Comme tous les matins, je m’étais arrêtée à l’écurie pour y laisser se reposer Arlequin, bien qu’aujourd’hui était différent. Comme nous partions pour quelques jours, j’avais pris aussi avec moi Naamah qui allait aussi faire le voyage jusqu’à la capitale en notre compagnie. Après tout, nous n’étions pas à l’abri de quoi que ce soit puis étant aussi une créature qui était capable de combattre, je préférais l’avoir à mes côtés. Peut-être que j’aurais pu me contenter que de cette dernière, mais n’était pas une créature diurne, je préfère qu’elle n’aille pas à supporter mon poids pendant la journée. Dans mes sacoches je m’étais assuré d’amener avec moi tout le nécessaire pour les prochains jours et nous nous étions aussi assuré que tout soit réglé pendant notre absence.

L’écurie était toujours aussi bien entretenue et même si l’odeur de cheval et de toutes les créatures qui s’y reposaient planait dans l’air, ça ne sentait pas mauvais. Il y avait une bonne isolation, donc pas de planches trouées, pas d’accès vers l’extérieur sans passé par les portes et pas de courant d’air qui pourrait risquer de rendre malade nos bêtes. L’éclairage était suffisant et l’aération était adapté afin d’éviter les courants d’air pour qu’il ne fasse pas trop froid et ni trop chaud pour nos animaux. Sur la droite, il y avait les voies d’accès qui nous permette de circuler sans soucis d’un box à l’autre et à gauche il y l’endroit où entreposer la nourriture; assez spacieux propre et sec. L’humidité n’était pas recommandée si l’on ne voulait pas perdre des aliments. Enfin, le palefrenier présent me salue vite fait de la main alors que je pénètre le lieu où se reposent toutes les montures et autres familiers. Chacune de mes montures avait son box et ils avaient toujours leur place attitrée, après tout, Calixte et moi partagions toujours la même chambre, même si Ayah fut présente que très peu de temps. Enfin, je laisse donc Arlequin dans son box assez grand pour qu’il puisse se mouvoir et s’allonger au besoin. Je retire sa scelle la déposa sur un croche qui se trouvait à l’extérieur et lui retire son licol ainsi que les rênes que je dépose sur un crochet juste à côté. Il avait accès à une eau propre ainsi qu’à du foin que j’allais lui apporter. J’installe ensuite Naamah dans le second qui se trouvait juste à côté et m’assure qu’elle ne manque de rien. Son alimentation étant différente, elle n’avait pas besoin des mêmes accessoires que mon unicorne. L’établissement était doté de fenêtre qui donnait une vue sur un terrain central qui permettait aux employés de sortir les montures au besoin afin qu’elles puissent se dégourdir les jambes. Puis, les chevaux n’étant pas faits pour vivre isolés, il était bon pour eux de côtoyer de leur congénère.

Une fois mon petit tour terminé, je me dirige donc vers l’entrée du bastion, salut mes compatriotes qui surveillent l’entrée et après quelques mesures simples, on me laisse passer et je prends aussitôt la direction du bureau de Valentino. Il s’agit de notre point de départ et on souhaite s’assurer d’avoir fait les dernières vérifications de notre mission avant de mettre les voiles. Évidemment, nous devons rejoindre Olivia et son employeur à la navette pour les aider à transporter leur bien. Après tout, s’il s’agit d’un congrès de fournisseur ce dernier allait très certainement amener de ses produits qu’il vendait.

Une fois devant la porte, je cogne à cette dernière avant d’entrer. Je sais qu’il m’attendait, mais je ne prends jamais de chance. Après tout, peut-être qu’un soldat avait besoin de ses conseils. Je passe doucement la porte et constate qu’il est seul. Enfin, Aja est là, mais il n’y a pas d’autre être humain dans la place.

« Soldat Drak’gnir au rapport, Lieutenant Rivolti. » Dis-je avec un petit sourire en coin tout en lui faisant le salut militaire. Je trouve ça plutôt rigolo d’agir ainsi alors même que la porte est fermée et que même si j’avais décidé de lui faire un doigt personne n’aurait pu le voir.


« Tout est prêt de mon côté, j’ai laissé Naamah et Arlequin à l’écurie le temps de nos dernières préparations. » Je pousse un petit soupir en regardant vers son bureau où trainait la lettre que j’avais pu lire quelques jours plus tôt. « Les gens ne lâcheront jamais l’affaire, hein? Bon, on n’aurait pas de boulot si c’était le cas, mais quand même. Qu’on laisse cette pauvre fille tranquille! »

Comme tous les matins, je m’étais arrêtée à l’écurie pour y laisser se reposer Arlequin, bien Je me moque un peu de la hiérarchie lorsque je suis seule avec Valentino au bastion – enfin sauf quand on est en mission – car on est de grande personne, mais je ne vais pas me mettre à l’appeler lieutenant et chef ou voir même le vouvoyer. Ce n’est pas naturel et je trouve que ça créer une scission entre les gradés et les simples soldats. Puis bon, on est un couple merde! J’vais pas lui donner des petits surnoms malaisants, mais je peux bien agir naturellement avec lui. Puis, je ne compte pas réellement lui rouler une grosse galoche alors qu’on travaille. Je garde ça pour après…

Évidemment, à peine me suis-je détendue que Val me reprend sur son titre actuel. Il est maintenant capitaine et je l’oublie par moment, mais que voulez-vous, même si Billy lui fait la remarque qu’il n’est là que temporairement, je souris à pleine dent avec une petite mine insolente et je réponds avec provocation; « Justement, je peux continuer à t’appeler lieutenant, puisque tu le redeviendras sous peu… »

Bon, brève de plaisanterie! Il est temps de nous mettre en route. On se dirige alors vers l’écurie où on récupère nos compagnons et j’installe l’équipement sur mon unicorne. En réalité, je garde spécialement mon collier qui renfermait mon équipement de monture pour Naamah si jamais je devais la monter. Ainsi c’est plus facile puisque le tout s’adapte à la morphologie de la créature et comme celle-ci avait des ailes cela lui permettait de ne pas être dérangé par le tout.

Heureusement, pour une première journée de voyage, le temps nous est plutôt favorable. Le ciel est dégagé, le soleil est déjà bien présent et une douce chaleur se répand sur nos peaux. Même la brise semble clémente et évite de nous arracher à nos montures d’un coup de vent. Sur le dos de nos montures, nous parcourons les rues dallées en pierre parfois plus poussiéreuse qu’autre chose. Il n’est pas impossible de ne se prendre un nuage de sable en pleine tête lors de grand vent et il est parfois préférable de cheminer avec quelques protections dans ces moments. Nous nous approchons de plus en plus de la place centrale, là où le brouhaha ambiant emplit l’air. Conversation, déplacement, tout est audible, mais ce n’est pas désagréable. À cela se mêle le bruit de sabot de mes deux montures qui me suivent. Cela ne sert à rien de les épuiser pour le moment et je trace ma route à pied jusqu’en direction des quais.

Une fois sur place, il y a de nombreux entrepôts où les travailleurs se déplacent sans arrêt amenant des matériaux d’un point à l’autre. Certains s’occupent de décharger les navires qui viennent d’accoster alors que d’autres font l’inverse. Tous semblent synchronisés, chacun semble savoir ce qu’il fait bien qu’il est possible d’entendre des contremaîtres, par moment, élever la voix pour changer les ordres. Bref, on se croirait dans une fourmilière où chacun avait un rôle bien précis. Bien évidemment des navires dont les nombreuses voiles sont fermées sont présents à quai attendant patiemment leur prochain voyage.

Nos pas finissent par nous mener jusqu’à l’emplacement où il nous est possible de prendre la navette. Là-bas se tient nos deux énergumènes que nous devons escorter. Un petit charriot rempli de matériaux en tout genre s’y trouve alors qu’une bête au pelage clair et assez grand tire ce dernier. Au moins, nous n’avons pas à fournir l’animal.

La jeune femme que nous devons escorter nous salue finalement d’une accolade chaleureuse, même si Valentino lui fait une petite réprimande concernant ce que nous avons appris. En effet, il aurait préféré apprendre de la main de la jeune femme qu’elle avait quelques soucis, plutôt que de l’apprendre du ministre de la magie.

« Oh, laisse-la tranquille! Pas besoin d’en rajouter une couche, Val!
- Désolé… Je ne voulais pas vous causer du souci pour si peu… »

Bon, elle semble vouloir amoindrir les évènements passés pour ne pas nous inquiéter, mais on lit bien la tristesse sur son visage. Cette demoiselle est forte, mais elle semble se retenir face à nous. Je secoue doucement la tête, puis je me retourne finalement vers monsieur Vektor a qui nous serrons la main. Lui aussi semble plus ou moins inquiet, pas parce qu’il craint de quelconques représailles, mais ne comprend pas l’acharnement sur la jeune femme. N’est-ce pas triste? D’un sens, je peux la comprendre. À cause de ces gens qui la persécutent constamment, elle se sent certainement comme un oiseau à qui on lui a retiré la capacité de voler. Si nous sommes là, c’est pour retrouver ceux qui lui ont fait cela afin de lui permettre de reprendre son envol.  

« Bon, et si nous nous mettions en route. Nous en avons pour quelques jours. D’ailleurs, faisons les présentations… » Que je dis en me tournant vers mes compagnons. « Voici, Arlequin un unicorne. Il s’est montré d’une très grande aide à plusieurs reprises. Puis il y a Naamah, une skur nocturne. Sa présence est intimidante et c’est ce que nous souhaitons. Puis il y a Aja et Amarok. » finissai-je en pointant le drarbustre et le frouska un  après l’autre.

« J’ose espérer qu’avec cette taille de groupe, on nous laissera tranquilles, bien que le contraire serait préférable si nous voulons mettre la main sur de quelconques informations. D’ailleurs, vous nous expliquerez en détail ce dont vous avez été témoins. Peut-être que cela pourra déjà nous mener sur une piste. »

Dégradation de bien, vandalisme vol et lettre exigeant le renvoi de la pauvre demoiselle? C’est honteux, non? Mais au moins je me dis qu’elle n’est pas menacée de mort comme certaines personnes. Enfin, quand bien même que les mots seraient moins violents, la jeune femme ne mérite pas cela. Pourquoi ne la laisse-t-on pas avoir une seconde chance? Qui n’en voudrait pas une? Je suis sûre que si nous mettons la main sur les coupables, ils quémanderont notre pitié et nous demanderons de les pardonner. Pourtant, Olivia n’a commis aucun crime alors qu'eux oui.

Je reste silencieuse à cela et je note que la demoiselle m’observe depuis quelques minutes déjà et je lui souris. Elle croit que tout cela est de sa faute et est même allé jusqu’à s’excuser, mais elle ne devrait pas avoir à faire cela.

« Garde la tête haute, Olivia et ne les laisses surtout pas t’abattre… Personne ne mérite un tel traitement. »

Elle hoche la tête, puis monte au côté de monsieur Vektor dans le charriot. Pour notre part, nous mettons sur nos montures respectives, moi sur Arlequin et Val sur Amarok. Je jette un petit coup d’œil en direction Naamah qui, malheureusement, doit subir les rayons du soleil et je m’excuse auprès d’elle, même si elle comprend. *Pas besoin d’excuse petite humaine. Naamah comprendre sa présence auprès d’elle. * Enfin, ça ne me plait pas trop, mais bon, ce n’est pas comme si elle allait brûler au soleil. Ce n’était pas sa première fois. *D’accord, alors garde l’arrière du chariot et avise-moi au moindre comportement suspect.* Elle hocha la tête, puis se mit en position alors que nous avancions au travers des rues de grand-port jusqu’à la sortie. Je salue vite fait nos collègues qui y sont prostrés et nous voilà maintenant à l’extérieur de la ville.

Laissant derrière nous le décor de la ville avec ses grandes murailles ainsi que ses chemins faits de pierre et assemblé par l’homme. Laissant dernière nous toute la cacophonie de la vie active de l’homme, pour nous engager finalement sur une voie plus naturelle, bien que marqué par les passages incessants de la vie humaine. Le bruit des sabots des chevaux couvre avec peine le grincement des roues du grand charriot contenant moult produits en rapport avec les pierres.  Des bijoux, des pierres brutes ou bien taillées, des grands sacs de jute contenant des biens dont je ne pouvais voir leur contenue. Il y avait certainement des denrées pour le voyage pour les sustenter lors d’une future pause bien méritée. Il y avait aussi des aliments pour les chevaux. Bref, ils avaient bien préparé leur chariot signe qu’il ne s’agissait pas du premier long voyage que Vektor faisait.

À cette heure-ci, bien des voyageurs s’étaient mis en route, ce qui nous rendait la tâche un peu plus compliquée pour superviser nos deux amis. Parce que les problèmes peur surgir de n’importe où! C’est pour cela que nous nous sommes mis chacun d’un côté du chariot et que j’ai placé en surveillance Naamah derrière. L’air ambiant est empli d’une fine couche de poussière volant dans tous les sens suite au passage de tous ces gens. L’odeur de la terre emplit nos narines ainsi que celle de la verdure qui se trouve tout autour de nous. Il était évidant que nous nous enfoncions bien plus loin dans les plaines puisque que tout était plat autour de nous. Aucun relief ne venait troubler cette grande surface plane couverte de verdure, d’arbre et de mauvaises herbes. Au loin, il était possible de voir des taches sombres, certainement des villages à peine visibles d’ici, bien que nous allions en croiser plus d’un lors de notre voyage.

« Enfin, j’espère tout simplement que nous ne croiserons pas de bandit des grands chemins… Normalement, Rid et moi nous sommes occupés de neutraliser un groupe qui avait volé des armes… » Bon j’avoue que c’est pas spécialement la meilleure chose à dire quand on sait qu’on a déjà bien des problèmes ainsi. « Mais bon, ne vous inquiétez pas, vous avez les meilleurs membres de l’avant-garde! Valentino, l’expert en coup de tête et moi une experte en combat à distance. » Bon évidemment, je nous jette des fleurs, mais faut bien que je leur remonte le moral.

«  Enfin, restez tout de même sur vos gardes. Personne n’est infaillible… » Bon, je crois que je vais me taire moi et mes propos à deux cristaux. Je n’ai pas l’impression de lever leurs craintes, mais bon, je ne fais que mettre en évidence les faits. Tant qu’il y aura tout ce monde, sur la route, il y a peu de chance que des agresseurs surgissent.

« Je suis quand même contente de pouvoir voyager, malgré les dangers. Je suppose que ce sont les risques que nous accourions à chaque fois, non?
- Exact.
- C’est la première fois que je vais pouvoir voir la capitale et j’espère réellement ne pas créer d’ennuis.
- Si nous avons des ennuis, ce ne sera certainement pas de ta faute, Olivia, mentionna alors l’employeur en essayant de la rassurer. »

La demoiselle manquait réellement de confiance en elle, mais bon, comment espérer le contraire quand des gens se liguaient contre elle simplement parce qu’elle venait du conservatoire?

Permettre à Olivia de visiter la capitale après le congrès n’était pas si mal, même si je préférais mettre la main sur les fauteurs de trouble. Un bon coup de poing dans les palettes pour leur remettre la monnaie de leur pièce ne leur ferait pas de tort. Je regarde Val’ un moment par-dessus leur tête et je rapporte finalement mon regard vers l’avant. De toute façon, c’est plutôt calme pour l’instant et mis à part la jeune femme qui démontre une certaine satisfaction il n’y a pas grand-chose à faire. Ce n’est certainement pas avec tout ces témoins qu’on se fera embêter et même si on nous prenait aux dépourvues, ce ne sera certainement pas les hommes que nous attendions.

Je tourne finalement la tête sur le côté, où se trouvait des champs à perte de vue tout bien séparé alors que des sillages de jeune pousse de verdure alternait avec des rangers de terre. Les agriculteurs ne chômaient pas et avaient déjà commencé à faire pousser les fruits et légumes de saison pour nous en mettre plein la panse. C’est d’ailleurs à ce moment que la nourriture semble être la plus abondante et surtout la plus fraîche parce qu’il est plutôt difficile de trouver des tomates rondes à moins d’avoir trouvé quelqu’un qui arrivait à les cultiver dans un espace clos. D’ailleurs je me demande bien ce qu’il peut bien pousser à ces endroits? Peut-être bien des épis de maïs? Je sais que cela prend tout de même du temps à pousser et qu’ils sont plutôt disponibles vers la première lune de la saison chaude. Il devait y avoir des champs de pommes de terre, de fraises et de haricots!

Un peu plus loin, nous croisons finalement une grande maison de ferme qui possédait un grand pâturage à ses côtés où plusieurs vaches se repaîtraient de l’herbe qui dansait au gré du vent donnant parfois l’illusion qu’elle changeait de couleur passant du vert foncé au vert pâle lui donnant presque un effet brillant. Les vaches ne pouvaient pas fuir le terrain qui leur avait été alloué puisqu’elles se trouvaient dans un enclos dont moi-même n’en voyais pas l’ouverture. Leur beuglement arrivait jusqu’à nous accompagné parfois par le tintement d’une cloche qui sonne à chacun de leur pas. C’est plutôt agréable et reposant. Je me tourne alors vers Naamah, qui regarde autour d’elle aussi, bien qu’elle tente de ne jamais lever les yeux vers le soleil qui se trouvait bien haut dans le soleil pour ne pas s’aveugler complètement. Elle aussi semble intéresser par les créatures qui se reposent. Certainement qu’elle aurait souhaité faire de même dans son box et roupiller toute la journée. Enfin, ce qui ressemblait à des taches sombres de loin commençait à se profiler. Quelques arbres semblaient cacher la présence d’un village dont seul le clocher de la petite église du coin était visible d’où nous nous trouvions.  

« Sinon, comme nous en avons plus ou moins pour six jours si pas moins, vous avez prévu de loger dans les auberges que nous croiserons ou bien vous vouliez faire un peu de camping? »

Il est vrai que nous n’en avions pas réellement discuté, mais je pense qu’il faut aborder le sujet. Nous ne voudrions tout de même pas arriver au soir et ne pas savoir.

« Et bien, nous avons une tente et l’idée de dormir loin de ma cargaison ne me plait pas trop en réalité.
- Ok. Nous allons donc camper à ce que je vois. »

Je donne l’impression d’être dégoûté par cette révélation bien qu’en réalité je m’en fiche complètement. Il est peut-être mieux aussi de pouvoir surveiller le chariot rempli de biens précieux pour éviter qu’on ne puisse pas entendre si quelqu’un venait à essayer de les voler. Évidemment, Vektor et Olivia se regardent un peu puis observent un moment Valentino alors que pour ma part, je n’ai pas trop conscience de cela. Il se demande même s’il n’a pas dit quelque chose de travers.

« On s’arrange comment pour les tours de garde? » que je demande finalement.

Je pourrais me choquer, m’insurger face aux paroles de Valentino, mais non. Ça serait me prendre la tête pour rien et me bouffer de mon énergie alors que ça n’en vaut pas la peine. Non, je ne suis pas toujours délicate dans le choix de mes mots, non je n’ai pas l’air heureuse en tout temps. Oui j’ai plus l’air de tirer la gueule et oui j’ai toujours l’air fâchée contre quelque chose, mais je suis comme ça. Je ne vais pas vous mentir, mais devoir dormir tous les soirs dans une tente m’emmerde. Parce qu’il va falloir que Valentino et moi faisions des tours de garde et lucy seule sait comment je déteste ça! Enfin, je claque simplement du bout de la langue en détournant ma tête pour finalement lui répondre lorsqu’il décide de l’ordre des tours.

« Ouais, ouais… »

On continue notre avancée. Sa parle de tout et de rien, y’a des moments silencieux, certainement mes moments préférés et je ne peux pas m’empêcher de penser que ce genre de chose aurait été plus amusant à faire, mais pas grâce au boulot. J’ai l’impression de visiter et de découvrir des choses que grâce à cela et pourtant je ne peux pas spécialement en profiter puisque j’ai une mission à accomplir. Nos deux protégés doivent tout de même arriver à l’heure pour leur congrès et ce n’est pas en faisant les touristes que nous allons y arriver. D’ailleurs, je prends note de certains endroits qui pourraient être intéressants de revenir, mais seulement avec nous.

Les pauses sont courtes, on ne se contente que du minimum et de se dégourdir un peu tout en s’assurant que nos compagnons puissent boire et manger aussi et on reprend la route alors que le soleil commence à descendre. Le coucher du soleil avait de quoi de magnifique à ce moment. Malgré l’absence de pluie, quelques nuages blancs avaient tout de même trouvé leur place dans le ciel prenant toute sorte de formes, mais ce n’était pas ce qui était le plus beau. Non, le ciel avait décidé de se teinter dans de belles couleurs orangées mêlant parfois une teinte de rose et avec les nuages cela créait un effet dégradé tout à fait magnifique. Évidemment, je ne le laisse pas paraître dans mon visage, me contentant de regarder silencieusement, les yeux rivés vers cette grande étendue céleste. Malheureusement, c’est un phénomène de très courte durée, car je dois profiter des derniers rayons de lumière pour trouver avec Valentino le meilleur emplacement pour notre campement du soir.

Évidemment, Val fait son Val et se mérite une tape derrière la tête de ma part et même si nous sommes en mission et qu’il s’agit de mon lieutenant, je ne vais pas me gêner pour des commentaires de ce genre. Enfin, dans tous les cas, les tâches sont réparties et nous voilà maintenant installés.

Je m’assois donc devant le feu qui crépite alors que ses flammes lèchent doucement le bois pour tenter de prendre ampleur consumant ainsi les pauvres morceaux de bois. On se repose un peu de notre journée, car mine de rien, c’est quand même épuisant pour nous attendons que les flammes soient parfaites pour sortir nos petites casseroles de voyage. On prépare un repas simple et pas trop lourd parce qu’on ne souhaite pas avoir du mal à digérer et le moment venu nos protégés partent se coucher nous laissant seul. Je sais que Valentino ne va pas tarder à les rejoindre, mais je profite de ce court moment pour m’asseoir finalement à ses côtés et m’appuyer sur son épaule en me collant à lui. Il passe son bras autour de moi et on profite simplement de ce petit moment avant qu’il ne me quitte pour la tente après un dernier baiser.

