bien voir, souvent tu les écoutais d’une oreille –d'autant que certains donnaient des informations intéressantes durant leurs interminables discours.  Tu te relevas finalement quelques secondes plus tard alors qu’une de bonnes posait de quoi grignoter et boire sur le bureau. Tu te reposas sur ton fauteuil, étendant tes longues jambes, avant de lorgner sur les diverses pâtisseries et viennoiseries. Salivant légèrement tu ne tardas pas à en attraper une, ignorant la tasse odorante devant toi. Malgré la fatigue cumulée lors de la mission –et le petit évènement de tantôt- tu affichas un petit sourire moqueur quand il te qualifia de personne agaçante -tout en te complimentant au passage. Vraiment charmant. Oui, même si c’était un connard qui n’hésitait pas à t’insulter -et même te marcher dessus- tu appréciais cet homme. Vraiment. T’étais peut-être maso au fond ? ”200 cristaux clairs, c’est bien ce que nous avions convenu.” En plus, il payait plutôt bien ! Et il y avait rarement de mauvaises surprises pour les boulots qu’il proposait. Tu n’allais donc pas laisser partir ce gros poisson chez un autre mercenaire. Tu attrapas le document, faisant un petit clin d’oeil au jeune homme quand quelqu’un s’invita dans le bureau. Quelqu’un qui n’avait pas toqué d’ailleurs. C’était malpoli ça !  Tu te retournas, t’attendant à voir un employé, quand tu la vis.  



C’était une gamine. Une petite blondinette qui ne devait même pas avoir dix ans. Tu clignas des yeux, la suivant du regard alors qu’elle fonçait tête baissée vers Ashley... qui souriait avec douceur. Un vrai sourire... Fut ta première réflexion. Et pas un sourire mesquin, méprisant ou sadique. Le genre de sourire d’un parent vers un enfant. Ainsi la petite s’appelait Mielle ? Et elle semblait aimer ce bon Ashley. Une fois sur les genoux de l’homme, elle tourna son attention vers toi et ce fut le début d’un long échange de regard. Chacun évaluant l’autre. Elle était trop “vieille” pour être la fille du collectionneur. Ce n’était pas non plus sa sœur d’après les informations que tu avais pu récolter sur la famille O’Callaigh. Une lointaine cousine ? Ca ne pouvait pas être l’enfant d’un des employés, tu voyais très mal Ashley accueillir un gamin braillard d’une des bonnes sur ses genoux. Mielle semblait fasciner par ta présence et vu la proposition d’Ahsley, celui-ci l’avait vu aussi, puisqu’il te proposa -à contre cœur, pauvre petit chou- de rester te reposer pour parler d’un autre boulot. Tu étais presque ému.   “je vais accepter ton offre généreuse et me décrasser un peu avant de discuter de ta nouvelle requête. Bien sûr que tu allais sauter sur l’occasion de squatter le manoir –et obtenir des réponses au sujet de la petite blonde. Tu te relevas, souriant joyeusement au duo. “En fait, je suis enchanté de te rencontrer Mielle. Tu peux m’appeler Obsidian, je travaille avec … Ashley.” Tu attrapas une petite tartelette, fis un petit signe de la main aux deux, avant de sortir de la pièce.  



A peine tu avais posé un pied dehors que tu croisais Oscar. Tu t’approchas de lui rapidement, lui expliquant la situation et en majordome efficace, il te guida jusqu’à une des chambres et t’indiqua qu’il te ferait porter quelques affaires le temps que les tiennes soient lavées et séchées. Au moins tu n’aurais pas à le faire une fois à la chambre que tu louais. Tu n’avais aucune envie de laver à la main tes affaires comme tu n’avais ni Net’noix, ni Net’s spray –que tu refusais d’utiliser de peur que ça abîme ta cape en tissus-caméléon sur le long terme.  



