Les Chapardeurs
Inaros
Une vive agitation secouait tous les amateurs d’art depuis quelques jours. Le Glooby aux mille couleurs était passé aux enchères, suite au décès de son ancien possesseur, et valait, disait-on, un gros paquet de cristaux.
Sous son costume de serveuse, le mercenaire souriait. Il avait été aisé pour lui de s’infiltrer dans ce lieu de débauches pour récolter quelques informations sur cette mystérieuse sculpture. Son contrat était simple, récupérer des informations sur la dite œuvre, nommée le Glooby aux mille couleurs, et, si possible, la rapporter. Le commanditaire était une femme âgée d’une trentaine d’années qui n’avait pas précisé ses motivations. Tout ce qui importait pour Inaros, c’était les cristaux à la clé. Il aurait aussi pu songer à lui-même revendre l’objet du vol au marché noir, mais son honneur de criminel le lui interdisait. Il ne s’était pas forgé un nom et une réputation en crachant sur ses contrats. C'était un homme qui tenait parole.
Puisqu’il se trouvait dans un lieu de jeu et de débauches, il s’approcha du petit groupe d’individus qui jouaient aux dés. La partie avait débuté une vingtaine de minutes auparavant et, Inaros le savait, l’un d’eux avait en sa possession le Glooby aux milles couleurs. Il avait passé plusieurs jours à chercher sa trace. Il l’avait finalement trouvé entre les mains d’un quadragénaire, ancien aventurier qui avait décidé de raccrocher pour finalement profiter des privilèges de sa noblesse. Les raisons pour lesquelles il avait l'œuvre en sa possession était néanmoins toujours un mystère mais, tout ce qui comptait pour Inaros, c’était de s’assurer qu’il ne la mettrait pas en jeu ce soir… Ou du moins de savoir qui en serait le prochain propriétaire. Si jamais il conservait son bien, alors il espérait bien le prendre en filature jusqu’à sa demeure.
Il savait qu’il n’avait pas ramené avec lui la sculpture et qu’elle était bien protégée chez lui. Sûrement trop pour que le mercenaire espère s’y introduire pour la dérober. Avec Monsieur chez lui, les choses seraient peut-être plus faciles.
« - Un peu de vin pour ces messieurs ? » Demanda-t-il, d’une voix suffisamment forte pour couvrir le brouhaha ambiant et la musique de fond.
Sa cible, le grand brun avec une chemise turquoise, leva la main pour signifier qu’il en voulait davantage. Inaros s’approcha, versant le liquide dans le verre de l’homme. La vaisselle trahissait le certain raffinement du lieu, qui était presqu’exclusivement réservé à un public masculin. Les rares demoiselles présentes étaient bien trop peu vêtues pour prétendre pouvoir s’installer d’égale à égale aux côtés de ces quelques fortunes.
En relevant la carafe et en la reposant sur le plateau, il se demanda pendant un instant si ce n’était pas l’adresse d’Ivara et son salon de thé qui l’aidait à se débrouiller aussi bien. C’était comme si les gestes étaient automatiques et qu’il avait toujours fait ça. Il fallait dire aussi qu’il était parfaitement à l’aise dans ce corps. Depuis qu’il « l’habitait » il le considérait comme un outil. Il s’en était servi à plusieurs reprises, le trouvant presque aussi pratique que son corps masculin. La main de l’homme à la chemise turquoise s’attarda sur sa hanche, tandis qu’il réclamait que la serveuse amène quelques amuses-gueules.
En effet, bien qu’il soit un homme à l’intérieur, Inaros arborait un physique de femme. Comme les autres, il avait revêtu la tenue officielle de l’établissement. Son petit chemisier était ouvert sur un pendentif en verre, création spéciale d’Ivara, qui capturait les reflets de la lumière. Ses longs cheveux étaient détachés, bruns pour l’occasion grâce à l’utilisation du peigne magique. Et, sans doute que sa cible n’était pas insensible à ses charmes. Plus la soirée passait et plus ses regards étaient appuyés et se voulaient charmeurs.
La partie se poursuivit, jusqu’à ce que l’un des joueurs réclament une pause… Qui fut acceptée. Le moment idéal pour l’homme à la chemise turquoise de se lever pour s’approcher du mercenaire. Souriant intérieurement, Inaros attendit qu’il s’approche, faisant mine d’essuyer quelques verres derrière le comptoir.
Ivara/Inaros feat. Obsidian
“J’ai décidé de faire appel à vous grâce aux précieux conseils de votre père Obsidian. Comme vous le savez, j’ai souvent engagé Voron pour diverses missions, malheureusement il n’était pas disponible pour celle-ci.” Déclara une voix féminine d’un ton ferme et clair. Tu connaissais assez bien ta commanditaire, tu pouvais presque la qualifier d’amie de ton père. Elle avait un peu plus de la soixantaine, mais se comportait comme si l’âge n’avait aucun impact sur elle. Noble était sûrement le qualificatif qui lui correspondait le mieux. Elle se tenait droite, son regard vif et impérieux plongé dans l’or de tes yeux. C’était une belle femme, où plutôt elle avait été une belle femme, cela se voyait dans les traits fins et harmonieux de son visage désormais ridé par les années. Elle haussa un de ses sourcils finement dessinés. “Vous avez dû entendre parler du Glooby aux mille couleurs qui est récemment revenu sur le marché ?” Demanda-t-elle alors que ses doigts longs et fins, semblable à ceux d’un pianiste, vinrent caresser une gravure représentant cette fameuse statuette. Un geste empreint d’affection...mais surtout d’avidité. Sa peau pâle contrastait avec sa robe noire qui semblait assez austère à première vue puisqu’aucune fioriture ne venait l’égayer, mais dont le tissu et les finitions étaient de haute qualité. Elle ne portait plus que ce type de robe depuis le trépas de son époux, bien qu’elle eût toujours privilégié les tenues sans froufrous, ni couleurs vives. Si sa prestance, ou son bureau n’avaient pas été des preuves de sa richesse, sa tenue et ses accessoires l’auraient trahi car un œil avisé aurait rapidement compris qu’ils coûtaient une petite fortune. “Je le veux.” Ajouta-t-elle sans attendre la moindre réponse, d’un geste élégant elle poussa les documents vers toi. “Voici toutes les informations que j’ai pu avoir sur le nouveau propriétaire. Je compte sur vous Obsidian... Je serai extrêmement déçue si vous échouez à me le ramener.” Et sur ces derniers mots, elle quitta son fauteuil pour se diriger vers l’unique et immense fenêtre de la pièce. Sa chevelure, réunie en un haut chignon, paraissait encore plus blanche à la lumière des derniers rayons de soleil. Elle joua quelques instants avec le collier de perles nacrées assorti à ses boucles et son bracelet. Puis, elle croisa ses bras un peu trop minces dans le creux de ses reins alors que son regard semblait se perdre au loin. Elle te semblait soudainement solitaire avec son corps frêle, mais tu ne prononças pas le moindre mot pour briser le silence qui s’était installé. Elle te tournait désormais le dos, ce qui était sa façon de te congédier. Après une révérence, tu quittas la demeure de la vieille noble, tu avais un travail à accomplir et cela même si tu n’étais que le “second choix”.
Des ronds de fumée s’échappaient de tes lèvres alors que tu lançais les dés faisant soupirer de frustration tes adversaires après une énième victoire de ta part. Les pauvres n’avaient pas eu de chance contrairement à toi. Tu n’avais même pas eu besoin de tricher, si ce n’était pas beau ça. Avec un sourire hautain, tu ramenas les mises qui étaient posées sur la table vers toi. C’était un bon petit bonus à la somme que tu gagnerais après avoir remis le glooby aux mille couleurs à ta cliente. Installé dans un fauteuil dans une posture assez lascive, tu avais tout du jeune noble décadent qui aimait dépenser toute sa fortune dans les jeux et autres frivolités. Tu fis rouler les cristaux entre tes doigts, alors que du coin de l’œil, tu repérais ta proie. Il se démarquait du reste des nobles qui fréquentaient l’établissement. Son physique était plus développé grâce à son passé d’aventurier. Il avait un air plus sauvage peut être ? Et tu avais surtout remarqué qu’il aimait jouer. Un peu trop peut-être et cela te serait profitable. Quoi de mieux que se servir des faiblesses des gens pour obtenir ce que l’on désirait ? Tu avais fait appel à certaines de tes connaissances qui te devaient des choses pour pouvoir entrer dans cet établissement.
Au cours des derniers jours tu avais fait pas mal de recherches à partir des documents donnés par Dame Blackwood. Et tu avais pu apprendre des choses intéressantes sur lui... Très intéressantes même, mais tu devrais rapidement tirer ton épingle du jeu car tu n’étais pas le seul sur ses traces. Le nouveau propriétaire était un homme difficile à atteindre et qui avait parfaitement su cacher son nouveau bien aux yeux de tous. La seule manière de savoir où se trouvait la cachette, était de questionner directement l’homme ou de le pousser à en sortir le glooby. Alors que tu jouais la dernière manche de la partie, tu le vis quitter sa chaise et chercher quelqu’un de regard. Quelqu'un qui s’avérait être une des serveuses. C’est vrai qu’elle était pas mal. A ton goût même. Tu jetas une dernière fois les dés, sans prêter attention aux jurons des autres joueurs. De vrais perdants. Tu te levas, attrapant la dernière bourse pour aller intercepter l’homme avant qu’il ne se décide à convaincre la petite brunette de passer un moment plus ou moins agréable avec lui.
Tu traversas l’assemblée assez rapidement, comment l’aborder sans paraître suspect ? Tu ne voulais pas attirer ses foudres en l’empêchant d’aller séduire une des demoiselles peu vêtues qui travaillaient en ces lieux. Puis, tu la vis ta chance. Une chance qui se résumait à un poivrot malchanceux qui dans sa colère de perdre à nouveau, fit tomber sa chaise avant de se mettre à injurier ses partenaires et à les accuser de tricher. L’homme tremblait, balbutiait des accusations, tout secouant son verre de vin en direction d’un de ses voisins de table. “C’est un spectacle assez... divertissant que nous avons là.” Souffles-tu alors que tu es désormais aux côtés de ta cible. Comme une partie des gens se trouvant dans la pièce, il avait arrêté ce qu’il était en train de faire pour contempler la scène. Tu lui souris avec amusement quand il te jette un regard. ”Créer un tel établissement pour agir comme les ivrognes des tavernes fréquentées par la garde et le reste de nos bons concitoyens.” Il te regarde quelques secondes, avant de sourire à son tour. “Ca me rappelle de bons souvenirs.” Déclara-t-il, en rependant sûrement à ses années comme aventurier et à parcourir le pays. Tu hoches la tête pour approuver ses dires. “Il y a toujours de l’ambiance dans les auberges... Mais je dois avouer qu’ils ont aussi de bons arguments ici aussi... Commentes-tu en lorgnant une serveuse aux boucles blondes qui tentait de calmer le noble énervé. Sa petite tenue ne laissant que peu de place à l’imagination. Vous restez tous les deux à profiter des formes plutôt généreuses de la demoiselle avant que tu ne te tournes vers lui, tendant ta main alors que tu te présentais :”Ekaitz Aillim, enchanté de vous rencontrer.” Sa main se referma sur la tienne avec force, l’homme avait manié les armes pourtant longtemps et ça se sentait dans sa prise. “Antoirel Jouvemont, je ne vous avais jamais vu ici jusqu’à maintenant. ” Tu hoches la tête positivement. “En effet, c’est ma première fois ici. Je ne vais pas si souvent à la Capitale, mais un ami m’a conseillé de venir ici. Je craignais de m’ennuyer, mais finalement je ne suis vraiment pas déçu. Il faut dire que j’ai été relativement chanceux ce soir.” Soufflas-tu d’une voix suave tout en jouant avec le joli pactole que tu avais amassé depuis le début de la soirée. Action qui ne passa inaperçu aux yeux de ta cible. Tu vis naître dans le regard de l’homme un sombre désir comme tu t’y attendais. Monsieur était accro aux jeux et avait des dettes. Il espérait sûrement revendre à prix fort le glooby qui recevait tant d’attention en ce moment. Tu vis l’homme déglutir, avant de redresser la tête pour te sourire, soudainement bien plus intéressé par ta personne. Il semblait avoir oublié pour quelques instants ses envies de batifoler avec une des rares femmes présentes. “Que diriez-vous de prendre un verre ou de jouer quelques parties avec moi ? J’aimerai profiter de mon séjour à la capitale pour faire de nouvelles rencontres et vous semblez être quelqu’un de sympathique. Je suis sûre que vous pourriez me faire découvrir des tas de choses ! ”[/b] Maintenant que tu avais tendu la perche, il ne te restait plus qu’à croiser les doigts pour que le poisson mode à l’hameçon.
Défi rp Solstice: 200 mots description physique
Les Chapardeurs
Inaros
Tandis que l’une des serveuses s’affairait à aider l’homme qui venait de tâcher ses vêtements avec la liqueur rouge, Inaros remarqua que Monsieur Jouvemont se faisait aborder par quelqu’un d’autre. Est-ce que l’arrivée de l’étranger l’avait contrarié ? Oui. Est-ce que ça l’amusait ? Aussi. Et puis, il se mit à le détailler, lorgnant son faciès comme s’il avait été une bourse de cristaux bien remplie. Petit à petit, son expression se décomposa et il rattrapa de justesse le verre qu’il avait longtemps essuyé ; la surprise était telle qu’il avait glissé entre ses doigts.
Ce regard, ces cheveux, ce sourire narquois… Impossible pour le mercenaire de l’avoir oublié. Il s’en souvenait même très bien. Il s’agissait d’Obsidian, ami d’enfance qui avait trempé dans les mêmes activités illégales que lui. Tantôt alliés, tantôt ennemis, ils s’étaient croisés à de maintes reprises, grandissant à la fois ensemble et séparément. Inaros ne croyait pas au hasard. Si Obsidian était là, c’est qu’il avait les mêmes vues que lui sur le Glooby aux mille couleurs et voulait s’en emparer. La discussion qu’il avait avec la cible était un argument assez solide à lui tout seul. Il savait que le mercenaire ne faisait pas dans l’humanitaire. Il avait forcément un plan. Un plan qui pourrait déjouer le sien.
Reprenant contenance, Inaros reposa soigneusement la vaisselle et s’empara d’une carafe d’alcool. Il fit le tour du comptoir, s’approchant du duo qui n’avait pas encore bougé. Jouvemont avait une étincelle nouvelle dans le regard, comme si son interlocuteur avait éveillé son intérêt. Beaucoup éveillé. De quoi pouvait-il donc bien avoir parlé ? Il pourrait sans doute le découvrir tôt ou tard. Pour l’heure, Obsidian allait avoir le droit à une petite surprise.
Les deux hommes s’étaient éloignés pour s’installer dans une des petites pièces privatives de l’établissement. Là, ils seraient tout à leur aise pour continuer de boire et faire quelques parties. Le mercenaire au corps de femme les y suivit, refermant soigneusement la porte derrière lui pour éviter que le brouhaha ambiant ne vienne les déranger.
Inaros, désormais à proximité de leur table, leva la carafe et en proposa aux deux hommes. Sa voix fluette trompait sur sa véritable identité et il aimait s’en servir à outrance. Dans ces moments-là, c’était comme si son propre esprit s’effaçait et qu’il oubliait que ce corps était aussi le sien. Ce n’était plus qu’un instrument. Un instrument suffisamment efficace pour le sortir de mauvais coups.
- Un verre pour ces messieurs avant leur partie ?
- Volontiers, mademoiselle.
Comme si c’était naturel, il versa un peu de liqueur dans le verre de Jouvemont, avant d’en proposer à Obsidian.
Il laissa un flottement d’à peine quelques secondes, ne laissant pas vraiment le temps à Obsidian de répondre. Il s’exclama alors, d’un air qu’on aurait dit presque théâtrale pour quiconque savait que c’était un mensonge, mais qui était assez convaincant pour ceux qui n’y connaissaient rien.
- Monsieur Jouvement, attention ! Ce voleur en veut à votre argent ! Pas plus tard que tout à l’heure, j’ai surpris une conversation entre lui et ses acolytes ! Il vous veut du mal ! Disait-il en pointant Obsidian de sa main libre.
- Que… Quoi ? Monsieur Aillim, que me raconte cette demoiselle ?
- Non, non ! Ce n’est pas son nom ! C’est Monsieur De Yllor ! Il est dangereux, je…!
Un regard entendu vers Obsidian. Celui qui voulait dire qu’il savait qui il était réellement. Un sourire à demi-esquissé également, pour montrer que le jeu ne faisait que commencer. Puis un cri s’étranglant à moitié dans sa gorge pour mieux jouer la comédie et mimer la serveuse effrayée qui se jetait sur la porte pour l’ouvrir et sortir de la pièce.
Les chapardeurs contre le glooby aux mille couleurs
Inaros & Obsidian
Ah, il avait été si facile de convaincre l’ancien aventurier de passer sa soirée avec toi. Il t’avait suffi de montrer une bourse bien dodue, de jouer un noble fraîchement arrivé à la Capitale et qui désirait s’amuser et voilà que l’homme endetté s’accrochait à toi. Bon, il pensait sûrement pouvoir se refaire en jouant quelques parties avec toi, tu le laisserais même en gagner quelques-unes pour attiser sa convoitise. L’homme ne saurait s’arrêter et ça serait sa perte. Tu allais l’obliger à bouger le glooby de sa cachette et tu agirais à ce moment-là. C’était un plan relativement simple, plus dans le jeu d’acteur que dans les exploits techniques pour trouver des informations.
Jouvemont te guida jusqu’à une des petites pièces privatives, tu lui accordas un sourire poli en t’installant en face de lui alors que la porte se refermait doucement à côté de toi... avant de se rouvrir sur une jolie brune. La nouvelle venue portait la tenue de l’établissement et tenait dans ses mains de quoi vous rafraîchir. Grande, svelte et des formes assez généreuses pour capter le regard des plus libidineux des clients, tu devais bien avouer que la jolie brune était attirante. Cependant, avant même qu’elle ne parle, tu remarquas quelque chose. Une toute personne que seuls les plus observateurs remarqueraient : elle possédait un corps entraîné. Elle n’était pas une simple serveuse. Elle était...
- Monsieur Jouvement, attention ! Ce voleur en veut à votre argent ! Pas plus tard que tout à l’heure, j’ai surpris une conversation entre lui et ses acolytes ! Il vous veut du mal !
S’était-elle exclamée d’une voix fluette en pointant un doigt accusateur dans ta direction. Tout comme ta cible, tu laissas échapper une exclamation surprise, d’autant plus qu’elle ne s’arrêta pas là. Tu perdis une seconde à la regarder jouer la femme effrayée avant de réagir. Tu jetas un regard déconcerté à l’ancien aventurier tout en relevant, les mains levées de manière à montrer que tu étais désarmé.
”Je...” Ton regard reflétait ton incompréhension alors que la demoiselle en profitait pour quitter la pièce. ”Je ne comprends pas ce qu’elle raconte Monsieur Jouvemont.” Ne pas s’énerver, jouer le gars perdu qui se faisait accuser pour rien. ”Pourquoi je voudrai voler quelqu’un ? C’est parfaitement ridicule.” Tu avais reniflé sur la fin de ta phrase. Tu regardas Jouvemont. ”Nous devrions prévenir le gérant ou ses collègues.”
L’homme te fixait sans bouger. Et tu pouvais deviner ce qui se tramait dans sa tête. Qui devait-il croire ? Toi, un inconnu d’origine noble ? Ou une serveuse tout aussi inconnue ? Son regard se posa un instant sur ta bourse, tu l’avais placé sur la table de manière à attirer son attention. Tu avais envie de lui crier de réfléchir un peu. Quel était ton intérêt à le voler alors que tu lui montrais que tu ne manquais pas d’argent ?! ”Regarde les cristaux connard!” Il recula, vous regarda à nouveau, hésitant.
”Monsieur Jouvemont, vous n’allez pas croire cette pimbêche ? Vous n’avez qu’à prévenir le gérant ou même la garde, ils pourront confirmer que je n’ai rien avoir avec les bêtises qu’elle débite !” Déclaras-tu avec un début d’agacement dans la voix, comme si tu étais outré qu’il puisse penser que tu étais un voleur. ”Et si j’avais vraiment préparé un tel plan et qu’elle avait tout entendu, elle aurait prévenu son patron au lieu de nous suivre dans une salle privée ! ” Ajoutas-tu dans un léger sifflement accusateur.
Sa bouche s’ouvrit bêtement, avant de se refermer et cela commençait à t’exaspérer. Ne voulait-il pas se décider ? S’il prenait ton parti, il te restait encore une chance de réaliser ton plan.
”O...Oui allons chercher quelqu’un !” Il s’approcha de la porte, l’ouvrit pour s’arrêter brusquement quelqu’un se tenait juste derrière. C’est un homme assez imposant, et avait tout de la brute épaisse, mais une lueur sournoise brillait au fond de ses yeux. A la vue de Jouvemont il afficha un sourire sardonique.
”Aaah... Antoirel, je savais que je te trouverai ici.” Déclara-t-il d’une voix profonde en posant une main sur l’épaule de ta cible qui semblait se décomposer sur place. ”J’espère pour toi que tu as gagné des cristaux, c’est que je commence à être fatigué d’attendre.” Un gémissement entre la crainte et la plainte échappa à l’ancien aventurier. Le géant tourna la tête, et afficha un sourire encore plus grand en croisant ton regard. Tu avais eu le temps de bouger, juste assez pour cacher ta bourse et la ranger, certain que si le gros balourd l’avait vu, il n’aurait pas hésité à la prendre. ”Je vois que tu t’es fait un nouvel ami... Est-ce que tu as tenté de le plumer ou alors tu lui as demandé de l’argent ?”
Jouvemont bégaya, ses mains tremblant alors qu’il cherchait ses mots. “N...Non !” Le bougre était terrifié. ”j’ai de quoi vous rembourser... J... J’ai quelque chose qui peut recouvrir toutes mes dettes... oby... vendre... beaucoup de cr...” Tu vis le regard briller alors que le sourire de la brute se faisait cupide. Tu devinais facilement la raison de ce sourire. Il savait pour le glooby.
”Tu vas me l’apporter, n’est ce pas Antoirel ?” Il ronronnait presque en disant cela, et sans même t’accorder un nouveau regard, il raffermit sa prise sur le noble et le tira jusqu’à la sortie de l’établissement.
”Quel merdier...” Souffles-tu en te retrouvant seul. Qu’allais-tu faire maintenant ? Suivre Antoirel ? C'était une possibilité, mais il y avait aussi cette fille. Tu sentais qu’elle allait continuer à te mettre des bâtons dans les roues. Devrais-tu lui proposer une trêve ? Ou juste te préparer à l’avoir sur le dos ? Elle serait loin d’être la seule, mais si tu t’en occupais maintenant ça ferait un peu moins d’adversaire...” Que faire, que faire...” Tu t’apprêtais à quitter l’établissement, quand tu la vis. Elle se tenait à quelques mètres de toi avec cette tenue de maid ridicule et ce sourire agaçant.
Les Chapardeurs
Inaros
Inaros avait remarqué l’arrivée de l’inconnu. Était-il de mèche avec son vieil ami mercenaire ? Son cri n’avait pas porté plus loin que la pièce dans laquelle il était coincé avec ce fameux Obsidian ainsi que le noble et, de toute façon, il se serait probablement noyé dans la cacophonie ambiante de la taverne. Le blond dans le corps d’une femme n’avait pu s’empêcher de sourire en entendant le terme employé par l’autre criminel pour le désigner. Pimbêche. Un terme qu’il entendait beaucoup lorsqu’il se glissait dans un personnage féminin.
Il s’était seulement éloigné de quelques pas, son regard acéré n’ayant rien loupé de la scène qui venait de se produire sous ses yeux. Le glooby aux milles couleurs venait de s’éloigner et, à son grand étonnement, il vit qu’Obsidian était tout aussi troublé par ce départ et se dit que Lucy venait peut-être de lui octroyer une chance inespérée de le retrouver.
Dans sa tenue de serveuse, il se glissa au plus près d’Obsidian pour lui murmurer quelques mots au creux de l’oreille.
- J’t’aurais volontiers proposé d’m’accompagner aux fêtes du Solstice d’cette année, pour nos r’trouvailles, mais j’doute qu’t’acceptes et j’pense qu’on a d’autres chats à fouetter tous les deux. J’sais pour le glooby. Retrouv’ moi dehors dans deux minutes.
Il n’avait rien dévoilé de plus à son ancien compagnon et se contenta de laisser planer une part de mystère sur son identité. Il comptait sur la curiosité que ces quelques mots pourraient engendrer et, s’il décidait de ne pas l’écouter et de se lancer à la poursuite d’Antoirel et son ami, alors il le prendrait en filature.
En moins de temps qu’il n’en faut pour dire « Obizdian », Inaros était dehors et aperçut, non sans une certaine satisfaction, qu’il n’était pas seul et que son invité avait cédé à la tentation d’en apprendre davantage. L’homme avait laissé de côté la tenue de serveuse pour revêtir une tenue dans laquelle il se sentait plus à l’aise pour la tâche qui allait suivre et, tandis qu’Obsidian s’approchait de lui, il attrapa son peigne magique au fond de sa besace magique pour changer sa coiffure. Il opta pour une coupe à la garçonne, bien plus courte et blonde. Une coupe qu’Obsidian avait déjà aperçue de nombreuses fois et qui, bien que l’indice soit maigre, le mettrait peut-être sur la voie.
- Bon. C’glooby va nous échapper et j’vois pas d’meilleurs moyens qu’de faire équipe avec toi. Oh, j’te connais, j’l’ai vu ta mine déconfite quand l’autre type est arrivé. Ça non plus, c’tait pas dans tes plans, j’me trompe ?
Il haussa un sourcil suite à sa question, attendant une réponse de son interlocuteur avant de poursuivre.
- Qui j’suis, j’te laisserai l’deviner au cours d’ce merveilleux contrat. Comme au bon vieux temps. Sauf si t’as d’jà d’viné…?
Curieux, il attendait de savoir où en était le brun dans ses réflexions. Il l’avait attendu, c’était déjà une chose, mais allait-il accepter sa proposition. Il était clair pour Inaros qu’il se débrouillerait par tous les moyens pour récupérer l’oeuvre d’art à la fin de toute cette histoire pour la rapporter à son commanditaire. Un sacré paquet de cristaux était à la clé, il ne les avait pas perdus de vu.