2e lune de la saison douce de l'an 1001
Evelyn avait vécu séparée de son mari plus longtemps qu’elle avait vécu avec lui; il était mort il y a près de huit années de cela. …Parfois, il semblait à Evelyn que c’était hier. Mais ce n’était pas hier. Et il était temps de tourner une page.
Elle déposa son collier dans une armoire, et non sur sa table de chevet, à côté d’un cristal de souvenir qui attira son regard; lequel cristal jouait en boucle un souvenir bien précis d’une merveilleuse journée d’été, où de joyeux parents apprenaient à leurs adorables enfants à monter à dos de poney.
Elle referma les portes de l’armoire et alla se coucher, le cœur triste, seule dans un grand lit.
Au petit matin, des bruits confus éveillèrent Evelyn. Elle entrouvrit un œil, le referma rapidement. Ce devait être le vent, elle était seule dans cette grande demeure; seule depuis un mois et deux semaines. Elle replongea aussitôt dans le sommeil. Plus tard, de nouveaux bruits plus distincts la réveillèrent sommairement. Elle s’étira de tout son long, bailla, roula dans le lit jusqu’à trouver une nouvelle position agréable et retourna dans les bras de Morphée, à défaut des bras de sa compagne.
animent l'amour"
Après ce qui me semblait être une éternité, j'arrivai enfin au village. Je regardai en direction de ma maison, aucune lumière n'était visible et les volets de la chambre étaient encore fermés. Ouais, elle devait encore bien ronfler contre l'oreiller. Ne pouvant plus attendre davantage, je trouvai encore la force de courir et de grimper aussi vite que possible. Deux tours de clefs dans la serrure et la porte fut ouverte. Retour à la maison, après... Quoi ? Surement plus d'un mois. Tout était en ordre, comme à son habitude, ma compagne s'occupait toujours aussi bien de la maison. Je décidai alors de lui faire la surprise, comme elle dormait encore. Je préparai un petit déjeuné, pour nous deux. Et pas n'importe quel petit déjeuné ! Du thé, du lard grillé, des œufs brouillés... D'ailleurs, une drôle de sensation me vint lorsque je brisais les coquilles. Surement la fatigue. Deux mandarines et une petite viennoiserie. Un truc bien complet.
Le plateau en main, je me dirigeai lentement, à pas feutrés, vers la chambre. Et, en effet, ma compagne était là, juste là, dans le lit, faire encore quelques doux rêves. Sans un bruit, je posai le petit déjeuné sur la table de chevet et grimpai doucement sur le lit. Un gros frisson hérissa mes poils. J'étais si contente de la revoir... Je retirai mon bandeau, ma main venant caresser sa joue pour chasser les cheveux qui barraient son visage. Les larmes me vinrent aussitôt, tant j'étais heureuse de la retrouver. Ces dernières tombèrent à grosses gouttes sur les draps, un sourire élargissant mes lèvres de plus en plus. Je m'approchai de son oreille, allongée dans son dos.
"Ma chérie... ? Je suis rentrée." Soufflai-je.
Toujours avec autant de délicatesse, je la tournai sur le dos pour grimper sur elle, à califourchon. J'encadrai son visage avec mes mains, lui offrant une pluie de baisers. Il était inutile de préciser quel genre de réveil je lui réservais. Un réveil d'amour, notre Amour, rien qu'à elle et moi. Après ce câlin des plus chaleureux et épuisant, je couvris nos deux corps, dépourvus de vêtements, avec la couverture et posai le petit déjeuné sur le lit.
"J'crois bien qu'on mérite de reprendre des forces, après cet effort. Lançai-je, coquine. A moins que tu ne veuilles profiter d'un second tour. Ajoutai-je, rieuse.
Je portai le thé à mes lèvres, qui était encore chaud. Bon, ça allait, je m'étais pas trop foirée en préparant tout ça. C'était assez bon pour être mangé en tout cas.
"Si ça te dérange pas, chérie, j'me repose un peu c'matin. Après on pourra sortir si t'as des trucs de prévu." Proposai-je.
Je tournai la tête vers elle, toujours avec ce même sourire que je n'arrivais plus à retirer. Ouais, j'étais carrément contente de la retrouver et ça se voyait. Je n'avais qu'une envie pour le moment, c'était de la câline, de la couvrir de baisers, de passer un moment au calme avec elle, dans notre lit, avant de profiter du reste de la journée ensemble. J'approchai mon visage du sien, pour l'embrasser longuement, amoureusement et avec passion. Elle m'avait tellement manquait, il ne s'était pas passé un seul jour sans penser à elle. Et cette fois, c'était décidé. Je prenais une semaine, minimum, de vacances rien que pour rester à ses cotés.
2e lune de la saison douce de l'an 1001
C’était un réveil comme Evelyn les aimait. Et surtout, avoir Sofia à ses côtés aujourd’hui était une chose inespérée; elle ressentait une joie indescriptible et ne pouvait s’arrêter de sourire. Une couverture recouvra partiellement la nudité de la chasseuse et elle contempla le plateau du petit-déjeuner que Sofia déposa sur le lit. Thé, lard grillé, œufs brouillés, mandarines et une petite viennoiserie. C’était tout simplement parfait; en fait, Evelyn n’en demandait pas autant, et elle aurait été heureuse de servir le petit-déjeuner à sa compagne.
- J'crois bien qu'on mérite de reprendre des forces, après cet effort. A moins que tu ne veuilles profiter d'un second tour.
- J’ai effectivement envie de profiter de toi toute la journée, lui dit-elle avec sérieux. Evelyn ne ressentait aucune envie de se lever. Elle voulait prolonger ce moment le plus longtemps possible. – Merci pour le petit-déjeuner, lui dit-elle ensuite chaleureusement, avant de goûter aux œufs.
- Si ça te dérange pas, chérie, j'me repose un peu c'matin. Après on pourra sortir si t'as des trucs de prévu.
- Je n’ai que deux trucs de prévu : manger ce petit-déjeuner et t’enlacer.
Elles échangèrent un long et passionné baiser. Puis, les deux femmes partagèrent un repas. Et lorsqu’il ne resta plus rien à manger, ni rien à boire, Evelyn débarrassa le plateau, s’allongea aux côtés de sa compagne et la serra dans ses bras. Elle n’avait pas le désir de bouger de cette position confortable. Sofia était là à ses côtés, mais pour combien de temps? La question rongeait Evelyn, alors elle rompit le silence qui venait de s’installer : - Tu es de passage ou tu restes quelques jours? Elle se sentait nerveuse d’entendre la réponse, et soupira de soulagement en apprenant que Sofia ne prévoyait pas de repartir le lendemain. – Tu m’as manquée, souffla-t-elle, puis : - Je t’aime, ajouta-t-elle en déposant un baiser sur une épaule. Elle ferma les yeux et profita du moment. Moment qui s’éternisa, puis Evelyn décida de réveiller sa compagne endormit à l’aide de quelques baisers et décida de remettre le couvert.