***




Tu avais pu te reposer et récupérer tes affaires. Décidément, tu devrais remercier la petite Mielle. Une chambre chez un noble était bien plus agréable qu’à l’auberge. Et surtout, l’odeur pestilentielle des égouts de la capitale avait disparu. Tu revivais enfin ! Les employés de la maison avaient travaillé en un temps records.  Tu devrais envisager de reconquérir l’ancien titre de noblesse de la famille De Yllor comme ton père et ton frère cherchaient à le faire ? Tu t’étiras lentement, puis vérifias que tu avais toujours le document qui te permettrait de récupérer les cristaux. Tu aurais aimé faire plus qu’une petite sieste, mais tu entendais les pas de la gamine aller et venir régulièrement derrière la porte de la chambre. Puis, Ashley n’allait certainement pas te laisser rester trop longtemps non plus. Tu ouvris la porte, tombant nez à nez avec une petite frimousse angélique. Tu haussas un léger sourcil, avant de sourire à l’enfant. Tu te devais d’être “gentil” avec elle si Ashley tenait à elle. “ Rebonjour Mielle, tu m’attendais ? Tu te mis à sa hauteur en t’accroupissant. Elle était plutôt petite, mais peut être que c’était normal à cet âge-là ? Tu tendis ta main, attendant qu’elle te donne la sienne pour l’attraper. “J’imagine que tu dois être aussi curieuse que moi, comme nous nous rencontrons pour la première fois.” Oh oui, tu étais curieux. Oscar n’avait rien dit sur Mielle et tu n’avais pas pu discuter avec la bonne qui s’était occupée de tes affaires. “Tu sais où est Ashley ? Est-ce que tu peux me guider jusqu’à lui? Nous devons discuter de plusieurs choses ensembles maintenant que je me suis reposé. De la requête - Est-ce qu’il y en avait vraiment une ?- et surtout de la petite Mielle. Tu obtiendrais des réponses quoi qu’il arrive.

Un ami ? Tu te retenais de rire assez difficilement et heureusement ton cher “ami” ne l’avait pas entendu. Tu te serais pris un coup même si tu n’y étais pour rien et la petite se serait fait laver la langue au Net’spray pendant que tu serais en train de penser tes plaies avec une trousse du parfait maladroit. Tu compris bien vite que les balbutiements de la blondinette et le fait qu’elle attendait après toi n’avait qu’un seul but qui n’était pas seulement la curiosité : gagner du temps. Elle le faisait sûrement pour son “père”. C'était plutôt “mignon” de la voir tenter de cacher qui il représentait à ses yeux. Ce petit lapsus, pile au moment où le noble arrivait, car toi tu l’avais entendu venir. Ce qui était plutôt normal puisque tu étais entraîné contrairement à la petiote. Tu relevas la tête vers ton client favori alors qui fonça vers lui. “Maintenant que nous nous sommes reposés nous avons tout le temps de discuter de mon prochain travail.” Tu réponds d’une voix suave, tout en te redressant. Tu avais rarement pu voir Ashley après l’utilisation de son pouvoir, mais tu avais tout de même pu noter quelques effets secondaires. Tu n’étais ni aveugle, ni stupide. Tu avais juste gardé ça pour toi, ne l’utilisant même pas pour le provoquer.  



Tu suivis la nouvelle petite famille jusqu’au bureau, t’installant en face de ton “ami”. C’était décidément hilarant. Tu hoches doucement de la tête à l’excuse. Alors que tu croises tes longues jambes. ”Ce n’est rien, j’ai pu prendre mon temps pour retirer cette affreuse odeur d’égout qui me suivait.”Un sourire se forma sur tes lèvres à la menace silencieuse qu’il te lançait.  S’il était énervé il n’avait qu’en prendre à soi-même !  C’était lui qui t’avait proposé de rester. Tu récupéras le dossier, le feuilletant doucement. “Je n’ai rien contre un petit remontant et au moins je suis sûr qu’il sera bon contrairement à celui que j’ai pu boire l’autre jour.” Tu retins une mégère grimace, plus jamais tu ne retournerais dans cet établissement sur une des routes qui menaient à la capitale. La bière avait été plus proche d’être de la pisse chaude qu’autre chose. En relevant la tête, tu croisas le regard de la petite Mielle qui était bien silencieuse dans les bras du noble. Tu lui fis un petit signe de la main, avant de t’intéresser de nouveau à Ashley. ”C’est bien la première fois, que tu m'invites à rester ici et que vous pensez à mes goûts. J’ai presque l’impression d’être face à une nouvelle personne. Est-ce grâce à cette jeune enfant ? Je devrai te remercier Mielle.” Susuras-tu, tu étais de plus en plus curieux à ce sujet, quand un bruit se fit entendre. Oscar venait de revenir avec la bouteille et les verres. Il n’était pas seul, une autre employée le suivait. ”Mademoiselle Mielle est attendue pour la suite de ses leçons.” Oscar entra, accordant un sourire bienveillant à la fille de son maître. Il posa l’alcool et les verres, servit le vin avant de guider la petite à l’endroit où elle était attendue. La porte se referma sur eux, te laissant seul avec Ashley.  