Me voilà maintenant seul, alors qu’Arlequin s’est allongé plus loin accompagné des chevaux qui tiraient la charrette. Naamah, bien que nocturne en temps normal, avait dû aussi trouver le sommeil après une journée épuisante à marcher sans cesse au soleil. Je la regarde désolé tout en piquant, d’une petite branche, le feu pour déplacer les bouts de bois et je finis par m’appuyer sur mes mains un peu vers l’arrière, ce qui me penche légèrement pour que je puisse observer le ciel maintenant noir. De nombreuses petites lumières éclairaient la voûte céleste donnant parfois l’impression de perdre en intensité avant d’en reprendre davantage. Cela me fait penser au livre sur les constellations que j’ai déjà feuilleté une fois, et ça me donne envie de relier les points entre eux pour tenter de les retrouver. Sauf que bon, je suis quand même censée être de garde et je dois avant tout surveiller les environs.

Pour le moment, mis à part ma seule source de lumière, il n’y a qu’une source d’ombre parfois interrompue par les lanternes des voyageurs sur la route. La nuit est plutôt silencieuse et les animaux diurnes avaient laissé place aux nocturnes. Des grognements parvenaient jusqu’à nous, mais ils étaient assez loin pour ne pas m’inquiéter. Ce genre de bêtes s’activaient surtout la nuit pour chasser, mais n’approchaient que très rarement les routes puisqu’ils n’y avaient que très rarement des proies.

Les heures passent et je dois vous dire que c’est foutrement ennuyant d’être seule ainsi avec soi-même. Heureusement, Val finit par sortir de la tente encore un peu endormie et je suis bien contente que ce soit mon heure de dormir, même si j’aurais bien aimé profiter de sa chaleur. Pour le coup, je glisse dans son sac de couchage déjà chaud et ferme les yeux.

Je dois dire que normalement, je suis une lève-tard, mais quand il s’agit de dormir dans une tête à même le sol avec un simple sac de couchage, on est loin du confort d’un bon matelas bien rembourré. Puis, il y a aussi le facteur que nous ne sommes pas dans notre lit respectif. Bref, au contraire de ce qu’on aurait pu croire, je ne suis pas la dernière à me lever et dès que la petite Olivia est debout, on remballe le tout avant de se remettre en route.

Je dois dire que les paysages se ressemblent tous. Des villages, des fermes, des champs dont la plantation diffère parfois d’un endroit à l’autre. Puis tous les arbres se ressemblent en quelque sorte. Ils ont tous de l’écorce et du feuillage à ce temps-ci de l’année et heureusement, personne n’est descendu d’un pour venir nous harceler afin de nous demander l’aide pour quelque chose de bien farfelu.

Les jours étaient de plus en plus longs et je dois dire qu’au bout du dernier jour de voyage, j’avais vachement mal aux postérieurs, même mes familiers semblaient avoir ralenti le pas et ne demandait qu’à se reposer. Ce n’est qu’en vue des grandes murailles protectrices de la capitale qu’un sentiment d’engouement requinqua le groupe.  Évidemment, nous ne pouvons pas rentrer aussi rapidement que nous le voulions et devons faire la file afin de subir le contrôle habituel des gens qui désiraient venir en ville. Après tout, il ne fallait pas laisser passer de dangereux criminels et surtout aucun matériau qui pourraient mettre en danger les citoyens de la ville. Lorsque ce fut à notre tour, Valentino prend donc le relais expliquant la raison de notre présence tout en mentionnant notre régiment et son grade, mais bon, pas parce que nos amis nous accompagnent qu’ils auront droit à un passe rapide. Alors, leur remorque est donc rapidement fouillée avant de nous laisser passer.

Je suis toujours époustouflée par la vie qu’il y a dans la capitale. De suite, nous sommes accueillis par le brouhaha de la vie qui s’y trouvait. De nombreux véhicules tirés par des chevaux parcouraient les grandes rues restant l’un derrière l’autre puisque d’autres circulaient dans le sens inverse. Il y avait aussi cette allée de pierre bordée de petits arbustes dont les fleurs emplissaient l’air de leur parfum. Nous engageant alors dans les grandes rue, pour rejoindre notre lieu de rendez-vous.

« Bon, restons sur nos gardes et gardez les yeux bien ouverts. Nous ne savons pas spécialement sur quoi nous pouvons tomber et nous ne voudrions pas être surpris. Nous ne sommes pas à l’abri des voleurs malgré tout. »

Charger d’objet précieux, il ne serait pas rare que des petits malfaiteurs des rues mettre en plan une façon de détourner l’attention de notre groupe pour tenter de dérober le plus de bien possible alors que nous ne regardons pas. Ce ne serait pas la première fois. Puis il y avait aussi la possibilité d’être interpellé par nos petites frappes qui n’appréciaient pas la présence d’Olivia.

