Cela faisait quelques semaines depuis qu’Ain avait récupéré Givre auprès de cet arnaqueur et, malgré ses menaces, elle n’avait pas encore eu de nouvelles de lui. Elle espérait d’ailleurs ne pas en avoir…

La petite griffroid se portait bien, elle et Miel, son solnar, commençaient à jouer ensemble, Vif voulait toujours se joindre à eux mais par sa nature… chantelune, il avait un peu du mal à s’intégrer aux jeux des quadrupèdes. Elle l’accompagnait lors des missions qui ne s’annonçait pas trop dangereuses, sinon  Ain la laissait chez grand-mère Rana. La petite reptile était encore bien trop jeune pour partir sur des quêtes périlleuses, si plus tard elle sera une combattante très appréciable, pour l’instant elle n’était qu’une petite enfant qui s'émerveille de toutes les nouvelles choses qu’elle croisait et voulait jouer avec tout le monde. Un peu comme Vif d’ailleurs… Pourtant ce dernier devait avoir atteint l'âge adulte maintenant, mais elle le soupçonnait de ne jamais grandir mentalement.

Revenant d’une mission d’une semaine au sud du grand port, Ain alla chercher Givre chez grand-mère Rana. La vieille dame avait l'habitude de s'occuper de familiers, elle avait elle même une lumios, deux glooby, un kapitaliste, deux gloot ainsi qu'unlapillon qui s'était très rapidement lié d'amitié avec Vif. De plus, louant une chambre à l'étage, il n'était pas rare que les pensionnaires aient également des compagnons... Ain se souvenait la fois où une jeune femme avait ramené tout son cirque... Grand-mère Rana avait du refuser la location, elle ne pouvait pas acceuillir un canitribus, un obscuris, trois loupains, un rapidodo, un crasmo, un phobou et surtout un mist qui, malgré sa capacité, prenait beaucoup trop de place... Ain se demandait comment une personne pouvait être lié avec autant de compagnon, elle avait déjà parfois du mal avec la petite troupe qui l'accompagnait partout.

L'aventurière arriva devant la porte et avant même qu'elle ai pu toquer, elle s'ouvrit :

- Bonjour Ain !

- Bonjour grand-mère…

- Viens entre, j’ai préparé des cookies.

- Non, je ne veux pas t’embêter…

Même si elle n’était pas la grand-mère biologique de l’aventurière, grand-mère Rana s’était occupée d’Ain pendant de longues années et aujourd’hui encore, elle en faisait beaucoup pour la jeune femme. C’était une personne chère aux yeux de l’aventurière, l’une des rares qui comptait pour elle.

- Tu ne m’embêtes jamais voyons ! Entre, Givre t’attends elle ne tient pas en place.

Effectivement, au moment où elle était arrivée dans la rue, elle avait recommencé à sentir le lien empathique qui la liait à son familier : la petite griffroid sautillait d’impatience à l’idée de revoir sa maîtresse avec des jours sans elle. Au moment où l’humaine passe la porte d’entrée, un petit boulet de canon jaillit du salon, renversant vases et pots de fleurs au passage pour sauter dans les bras de sa maîtresse. Ain activa d’urgence son tatouage d’insensibilité pour réceptionner le petit familier qui commençait à avoir une taille respectable. Elle pouvait encore être portée dans ses bras mais elle était désormais trop grande pour se nicher sur son épaule…

- Givre doucement, regarde le bazar que tu as fait.

Ressentant ses émotions, son impatience, sa joie, son amusement, Ain savait que la reptile n’en avait rien à faire du carnage qu’elle venait de provoquer. Miel envoya un sentiment de fatigue et d’agacement à sa maîtresse qui lui rendit avec un sourire.

- Ne lui en veut pas trop Miel, ce n’est qu’une enfant encore. Je suis désolée grand-mère, je te raconterais des vases… Merci encore de t’occuper d’elle.

- Oh ne t’en fait pas, ce ne sont que des vieilleries ce n’est pas grave. Et puis, elle est une compagnie très agréable pour la grand-mère solitaire que je suis.