Le verre qui t’était destiné en main, tu passas légèrement ta broche nutrivifsur le liquide avant d'en boire une gorgée, profitant du goût du vin tout en lisant la paperasse que t’avais confié ton client. Tu t’arrêtes un instant sur la gravure d’une charmante demoiselle. Elle avait un visage en forme de cœur, des lèvres pleines qui formaient un sourire légèrement coquin et des yeux de biche où tu n’aurais pas été étonné de voir une lueur amusée y briller. “Mlle De Bellefaye, elle est plutôt mignonne dans son genre.” Tu étais aussi prêt à parier qu’on ne devait pas s’ennuyer au lit avec elle. Et tu devais donc te “débarrasser” de la jeune femme ? C’était un bien grand mot puisqu’il ne voulait pas que tu l’élimines. Ce qui aurait été bien plus rapide et efficace. ] “Ses avances ne te plaise pas ? Elle semble pourtant être un assez bon parti. Cette famille a une grande fortune. ” Et, tu savais que ton vis-à-vis avait connu quelques déboires à cause des Aldimor. Se fiancer aurait pu lui apporter une assurance financière, comme l’héritage n’avait pas pu tout compenser.”Enfin, peut-être qu’elle n'est pas à ton goût. ” Tu te demandais d’ailleurs quelle femme pourrait attirer ce bon Ashley.  A nouveau, tu te retenais de rire. Le pauvre petit, il arrivait sûrement pas à la convaincre de le laisser tranquille et qu’elle n’avait aucune chance. Du moins pas sans fâcher sa famille. “J’imagine que je vais devoir donner de ma personne, surtout que c’est la première fois que tu me demandes un tel service.  ” Lâches-tu d’un ton amusé avant de refermer le dossier. Ce n’était pas dérangeant. Tu l’avais déjà fait pour d’autres personnes … voire juste pour obtenir des choses. Tu sirotes une nouvelle fois ton verre, contemplant ton vis-à-vis. Tu ne te serais jamais attendu à le voir avec un enfant.  Tu ne voyais pas le brun avoir une quelconque relation nécessitant un peu d’affection maintenant que tu y pensais. Pourtant, il semblait avoir un lien avec la blondinette.  ” Où as-tu trouvé la gamine ?” Peut être qu’elle lui apportait quelque chose ? Ca pourrait tout expliquer.  

C’est le chant du rossignol et du rouge-gorge qui te tire de ton sommeil. Tu retins difficilement un grognement animal, persuadé qu’il était encore tôt pour te réveiller. Tu papillonnas des yeux, évitant de justesse le vilain rayon de soleil qui voulait t’éblouir et en resserrant ta prise sur ce si délicieux coussin. Était-il en plume d’oie ou peut être de pimplume pour être si confortable ? Tu soupiras de bonheur, t’enfonçant un peu plus dans les draps en soie que tu ne testais pas assez souvent à ton goût. Tu aurais aimé te rendormir, mais déjà les brumes de sommeil s’évanouissaient et les souvenirs de la veille te revenaient en mémoire. Il n’était pas étonnant que ce lit soit le paradis, puisque tu trouvais dans celui d’un noble. Et pas n’importe lequel, celui de ton client favori : Ashley.  



Ceci expliquait le léger mal de tête que tu avais actuellement. Rien de gravissime, tu avais connu bien pire lors de tes déboires et de tes déprimes. En sentant ton camarade de beuverie bouger dans le lit, tu te retournas vers lui. La vision de son visage, de ses cheveux décoiffés et de son corps dénudé, te rappela des derniers instants de la soirée.  


Seuls quelques baisers avaient été échangés, peut-être une ou deux caresses poussées, mais rien de plus. Agréable. C’était le premier mot qui te venait à l’esprit pour qualifier cette fin de soirée avec : surprenante et intense. La porte s’ouvrit avant même que l’un de vous ne puisse lâcher le moindre mot –ou plutôt qu’Ashley tente de t’assassiner afin de faire taire définitivement cette fois-ci, t’obligeant à fuir aussi nu qu’un vers par la fenêtre ou les couloirs.  

