La Capitale est une belle ville, ces quartiers marchands, son fleuve, son palais mais aussi ses quartiers pauvres. Et le problème vient justement des quartiers pauvres. La Couronne a décidé de prendre le soucis à bras le corps avec une opération humanitaire de grande envergure. Vous avez été missionnés pour participer à ce travail. Nettoyage du quartier, extermination des gloutovor qui pullulent, soins aux malades… Le travail attendu est titanesque !
Participants : Ashley O'Callaigh Amaryllis Tylwaen Saryna Delarosa Ayah Stormsong
Challenge RP : Vous ne parlerez qu’en vers
Même s’il fut un temps où je n’aurais jamais répondu à un appel à l’aide pour une opération humanitaire surtout s’il n’y avait pas de récompense en fin de compte, il faut dire que c’est complètement différent aujourd’hui. J’ai tout de même changé, mais bon, ce n’est pas parce que je cherche à bien me faire voir si j’ai accepté le projet. Je vis dans la capitale depuis bientôt un an déjà et depuis ce temps, mon enfant est né. Cet enfant, contrairement à moi, grandira ici et se fera des amis d’ici et si ça se trouve, un jour il sera amené à visiter un ami dans les quartiers pauvres. Alors bon, c’est surtout pour son futur que je fais ça, même si j’ignore si cela restera ainsi.
La liste était bien longue et cela ne nous prendra sûrement pas qu’une journée et je ne serai sûrement pas seule pour tout faire, mais je dois avouer que le côté humaniste ce n’est pas trop mon dada, alors s’il y a de la bestiole à tuer, je suis partante pour m’en débarrasser. Devon avait souhaité m’accompagné, mais nous ne pouvions pas toujours compter sur nos parents pour garder notre gamin, alors je lui ai demandé de rester à la maison et de passer du temps de qualité à lui. Souvent absent à cause de la taverne, il était assez difficile pour lui de passer du temps avec nous, mais je comprenais. Nous avons besoin de cristaux pour tout payer et ce n’est pas en ne faisant rien qu’on y arrivera.
Le jour J, je décide finalement de me rendre avec toute ma panoplie d’armes pour accomplir ma mission ainsi que mes trois familiers; Misumena mon jeune laïum, Nephalie un drarbustre ainsi que Theraphosa un corbeau trois yeux. Cela nous permettra à tous les quatre de travailler en équipe pour nos véritables chasses en forêt. Pour le moment, je suis la première arrivée sur les lieux, alors je vais commencer par inspecter le tout pour me décider d’un plan de match. Je ne peux pas tirer des flèches dans toutes les directions et je n’ai pas spécialement envie de toucher par mégarde quelqu’un qui serait sorti de nulle part. Après faudrait que je me défendre et prouve mon innocence et que c’était qu’un accident. Trop compliqué à mon goût. Quoi? Vous pensiez que j’allais avoir un peu de compassion? J’en ai, mais seulement pour ma famille… D’ailleurs, une gamine aux vêtements tout déchirés vint jusqu’à moi et m’agrippa la jambe me surprenant par le même fait. Je baisse aussitôt la tête, alors qu’elle prend la parole avec ces grands yeux tout brillants.
ou passiez-vous simplement par ici? »
« Je suis missionnée pour venir chasser,
les vilaines bêtes qui vous ont envahis! »
Il semblerait que notre visite était attendue par la communauté puisque la demoiselle était tout excitée par cela. Je secoue doucement ses cheveux avec un sourire attendri. Bon OK, je vous vois déjà dire, mais il me semblait que tu n’avais pas de compassion! Pour les enfants oui.
Mon laïum un peu timide reste derrière le drarbustre et je mentionne déjà à mon volatile de faire un tour du secteur pour déjà avoir un ensemble d’où je devrais me diriger.
Même si Amaryllis n’en avait pas grand chose à faire, c’était plutôt bon pour sa réputation personnelle d’être vue en train d’aider la veuve, l’orphelin et le mendiant. Même si clairement la rousse n’allait pas prendre un balai pour se mettre à nettoyer les rues de l’endroit, non. Elle serait plutôt de supervision et d’organisation, aidant à la logistique de l’opération et contrôlant que tout le monde faisait bien son travail. Du moins, c’était le cas pour les gardes. Elle ne pouvait pas en dire autant des civils, même si elle ne serait pas contre se servir de leurs talents dans cette opération bien menée.
La priorité était certainement dans un premier temps la reconnaissance des lieux. Repérer les gloutovors, les rats, les souris et autres vermines pour en détruire les refuges - ou ces habitants. Ou peu importait quelles espèces pullulaient dans ces endroits, il allait falloir s’en occuper. Même si les chats et chiens sauvages seraient certainement mieux capturés qu’exterminés - histoire de garder le soutien de la population.
Amaryllis s’était installée sur la place centrale du quartier avec un bon nombre de gardes, sans tente ni aucun abri, simplement établie sur un muret de pierre comme seul quartier général. Un choix pas anodin, puisque plutôt à la vue de tous. N’importe quel volontaire pourrait alors la rejoindre pour proposer son aide, ou demander une intervention de la garde à un endroit précis. Déployant une carte des lieux découpée par secteurs, Amaryllis commença alors la phase première de l’opération. Chaque garde ayant déjà été briefé sur son rôle.
Elle répartit d’elle-même les patrouilles de garde dans les différents secteurs de la ville avec pour mission d’informer la population locale, et de les interroger pour dénicher les nids de vermines, ou leur ramener d’éventuels malades ou blessés. Les informations seront centralisées sur sa position puis des unités adaptées dispatchées aux quatre coins du quartier. Pour le moment, la reconnaissance était le maître mot de cette opération.
Une fois cette bonne chose faite, elle se tourna rapidement vers l’unité médicale.
« Unité médicale, vous savez quoi faire.
On va mettre en place l'hôpital de campagne.
Montez le camp près de cette barrière en fer.
