C’était une matinée comme les autres, Vlad avait un entraînement avec le lieutenant Rivolti à l’aube, comme tous les matins. Il se leva, prit deux trois bricoles afin de se sustenter puis gagna le terrain d’entraînement pour retrouver son supérieur.

La matinée se passa sans encombre, rien de notable à signaler. Vlad était un peu fatigué mais sans plus, il avait encore suffisamment d’énergie pour l’après-midi qui l’attendait.

Ayah lui avait donné rendez-vous après son service dans une heure à peu près. Leurs lieutenants respectifs leur avaient donné leur après-midi afin qu’il puisse emménager dans leur nouvelle chambre en duo. Le garde fit un rapide détour au réfectoire afin d’y manger un morceau rapidement pour ensuite se rendre dans sa chambre et commencer à organiser la pièce pour préparer l’arrivé de sa compagne.

Vlad sortit de l’enceinte du bastion afin de se rendre rapidement chez un fleuriste du grand port afin d’y acheter deux vases et quelque composition florale. Une fois ses achats terminés, il retourna au bastion afin de regarder sa chambre.

C’était un dortoir militaire, tout ce qu’il y a de plus neutre, il y avait deux lits une place de part et d’autre de la pièce et deux petits bureaux possédant chacun une chaise. L’endroit n’était pas des plus lumineux bien qu’une fenêtre trônait au milieu du mur juste en face de l’entrée. L’air y était plutôt sec, et une odeur de vieux bois y flottait. Cette odeur devait être due au parquet recouvrant entièrement le sol de la pièce.

Le garde pénétra dans la pièce et s’approcha de la fenêtre : la vue n’était pas des meilleures, mais ce n’était pas la pire non plus. Elle donnait sur l’extérieur de l’enceint du bastion, contrairement à certaines chambres qui ont pour vue le terrain d’entraînement. La pièce serait donc assez calme et ça, c’était une bonne chose.

Bon il fallait se mettre au boulot, tout d’abord Vlad prit le balai et dépoussiéra le milieu de la pièce grossièrement vers l’endroit où il voulait réunir les deux lits. Une fois, cette première passe de ménage terminé, il déplaça les deux lits afin de les coller sous la fenêtre. La chambre était relativement large pour seulement deux personnes, il y avait la place de mettre les deux bureaux de part et d’autre du lit double improvisé, ce qu’il fit.

Le jeune homme prit alors du recul et se positionna au niveau de l’entrée afin de contempler le résultat. Cette configuration ne lui semblait pas si mal, restait à voir si ça conviendrait également à sa moitié. D’ailleurs en parlant de moitié, elle devrait plus trop tarder à le rejoindre.

Il sortit un des deux vases et le positionna sur le bureau de gauche puis le garnit de fleur dans les tons blues et violets. C’était une sélection qu’il avait spécialement pensée pour Ayah, et pour lui, il s’était pris des fleurs dans les tons jaune et orange. Une fois, le premier, vase mis en place, il récupéra le second vase afin de le positionner sur son bureau…mais celui-ci lui glissa des mains et alla se briser sur le sol.

Sa malédiction, d’avoir deux mains gauches avait encore frappé. Au moins, cette fois, il ne s’était pas blessé… Un léger juron lui échappa lorsqu’une personne frappa timidement à la porte de la chambre. Vu l’heure, cela devait être sa petite amie qui arrivait, mais quel désordre elle allait trouver…

Vlad se dirigea vers la porte et lui ouvrit avec un grand sourire. Content de la voir, il l’enlaça tendrement avant de lui déposer un léger baiser sur les lèvres.

« Te voilà ! Je suis content de te voir ! » Lui dit-il avec entrain. « Excuses moi pour le désordre, je viens tout juste de casser un vase… Mais laisse, je vais ramasser ! Viens entre et installe-toi ! Raconte-moi ta journée ! »


Se faisant, le jeune homme reprit le balai et commença a rassembler les éclats de vase éparpiller dans la pièce.

Entre les échanges avec Désiré et les diverses tâches administratives à faire : Ayah ne manquait pas de travail au sein de l’unité médicale du Bastion. Certes, la jeune femme n’était pas particulièrement du genre à affectionner particulièrement ce genre de besogne, mais elle considérait qu’après tout aucune tâche n’était trop ingrate si elle contribuait à aider ses camarades, et que quelque part, tant mieux si les blessés n’assaillaient pas continuellement l’infirmerie.

Néanmoins, la jeune femme attendait avec impatience de retourner sur le terrain : là où elle se sentait le plus utile. La où elle se sentait le plus vivante.

