Après des retrouvailles bien méritées, vous vous endormez dans le calme d’une auberge luxueuse. A votre réveil, les choses ne semblent pas avoir changée… A quelques détails près, les vêtements de Yuduar resplendissent de propreté tandis que ceux de Queen semblent avoir besoin d’un bon nettoyage et d’un reprisage. Mais dès que vous passez le pas de la porte, une réalité vous saute aux yeux. On donne du « Messire » à Yuduar et même pas un regard à Queen… Très vite, les choses semblent se préciser, aux yeux de tous, Queen n’est qu’une va-nue pied tout juste bon à divertir le Seigneur Al Rakija.
Participants : Yuduar Al Rakija , Queen Milan
Challenge RP : Vous raconterez l’histoire du moment le plus gênant de votre vie à l’autre.
Le soleil perçait avec franchise à travers les persiennes, projetant des ombres rectilignes sur le sol. Sa tiédeur emplissait la pièce si bien que Queen, malgré sa nudité, n’eut aucune réticence à quitter les draps. Elle les souleva d’un geste las et s’arrêta une fois découverte pour observer son compagnon. Encore endormit, comme toujours, ses épaules se soulevaient à un rythme cadencé, son air était parfaitement serein. Rien ne semblait pouvoir troubler son sommeil. Queen tendit la main dans sa direction et effleura sa tempe du bout des doigts avant de dévaler jusqu’à sa barbe. Une ride contrariée barra son front et elle retira sa main comme si elle venait de se brûler.
Sur le sol ne traînait plus sa robe de bal, seulement une robe de coton usée jusqu’à la corde et rapiécée un million de fois. Juste à côté trônait un immonde boléro de laine grisonnant qui s’accordait horriblement avec la robe serpillière. Accusant un moment de surprise, Queen se demanda si il ne s’agissait pas là d’un coup monté de la jeune Belmont. Cette dernière était une véritable renarde et il n’aurait pas été surprenant qu’elle place une magie rendant ses vêtements inutilisables. C’eut était un coup de génie, néanmoins la trésorière n’apprécia guère le trait d’humour. Faisant le tour du lit, elle attrapa l’une des larges chemise de Yuduar et la passa sur ses épaules. La matière la surprit par son poids. Sans être de mauvaise qualité, les tissus qu’utilisaient usuellement l’homme laissaient à désirer. Or cette fois, il s’agissait d’une œuvre digne des plus grands couturiers. Pourquoi sa tenue à lui était toujours en état ? Avait-elle pensé, l’air mécontent. Puis elle s’en était détournée afin de fouiller dans sa valise.
- Oh par la sainte… Gémit-elle, son visage pâlissant à vue d’œil. - Qu’est-ce que… Qu’est-ce que c’est que… ça La valise, normalement fait de cuir de dracaufleur, était maintenant devenu un vieux sac de toile et dedans, rien de plus qu’une autre robe marron cette fois. Queen tira dessus pour découvrir avec horreur que cette dernière, non content d’être aussi abîmée que sa jumelle, avait été recousue sur la hanche avec un énorme morceau de tissu bleu nuit. Les couleurs ternes juraient cruellement entre elles, si bien que la blonde rejeta la tenue avec force sur le sol. Une lueur sincère de panique brûla dans son regard et ni une ni deux, elle se précipita vers la porte qu’elle ouvrit à la volée. Par chance, l’un des majordomes se tenait justement devant. Son regard coula sur le corps nu de Queen dont les pans de la chemise n’avaient été fermés que pour cacher un semblant de son intimité.
- Je vois que sa seigneurie à bon goût en matière de corps mais certainement pas en matière de femme… Persiffla-t-il.
- Sa seignequoi ?
- Seignerie.
- Il n’y a pas de seignerie ici. La seule noble dans cette pièce, c’est moi et je n’ai pas l’impression d’être un seigneur. Cracha Queen avec véhémence.
A cet instant précis, la réaction du majordome fut si impromptue qu’elle ne sur pas réagir. Il éclata d’un rire franc, non feint qui emplit les couloirs. En un claquement de doigt, des larmes se mirent à perler aux coins de ses yeux et Queen dût faire un effort surhumain pour ne pas lui arracher les yeux à l’aide de sa nouvelle manucure.
- Aller, vous m’avais suffisamment fait perdre mon temps. Il la bouscula sans ménagement. - Et estimez vous heureuse que je ne vous fiche pas à la porte. Les catins que ramènent le seigneur n’ont pas droit à des traitements de faveur. Encore moins lorsqu’elles ne savent pas se tenir… De nouveau il laissa son regard filer sur le décolleté plus que généreux de la jeune femme.