Et pour le matériel, demandez à Jagne. »
Le Sergent Jagne, près d’Amaryllis, était le responsable de la logistique et avait ramené avec lui un grand dispositif matériel, médical ou d’extermination, ainsi que divers vivres et tout ce qu’il fallait pour que cette opération se passe sans accroc. Il était responsable des stocks avec ses hommes et de leur réapprovisionnement si nécessaire, ou encore de leur transport aux lieux d’action. La rousse ordonnait, et chacun de ses hommes agissaient selon leur spécialité. Les troupes de choc - si on pouvait les appeler ainsi - étaient prêtes à partir. Les premiers rapports de présence de gloutovors arrivèrent, et les premières unités se mirent en marche. Les premiers malades commencèrent aussi à affluer. Tout comme les premiers volontaires à l’aide civile qui arrivaient. Reçus par Amaryllis, ils étaient dispatchés dans diverses unités sous l’ordre d’un sergent, selon leurs compétences, en assistance aux gardes. Même si ce n’était parfois que dans une unité de nettoyage et de collecte des déchets. Un travail ingrat, mais nécessaire.
Quoi qu’il en soit, les premières patrouilles parties en éclaireur avaient pour but également d’indiquer à d’autres volontaires de se regrouper à la place centrale s’ils voulaient collaborer étroitement avec la garde. Mieux ils étaient organisés, plus ils arriveraient à remettre les quartiers pauvres en état.
Le chemin qui les portait était long. Le noble découvrait la ville sous un nouveau visage. Parsemée par une foule pressée, le dégoût marqua ses traits. Lui qui était toujours resté loin de ce monde, loin de ces êtres qui ne vivaient que dans la déchéance. Pourtant, lorsqu’il avait reçu l’invitation royale qui prônait le bien humanitaire, il avait été prêt à la voir se réduire en cendres dans la flamme de sa bougie. Lui, détestable noble qui méprisait ce monde hideux. Lui, qui avait vu dans le regard bleuté de son enfant l’espoir et la bienveillance. Il avait alors abandonné son dédain afin d’attirer un sourire sur son joli visage.
Ce n’est que le jour venu qu’il s’était présenté comme convenu à la rencontre de ces miséreux. Étrangement, il apparut avec un air affable inscrit sur le visage, il avait repoussé la répulsion qu’il ressentait à l’égard de ces pauvres gens. Le jeune homme pressa le pas sur les dalles qui avaient presque disparu sous la terre boueuse et puante. Au milieu d’une foule qui se laissa guider par les ordres, Ashley ne sut dans quelle branche se lancer. L’extermination sur le terrain n’était pas son domaine, et le soin d’autrui, n’en parlons même pas. Il poussa un profond soupir indigné alors qu’il s’était laissé emporter pour le nettoyage de grandes envergures. Le jeune noble regretta d’avoir cédé au joli regard de sa petite fille qu’il avait décidé de laisser chez eux, de peur que les quartiers dangereux puissent lui porter atteinte. Cependant, sa présence en ces lieux, ne l’aida pas à se décider sur la procédure à suivre. Il jeta un bref regard équivoque à son majordome qui s’était pressé de l’accompagner dans sa nouvelle folie.
Ashley décida de prendre un peu de hauteur afin de visualiser l’ampleur des dégâts et ce qu’il pourrait faire pour apporter son aide. Ce qu’il ne comprenait pas à l’heure actuelle, c’est ce qui avait subitement poussé la famille royale de s’intéresser à un problème tel que celui-ci aussi tard. S’ils s’y étaient pris plus tôt, il n’y aurait pas eu besoin de se lancer dans des travaux presque irréalisables. Enfin prêt mentalement à s’activer, le jeune homme retroussa ses manches alors que des enfants couraient pieds nus sur le sol souillé, habillés de haillons sales. Ils étaient bien trop maigres, bien trop jeunes pour survivre dans cet enfer sur Terre. Nul doute qu’il n’y avait pas que les enfants qui subissaient ce calvaire. Inconsciemment, son dégoût se transforma en pitié, il espéra pouvoir offrir à ces pouilleux une hygiène plus respectable.
Sitôt ces pensées lui effleurèrent l’esprit qu’il se lança à la recherche des nids qui infestaient le quartier. Sous un soleil de plomb, il dégagea une brique branlante de son support. Il entendit des cris furieux s’en échapper avant qu’une dizaine de rats n’en sortent, laissant derrière eux la carcasse d’un animal méconnaissable. Une odeur répugnante lui fit retrousser les narines. La journée promettait d’être très longue. Il réitéra cette opération à divers endroits, accompagné par d’autres bénévoles, faisant fuir la vermine, exterminant les progénitures, extirpant les œufs. À quatre pattes dans une petite cavité, Ashley recula pour s’extraire de l’antre, avant de se laisser tomber sur le sol, déjà éreinté par ses efforts.
«Il devient dur de se débarrasser de la vermine
Lorsque celle-ci ne désire pas qu'on l'extermine
Pour ces miséreux qui ne peuvent pas en réchapper
Je ferai mon possible pour ne pas abandonner »
Il soupira ces mots dans un souffle après s’être permis une légère pause. Il mettait bien plus de cœur à l’ouvrage que ce qu’il croyait. Ce n’était même pas le regard des autres qui le poussait à agir de la sorte, ni même pour se donner bonne conscience.
Un appel à volontaires avait été émis jusqu’au Bastion de Grand Port : faisait très clairement état de la misère ambiante qui se dégradait de plus en plus dans l’un des quartiers pauvres de la cité royale.
C’était tout naturellement que la jeune femme s’était portée volontaire : elle avait vu de ces propres yeux les conditions de vie inacceptables à certains endroits de la ville et se félicitait que le pouvoir en place daigne enfin mener une opération d’envergure pour y remédier… Même si tout cela revêtait un aspect tristement temporaire…
Elle avait donc effectué le voyage en quelques jours, profitant de l’aval de ses supérieurs pour mener à bien cette assignation. Il semblerait que des compétences médicales soient fortement appréciées pour contribuer à assainir les rues de la capitale.
Les quartiers pauvres étaient tels qu’elle les avait gardés dans ses souvenirs au moment où elle avait quitté la Capitale pour revenir à Grand Port. Un endroit sale où les gens côtoyaient diverses vermines et animaux sauvages, mangeant presque la même nourriture que ces derniers.
