« La juste mesure de la contradiction... » Pensa Queen avec un demi sourire satisfait en observant son reflet dans le grand miroir de sa chambre. Sa tenue toute composée de brocard d’or sur une volute de soie rouge, rehaussée d’un corset très juste qui offrait un balconnet des plus admirables à sa poitrine déjà voluptueuse. Signée par le grand Lark Jinenchy, cette robe était la parfaite provocation à adresser à une femme telle qu’Olenna Belmont. Juste pour lui rappeler ou tout du moins l’avertir, que faveur n’était pas Milan et que malgré tout l’intérêt que Queen lui portait, elle était tout à fait disposé à la lui retirer, éventuellement à ruiner sa réputation si nécessaire. Toutefois elle n’était pas inquiète, non content d’offrir aux grands pontes de ce monde des pièces aussi qualitatives que belles, la jeune créatrice avait su atteindre des sommets dont elle-même aurait pu rêver si tant est qu’une telle carrière l’eut intéressée. De même, les échos quant au caractère de la couturière allait bon train. La jeune Milan avait toutes les cartes en main pour que tout se passe dans les règles. Il n’y avait qu’un électron libre pour tout ruiner, et elle en avait justement convié un qui n’avait pas son pareil pour mettre son grain de sel où il ne le fallait pas.

Depuis plusieurs lune maintenant, le capitaine et la trésorière se fréquentait. Jamais ouvertement, toujours en cachette ou tout du moins aussi caché que leur notoriété pouvait le leur permettre. Dans un cas comme dans l’autre, Queen s’échinait à nier en bloc toutes accusations. Un Milan avec un garde, ce serait un comble. Pourtant, à mesure des rencontres furtives, des caresses, des murmures et des chevauchés, la présence de Yuduar avait finir par s’imposer à elle. Loin de devenir une habitude, elle était un moment agréable où Queen pouvait espérer laisser de côté le monde de charogne qui était le sien. A chaque fois qu’ils se quittaient, elle ne pouvait s’empêcher de regretter amèrement sans pour autant s’obliger à décliner l’invitation suivante ou pire, l’inviter elle-même.

Son reflet dans le miroir lui sourit avant de planter ses yeux céruléens sur la silhouette qui se dessina sur sa droite. Maussade, Alphonse s’affaira autour de la cascade de cheveux blonds, les démêlants avec douceur avant de venir jouer de ses doigts dans la masse pour recréer les boucles qu’il venait d’abîmer. Lorsqu’il eut terminé, il se mit à tresser mèches après mèches jusqu’à obtenir un chignon volumineux qu’il vint emprisonner dans une résille de perle et de fils d’or.

- Tu es mécontent n’est-ce pas ?

Les yeux mordorés du majordome se levèrent, croisèrent ceux de la maîtresse de maison puis se tournèrent à nouveau vers les boucles blondes.

- A cause de mon invité pour le prochain bal mondain ?

Un soubresaut, presque imperceptible, agita les sourcils de l’intéressé.

- Je vois.
- Il est de basse extraction.
- Penses-tu que je l’ignore ?
- Non ma dame.
- Parfait. Ce n’est qu’une occupation, pas de quoi s’inquiéter.
- Vous l’emmenez au bal des Venalsin.
- Aurais-tu préféré que je m’y présente seule ?

Alphonse pinça les lèvres mais ne rétorqua rien. Depuis toutes ces années il s’était accoutumé -autant qu’il le pouvait – au caractère de Queen et il savait mieux que personne que dans cette situation, il n’aurait pas le dernier mot. Ainsi, le reste de la préparation de la trésorière se passa dans un silence de plomb. Lorsqu’il en eut terminé aussi bien avec son corset qu’avec sa coiffure, il recouvrit ses épaules d’une cape noire d’encre arborant le blason de la maison Milan et l’invita à embarquer.

Le trajet ne fut pas long, pas plus qu’il ne le fut de la porte d’entrée jusqu’au cabinet de réception. Silencieuse, elle avait machinalement imité le domestique qu’elle suivait, non sans laisser courir ses yeux ci et là, afin d’apprécier le point auquel les goûts d’Olenna Belmont étaient raffinés. Même si elle se fichait éperdument de son prochain, Queen aimait découvrir leurs antres afin de les jauger plus aisément. Enfin, elle s’engouffra dans la pièce après qu’on lui eut ouvert et tenu la porte.

