A votre réveil, tout vous semble bien plus grand. Ou est-ce vous qui êtes devenu minuscule pendant votre sommeil ? Vous allez vite vous rendre compte que oui, vous avez rétrécit mais pas que… Vous voilà dans la peau d’un glooby baveux. A vos côté, un autre glooby s’éveille. La communication n’a pas l’air simple après tout aucun de vous ne parle communément le glooby.
Mais la communication n’est pas votre plus gros souci… Vous êtes littéralement au milieu d’une rue. Et avec le lever de soleil, l’activité commence à augmenter ! Pieds, sabots, roues de caléches… ne vont pas tarder à abonder au risque de vous transformer en bouillie gloobyesque. N’oublions pas les éventuels prédateurs.
Vous redeviendrez vous-même demain matin au lever de soleil. Entre temps, survivez !
Participants : Aeron Renmyrth et Ashley O'Callaigh
Challenge RP : Vous irez bavocher sur le plus de vitrine possible
Ses mains habituellement gantées s’étaient métamorphosées en de petites pattes, celle-ci ayant tourné dans un orange clair. Il commença à saisir la gravité de la situation lorsqu’en remuant son petit corps, il vit un boudin allongé tout aussi orange que la couleur habituelle de ses cheveux. Il rampa visqueusement jusqu’à la vitrine la plus proche et vit avec horreur l’état dans lequel il était à présent. Dans le reflet, il remarqua une petite créature aux iris d’azur, donc la couleur de son corps se marquait de nuances orangées. Il poussa un profond soupir. Manquant de laisser échapper un rire nerveux qui ne sortit même pas. Parce qu’en plus, il ne pouvait même pas émettre le moindre son. Il glissa ses petites pattes gluantes sur ce qui semblait représenter son visage pour s’écrasa sur le sol avec un bruit mouillé. Quel mauvais sort lui avait-on lancé pour qu’il se retrouve en pleine rue sous la forme d’un glooby ? Cette immondice qui faisait fuir sa fille en hurlant.
Il se retourna à nouveau vers son reflet en espérant qu’il ne puisse s’agir que d’un mauvais rêve, il tapota son image sans grand espoir. Il n’avait pas ressenti une telle humiliation depuis longtemps. Le petit animal se retourna dépité vers là où il s’était réveillé. Peut-être qu’il y trouverait un indice. Mais à la place, il découvrit l’un de ses semblables également étalé sur les pavés durs du sol. Il avança doucement, maîtrisant peu à peu les petites pattes. Puis il l’inspecta pour voir s’il était bien vivant. Le jeune noble essaya de le secouer pour le réveiller également. S’il était là, il devait probablement s’agir d’une personne coincée dans le même cauchemar que le sien. Avant de se mettre à la recherche d’une solution, il leur faudrait se mettre à l’abri de la foule avant que la ville ne s’éveille. Être deux ne feraient qu’augmenter leur chance de survie.
Une fois n’était pas coutume, le Prince avait décidé de dormir à l’extérieur du Palais. Une occasion mondaine quelconque supplémentaire s’était ajoutée à son emploi du temps, et il n’y avait pas eu le choix, pour économiser des temps de trajet interminables pendant lesquels il était malaisé de travailler. C’était, de fait, la meilleure solution, même si dormir hors de la bulle déclenchait toujours une forme d’appréhension légitime, bien loin de la peur débilitante qui était toutefois la sienne auparavant.
Quand Aeron s’éveilla au petit matin, il n’était cependant pas dans le confortable lit de plume à baldaquin qui était celui dans lequel il était certain de s’être couché. A la place, il se trouvait dans une sorte de rue, mais immense, où chaque pavé lui semblait faire plusieurs mètres de long. Avec la désorientation du réveil, il ne put s’empêcher de songer qu’une dalle lisse serait effectivement définitivement plus pratique pour la circulation des charrettes.
Il voulut se tourner pour regarder autour de lui, mais ses muscles ne répondaient pas comme prévu. Baissant la tête, il put constater qu’il n’était pas dans son enveloppe charnelle habituelle. Un rêve, donc, ou un cauchemar. C’était parfaitement possible, au vu de son état de stress. Son corps était allongé, gourd, épais, et d’un bleu mêlé de gris. Ses petites pattes s’agitèrent un peu vainement, et il dut se rendre à l’évidence : il était maintenant un glooby.
