Écoutant d’une extrême attention les informations d’Esther quant au possible chemin qui existait, on pouvait facilement venir douter du fait qu’il s’agissait là du garde rapproché de la princesse Atheas. Car chacun savait qu’il avait ce caractère beaucoup trop jovial et que, s’il était capable de garder son poste depuis autant d’année était simplement parce qu’il avait cet esprit simpliste et enfantin, qui lui permettait de rester au côté des complications qu’était la cadette Renmyrth. Du moins, c’était ainsi qu’une grande majorité le représentait, alors dans un sens, on pouvait facilement dire qu’Owain savait surprendre son auditoire. Depuis toujours, ayant rejoint la garde royale sans même être passé par la case civile, on ne pouvait pas dire qu’il s’y connaissait grandement en escorte. Du moins, d’un calibre aussi faible. Protéger des marchandises et non pas une personne avec un groupe étonnamment réduit, qui ne se connaissait pas spécialement et donc, dont les affinités pouvaient poser problème au cours d’un aussi long voyage. Alors, il apprenait sur le tas. C’était ainsi qu’il voyait les choses. Récupérant chaque information qu’il trouvait essentiel pour ce trajet et, qui sait, peut-être pour des futurs qu’il n’imaginait pas à l’heure actuelle. Voyant que son collègue donnait son aval quant aux choix de l’aventurière, Owain acquiesça à son tour, indiquant d’un humour maladroit, qu’ainsi ils se dédouanaient tout deux en cas de mauvais choix de sa part. Des propos accentués d’un sourire franc avant de se lever pour reprendre la route après cette courte pause de mise en condition.

Dans le fond, c’était assez plaisant pour un début. Assez calme, sans la moindre contrariété. L’escorte avançait toujours à la même allure, sans grande interruption. La stratégie de marche semblait aussi être pour le moins intéressant, alerté aux moindres mouvements extérieurs au cortège, mais bien assez sur ces gardes pour ne pas crier au loup à la moindre rencontre. De plus, le manque d’hostilité semblait confirmer les paroles d’Esther lors de l’explication de l’itinéraire. Durant les heures de marche, Owain tenta diverses blagues pour le moins -pas- intéressantes, ne sachant pas vraiment à quel publique, il avait à faire. Bien que, comme à l’habituel, son humour ne semblait pas faire un accord très commun. Alors, bredouille et faussement déçu, il avait fini par fermer sa bouche jusqu’à ce que le groupe décide de s’arrêter pour la nuit.

L’endroit était assez dégagé, ce qui permettait une vision d’ensemble. Sans doute qu’ils ne trouveraient rien de mieux en continuant, alors ils ne pouvaient pas vraiment risquer le diable. Optant donc pour défaire ses quelques bagages pour une nuit, autour d’un feu dans un premier temps. Un repas pour chacun, pour Owain, cela fut quelques morceaux de viande séchés accompagné de pain. Il remercia enfin son achat récent de sa gourde fontaine, qui lui permettait de garder son eau de manière illimitée, sans avoir à ce soucié de potentielle perte ou de bazar dans son sac sans fond (dans la mesure où le bordel pouvait exister dans une telle sacoche).

« Oooh virtuose. »

Owain ne pouvait s’empêcher de réagir à la courte description que Lancelot avait fait de lui. Comme s’il avait été charmé, un regard rempli d’étoile. Une intonation qui montrait, qu’il en était charmé, un peu comme une accentuation qui prouvait que le garde savait comment parler à son collègue. Une réaction pour le moins déplacé, encore plus lorsque l’on sait que ce talent si sublime ne lui appartient pas. Mais, jamais Owain ne pouvait s’empêcher d’y répondre tout comme son père, qui, de nombreuses fois, lui avait expliqué qu’il devait en être fier. Même si ce n’était qu’un fait dérobé.

« Un jour, Esther m’a aidé à retrouver… Ma demoiselle Il adressa un regard à Lancelot, depuis le début, Owain avait fait attention à ne pas révéler ses fonctions exactes et il n’aimait jamais trop parler de la princesse face à des personnes qu’il ne connaissait pas réellement. Comme ça, en pleine ville. Alors qu’elle, c’était métamorphosé en… Je ne sais plus qui. Bref, tout ça simplement en reniflant un tissu qui lui appartenait, dément hein ? »

Dément, il n’en savait rien. En vérité, c’était un peu monnaie courante grâce aux différents pouvoirs qui existaient à la capitale. Mais pour Owain, qui était plutôt normal lorsqu’on y réfléchissait bien, l’ordinaire pour les autres, avait un certain charme. Le garde ignorait aussi ses capacités de combats, mais dans tous les cas, même si l’attirail de tire était là pour impressionner. Owain était convaincu qu’elle serait capable de sentir l’arrivée hostile à des kilomètres à la ronde. Idéaliste ? Peut-être bien.

« Oh, c’est nouveau ça, non ? »

Tiqua-t-il à l’avancement de l’exceptionnel. Owain n’en savait pas grand-chose, mais en tant que garde rapproché d’un membre de la famille royale, il s’intéressait un temps soit peut aux capacités des gardes qui ornaient le palais. Cela lui permettait, dans un premier temps, de savoir à qui s’adresser en cas de problème, disparition ou tout simplement, peut-être piégé la princesse si elle avait revêtu leur apparence, par des améliorations de capacité dont la demoiselle ignorait sans doute la forme.

« Hâte de voir. »

Parce qu’il aimait les surprises, non pas parce qu’ils leur souhaitaient de rencontrer des brigands. Enfin, parce qu’il comptait prendre le second tour de garde. Sans doute parce qu’il se sentait peut-être plus habitué à couper sa nuit en deux qu’une aventurière – à tort ou à raison. Owain rangea ses affaires, prêt à partir piquer un court somme avant que son tour n’arrive, si rien d’intéressant n’entrait dans la conversation.