Les spectacle était incongru, il aurait été impossible d’en convenir autrement ; elle ne se fit pas prier pour le faire remarquer.

- Quel étrange tableau… Capitaine… Elle inclina négligemment la tête, dissimulant avec facilité un demi sourire pour qui ne la connaissait pas. Ensuite, elle se tourna vers Olenna et s’inclina un peu plus respectueusement. - Si vous permettez, il me semble avoir saisie une bribe de votre conversation… Son sourire, affable s’agrandit d’autant plus. - Je suis ravie de constater que nos avis s’accordent à merveille. Et tout comme ce cher royaume, je crois qu’il est nécessaire d’avoir un Milan dans les environs… Soupirant, elle chassa une fausse tristesse d’un geste désinvolte avant de s’adresser de nouveau à la jeune femme. - Voyez vous, ma chère, comme vous venez de le constater, cette tenue n’est pas approprié sauf peut-être… Elle chercha une situation qui, peut-être, conviendrait pour ces haillons. Mais à vrai dire, même en randonnée ils ne seraient qu’un frein. En dépit de la légèreté du tissu ils étaient larges et flottants, le combo parfait à déchirer sur le premier buisson venu. - Elle n’est pas approprié. Vous avez dû entendre parler du bal de la famille Venalsin. Il a lieu chaque année afin de fêter le retour de la saison chaude, seule la crème de la noblesse s’y voit invité. J’imagine que nos chemins s’y croiseront d’ailleurs. Il parut tout à fait improbable à Queen que la couturière royale ne fasse pas – au moins – acte de présence. - En somme, le capitaine ici présent. D’un geste de la main elle le désigna comme s’il s’était agit de sa dernière chemise. - Est mon cavalier et si il n’a cure des piaillement de la cour ce n’est pas mon cas. Voyez-vous où je veux en venir ? Demanda-t-elle nonchalamment, attendant avec impatience la réaction d’Olenna.

Un fin sourire mi prédateur mi mesquin fendit le visage joliment maquillé de la trésorière. Que cela soit de la part de son amant ou de la couturière, elle était certaine que la journée ne manquerait pas de piquant. L’un comme l’autre lui renvoyait la balle dans les règles de l’art. Queen se sentit parfaitement à son aise dans ce petit nid de vipère. D’ailleurs, si jusque ici elle n’avait connu d’Olenna que des rumeurs plus que ce qu’elle avait pu la croiser, sa personnalité était exactement celle qu’elle s’était imaginé. Elle perdit néanmoins son sourit lorsque le sujet de sa relation avec le capitaine fut abordé. Lui lançant un regard succin, de biais, qui lui intimait à la fois le silence et la discrétion, elle se fendit d’un sourire affable lorsque ses yeux revinrent rencontrer ceux de la couturière. Pensait-elle que Queen était si sotte, pour ne pas voir quel genre de parangon de commère lui faisait face ? Avait-elle réellement l’outrecuidance de la méjuger à ce point ? Sa mâchoire se contracta, imperceptible. Où peut-être que ce n’était là qu’une simple question, véritablement nécessaire à la création de leurs costumes ? Mais elle en doutait. Dans la sphère noble, rien ni personne ne posait jamais des questions aux hasard.

Toutefois elle devait concéder une chose ; sa présence aux bras du capitaine ferait vibrer les foules. Certainement pas dans le bon sens. Les rumeurs allaient déjà bon train et cela depuis plusieurs lunes. Au début les gens n’osaient aborder le sujet de peur de subir les foudres aussi bien de Queen mais surtout de sa mère qui, par simple soucis de réputation, n’aurait laissé quiconque ternir le tableau parfaitement établit de sa tendre aînée. Mais maintenant qu’il n’y avait plus personne pour faire barrage, les langues s’étaient déliés. Un peu trop, si bien que la jeune Milan avait été dépassée. Il y avait cependant une chose que tout un chacun avait oublié ; y avait-il en Aryon une plus grande reine des esclandres que celle ici présente ? Sur un coup de tête, et en niant parfaitement tout ce que sa mère lui avait enseigné, elle décida de tourner tout ceci à son avantage. A défaut de cacher Yuduar dans un recoin -ce qu’il méritait tout de même à son goût- elle décida de s’afficher à son bras. Frappant du point sur la table, allant à contre courant de tout ce à quoi ses paires s’attendaient. Également il s’agirait là d’un leurre.