Ayah regarda quelque peu distraitement autour d’elle, surprise de voir autant de monde se rallier à la cause. Hormis la garde qui était payée comme n’importe quelle autre journée, nombre de participants n’avaient pas d’avantage pécunier à être ici, et on sait bien ce qui fait tourner le monde…
Les opérations étaient menées par une personne plutôt connue dans la garde régulière de la Capitale. Ayah n’avait jamais eu vraiment affaire à elle directement mais elle reconnut une certaine Amaryllis, qui avaient déjà eu tendance à se faire remarquer par son assurance et son aplomb quand il s’agissait de diriger des troupes.
Elle ne s’était pas fait que des amis, y compris parmi ses pairs, mais la guérisseuse ne portait généralement aucun crédit aux racontars : c’était peut-être le moment pour elle de se forger sa propre opinion sur ce personnage si haut en couleurs.
Ayah avait retrouvé des membres de la gardes qu’elle connaissait et qui semblait former une unité médicale avec des civils volontaires.
Après avoir salué d’anciens collègues elle reporta son attention sur Amaryllis Tylwaen tandis que cette dernière requérait la mise en place de l’hôpital de campagne. Les gens s’affairèrent aussitôt et se dispersèrent à diverses tâches : les uns exterminaient la vermine tandis que d’autres détruisaient des nids de nuisibles et que les derniers portaient attentions à divers miséreux touchés par divers maux.
La soldate aida ses comparses à monter le camp : elle porta divers matériaux pour bâtir et ramena les outils ainsi que divers appareillages plus ou moins obscurs, bien qu’elle reconnût la plupart comme étant du matériel médical.
Une heure passa avant qu’elle ne se redresse pour contempler le travail accompli : l’hôpital de campagne était à peu près opérationnel… Ce n’était pas parfait, mais au moins ils avaient une structure acceptable pour ausculter des patients, panser des blessures et donner des conseils sanitaires à une population qui manquait parfois clairement d’éducation, malheureusement.
Désireuse d’apporter son aide, elle rejoignit une petite équipe qui accueillait des malades :
« Est-ce que je peux vous aider ?
Quelqu’un nécessite-t-il des soins ?
Je suis prête à collaborer
Et je ne serai pas bien loin. »
Ses compagnons, qui connaissaient sa spécialisation dans le soin des plaies lui indiquèrent vaguement une petite division de l’hôpital de campement où quelques personnes semblaient déjà patienter : il y avait des habitants, mais aussi divers volontaires apportant avec eux un lot de morsures, griffures et éraflures diverses et variées.
Ayah comprit alors quel rôle elle pourrait jouer dans tout ceci : les opérations de nettoyage impliquaient parfois de petites plaies minimes qu’elle pourrait s’affairer à soigner ! Cela sans compter les blessures plus ou moins anciennes que peuvent présenter les habitants et qu’elle pourrait assainir et refermer.
La jeune femme crut l’espace d’un instant reconnaître une tignasse flamboyante d’un certain noble qu’elle avait déjà rencontré mais une interaction impromptue avec l’un de son camarade détourna son attention. Quand elle le chercha à nouveau du regard elle ne le retrouva pas et elle se persuada qu’elle avait rêvé…
En y réfléchissant bien… Elle serait fort étonnée d’apprendre qu’Ashley O’Callaigh ait daigné venir en chair et en os pour une tâche si basse… Non, impossible.
Tout à coup quelques éclats de voix se firent entendre un peu plus loin. Ayah était en train d’apporter des soins à une personne et leva la tête, curieuse. Il était apparemment question d’un malentendu entre deux personnes autour d’une confusion entre un familier et un nuisible…
Eh oui… Avec autant de personnes différentes il pouvait bien naître quelques tensions !
Naturellement, les soldats de la garde commencèrent à faire leur arriver suivi de bien d’autres bénévoles. L’avantage lorsqu’on a vécu de longues années en forêt, c’est qu’on dort peu et on se réveil presque avant les premiers rayons du soleil et avoir un enfant c’est presque pareil lorsqu’on vit en ville. Ça permet de garder les habitudes alors j’ai la chance de voir les petites fourmis se mettre en action et voir leur installation prendre de l’ampleur en peu de temps.
Enfin, j’irai bien les saluer plus tard. À dire vrai, même s’il m’est arrivé de travailler en équipe avec la garde, je n’aime pas spécialement m’en approcher. J’ai un passé troublé et heureusement aucune tache sur mon dossier, mais maintenant que je me la joue réglo, je préfère tout de même rester loin sauf si c’est eux qui me paient. Pas de bol, je suis sur une mission humanitaire donc entièrement bénévole ce qui veut dire que je peux travailler à ma façon tant que cela ne nuit pas à qui que ce soit.
Theraphosa survole doucement la ville observant de ses trois yeux de potentiels nids et cachette où pourraient se terrer les quelques vermines qui y auraient trouvé refuge. Évidemment, pendant ce temps, je questionne les enfants s’il n’avait pas trouvé des endroits suspects voir dangereux et où leurs parents refuseraient qu’ils s’aventurent. Après tout, ils sont certainement arrivés par quelque part et je sais qu’à leur âge, on aime bien être d’intrépide aventurier de la capitale. Il y a bien un endroit en effet et ils me donnent les directives pour que je m’y rende, bien que je fais part de mes informations à mon corbeau pour le guider. Je l’entends croasser et il se met de suite en route vers l’est où se trouve une entrée vers les égouts.
* Pas vouloir rentrer, mais odeur mauvaise… Pourriture…charogne * me dit alors mon familier par la penser.
Reste où tu es, laisse-moi te rejoindre.
J’irai voir ce qu’il y a dans ce trou cradingue.