Aujourd’hui était un jour un peu spécial pour la soldate, et son assignation pour la journée était sur le point de s’achever. Elle avait obtenu de son lieutenant une après midi de quartier libre afin d’organiser le transfert de ses affaires vers sa nouvelle chambre : celle qu’elle allait partager avec Vlad Greywind, qui était arrivé récemment dans le régiment.

La nouvelle était tombée hier, communiquée par le pôle administratif. Très prise par ses propres fonctions, la guérisseuse n’avait pas pu prendre le temps d’aller à sa rencontre, et d’ailleurs elle ne savait pas trop où le trouver…

Cela faisait déjà quelques semaines qu’ils ne s’étaient pas vus : ils s’étaient séparés à la Capitale sur la douce promesse de se retrouver à Grand Port dès que le soldat aurait obtenu sa nouvelle affectation. Son compagnon lui manquait bien plus qu’elle ne voudrait jamais l’admettre.

C’est ainsi qu’elle était retournée dans son ancienne chambre et avait tranquillement empaqueté les quelques affaires qu’elle possédait dans un sac pour les transférer vers sa nouvelle assignation.

Il y avait quelques vêtements, des notes, diverses babioles qu’elle utilisait sur son temps libre pour bricoler de petits objets créatifs et quelques autres objets divers. Elle ne possédait vraiment pas grand-chose et son armure serait transférée là-bas ultérieurement, du coup le tout fut assez vite emballé.

« P203… P203… » Murmurait pensivement Ayah tandis qu’elle parcourrait les couloirs étroits des dortoirs de la caserne de grand port et regardait les plaques qui défilaient sur les portes qu’elle dépassait d’un pas assuré.

De ce qu’elle en savait, c’était une chambre double.

Elle n’avait pas encore pensé à ce détail, mais cela signifierait qu’elle allait partager une facette intime de sa vie avec son compagnon. Elle ne savait pas vraiment comment prendre cette idée.
Bien ? Mal ?
Ils n’avaient encore jamais dormi dans la même pièce depuis cette nuit qu’ils avaient passé ensemble dans les plaines.

Elle arriva assez vite à destination et s’arrêta devant la porte, levant la main pour frapper… Mais elle n’osa pas tout de suite se manifester et son geste se figea dans les airs tandis qu’elle cherchait quoi dire à Vlad quand elle le verrait. La guérisseuse serra contre elle le sac qui contenait ses affaires, hésitante, un peu fébrile.

* Allez, Ayah… Un peu de courage… Ce n’est que Vlad, ne te mets pas dans des états pareils. * Pensa-t-elle pour elle-même, tentant de se redonner du courage. Elle prit une grande inspiration.

Elle connaissait le soldat depuis très longtemps : et il était avant tout son ami avant d’être son amant. Mais depuis que leur relation avait évolué la jeune femme se sentait bien maladroite envers lui. C’était comme si elle voulait lui montrer son affection mais était trop réservée sur cet aspect de sa vie pour prendre les devants…
Mais elle craignait qu’il finisse par se lasser de cette attitude qui était la sienne.

Un bruit de l’autre coté de la porte la tira brusquement de ses pensées, suivi de quelques petits éclats de voix dont elle identifia immédiatement l’origine, et son cœur se serra dans sa poitrine.
Prenant son courage à deux mains elle frappa à la porte timidement, mais fermement.

Elle n’attendit pas bien longtemps avant que Vlad n’apparaisse dans l’encadrement de la porte, tout sourire.
Avant même qu’elle puisse ouvrir la bouche il l’enlaça avant de déposer un rapide baiser sur ses lèvres.

Elle rougit légèrement et leva vers lui un regard circonspect tandis qu’elle l’écoutait. Le son de sa voix lui faisait beaucoup de bien et un sourire amusé naquit sur sa face tandis qu’elle découvrait que la maladresse de son ami avait à nouveau frappé. Décidemment, il avait réellement deux mains gauches !

« Toi aussi, tu m’as manqué. » Fit-elle avec douceur en lui rendant tendrement son étreinte quelques instants.

Tandis qu’il entreprenait de réparer l’erreur commise, elle entra sa la pièce et commença à balayer du regard la pièce. Il semblerait que le jeune homme ait commencé à réarranger l’ameublement.