Les Milan avaient toujours été puissants, trop pour leur propre bien. Nienor les maniait avec force et agilité, les montants les uns contres les autres, leurs apprenant à flétrir avant de grandir, tels des pantins destinés à la plus grande des comédies. Queen avait dû se rendre à l’évidence, elle n’était pas comme sa mère, malgré l’espoir et l’énergie qu’elle y avait mit. Pour autant elle n’était pas de ces gens passifs qui attendent de voir la sentence tomber. De plus même si l’entente au sein de sa fratrie était déplorable, qu’elle méprisait aussi bien ses frères que sa sœur, elle ne pouvait laisser tomber son nom en désuétude, le laisser se déshonorer. Mais elle ne pouvait mener sa famille à la baguette et se détacher de son nom pour entreprendre une vengeance par le sang. C’est là, que Yuduar entrerait dans la danse. Sa figure de soldat haut placé, lui offrirait -l’espéra-t-elle en tout cas- le laps de temps suffisant pour tourner son attention ailleurs. Qu’ils les pensent en couple, amis ou amant, lui était égal. Tout ce qu’elle voulait c’est qu’ils croient tous qu’elle le possédait lui et son grade, d’une manière où d’une autre. Gagner du temps, voilà ce qui importait.

« C’est tout ? » l’interrogea sa conscience. « C’est tout. » s’était-elle répondu sans conviction. Ce n’était pas tout. La trésorière était convaincante, mais pas assez pour se convaincre elle-même. Tout prolétaire qu’il était, elle appréciait sa compagnie. En avoir conscience était une chose, l’avouer une autre.

- La seule chose pour laquelle mon frère rayonne, c’est son absence, ma dame. Répondit enfin la jeune femme avec un sourire méprisant qui n’était pas adressé à l’artiste mais bien à Primus. Ce dernier était revenu en ville depuis quelques semaines maintenant et pourtant, en dehors du soir où il avait échoué chez elle par on ne sait quel enchantement, elle ne l’avait plus revu. - Je suis toutefois ravi que vous l’ayez rencontré. « Et pas étonné » aurait-elle pu ajouter. L’aîné des Milan était un homme malin et sans doute bien plus manipulateur qu’elle ne le serait jamais. Si Queen avait vu en Olenna un atout majeur à sa main, il aurait été étonnant voire inquiétant qu’il n’en pense pas de même. Apprendre leur bonne entente ne faisait que lui confirmer que sa présence ici était le bon choix. Bien que la raison, elle, lui paraissait encore obscure.

Enfin, Queen daigna s’installer à son tour sur l’un des canapés. A distance respectable de l’un comme de l’autre. Ses longs doigts s’enroulèrent autour d’un verre qu’elle porta à ses lèvres. Réfléchir lui avait donné soif. Son esprit était fatigué, plus qu’il n’aurait du l’être. Mais ses nuits étaient hantées par des cauchemars épouvantables, ses journées par des inquiétudes qui la rongeaient petit à petit. Prit au piège dans une spirale de peine et de crainte, sa cervelle manquait de surcharger à chaque instant. Le vin permit de ralentir le rythme.

- Nous sommes… Elle marqua un léger temps d’arrêt. Juste assez pour que son visage ne se fende d’un sourire amusé où transpirait l’évidence d’un mensonge non dissimulé. Olenna, de ses yeux d’experte, ne pourrait pas le louper. - de bons amis. Mais là n’est pas la question ma chère. Une nouvelle gorgée de vin franchit la barrière de ses lèvres avant qu’elle ne repose le contenant et lisse sa robe d’un rouge profond, preuve qu’à son sens un tel « chiffon » lui était précieux. - Je veux quelque chose qui marquera les esprits. Je ne veux pas des jolies petites robes sages que vous réservez à vos clientes les plus fortunés, je veux celle que vous n’avez osé réalisé. Ses longues jambes se croisèrent alors que son regard bleu se faisait plus intense. - Faites de nous le duo le plus remarqué d’Aryon, quitte à en faire pâlir nos chers dirigeants.