Un pied botté s’écrasa à quelques centimètres de lui avec un son mat, et il sentit le sol trembler. Mourir oniriquement n’était pas, foncièrement, un souci, mais c’était une sensation désagréable à laquelle il avait déjà beaucoup trop goûtée, même avec son pouvoir pour s’assurer que toutes les séquelles physiques seraient guéries. Agitant ses appendices, il se dirigea vers le mur le plus proche, sur le bord de la rue.
En tout cas, cela expliquait pourquoi les pavés étaient si grands : c’était lui qui était si petit.
Dans la vitrine de la boutique, il constata à nouveau ce qu’il avait déjà vu : il était un glooby bleu et gris, et un congénère se trouvait à côté de lui, orange. Il sembla logique au Prince d’engager la conversation. Après tout, il valait mieux aller dans le sens du rêve, pour voir où cela allait le mener.
« Bien le bonjour, ami glooby. Connaissez-vous l’endroit où nous nous trouvons ? »
Enfin, c’était ce qu’il avait souhaité transmettre comme information. Mais les cordes vocales n’était pas à disposition de la même manière que sous forme humaine et, au-delà d’une suite de borborygmes difficilement identifiables, il ne fit que cracher un gros filet de bave sur la vitrine devant laquelle ils se trouvaient.
« Pardon, j’ai encore du mal à manier mon nouveau corps. »
Nouveau glaviot. Voilà qui était clairement fâcheux. Il espérait en tout cas avoir été vaguement compris.
Voyant que son compatriote glooby ne semblait pas démarrer les hostilités, il se contenta de lui faire un petit signe de la tête pour l’inciter à le suivre. Dans ce monde de barbares, ils auraient sitôt fait de se faire écraser lamentablement. Puis comment trouver une solution à leur problème s’ils n’étaient pas capables de communiquer. Il inspira longuement avant de remarquer que l’autre petit animal était perdu dans ses pensées. Il revint vers lui, se dressant sur ses deux pattes arrière maladroitement avant de lui tomber dessus sauvagement. Peut-être que ce simplet d’esprit se réveillerait plutôt que de regarder les mouches voler. Cependant, le corps mou, il ne ressentit aucune douleur. Agacé de son état, il inspira longuement avant de se détourner pour ramper au plus proche des murs, les endroits les moins écrasés généralement.
Un clairon sonna au loin, alors que le ciel se dégageait de plus en plus, accueillant les premiers rayons de soleil aveuglants. Il redressa son petit corps pour regarder autour de lui. Les rues étaient encore calmes, mais peu à peu, elles se rempliraient. Ils allaient devoir faire vite pour se mettre à l’abri. Une grande ombre apparut au-dessus des deux petits animaux. Un frisson d’effroi parcourut le corps du jeune noble qui tourna lentement la tête. Une patte griffue siffla à côté de lui manquant d’égratigner son arrière-train gluant. Il roula sur le sol dallé avant de s’écraser à nouveau sur la vitrine avec un bruit humide. Légèrement sonné, Ashley se releva doucement, titubant sur ses petites pattes. Il vit le gros chat noir prêt à se lancer à nouveau à l’assaut, mais cette fois attiré par son compatriote glooby. Alors, non, il était inacceptable de laisser l’autre étourdi l’abandonner dans cette bataille de survie. Il se jeta tête baissée sur son camarade, faisant un roulé-boulé jusqu’à la vitrine d’en face, les faisant s’écraser tout deux dessus. La marque de son visage s’imprimant sur le verre. Il commença à essayer de vociférer des insultes en bougeant ses deux petites pattes avant comme s’il essayait de bouger ses bras en de grands mouvements.
« Il faudrait penser à survivre ! »
Mais plutôt qu’une voix courroucée, il cracha des glaires sur son portrait récemment dessiné sur la vitre. Désespéré, il se laissa retomber sans joie sur le sol alors que le danger du chat était loin d’être écarté.