« Je vois que tu as commencé à ranger. Je suis désolée de ne pas avoir pu me libérer plus tôt pour t’aider… »

Ses yeux s’arrêtèrent sur les deux lits. Les chambres doubles les lits étaient normalement d’un coté et de l’autre de la pièce, mais Vlad avait changé la disposition pour en faire une chambre adaptée à… Une vie de couple ? Elle resta quelques instants bloqués sur ces considérations : ils n’avaient dormi ensemble qu’une seule et unique fois : dans les plaines.

Alors dormir dans le même lit ? Tout ceci était-il précipité ?
Elle ne saurait pas vraiment dire...

Secouant légèrement la tête elle s’approcha d’un bureau sur lequel un vase intact était déposé, contenant une composition florale dans les tons bleu et violets. Ayah contempla les fleurs et approcha son visage pour en humer le parfum.

« C’est toi qui les as choisies ? Elles sont magnifiques. » Fit-elle en lui adressant un sourire gai.

Il avait déjà ramassé les débris d’un autre vase, celui qui devait manifestement être sensé trôner sur le second bureau. Il allait falloir en acheter un autre.

La jeune femme déposa sur le plan de travail les affaires qu’elle avait amenée de son ancienne chambre et entreprit d’en déballer quelques-unes.

« Ma journée ? Oh heu… Pour le moment c’est assez calme à l’infirmerie je dois dire. Alors on s’occupe beaucoup des documents médicaux des membres du régiment. »
Abandonnant ses affaires sur le bureau elle s’approcha de la fenêtre qui se trouvait à coté du lit double arrangé et regarda à l’extérieur : la chambre était vraiment très calme. S’asseyant ensuite sur le rebord du lit, elle leva les yeux vers Vlad :

« J’ai entendu dire que tu étais affecté à l’avant-garde. J’ai déjà rencontré ton lieutenant : Valentino Rivolti. Il m’a l’air d’être plutôt bon dans son rôle. » Un sourire amusé mais bienveillant passa sur son visage. « Néanmoins il paraît qu’il est très exigeant sur les entraînements matinaux, pas vrai ? En tout cas tu as l’air plutôt en forme depuis le temps ! En revanche pour ce qui est du déménagement je crains qu’il n’y ait pas de quoi occuper tout une après-midi… Tu as encore beaucoup d’affaires à ramener ? »

Sa compagne se mit à rougir lorsque Vlad se jeta à son cou afin de l’embrasser brièvement ce qui eut pour effet de réchauffer davantage le cœur du jeune homme, comme à sa grande habitude. Visiblement elle ne s’attendait pas à un témoignage d’affection aussi soudain. Elle remarqua bien rapidement la maladresse du jeune homme en apercevant les morceaux de vases brisés sur le sol. Sans surprise elle ne releva pas plus que ça, sans doute pour ne pas le mettre mal à l’aise.

Ayah pénétra dans la pièce et commença à scruter les lieux et son regard sembla s’attarder sur la disposition des lits. Il est vrai que Vlad les avait positionnés de la sorte à en faire un lit double. Ce point semblait la perturber un instant, et avec du recul Vlad se rendait bien compte que c’était peut-être une décision qu’ils auraient dû prendre à deux.

La jeune femme se tira de sa contemplation du mobilier afin de s’adonner à un tout autre type de contemplation. Elle s’approcha du bureau afin d’apprécier l’odeur et les couleurs de la composition florale dont les couleurs avaient été soigneusement choisies par notre jeune soldat. Ayah lui demanda si c’était lui qui avait choisi les fleurs, ce à quoi Vlad fit un signe de la tête timidement. Visiblement, cette délicate attention la ravit.

Ayah déposa ses affaires sur le bureau puis reprit la parole afin de raconter sa petite journée à l’infirmerie avant de prendre place sur le lit, tandis que Vlad terminait de ramasser les morceaux du vase précédemment brisé.

« J’ai entendu dire que tu étais affecté à l’avant-garde. J’ai déjà rencontré ton lieutenant : Valentino Rivolti. Il m’a l’air d’être plutôt bon dans son rôle. » Un sourire amusé, mais bienveillant passa sur son doux visage tandis que le jeune homme se gratta l’arrière du crâne, de gène.

« Néanmoins il paraît qu’il est très exigeant sur les entraînements matinaux, pas vrais ? En tout cas, tu as l’air plutôt en forme depuis le temps ! En revanche pour ce qui est du déménagement, je crains qu’il n’y ait pas de quoi occuper toute une après-midi… Tu as encore beaucoup d’affaires à ramener ? » Lui demanda sa tendre moitié.