Ain sourit tendrement. Elle ne s'autorisait ses petits moments de relâchement qu’avec ses familiers ou avec grand-mère.

- Merci…

- Mais avec plaisir. Par contre, j’ai peur qu’elle ne se calme pas en grandissant si elle n’est pas reprise dès maintenant.

Ain leva un sourcil.

- C’est comme les chiens, il faut les éduquer tôt pour que ça soit plus facile ! Malgré le lien que vous avez, elle grandit et tu vas commencer à partir en quête avec elle non ?

Ain hocha la tête.

- Il ne faudrait pas qu’elle ne fasse n’importe quoi à ce moment alors. Si tu veux je connais un très bon éducateur qui tient un refuge dans les plaines. Oh, je ne le connais pas personnellement mais l’un des locataires de l’étage m’en a dit du plus grand bien, je te donne son adresse si tu veux ?




Ain avait longtemps hésité, le bout de papier de grand-mère Rana sur sa table de chevet indiquant l’adresse du refuge " La Meute de la seconde chance" . Finalement, elle avait décidé d’aller y faire un tour après une mission, la guilde n’ayant rien à lui proposer dans l’immédiat.

Elle chevaucha Griis, le cheval de lune et était partie au petit matin, souhaitant prendre son temps pour avancer tranquillement. Vif avait dormi la moitié du trajet, installé confortablement sur la croupe du cheval, Miel et Givre menaient tous deux la marche en chassant quelques rongeurs sur le chemin. Ain était ravie de voir qu’ils s’entendaient aussi bien l’un l’autre, surtout avec autant de différences. L’une était glacée et l’autre brûlant, ils ne pouvaient pas se toucher ou se câliner mais ils arrivaient à jouer, courir et chasser ensemble.

Après un bon petit voyage, la bâtisse commença à se découper dans les plaines, à l’orée de la grande forêt. Pile là où grand-mère Rana lui avait indiqué. S’approchant à cheval jusqu’à ce qu’elle aperçoive des silhouettes humaines, elle descendit pour terminer le chemin à pied et aller à la rencontre des propriétaires des lieux…

Miel fut le premier à lui envoyer l’odeur familière de l’homme qui arriva à sa rencontre et Vif, ravie fonça sur lui en volant et en piaillant :

- Gentil monsieur !!! Oh ? C’est qui lui ?

Derrière Fauve, se trouvait un étrange animal qu’Ain n’avait encore jamais vu. Allure reptilienne mais recouvert d’un pelage bleuté. Certainement un familier. L’aventurière reconnut son compère avec lequel elle avait prévu de partir en quête, quelques lunes auparavant. Ce dernier la salua et entama la conversation dès qu’elle fut à portée d’oreille… Décidément, il ne lui avait pas manqué. Impassible, elle hocha la tête pour le saluer en retour :

- Bonjour

Elle avait envie de lui demander ce qu’il faisait là. Après tout, elle ne pouvait pas savoir qu’il était le propriétaire des lieux mais elle commença à s’en douter lorsqu’il ordonna aux deux hybrides derrière lui d’aller servir du thé. Ain soupira :

- Je cherche la Meute de la seconde chance c’est bien ici ? Je ne pensais pas te voir là.

Elle marque un temps d’arrêt et commence à suivre l’aventurier, en laissant Griis vadrouiller autour. Contrairement à une monture classique, Ain ne s’inquiétait pas à l’idée de le laisser en liberté, elle savait qu’il n’allait pas s’enfuir. Depuis que Miel avait reconnu l’odeur, il était mitigé entre le soulagement de croiser quelqu’un qu’il connaissait et l’appréhension de croiser cette personne en particulier, il n’aimait pas spécialement les gens bruyants et excentriques aussi avait un peu du mal avec l’aventurier… Pour Vif c’était tout le contraire, il s’était déjà posé sur l’épaule de Fauve et commençait à lui demander comment allaient les chiens, les femmes et les enfants. Enfin, concernant Givre… elle était très curieuse. Elle reniflait partout et s'approchait sans hésitation du Frouska pour chercher à jouer.

- Je ne venais pas spécialement pour la quête mais oui, si tu veux en discuter j’ai du temps devant moi.

Ain observa en silence les échanges entre l’aventurier et le jeune hybride. L’enfant était-il le sien ? Il avait l’air trop agé pour cela mais parfois les apparences sont trompeuses… mais en fin de compte, la jeune femme ne s’interrogea pas trop sur le sujet, la réponse ne l’intéressant pas.

Fauve ouvrit la main pour accueillir le chantelune et, le petit oiseau, ravie vint immédiatement se poser dessus pour réclamer des gratouilles :

Et bonjour beau gosse, Vif t’as manqué on dirait ?

Puis il lui confirma qu’ils étaient au bon endroit. Cela l’étonna un peu de voir l’aventurier ici mais visiblement c’était chez lui… Après tout, comment grand-mère Rana pouvait-elle savoir que la meute de la seconde chance était tenue par une connaissance ?

Puis, le solnar envoya un signal auditif à sa maîtresse, quelqu’un arrivait par la gauche, une odeur animale encore de nombreux compagnons allaient se joindre à eux. Ils tournèrent tous deux la tête juste à temps pour observer la magnifique chute d’un jeune homme… transformée en papier qui redevint humain. Quel étrange pouvoir.

Intrigué Vif sursauta et vint survoler les nouveaux arrivants, se posant sur la tête de la loutre géante et évitant soigneusement le Teisheba. Griis ignorait complètement toute la situation, désintéressé et concentré sur le broutage d’une touffe d’herbe et Miel, à l’approche du petit familier électrique recula de quelques pas mais finalement, intrigué s’approcha pour renifler le Teisheba, prenant soin de ne pas prendre de coup de jus. Ain était également curieuse, c’était bien la première fois qu’elle voyait cet animal lié à un humain mais d’après ses réactions, il s’agissait bel et bien d’un familier, pour en avoir toute une petite équipe, elle commençait à savoir les reconnaître.

Polie, elle hocha la tête envers ce nouveau venu, visiblement une connaissance à Fauve.

- Bonjour.

Puis elle se retourna vers Fauve pour reprendre la suite de la conversation :

- Je ne pensais pas te trouver là, mais on m’a conseillé cet endroit pour l’éducation de Givre…

Elle tourna la tête vers la petite griffroid qui, sans surveillance, avait commencé à embêter le Frouska, lui mordillant la pointe de la queue, lui gelant le bout des poils de sa salive givrée. Ignorant la réaction de son compagnon de jeu, souhaitant seulement s’amuser. Ain n’avait pas envie de se donner en spectacle, mais la petite familier n’écoutait absolument pas ce qu’elle disait, que ce soit maintenant ou ailleurs… Et c’était bien pour cela qu’elle était là.

Ain écoutait distraitement la discussion entre Fauve et le second homme pour surveiller tous les familiers autour d’eux.

Le chantelune semblait fricoter avec la loutre géante. Malgré leur différence de taille, Vif ne semblait pas du tout intimidé par la monture et piaillait calmement sur sa tête, en lui racontant des histoires d’oiseaux… Le mammifère ne devait pas comprendre un traître mot mais ne réagissait pas agressivement, visiblement il avait l’air habitué à ce genre d’intervention, Ain savait qu’elle n’avait pas de soucis à se faire pour Vif.

Griis était parti quelques mètres plus loin, vacant à ses propres occupations et semblant très bien se porter seul. Le cheval de lune était assez peu sociable par rapport à ses autres compagnons et très indépendant. Si Ain ne l’appelait pas, il ne viendrait pas réclamer d’attention. Contrairement à la chienne blanche de Fauve qui semblait en quête de gratouille. Distraitement, l’aventurière lui caressa la tête.

Miel était occupé avec le teisheba. Le solnar ne croisait pas souvent ce genre de créature et il y avait entre eux une certaine curiosité ou fascination partagée. Le familier partageant ses émotions avec sa maîtresse, lui envoyait tous les nouveaux sens qu’il ressentait : une odeur, un picotement dans l’air, ce petit bruit crépitant très léger.

Ain leva la tête lorsque le nouveau venu l'interpella :

- Oh non ce n’est pas le cas. Sinon Miel me le dirait.

Le gamin chargé d’aller chercher le thé revint plateau en main pendant que les deux hommes discutaient familiers. Il courait vers le petit groupe quand la catastrophe arriva : il trébucha, plateau en main et renversa tout sur l’aventurier. Fort heureusement, il n’y avait rien de grave hormis la boisson répandue sur le haut du propriétaire des lieux. Suivant ses instructions, le gamin reparti aussi vite qu’il était arrivé pour aller resservir les verres. Ain ne détourna pas le regard lorsque l’homme retira son haut pour l'essorer, complètement insensible à ce genre de vue. L’espace d’un instant elle songea à lui proposer de le sécher mais elle abandonna l’idée qui lui aurait valu des efforts inutiles. Il faisait chaud et elle n’aurait pas été là, Fauve aurait trouver un moyen de sécher ses vêtements dans tous les cas.

Puis ils purent passer aux présentations. Après que Fauve ait terminé celle de ses compagnons, comprenant qu’elle n’allait pas pouvoir y échapper -ou du moins sans se montrer impolie- la jeune femme prit la parole à la suite :

- Voici donc Miel, le solnar. Sur la tête de votre loutre géante c’est Vif. Le cheval de lune qui broute plus loin s’appelle Griis et la petite dernière -en désignant la griffroid- Givre.

Entendant son nom, la petite reptile leva la tête et arriva en faisant des petits bonds dans les herbes, abandonnant le frouska, son partenaire de jeu qui devait certainement en avoir assez de s’être fait mordillé et gelé les poils de la queue.

Répondant à la dernière question du jeune homme, Ain rajouta sobrement :

- Et non pas de problèmes.

Toujours aussi bavarde. D’un côté, elle aurait presque pu remercier Calixte d’être arrivé, ils feraient très bien la conversation à deux et l’aventurière n’aurait pas besoin de participer. Elle songea ensuite au refuge, vu qu'apparemment il ne s’agissait pas que d’un centre de dressage contrairement à ce que grand-mère Rana lui avait dit. Fauve avait dit avoir un phénix de lune et un esprit placide puis il n’avait pas terminé sa phrase. Quelles autres créatures gardait-il dans ses lieux ? Des lumios ? Rarwuk ? Coeurl ? Canitribus ? Glooby ? Si Ain ne comptait absolument pas en adopter, elle avait tout de même appris à apprécier les compagnie animale et une pointe de curiosité s’éveilla en elle.

Ain écouta à son tour d’une oreille attentive les présentations des compagnons du nouvel arrivant… Vren. Ce nom lui disait vaguement quelque chose. Mais qu’importe, il devait y avoir des dizaines de personnes ou familier partageant ce nom, l’aventurière n’allait pas retenir tous ceux des personnes qu’elle croisait.

Autour d’eux, tous les familiers semblaient contents de respirer l’air frais de la campagne. Surtout les plus jeunes tels que Vif et Givre. Ain ne pouvait pas parler pour ceux de Calixte et Fauve mais l’ensemble faisait un joyeux petit cirque.

Les piaillements du chantelune attira l’attention de sa maîtresse, qui eu vite fait d’ignorer ses paroles… Décidément, est-ce que c’est l’aventurier qui avait une mauvaise influence sur cet enfant mais il ne tenait de tels propos que lorsqu’il était en sa compagnie…

- Dis dis beau gosse -en se perchant sur la tête de Fauve- ça te dirait pas de faire crier maman ? Quand maman crie, Miel est toujours agité mais après il devient toujours heureux. C’est que maman est d’abord agité puis heureuse non ? Vif avait pas eu le droit de voir ce qu’il se passait mais Vif sait que c’était avec un papa ! Donc tu veux pas faire crier maman ?

Ain manqua de s’étranger et toussa bruyamment. Les humains ne l'entendaient pas mais le sujet de discussion du chantelune était tout de même gênant, rien que pour ses oreilles.

- Vif revient là de suite.

Levant la tête vers sa maman, il haussa les ailes et s’envola de nouveau sur la tête de la loutre pour aborder un autre sujet des plus sérieux : la nourriture. Ain espérait que le chantelune ne penserait pas à lui demander le collier du compagnon, elle serait obligée de refuser pour ne pas s’embarrasser devant tant de monde.

Elle reprit ensuite la parole pour répondre à Calixte :

- Je sais pas si tous les jeunes familiers sont comme ça. Elle est simplement… agitée.

Elle n’avait pas d’autre mot pour décrire la tornade qu’était la griffroid. Elle n’était sage que dans son sommeil… Mais peut être était-ce le cas pour tous les jeunes familiers ? Elle ne s’en était pas rendu compte à l’époque avec Vif étant donné que le petit chantelune ne pouvait pas faire trop de dégâts. Hormis lorsqu’il avait échangé de corps avec Astrid… c’était épouvantable. Mais Ain préféra se sortir cette idée de la tête :

- Maman ! Je peux pas avoir le collier magique qui rend Vif humain ?

Ain sursauta. Pile ce qu’elle voulait éviter… Elle chercha rapidement comment esquiver la question et fini par lui répondre :

- Plus tard si tu es sage.

Elle n’avait pas d’expérience avec les enfants, mais un an à s’occuper de Vif, elle commençait à comprendre comment il fonctionnait. D’ailleurs, il semblait plutôt satisfait de sa réponse et continua de papoter avec la loutre, pas de caprice à l’horizon.

Fauve proposa ensuite un parcours d’obstacle. Ain haussa les épaules, ce n’était pas elle la professionnelle et si elle était venue ici, c’était bien pour avoir des conseils ou des réponses. S’il fallait passer par un parcours d’obstacles soit.

L’aventurière tourna la tête vers son familier et son cœur manqua un battement lorsqu’elle vit la griffroid sauter tous crocs dehors en essayant de choper la queue du Frouska. Fort heureusement la petite ne l’atteint pas… Ain soupira de soulagement et appela Givre d’une voix neutre :

- Givre vient ici un peu…

Qu’est-ce qu’elle pourrait dire si son familier blessé l’un de ceux de Fauve ou Calixte ? Fort heureusement, Vif ne pouvait pas faire de grand dégâts et Miel et Griis savaient se tenir, elle n’avait que la petite dernière à garder dans son champ de vision… Et c’est toute guillerrette qu’elle trotta vers sa maîtresse comme si rien ne s’était passé… Arrivée à ses pieds, elle se dressa sur ses pattes arrières et commença à gratter les jambes, gelant les bords de son pantalon avant qu’Ain ne l’attrape à pleine main pour la blottir dans ses bras. Activant ses tatouages pour ne pas subir le froid du familier, elle la laissa jouer avec les quelques mèches de cheveux qui encadraient son visage.

- Dis moi comment procéder et essayons ?

Elle jeta un regard vers Miel qui s’était assis sagement à côté.

- Je pense que Miel pourrait être un bon exemple pour Givre… Même si jusqu’à présent cela n’a pas été très concluant.

Baissant les yeux vers la petite griffroid, elle eut un petit réchaud au cœur. A la voir installée sur le dos de la sorte, elle semblait terriblement adorable, même si Ain n’avait pas été ravie de l’adopter, elle ne le regrettait pas une seconde et pour rien au monde on lui enlèverait.

- Elle n’est qu’une enfant, pourtant elle comprend lorsque je lui demande des choses, elle me répond lorsqu’elle prend forme humaine mais elle n’arrive pas à se concentrer et réfléchir. Je vais avoir besoin de la prendre en mission et je n’ai pas envie qu’elle se blesse inutilement.

Voici le véritable problème. Si elle ne faisait que casser quelques vases, ce n’était pas grand chose. Mais lorsqu’elle l’accompagnera en quête, son immaturité et son caractère fonce dedans allait poser problème…

Ain tourna la tête vers Calixte quand ce dernier l’interpela. Puis elle fini par secouer la tête, cela ne lui dérangeait aucunement de partager ce genre d’information. Même si elle n’en avait pas encore croisé, ce genre d’objet de pouvoir devait pouvoir se trouver pas bien difficilement si la jeune femme avait pu en acquérir un.

Elle répondit son à l’homme tout en gratouillant la tête de la griffroid :

- Non en effet, ce pouvoir ne vient pas d’elle mais d’un objet que j’ai acheté à un enchanteur. Il permet aux familiers de prendre forme humaine, cependant ils ne conservent ni leurs capacités ni leur magie. Mais cela permet de converser avec eux, une sorte de transformation inversée je dirais… Si cela vous intéresse je pourrais vous donner le nom de l’échoppe où je l’ai acquis.

Derrière le trio, l’hybride était déjà en train de placer les éléments pour la course d’obstacle. Ain l’observa d’un oeil curieux tout en écoutant les instructions et conseils de Fauve. Effectivement Givre était encore toute jeune et ne voulait que s’amuser mais l’aventurière n’avait encore jamais connu ce genre de situation et bien qu’elle n’avait pas l’air compliqué à première vue, elle ne savait absolument pas comment la gérer… Sinon elle ne serait pas là.

Puis Fauve proposa de mettre les bandeaux aux autres familiers, Ain hocha la tête et attrapa les morceaux de tissu qu’on lui tendit. Elle commença par déposer la griffroid au sol pour avoir les deux mains libres, la petite reptile émit un petit grognement de protestation mais, intrtiguée, semblait attendre son tour.

L’aventurière appela d’abord Miel d’une voix douce :

- Miel, viens là -le familier obtempéra et s’approcha silencieusement- on va faire un petit exercice avec Givre, il faudra lui montrer l’exemple.

Le solnar envoya une onde de bien être et de confiance envers sa maîtresse qui lui gratouille la tête avec un sourire à peine perceptible pour ceux ne la connaissant pas.

- Très bien, je vais te bander les yeux

Joignant le geste à la parole, Ain noua le foulard sur les yeux du solnar. Ce dernier n'opposa aucune résistance mais la jeune femme sentait ses hésitations. Il ne paniquait pas mais n’appréciait pas non plus… Cependant il mit tout ses autres sens en alerte et s’assit doucement pendant que Givre vint lui renifler, curieusement, le bandeau.

Ain se redressa ensuite vers Fauve :

- Comment on fait ? L’un après l’autre ?

Vif intrigué également, vint voler autour du groupe et n’arrêta pas de piailler dans la tête de la jeune femme :

- Vif aussi veut jouer ! Vif veut jouer vif veut jouer vif veut jouer vif veut jouer !

Mais Ain l’ignora royalement.

Le solnar sentait les crépitements du teisheba et partagea ses sensations avec Ain. C’était à la fois étrange et désagréable mais sans être douloureux. Il sentait les petites gerbes électriques dans l’air sans pour autant être en contact avec le familier… Avoir les yeux bandés renforçait d’autant plus cette sensation…

Insouciant, Vif continuait de virevolter au-dessus du groupe, s’autorisant quelques commentaires par ci par là qui ne s’entendaient que par les piaillements du volatile.

- Tu es prêt Miel ? Givre observe bien, après ça sera ton tour.

Impatiente, la petite griffroid se tortillait et on sentait son envie de poursuivre les familiers pour se joindre au jeu mais la main de sa maîtresse sur la tête la retint de courir de partout…

Haussant la voix pour qu’elle soit audible du familier, la jeune femme ne possédait pas de télépathie comme avec Vif ou Calixte avec ses familiers, elle devait donner les directives de vive voix :

- Attention Miel ralentie un peu, il va falloir se baisser. C’est ça, tranquillement ne te presse pas. Maintenant sur ta droite et sur la gauche, il y a un piquet. Non attend pas par là, demi tour. Encore un peu, oui c’est ça.