Le borborygme de l’autre glooby se passait de traduction : il fallait filer au plus vite et s’éloigner du danger représenté par le félin. De leurs petites pattes ridicules, les deux gloobies se mirent à cavaler pour traverser la rue, et son danger des charrettes et des passants, de plus en plus nombreux à mesure que la matinée avançait.
Heureusement, et pour des raisons évidentes, les passants cherchaient également à ne pas écraser les gloobies, pour ne pas salir leurs semelles et avoir la sensation désagréable du corps mou se délitant sous le pied. Une botte frappa le sol à côté d’Aeron, le faisait s’élever de quelques millimètres au-dessus du sol à cause de l’onde de choc. Derrière eux, le chat les poursuivait en marchant et en dessinant des cercles autour d’eux, en prenant son temps.
Il ne voulait probablement pas les manger, ce qui était la bonne nouvelle. La mauvaise, c’est qu’il avait déjà vu des chats s’amuser, et que le résultat était généralement peu esthétique.
Alors que le félin monstrueux s’approchait à nouveau d’Aeron pour lui mettre un coup de patte, une immense main –immense à son échelle- attrapa l’animal de compagnie en le grondant, et il se laissa emporter avec un miaulement apitoyé. Il était vrai que lui non plus ne laisserait pas son chat risquer de manger un glooby… Après tout, qui savait ce qu’il risquait d’attraper comme maladie étrange le cas échéant ?
De l’autre côté de la rue, en vie, enfin, il tenta à nouveau d’utiliser ses cordes vocales, ou ce qui devait servir en tant que tel, mais à nouveau un filet de bave s’échappa, à moitié vers son camarade d’infortune, et à moitié sur la vitrine.
« Désolé. »
Mais cela ne fit qu’un jet de salive supplémentaire.
Peut-être était-ce une forme de salut et d’affection chez les gloobies. Il n’en avait pas la moindre idée, et se nota de regarder, par curiosité, désormais.
Puis, se concentrant sur chaque partie de son corps, il essaya de faire jouer son souffle sans que sa langue n’intervienne, d’abord, pour émettre un son flûté. En remuant doucement ce qui lui servait de visage, il parvint enfin à transmettre des sons qui lui paraissaient intelligibles.
« Je suis le prince Aeron. J’ai été transformé en glooby. Pouvez-vous m’aider ? »
Vivement, il se débarbouilla, essayant tant bien que mal de garder son calme. Mais sûrement qu’il n’aurait aucun scrupule à l’écraser sous sa chaussure lorsqu’il redeviendrait humain. Il secoua ses petites pattes avec manière, se débarrassant de l’excès de salive qui s’écrasa en de petites gouttelettes sur la vitrine. Cette façon de communiquer commençait à devenir tout de même sacrément agaçante.
Soudain, les deux appendices qui lui servaient d’oreilles se dressèrent sur son crâne mou alors qu’il était toujours dos à son compagnon bleuté. Il terminait de se débarbouiller fièrement, puis tourna son museau vers l’animal. Le fait que celui-ci ait réussi à émettre un son intelligible, fit noter au jeune noble qu’il devait lui aussi être capable de communiquer. Mais surtout, à l’annonce de son titre, Ashley devint blême, toute trace de contrariété ayant déserté son semblant de visage. Donc, ils étaient réellement deux à être dans cette situation catastrophique. Mais qui plus est, il était en compagnie du prince en personne. Le jeune glooby se permit un moment pour assimiler toutes les informations, pesant le pour et le contre. Était-ce réellement sa majesté ? Rien n’était réellement certain, mais il ne pouvait pas prendre le risque de l’abandonner dans le cas où c’était réellement lui. Après tout, lui-même avait bien été transformé en cette bestiole étrange.
Il sortit rapidement de ses pensées en hochant lentement la tête. Obtenir les faveurs de la couronne. Il n’y avait pas de meilleur tremplin pour son irréductible ambition. Il n’allait pas se risquer à la parole, afin de ne pas éclabousser son partenaire. Il fit un petit signe de la tête à nouveau afin de lui indiquer la direction. Ils n’étaient pas bien loin de la rue de sa galerie, ils seraient probablement saufs une fois qu’ils auraient pénétré sa boutique.