La porte révéla trois personnes deux familières : Oscar et Mielle (bon pas si familière que ça, mais il n’y avait qu’une seule blondinette d’environ huit ans par ici) et une femme. Son visage te ramena encore une fois à la veille. C'était la jeune femme appartenant à la famille Bellefaye qui avait été récemment anobli. Bref, c’était ton nouveau contrat qui se trouvait devant tes yeux et alors que la jeune lady criait d’effroi et que Mielle hoquetait, tu te décidas à travailler. Quoi de mieux que montrer l’homme, qu’elle poursuivait de ses assiduités, avait un amant. Tu te redressas, la soie découvrant ton torse travaillé et parfaitement virile aux spectateurs de la scène, et tu enlaças le plus jeune. ”Mon lapin en sucre, ce n’est pas la peine de t’énerver, ils ne pouvaient pas savoir qu’ils nous interrompaient.” Soufflas-tu d’une voix suave et légèrement rauque, bien que parfaitement audible par toute la petite assemblée. Tu te rapprochas de son oreille, donnant l’impression à ceux dans l’encadrure de la porte que tu embrassais sa tempe dans un geste apaisant. ”Joue le jeu.” Soufflas-tu pour que lui seul entendes alors que ses doigts venaient chatouiller avec légèreté le torse du noble au caractère de cochon. Tu tournas très légèrement la tête vers le trio. “Excusez-nous, mon canard et moi allons... accélérer le mouvement puisqu’il y a une invitée. Oscar, si vous pouviez servir un thé à la Dame Bellefaye, elle semble étrangement pâle et un jus à notre petite abeille.” Déclaras-tu, avant qu’Oscar ne referme la porte suite à l’ordre de son maître. A peine celle-ci s’était refermée que tu te décollas d’Ashley pour t’étirer et quitter le lit. Ta nudité parfaitement dévoilée, tu cherchas du regard tes vêtements. Bien que tu aurais bien fait un brin de toilette avant d’aller affronter la jeune demoiselle qui s’était amouraché de ton commanditaire. Autant être présentable, voire fantastique pour lui faire comprendre qu’elle n’avait aucune chance. C’était que ça pouvait être têtues ces bêtes-là. “En voilà, un travail rapidement fait. Laisse-la moi encore un peu et l’autre vache n’osera même plus fantasmer sur toi.” Annonças-tu avec un petit rire dans la voix. ” Est-ce que tu aurais quelques vêtements à me prêter pour que je joue le noble ou tu préfères que je garde les miens ? Demandas-tu comme si cette situation était loin d’être gênante ou burlesque, mais juste parfaitement normale.  

L’oreiller vola dans les airs et tu évitas de justesse ce dangereux projectile. Un petit rire t’échappa à la remarque agacée du plus jeune. “J’ai été particulièrement inspiré par ces adorables surnoms.” Personnellement, tu n’étais pas gêné par un tel réveil. Ashley n’était pas le premier client avec qui tu avais partagé un moment intime. C’était des choses qui arrivaient. Bon, ce n’était pas courant non plus, ni très pro, mais là tu étais certain que le noble saurait faire la part des choses. Il n’était question que de quelques baisers et d’une ou deux caresses, pas de sentiments. Et heureusement, il n’y avait rien de plus ennuyant que l’amour et Lucy savait que tu n’avais pas besoin de ça dans ta vie. Tu tournas la tête vers lui, apercevant son regard se promener sur ton corps, avant qu’il ne se laisse aller sur le matelas. Tu attrapas ce qui avait été ton pantalon et t’approchas du jeune homme étendu dans les draps. Tu hausses un sourcil en entendant le commentaire qui lui échappé et qui ne t’était clairement pas destiné.   “Allons, si je ne montrais pas si impertinent, rien de cela en serait arrivé puisque tu n’aurais pas eu l’idée de me faire taire d’un baiser.” Soufflas-tu en te posant à nouveau à ses côtés, un sourire amusé aux lèvres. Positionné au-dessus de lui, tu avais tout le loisir de le détailler du regard alors que ta longue chevelure ébène tombait tel un rideau autours du maître des lieux.  