La vanité de Queen était à son paroxysme, mais elle savait parfaitement à qui elle s’adressait et de quoi était capable Olenna. Quant à Yuduar, elle lui ferait porter de force, quitte à l’emmener pieds et poings liés à cette soirée. Néanmoins elle était certaine qu’il y avait bien d’autres chemins à emprunter pour lui faire accepter un accoutrement spécifique. Le capitaine n’était pas homme à rechigner, auquel cas le convaincre de venir ici aurait été bien plus difficile. Elle lui adressa enfin un regard, ainsi que l’ombre d’un sourire avant de s’en détourner.

- Êtes vous capable de cela ? Si c’est le cas, votre prix sera le mien. Car cela lui offrirait bien plus qu’une soirée au centre de l’attention. - Avec un peu de chance, adressa-t-elle au soldat, vous apprendrez enfin l’art et la manière de vous vêtir correctement. Un sourire en coin lui échappa et elle reprit vite son air placide.

Le regard de Queen avait d’abord glissé sur Yuduar. Le voir dans une pareille situation était amusant. Elle l’avait toujours connu à l’aise et sur de lui. Comme un un poisson dans l’eau que cela soit dans ses vêtements d’apparat à la trésorerie ou avec l’un de ses pantalons large qui lui donnait l’air d’une sardine de toile de tente au fin-fond de la grande forêt. Là il marchait sur des œufs et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il les fracassait tous. La trésorière manqua de rire. Plus encore lorsque la Belmont leur asséna le poids de sa déception. Son sourire ne fut que plus grand et malgré ses lèvres qui tressautèrent sous l’envie de parler. Elle s’imposa un silence religieux.

Le temps s’étira, un peu trop longuement à son goût et elle finit par détourner les yeux pour observer la pièce dans laquelle ils se tenaient. Décoré avec goût, elle était la personnification de sa propriétaire ; sophistiquée avec une pointe de nostalgie pour pimenter le tout.

Queen n’esquissa pas le moindre mouvement lorsque leur hôte leur indiqua le prix à payer. Ce n’était pas une surprise, du moins pas pour elle. Yuduar, lui, ne percevrait peut-être pas cette demande du même œil. A vrai dire elle douta sérieusement qu’il accepte et si c’était le cas ils pourraient tout deux dire adieu à leur tenue de bal. «  A ce rythme nous n’aurons pas de costume du tout ! » se lamenta-t-elle tout en passant en revue les différents couturiers de la capitale suffisamment rapide pour confectionner deux tenues mais également doté d’une réputation plus que respectable. Enfin le silence retomba dans la pièce laissant Queen à ses pensées.

- Ma dame, commença-t-elle finalement non sans avoir laissé cette intervalle de tranquillité s’imposer de longue seconde, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dis. Ses grands yeux bleus se levèrent pour s’ancrer dans ceux mordorés d’Olenna. - Vous êtes la seule ici à parler d’élégance et de beauté, alors que je viens de vous offrir la plus grande des libertés. N’est-ce pas ce que recherche tout artiste ? Exprimer son art comme il lui sied ? Pourtant, vous, ma chère, vous crachez allègrement dessus comme si il s’agissait d’une veste de la mode passée. D’une manière désinvolte elle balaya l’air de la main. - C’est une opportunité comme une autre, ses sourcils se haussèrent et elle regarda subitement sa manucure comme si c’était là la chose la plus intéressante d’Aryon, libre à vous de l’accepter ou de la refuser. Mais je ne sais qui sera la plus décevante. Et elle éclata d’un rire franc.

Il ne lui fallut pas longtemps pour recouvrer son calme mais dès que ce fut le cas son rire disparu et son sourire s’étiola pour retrouver son sérieux habituel.

