Sniff sniff, mais qu’est-ce que ça sent?
Sniff sniff, j’ai l’impression de sentir de la nourriture. Oui, celle que les humains ont l’habitude d’amener avec eux! Oh, cela veut donc dire que des humains sont dans les parages!

Me réveillant de ma petite sieste du creux de mon arbre, je sors de mon état léthargique après m’être étiré de tout mon long, baille aux corneilles en exposant ainsi mes petites dents puis j’étire mes ailes une fois sorties. Ah! Qu’il fait bon, aujourd’hui. Une journée idéale pour le petit lapillon que je suis pour me promener. Mais avant tous, je dois trouver la source de cette délicieuse odeur! Ma truffe bouge dans tous les sens et je suis la piste bondissant d’une branche à l’autre jusqu’à tomber nez à nez avec une humaine qui se prend pour un singe en grimpant aux arbres.

Évidemment, je pousse un petit couinement alors que je suis surpris par son apparition, ce qui me fait perdre pied et tomber de ma branche dans le buisson juste en dessous. Lorsque j’en ressors, un peu étourdie, je regarde autour de moi un peu perdu par ce qui venait de se passer. Secouant ma tête pour retirer la feuille qui me chatouillait les oreilles, je vois une autre femme qui est restée au sol, avec un air un peu plus désemparé que la première qui semblait bien s’amuser.

« Java! Ressaisis-toi! On n’est pas là pour chasser quoi que ce soit, mais là pour trouver la source de ce problème justement! »

Elle pousse un grand soupir et secoue sa tête ce qui fait bouger ces oreilles de gauche à droite m’hypnotisant presque avec, mais l’odeur qui l’entoure me ramène à la raison me rappelant ainsi ma présence en ce lieu. Je me démène alors pour sortir de mon buisson en le faisant bouger dans tous les sens et l’étrange humaine à la peau violacée se retourne aussitôt vers moi en pointant quelque chose vers moi. Enfin, ça brille et ses jolies, mais je ne pense pas que c’est pour me saluer. Enfin, en voyant ma petite bouille toute mignonne, elle se détend et soupir de nouveau en se détournant de moi comme si je n’existais plus!

Ah que non! J’ai faim moi et si c’est elle qui garde la nourriture, elle doit m’en donner. Alors sans demander mon reste, je grimpe à sa jambe pour gravir rapidement jusqu’à ses épaules.

« Manger! Que je lui dis, même si elle ne semble pas me comprendre.
- SQUICK toi-même déjà et dégage de là, je suis pas ton perchoir, me dit-elle en me chassant vite fait d’un coup de main. J’ai déjà bien des soucis avec la lieutenante… »

La grande humaine aux yeux rouges attrapa finalement sa collègue qui était de nouveau tombée au sol par les épaules et l’observa un moment avant de la secouer un peu.

« Oh! J’ai un gamin à retrouver moi et si je ne reviens pas avec la lieutenante du village percher, ça va mal se finir pour moi! Alors soit tu reprends tes esprits, soit je n’aurai pas le choix de te ligoter et de te traîner par la force! »

Ayayaye! Je n’aimerais pas être à la place de cette dernière en tout cas!

Bon, les humaines sont bien trop occupées pour se soucier de moi et ne désire même pas me donner à manger! Tant pis, je ne veux pas risquer de finir sous les fesses de l’une d’entre elles. Puis, j’ai toujours faim moi!

C’est ainsi que le petit lapillon s’en retourna d’où il était venu. Sur son chemin il croisa alors un grand oiseau au pelage sombre et aux yeux dorés qui semblaient avoir été attirés par ses bruits qui normalement ne se trouvaient pas ici. Se posant sur la branche, il tourna la tête sur le côté dans un angle qui donnait l’impression qu’il allait se casser le cou. Le corbeau semblait intéressé par la présence des deux femmes et n’est certainement pas le seul.