- Qui traitez vous de catin ? Gronda Queen, ses doigts s’agitant pour former une boule de sève qu’elle éclata sur le visage de l’homme. Malheureusement pour lui, la trésorière avait tendance à viser juste.
D'une soirée des plus mémorables, Yuduar et Queen avait sut enchainer avec une nuit tout aussi mémorable. Les corps des deux amants commençaient à bien se connaitre et pourtant les surprises restaient présentes, toujours plus audacieuses, virulentes si ce n'est même primitives. Cette fameuse alchimie qui les rassemblaient à travers de nombreux soupirs coupables partagés, les molaires serrées de malédictions et le sourire pourtant fendu d'un trop plein de plaisir. Cela faisait bien des années que Yuduar ne s'était pas abandonnée de la sorte avec une femme, qui plus est avec une femme de la trempe de Queen. Sans parler de la fréquence de leurs rencontres qui n'avait cessé que de croitre durant les derniers mois, démultipliant raisons factices et autres bonnes excuses pour passer une nuit d'oublie sous le symbole de leur lubricité.
Néanmoins cette fois avait sut être différente sous bien des aspects. Si jusque là les deux amants étaient restés cachés, le mur de leurs secrets avait été désormais abattu pour laisser leur tandem apparaitre au grand public. Pouvions-nous parler de couple? Probablement aux yeux des autres, au milieu des jugements et des surprises, des messes basses et chuchotis. Mais en ce qui les concerne eux deux? Difficile à dire en réalité. Ces questionnements, aux allures des plus anodins pourtant, avaient assaillis le Capitaine la veille au soir. Depuis combien de temps ne s'était-il pas affiché de la sorte au bras d'une femme? Cela devait-il marquer quelque chose de particulier, si ce n'est son amusement de la situation et sa curiosité de se baigner dans le curieux monde des nobles? Probablement pas. Queen elle-même aimait à rabâcher que le seul intérêt les unissant était purement physique, un point sur lequel s'accordait le soldat sans rechigner. Pourtant. Tant de gestes trahissaient d'autres choses, d'attentions discrètes aux intentions cryptiques. Sourires muets, oeillades soucieuses, les masques tombant pour délier les langues de propos plus personnels.
"Probablement une simple impression..." se dit le Capitaine aux portes du sommeil, la tête de Queen posée sur son torse avec toute la beauté de son visage d'ange pour lui seul à observer. Sa pensée raisonna. Sans hélas trouver d'écho. Un pincement curieux au coeur, l'estomac se noua, une boule à la gorge. Oui, probablement une simple impression.
Malgré l'afflux de pensée qui s'était pressé devant les portes de son esprit avant que le sommeil vienne à faire son office, la nuit avait été des plus délicieuses. Ayant dormi tel le juste, le corps reposé jusqu'à plus soif mais encore marqué de ses folies du soir, Yuduar s'étendit à la manière d'un félin en se roulant dans les draps jusqu'à s'écraser face contre l'épais oreiller de Queen. A son habitude la trésorière était déjà levée, surement même affairée à se faire belle pour la journée. Au moins cette fois elle ne lui avait pas fait faux bond au petit matin, comme quoi leur situation allait en s'améliorant.
Hélas cette quiétude ne dura qu'un trop court instant. Tendant l'oreille pour percevoir un bruit venant de la salle de bain, le garde fut surpris de ne pas entendre l'écoulement de l'eau ou quelque chose de ce genre là. Une surprise qui ne fit que grandir lorsque des éclats de voix provenant du couloir se firent entendre, une véritable cascade juron et un bruit de coup mât, sec, impitoyable. Immédiatement il reconnu la voix de Queen et sauta du lit en s'enroulant la couette autour de la taille pour traverser la pièce jusqu'à la porte, l'inquiétude et l'incompréhension se partageant les traits de son visage.
"Qu'est-ce qui se passe ici?" héla Yuduar en ouvrant la porte en grand pour s'afficher torse nu dans le couloir avec sa traine de couette dans l'encadrure. Prêt à en découdre malgré tout si jamais il s'avérait que la situation était plus critique que prévue.