Repose-toi, en attendant, sur une branche près de là.*
Cela ne prend pas bien longtemps avant que je n’y arrive. Bon il faut dire que je n’y suis pas allée en marchant, mais bien en courant par habitude. Après tout, c’est une traque! Mes deux autres familiers me suivent au même rythme que moi et nous esquivons par moment des civils. J’dois avouer que les maisons font tristes à voir. C’est à peine s’il n’y en avait sans trou. On dirait de véritables taudis et c’est plutôt triste à regarder. On me jette des regards étranges, certains parents attrapent leurs enfants par la main et les éloignent de la rue. J’suis habituée qu’on me juge à cause de mon apparence particulière et ça ne me fait ni chaud ni froid. J’en suis devenue indifférente et c’est la peur qui les pousse à agir ainsi. D’ailleurs, je longe par la même occasion un cours d’eau d’une couleur brunâtre et où je ne mettrai jamais les pieds. Il doit certainement s’agir de l’un de ceux où l’on jette tout à l’intérieur, puisqu’il doit mener jusqu’aux égouts plus bas. Après tout, ce n’est pas tout le monde qui a les moyens de posséder des cristaux magiques pour améliorer le quotidien. L’odeur y est insupportable, mais ça ne serait pas la première fois que je doive subir ce genre de chose. Suffit de retenir sa respiration le plus longtemps possible pour ne prendre que quelques inspirations. Même mes dragons ne semblent pas apprécier l’odeur du coin, alors je n’ose même pas imaginer ce que doivent endurer ceux qui y vivent continuellement.
Arrivée sur place, je lève les yeux pour voir mon corbeau qui vient se poser sur mon épaule après m’avoir appelée de ses croassements. Bon, malheureusement, je dois descendre plus bas par une petite échelle qui me mène sur un petit trottoir, mais il suffirait d’un faux pas pour que je tombe dans les flots vaseux et répugnants. Avant d’entrer, j’enfile donc mes lunettes de jour et ouvre la porte qui ne semble pas verrouiller afin d’entrer dans les profondeurs. Mon Laïum et mon drarbustre restent à l’entrée pour leur part, comme s’ils craignaient ce que nous allions trouver à cet endroit. Ça sans la mort et non seulement des rats semblent y vivre, mais il y a aussi des carcasses d’autres animaux. Il y a des crânes de chats, voir même celui d’un chien. Enfin, il y a de drôle d’ossement que je n’oserais même pas toucher…
Je pense qu’on n’a pas que des petits rongeurs sous la main. Alors je continue mon exploration, jusqu’à entendre des bruits de pas et des genres de gargouillis suivi de grognement. Je m’apprête à tourner le coin, mais je m’arrête, me collant au mur pour passer légèrement le bout de ma tête pour voir derrière. Oh putain… des goules. Il suffit qu’il y en ait une dans le lot d’intelligente et c’est fini de moi. Je ne dois pas me faire voir! Alors je recule doucement, en mentionnant à mon piaf de ne pas faire de bruit. On retrouve la sortie et on referme la porte derrière nous avant de faire le chemin inverse.
J’arrive plusieurs minutes plus tard à la tente des gardes.
Les petits rongeurs ne sont que des petites frappes.
Il y a des goules dans les égouts vers l’est.
Cela n’offre qu’un décor funeste.
La porte y menant semble endommager.
Elles pourraient envahir le quartier n’importe quand.
Je réclame une équipe pour aller les terrasser.
Il faudrait que ce soit fait maintenant et non dans dix ans. »
Pour le moment, il n’y avait rien de vraiment notable et tout se mettait assez bien en place même si un certain chaos continuait de régner. Il fallait un peu laisser le temps aux différents rouages de s’huiler pour que tout se mette à tourner normalement. Jusqu’à ce qu’on lui annonce la présence de goules dans les égoûts. La rousse haussa un sourcil. Ca n’avait rien à voir avec les gloutovores et était même une menace plus que sérieuse qui aurait mérité d’être remonté à la garde dans une opération régulière. Néanmoins, aucune raison de laisser la chose traîner avec les moyens déployés, le Royaume avait de quoi s’en occuper. Forcément qu’en retournant la merde de ces quartiers pouilleux, on allait déterrer de sacré saloperies.
Amaryllis regarda un court instant la femme qui lui avait annoncé la chose. Elle était pour le moins singulière, mais peu importait son apparence. Combien de goules se trouvaient là bas? Restant pensive quelques secondes, le temps de réfléchir à un plan d’action, elle se retourna ensuite pour la mise en place d’une équipe. La meilleure unité de choc de la garde disponible, un médecin de combat, et un charpentier ou quelqu’un capable de potentiellement monter des barricades ou effectuer des réparations, ainsi que quelques nettoyeurs civils. Pour faire le ménage après. Passé ce petit rassemblement, et le temps que les concernés aillent peut-être récupérer du matériel chez le Sergent Jagne, et ils pouvaient partir.
« En avant, montrez-nous la voie vers ces horreurs.
On va s'en occuper vite, et tout nettoyer.
Ces goules présentent un énorme danger.
Surtout avec tant de gens en extérieur. »
La petite troupe se mit alors en route, Amaryllis se mettant aussi en route, ayant laisser l’office de triage à un garde un minimum gradé qui ferait aussi très bien le travail. Ce serait certainement moins ennuyant d’aller s’occuper de ces créatures, et cela ramènerait aussi un peu plus de gloire. Si elle pouvait de plus montrer plusieurs casquettes lors de cette opération, ce n’était pas un mal. Et puis, mieux valait vaincre des goules que des gloutovores.
Alors qu’ils progressaient, et approchaient, ils croisèrent la route de ce qui était visiblement un noble et son majordome, d’ailleurs, en train de faire elle ne savait pas trop quoi. Mais le lieu était dangereux, et, clairement, mieux valait la mort de quelques pauvres si la situation dégénérait que celle d’un noble.
« Monsieur, si vous voulez nous assister
Et que vous n'avez pas peur du danger
Vous pouvez nous suivre pour nettoyer
Mais si les goules vous effraient, partez. »
La mort régnait dans chaque recoin, chaque brique. Il n’était pas étonnant que le quartier se mourrait et probablement dans les pires souffrances qu’il était possible de subir. Il poussa un profond soupir en imaginant sans mal sa fille qui aurait probablement terminé elle-même dans ces quartiers s’il ne l’avait pas récupérée à l’orphelinat. Le monde se montrait particulièrement cruel envers ceux qui n’avaient pas sa chance.
Le jeune noble termina de déblayer un nid de gloutovores où ceux-ci s’enfuirent à toute vitesse, s’échappant parfois à gauche, parfois vers lui. Quelques-uns ne purent échapper à la lame meurtrière qui les faucha dans un torrent écarlate. Il essuya le sang sur sa joue d’un revers du poignet avant de remarquer un peu plus loin un enfant qui semblait s’enfoncer dans les ténèbres des bâtiments, s’éloignant dangereusement des habitations. Habillé de haillons, le visage couvert de terre, son regard semblait se perdre dans le vide, fixant au loin un point invisible que personne ne pouvait voir. Mais avant qu’il ne puisse disparaître, Ashley saisit son poignet, l’empêchant d’avancer plus loin. Le garçon ne sembla pas vouloir se débattre, mais tentait toujours de marcher vers l’entrée des égouts. Il ressemblait à un automate incapable d’avoir une once de réflexion. Lorsque le noble releva la tête, un courant à l’odeur nauséabonde le fit reculer légèrement alors qu’il se couvrit le visage de son bras libre.
Dans l’ordre des choses, Ashley n’aurait jamais porté secours à un enfant, encore moins si celui-ci faisait partie des résidents de la basse cité. Pourtant, ses agissements plus qu’étranges l’avaient poussé à réagir, et il l’avait saisi avant qu’il ne disparaisse dans les limbes des quartiers.
C’est ce moment que choisit une petite troupe de personnes pour arriver, dirigée par une jolie femme rousse. Lorsqu’elle s’adressa à lui, il hocha la tête en réponse avant de tirer le bras de l’enfant dans sa direction, celui-ci n’étant toujours pas maître de ses mouvements.
« Je m'allie à vous dans votre combat
Mais il ne faut pas laisser cet enfant
Il faut constater son état avant
Cependant prévoyez-moi dans l'état »
Puis, il remarqua plus loin dans la foule de gens un visage qui ne lui était pas inconnu. Ne cherchant pas à attirer davantage l’attention sur lui, il plongea son regard dans le sien avant d’incliner légèrement la tête pour saluer la garde qu’il avait déjà pu rencontrer par le passé.
C’était une blessure datant de quelques jours déjà et qui menaçait sérieusement de s’infecter… Une plaie probablement provoquée par un gros chien errant, c’était difficile à dire… Mais lui n’en démordait pas : c’était un monstre qui lui avait infligé cela !
Elle l’écouta avec grande patience, sans faire de commentaire, parfaitement consciente que parfois les gens aimaient enjoliver la réalité et raconter un épique combat de gladiateur quand dans les faits ils avaient juste pris une porte en pleine figure...
Mais, tandis qu’elle en finissait avec l’homme un peu bizarre, elle fut interpellée par l’un de ses camarades de l’unité médicale. Celui-ci lui indiqua qu’une force armée se montait pour une opération un peu dangereuse et qu’elle était le seul médecin de terrain disponible dans les alentours directs.
Une opération dangereuse ? Y avait-il vraiment un danger qui justifiait une pareille mobilisation dans un quartier où vivent des enfants et civils ? Si tel était vraiment le cas, alors il y avait vraiment un problème avec la pauvreté dans cette ville…
Ayah laissa à ses anciens camarades de l’infirmerie le soin de porter assistance à qui le requerrait et se dirigea d’un pas vif vers le centre de commandement, comme on le lui avait indiqué. La personne en charge de mener ces opérations, Amaryllis, avait fait mander une unité médicale sur le terrain, et elle l’avait dorénavant.
Ayah lui adressa un bref salut militaire d’usage :
« Ayah Stormsong, médecin de terrain,
Prête à intervenir, au rapport !
Quelle est la menace en ce lieu urbain ?
J’imagine que ce ne sont pas les glootovores… »
Patientant que l’on daigne lui présenter la mission, le regard de la guérisseuse passa de la rouquine à la femme qui l’accompagnait. Elle ne l’avait jamais vue, sinon elle était à peu près sûre qu’elle s’en souviendrait par l’apparence assez particulière qu’elle arborait.
Une peau bizarrement grisâtre, de grandes oreilles, des yeux rougeoyants… Rien que cela donnait au personnage un aspect qui ne s’oublie pas. Mais il ne fallait pas juger un livre à sa couverture et Ayah se contenta de saluer sans fioriture, attentive à ce qu’Amaryllis avait à leur dire.
Quand on lui expliqua que des goules auraient vraisemblablement élu domicile dans les égouts de la ville elle réprima une petite moue. Non pas de dégout, car la dernière fois qu’elle s’y était rendue les sous-sols de la ville n’étaient pas si sales que cela… C’était plutôt qu’ils lui avaient laissé un souvenir… Peu agréable.
Un mâne, et maintenant des goules ? Décidément il faudrait que la couronne décide ensuite de lancer une petite expédition armée dans les entrailles de la capitale afin d’en déloger les monstres terribles qu’elle semblait enfanter.
Néanmoins, la jeune femme suivit le mouvement et emboita le pas à ses collègues : direction l’une des entrées est des égouts.
L’étrange civile les conduisait, manifestement, c’était elle qui était à l’origine de l’alerte. Elle évoluait avec une espèce de démarche féline, comme si elle avait pris l’habitude de se mouvoir en silence. Ayah ne l’imaginait pas vraiment mener une vie urbaine en tous cas…
Quelle ne fut pas sa surprise lorsque, tandis qu’ils cheminaient, ils rencontrèrent une personne qui fut immédiatement familière à la jeune garde. Il lui semblait bien l’avoir aperçu, mais sur le coup elle avait refusé d’y croire… Mais maintenant il fallait se rendre à l’évidence.
Elle ne put afficher qu’une mine surprise tandis qu’elle laissait respectueusement la responsable des opérations prendre la parole et s’adresser au jeune noble, le mettant en garde contre le danger et lui offrant soit de leur porter assistance, soit de quitter les lieux pour son propre bien.
Il évoqua très vite un enfant et le regard d’Ayah tomba sur le petit garçon que l’héritier des O’Callaigh retenait gentiment mais fermement par le bras… Il y avait quelque chose qui clochait avec ce garçon et la jeune médecin prit l’initiative de se détacher légèrement de la troupe pour s’en approcher, se mettant à sa hauteur.
Elle l’observa avec une sorte d’air inquiet et reporta son attention sur le noble, qui avait manifestement décidé de se joindre à eux. Chaque aide était appréciable, et au vu des taches de sang qui maculaient son arme, il semblait prêt à se servir de sa lame autrement qu’en tant qu’objet de décoration.
« Ashley O’Caillaigh... mais quelle surprise !
Je ne m’attendais pas à vous revoir…
Et quelle est donc cette emprise
Qui tient cet enfant contre son bon vouloir ? »
Elle ne savait pas vraiment quoi faire de cet enfant et repris rapidement son examen, tentant d’attirer son attention. Elle suivit ensuite du regard la direction qu’il fixait obstinément et se rendit compte qu’il s’agissait précisément de l’endroit où ils se rendaient.
Elle frémit à l’idée que des civils puissent se trouver aussi proche d’un lieu apparemment infesté de goules mais chassa vite ces pensées parasites dans un coin de son esprit… Le commandant Tylwaen aurait besoin d’information sur l’état de l’enfant, comme le requérait le noble, pour prendre une décision.
La soignante essaya donc d’expliquer à ses camarades de route et à ce qui lui faisait office de supérieur temporaire ses rapides conclusions :
« Je… ne sais pas ce qui lui arrive
Il est sous l’effet d’une sorte de charme
Il est difficile de difficile de dire ce qui l’avive
Mais je peux l’éloigner de tout ce vacarme… »
Un peu hésitante, elle croisa plusieurs regards avant de terminer dans celui d’Amaryliss, elle entendait mettre ce gamin en sécurité rapidement et revenir aussitôt pour leur porter assistance. Maintenant qu’ils avaient clairement identifié leur destination il serait facile pour elle de revenir s’ils choisissaient ce plan.
Mais la représentante des Tylwaen pourrait avoir d’autres projets concernant le petit, et Ayah attendit patiemment sa décision pour disposer ou pour mettre à exécution le plan qui conviendrait le mieux à leur chef d’escouade.
Il est bien rare que je me présente à la garde pour signaler un problème. Normalement j’essaie de le régler ou de m’en éloigner le plus possible, mais il suffirait que ces bestioles prolifèrent pour qu’ils envahissent davantage les tunnels sous-terrain. Je pense à tous ses enfants qui courent dans les rues qui pourraient être l’une de leurs victimes. Je pense à mon fils aussi. Devenir mère m’a sûrement ouvert un peu plus les yeux, mais il n’empêche que si je fais tout ça, c’est pour le bien de ma famille.
Enfin, au moins, leur chef semblait avoir une tête sur les épaules et prit aussitôt la situation en mains. En quelques instants, elle avait cherché à constituer un groupe et m’avait demandé de leur montrer le chemin. Je ne me fis pas prier et tournai les talons pour me mettre en route.
S’il le faut, nous retournerons tous les recoins.
J’espère que vous avez tous vos lunettes de jour.
Car dans le noir, il vous faudra beaucoup de bravoure. »
En chemin et surtout non loin de notre destination, nous croisons finalement un homme qui retenait un enfant par le bras. La médecin est la première à intervenir et surtout reconnaître ce dernier et cherche à comprendre ce qui anime l’enfant. Il semble avoir le regard vague et cherche à marcher dans une seule direction; la même que nous empruntions. Ce que je vois ne me laisse aucun bon pressage. S’il y a de la magie dans l’air qui charme cet enfant, c’est qu’il n’y a pas que de simples goules.
Une goule plus intelligente que ses congénères.
Elle use de magie et d’astuces inconcevables,
Dans le seul but de vous attirer dans leur repaire. »
C’est mon devoir de les prévenir si je ne veux pas qu’ils terminent en repas pour les goules. Enfin, je ne vais pas les contredire. Éloigner l’enfant était certainement la meilleure solution à prendre surtout qu’il était les plus à risque de ce quartier.
Mais nous ne devrions pas tarder.
D’autres pourraient subir le même sort
et nous ne voudrions pas tomber sur des corps. »
Je laisse alors l’enfant entre les mains de personnes compétentes et poursuis finalement ma route accompagnée de mes trois familiers. Mon laïum est encore incertain, mais il n’est pas seul puis il y a un début à tout.
Une fois devant les grandes grilles qui normalement devaient bloquer l’accès aux égouts, je me retourne vers les autres. Je sais que certains établiront un périmètre de sécurité, mais il ne manquait plus qu’à établir un plan. Devions-nous les attirer jusqu’à nous ou bien les attaquer sur leur propre terrain? Cela pouvait être risqué, mais réduire leur nombre pouvait être une bonne idée avant d’aller s’attaquer au reste du groupe surtout s’il y avait un marchand de sable parmi eux.
Afin de frapper au travers les barreaux.
Criblons-les de flèches et de carreaux.
Puis nous nettoierons le reste des égouts. »
Mais on ne négociait pas avec les goules. Et Amaryllis n’accepterait pas de laisser de telles proies échapper au Grand Nettoyage du Royaume. Si des incidents de civils dévorés par des goules faisaient surface quelques jours après l’opération, sa réputation en pâtirait, c’était certain. Elle commença par s’adresser au médecin Stormsong, un diagnostic un peu plus poussé ne serait pas un mal.
« Essayez de voir si l'enfant est bien charmé.
Et si c'est bien la magie qui le rend ainsi.
Il y en a peut-être d'autres dans leur nid.
Alors on va agir avec célérité.»
Le plan, si une goule prenait des otages, n’était pas d’annoncer haut et fort la présence d’une unité de la garde ce qui les laisserait le temps de s’organiser, mais bien de leur tomber dessus à toute vitesse, de mettre en sécurité d’éventuels otages, et d’éradiquer la vermine. La commandante envoya alors un garde dont elle avait bien examiné le dossier pour ses capacités d’éclaireur. Dans sa vision d’une garde plus moderne et des unités, les rôles de support avaient une place de choix, comme celui d’éclaireur pour récupérer de l’information, ou bien celui de médecin. Des spécialités un peu noyés dans l’organisation chaotique du milieu.
L’éclaireur parti devant, discrètement, tandis qu’Amaryllis commença un peu à organiser son unité entre des troupes d’extermination et d’autres de protections d’éventuels civils impliqués. Le noble se retrouva plutôt assigné à la protection tout comme la médecin, alors qu’elle laissa plutôt le choix à la civile selon ses compétences et les capacités de ses familiers de choisir sa spécialité. Mais tout le monde participerait à l’assaut, dont Amaryllis elle-même qui comptait prendre une position vers l’avant du groupe d’extermination.
Ils n’avaient pas de lunettes de jour, le budget n’était clairement pas suffisant pour ça. Mais des cristaux de lumière seront jetés dans chaque recoin et chaque pièce pour avoir des conditions de combat optimales.
Avec le rapport de l’éclaireur et son pouvoir de détection des formes de vie et potentiellement l’aide et l’expertise de la civile, il fut confirmé la présence d’humains en vie, et d’un grand nombre de goules. Etaient-ils simplement une réserve de nourriture ou des otages prêts à servir? Dans les deux cas, leur assaut se devait d’être brutal, surprenant, et rapide. Pas de place pour la négociation avec ces monstres. Aucun ne partirait en vie. Après tout, quelques pertes civiles maintenant n’étaient rien contre les nombreuses qui pourraient avoir lieu si les goules s’échappaient pour proliférer à nouveau.
« Même en éradiquant certaines saletés
Cela laissera les autres s'organiser
Des civils sont menacés, il faut vite agir.
Le mieux serait de rapidement les occire. »
Une fois l’organisation et le plan d’assaut mis en place hors de vue et d’écoute du repaire de ces viles créatures, l’assaut put enfin être donné. Si personne ne s'y opposait, un simple signe de main d’Amaryllis, et la garde pouvait s'élancer, chaque rôle bien défini. La rousse, avec un équipement déjà usé par les années et les batailles, grinça un peu des dents. Mener un assaut n’était pas vraiment quelque chose qu’elle souhaitait refaire. Mais si elle pouvait gagner le respect, la confiance, et l’admiration des gardes et de la population locale, sa mission de la journée serait un succès.
Probablement qu’une créature isolée n’aurait pas posé un réel problème, mais en groupe, il ne serait pas étonnant que l’affaire se montre plus corsée. Il offrit un pauvre sourire à la jeune garde aux cheveux d’azur. Si cet enfant avait eu la chance d’avoir été sauvé à temps, ce devait être une autre histoire pour d’autres victimes. L’odeur de charogne qui se dégageait des égouts prouvait que d’autres carcasses sans vie devaient s’y trouver.
« Mademoiselle Stormsong, c'est un plaisir de vous voir
J'aurais préféré que ce soit dans d'autres circonstances
L'enfant est en effet sous l'influence d'un pouvoir
Nous pouvons compter sur vous, il a besoin d'assistance »
Il sortit un mouchoir en soie, laissant sa lame glisser dessus afin d’en retirer les immondes tâches écarlate, puis de la rengainer dans son fourreau. Il écouta attentivement la jeune garde rousse élaborer son plan. L’art militaire ne relevait pas de son domaine, même si la stratégie ne lui était pas totalement inconnue. Quand bien même il n’éprouvait pas une grande affection pour les membres de la garde, il devait avouer qu’elle savait se montrer efficace.
De fait, il ne trouva rien à redire lorsqu’elle évoqua les différents rôles, il inclina respectueusement la tête. Le choix judicieux tira un vague sourire au jeune noble, il ne serait pas étonnant qu’elle préserve la vie d’un noble aux dépens de civils si l’opération venait à mal tourner. Et si elles se montraient aussi nombreuses que ce que l’éclaireur prétendait, Ashley pouvait faire valser sa lame aussi parfaitement qu’il le voulait, il ne se montrerait jamais aussi efficace que des militaires habitués au terrain.
Pendant que le plan se mettait en place, le mécène jeta un bref regard à l’enfant toujours sous l’emprise de l’hypnose. Se demandant combien d’entre eux avaient pu disparaître dans les entrailles de la ville. Combien allaient-ils en sauver ?
Machinalement, il croisa les bras, si la couronne n’avait pas mis autant de temps à réagir au destin des habitants, ils ne seraient peut-être pas aussi révoltés, et les créatures qui avaient envahis la ville ne pulluleraient pas autant.
Un signe de la part de la rouquine lança l’assaut, et les volontaires s’enfoncèrent dans la pénombre. Les éclairs de lumière dus aux cristaux permirent de voir une cavité sans fond, où quelques goules étaient postées à l’entrée. Elles couvrirent leurs visages, aveuglées par la soudaine lumière. Ce devait être celles qui attendaient les victimes du marchand de sable. Il ne fallut que peu de temps avant que leurs cadavres couvrent le sol lorsque les premiers affrontements se lancèrent. L’attaque brutale ne leur permit pas de donner l’alerte, mais le jeune noble ne douta pas une seule seconde de la violence des échanges qui se dérouleraient une fois le groupe à l’intérieur.
De là où ils se trouvaient, seuls les échos du métal et des cris leur parvenaient. Mais quelque chose chiffonna Ashley, rien ne prouvait que l’enfant qu’il avait arrêté serait le seul. Et si la magie perdurait aussi bien qu’à l’instant, peut-être qu’ils auraient d’autres problèmes sur les bras.
La prise de la jeune femme se resserra légèrement sur les épaules de l’enfant quand elle entendit la civile faire part de son avis sur la question. La médecin ignorait comment le charme opérait : il n’était pas question de médecine charnelle mais de magie occulte, et elle n’excellait pas particulièrement dans ce domaine. Elle avait encore tellement à apprendre…
Néanmoins, quand la commandante de la petite troupe lui adressa ses ordres elle hocha la tête en signe d’acquiescement. L’héritière des Tylwaen voulait un diagnostic, et elle fit de son mieux pour lui donner son ressenti.
Elle essaya de faire réagir l’enfant : le secoua en douceur, tenta de lui demander son prénom, lui demanda s’il avait mal, lui proposa de manger quelque chose… Rien ne semblait le sortir de sa torpeur.