Vlad n’avait que très peu d’affaire en sa possession, il avait déjà tout déballé et installé. En l’état, la pièce semblait bien vide, mais ce n’était pas une mauvaise chose, car ainsi, ils pourraient plus aisément harmoniser leurs nouveaux biens. Cela aurait été bien moins aisé si les deux parties avaient déjà moult affaires personnelles, des sacrifices auraient été nécessaires afin d’ajouter de nouvelles choses.

« J’ai déjà déballé toutes mes affaires…je n’ai vraiment pas grand-chose et ce n’est pas plus mal. » Déclara le jeune garde d’une douce voix.

Vlad frappa doucement son poing contre l’intérieur de sa main en regardant sa compagne, accompagnant son geste d’un petit sourire joueur.

« Quant à l’entraînement, je pourrai te montrer les fruits de mon entraînement si tu veux ? Peut-être plus tard ? En tout cas, j’espère que tu ne t’es pas ramollie dans ton unité médicale ! » Déclara-t-il en rigolant à gorge déployée.

Sa compagne venait de terminer son service et avait peut-être envie de se reposer un moment avant de faire une quelconque activité. Peut-être n’avait-elle pas mangé ? S’interrogea le soldat intérieurement avant d’extérioriser ces pensées :
« Tu as peut-être faim ? Je te saute dessus dès ton arrivée alors que tu viens tout juste de terminer ton service du matin. Si tu veux, on peut aller manger un morceau à l’extérieur du bastion ? On en profitera pour acheter un nouveau vase…que je te laisserai transporter afin d’éviter un nouvel incident… » Termina-t-il en riant de sa propre bêtise.

Vlad était très joyeux de retrouver sa compagne et de commencer cette nouvelle étape de sa vie à ses côtés. Le jeune homme s’approcha de sa compagne et s’assit à ses côtés sur le lit avant de lui prendre la main. Il entrelaça ses doigts des siens avant de porter sa seconde main sur sa délicate joue afin de tourner son visage vers le siens.

« Tu m’as vraiment manqué mon cœur… » Déclara-t-il en un soupir.

Ses yeux se fermèrent et son visage s’approcha du siens jusqu’à épouser ses lèvres des siennes. Il l’embrassât tendrement tout en caressant sa joue, appréciant la douceur de sa peau et le goût de ses lèvres. Les yeux du soldat s’ouvrirent doucement au fur et à mesure que son visage s’éloignait du siens. Il se figea un instant, contemplant la beauté de son visage et le bleu de ses yeux avant d’incliner légèrement la tête sur le côté en souriant, attendant les réponses à ses dernières questions.

Ayah considéra Vlad avec une pointe d’étonnement tandis qu’il proposait, en substance, qu’ils s’affrontent dans le cadre d’un entraînement. Mais pourquoi pas après tout ? Un sourire amusé barra son visage tandis qu’elle observait tranquillement son ami rire à gorge déployée.

Si elle s’était ramollie dans son unité médicale ? Allons bon. S’il pensait vraiment que c’était le cas il allait avoir droit une sacrée surprise ! Elle faisait certes partie d’une division axée sur le support, mais dans une branche spécialisée sur le terrain, du coup elle suivait elle aussi des entraînements martiaux.

« Oh mais, j’aimerais bien voir ça ! » Lança-t-elle, imitant l’air joueur de son compagnon.
Ce n’était pas une proposition en l’air, elle était réellement curieuse de voir à quel point il avait progressé. Ils avaient déjà échangé quelques passes durant leur formation à l’académie, et le fossé entre eux d’eux s’était creusé année après année. Il était bien plus combattant qu’elle ne l’était.
Néanmoins…

« En fait, tu ferais mieux de faire attention à ce que tu avances, Vlad, l’unité médicale du régiment est loin d’être exempt d’entraînement. »

Disant cela, elle souriait et irradiait une sorte de joie simple. Dans ses souvenirs, elle parvenait un temps à lui tenir tête grâce à sa vitesse et s’appliquait principalement à esquiver ses coups, mais elle n’était pas en mesure de l’envoyer au tapis. Eh bien, ce serait l’occasion de revivre le bon vieux temps !

Elle ria et s’apprêtait à lui répondre quand il vint s’assoir à côté d’elle : les mots moururent et s’éteignirent dans sa gorge avant même qu’ils ne puissent prendre vie. Se laissant porter par ses gestes simples, elle partagea avec lui un nouveau moment de tendresse et sentit son palpitant s’emballer légèrement tandis qu’ils partageaient un baiser un peu plus langoureux que le précédent.