Bien évidemment, la route parut beaucoup plus longue qu’à l’ordinaire. Longeant avec attention les murs des bâtiments afin de s’éviter tous mauvais traitements venus de l’extérieur. Ils croisèrent enfants et animaux qui inconscients de leur existence, avaient tentés de les exterminer. Une balle en cuir, ou bien la gueule béante d’un chien qui manqua de les croquer. Ils mirent presque deux heures à atteindre leur destination. Leurs corps désarticulés étaient lents et peu pratiques, il leur avait fallu beaucoup de chance pour survivre aux aléas de la rue. Ashley ne communiqua qu’avec des gestes simples et explicites, afin d’indiquer la marche à suivre.
Souvent, pour échapper de peu à ceux qui tentaient de les assassiner, il crachota sa salive poisseuse aux museaux des animaux curieux, ou bien, il se collait au mur pour échapper à une roue de carrosse assassine. De la journée, il avait probablement marqué le tiers des vitrines qui se dessinaient dans l’allée avec son petit corps visqueux.
Enfin, il vit l’écriteau blanc où s’inscrivait le blason de la famille O’Callaigh. Alors que le soleil déclinait peu à peu à l’horizon, maculant les astres d’un dégradé saumon. Il pressa la marche, épuisé et affamé. En passant par la fenêtre de l’arrière-boutique, personne ne les remarquerait, et ils seraient en sécurité dans la réserve. Le tout serait de ne pas abîmer les œuvres une fois à l’intérieur.
Un sourire ( ?) crispé apparut sur les espèces de lèvres du noble lorsqu’il se rendit compte de la hauteur de la fenêtre pour atteindre leur objectif. La lucarne était bien assez grande pour les accueillir et toujours ouverte afin d’aérer la pièce. Ils ne fermaient qu’en temps de pluie afin d’éviter que le bois des tableaux ne moisissent. Il était temps de voir s’il était possible avec leurs pattes d’escalader le mur et que leur gluantise leur permettrait de ne pas se faire emporter par la gravité.
Dans sa tête, pour des raisons pratiques, il décida d’appeler l’autre glooby Byby, comme la fin du nom de l’animal.
Leur épopée parut interminable, pleine de dangers, de sauvetages épiques, et de bave. Surtout de salive, qu’ils expectoraient dès qu’un animal approchait de trop près, qu’ils cherchaient à communiquer, ou à se frotter contre les vitrines de la rue. La salive, de fait, leur permettait soit de glisser plus vite, soit justement de rester fermement accrochés en attendant que le risque passe de lui-même, par exemple quand il s’agissait d’une des innombrables charrette qui circulaient dans la Capitale.
Une fois finalement arrivés devant une énième boutique, Byby se dressa sur ses pattes arrières, ou une partie d’entre elles, et pointa vers le ciel. Plissant ses petites mirettes, Aeron nota la présence d’une fenêtre en hauteur, mais qui semblait tellement hors d’atteinte.
« Est-ce même possible ? »
A cause de l’ardeur des efforts fournis pour arriver jusque-là, un long jet de salive atterrit en plein milieu de la vitrine de la boutique.
« Hardi, dans ce cas. Je vous fais confiance, Byby. »
Après tout, Byby l’avait déjà sorti de plusieurs situations épineuses, donc malgré son mutisme, il semblait fiable. Il n’y avait en tout cas aucun intérêt à l’attirer dans un piège à ce stade de la situation : il aurait mieux valu tout simplement qu’un humain le ramasse au sol pour le stocker dans sa cave, ou n’importe quel autre stratagème pernicieux.
Ainsi, le Prince et Byby décidèrent d’entamer la montée vers ce qui serait probablement gage de sécurité : une petite lucarne dans laquelle ils pourraient se glisser aisément.
D’abord, la margelle en pierre fut aisément passée. Ils avaient l’entraînement, désormais. Puis ils collèrent leur ventre mou sur la vitrine et quand ils sentirent l’adhésion prendre, ils agitèrent leurs petites pattes pour se hisser péniblement vers le haut. Au bout de quelques décimètres, Aeron se sentit mollement chuter en arrière.
Etrangement, il n’était pas fatigué. Peut-être que son corps était dans son élément naturel, finalement.
A la nouvelle tentative, changeant sa prise, il parvint à rester accrocher et à se hisser juste derrière Byby au niveau de la lucarne, leurs deux corps ayant laissé une longue traînée de bave derrière eux. A l’intérieur, il faisait relativement sombre, à peine éclairé par la lumière venant de la petite fenêtre. Mais Byby d’abord se laissa glisser à l’intérieur, rapidement suivi par Aeron.
« Merci. Sommes-nous à l’abri ? »
Une longue glaire éclaboussa légèrement Byby et du papier entreposé dans un coin.
S’il avait pu, Ashley aurait soupiré longuement, par dépit, il ne fit que cracher un caillot de salive, bien gluant. Ce qui le pressa davantage était de se mettre à l’abri maintenant qu’ils avaient traversé moult péripéties. Puis si le prince se révélait être un imposteur, le jeune noble se ferait un plaisir de lui retourner les maltraitances qu’il avait subi tout au long de la journée.
Ce fut après bien des tentatives, qu’ils finirent par pénétrer l’enceinte de leur établissement, ils y seraient en paix, au moins jusqu’au lendemain, et ils pourraient surtout trouver une solution à leur problème. Il espéra intérieurement que tout se finirait au plus vite, ou bien que ce n’était qu’un mauvais rêve. Puis, tandis, qu’Ashley allait se retourner afin de se tenter à la communication, il eut le loisir de connaître à nouveau les effets d’une douche visqueuse. Si elle ne fit que le frôler, ce ne fut pas le cas en revanche de la pile de dossiers qui traînait non loin des œuvres entreposées dans l’arrière-boutique. Si elle ne fit que le frôler, ce ne fut pas le cas en revanche de la pile de dossiers qui traînait non loin des œuvres entreposées dans l’arrière-boutique. Peut-être un petit dérapage de son pouvoir lorsque celui-ci daignera à nouveau fonctionner.
Finalement, Ashley tenta de reproduire un souffle similaire à celui qu’avait fait le prince, il lui avait fallu plusieurs essais à crachoter quelques filets de bave sur le sol, avant d’être enfin capable de parler d’une voix étrange, tout en faisant ce qui ressemblait plus ou moins à une révérence.
« Enchanté, Cher Prince, il appuya tout particulièrement sur le dernier mot. Je suis l’héritier O’Callaigh. Nous nous trouvons actuellement dans mon humble boutique, je pense en effet que nous ne courons aucun danger ici. »
Plutôt satisfait d’avoir pu enfin s’exprimer, il se cala dans un coin de la pièce où l’air circulait le moins afin de garder un minimum sa viscosité et ne pas dessécher dans un coin de sa boutique. Il prendrait le temps de réfléchir à tout demain, il était bien trop épuisé ce soir, la journée avait été particulièrement éreintante. Sans même s’en rendre compte, il avait fini par sombrer.
~
Lorsqu’il se réveilla, Ashley avait une drôle de sensation, comme étant bien trop à l’étroit. Que le sol était étrangement dur sous lui, et surtout, il avait désagréablement froid. Le jeune noble entrouvrit son regard d’azur étendant ses longues jambes, et il réalisa enfin, les événements de la veille lui revenant en tête. Ils étaient, tous les deux, dans sa galerie, proches l’un de l’autre – probablement pour diminuer la sensation de froid qui les avait parcourus cette nuit. Puis surtout, il remarqua avec horreur qu’il était complètement nu.
Dépité, le jeune noble se releva, inspectant avec attention, l’identité de la personne à ses côtés, et il n’eut aucun doute quant au fait qu’il se trouvait en présence du prince. Ashley se pinça l’arête du nez, il ne savait pas comment gérer cette situation inédite. Le bon point, c’était qu’ils avaient repris forme humaine. Le mécène se leva, le corps douloureux d’avoir dormi à même le sol. Il chercha une solution pour s’éviter tous les problèmes liés au fait qu’il se trouvait actuellement nu dans sa boutique avec le prince du royaume. Le jeune noble entendit du bruit, il devait être tôt, car visiblement, la boutique venait tout juste d’ouvrir, il en profita pour entrouvrir brièvement la porte.
Le pauvre homme au comptoir manqua de tomber de son tabouret lorsqu’il vit la tête du propriétaire des lieux. Se demandant probablement ce qu’il fichait là.
Ashley, soupira longuement.
« Je ne tiens pas à débattre du sujet, faîtes venir deux tenues au plus vite, j’aimerais rentrer chez moi. »
L’employé hocha vivement la tête, encore sous le choc avant d’obtempérer aux ordres. Le jeune noble se laissa choir contre la porte, en attendant que le nécessaire soit fait. Puis il lança un regard vers l'endroit où se trouvait le prince.
« Je pense qu’il est de mise que nous rentrions chacun de notre côté et que cette affaire reste confidentielle. »
« Je vous fais donc confiance, Sieur O’Callaigh. La journée m’a pour ma part épuisé, donc je pense que nous pouvons nous poser dans un coin, cesser de baver partout, et prier pour que la situation soit toute autre demain. Si ce n’est pas le cas… il faudra sans doute chercher à atteindre le Palais, en espérant que la bulle d’antimagie nous sorte d’affaire, ou qu’un enchanteur parvienne à lever la malédiction. »
En tout cas, il ne voyait actuellement pas d’autre option. Peut-être écrire un message sur le papier avec leurs corps de glooby ? La tâche serait indéniablement malaisée, mais là où il y avait une volonté, il y avait une voie. Il ne faisait nul doute que des gardes royaux étaient déjà à sa recherche, de toutes les manières, suite à sa nouvelle disparition inexpliquée. Il espérait que Mère ne serait pas trop inquiète, et qu’il ne mettrait pas des mois à retrouver le chemin du Palais.
Au réveil, au-delà du froid, Aeron ressentit une légère douleur au niveau du dos, qui s’évanouit rapidement dès que son pouvoir reprit le dessus alors même qu’il remuait pour se redresser. A désormais deux mètres de lui, O’Callaigh, nu, venait de refermer la porte sur un serviteur. Ce devait être les échanges qui l’avaient réveillé. A côté de lui, la place était encore chaude.
Le Prince constata en tout cas avec joie qu’il était bien redevenu humain.
« Vous avez demandé de quoi nous vêtir, n’est-ce pas ? Il faudrait que je parte discrètement, pour ne pas prêter le flanc à des rumeurs… qui s’avèreraient gênantes, peut-être pour vous, a fortiori pour moi. »
Le fait était qu’un jeune noble pouvait s’amuser assez librement, dans les limites de ce que sa famille jugeait acceptable, mais que c’était moins le cas pour le Prince du Royaume, qui se devait de permettre à la lignée royale de perdurer, en produisant des héritiers qui reprendraient le flambeau le moment venu. Et si Aeron était toujours non-marié, si les rumeurs commençaient à se répandre qu’il était d’un bord ne favorisant pas l’apparence de joyeux rejetons, cela placerait ses parents dans une situation délicate, encore que pas insoluble.
Après tout, ils avaient déjà eu cette conversation : Atheas aurait possiblement des enfants qui hériteraient possiblement du trône au besoin. Et sinon ? Sinon… La situation serait à réévaluer.
Aeron, en tout cas, n’était pas opposé à enfanter. L’occasion ne s’était simplement pas encore présentée.
Ils s’éloignèrent de quelques pas l’un de l’autre, O’Callaigh restant près de la porte.
« Donc vous avez une boutique d’art, est-ce bien cela ? Vous spécialisez-vous dans un domaine ou une époque ou un style particulier ? Est-ce spéculatif ou purement un passe-temps ? »
Ils échangèrent poliment la dizaine de minutes nécessaire pour que le serviteur revienne, et Aeron nota soigneusement la boutique et son propriétaire en se rhabillant, avant de filer par la petite porte. Un dernier regard en arrière montra un visage n’étant pas celui d’Ashley O’Callaigh qui le regardait partir. Il espérait n’avoir pas été trop reconnaissable.
De retour au Palais, il rassura rapidement tout le monde, Mère et la Garde Royale en premier lieu, et fila se réfugier aussi vite que possible dans ses appartements, après que les enchanteurs royaux l’aient examiné à la recherche d’une explication au phénomène étrange qui venait de le frapper. Sans succès, mais ils assurèrent qu’ils allaient continuer à chercher.
Au moins, ce n’était pas l’Umbra…