Mais qu’est-ce qu’elles racontent! Elles ne voient pas qu’elles sont en train de déranger toutes les créatures de la forêt! Si ça se trouve, elles vont attirer les mauvaises et vont se faire dévorer toute crue! Quoique… allez-y continuer! Je pourrai me repaître des restes de leur carcasse! Enfin, l’une d’entre elles semble déjà vouloir y laisser ses cheveux puisqu’elle y avait glissé ses doigts tout en les serrant fortement.

« Mais non, je ne te parle pas d’un gamin disparu, mais du mien. Cid, celui qui a grandi en moi pendant neuf lunes et que j’ai mis au monde il y a quelque temps! J'aimerais le retrouver rapidement, chez moi, dans ma maison... »

Cid? C’est quoi un cid? D’ailleurs, ça ne pond pas d’œuf comme nous ça? Enfin, comme les femelles évidemment. Parce que bon, je suis un mâle moi et d’ailleurs, je m’apprêtais à rejoindre une jolie demoiselle qui a su attirer mon regard de son magnifique plumage noir ébène et brillant. Son joli croassement qui a su percer mon cœur et prendre le contrôle de moi. Mais ces viles créatures bipèdes ont tout fait tomber à l’eau! Elles ont fait fuir ma dulcinée que je n’ai pas pu charmer de ma magnifique parade! C’est une honte!

« Java, on ne peut pas voler! » Elle s’arrêta un moment pour se frotter les tempes. « J’ai vraiment l’impression de parler à un mur! »

Moi je connaissais ça les murs et je m’en suis déjà pris un lorsque j’étais un jeune corbeau. J’ai causé une grosse frayeur à ma mère et d’ailleurs, j’ai failli y laisser mes plumes. Si mère ne s’était pas montrée courageuse, le gros matou m’aurait certainement dévorée, mais à la place, il s’est pris des coups de bec à n’en plus finir.

« QUOI?! Attends… Attends… t’es en train de me dire que tu as croisé une fée tout à l’heure et que c’est depuis ce moment-là que tu te sens comme ça? »

Oh, les fées. Elles ne sont pas toujours sympa. D’ailleurs, j’y ai perdu un frère à cause d’elles. Je me souviendrai toujours de ce moment où maman nous avait dit de ne jamais nous éloigner du nid et de ne parler à personne. Roni n’avait pas écouté et s’était laissé attiré par la douce voix de la fée qui lui avait promis bien des choses et depuis nous ne l’avons plus revu. Il semblerait qu’elles travaillent parfois pour plus fort et plus gros qu’elle dans le seul but d’attirer des faibles créatures pour être dévorer. En tout cas, si c’est le cas, l’hybride ne semble pas attiré par la même chose que la seconde et attrape aussitôt le poignet de sa congénère.

« Java! Écoute-moi sérieusement. Concentre-toi sur ma voix. Nous sommes dans un piège… et si nous continuons d’avancer, nous risquons d’y laisser notre peau. La fée doit certainement être dans les parages si elle a gardé son contrôle sur ton esprit. Mais cesse de penser avec ton estomac et pense à quelque chose qui te tient à cœur! Tu dois lutter contre son enchantement! Parce que tout dépendant ce qui nous attend là-bas, je n’ai pas envie d’avoir à lutter seule contre cette créature! »

Un petit rire espiègle se fait entendre, ce qui me fait sursauter. J’ouvre grand les ailes pour ne pas tomber et pousse un croassement malgré moi. Si la fée est toujours là, ça veut dire que j’y risque aussi ma peau! Non! Je ne dois pas rester ici.

FUYONS!