- Au fait, lui dit-elle par la suite, joli tatouage.
animent l'amour"
"J’ai effectivement envie de profiter de toi toute la journée" Déclara ma Belle.
Ouh... Des mots qui m'émoustillèrent aussitôt. Cette envie était bien réciproque et, si elle ne faisait pas le premier pas pour me le montrer, c'était moi qui aller m'en occuper, aussitôt ce petit-déjeuner avalé. Car oui, après ce premier effort et mon voyage, j'avais la dalle du Siècle.
"Merci pour le petit-déjeuner"
Je lui souris simplement, ravie de voir que ma surprise lui plaisait. De toute façon, connaissant ma compagne, ma simple présence lui faisait plaisir. Mais c'était aussi mon rôle, à moi, de satisfaire ma compagne, ça devait aller dans les deux sens. Pas toujours à elle de faire les efforts.
"Tu es de passage ou tu restes quelques jours?" Demanda-t-elle.
Je me tournai vers elle, pour me blottir dans ses bras. Je posai ma tête contre sa poitrine, pour profiter de sa douceur, de sa chaleur.
"Au moins une semaine, mon Amour. Mais si nos matins ressemblent tous à ceux là, je pourrais bien prolonger..."
Elle s'allongea, je suivis son mouvement pour me coucher également face à elle et la fixer dans les yeux.
"Tu m’as manquée... Je t’aime" Souffla-t-elle.
"Je t'aime." Répondis-je.
Nous décidâmes de dormir un peu ensemble, avant d'être réveillée plus tard, de la même façon qu'elle fut elle-même réveillée. Un câlin d'amour, un moment de partage intime. Je n'étais jamais contre, je pourrais y passer la journée entière s'il elle le voulait.
"Au fait... Joli tatouage." Commenta-t-elle.
Elle l'avait remarqué, évidemment. C'était un petit cadeau que je m'étais fait, à moi-même. Une enchanteresse que j'avais rencontré dans un village, dans les montagnes, durant mon voyage de retour. Et je n'étais pas déçue du résultat, mon ombre n'en était que plus puissante.
"T'as eu l'occasion de le voir... De très près, hm ?" Lançai-je, coquine.
Je lui souris à nouveau et trouvai une place confortable dans ses bras. Je n'avais plus envie de me lever de ce lit, passer la journée comme ça, dans ses bras, c'était un bon plan, non ? Hélas, en plus de nos... échanges animés matinaux, je me sentais un peu crasseuse, après ce long voyage. Un bain n'allait pas me faire de mal. Encore nue, je me levai doucement pour me diriger vers la salle d'eau.
"J'vais aller prendre un bain, si tu veux v'nir." L'invitai-je.
Durant quelques minutes, je remplis la bassine d'eau chaude, que je mélangeai avec quelques lotions, qui dégageaient des parfums fruités, fleuris. Je me glissai dans le bain, poussant un long soupire d'aise. Ca faisait un bien fou, de pouvoir se laver, après un si long moment. Je regardai vers la porte, pour essayer de voir si ma compagne allait me rejoindre ou non. J'avais tellement envie de partager ce bain avec elle.
2e lune de la saison douce de l'an 1001
En un court instant, Sofia avait su balayer plus d’un mois d’éloignement. L’inquiétude que son absence prolongée avait causée à Evelyn? Évaporée. La solitude et la tristesse qu’Evelyn avait ressenties la veille? Envolées, remplacées par l’amour et la joie des retrouvailles. Westwood avait bien l’intention de profiter de cette semaine; de profiter, oui, de Sofia – de son corps autant que de son esprit.
Elle avait bien sûr remarqué le nouveau tatouage; ne fallait-il pas être aveugle pour ne pas le voir? Il était plutôt joli, peut-être Westwood irait-elle s'en faire un, un jour.
- T'as eu l'occasion de le voir... De très près, hm ?, lui répondit Sofia, coquine.
- Pas dans les moindres détails, je vais devoir l’examiner de plus près, lui répondit-elle avec un sourire complice. Elle tint sa compagne dans ses bras un moment, jusqu’à ce que Sofia ne la quitte avec cette invitation :
- J'vais aller prendre un bain, si tu veux v'nir.
Évidemment, qu’Evelyn voulait venir. Mais avant elle se coucha sur le dos, s’étira longuement, écouta Sofia remplir le bain d’eau, un léger sourire dessiné sur les lèvres. Après un court instant, elle quitta le lit, rejoignit sa compagne, se glissa avec bonheur dans l’eau chaude parfumé, soupirant de contentement.
- Laisse-moi te savonner, lui dit-elle avec quelques arrière-pensées, mais surtout avec tendresse. Elle attrapa le savon et s’appliqua dans cette agréable tâche. Une fois ceci fait, Evelyn utilisa le savon pour elle-même. Puis, elle reposa le savon à sa place, appuya son dos contre la paroi du bain et se laissa aller à la détente. Seule, Evelyn n’aurait eu aucun intérêt à s’éterniser dans le bain, en bonne compagnie par contre Evelyn n’était pas pressée d’en sortir.
- C’est dangereux, tu pourrais t’habituer à de tel matin, tu pourrais ne plus vouloir me quitter.
animent l'amour"
Finalement, cette dernière entra dans la salle d'eau. Mes yeux se perdirent un long moment sur ses courbes. Il fallait être folle pour ne pas profiter de cette œuvre d'art vivante. Et oui, ça me donnait encore plus envie de lui proposer une troisième manche. Non, clairement, je n'allais pas pouvoir y résister, surtout après cette bien trop longue absence. Trop loin d'elle. Trop loin de ses yeux d'ambres. Trop loin de son parfum enivrant. Trop loin de sa chaleur réconfortante. Trop loin de son amour apaisant.
"Laisse-moi te savonner" Proposa Eve avec douceur.
Toute contente, je lui tournai le dos. Un dos lourdement marqué par mes années de combats, mais que ma compagne avait l'habitude de voir. Et, mis à part la petite cicatrice à ma cuisse, aucune nouvelle autre n'avait trouvée une place sur mon corps. Une fois savonnée, je remerciai ma compagne puis me moullai la tête pour laver mes cheveux. Ils étaient dans un sale état, entre la terre et le sang séché sur certaines mèches, ils avaient grandement besoin de soin.
"C’est dangereux, tu pourrais t’habituer à de tel matin, tu pourrais ne plus vouloir me quitter." Déclara-t-elle.
Je lui souris, tristement. Je m'approchai d'elle pour grimper, à califourchon, sur ses cuisses. J'entourai sa nuque avec mes deux bras, plaquant ma poitrine contre la sienne, pour l'embrasser.
"Tu sais très bien que je ne le veux pas. Ca me déchire à chaque fois que je dois m'en aller... Soufflai-je. Mais... J'ai autant besoin de ton amour que de partir explorer le Royaume, me battre. C'est mon travail."
Bien sûr qu'elle le savait déjà, tout ça. Et non, elle ne me l'avait jamais reproché. Je me blottis contre contre, un brin triste malgré tout. Car je savais que tôt ou tard, j'allais devoir repartir, me séparer d'elle. Mais d'un coté, je me disais que les courtes absences animaient notre amour. Dans tous les sens du terme. Aussi, silencieuse et sans vraiment le lui proposer, je parcourus son corps, la couvrant de baisers. C'était une façon des plus primaires, mais également la plus efficace et parlante pour lui montrer que je lui appartenais tout autant qu'elle m'appartenait. Son corps et son cœur. Notre câlin terminé, l'eau plus froide malgré la chaleur de notre échange, je sortis de l'eau et récupérai deux linges propres pour nous sécher.
"Tu avais prévue quelque chose aujourd'hui ? Ne te sent pas obligée d'annuler tes plans, ma chérie, juste parc'que j'suis revenue. Ca m'dérange pas de t'accompagne." Fis-je en me séchant les cheveux.
Je lui souris à nouveau, récupérai un nouveau bandeau et le plaçai sur mes yeux. Je commençais déjà à me sentir nauséeuse, signe que je devais à nouveau me couvrir les yeux. Je fis un rapide saut dans notre chambre pour m'habiller. Un juste-au-corps blanc, une robe noire, encore, plutôt sobre et assez confortable. Evidemment, conçue pour que je puisse me battre dans entraver mes mouvements. Une paire de bas en soie, d'un noir légèrement transparent et ma paire de gants blanches et noires. D'humeur plutôt coquette aujourd'hui, je pris même la peine de me parfumer. Un parfum fruité, qui sentait la pomme rouge. C'était surtout pour plaire à ma compagne qu'à moi-même, elle adorait mon parfum. En l'attendant, je m'installai sur le lit pour passer en revue et nettoyer mes armes.
2e lune de la saison douce de l'an 1001
- Je pensais bien aller faire un tour au marché, répondit Evelyn par la suite.
Elle attendit que les battements de son cœur se soient calmés, puis elle quitta le bain. Elle se sécha et rejoignit la chambre. Tout en s’habillant, une soudaine pensée traversa son esprit : il manquait de décoration, dans cette chambre; un cadre magique, voilà ce qu’il leur fallait, là sur la commode, à côté du pot de marguerite que la chasseuse avait cueillit dernièrement.
Sofia était donc intéressé à se rendre au marché, et ainsi les deux femmes quittèrent leur demeure pour s’y diriger. C’était une superbe journée ensoleillée; mais même si cette journée aurait été nuageuse, aucune importance : Sofia apportait du soleil dans le cœur d’Evelyn.
Evelyn déambulait devant les stands, davantage par curiosité que par réel intérêt d’acheter un objet. Elle toucha les tissus à vendre à un premier stand; pensa qu’il lui faudrait investir dans un tissu anti-climat. Elle remarqua à un second stand quelques légumes intéressants, parfait pour accompagner leur repas ce soir; elle en achèterait avant de rentrer à la maison. Plus loin, elle porta son attention sur une paire de colliers jumeaux. Puisqu’elle avait pris la décision de ne plus porter le collier que lui avait jadis offert son défunt mari, Evelyn pourrait bien envisager de le remplacer par l’un de ses colliers-ci. Et puis, ne serais-ce pas réconfortant de savoir que Sofia allait bien, peu importe où elle se trouvait? …Ou se serait inquiétant, de la savoir en danger.
Elle concentra son attention sur sa compagne à ses côtés, entoura son bras du sien et lui sourit.
- Tu ne m’as pas dit pour ton tatouage, il est seulement esthétique?
animent l'amour"
Jusqu'à présent, je pensais m'en sortir assez bien. Je n'avais pas souvenir d'avoir fait des choses l'ayant rendues triste, faites pleurer, ou autre. Toutes deux prêtes, il était temps de se rendre au centre du Village, lieu le plus animé car il abritait le fameux marché. Le ciel était dégagé, aucun nuage à l'horizon et les rayons du soleil caressaient nos visages. J'avais pensée à rapporter mon petit panier avec moi, suspendu au niveau de mon coude. Ma Belle décida de réquisitionner mon autre bras, que je lui offris avec le plus grand plaisir. J'adorais me blottir contre elle, quand on marchait. Comme toujours, l'endroit grouillait de vie. Marchands qui faisaient la promotion de leur étales, passants qui parlaient toujours plus fort pour se faire entendre, quelques hennissements de chevaux, de chiens qui aboyaient. Bref, une petite journée tranquille au Village.
"Tu ne m’as pas dit pour ton tatouage, il est seulement esthétique?" Demanda ma compagne.
Je lâchai un petit rire cristallin et secoua la tête.
"Non mon Amour. Mais j'vais éviter d'invoquer mes deux serpents géants ici, ça risquerait de faire peur aux gens."
Un pouvoir, tout le monde en avait. Plus ou moins utile. Plus ou moins surprenant. Mais ça faisait rarement peur aux gens, sauf si, en l’occurrence, il se retrouvaient nez à nez avec deux énormes serpents de 10 mètres sans savoir d'où ils venaient. Il fallait dire, les deux serpents semblaient réellement vivant, ils possédaient leur propre caractère. N'importe qui pourraient penser qu'il s'agirait d'une attaque de deux énormes reptiles.
"Celle qui m'a fait ce tatouage a fait un truc assez dingue. Grâce à ça, je peux amplifier mon pouvoir et appeler mes deux serpents avec mon ombre. Expliquai-je. Mais j't'avoue que quand j'ai essayé, j'm'attendais ps à un résultat pareil. Ils sont énormes, surement 10 mètres chacun. Si tu veux les voir on pourra s'éloigner un peu et je te les présenterais." Proposai-je en souriant.
Mon regard croisa, à ce moment là, l'étale d'un marchand de légumes. Pile ce qu'il me fallait ! Je m'arrêtais pour prendre ce dont j'avais besoin. Je demandai ensuite au vendeur de me vendre un concombre. Le plus gros qu'il avait. Mes petits achats effectués, je payais le tout et laissai ma compagne choisir notre prochain arrêt.
2e lune de la saison douce de l'an 1001
Chacun avait son propre pouvoir; Evelyn ne serait plus de ce monde sans le sien. Elle ne se souvenait pas avoir raconté à Sofia comment elle avait découvert son pouvoir de résurrection. On ne disait pas à la légère avoir désirer s’enlever la vie en sautant d’une falaise; on ne le criait pas sur tous les toits. On embellissait plutôt l’histoire : on racontait qu’un dragon nous avait enlevé la vie; on jurait de pourchasser et de pourfendre ce dragon. Ouais, c’était le genre d’histoire amusante à raconter. Peut-être avait-elle raconté l’histoire de la falaise à Sofia et que l’alcool avait effacé sa mémoire; parfois Evelyn buvait trop. Mais peut-être avait-elle omit de lui raconter cette histoire; parfois, les explications ne sont pas nécessaire.
Evelyn hocha la tête, sourit à sa compagne, lui répondit un simple et sobre : - Bien sûr, en guise d’expression de sa joie de voir les deux grands reptiles de Sofia.
À l’étal de légumes, après divers achats variés, Sofia informa le marchand qu’elle souhaitait acheter son plus gros concombre. Après avoir brièvement parcouru du regard ses concombres de tailles et de grosseurs différentes, l’homme en tendit un aux deux femmes. Cela ne convenait pas à Evelyn, qui leva la main pour arrêter le marchand. Elle dû paraître difficile, mais ainsi donc Evelyn sélectionna elle-même le concombre de son choix. Après achat, elle offrit un clin d’œil à Sofia puis entraina la femme le long des autres étals.
Plus loin, la chasseuse arrêta ses pas devant un marchand d’œuf de familier.
-Tiens, ça me ferait de la compagnie, dit-elle pour taquiner Sofia. Puis, soudainement elle se mit à regarder les œufs avec grand sérieux. …Oui, cela lui ferait effectivement de la compagnie; mais lequel choisir?
animent l'amour"
"Bien sûr".
Tandis que je m'apprêtais à acheter le concombre, pour prépare une salade, bien évidemment, Eve m'arrêta et fit signe au marchand de patienter. Elle ne semblait pas d'accord avec le concombre proposée, aussi, elle en choisit un elle-même et me fit un petit clin d'œil. Je lâchai un petit rire, amusée par cette soudaine démonstration coquine. Contente, je rangeai mon légume, à la taille visiblement parfaite, dans mon panier pour suivre ma compagne à la prochaine étale. Elle s'arrêta devant un marchand d'oeufs de familiers, l'air intéressée.
"Tiens, ça me ferait de la compagnie" Lança-t-elle, taquine.
Une petite boutade, à priori inoffensive, mais qui venait tout de même de me blesser. Elle l'ignorait peut-être, mais chaque nuit loin d'elle me faisait horriblement souffrir et je culpabilisais toujours de la laisser seule, parfois plusieurs semaines durant. Mais j'essayais de ne rien laisser transparaître, je ne voulais pas lui montrer qu'elle venait de me faire mal, même un tout petit peu. Je me contentai alors de lui sourire et hochai la tête. Un animal pourrait en effet lui faire du bien, l'aider à se sentir un peu moins seule. Le vendeur nous salua chaleureusement et nous tendit un œuf.
"Le couple le plus mignon du Village désire adopter un petit familier ? Que diriez-vous de celui-ci ? Un solnar, magnifique issu d'un élevage spécialement choisi pour son pelage doux et rougeoyant ?"
Il avait l'air convaincant en tout cas. Et je savais qu'Eve adorait les canidés. Curieuse, je récupérai doucement l'œuf des mains, mais une très étrange sensation me fit penser que le vendeur venait de mentir. Ou, alors, qu'il venait de se tromper. Il n'y avait aucun Solnar dans cet œuf. C'était un simple vermilis, tout ce qu'il y avait de plus commun. J'en étais certaine. Comment ? Aucune idée, mais j'étais certaine de moi.
"Navrée mais... Y'a pas d'solnar là dedans. C'est un vermilis. Femelle, même. T'es certain d'ton truc, là ?"
Le vendeur me fixa un instant, puis il regarda son étale. Il reprit délicatement l'œuf de mes mains pour le replacer sur l'étale, qui indiquait clairement, grâce à son affiche, que cet œuf là était en effet celui d'un vermilis.
"Je vois que j'ai affaire à une très grande connaisseuse. Mes excuses mesdames, je me suis en effet trompé d'œuf. Les solnars sont juste à coté ! " Précisa-t-il en indiquant les œufs du doigt. Je regardai Eve, autant impressionnée que paumée. J'avais aucune foutue idée de comment je pouvais deviner avec autant d'exactitude ce que les œufs pouvaient contenir. Je proposai alors au vendeur de me donner un autre œuf et, sans regarder ce qu'il contenait, je parvins encore à deviner. Je m'approchai de ma compagne, intriguée.
"Hm... Dis, Chérie. Quand tu m'as vu sous... tout les angles, ce matin. T'as rien remarqué de bizarre ?"
Pour le coup, elle était la mieux placée pour me le dire. Elle venait de me voir à poil, des heures durant, pendant qu'on... Echangeait de manière très significatives notre amour. Une marque, un tatouage ? Je ne pouvais pas, d'un coup, me mettre à avoir un pouvoir tout claqué au sol qui me permettait de deviner la contenance d'un foutu œuf ! Mes ombres étaient toujours là, j'étais au moins rassurée de savoir que je venais pas de perdre mon pouvoir en échange d'un autre. On savait jamais, hein...
2e lune de la saison douce de l'an 1001
Devant l’étal des œufs de familier, Evelyn ne put s’empêcher de taquiner sa compagne. Ce n’était pas pour blesser... mais il était vrai qu'Evelyn se sentait souvent seule, dans leur maison, dans le grand lit qu’elles partageaient, entourée des biens qu’elles avaient accumulés. De fait, elle préférait s’évader dans la nature, et elle avait prévu une partie de pêche dans le sud prochainement.
Le marchand, un homme assez costaud, les aborda avec un compliment qui ne tomba pas dans l’oreille d’une sourde : le couple le plus mignon du Village. C’était peut-être une tactique de vente, mais c’était surtout la vérité. Un solnar, leur proposa aussitôt l’homme. Ce n’était pas une mauvaise proposition, la chasseuse aimait effectivement les canidés, mais elle trouvait que le commerçant allait vite en affaire : il aurait pu prendre le temps de demander ce que le couple le plus mignon du Village recherchait exactement comme type de familier. Sofia s’intéressa à l’œuf d’un peu plus près et, après l’avoir tenu dans ses mains, déclara :
- Navrée mais... Y'a pas d'solnar là dedans. C'est un vermilis. Femelle, même. T'es certain d'ton truc, là ?
Evelyn regarda les œufs alignés sur l’étal et… il n’y avait aucun nom inscrit directement sur les œufs, seulement des affiches, et il n'y avait évidemment aucune mention de sexe. ...Ok, eh bien, Sofia lui avait caché qu’elle était une experte en œuf de familier. Comme quoi, elle découvrait sa compagne un peu plus chaque fois.
Elle capta le regard de sa compagne; étrangement intriguée par ses propres compétences, semblait être Sofia. Se sentant manifestement d’humeur à impressionner son entourage, Sofia demanda à l’homme de choisir au hasard un second œuf, pour ensuite en deviner le contenu avec aisance. …Bon, c’était impressionnant, mais Evelyn n’était pas là pour jouer; elle désirait réellement, soudainement, se choisir un familier.
- Hm... Dis, Chérie. Quand tu m'as vu sous... tout les angles, ce matin. T'as rien remarqué de bizarre ?
- Eh bien…, commença la chasseuse, hésitante. - Je ne crois pas t’avoir réellement regardée sous tous les angles. Si tu veux, on ira approfondir la question, termina-t-elle, coquine. Cependant, Evelyn remarqua que Sofia était sérieuse, aussi ajouta-t-elle : - Tu veux dire que… t’arrives vraiment à connaître le contenu des œufs? C’était pas le hasard? T’as pas triché? Ni inventé le sexe de l’animal? Elle passa ensuite son regard de sa compagne au commerçant, puis du commerçant à sa compagne. Limite suspicieuse, elle dit à l’aventurière : - Vous êtes de mèche, c’est ça? À l’expression faciale de Sofia, non. Ok. - …C’est p’t-être un effet secondaire de ton tatouage, conclut Evelyn avec un haussement d’épaule. – Dis-moi, continua-t-elle amusée, d’un ton qu’elle voulait sérieux, Grande Divinatrice, Liseuse d’œuf, quel familier serait parfait pour moi? Je désire… un familier qui pourra m’accompagner lors de mes chasses. Et elle leva aussitôt la main pour interrompre le marchand, qui avait écouté et qui allait ouvrir la bouche, certainement pour lui exprimer son point de vue. Elle ne désirait pas l’opinion de cet homme; l’homme avait, après tout, mélangé un œuf de solnar avec un œuf de vermilis – impardonnable.
animent l'amour"
"Je ne crois pas t’avoir réellement regardée sous tous les angles. Si tu veux, on ira approfondir la question" Lança-t-elle, coquine.
Oh, évidemment que je voulais approfondir la question. Quand elle voulait, où elle voulait. D'ailleurs, ce soir, quand on allait remettre le couvert, je lui demanderais de faire plus attention et de chercher. De chercher "partout".
Tu veux dire que… t’arrives vraiment à connaître le contenu des œufs? C’était pas le hasard? T’as pas triché? Ni inventé le sexe de l’animal?" Demanda-t-elle.
Je niais de la tête. Evidemment que non, j'avais pas triché. Quel intérêt ? Comme si j'allais m'amuser à demain à ce type d'être complice d'une blague aussi nulle.
"Vous êtes de mèche, c’est ça?"
Sérieusement... ?
"…C’est p’t-être un effet secondaire de ton tatouage" Conclue-t-elle.
Peut-être... Mais je n'avais pas souvenir qu'il était possible d'avoir des effets secondaires après un tatouage. Et l'enchanteresse m'aurait sûrement prévenue, non ?
"Dis-moi, Grande Divinatrice, Liseuse d’œuf, quel familier serait parfait pour moi? Demanda ma compagne.Je désire… un familier qui pourra m’accompagner lors de mes chasses. " Précisa-t-elle.
Aussitôt, elle leva la main pour interrompre le vendeur qui voulait, semblait-il, donner son avis sur la question. Evelyn avait bien fait de le faire taire. Et avec une telle prestance, une telle assurance. Bref, un familier qui pourrait correspondre aux attentes de ma compagne ? Je m'approchai des étagères qui présentaient de très nombreux œufs, de tailles et couleurs différentes. J'en pris un dans mes mains, c'était un pinplume. Des genres de lapins volants, pas franchement utile pour Evelyn.
"Un familier qui pourrait t'accompagner dans tes chasses... Un animal pas trop gros alors. Peut-être de la taille d'un loup. Capable de se camoufler et de pister des proies."
Je reposai l'œuf, pour en prendre un autre. un xerwang. C'était un reptile herbivore, plutôt connu pour ravager les champs des agriculteurs, pas vraiment un chasseur.
"Assez rapide et agile pour rattraper les animaux.."
Je pris un troisième œuf, c'était celui d'un griffroid. Un autre reptile, assez petit et très agile. Un très bon prédateur, qui pouvait même voler et grimper aux arbres. Le compagnon parfait pour un chasseur, mais pas l'idéal pour tenir compagnie en dehors de ça. Son touché pouvait provoquer des engelures.
"Mais qui peut aussi te tenir compagnie à la maison."
Le quatrième œuf fut celui d'un crasmo. Un mâle, à priori. Je souris doucement et le tendis à ma compagne.
"Le crasmo semble tout indiqué pour toi, mon amour. Celui-ci est un mâle. J'imagine que tu connais déjà, mais sa vitesse pourra t'aider à attraper le petit gibiers. Il pourra aussi pister des animaux plus gros et t'aider à combattre. Et vu comment c'est docile, tu pourras le câliner si jamais tu te sens seule."
Je regardai un instant le vendeur, qui semblait rester sans voix. J'étais plutôt certaine de mon choix, le crasmo était tout à fait le genre d'animal que ma compagne aimait.
2e lune de la saison douce de l'an 1001
Evelyn demanda le prix au commerçant, pour l’œuf de crasmo. Elle le paya, sans chercher à marchander; le prix était juste. Elle expliqua à sa compagne :
- Je suis tombé sur des œufs de crapaureau la semaine passée. Ainsi résuma-t-elle une journée tout à fait ordinaire dans sa vie de chasseuse. Et conclusion, cela lui avait fait une belle rentrée d’argent. S’il fallait être plus précis, disons qu’Evelyn était « tombé » sur un crapaureau, après avoir suivi ses traces dans la forêt.
Evelyn sourit à sa compagne pour la remercier de son aide et, surtout, de ce choix plus que judicieux. Cependant, elle n’avait pas envie d’attendre d’être à la maison pour déballer son cadeau. Elle désirait lui donner un nom maintenant et voir sa petite frimousse. Elle tint l'œuf dans une main devant elle et, après une inspiration, le nomma :
- Snorev.
Quelques secondes s’écoulèrent, puis la magie s’opéra : l’œuf se fissura, craqua et s’ouvrit. Evelyn laissa les morceaux d’œuf s’échouer au sol; au prix qu’elle avait payé le commerçant, il pouvait bien faire le ménage après leur départ. Dans sa main, il lui semblait que le petit crasmo pesait moins lourd qu’une pomme. Une petite boule de poil blanche qui fit fondre le cœur de la chasseuse. Elle montra l’animal remuant dans ses mains à sa compagne avec un : - Regarde comme il est mignon! Puis, elle pensa aux détails techniques : - J’dois acheter du lait, lui faire un petit coin où il va pouvoir dormir… Non. Il dormira dans le lit. De toute façon, Sofia utilisait rarement son oreiller. – J’pourrais lui acheter… une peluche! Oui, oui, bonne idée.
Sans s’attarder plus longtemps, elle fit un signe d’au revoir au commerçant et entraîna Sofia avec elle pour aller acheter ce qu’il lui fallait pour le petit familier. Quelques instants plus tard, les items suivants remplissaient le panier de Sofia : couvertures, lait pour familier et peluche en forme de Warg.
- J’crois que j’ai tout, dit-elle en câlinant le petit crasmo. Elle leva son regard de l’animal pour regarder sa compagne. Elle avait un petit sourire radieux. - Tu avais d’autre achat à faire?, dit-elle calmement, alors qu'elle avait surtout envie de rentrer rapidement à la maison - pas nécessairement pour remettre le couvert avec Sofia, même si cela faisait toujours partie de ses plans de la soirée.
animent l'amour"
"Je suis tombé sur des œufs de crapaureau la semaine passée." Expliqua-t-elle.
Mais je n'étais toujours pas convaincu par son explication. Même si ce genre de trouvaille pouvait se vendre à bon prix, j'étais tout de même surprise - presque déçue! - de ne pas pouvoir profiter de ma Eve farouche. Elle me regarda, m'offrit un sourire radieux qui me fit aussitôt fondre et me remercia. J'ignorais si j'avais été vraiment d'une quelconque aide mais j'inclinai doucement la tête en lui rendant son sourire. Mon compagne, visiblement trop pressée de voir à quoi allait ressembler l'animal, tint l'œuf devant elle et chercha un nom.
"Snorev" Prononça-t-elle.
Un nom très joli, très classe. Le genre de nom que j'aurais pu trouver moi-même, pour lui soumettre l'idée. Le petit crasmo perça la coquille sans difficulté, pour apparaître en boule dans la main de ma compagne. Il était tout petit, tout mignon et tout blanc.
"Regarde comme il est mignon!" S'exclama-t-elle, toute contente.
Je souris doucement et hochai la tête une fois. Ma compagne reprit très rapidement son sérieux et me regarda.
"J’dois acheter du lait, lui faire un petit coin où il va pouvoir dormir… Non. Il dormira dans le lit."
Quoi !? Hors de question ! Foutre des poils partout sur le lit !? Je voulais pas casser sa joie, mais on allait devoir fissa mettre deux ou trois choses au clair vis à vis de l'animal. En vrai, j'en avais rien à foutre, il pouvait bien faire ce qu'il voulait et Eve pouvait l'éduquer comme bon lui semblait. Mais pas sur le lit.
"J’pourrais lui acheter… une peluche! Oui, oui, bonne idée." Ajouta-t-elle.
Elle m'embarqua aussitôt, tandis que j'affichais une tête mi-contente, mi-blasée. Rendez-moi ma Eve. Je ne l'avais jamais vu aussi enjouée... Oui, bien sûre que je partageais sa joie. La voir ainsi remplissait mon cœur de bonheur. Mais là, j'étais pas préparée, c'était trop soudain. Et puis pas sur le lit, merde ! Rapidement, mon panier se remplit d'objets en tout genre. Surtout prévu pour Snorev.
"J’crois que j’ai tout. Tu avais d’autre achat à faire?" Demanda-t-elle.
Non, j'imagine que tu as hâte de rentrer, pour préparer tout ce qu'il faut pour ton crasmo. J'ai pris de quoi faire le repas, le temps que tu le mettes à l'aise."
De retour à la maison, je laissai ma compagne récupérer tout ce qu'elle avait acheté pour l'animal. Pour ma part, je rangeai les provisions à leur place, prête à préparer le repas. Comme je le disais souvent, je n'étais pas une excellente cuisinière et mes connaissances étaient très limités. Je me souvenais à peine de ce que ma mère essayait de m'apprendre. J'avais acheté tout ce qu'il fallait pour préparer un ragout. Le temps de cuisson, de environs une heure et demi, allait permettre à Eve de profiter du nouvel arrivant.
2e lune de la saison douce de l'an 1001
En réponse, Evelyn hocha la tête une fois. On la voyait rarement enjouée, c’était un fait. En réalité, toute cette journée était jusqu’à présent une source de bonheur pour Evelyn. La veille, son cœur pleurait. Aujourd’hui, son cœur débordait simplement de joie. Et cette joie se lisait, notamment, pour ne nommer que cela, dans ses yeux couleur miel. Sofia était à ses côtés pour quelques jours encore, ce qui était inespéré. Et elle tenait dans ses mains ce familier, qu’elle allait élever, éduquer et avec qui elle pourrait partager ses chasses.
À la maison, Evelyn récupéra du panier les quelques choses qu’elle avait achetées pour Snorev. Sofia allait s’occuper du repas, ce qu’apprécia la chasseuse, qui déposa un baiser à la joue de sa compagne. Elle quitta ensuite la pièce pour laisser Sofia faire de la magie en cuisine.
Elle nourrit le petit Snorev puis le déposa sur le tapis près de la cheminée de la salle de séjour. Il se déplaçait avec difficulté, ses yeux encore fermés. Couchée sur le ventre, Evelyn prenait plaisir à le regarder, à jouer un peu avec lui. Elle aimait déjà l’animal de tout son cœur.
Snorev s’endormait, ainsi Evelyn le prit et alla le déposer sur le lit, en sécurité emmitouflé dans sa couverture. Elle alla ensuite retrouver sa compagne. Le timing était parfait, puisque le repas était justement prêt. La chasseuse déposa deux bières sur la table, pendant que Sofia partagea le ragout. – Merci pour le repas, dit-elle en prenant place à la table. Et elle plongea sa cuillère dans son bol. C'était fade, mais mangeable. – Je l’ai nourrit, il vient de s’endormir, l’informa-t-elle, sans savoir que le « où est-ce qu’il dormait » pouvait être important.
Elle regarda sa compagne avec amour; elle était très heureuse de partager un repas avec elle, après tout ce temps – le petit déjeuné au lit, et maintenant ça. Elle mangea son ragout rapidement, car elle était affamée. Elle termina également sa bière et se leva pour aller leur en chercher deux autres. Elle donna une bière à Sofia, en échange d’un baiser.
animent l'amour"
Il fallait faire cuire les oignons et la viande comme ça, dans de l'huile d'olive, un peu de purée de tomate et rajouter le vin... Peut-être. Putain, c'était trop chiant la cuisine, voilà pourquoi j'aimais pas faire ça ! Trop compliqué pour moi. Le boucher m'avait conseillé de remuer le tout pendant que ça cuisait, avec une cuillère en bois, pour faire remonter les sucres. Je savais même pas qu'on pouvait faire du sucre comme ça. Ridicule, la cuisine. Enfin, j'avais bazardé les ingrédients, fallait juste attendre que ça cuise maintenant. Au bout de plus d'une heure, je vérifiai le ragout. Ca sentait plutôt...bon. J'avais peut-être réussi du coup. Je préparai donc la table, servis les assiettes. Ma compagne arriva à ce moment là avec deux bières. Ah, parfait ! Je m'installai en face d'elle, prête à manger.
"Merci pour le repas"
Mouais, elle pourra me remercier plus tard, après le repas, une fois certaine de pas être coincée au petit coin le reste de la journée.
"Je l’ai nourrit, il vient de s’endormir" Ajouta-t-elle.
Je la regardai, méfiante, ma bière contre mes lèvres. Il venait de s'endormir, hein ?
"Dans son panier, par terre, j'imagine ? Pas sur le lit ? Non, parce que... S'il est bébé, il n'aura pas encore le réflexe d'aller faire ses besoins proprement. Donc qu'on se mette d'accord. Si les draps sont souillés, tu nettoies ?"