"Messire Al Rakija, elle m'as frappée-" commença le majordome qui se tenait devant une Queen remontée comme un coucou et vêtu d'une riche chemise en seule mise. Suivant l'éclat de l'affrontement, deux autres valets apparurent dans le couloir, un derrière Yuduar et l'autre prêt à épaulé le premier déjà malmené. Tous aussi interdits les uns que les autres par la situation qui se tenait devant eux. "Monseigneur, vous devriez tenir vos animaux en laisse." ricana la demoiselle derrière lui en adressant un regard moqueur à son collègue qui cachait son nez en sang d'une main tremblotante "Pardon, quoi?" demanda le grand brun du tac-au-tac, incrédule face à la phrase qui venait d'être prononcée. La suivante piqua un phare devant l'air courroucé qui malgré tout tirait les traits du barbu et s'épancha en excuses tout aussi ampoulées les unes que les autres. A grand renforts de titres plus honorifiques les uns que les autres qui plus est "Attendez, attendez, je vous arrête là. C'est quoi ces conneries au juste?" gauche, droite, un regard vers un majordome puis un autre, cherchant une réponse dans leurs regards fuyants "Queen, tout vas bien?" question presque oratoire pour ce qu'il en est, un feu invisible dansant actuellement autour d'elle pour marquer toute l'étendue de la colère qui l'habitait. Une main sur l'épaule de la Milan pour l'inviter à se retourner vers lui, peut-être qu'elle saurait éclairer sa chandelle face à ce mystérieux bordel. Soudainement une nouvelle voix, plus stricte et marquée par l'âge, éclata du fond du couloir.
"Veuillez retourner à vos occupations de ce pas et laisser le Seigneur Al Rakija avec sa... "dame de compagnie". Il me semble que vous avez mieux à faire que de commérer en abusant de la gentillesse de notre sieur alors vaquez avant que l'idée lui vienne de vous ramener à la ruelle d'où vous sortez." tonnante aux premières notes, méprisante quant à la mention de la trésorière, les trois autres cependant ne se le firent pas dires deux fois avant de débarrasser le plancher. Avec, une fois de plus, un ballet d'excuses alambiquées de mots savants et de titres à rallonge. Yuduar quant à lui, bouche en cul de poule et les yeux comme des soucoupes, était franchement entrain de se demander si tout cela n'était pas qu'un étrange rêve à l'allure trop réel à son goût "Je vous prie de les pardonner Monsieur, ils sont jeunes et leur langue est encore trop bien pendue." commença la sorte de gouvernante au chignon sévère de cheveux grisonnants "Même si je ne saurais que leur accorder quelques raisons." rajouta t-elle à voix basse avant d'enchainer "Je vous fait monter le petit-déjeuner Monseigneur, vous pouvez retourner dans vos quartiers avec "Mademoiselle" ici présente. Hm." une main sur ses lunettes comme pour les ajuster à la seule vue de Queen, regard perçant rempli de jugement.
"Hep, hep, attendez avant de partir! Quand vous dites seigneur machin truc là... c'est de moi que vous parlez?" question innocente pour ce qu'il en était, l'ancienne se retourna avant de dévaler les marches devant elle pour rire de bon coeur à ce qui semblait être pour elle la meilleure des blagues de sa journée "Toujours votre humour bien habituel Seigneur Al Rakija, vous ne changerez décidément jamais! Ahahah!" machinalement Yuduar rigola en réponse mais d'un rire jaune apposé à un visage déformé par un rictus de gêne et de convenance. Puis il reposa son attention sur Queen "Qu'est-ce que c'est que ce merdier?" de but en blanc il avait besoin d'appeler un chat un chat et priait intérieurement pour qu'elle aussi ne soit pas sujette à la folie ambiante des majordomes autour d'eux. Mais à en percevoir sa colère toujours aussi palpitante... il s'agissait bien de la vraie Queen à côté de lui.
- Hein ? Je… Bredouilla-t-elle, son regard brillant de nouveau d’une flamme hargneuse. Plus encore lorsqu’une voix qui aurait pu lui rappeler celle de sa mère brisa le silence qui s’était installé maintenant que les domestiques avaient fuit comme des rats. Queen ne l’aima pas. Dès l’instant où leurs regards se croisèrent. Peut-être son rang avait-il était réduit, toujours est-il qu’elle n’en avait pas moins été noble pendant les vingt sept dernière années. Ainsi, elle se redressa de toute hauteur et planta son regard de glace dans celui de ce qui semblait être une gouvernante en chef. Faire éclater un nuage de sève au visage de ce genre de personne n’aurait pas l’impact escompté, la trésorière devait jouer sur son propre terrain.
- Dans ma maisonnée, glissa-t-elle lorsqu’elle passa à ses côtés après avoir échangé puis ris allégrement aux commentaires de son amant, les domestiques sont correctement éduqués. L’ancêtre lui lança un regard acerbe auquel Queen répondit avec une moue aussi moqueuse qu’innocente. Puis la gouvernante disparut dans l’angle de l’escalier.
- C’est un cauchemar. Voilà ce que c’est. Siffla-t-elle les dents serrées, rejoignant à grands pas l’atmosphère protectrice de leur chambre à coucher. - Qu’est-ce que tu attends ?! S’indigna-t-elle en remarquant que Yuduar ne lui avait pas emboîté le pas comme un seul homme.
Ainsi ils regagnèrent tout deux la chambre, laquelle vit sa porte claquer avec fracas en signe évident de colère. Si quelqu’un dans cet endroit ignorait que la jeune Milan était de sale humeur, ce n’était plus le cas !
Maintenant qu’elle avait regagnée son lieu de perdition, elle se mit à faire les cent pas comme un lion en cage. Marmonnant ci et là des bribes de phrases incompréhensibles. Parfois elle lançait un regard irascible en direction du capitaine mais elle ne pipait mot et son regard retournait inexorablement scruter le sol alors que son index caressait l’ourlet pourpre de ses lèvres. Finalement, au bout d’une dizaine de longue minutes, ses pas cessèrent et elle releva la tête. Ses yeux de plissèrent, semblable à ceux d’un chat.
- C’est toi n’est-ce pas ?! S’écria-t-elle alors que ses boucles blondes s’agitaient autour de son visage comme un essaim en colère, son doigt planté dans la large poitrine du brun. - Avoue ! Il n’y a que toi pour faire un coup monté pareil ! Oh par la sainte qu’as-tu donc encore trouvé ! Et puis ça… Elle désigna les guenilles qui devaient lui tenir lieu de robe. - Je refuse de sortir en portant ça, Yuduar ! Moi vivante ça n’arrivera jamais tu m’entends !
- Je te hais Al Rakija. De tout mon être. Pesta Queen à mi-mot, de façon à ce qu’il soit le seul à l’entendre, alors qu’ils arpentaient les couloirs de l’auberge. Force était de constater que la Milan, tiraillée par la faim et probablement travaillée au corps dans tout les sens du terme par son amant, avait consentit à abandonner sa chemise pour les torchons. Cramponnée au bras de son amant, elle se faisait un plaisir de lui enfoncer ses ongles sans douceur aucune dès lors qu’un domestique osait poser un regard mauvais sur elle. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que dans ce nouveau monde infâme, Yuduar en était riche. - Quoi ? C'est un juste retour des choses ! Dans mon monde, il n'y aurait qu'Alphonse pour te regarder de haut ! Et moi. Pinçant le nez d'un air dédaigneux, elle fit mine de regarder ailleurs et laissa à son cavalier le loisir de les guider jusqu'aux cuisines. Après tout, cette auberge, semblait être devenu son repaire.
A en sentir la pression du corps de Queen contre sa seule main apposée sur son épaule, Yuduar pouvait très facilement évoluer toute la nervosité qui habitait la jeune Noble. Elle avait beau n'être pas bien grande ni épaisse, malheur à celui qui se sentirait à même de faire face à face avec l'étendue de son courroux à l'instant présent. Le pire dans cette histoire c'est que le bougre en question risquait d'être lui, car à coup sûr qu'elle allait avoir besoin de déverser sa haine et qu'il en sera le réceptacle d'une manière ou d'une autre. Tout cela était-il de sa faute? Absolument pas. Mais cet argument aurait-il un quelconque impact contre la colère de Queen? Absolument pas non plus.
C'est déjà avec une certaine surprise qu'il pus remarquer que la belle se limite aux mots en retractant toutes vélléités d'actions violentes à l'encontre des majordomes. Non pas qu'elle était de nature bagarreuse en temps normal mais il aurait presque trouvé la réaction logique dans leur cas précis. Même lui aurait pus craquer si ce n'était sans l'aide de la présence de son calme olympien et analytique sur le moment. Mais ni une ni deux Queen pesta et décolla en trombe à peine sa question posée de but en blanc, s'indignant doublement tandis que le Capitaine lui soupirait résigné en sachant pertinemment qu'il allait prendre la version longue de ce qu'il venait de recevoir en court. Si en temps normal il lui aurait bien tenu tête, la concession était là d'avance faite de subir la tempête le temps que le calme revienne après. En espérant de tout coeur qu'il reviendra assez rapidement, soit dit-en passant.