Cacher dans le feuillage des arbres, là où elles ne peuvent pas me voir, j’écoute et je regarde attentivement ce qu’elles font ou disent. La grande oreille ne semble pas avoir été affecté par ma magie, ce que je ne comprends pas, mais pourtant n’était-ce pas l’idée du siècle que d’inventer cette histoire hurluberlu avec leur supposée déesse Lucy et sa grande baleine! Nombreux chasseurs ou braconniers se promènent dans la forêt alors autant les punir et les attirer dans notre piège! Les autres? Ce ne sont que des dommages collatéraux, mais bon, ça compensera pour tous nos amis de la forêt qui ont été chassés injustement! Au moins, sa partenaire semble prise dans mon sort ce qui n’est pas plus mal! En plus, la peau grise ne semble pas vouloir l’abandonner. Dans tous les cas, c’est très amusant de la voir grimper aux arbres et tomber par la suite…

Sauf que je ne m’attendais pas du tout à la suite.

L’idiote qui ne pense qu’à manger parle de moi! J’ouvre grand la bouche en plaquant mes petites mains dessus. Elle m’a vu? Elle sait que je suis ici, ou du moins elle n’en a aucune idée,  bien que la peau grise m’embête!

La grande oreille est une petite futée, oui oui oui.
Mais elle ne m’échappera pas, non non non!

Si elle croit pouvoir échapper à mon piège, elle se met le doigt dans l’œil! Vergon ne sera pas très heureux si je ne lui apporte pas suffisamment de nourriture. Les petits animaux ne lui suffisent plus et depuis qu’il a goûté à de l’humain, il semble s’être épris de leur tendre viande.

C’est toujours moi qui dois tout faire le travail! N’est-ce pas injuste? Moi aussi j’aimerais pouvoir manger ce grand festin, mais il m’a regardée de ses grands yeux injectés de sang et d’un grand sourire rempli de dents pointues; si je ne l’écoute pas, c’est moi qu’il mangera.

N’est-ce pas excitant cette histoire? J’éclate de rire ce qui semble faire fuir quelques animaux non loin de nous. Un corbeau passe non loin de moi alors qu’il semble pleurer sa maman, alors que des bêtes au sol semblent se terrer dans leur terrier. Il est temps que j’intervienne! Je ne peux pas risquer de les perdre et qu’elle casse tous mes plans!

« Java, laisse cette pauvre taupe tranquille. Ce n’est pas elle le problème! »

En effet, elle n’est pas du tout un problème. C’est moi leur plus grand problème! Mais si elle ne fait pas attention à moi, elle me laisse le champ libre! Utilisant ma magie, je répands autour de moi une douce odeur de viande grillée. En les observant, je me doute que c’est ce qui attire la femme au bâton! Il me faut les attirer vers Vergon avant qu’il ne soit trop tard! Puis il faut faire vite avant que cela n’attire d’autres créatures! Je ne voudrais pas que le menu de ce soir soit dévoré par d’autres!

« Ça sent bizarre soudainement, non? » demanda alors la grande oreille en observant autour d’elle. Elle en oublia même son ami qui martelait le sol de son bâton.

« Elle doit être proche de nous… Elle cherche à nous leurrer! » Rajouta-t-elle alors qu’un petit cri rageur monta dans ma gorge!

La femme semble sortir de sa bague un grand arc fait d’ossements de créatures en tout genre et je retiens un cri de surprise. C’est une chasseuse! C’est une meurtrière! Je vais la réduire en lambeaux!

On dirait un vrai spectacle tout ça. Des créatures à n’en plus finir restent tapies dans l’ombre pour observer ce qu’il se passe. On dirait un véritable ballet entre la vilaine fée qui sévit depuis quelque temps dans ce bout de la forêt ainsi que les deux étrangetés aux longues pattes! Enfin, elle ne m’a jamais embêté la fée. Ça doit être ma bande blanche qui parcourt tout le centre de mon corps qui l’effraie! D’ailleurs, je ne comprends pas trop pourquoi, mais y’a pas trop de copains à mes côtés. Pourtant, je suis quelqu’un de sympa. Enfin, ça a toujours été comme ça. Chaque fois que je m’approche d’un point d’eau tout le monde se barre en courant. Pourtant, ce n’est pas comme si je déclenchais une tempête à chaque fois que je pétais. Je suis douée pour ça. Quand j’étais petite, j’avais souvent très très peur, mais aujourd’hui je suis une grande fille!