Cela faisait si longtemps qu’ils ne s’étaient pas vus… Elle avait eu l’esprit bien occupé ces derniers temps, et si l’absence de Vlad s’était évidemment fait ressentir, elle ne l’avait pas tourmentée outre mesure. Mais maintenant qu’il était là… Les choses qu’elle ressentaient étaient si différentes, un peu comme s’il avait repris sa place au centre de son monde.

« Je… Ah ! Non rien, oublie. »

Elle posa doucement sa main par-dessus la sienne et détourna le regard, gênée comme toujours après ce genre de démonstration d’affection. Le regard de son compagnon sur elle ne l’aidait pas vraiment à reprendre ses esprits et elle garda le silence quelques instants avant de soutenir à nouveau son regard : résolue. Il semblait si joyeux et jovial, si innocent… Et il attendait des réponses !

Résolue, elle s’arma d’un sourire simple et prit sa main entre les siennes, l’éloignant doucement de son visage :

« J’ai mangé quelques bricoles avant de te rejoindre. Du coup… Pour le moment je n’ai pas faim, merci de proposer. En revanche, oui, il va en effet te falloir un nouveau vase. »


Il avait proposé d’échanger quelques passes, et elle ne comptait pas le laisser se défiler ! Maintenant qu’il avait soumis l’idée elle avait senti gonfler en elle une sorte de hâte de de défouler dans un affrontement amical !

« On pourrait faire ça après être passés au terrain d’entraînement. » Ajouta-t-elle donc, lui adressant un rapide clin d’œil joueur.

Elle se remit debout, prenant au passage les mains de Vlad pour l’encourager à se lever. Ce faisant, elle se demanda s’il n’aurait pas préféré passer encore un peu de temps pour leur laisser le temps de se retrouver : mais c’était plus elle une perche trop facile à saisir.
Non pas qu’Ayah n’avait pas envie de passer de moment intime avec Vlad, mais elle aimait autant prendre le temps de le retrouver à sa manière.

« Allons-y… »

Elle serra quelques instants ses mains entre ses doigts sans vraiment s’en rendre compte. Elle aimait ce contact, aussi insignifiant soit-il, et son corps agissait sans qu’elle n’y pense vraiment.

La suite des opérations était donc entendue, et ils se mirent tous les deux en route vers leur destination après avoir pris soin de verrouiller leur nouveau nid commun.
Ayah était toujours partisane de la discrétion quand il s’agissait de sa vie sentimentale dans des lieux public, néanmoins, elle ne rechigna pas franchement à laisser ses doigts se refermer gentiment sur deux de Vlad tandis qu’ils marchaient, s’effaçant légèrement quand ils croisaient quelqu’un avant de revenir de plus belle.

Ils parcoururent plutôt rapidement le bâtiment qui hébergeait les dortoirs du régiments Al Rakija et arrivèrent bien assez vite dans une allée un peu plus passante.
Si Vlad n’était peut-être pas encore habitué à errer dans Bastion, Ayah avait quant à elle déjà construit plusieurs repères qui lui permirent de s’y retrouver très facilement dans les divers embranchements.

Ils arrivèrent bientôt à destination : c’était un beau début d’après-midi et les recrues étaient généralement ailleurs que sur le terrain.
Il y avait certes quelques soldats pour s’entraîner, mais assez peu de monde en réalité. En tout cas, l’une des « arènes » était disponible. C’était une simple surface circulaire d’une vingtaine de mètres de diamètres, constitué d’un sol de couleur plus claire que le reste.

La guérisseuse entraîna son compagnon vers un établi qui proposait différentes sortes d’armes. Ce n’étaient pas des armes réelles : juste des imitations ou des armées trop usées pour représenter un quelconque danger.
Épée, masses, filets, lance, sabres… Il y en avait vraiment pour tous les gouts.

« Alors, je ne sais pas si on t’a déjà expliqué les règles pratiquées ici, mais un petit rappel ne te fera peut-être pas de mal. »

Elle désigna l’aire circulaire :

« On commence au centre du cercle, le but est d’en faire sortir l’adversaire ou de le neutraliser. Immobilisation ou KO. »

Elle le regarda un instant pour rapidement préciser sa pensée :

« Bon… En revanche je t’avoue je j’aimerais autant ne pas arriver au KO. »

La jeune femme laissa ses déclarations faire leur cheminement dans l’esprit de son compagnon avant de conclure ses explications :

« L’usage du pouvoir n’est pas autorisé, cependant tu peux utiliser l’une des armes à disposition si tu le désire. On pourrait aussi utiliser nos armes habituelles je ne pense pas que cela poserait un problème… On peut se dire… Le premier arrivé à trois points l’emporte ? Qu’en penses-tu ? »