Je la regardai, avec le même amour que je pouvais lire dans ses yeux. Elle me servit une autre bière, j'eus même droit à un autre baiser. Décidément, c'était la femme parfaite, Eve. je posai ma bière sur la table, lui précisa qu'elle pouvait rester assise, pendant que je débarrassais la table et nettoyais la vaisselle. Ca non plus, c'était pas mon fort. Je n'étais pas une femme d'intérieur, pour beaucoup, pas une femme à marier. Evelyn s'en moquait pas mal, on s'en sortait très bien comme ça. D'ailleurs, elle avait le sens des priorités, elle avait pensé à refaire le plein d'alcool. Moi qui pensais qu'elle allait tout vider durant mon absence. Toujours de dos, en train d'astiquer les assiettes et couverts, j'étais curieuse de savoir si elle avait prévu quelque chose cet après-midi et ce soir.
"La dernière fois, tu es venue avec moi pour vivre une quête, voir ce que c'était, une aventurière. On pourra échanger les rôles cet après-midi ? Je pourrais t'accompagner à la chasse, pour voir comment tu t'y prends. Et ce soir, on pourra passer le temps en enfilant quelques bières. j'imagine qu'on a pas mal de choses à se raconter"
La vaisselle propre, je la laissai sécher sur le plan de travail, j'avais pas envie de l'essuyer maintenant, encore moins la ranger. Je récupérai ma bière et vins m'installer sur les cuisses de ma compagne, face à elle. J'en avais vécue des choses, en un mois, oui. Mes deux nouvelles lames, mon accident dans la montagne, mon petit voyage de survie avec Alice, la mission pour le noble... Mais j'étais certaine que, de son coté, ma compagne savait aussi vivre des aventures. Et il me tardait de les entendre.
2e lune de la saison douce de l'an 1001
Sofia décida qu’Evelyn la femme parfaite méritait une petite pause : elle indiqua à la chasseuse de rester assise pendant qu’elle débarrassait la table et nettoyait la vaisselle. Evelyn n’allait pas se faire prier! Elle profita du repos pour terminer tranquillement sa bière.
- La dernière fois, tu es venue avec moi pour vivre une quête, voir ce que c'était, une aventurière. Sur ce point, Evelyn n’était pas totalement d’accord; cueillir des fleurs, on pouvait difficilement dire que c’était très représentatif du métier d’aventurier. - On pourra échanger les rôles cet après-midi ? Je pourrais t'accompagner à la chasse, pour voir comment tu t'y prends. Evelyn haussa les sourcils de surprise et ne trouva rien de mieux à répondre que : - Ouais, ok. Ce qui n’était pas très représentatif de sa joie. C’était une première, à marquer d’une croix sur le calendrier : jamais Sofia n’avait partagé un moment de chasse avec elle. Elle ne pensait pas que cela pourrait un jour intéresser sa compagne. - Et ce soir, on pourra passer le temps en enfilant quelques bières. J’imagine qu'on a pas mal de choses à se raconter. Evelyn termina sa bière et la déposa sur la table, puis répondit :
- Oh surtout toi, moi j’ai une vie bien calme. Manger, chasser, boire, dormir, énuméra-t-elle simplement, ce qui n’était pas un résumé très exact de sa vie. Evelyn accueillit sa compagne sur ses cuisses, déposa ses mains sur ses hanches. – J’ai peut-être bien une ou deux histoires, ajouta-t-elle avec le sourire, avant de s’emparer des lèvres de sa compagne. Et, après ce long échange, elle lui dit : - Si tu veux m’accompagner à la chasse, je propose donc que nous allions chasser le dîner, que nous pourrions cuisiner ensemble. Et peut-être qu’Evelyn pourrait en profiter pour donner des cours de cuisine à sa compagne; autant faire profiter son savoir aux gens dans le besoin.
L’activité de chasse était donc adjugée. Evelyn s’en alla d’abord voir Snorev, avec lequel elle passa une bonne trentaine de minutes, tout cela dans le but de s’assurer au maximum du bien-être du petit animal. Puis, elle s’équipa de son tout nouveau plastron en cuir – on ne sait jamais ce que l'on peut croiser dans la forêt et tant qu’à avoir une protection de grande qualité, autant la porter –, attacha son carquois et son arc et apporta dans son sac le stock habituel pouvant lui être utile. Après cette longue préparation, Evelyn était fin prête à partir – partir oui, mais pas trop longtemps, il ne fallait pas laisser le petit Snorev seul trop longtemps.
animent l'amour"
"Qui fais le ménage et le repassage ici? Aux dernières nouvelles c’est moi. Alors évidemment si y’a un problème, j’y verrai, comme j’y veille toujours. "
Le genre de réponse qui pouvait me faire tiquer, nerveusement. Le genre de réponse que je n'aimais. Mettre un mur devant l'une de mes demandes, se fermer aussitôt à la conversation, malgré le fait que je venais clairement de dire que je n'étais pas d'accord. Une connerie, au final, qui aurait pu être source de dispute dans n'importe quel autre couple. A la différence que moi, je me contentai d'inspirer lentement, pour garder mon calme. Encaisser la réponse et, finalement, accepter. Un simple calcul mathématique, une addition et soustraction rationnelle. L'amour que je portais à Evelyn, une stupide histoire de crasmo sur un lit.
Sur ses cuisses, ses mains sur mes hanches et j'oubliai - presque - rapidement cette futilité. Je l'aimais bien trop pour entrer dans un conflit avec elle. J'imaginais qu'elle aussi, elle encaissait des choses que je faisais, que je disais. Juste par amour. Des concessions, qu'on se faisait, comme un accord tacite dicté par l'amour, tout simplement. Si elle voulait prendre le risque de souiller nos draps et de devoir nettoyer derrière, tant pis. Elle en aura peut-être marre après deux ou trois tour dans le jardin, à frotter le tissus comme une damnée pour retirer l'odeur. Au pire, je pourrais très bien m'installer moi-même par terre, pour la laisser elle avec son crasmo. Amusée par ses idées, surtout fantaisistes, je regardai ma compagne qui haussa les sourcils de surprise. Car oui, j'avais bien proposée de partir chasser, ensemble.
"Ouais, ok."
... Elle faisait la gueule, ou quoi ? Si elle n'avait pas envie, elle pourrait me le dire directement. Tout de même sceptique, j'énumérais les possibilités qui s'offraient à nous, pour ce premier jour de retrouvaille. Evelyn déposa sa bière vide sur la table.
"Oh surtout toi. Rectifia-t-elle. Moi j’ai une vie bien calme. Manger, chasser, boire, dormir"
Je souris doucement, amusée mais aussi persuadée du contraire.
"J’ai peut-être bien une ou deux histoires" Déclara-t-elle.
Et, enfin, je parvins à voir un sourire sur son visage. Soulagée de voir qu'elle ne faisait pas la gueule, j'acceptai volontiers son baiser. Je glissai mes deux mains sous son petit haut, dans le dos, pour la grattouiller doucement du bout de mes ongles.
"Si tu veux m’accompagner à la chasse, je propose donc que nous allions chasser le dîner, que nous pourrions cuisiner ensemble."