"M-moi?" balbutia Yuduar interdit à peine la porte fermée derrière lui. Il aurais aimé enchainer mais on ne lui en laissa pas le loisir. Ses mains naturellement se posèrent sur les poignets de Queen, tant pour réduire la pression de ses griffes sur son torse que pour calmer son feu intérieur. Avec douceur et malgré sa furie en face qui ne daignait se calmer, il remonta jusqu'au épaule à la manière d'une caresse lente "Ecoute, je comprend pas plus que toi ce qui est entrain de se passer et non c'est pas moi qui ai orchestré toute cette... j'sais même pas comment l'appeler, cette mise en scène ou je ne sais quoi là dehors." lâcha t-il calmement pendant qu'elle tiradait sur ses vêtements sans même faire semblant de l'écouter. Malgré toute l'ignorance qu'elle lui accordait, elle fut tout de même en moyen de repérer le seul et unique petit sourire amusé qui perça à travers le visage du brun "Y'a quand même quelque chose d'amusant là-dedans, hm..." se risqua le soldat en se râclant la gorge tandis qu'un rire léger montait en lui. Manque de pot l'humour de la blonde ne semblait pas au rendez-vous, à l'absolue surprise de personne. Ce qui marqua le début d'une bataille de mots digne d'être contée dans les plus épiques des récits s'autorisant un champ lexical défiant toutes politesses.
"Allons souris, tu leur donnes raison de te regarder de travers là." commenta Yuduar à la déclaration de haine qu'il reçu à demi-mot. Ni une ni deux les ongles de la demoiselle lui percèrent le bras sans une once de gentillesse. Ce qui lui provoqua un rictus de douleur contenue mêlé d'un amusement malicieux quant à la situation qu'ils traversaient.
Autour d'eux ,le personnel de l'hotel dévisageait le curieux couple avec le nez froncé de honte de voir leur grand seigneur accompagné de ce qui était pour eux la première souillon du Royaume. De cette étrange dualité découlait un pantomime tout aussi singulier, de nobles révérences bourrées de titres révérencieux adressée à Yuduar aux regards acerbes et mauvais jetés vers Queen. Le bon côté des choses là-dedans c'est que la Trésorière avait daignée enfin comprendre que cette mascarade n'était pas du fait du Capitaine, tout du moins elle l'avais dit mais reste à savoir si elle le pensait encore vraiment. Une fois la colère passée, leur corps reprenant leurs droits, la faim s'était faites sentir sans attendre pour de multiples raisons bien à eux au vue de toute l'énergie communément dépensée la veille. De ce besoin impérieux naquit plusieurs concessions de convenance, les ayant donc amenés à devoir s'exposer sous leurs fausses identités dans cette onirique auberge où tout le monde semblait considérer Le Seigneur Al Rakija tel dieu le père personnifié.
"Y'a pas de mal, au pire ça me fera une trace de plus et je suis plus vraiment à ça prêt." rigola t-il en se demandant d'ailleurs pourquoi Alphonse n'était pas présent dans la nuée de majordomes présents. Il avait pourtant juré l'avoir aperçu la veille et il n'était jamais bien loin de Queen la majeur partie du temps. "Monsieur?" la voix de la gouvernante se démarqua des chuchotis ambiants et sa sèche silhouette apparue à quelques pas d'eux "Le petit déjeuner vous attend selon vos souhaits de la veille."
"Mes souhaits de la veille?"
"Ceux-là mêmes Monsieur"
"Et bien..." regard vers Queen, interdit une fois de plus, retour vers la Gouvernante qui tête baissée de respect indiquait la porte à côté d'elle "Merci, j'imagine."
"C'est trop d'honneur Monseigneur."
"Ah, pendant que j'y pense, pourriez faire monter plusieurs changes dans ma chambre? Je ne sais pas encore ce que je vais mettre aujourd'hui." ce qui était absolument faux mais avec un peu de chance l'une de ses tenues permettrait à Queen de se vêtir avec quelque chose plus à sa convenance.
"Ce sera fait selon vos ordres, je vous souhaite le meilleur des appétits Monsieur."
Alors qu'ils fermaient la porte derrière eux pour se retrouver dans un riche salon orné de moults décorations, la voix moqueuse d'un majordome se fit entendre "On aurait peut-être dut mettre une écuelle pour la ch-" - "Silence il vas t'entendre!" suivi de rires et de la remontrance toujours aussi sèche de la Gouvernante qui les chassa une fois de plus.
Devant eux se tenait une table bondée à ne plus savoir qu'en faire de denrées aussi multiples que variées. Avec en plus des sets de couverts tous plus alambiqués les uns que les autres, ceignant une armée de cloches en métal sous lesquels devaient se trouver des plats chaud. Le pire là-dedans, une fois de plus, c'est que Yuduar avait grande peine à reconnaitre quoique ce soit de comestible dans ses propres habitudes alimentaires. Enfin, il y avait bien quelques classiques croissants et autres fruits, fort heureusement, mais le reste n'avait pour lui ni queue ni tête. Ce qui voulait probablement dire qu'a coup sûr Queen elle allait se sentir comme un poisson dans l'eau. Si ce n'est qu'elle allait probablement critiquer la majorité des mets et se retenir à nouveau d'allé égorger un servant a l'extérieur du salon. Le bon côté des choses c'est qu'ils allaient avoir le ventre plein.
"Bon, c'est pas que ça me déplait ou quoi mais vas falloir qu'on trouve un moyen de se barrer de là non?" demanda le grand brun en s'installant à table "Parceque c'est pas que c'est gênant mais presque et je compte pas passer ma vie comme ça." machinalement il se rempli une tasse de café "Heureusement que j'ai posé des jours de relâche pour le bal n'empêche. J'en connais qui vont pas me croire si je leur raconte ce qui est entrain de se passer." il s'agissait là de faire la conversation et de détendre l'ambiance du mieux de son pouvoir. Au moins elle avait à manger mais la lionne en face n'allait pas repaitre sa colère d'un seul et simple repas.
Queen attendait dans un calme parfaitement terrifiant. Ses yeux, maintenant semblable à ceux d’un poisson mort, n’écoutaient plus vraiment les échanges entre son amant et son pseudo petit personnel. Tout l’agaçait et si elle ne se retirait pas dans son monde intérieur elle était presque certaine qu’elle finirait par mettre à feu et à sang ce lieu de l’injustice et du vice. Malheureusement elle n’était pas sourde et cela malgré tout ce qu’elle aurait donné pour l’être en l’instant. Un grondement sourd échappa à sa gorge, presque à la manière d’un animal et les deux domestiques qui la lorgnait avec un air mi moqueur mi écœuré ne demandèrent pas leur reste. Elle avait amorcé un pas dans leurs direction lorsque les deux avaient détallée comme des lapins et que le brun l’avait entraîné dans son sillage, visiblement mort de faim.
- Ils ne te croiront pas parce que tu ne leur racontera pas. Répondit Queen avec une sécheresse digne des plus grands déserts.
Il y avait au moins un avantage à cette journée ; leur table était bien remplit. Même la jeune noble ne pouvait ignorer la qualité de ce qu’il était servit devant elle, c’est pourquoi elle ne se priva pas de se servir. S’emparant d’une pomme verte à l’acidité au moins équivalente à celle dont elle dégoulinait, elle croqua dedans sans faire l’effort de prendre des couverts. Après tout aujourd’hui elle n’était qu’une gueuse non ? Elle jeta ensuite son dévolu sur une assiette de pain grillé agrémenté de diverses confiture et pour terminer, repue elle avala un œuf dur. Le panel gigantesque de couvert ne la fit même pas sourciller mais elle ne daigna pas expliquer son fonctionnement à Yuduar pour autant. Lorsqu’elle eut enfin terminée, il s’approchait également de la fin de son repas et monté comme des horloges le personnel recommença à exister, s’affairant à débarrasser en un temps record tout en leur lançant des œillades curieuses pour certaines, méprisantes pour d’autres. Alors que la trésorière allait quitter la table aussi repue qu’agacée un jeune homme se teint à son côté et sa voix grinçante raisonna comme une source de lumière dans le noir complet.
- Les vêtements vous attendent dans votre chambre mon seigneur !
Pour la première fois depuis qu’elle s’était éveillé ses yeux abandonnèrent leur miroir de glace pour révéler une véritable étincelle d’espoir.
- Alphonse ! S’écria-t-elle, débordant de joie à l’idée d’enfin trouver un repaire. Malheureusement les yeux qui l’accueillirent brillaient autrefois d’une affection toute particulière qui avait été remplacé par un dégoût évident ainsi qu’une haine presque maladive qui, si elle n’avait pas été en présence de Yuduar, aurait pu lui coûter cher.
- Je ne vous permet pas, Mademoiselle.
- Tu ne me permet pas ? Siffla-t-elle en réponse, amer.
- Effectivement.
- Et qu’est-ce que tu ne me permet pas exactement ?
Ses yeux avaient dégelés pour devenir un immense brasier. Pourtant cet Alphonse lui tenait tête avec un air parfaitement dédaigneux.
- De m’appeler par mon prénom.
Digne, Queen ne fit même pas semblant de ciller et lorsqu’elle contourna le jeune majordome un sourire mauvais habillait son visage.
- Bon courage pour te défaire de ça… Sussura-t-elle à l’oreille d’Alphonse qui eut un mouvement de recul à peine perceptible. Quand il baissa les yeux ce fut pour découvrir une marrée de sève qui arpentait ses genoux à une vitesse fulgurante. Quand Queen serra le poing, elle se durcit comme de la pierre, emprisonnant ses pauvres jambes. D’une pichenette elle envoya une bulle se sève sceller ses lèvres puis elle tourna les talons afin de regagner sa chambre -ou du moins celle de Yuduar.
- Si vous comptez attendre qu’il se libère, vous pouvez encore patienter. On s’en va ! Aboya-t-elle alors que le regard d’or liquide d’Alphonse lui lançait des éclairs. Elle lui répondit d’un baiser volant avant de laisser onduler fièrement ses hanches sous ses oripeaux.
Désormais tout deux attablés, un semblant de calme retomba dans la pièce où plus aucun majordome ne risquait de faire exploser la jeune Milan à tout moment. Par de vaines tentatives de faire la conversation le Capitaine récolta plusieurs retour à l'envoyeur chacun empreints d'une acidité qui était propre à la belle blonde assise en face de lui. Fort heureusement pour le soldat, son humour taquin se retrouvait dans le ridicule qui les entouraient aujourd'hui et les réactions -quelques peu démesurées- de sa compagne avaient tendance à le faire sourire voir même rire. A son plus grand désarroi la plupart du temps mais fort heureusement pour lui la table était suffisamment espacée pour que les pieds de la demoiselle ne puissent atteindre ses mollets, elle se contentait donc de l'assaillir de regards de glace et d'autres renforts de piques assassines. Voila ce qu'on pouvait donc appeler un semblant de calme au milieu de ce début de journée pour Queen et Yuduar.
Mais, à en croire qu'ils étaient mis sur écoute, aussitôt leur collation terminée une nuée de personnel arriva pour débarrasser la table avec prestance et célérité. Chaque gestes finement calculés, aucun gêne de crée, pas l'ombre d'une remarque si ce n'est quelques courbettes et autres compliments à l'attention d'un Yuduar qui n'en demandait pas tant une fois de plus. Queen de son côté se rembrunit sans demander son reste non plus, probablement à deux doigts de commettre de multiples homicides avec comme seul et unique dessein de remettre l'univers dans son axe d'origine et donc bien loin de tout ce spectacle effarant. Soudainement un prénom franchit le pas de ses lèvres avec des notes de soulagement, comme si enfin le soleil perçait les nuages après plusieurs jours de morne grisaille. Interpellé, le brun quitta la discussion qu'il avait avec une servante pour remarquer prêt de Queen son fidèle valet de toujours qu'il avait déjà pus croiser de loin à plus d'une reprise. Avec un peu de chance leur porte de sortie allait se trouver plus vite que prévue.
Si ce n'est que la chance n'était pas vraiment leur fort pour cette journée. A peine quelques enjambées suffirent à les rejoindre sauf que déjà les mots fusaient entre la noble et son laquais. Au détail prêt que les rapports étaient entièrement inversées, une fois de plus là aussi. Yuduar, bec ouvert à deux doigts de rajouter une remarque sur l'étrangeté de la situation, se retrouva en suspend face au regard profondément dégouté qu'Alphonse lançait à Queen. Il remarqua immédiatement l'air mauvais qui traversa les yeux de la noble et commença presque à prendre peur du pire qui pouvait arriver.
"Je serais toi j'éviterais de-" mais il n'eut même pas le temps de terminer son avertissement. Déjà la sève magique enserrait les pieds de l'homme de main des Milan. Stupéfait, les yeux comme deux billes, il commença à ouvrir la bouche pour protester mais fut assaillit de nouveau sans sommation cette fois "Oh Sainte Lucy, priez pour nous..." levant une main sur son visage, Yuduar se serait presque attendu à ce qu'elle liquide le pauvre homme sans plus de cérémonie. Non pas que Queen était quelqu'un de violent de nature mais juste qu'elle était particulièrement en rogne aujourd'hui. Lui adressant un petit haussement d'épaule désolé et un sourire en coin aussi amusé que penaud, il emboita le pas à sa moitié qui déjà se dirigeais vers la sortie.
"J'ai presque eu peur pour lui, on aurait été dans de beaux draps avec un cadavre sur les mains en plus" enchaina t-il tandis qu'ils montaient tout deux les escaliers pour revenir vers la chambre d'où tout avait commencé.
Tout était parfaitement rangé, y compris les quelques accessoires utilisés la veille au soir qui étaient sagement pliés à côté d'épaisses piles de vêtements parfumés légèrement de lavande. Avec notamment des habits qui sauraient plaire à la demoiselle, comme l'avait demandé le bon Seigneur Al Rakija du jour. S'en fut presque lui qui se retrouva dindon de la farce à devoir se contenter de riches vêtements tous aussi collets serrés les uns que les autres. Il aurait volontiers échangé tout ça contre une bonne vieille chemise de lin, un pantalon bouffant en tissu et une paire de botte de cuir.