Ça y est. On se retrouve finalement devant le grand bâtiment de la ville où se déroulera l’évènement d’aujourd’hui. Enfin, je sais pas trop ce qui se passe dans des congrès de fournisseur, mais j’imagine que ça doit être important pour qu’il y aille une foulée de monde. On dirait une véritable fourmilière en mouvement où toutes les petites ouvrières sont en fonction. Certains passent les grandes portes pour y entrer alors que d’autres en sortent. Évidemment, y’a une place pour laisser passer les chariots afin qu’ils puissent garder leurs choses en sécurités. J’suis quand même curieuse de savoir ce qui se passe normalement là-dedans.

« J’suis curieuse, mais ça ressemble à quoi un congrès de fournisseurs?
- Ah, je suis contente que tu demandes! À vrai dire, ça n’arrive qu’une fois par année et c’est là qu’on vient parler de nos produits et de leur utilité. On est ouvert au public et ça nous permet de nous faire un peu de visibilité autant pour les petits clients que pour les grandes entreprises. Évidemment, on a parfois de la concurrence, mais on se respecte assez pour ne pas faire de bisbille.
- Hmm, je vois. Donc vous pourriez repartir de là avec des contrats si je comprends bien.
- Exactement! »

Ce n’était pas si mal, seulement, s’il attendait beaucoup de visiteurs, n’importe qui dans le lot pouvait être un potentiel coupable. Enfin, Val se ramène finalement après une petite inspection des lieux avant de laisser nos deux amis de se présenter à l’organisateur qui sembla bien heureux des les voir arriver. Il salua chaleureusement Vector puis serra la main de la jeune femme tout en respectant une certaine distance courtoise. Après tout, il ne la connait pas et cela est tout aussi réciproque, mais il ne semble pas du tout déranger par sa présence.

« Hm…k. » que je dis sans trop de conviction.

Je ne suis pas spécialement enchantée de savoir que le sergent Gecko est dans le lot, mais bon, je ne peux rien y faire. C’est une amie de Val et je ne peux pas m’accaparer sa personne ou l’obliger à faire quoi que ce soit. Mais je dois avouer que ça met un petit pincement à l’estomac tout de même. Alors je me détourne bien vite en le laissant vaquer à ses occupations avant de me diriger vers le même endroit par où étaient passés Vektor et Olivia. Je dois garder un œil sur eux et ne pas les laisser me filer entre les doigts.

Quelques marches me séparent de la porte que je gravis rapidement deux par deux n’utilisant même pas la rampe pour m’y aider. J’suis peut-être petite, mais j’ai de la force dans mes jambes! Heureusement, bien qu’il y aille de nombreuses têtes sur le site, la distance entre chaque personne est raisonnable. Disons que je n’ai pas à jouer des épaules et des coudes pour me créer un passage dans le tas. Pour l’occasion, la porte est grande ouverte pour laisser passer librement les gens sans avoir à ouvrir et fermer continuellement la grande porte en bois massif qui ne laissait passer aucune source de lumière. Une fois à l’intérieur, l’ambiance chance un peu, tout semble fait de pierre et malgré le soleil qui surplombait nos têtes plus tôt, il y faisait plus frais et surtout plus sombre. Certainement un manque de fenêtres dans le bâtiment. Enfin, au moins, il y a de nombreux cristaux de lumière pour venir éclairer les couloirs et les grandes pièces. À peine quelque pas fait, il y a l’accueil conçu d’un simple bureau sur la droite collé contre un mur permettant ainsi de conserver quelques classeurs. Quelques plantes décoraient le tout.

« Bonjour, puis-je vous aider?
- Oui, soldat Drak’gnir du régiment du sud, dis-je en montrant mon badge. Mon lieut…enfin capitaine et moi sommes-là pour escorter tout le long de l’évènement deux personnes, dont la pupille du ministre de la magie.
- Oui…oui, je vois, et vous avez besoin de mon aide pour? »

Je regarde vite fait derrière moi et remarque que personne n’attend derrière moi ou n’est assez proche pour entendre ce que j’avais à dire à la dame.

« Nous ne voulons pas instaurer un climat de stress, mais nous aimerions avoir la complète coopération de vos membres d’équipe présents. D’autres gardes de la capitale se joindront à la mission, car la jeune pupille n’a pas que des admirateurs si vous voyez ce que je veux dire. Nous essayons de mettre la main dessus. Alors si vous voyez quoi que ce soit de suspect, il faudrait nous le dire.
- Il n’y a aucun souci bien évidemment. Je vais transmettre de ce pas votre requête à monsieur Lupin.
- Merci bien… »

D’ailleurs, Olivia et Vektor reviennent vers moi à ce moment en me faisant de grands gestes.

« Ah vous voilà! Nous pensions vous avoir perdu! Monsieur Rivolti n’est pas avec vous?
- Il ne devrait pas tarder. Ne vous inquiétez pas. Nous nous assurons que rien ne vous arrivera. »

Je tape dans mes mains, comme pour changer de sujet.

« Bon! Et si vous me montriez votre emplacement que je vous aide à tout mettre en place! »

J’aide monsieur Vektor et la petite Olivia à s’installer tout prêt de deux autres fournisseurs qui me semblent tout aussi sympathiques que Vektor. Il est clair que le problème ne vient pas d’honnêtes marchands, mais bien d’une source extérieure. On termine de s’installer vite fait et je m’installe doucement en retrait en leur souhaitant bonne chance. Mon but n’étant pas de faire peur aux potentiels acheteurs en les intimidant de ma médaille de garde. J’suis là que pour m’assurer que tout ce passe bien.

D’ailleurs, tout commence à se mettre en place. Les gardes se sont placées à des endroits stratégiques, mais reste discret et Val’ arrive peut de temps après et juste à temps pour l’ouverture des portes qui donnèrent enfin accès aux installations aux visiteurs.

D’ailleurs, jamais je ne me serais doutée que les scélérats qui leur cherchaient tant les noises attaquent nos pauvres amis dès l’ouverture de l’évènement. Je regarde Valentino qui me fait un signe de tête et je regarde finalement dans la même direction pour reconnaître l’un d’eux. Ils ne sont pas très délicats avec les autres citoyens les bousculant presque et ils se mettent bien en demi-cercle autour du kiosque laissant finalement passer devant celui avec qui nous avions déjà eu des problèmes.

« Qu’est-ce que vous ne comprenez pas dans le fait qu’on ne veut pas la voir ici?! Dit-il en observant la jeune femme comme s’il s’agissait d’un simple déchet.
- Je suis désolée… monsieur, s’empressa-t-elle de dire.
- Désolée? Si t’étais vraiment désolé, tu devrais rester enfermé dans ton asile de fou, là où se trouve ta place! lui cracha-t-il dessus.
- Je ne vous laisserai pas parler d’Olivia ainsi. Quitter immédiatement avant que cette histoire ne se termine mal. Intervint aussitôt Vektor.
- Mal? Parce qu’elle va avoir explosé, c’est ça?! Parce qu’elle ne sait pas contrôler son pouvoir et qu’elle est un danger public, c’est ça? De toute façon vos chiens ne sont pas là, vous ne pouvez rien contre nous. Je croyais avoir été claire, mais il semblerait que vous n’ayez pas compris nos messages. Hurla-t-il en tendant d’attraper l’un des bras d’Olivia. Faut-il que je fasse tout moi-même?!»

Étant la plus proche, j’attendais le bon moment pour agir. Je sais que ce n’est pas toujours facile, de regarder ce genre de chose, mais même si au plus profond de moi je lui avais sauté au visage dès qu’il avait ouvert la bouche, je devais attendre que ce dernier fasse le mouvement de trop et menacé Olivia en essayant de se saisir d’elle tout en prouvant qu’ils étaient responsables de tout le grabuge causé à leur lieu de travail était le moment que j’attendais. Je sors finalement de mon petit coin caché derrière d’autres clients et attrape aussitôt le poignet du gaillard.

« Si j’étais vous, je ne ferais pas ça.
- Ah oui et sinon quoi? Me demanda-t-il en m’observant un moment. »

Je vois la panique dans ses yeux alors qu'un grand sourire se dessine sur mes lèvres.

« Wouf wouf… » dis-je tout simplement pour lui faire comprendre que les chiens-chiens dont il faisait référence était bien là. Je lui passe une première menotte avant de passer son bras rapidement dans son dos tout en l’obligeant à se pencher vers l’avant pour lui passer la seconde menotte. Je n’hésite pas un seul instant à lui coller la joue contre la table où se trouvaient les accessoires de Vektor. « J’vous arrête pour trouble de l’ordre, menace envers autrui ainsi que pour le vandalisme de propriété. Vous avez le droit de garder le silence, car tout pourrait être retenu contre vous. »

« Sale chienne! C’est à cause de gens comme elle que j’ai tout perdu une fois! »