Magnifique idée ! Toute contente, je hochai vivement la tête en affichant un très grand sourire sur les lèvres. Excitée comme une puce, je filai aussitôt me préparer pour cette sortie. Mes deux nouveaux katana, Atropos, mon brassard. Dans mon sac, je mis de quoi boire, de l'alcool - évidemment - et de quoi manger, surtout des encas. Ma corde, mon orbe lumineuse... Je n'avais rien oublié. Prête, je rejoignis aussitôt ma compagne pour lui faire savoir que nous pouvions partir.
"J'te laisse passer devant, mon amour ? C'est toi l'experte !" Lançai-je, joyeuse.
Mais pas trop devant non plus, puisque, incapable de cacher ma joie, je agrippai à son bras, que je serrai contre ma poitrine. Autant en profiter encore un peu, car une fois dans la forêt, j'allais forcément devoir la lâcher et me montrer un peu moins bruyante. J'avais hâte de savoir ce qu'on allait chasser, comment Eve allait s'y prendre pour pister une nouvelle proie. Aucun doute, elle allait m'épater. Car même si elle avait tendance à se sous-estimer, ou penser que sa vie n'était pas des plus trépignante, elle était une chasseuse de très grande qualité.
2e lune de la saison douce de l'an 1001
Malgré ses paroles, Sofia vola le bras d’Evelyn, s’agrippant à la chasseuse avec une joie féroce. Qui aurait cru qu’une partie de chasse mettrait l’aventurière dans un état pareil. Evelyn lui sourit, heureuse d’une telle réaction, et entraîna sa dulcinée jusqu’au monte-charge, jusqu’au plancher des gloots et sur un petit sentier de terre qu’elle connaissait bien. Elle n’avait pas l’intention de s’aventurer trop loin, mais il faut se rendre là où les animaux sont, car ce sont rarement eux qui viennent nous saluer. Elle désirait une petite proie; un lapin, peut-être, mais ce n’était pas elle qui décidait ce genre de chose. Elle récupéra son bras en échange d’un baiser.
La chasseuse commença par se rendre là où elle avait posé ses pièges, la veille. Rien pour les deux premiers, cependant le troisième piège avait été malmené; un renard futé, d’après les traces au sol. Evelyn le montra à sa compagne puis refit son piège.
Elle suivit les traces du renard, pour le plaisir; elles étaient assez fraîches, ce pouvait être une bonne piste. Ou non. Mais il faut parfois marcher longtemps et suivre de nombreuses traces avant de mettre la main sur une proie. La marche était plaisante, en compagnie de Sofia. La chasseuse pourrait s’habituer à avoir un compagnon de chasse : d’abord Liory, maintenant Sofia, ça faisait beaucoup de compagnie en un seul et même mois. Evelyn tourna la tête vers sa compagne pour lui verbaliser son sentiment :
- Je suis contente qu’on ait l’occasion de chasser ensemble.
Elle s’arrêta, repérant d’autres traces qui remplaçaient celles du renard. Elle pointa un arbre à Sofia; la base du tronc était lisse par endroit, l’écorce usée avec la présence de dépôt de boue séchée. Un passage récent, mais surtout un passage répété. Elle entraîna sa compagne dans cette autre direction, sur de nouvelles traces, sur celles d’un sanglier. Plusieurs dizaines de mètres plus loin, Evelyn s’accroupit devant une empreinte bien nette dans le sol. – Sanglier, informa-t-elle à voix basse.
Evelyn entendit soudainement des bruits de branches cassés et de feuillage remué. Elle leva une main dans les airs pour signifier à Sofia de ne pas bouger et de ne pas faire de bruit. Toujours accroupit, elle détacha silencieusement son arc pour s’en équiper. À une vingtaine de mètres, un lapin fromager apparut dans le champ de vision des deux femmes. Evelyn n’avait pas l’intention de perturber la créature et comptait bien attendre qu’elle parte avant de reprendre la chasse de son sanglier.
animent l'amour"
"Je suis contente qu’on ait l’occasion de chasser ensemble." Déclara-t-elle.
Je lui souris un instant.
"Moi aussi, chérie."
Ma Belle repéra d'autres traces, d'un animal plus gros cette fois. Elle décida de suivre cette nouvelle piste, jusqu'à trouver un arbre qui portait des marques de passages répétés : Ecorces arrachés à la base du tronc, boue séchée.
"Sanglier" Fit-elle, sûre.
Bon, d'accord, un sanglier. Je regardai l'emprunte au sol, je pouvais difficilement distinguer la forme du sabot. Mais ça m'allait très bien, de chasser du sanglier. J'adorais cette viande, un croisement entre le porc et le bœuf, avec un goût juteux et succulent. Soudain, j'entendis le bruit d'une branche qui se brisa, suivit de celui de feuillages qui remuaient. Aussitôt, ma compagne me fit signe de ne plus bouger et récupéra son arc. Je suivis son regard pour voir un lapin qui sortit de la végétation. Ah non ! Moi, je voulais manger du sanglier maintenant, par un lapin à la con ! Je l'aurais bien fait fuir, cet imbécile, mais ça pouvait également gâcher la traque du sanglier. Heureusement, Eve' fut du même avis et se contente de patienter sagement jusqu'à ce que le lapin décide de s'en aller de lui-même.
Ma compagne repris la traque, toujours armée de son arc. Peut-être que l'animal que nous cherchions n'était pas très loin ? En tout cas, moi, je ne servais pas à grand chose pour le moment. Mais au moins, je pouvais voir Eve' à l'œuvre et j'apprenais un tas de trucs. Et si ça me plaisait, on pourra peut-être partir plus souvent ensemble chasser. Même si, pour le moment, je trouvais ça surtout chiant comme la pluie. Pas faire de bruit, y aller doucement, patienter... Moi qui aimait rentrer dans le tas, on pouvait dire que ça changeait de mes habitudes. Enfin, un sanglier c'était quand même un gibier très robuste. Je ne doutais pas un seule instant des capacité de ma chérie, mais une seule flèche ne pourra peut-être pas l'arrêter.
Elle qui voulait voir mes nouveaux serpents, ça pourrait être une bonne occasion pour en appeler un qui irait achever la bête. D'un coup, ça pourrait devenir nettement plus amusant. Mais je ne ferais rien sans l'aval d'Eve. C'était elle la spécialiste et quand elle était seule, elle devait bien se débrouiller pour rapporter quelque chose. Traquer une bête blessée était certainement moins compliqué et plus rapide. Ceci-dit, à mesure qu'on avait, les traces se faisaient plus fréquentes. Il y avait donc bel et bien un passage régulier de sangliers par ici.
"On dirait qu'on approche non ?" Demandai-je, tout doucement.
Nous n'étions qu'en début d'après-midi, le temps n'était pas encore un souci pour nous. Mais j'ignorais si le fait de dépecer un sanglier demandait beaucoup de travail... Et puis qu'il y avait aussi le fait qu'il fallait le ramener. Et ce genre de bête ça devait peser, au bas mot, au moins 80 kilogrammes. On devrait peut-être se tourner vers un sanglier plus petit, pour pas trop galérer à rentrer...