Echangeant au gré de leurs habillages respectifs, ils cherchaient tout deux une solution pour se dépêtrer de cette situation rocambolesque. Yuduar avait les yeux qui furetaient sur la silhouette tentatrice de la jeune noble qui s'affairait à se préparer et, si ce n'était par la cause de sa seule mauvaise humeur, lui aurait volontiers proposé de prendre une heure de retard sur leur journée histoire de s'offrir un peu de bon temps. Mais pareil proposition en de pareils instants aurait surement résulté à une réponse au froid équivalent celui d'un mauvais hiver du mauvais côté du gouffre nord.
"Ce que je te propose c'est qu'on retourne au Bastion pour aujourd'hui. Je sais que c'est pas ta tasse de thé mais d'une j'aimerais vérifier si tout ce bordel s'étend jusque là-bas et de deux je me dit que si tout roule de ce côté là on aura au moins un coin plus calme pour retomber sur nos pattes." elle n'allait surement pas aimer l'idée mais il ne voyait pas d'autres alternatives réalisables dans l'immédiat. Les arguments fusèrent naturellement d'un côté et de l'autre puis finalement la blonde céda aux idées plus pragmatiques du brun. Ils ne se donnèrent même pas le mal d'emporter les affaires restantes, rien ne leur appartenant dans tout ce qui leur était présenté.
Yuduar pris la tête du départ et annonça simplement à son équipée de valet qu'il raccompagnait mademoiselle au port de la ville. Quelques commentèrent aussi acerbes que déplacés fusèrent et une fois de plus les ongles de Queen se firent rappeler à la peau de son bras. Mais d'un pas leste les deux amants quittèrent l'auberge sans demander leur reste, sous les regards inquisiteur du personnel du Seigneur Al Rakija. Le Bastion n'était qu'a quelques dizaines de minutes de marche de là où ils étaient, ce qui leur donnerait plus que le temps nécessaire pour souffler.
Quand tout à coup, alors à une cinquantaine de mètres des portes du Bastion encadrée de ses hauts murs de pierre blanchie, une silhouette alarmée déboula devant eux. Mouvements hâtifs et yeux écarquillés d'inquiétude, Alphonse se tenait devant eux comme si il venait de trouver deux spectres disparus depuis des lustres.
"Madame! Oh par la Sainte j'ai cru vous avoir perdu depuis hier soir! Plus aucunes nouvelles, impossible de vous retrouver, j'ai dut me résoudre à venir quémander des renseignements auprès des soldats de votre..." il marqua un arrêt et jeta un regard d'un dédain non feint vers Yuduar "Compagnon. Je me suis fait un sang d'encre, je vous ai attendu de pied ferme toute la journée à l'Auberge des Quatre Saisons, dans la chambre que vous aviez réservée. Oh..." le pauvre homme en était essoufflé d'inquiétude. Le couple quant à lui échangea un regard qui en disait long, rempli tant de question que d'illogisme face au récit de l'homme qu'ils avaient laissés collé par la sève au beau milieu d'une salle à manger à peine quelques heures plus tôt.
"Je suis pas sûr de tout saisir..." et elle non plus visiblement. Au loin un garde héla Yuduar en lui faisant signe de la main, le Capitaine lui rendit l'appel en lui indiquant que tout allait bien de son côté. Les choses semblaient dans l'ordre. Queen presque machinalement marqua une séparation plus nette entre elle et le Capitaine, comme si se tenir trop prêt de lui risquait de ternir l'entièreté de son statut. Ce qui ne devait pas être entièrement faux aux yeux de la noblesse du Royaume. Mais habitué à pareille attitude, il ne fit que lui rendre un sourire et un clignement d'oeil. Chacun devait retourner à sa vie et elle semblait désormais entre de bonnes mains et de retour dans l'ordre naturel des choses "Mademoiselle Milan, ce fut une soirée des plus délicate et une matinée ma foi... surprenante. Je vous laisse avec votre homme de main, mes responsabilités m'appels." un éclat malicieux brilla dans ses yeux, souligné par un sourire en coin qu'elle lui connaissait bien "Vous saurez où me joindre si l'envie vous vient. Et je saurai me rappeler à votre mémoire dans le cas échéant. A bientôt, j'ose espérer."
Lui déposant un baise-main selon les règles de l'étiquette, le Capitaine Al Rakija laissa Queen Milan retourner à sa vie de riche noble du pays tandis que ses pas le ramenait quant à lui à ses obligations militaire envers la couronne. Tout était pour ainsi dire rentrer dans l'ordre. Pour le moment.
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