- Cohabiter dans le même jardin, comme vous le dites si joliment me semble parfaitement envisageable. Après tout vous êtes l’un des grands pontes de notre royaume. Queen adorait les aristocrates et plus ils étaient haut placé plus elle leur donnait de la valeur. Non pas pour leur personnalité, dont elle se contrefichait bien mais pour leur utilité. Aussi désagréable puisse être la couturière, elle pourrait lui être utile. Elle portait encore le deuil de ses parents et les pistes qui la mènerait jusqu’à leurs assassins était encore trop maigres, compter dame Belmont dans les rangs de ses alliés serait -un jour ou l’autre- un atout qui pourrait changer la donne. La jeune femme savait que Nienor aurait désapprouvé, encore plus s’agissant d’une vipère comme Olenna qui pourrait lui être aussi utile qu’elle pourrait lui planter un couteau dans le dos .Queen en avait parfaitement conscience. Néanmoins elle avait pu voir où le manque d’alliés avait conduit sa mère ; elle ne tenait pas à reproduire un schéma identique. Le fait que Primus ait lui même accordé un crédit à cette femme, était un signe encourageant. Il faudrait qu’ils discutent, avait-elle songé tout en repensant à leur dernière discussion familiale qui s’était déroulée avec perte et fracas. - Je vous conseille toutefois de ne pas abuser de ma sympathie. L’avertit-elle avec légèreté avant de se pencher en avant pour attraper de quoi grignoter. - Sinon pour ma part, cet accord me convient parfaitement. Reste à voir si vous êtes du même avis, capitaine. Elle croqua dans un biscuit tout en braquant son regard sur lui.

Queen n’en attendait pas tant, pourtant Yuduar se porta volontaire pour répondre aux attentes de la couturière. Évidemment il ne pouvait lui offrir un oui franc et complet, mais il fit preuve d’une bonne foi à laquelle elle ne s’attendit pas. Elle le scruta d’un air suspicieux tandis qu’il énonçait les conditions de son accord -dont elle se fichait comme de ses premières culottes-. « Cette fête lui tient-elle tant à coeur ? » songea-t-elle l’espace de quelques secondes, avant de se rappeler à la réalité d’un vif mouvement de tête.  Quelle que puisse être la raison, Yuduar y trouvait sûrement son compte. Que cela soit poussé par la curiosité ou bien pour établir des liens plus solide avec la haute noblesse. Mille et une raison pouvaient pousser un homme de sa trempe à mettre les pieds dans une telle fête. Elle ne l’aurait pas parié voilà tout. Et peut-être aurait-elle apprécié savoir qu’il ne s’agissait pas là que d’une stratégie.

- Très bien. Acquiesça la jeune noble avec un sourire de façade, quittant le confort du fauteuil et des victuailles. En quelques pas elle se dégagea de l’espace de réception pour laisser tout le loisir à la couturière de la mesurer de haut en bas, en long en large et en travers. C’était un exercice auquel Queen se prêta de bon cœur. Immobile comme une statue de marbre, elle obéissait sans broncher à toutes les indications qui lui étaient imposée, adoptant longuement des positions qui pouvait faciliter la vie d’Olenna. Une fois que les mesures furent prise, elle laissa sa place à Yuduar, un sourire narquois aux lèvres. Elle doutait sincèrement que lui, soit aussi à l’aise. Encore que dans son malheur, il ne s’agissait là que de leurs mensurations et non des retouches. Queen était prête à payer cher afin d’assister a la prochaine séance. Le temps qu’ils en aient terminé, elle se pencha avec un sérieux exemplaire sur le contenu de la bouteille de vin.

Ce ne fut que lorsqu’ils revinrent dans sa direction qu’elle daigna enfin avaler l’ultime gorgée de vin qui tournoyait sans répit aucun dans le fond de son verre. Quittant une nouvelle fois son assise, elle les regarda l’un après l’autre puis offrit une courte révérence respectueuse.

- Si je ne m’abuse vous en avez terminé avec nous ? Elle posa un vague regard sur Yuduar avant de se retourner à nouveau vers la jeune femme. - Je vous laisserais le soin de nous recontacter lorsque vous en aurez terminé avec votre labeur. Je dois dire… Que je suis impatiente de voir ce que votre esprit nous à concocté. Si son sourire pouvait paraître mutin, elle pensait chacune des paroles qui avait franchit ses lèvres. - Cela vous convient, mon cher ? Demanda-t-elle plus par ironie que par véritable intérêt à son amant.