Obéissant, tu te penchas un peu plus vers lui lorsqu’il te fit signe de te rapprocher. Sa main s’accrochant à l’une de tes mèches pour t’attirer un peu plus à lui, vous retrouvant presque aussi proche que la veille. Tu attendais de voir la suite, allait-il te cracher au visage ? Te mordre ? Ou de nouveau te faire taire ? Il y avait des tas de possibilités. Finalement, il opta pour te susurrer quelques mots “doux” à l’oreille et de manière assez sulfureuse. Un frisson d’anticipation parcourut ton dos. “Tant que tu allonges les cristaux, je serai le meilleur des amants et plus personne n’osera te regarder sans penser à moi”. Réponds-tu d’une voix suave, ton sourire se faisant prédateur, alors que vos souffles se mêlaient une fraction de seconde avant que tu ne te redresses maintenant qu’il avait lâché prise. Tu t’écartes, pour le laisser se lever, admire un instant les jolies lunes du noble. ”C’est si généreux, je ne vais pas hésiter à me servir alors !” Lâches-tu presque en ronronnant, avant de t’intéresser à ce que pouvait contenir le dressing de ton client.  











Installé sur le petit sofa, un verre de vin à la main, tu regardais avec fascination la jeune lady de Bellefaye se donner en spectacle. Ses cris stridents et ses larmes de crocodile causés par son amour déçu, te donnaient l’impression d’être face à une grande tragédienne. Peut-être qu’elle pourrait intégrer un groupe de théâtre ? Elle était vraiment douée ! Elle était si expressive, si imaginative dans chacune des insultes qu’elle lâchait à ton encontre. Tu te retenais même de siffler de manière impressionner alors qu’elle se révélait bien plus vulgaire que certains mercenaires que tu fréquentais, ce qui n’était donc pas peu dire. Tu sirotas doucement ton verre, savourant le liquide rouge et sirupeux avant de poser délicatement le verre sur la table. Tu retournas ensuite t’adosser au dossier du canapé, ton pied venant innocemment caresser la jambe d’Ashley de temps à autre. Celui-ci n’allait pas tarder à perdre patience. Il faut dire que recevoir des postillons n’était pas spécialement agréable. Et ça ne manqua pas. La réplique fut fulgurante, captant l’attention de la demoiselle enragée qui n’avait pas arrêter de s’égosiller depuis plus d’une heure. Il était dommage que tu ne puisses grignoter quelques petits fours pour profiter un peu plus de la diatribe qu’avait commencé ton client afin de descendre en bonne et due forme l’ancienne héritière de Bellefaye. C'était de l’art tout simplement. Il piétinait allègrement ses sentiments, ses rêves. Il ne se contentait pas de la remettre à sa place, mais la mettait encore plus bas que terre et cela sans lui laisser la chance de répliquer ou de s’excuser. Tu la suivis du regard jusqu’à ce qu’elle disparaisse avec Oscar à ses côtés.  



Une fois seuls tous les deux, tu t’intéressas de nouveau au jeune papa qui semblait parfaitement exaspéré. Croquant un dernier grain, tu passas ta langue sur tes lèvres désormais sucrées et mimas des applaudissements. ”Je profitais juste de la tienne, pour une fois que ce n’est pas contre moi qu’elle crache de si vilaines paroles.” Tu te redresses légèrement pour mieux te caller contre le dossier, tirant un peu sur les vêtements que tu avais empruntés au plus jeune. Tu aurais peut-être dû garder les tiens, ça aurait été plus confortable. ”Trop serré..." Marmonnas-tu, avant d’une nouvelle fois relever la tête pour croiser les deux orbes bleus d’Ashley. Tu haussas un sourcil, attendant sagement la proposition qu’il allait te faire. Tu penchas la tête sur le côté, avant de sourire : ” Mais mon petit ours en guimauve nous sommes déjà des amants ! Pas besoin de le demander à nouveau !” Tu papillonnas des yeux vers lui. “ Me voilà devenir un homme entretenu, papa serait si fière de moi !” Tu essuies une larme imaginaire avant de reprendre un peu de sérieux car il s’agissait tout de même d’un boulot : “Comment veux-tu procéder pour ce contrat ? Je dois rester ici quelques temps ? Ou juste faire des apparitions à des soirées et autres ? Les deux me vont, même si pour la première je devrai toujours m’absenter de temps en temps pour faire mes autres boulots, c’est que tu n’es pas le seul dans mon cœur.” M’enfin, il trouverait bien des explications à tes absences si c’était le cas.