D’ailleurs, vous avez vu comment la dame au chignon à tué ce pauvre Claude? Une vraie histoire d’horreur tout cela, mais je suis une curieuse dans la vie, alors même si tout ça m’effraie, je me sens obligé de regarder. À croire que je me nourris à l’adrénalinamachin. Vous voyez, même moi je ne sais plus du tout ce que je dis. Enfin, paix à ton âme Claude la taupe, tu n’avais pas un si mauvais fond, mais comme t’y voyais pas très clair tu finissais toujours dans les terriers des autres. Bien fait pour toi!

C’vrai que ça sent soudainement bon! La bonne viande grillée, même si je mangerais bien une grosse larve un peu gluante et for juteuse. Miam miam! Enfin, d’ailleurs je ne suis pas la seule à qui la nourriture semble intéressée. La tueuse de taupes en parle aussi à sa copine qui semble avoir pris en main son arc. J’imagine qu’elles souhaitent chasser la fée? Enfin, c’est quand même leur but depuis qu’elles l’ont découverte!

Enfin, elles chuchotent doucement entre elles sans qu’on puisse y comprendre quelque chose soudainement la femme vêtue de bleu décide de bondir dans tous les sens tentant cette fois-ci de débusquer la fée qui semblait de nouveau essayer de les leurrer. Elle vole partout, bondit partout m’obligeant ainsi à changer de place. HIIIII on manque d’écraser ma queue en plus.  

Enfin, pendant que ces dernières dansent dans tous les sens, la grande oreille lève son arc et se munit d’une simple flèche afin de l’encocher sur la corde de son arc osseux. Enfin, il est plutôt étrange, mais ça ne ressemble pas à des ossements humains tout ça. Elle tire doucement et semble se concentrer en retenant son souffle. Elle attend et elle suit les mouvements jusqu’au bon moment, j’imagine. Après tout, elle ne voudrait pas planter sa copine d’une flèche non? Je suis sûre que c’est douloureux ça.

« Bouge Java! »

Et c’est à ce moment qu’elle laisse sa flèche foncer transperçant les ailes de la fée qui s’écrase au sol. Sauf que moi, je me suis éloignée pour ne plus être dans leurs pattes, mais la flèche elle, elle a décidé de continuer son chemin! Et deviner où elle s’est plantée? Juste à côté de moi! J’fais un arrêt cardiaque d’une micro seconde, je pousse un couinement et je perds le contrôle lâchant aussitôt le liquide puant de mes glandes. Je rougis de honte lorsque je réalise et je me cache dans un buisson alors que l’odeur se répand rapidement.

« Oh merde, y’a un putois dans le coin et j’crois qu’on lui a fait peur. Ça sent la mort. » Dit alors les grandes oreilles en s’approchant de sa copine. « Laisse-moi juste en finir avec ça… » dit-elle en écrasant fortement sa botte sur la pauvre fée en détresse qui rampait sur le sol. Tout le monde a entendu le craquement sinistre de ses petites articulations qui se brisaient sous la grosse botte de la femme. Alors que bien d’autres animaux semblent heureux de la situation.

« Allez, vient, on se casse d’ici. J’suis sûre que Jean, Pierre et Georgette sont tous déjà morts de toute façon au vu de la situation et si tu ne m’avais pas parlé de la fée, ça serait peut-être notre cas aussi. Tu expliqueras aux autres ce qui s’est réellement passé et si vous voulez vraiment chercher les disparus, je vous conseille d’y aller à plus de deux maintenant que le souci de la baleine est réglé…»

Enfin,  je sens quand même que ma présence et de trop alors que de nombreux yeux restent braqué sur moi. Je pousse un soupir un peu attristé et je me détourne pour m’en aller. J’imagine que les copains feront la fête sans m’inviter encore une fois.

Lancé de dés: