@Yuka Dirren & @Xylia Mavrocordato
La saison douce arrivant à grands pas, les horticulteurs qui travaillaient pour Nemue avaient donc entrepris de préparer la terre pour l’arrivée des semences de saison. Évidemment, la façon dont il fonctionnait était plutôt simple. Il y avait en tout quatre grands champs et deux servaient pour la saison à venir alors que les deux autres comportaient des plants en tout genre de la saison actuelle et plutôt que de tout retirer et déraciner, cela servait de composte lorsque le plant mourrait.
Normalement, il n’y a que très peu de problèmes sauf que cette année. Cela sembla être un départ des plus compliqué pour les travailleurs. Nemue avait donc reçu une lettre expliquant qu’il y aurait certainement un petit délai avant que les plantations soient prêtes du à un souci de nuisible. Quel genre de nuisibles? Des gloutovors? Sûrement pas, puisqu’ils préféraient se nourrir de déchet ou toute autre nourriture se trouvant dans les villes. Puis, cela ne mangeait pas de terre. Il y avait bien des présences de trous, mais pas de tunnel, alors cela ne pouvait pas être des rats géants ni même un foreur. En lisant plus bas, il semblera que cela soit dû à la présence un peu trop nombreuse de scorpouilles. Ces derniers se seraient abrités pour la saison froide et n’apprécient pas le fait d’être éveillés plus tôt que prévu de leur hibernation. Il y en a bien trop et même si normalement ils sont inoffensifs à l’homme, les travailleurs refusent d’y mettre les pieds tant que les créatures n’y seront pas chassées.
Nemue comprenait, après tout, elle ne souhaitait pas que ces derniers ne se fassent pincer ou piquer par ces dernières surtout lorsque certains spécimens pouvaient atteindre le mètre quarante de longueur.
Il n’y avait donc pas de temps à perdre! Aussitôt la lettre reçue, Nemue avait de suite lancé une petite annonce pour tous valeureux qui n’avaient pas peur de se salir les mains. Après tout, il faudra peut-être creuser et ce n’est pas tout le monde qui appréciait ce genre de travaille.
La sorcière fut heureuse qu’on réponde à son appel et encore plus lorsqu’elle remarqua le nom de la jeune Yuka qui avait déjà travaillé pour elle. Malheureusement, Nemue ne pouvait se déplacer et plutôt que de les faire venir jusqu’à Manillam pour ensuite leur demander de se rendre jusqu’à la ferme, elle leur avait plutôt donné rendez-vous là-bas où ils seront pris en charge par l’équipe déjà présente. Prévenus de leur arrivée, ils s’étaient assurés pour qu’ils ne se perdent pas sur la ferme. Après tout, on ne voudrait pas les retrouver parmi l’élevage de boucton ou de coq de léral!
- Rappel de la demande:
Des scorpouilles fripouilles
Les horticulteurs au service de Nemue se sont mis au boulot, souhaitant ainsi planter les semences de saison pour une nouvelle production qui servira à cette dernière pour la création de remèdes en tout genre! Malheureusement, une bande de scorpouilles semble avoir élu domicile dans le champ causant ainsi quelque dommage à ce dernier et empêchant aussi les travailleurs de faire leur boulot. Évidemment, Nemue en fut aussitôt avisé et elle ne tarda pas à lancer un appel à l'aide.+ Proposé par : @Nemue Lynella
+ Participants : Libre
+ Objectif : Chasser les scorpouilles du champ et trouver une solution pour qu'ils ne reviennent plus!
Ta mère, habillée comme pour une grande occasion alors que vous aviez prévu de ne rien faire de la journée, même ne pas avoir la visite du moindre voisin ou membre de la famille, était arrivée dans le salon avec la mine grave comme si quelqu’un venait de passer l’arme à gauche. Tout le monde, même toi du haut de tes cinq ans, était tendu, attendant l’ignoble nouvelle qu’elle apporterait. Ayant toujours eu un certain sens du spectacle, elle avait laissé le silence filer et personne n’osait rien dire. Une habitude plus qu’autre chose, c’était toujours pire les crises de colère de ta mère parce que sa représentation n’était pas parfaite.
Polycaon avait tapoté ta jambe à un moment comme si attendant que tu ouvres la bouche, mais tu ne t'étais pas laissé avoir cette fois-là. La dernière rouste t'avait amplement suffi pour ne pas avoir envie que ton frère se la coule tranquille après avoir orchestré ta future mort. Tout dans le dramatique cette famille. Ton père allait se dévouer pour prendre les foudres de madame quand cette dernière poussa un soupir à fendre l’âme.
Encore une fois personne ne parlait attendant la suite. C’est vraiment fou comme elle était toujours aussi fière de ces petits effets et même dans ce moment tendu, cela se ressentait. Elle avait voulu être actrice selon des dires. Tu avais balancé les jambes un peu trop fort contre la table donnant comme un signale pour que ta mère mette à hurler au crabe dans sa baignoire personnelle. Ton père avait attrapé son couteau, repris le beurrage de tartine et lui avait dit qu’il s’en occuperait après le repas. Tu te souviens parfaitement du sourire fier de ta mère suite à tout cela une fois qu’elle s’était placée à côté de lui.
Tu sors de ton souvenir alors que la plantation se dessinait en face. Il y aura tout loisir de replonger dans les souvenirs plus tard. Sortant de la charrette qui l’avait aimablement emmené sur place, tu remercies l’agriculteur du coin qui te souhaite bon courage pour la suite. Tu avais répondu à cette demande parce que cela concernait des plantes, des créatures plantes aussi et que c’était dans la zone d’action du village perché en prime. Aider la population locale et les nobles leur donnant du travail faisait aussi partie du travail mine de rien.
Tu ne connais personne sur place, mais quand tu te présentes on sait tout de suite qui tu es. Visiblement, c’était des personnes bien organisées qui étaient à l’origine de la demande et cela faisait plaisir. Une seconde personne devrait arriver bientôt pour t’aider dans ta tâche et tu demande d’attendre son arrivée pour bien expliquer l’étendu du souci et de ce qui serait demandé exactement pour la suite. Vu les bruits dehors, cela ne devrait pas tarder, ta Laïum à tes pieds semblait s’impatienter de tout cela.
Secouant la tête, Yuka observa le paysage pour se distraire. S'il y avait quelques arbres aux abords de la Capitale, ce sont surtout des plaines qui l'accompagnent le long du chemin, quelques zones sauvages entrecoupées de nombreux champs et de rares zones boisées, avec quelques hameaux de taille plus ou moins modestes ici et là. En l'occurrence, il se trouve actuellement au milieu d'une étendue d'herbe verte domptée seulement par le vent et qui lui arrivent à la cheville, où l'on trouve également quelques arbres et buissons, particulièrement à proximité du chemin de terre battue, dénué de la moindre végétation à cause des passages répétés mais le long duquel on trouve plus d'arbustes et fleurs que dans le reste de la plaine semble-t-il, pour une raison que l'adolescent serait bien en peine d'expliquer.
Quelques animaux s'y trouvent, principalement des oiseaux, mais au fur et à mesure que le paysage évolue, la terre devient presque nue ou se pare d'herbes hautes où Yume disparaît aisément malgré ses 50 centimères au garrot, ne laissant même pas dépasser ses cornes. La vie semble particulièrement apprécier ces écosystèmes offrant d'avantage de cachette, même si c'est difficile à dire vu que même si on peut deviner la présence des certains animaux et que les plus grands herbivores dépassent aisément de la végétation, cela reste moins aisé pour les repérer que les plaines à l'herbe plus basse, mais où leur arrivée a vite fait de faire fuir tous les animaux présents, ne laissant que des trous ici et là et parfois des branches et autres trouvailles abandonnées.
Le duo passe même près d'une carcasse vidée qui rappelle le danger de ses lieux. Le vent y est presque omniprésent et souffle fort, ce qui peut masquer les sons, et si le temps s'avère clément et lui épargne la pluie sur une bonne partie du trajet, il ne peut pas en dire autant du soleil qui joue à cache cache, restant parfois absent longtemps, ce qui accentue le froid mais créé de magnifiques jeux de lumière sur le tapis d'herbes au vert vif qui, ajouté aux changements de sens du vent, créé un spectacle fascinant autant pour l'humain que l'esprit placidi qui l'accompagne.
Le renard semble fasciné par ces couleurs mouvantes et s'amuse souvent à essayer de les attraper, sous le regard amusé de l'adolescent qui, motivé par la présence de son familier avec lequel il se lie de plus en plus, même si ça se fait doucement, à leur rythme, avance d'un pas décidé.
Au moins, vu que Yume le laisse le toucher et aspirer un peu de sa magie, il n'a plus de soucis de ce côté là, encore plus depuis la découverte de Papillon, un œuf de glooby caché dans une de ses poches et dont il n'a aucune idée de la provenance, et Laska, un shupon dont il voulait initialement faire cuire l’œuf avant de le faire éclore par accident, comme celui du glooby en réalité. Si le vent semble peu au goût du glooby, qui reste caché dans ses poches, Laska se montre plus curieux même s'il n'ose pas voler avec les puissantes rafales.
Comme souvent, à l'approche de la ferme, tout ce petit monde se cache. Yume se rapproche également, plus sage étant donné qu'il a eu tout le loisir de se dépenser sur le chemin, et que Yuka pose son bâton contre un mur pour s'étirer tandis qu'un fermier vient le voir pour l'accueillir et le guider vers l'autre personne ayant répondu présente à l'appel. L'aventurier se dirige vers elle et lui offre un hochement de tête timide tandis que Yume l'observe curieusement de loin, visiblement très intrigué par le petit dragon qui l'accompagne.
- B'jour, moi c'est Yuka.
Autant commencer par les bases non? Un peu de politesse ne fait pas de mal, même si Yuka a toujours sa façon de s'exprimer bien à lui.
— Bonjour, je suis Xylia, enchantée. Je ne sais pas si tu as déjà chassé du Scorpouille, mais c’est une première pour moi, même si la chasse au scorpion je me débrouille pas mal et qu’il parait que mes soupes à la citrouille sont assez bonnes.
C’est une manière comme une autre de briser la glace et attaquer le sujet de face. Cela fait moins rire la personne sur le côté, enfin, ça le fait sourire quelques secondes avant de soupirer comme si son âme allait se fendre en deux dans l’acte en question.
— J’aurais bien voulu qu’on nous envoie autre chose que des gamins, mais je suppose que cela fera l’affaire… Je suis Sanofi, un des fermiers d’ici, si vous avez besoin de renseignement ou d’un coup de main qui ne demande pas d’approcher ces bestioles on peut s’arranger.
Il avait l’air clairement fatigué et tu décida de ne même pas faire attention à sa remarque sur l’âge. Un vieux crouton d’environ quatre-vingt-dix ans à vue de nez devait voir tout comme des gamins au bout d’un moment. Tu te tournes vers Yuka après avoir hoché la tête au fermier.
— Je te proposerais bien de trouver déjà vers où l’on peut les diriger avant de voir de comment les déloger d’ici. Parce que si on les déplace vers un autre endroit où cela dérange on va aider pas grand monde sur du long terme. Est-ce que cela te convient ?
Cela semble évident, alors que pas du tout, donc, tu préfères demander. Enfant, encore une fois, tu as un souvenir assez fort de déplacement de nuisible qui avait mal tourné. C’était en fin de saison fraîche, à l’aube de rentrer en saison froide, tu devais avoir une dizaine d’années tout au plus. Le temps était des plus dégagés, la mer relativement calme en bord de mer, même s’il parait qu’il y avait eu un violent orage ayant provoqué d’importants dégâts sur une flotte non préparée remplie de touristes. Un temps parfait pour rendre visite à une autre noble des Archipels et finir dans un salon beaucoup trop, dans une vaisselle beaucoup trop chère, un simple thé qui sera préparé par les domestiques de la maison. En tout cas pour ta mère c’était ce que ce temps-là voulait dire.
Il aurait été certainement plus simple de le faire chez vous et d'inviter toutes les personnes que ta mère voulait voir, c’est ce qu’elle avait prévu de faire à la base pour être honnête, mais avait été prise de court par une voisine qu’elle n’appréciait pas des masses. La politesse et bienséance demandais à ce que ta mère réponde à l’invitation soit par le positif et oublie le thé chez vous, soit refuser, mais ne puisse tout de même pas faire le thé chez elle au risque d'entraîner une mini guerre d’influence politique et risquer de voir certaine personne lui tourner le dos pour avoir osé faire une compétition de popularité jugée puérile. Ridicule comme jugement parce que tout le monde en faisait un peu de même.
Pour en revenir à nos boutons ta mère t’avait entrainé là-bas avec l’une de tes sœurs, en grognant sur tout le trajet, mais souriante comme si c’était un vrai plaisir d’être invité une fois arrivé devant l’hôte du jour. Vraiment, c’est impressionnant comme façon de faire et sans t’en rendre compte tu as beaucoup appris d’elle tout de même. Mais arrivons enfin à ce qui nous intéresse, les nuisibles, parce que c’est bien cela qui allait changer cette journée assez banale dans ta vie et qui n'aurait pas eu plus d’impact qu’une autre du même type.
Donc, vous veniez d’arriver sur place, de faire toute la partie hypocrite à base que c’était un plaisir infini d’être là et tout le bordel quand il y avait eu un rat géant qui avait été vu par la fenêtre. Cela aurait pu être parfaitement anodin si c’était l’animal de compagnie des personnes résidente sur place ou s’il n’y avait pas eu une dizaine d’autre qui avait été rapidement visible et que leur hôte n’avait pas pâlis de manière es plus inquiétant en remarquant cela avant de sortir en hurlant sur le personnel et son incapacité à savoir se débarrasser des nuisibles sur du long terme. Jusque là, encore une fois, ça allait, mais une autre personne était arrivée dans le champ de vision et avait hurlé à votre hôte de garder ces merdes pour elle la prochaine fois.
Visiblement la première avait fait s’enfuir les rats gens de sa propriété pour aller dans celle des voisins. Le thé avait été servi sur la petite terrasse donnant sur l’entrée et cela avait été assez fascinant de regarder la dispute au milieu des rats géants alors que le personnel était visiblement parti chercher à la garde et à la guilde pour avoir de l’aide contre les nuisible de manière beaucoup plus expéditive et régler ce crêpage de chignon qui se jouait sur le moment. Exactement le genre de dispute qui ne serait pas arrivé si les rats géants avaient été envoyés dans une zone neutre ou éliminés directement. Tu te souviens parfaitement du sourire satisfait de ta mère quand elle regardait la scène, un peu comme si elle voyait une punition divine pour celle lui ayant volé la préparation du petit thé qui lui tenait à cœur.
Son interlocutrice n'a cependant pas l'air du coin, à en croire sa façon de parler, ou elle fait parti de ces villageois ayant une très bonne élocution. Mais vu son équipement, Yuka en doute un peu. Mais au moins, elle ne réagit pas mal, c'est l'essentiel! Si ses paroles ne le font pas spécialement rire, du moins cela participe un peu à le mettre en confiance, à l'inverse de leur guide qui ne semble guère rassuré de les voir en charge de cette mission.
Yuka fait la moue devant l'affirmation, mais il n'est pas du genre à défendre sa soit disant fierté avec véhémence. Enfin... Pour être honnête, il aurait pu, dans d'autres circonstances. Mais ici, il se retrouve plutôt intimidé, alors il continue sur cette lancée, préférant ignorer la remarque du fermier. Qui sait, peut-être que sa sera comme son premier boulot pour Nemue? Irhu n'avait pas été très causante mais elle s'était montrée contente de leur boulot à la fin, alors peut-être qu'ici se serait pareil...
Devant la suggestion de Xylia, l'aventurier se triture les doigts, gêné.
- Hm... Parlant d'soupe d'citrouille... La chair d'scorpouille a bon goût paraît. J'imagine qu'en attraper que'qu' uns à manger pourrait dissuader les autres... Mais si y'en a beaucoup ça suffira p't'être pas. Allons voir. J'ai d'jà délogé des nuisibles, donc ça devrait aller j'imagine.
Est-ce qu'il dit ça pour se rassurer lui, rassurer Xylia ou le fermier? Même lui n'est pas sûr de le savoir... En tout cas, pour lui il est naturel de chercher à faire d'une pierre deux coups en cherchant à manger ce qu'il doit déloger, mais vu qu'elle n'a pas proposé l'idée alors qu'elle parlait de cuisine avant, il craint que l'idée la dérange, d'où sa gêne.
En tout cas, le village est loin d'être le pire qu'il ai vu. Ils sont guidés le long de la rue qui abrite les maisons, des constructions principalement faites en bois qui abritent probablement les logements. Leur état n'est pas rutilant, mais ça va. D'autres bâtiments sont plus imposants, renforcés de pierres apparentes et autres matériaux que Yuka n'a vu nulle part ailleurs dans le village. Le premier, plus joli, est l'auberge, et d'autres plus loin sont clairement des lieux de stockage pensés pour résister aux nuisibles. Une place accueille l'auberge et un magasin de bric à brac, probablement. Le reste du village ne comporte pas vraiment d'autre rue, plutôt des chemins menant à d'autres habitations ou bâtiments ayant une utilité ou l'autre, le tout entrecoupé de rares arbres.
L'intimité des gens ne doit pas être géniale, au vu du rapprochement de certaines maisons et de l'espace dégagé entre elles. Pourtant c'est pas faute d'avoir la place de s'étendre! En effet, les champs sont à une sortie du village uniquement et ne l'entourent pas, mais des irrégularités de terrain expliquent peut-être pourquoi ils n'ont pas construit comme ils voulaient. L'herbe est en tout cas bien moins haute dans le village et sa proximité immédiate, tandis que les champs ont une couleur reconnaissable même alors que la saison n'a pas commencé. En effet, la flore y est différente, et on voit le travail commencé à certains endroits, principalement à coup de terre retournée, mais il ne faut pas longtemps avant d'apercevoir les premiers trous et renfoncement dans la terre pouvant indiquer la présence des nuisibles recherchés.
Plusieurs grands champs s'étendent ainsi devant eux, vides de toute présence humaine, mais pas de vie au vu des mouvements dans les herbes qui semblent réagir à leur approche. Sûrement des scorpouilles venus voir s'il s'agissait d'une nouvelle tentative des fermiers de les repousser.
Yume s'est redressé, humant l'air, visiblement curieux, et Yuka s'accroupit aussitôt à ses côtés, inquiet, pour lui caresser doucement le cou.
- T'pars pas fur'ter là d'dans sans moi hein? On sait jamais!
L'esprit placidi n'a pas exactement le même gabarit que lui, alors prédateur ou non, qui sait ce que ça pourrait donner entouré de scorpouilles! Mais d'un autre côté, sa présence pourrait les aider à faire fuir les animaux ou du moins à les orienter vers une direction en particulier. Levant la tête, Yuka continue son observation des environs, songeur.
Les scorpouilles avaient du être attirés par les restes de nourritures du champ de la saison dernière. Ils n'avaient pas spécialement de raison de rester, mais comment s'assurer qu'ils iraient assez loin pour ne pas risquer de revenir sur leur pas poser le même problème, ou bien aller enquiquiner un village voisin? Non, vraiment, en grignoter quelques uns pour l'exemple ne lui paraissait pas être une mauvaise idée, même s'ils ne se limiteraient sans doute pas à ça. Que Xylia approuve ou non l'idée, il fallait aussi estimer leur nombre. Et pour ça, il faudrait sans doute mettre la main à la patte eux-même. Mais ça n'effrayait pas vraiment Yuka. Se serait peut-être un moment désagréable à passer, mais au moins ces bestioles n'étaient pas dangereuses - quoi qu'il valait mieux ne pas sous estimer leur surnombre - et ils étaient deux, donc ça devrait aller, non?
— Nous avons déjà tenté en fait…
C’est une vieille femme qui vient de dire cela, le dos vouté et la mine fatiguée.
— Je suis la personne qui gère le lieu à la base, mon fils Sanofi est un peu sur les nerfs, mais c’est que la récolte de cette année compte beaucoup pour le mariage de ma petite fille et… Enfin, les faire bouillir en soupe, même si c’est très bon, ça ne fonctionne pas…
Dommage. Vraiment dommage pour le coup, après, ce n’était peut-être pas ainsi qu’il faut les faire cuire pour que cela fonctionne.
— C’est peut-être en grillade, mélanger avec l’odeur du feu que cela aura plus d’effet pour les faire fuir… On enfume bien des lieux pour faire fuir, alors bons… Dans tous les cas, ce ne sont pas en restant à se regarder dans le blanc de vos beaux yeux à tous que cela va changer notre mission.
Trois rires au moins te répondent et tu as Freesia qui se met à sautiller sur place pour monter pour partir à l’aventure.
— Le plan sans avoir vu l’état des dégâts ne servira à rien pour le moment. Je prends de ce côté-là, tu t’occupes de l’autre ?
Vu la façon dont Yuka mange ces mots, tu préfères lui montrer directement l’endroit que de miser sur le concept de droite et gauche, pour le coup tu lui montres que tu t’occupes de la gauche des lieux et y vas sans plus te poser de question. Ce n’était même pas une insulte sur son intelligence, c’est dur pour tout le monde ce concept-là. Même à la garde.
Il n’y a même pas une semaine, un garde des Belluaires, de la division des Tortugrams, un brave gars en plus à la base, nous l’appellerons Boussole pour préserver son identité et qu’il faut bien avoir un truc qui soit juste avec son orientation à ce brave homme. Bref, il n’y a pas une semaine ce garde était de patrouille dans le village perché, rien de bien affolant. C’était le genre de journée classique et basique qui se passe sans qu’il n’y ait le moindre souci. On aide pour porter deux trois caisses pour le commerçant du coin ou alors on arrête une dispute sur le prix du lait de lapin fromager, ce genre de chose classique.
Ce brave et loyal Paul était seul dans sa section de patrouille, proche du téléporter du coin et du coin un des coins avec facilement des touristes ou nouveau visiteur pour replacer le contexte exact de la scène. Donc, il était là, à aider une enfant à la base à ramasser les courses qu’elle avait fait tomber après s’être emmêlé les pieds dans une racine qui ressortait un peu trop du sol. Dommage pour les œufs qui ont fini en belle omelette sur l’herbe fraîche.
Pour vous donner tout le contexte, parce que le contexte c’est important, il portait une tenue assez étouffante de base, il avait eu peur d’avoir froid le matin en sortant du lit. C’est la version officielle, la version officieuse était qu’il avait oublié de mettre ses affaires au sale et il s'était retrouvé plus ou moins sans rien d’autre pour ne pas se retrouver cul nul en pleine patrouille. C’est un peu con comme situation de base, mais la situation finale n’est pas mieux, ne vous inquiétez pas, on y arrive, doucement.
Maintenant que toute les base sont posé, il faut aussi parler de Tarte aux pommes, une brave mamie que nous garderons aussi anonyme pour le bien de la réputation de tout le monde, oui, c’est long, mais c’est sa spécialité et elle a se taper le cul au sol plusieurs fois de suite quand on la savoure. On la savoure toujours. Donc, Tarte aux pommes venait voir sa petite fille qui s'était installée au village perché il y a moins de deux semaines, pour lui offrir des tartes aux pommes fait maison, vraiment une bonne mamie toute gentille. C’était sa toute première fois au village perché et ne connaît pas du tout les directions du lieu.
Vous avez tout en tête du coup ? Parfait ! Donc, tout simplement, en voyant Boussole aider bravement un habitant Tarte aux pommes lui a demandé son chemin. Rien de bien compliqué, mais Boussole s'est trompé et a dit droite au lieu de gauche tout au long de l’explication et la brave mamie s'est perdue. Il a fallu la retrouver en pleine forêt parce que cela l’avait amené là-bas au final.
Donc, tout cela pour dire, vraiment le fait de confondre la droite et la gauche c’est une affaire de tous, même des gens très sympas comme Boussole.
Les rires le prennent un peu au dépourvu. Il y avait quelque chose de drôle dans ce que Xylia venait de dire? Il n'a pas relevé... Autant avoir l'air amusé, même si ça doit avoir l'air un peu forcé, et passer rapidement à autre chose. De toute façon, les regards sont plus portés sur elle que sur lui, donc avec un peu de chance personne n'a rien remarqué!
Bien vite, ils se répartissent chacun d'un côté du champ pour voir l'étendue des dégâts, et a priori sans intention hostile envers ses occupants pour le moment. La formulation de Xylia est claire, aussi Yuka s'occupe du côté désigné rapidement. Pas de quoi être vexé si on ne sait pas que l'autre a volontairement adapté sa formulation pour être plus simple. Il a de toute façon l'habitude qu'on le sous estime, et a bien du mal à contredire les gens au vu de sa confiance en lui, entre ça et les fois où il ne s'en rend pas compte, mais c'est vrai que ça a tendance à l'agacer. Oui, il mâche ses mots, mauvaise habitude dont il n'arrive pas à se départir plus de quelques secondes et avec beaucoup de concentration, mais c'est pas ce qui le rend idiot pour autant, non mais!
En tout cas, le premier champ est sûrement le moins beau à voir! Les scorpouilles n'ont pas l'audace de s'y promener à découvert, mais on devine à l'état du terrain qu'ils se sont fait un plaisir de fouiller et retourner la terre, sans parler de la grignoter. Seul les premiers mètres du champ, les plus proches des habitations, présentent encore les traces régulières du labourage, les créatures n'étant visiblement pas téméraires au point de s'approcher si près des premières maisons qui le jouxte. Il faut dire que ce champ là est collé aux maison de fin du village, ainsi qu'à une cabane à proximité servant à stocker des outils.
Au fur et à mesure de leur progression dans le champ, les trous et la terre retournée laisse place à une végétation éparse, constituée de quelques plants de la précédente plante récoltée ici mais surtout beaucoup de mauvaises herbes. Des ombres apparaissent, sur la défensive : les scorpouilles veulent défendre leur territoire. Yume leur aboie dessus, ce qui semble faire reculer la première, mais Yuka préfère faire le tour, incitant le renard à faire de même, pour ne pas risquer une attaque. Il n'a même pas parcouru la moitié du champ, il veut finir l'état des lieux avant de se retrouver aux prises avec eux.
Il finit par arriver au bout, où une bâtisse en bois, telle la cabane de l'autre côté du champ mais en plus gros, avec probablement des outils plus imposants, d'où partent d'autre champ qu'il se met également à observer et explorer, partant du bord pour aller vers le centre et vers Xylia alors qu'il observe les traces laissées par les scorpouilles dans le bois de la cabane. Au moins, elles n'ont pas réussi à entrer! Mais sa présence gêne, il se sent suivi, et en effet, les mouvements se fond plus nombreux dans les herbes, qui même si elles sont plus denses que dans le premier champ laissent entrevoir les nuisibles. Pour l'instant, ils se tiennent à distance, mais ça risque de ne pas durer, ils risquent de se sentir rassurés par leur nombre. Yume marche à proximité de Yuka pendant que ce dernier longe une ornière marquant la délimitation d'un champ, observant les trous de tanière dans et hors du champ, parfois surpris par un claquement de pince lorsqu'il passe trop près. Brandir son bâton suffit à les repousser, mais il n'est pas serein, et il est bien content de ne pas y être allé désarmé. C'est que les scorpouilles d'ici ont l'air bien agressifs, en effet... Il comprend mieux la réaction des fermiers.
Enfin, Yuka rejoint Xylia au milieu des champs, et il se masse la nuque avec une grimace.
- Z'ont l'air nombreux et pas d'bonne humeur, c'pour sûr! Un p'tit peu trop pour les virer à la main. L'idée d'la grillade c'pas trop mal. Sinon, vu qu'c'est d'la mauvaise herbe, on peut essayer d'tout cramer en sécurisant les bordures pour éviter qu'ça s'propage à toute la prairie. S'cacher sous terre suffira pas, et ça f'ra un bon fertilisant pour la récolte suivante.
Un feu bien maîtrisé, c'est toujours utile. Le premier champ était assez dégagé à proximité des habitations pour ne rien risquer, et il suffisait de préparer les alentours pour éviter la propagation. Ce serait un peu long pour éviter de se retrouver avec un feu incontrôlable, et mieux vaudrait être à proximité à surveiller le vent avec de l'eau pas loin au cas où, mais ça lui paraissait quand même être l'option la plus simple vu le nombre et la surface!
— Peut-être pas le feu, mais un prédateur ou une plante qui les fait fuir. Le souci du feu c’est qu’il y a des risques de propagation… Hum… Je me demande s’il n’y avait pas des plantes de base ou créatures dans le coin qui servaient de répulsif aux scorpouilles, mais que des changements ont provoqué leur disparition.
— C’est n’importe quoi.
— Sanofi, laisse-les travailler.
— Mais ils souhaitent brûler nos cultures ! Si c’était la solution, on l’aurait fait de base !
L’homme est clairement agacé et semble prêt à jeter les deux personnes venues pour régler le problème initial bien loin de l’exploitation. Tu le regardes un moment sans rien dire et au final soupire un grand coup.
— On oublie l’idée du feu, mais arrêter d’être autant stressé.
— Sa femme est enceinte et si les récoltes sont mauvaises il a peur qu’elle se stresse et que cela soit mauvais pour l’enfant.
— Comme si tu avais besoin de parler de cela.
Pour le coup tu comprends un peu plus. Ton regard se porte sur les nombreux indésirables et sort sa lame.
— Retirons le plus gros et observons si ce geste les fait fuir, au pire on commence à avoir de super élément pour une soupe
La vielle femme ricane à ton idée et vas attraper une fourche en disant qu’elle aillait aider à l’effort de guerre, son fils soupira, mais suivis le mouvement un peu plus de bonne grâce. Tu te tournas vers Yuka avec un immense sourire aux lèvres.
— On pourra toujours faire brûler les restes des carcasses à plusieurs points stratégiques autour des plantations pour voir les effets… Peut-être voir s’y brûler certaines plantes fonctionne ou pas. Je sais que les souris vers moi détestent l’odeur d’eucalyptus.
Il y avait eu une sacrée invasion de souris dans ton enfance, on parlera de celle des crabes plus tard si on a le temps. Cela revenait, à la toute base, d’un navire marchand du continent où les vérifications de la non-présence de nuisibles n’avait pas été faite, ainsi que de non-utilisation de prédateurs à bord pour aider à régler le problème. Ce navire en question avait eu bien des soucis, entre manque de nourriture, envie de mutinerie, rencontre avec pirate, taxe énorme à payer à des gens peu recommandables au port de l’île. C’était comme si les Astres tentaient de l’éloigner d’ici, mais ce fut viens et une partie des nuisibles à bord sortir pendant que l’équipage faisait des affaires en ville.
Cela n’a pas beaucoup de rapport avec la suite, mais l’équipage ayant apporté autant de nuisibles avait vu son équipage souffrir du scorbut sur le retour et il n’y eut que la carcasse du bateau qui fut retrouvé des lunes plus tard sur une plage abandonnée. On disait que la guilde avait été mandatée pour récupérer les corps à bords, mais il était entièrement vide et plus aucune trace de rien n’était visible, ni chargement, ni rat, ni corps. Il n’y avait même aucune trace de lutte ou que le navire était endommagé. Cela était un grand mystère et peut-être qu’il sera résolu, mais reprenons l’explication de l’invasion de souris.
Beaucoup d’habitation avait eu ce problème de rongeur et tout le monde s’entraidait sur l’île pour trouver la solution la plus rapide et efficace à ce mal. Vraiment tout le monde. Il avait été même interdit d’accoster le temps que le nombre se calme. Certains parlent de malédiction étrange, d’autre de pouvoir fou, personne ne savait vraiment ce qui provoquait une telle invasion une fois les rongeurs là. Quoi qu’il en soit, un jour un Saphir était venu accoster sur l’île, c’était mis à faire brûler des l’eucalyptus à des torches en fer devant les habitations et faire chasser son griffon et rapidement l’invasion avait disparu et tout était revenu à la normal comme avant.
Il est temps de vous dire ce qu’il s’est passé ensuite. Parce que le temps passe, les souvenirs aussi, mais les scorpouilles sont toujours là. Beaucoup trop là. Assez pour que cela grogne encore plus dans cette maison. Au final, tu as vu une plante que tu n’avais point vue à la base dans ce champ rempli de créature, mais bien présent dans la maison.
– Vous n’avez pas planté de lavande autour de vos plantations ?
– On les a retirés cette année, ça prenait trop de place pour rien.
– Et vous avez une invasion de scorpouilles depuis ?
– Parce qu’il a fait plus doux.
– Cela repousse aussi naturellement les scorpouilles et scorpions, en tout cas c’est ainsi que cela fonctionne dans les Archipels.
– Oh ! C’est pour ça que les vieux les mettaient ?
– Possible.
– Mais on a besoin de les faire fuir avant.
– Du coup, on peut juste tuer ceux qui sont là, mais ne pas se faire de souci de la suite en replantant des plants par la suite.
– Oui, du coup, ça règle le problème sur du long terme si c’était exactement ça.
Il y a un regain d’enthousiasme dans la voix de Safoni, ça te fait sourire alors que tu prépares ton arc et tes flèches pour commencer la chasse des créatures présente sur place. Cela fera un bon entrainement en plus. Tu laisses Yuka s’en occuper aussi de son côté. Flèche après flèche, les scorpouilles tombent comme des mouches et toute la chair fera une très grande soupe en tout cas. Assez pour faire un repas avec les villages autour, un futur fête toute cette histoire. Il y a une commande de plant de lavande qui est aussi prise pour la suite, quelque chose que tu ajoutes dans le rapport pour Nemue. Il faudra simplement voir sur du long terme si cela sera effectivement efficace pour eux.
Au fond d’elle, Nemue n’avait pu s’empêcher de faire les cent pas concernant la tâche qu’elle avait confiée à Xylia et Yuka. Bien qu’elle ne les ait pas rencontrés personnellement pour cette mission, elle ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter pour eux. Affronter des scorpouilles n’était peut-être pas chose facile, mais elle savait aussi que Sofani n’était pas toujours des plus commodes. Cela devait être pire, puisqu’il ne pouvait pas commencer à semer les nouvelles plantations. Tout ce qu’elle espérait c’est qu’à cause de cela il n’y aille pas trop de retard. Enfin, Nemue était du genre bon cœur et pouvait bien aider la famille de Sofani en leur faisant une avance sur les cristaux qu’elle devrait leur verser pour les aider à subvenir à leur voisin. Ils avaient toujours été bons avec elle et les produits toujours de bonnes qualités.
Ce n’est que quelques jours plus tard qu’elle reçut finalement le rapport écrit de mademoiselle Mavrocordato qui faisait mention de tout ce qui avait été fait durant cette journée. Ils avaient chassé les nuisibles et avaient utilisé leur chair pour concevoir un repas invitant tous les habitants du coin. C’était une façon de ne pas gaspiller et cela fit sourire l’apothicaire. Évidemment, elle nota rapidement la solution qui avait été émise après l’éradication des scorpouilles. Il semblerait que le choix de retirer, dans un premier temps, les plants de lavande fut la cause de l’invasion et ils décidèrent finalement de replanter ces dernières à des endroits stratégiques pour éviter que cela ne se reproduise.
Nemue avait donc noté ce qu’elle venait d’apprendre concernant les effets que cette fleur pouvait avoir sur les scorpouilles et autres semblables. Peut-être y trouvera-t-elle une nouvelle utilité à cela, mais dans tous les cas, le travaille avait été fait et rapidement aussi.
Elle s’était donc assurée avec Sofani qu’il verse la récompense à ces deux jeunes gens, puisque cela prendrait bien trop de temps à elle ou même Lith, qui avait pour habitude de faire ses commissions, pour les rejoindre. Et l’idée d’essayer des les retrouver par la suite n’était pas une bonne idée. Xylia avait peut-être une adresse où la retrouver, mais pour ce qui était de Yuka, il était plus difficile de savoir où il vivait puisqu’il semblait se promener dans tout le royaume librement.
L’apothicaire replia finalement le parchemin et le rangea dans son bureau avant de se servir un verre de whisky et s’allonger sur la chaise longue qui se trouvait dans le coin de la pièce. Elle pouvait enfin se reposer maintenant qu’elle savait que les horticulteurs pouvaient reprendre leur travail.
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