Le solnar suivait parfaitement les instructions de sa maîtresse mais sans pour autant parvenir à éviter tous les obstacles ou passer du bon côté des piquets. Il n’était pas facile pour Ain de lui donner les bonnes directives et pas facile non plus pour le familier d’évoluer les yeux complètement fermés… À plusieurs reprises, il se heurta à un plot et Ain pouvait sentir sa déception et son agacement intérieur à l’idée d’avoir raté ce qu’il avait entrepris, mais la voix calme de l’aventurière l’encourageant l'incitait à continuer doucement. Il entendait autour de lui, les autres familiers s’affairer et plus d’une fois Ain senti sa curiosité envers eux, il avait envie de voir et savoir ce qui se passait autour de lui, il entendait des bruits lourds, parfois proches parfois plus éloignés. Il y avait le crépitement du familier de Calixte non loin et une odeur de suie…

Lorsque cette première course fut terminée, le solnar trotta en ligne droite vers sa maîtresse. Il sentait le lien et connaissait son odeur. Les yeux toujours bandés, il ne fit même pas attention à la barre qui trainait au sol et se prit les pieds devant, trébuchant de tout son long.

- Miel ! ça va ?

Ain s’avança rapidement vers lui et Givre, prenant cela pour une invitation à jouer se rua également sur son compagnon et vint jouer avec ses queues :

- Givre non attend.

D’une main, l’aventurière repoussa la reptile pour s’approcher du solnar et lui retirer son bandeau

- Ça va ?

En guise de réponse, le familier vint enfouir son museau sous le bras de l’humain pour s’imprégner de son odeur et lui faire parvenir sa joie de la retrouver, bien qu’elle n’était pas partie loin… Un très léger sourire se dessina sur les lèvres de la jeune femme et elle caressa la tête de son compagnon :

- C’est bien mon grand, tu t’es débrouillé comme un chef.

Elle se redressa ensuite et rejoint le groupe accompagné de ses deux compagnons trottant derrière elle et répondit à la question de Calixte :

- Oui bien sûr, c’est à la capitale, vous avez un papier afin que je le note ?

Puis la jeune femme se concentra de nouveau sur l’exercice et observa avec attention la démonstration de Fauve avec son propre familier. Une très belle démonstration, sans tache de suie ni heurt. Est-ce à cause de sa fierté, mais l’aventurière sentait l’envie de Miel : il voulait recommencer, pour faire également un parfait et rendre fier sa maîtresse. Amusée, elle lui souffla doucement :

- Plus tard peut-être.

Fauve s’adressa à elle et elle releva la tête, il était temps à Givre de passer maintenant. Elle baissa les yeux sur la petite familier qui était en train d’essayer de choper la queue du Farouk et soupira. L’exercice n’allait pas être si facile…

- Givre vient là, c’est à toi.

Levant la tête, la petite griffroid, curieuse, s’approcha en trottant. Mais lorsqu’elle voulut mettre le bandeau, elle prit cela comme un jeu et sauta pour le choper dans sa gueule avant de s’enfuir avec. Restant bête la bouche ouverte, l’aventurière mit quelques secondes avant de réagir, temps pendant lequel la reptile en avait profité pour prendre de l’avance…

Ni une ni deux, Ain s’élança à sa poursuite :

- Givre non ! Reviens là.

Bien sûr, ne l’écoutant pas, le familier sauta de plus belle dans l’herbe et s’aventura d'elle-même sur le parcours d’obstacle, bandeau entre les dents pour narguer sa maîtresse et jouer avec elle. Dès qu’Ain avait trop de retard, elle s’arrêtait pour l’attendre… et repartait de plus belle lorsqu’elle s’approchait.

Elle ne pourrait jamais l’avoir à la course. Même Miel était venu en aide, tentant de bloquer la course de la griffroid mais en vain, rapide, elle parvenait toujours à se faufiler hors de portée de la jeune femme…

Ain fini par soupirer et hésitant, plutôt que de se donner encore en spectacle, elle tourna la tête vers Fauve et Calixte derrière elle avec un regard implorant.