Il était irrésistiblement attiré par la gueule obscure qui était désignée comme le repaire des monstres. Pour autant, il ne se débattait pas vraiment et se contentait de mollement essayer de se défaire des mains de la soldate fermement ancrées sur ses frêles épaules. Un vrai zombie.
S’avouant quelque peu vaincue, elle leva vers Amaryliss un regard impuissant :
« Ce garçon est sous le joug d’un effet magique
Je n’ai rien pu détecter… Aucune blessure
Mais si nous ne neutralisons pas ce mythique
Je crains qu’il y ait bien plus que quelques éraflures. »
Il fallait certainement éradiquer le marchand de sable pour débarrasser l’enfant de l’emprise que la créature avait sur son esprit. Ou du moins, il faudrait l’éloigner suffisamment et s’assurer qu’il ne revienne pas sur les lieux.
Laissant la commandante s’occuper de mettre en marche son plan, en envoyant un homme en éclairage, Ayah reporta son attention sur le noble. Ce dernier semblait se souvenir d’elle, il l’appela même par son nom. Cela faisait quelque temps qu’elle ne l’avait pas croisé, il faut dire qu’il devenait compliqué de rencontrer des personnes de la Capitale en étant au Grand Port.
Comment se portait Mielle ?
La jeune femme brûlait d’envie de s’enquérir des dernières actualités concernant la fille adoptive de l’héritier des O’Callaigh, mais ce n’était ni le lieu, ni le moment. Et il y avait des préoccupations autrement plus brûlantes à régler.
Acquiesçant à ses propos, la jeune femme dut ensuite se concentrer sur le discours de la chef d’escouade qui préparait l’offensive à venir. Son aplomb et la fluidité de ses pensées traduites en paroles était plutôt impressionnants, il ne faisait nul doute pour Ayah qu’elle monterait rapidement en grade si ceux du dessus voulaient bien lui laisser sa chance.
Sans trop de surprise, la guérisseuse et le noble se retrouvèrent affectés à la protection des civils qui seraient happés dans le feu de l’action. Pour le moment il n’était pas certain que ces monstres gardent des otages vivants, mais au moins ils étaient parés à toutes éventualités.
Ayah observa Ashley tandis qu’il essuyait son arme tâchée de sang.
Comme elle s’était déjà fait la réflexion, il semblait parfaitement apte au combat… Mais avec sa condition de noble il valait mieux garder un œil sur lui. Et elle comptait bien remplir ce rôle, entre autres.
Quelle image renverrait la Garde si un noble était blessé par de vulgaires goules en compagnie de plusieurs militaires ?
L’une des personnes de la troupe s’approcha de la guérisseuse de la garde du Sud tandis que cette dernière se demandait à qui confier l’enfant victime d’une odieuse magie.
C’était une femme d’un âge mûr qui officiait en tant que soignante dans un hospice civil : elle lui proposa de prendre le petit en charge pour l’éloigner du combat.
Elle faisait partie des personnes qu’Amaryliss ne jugeait pas judicieuses sur le champ de bataille, mais cette dame se rendrait utile à sa manière.
Se redressant, Ayah la remercia sincèrement et lança un dernier regard inquiet au petit garçon avant de se mettre en marche avec le reste de l’escouade, prenant la position qui lui revenait dans leur formation, non loin du noble.
La civile à l’apparence féline et la commandante avaient pris la tête de leur petit groupe, et ils s’arrêtèrent finalement devant les grilles des égouts. Elle espéra que les personnes à l’avant-garde auraient des lunettes de jour, car elle-même n’en avait pas.
Mais elle ne douta pas un instant qu’ils trouvent une solution à ce « petit » problème.
L’éclaireur leur dépeignit une situation assez alarmante : des humains bien en vie, captifs d’un grand nombre de goules. Combien ? Il n’avait pas pu le définir…
En tout cas Amaryliss optait pour une approche frontale directe.
Le cœur d’Ayah se serra légèrement dans sa poitrine tandis qu’elle s’inquiétait pour ces pauvres gens… Combien allaient perdre la vie ? Combien pourrait-elle en sauver avec son pouvoir ? Dans quel genre de traquenard étaient-ils sur le point de se lancer ?
La main de la jeune femme alla machinalement à la rencontre de la garde de l’épée courte qui pendait à sa hanche. Ecoutant les indications de leur chef d’escouade, elle tira sans faire bruit la lame, qui lança quelques éclats chatoyant quand le soleil frappa l’acier.
Elle ressentit une espèce de tension familière et un peu enivrante. Cette tension d’avant bataille qui vous galvanisait et vous faisait sentir prêt à l’action… Une tension teintée de peur.
Mais sans peur, point de courage.
L’assaut fut donné et ils chargèrent : la toison flamboyante de la rouquine flotta en première ligne tandis qu’elle prouvait à tous qu’elle ne manquait justement pas de cette qualité fort respectable.
Un peu plus loin dans la gueule béante qui donnait sur les entrailles sombre de la cité royale : quelques cristaux de lumière furent lancés, aveuglant brutalement des monstres habitués à la pénombre ambiante.
Ceux-là se firent proprement occire et seul un gargouillis écœurant s’échappa de leur gorge tandis qu’ils rendaient prestement leur dernier souffle.
La charge continua sans qu’Ayah n’ait eut le besoin de plonger son arme dans une goule, elle se contenta d’enjamber les cadavres des créatures abattues par des camarades. Plissant les yeux, elle cherchait à identifier si elle voyait des otages humains, mais ceux là devaient être retenus plus loin… Elle ne vit rien.
Mais bientôt… Les choses prirent un tournant beaucoup plus dramatique et glauque… Les goules semblaient se cacher, reculer au même rythme qu’eux… Et le sol se recouvrait d’une substance très particulière…
Cela, sans parler de l’odeur de fer rouillé caractéristique du sang frais, mêlée à l’odeur, beaucoup plus fétide, de la mort. Ayah porta sa main disponible à son visage pour se couvrir la bouche, en réprimant un haut-le-cœur, retroussant le nez.
La troupe s’arrêta et la soignante sentit son pied glisser légèrement sur une flaque particulièrement imposante. Un nouveau cristal de lumière fut lancé… Malheureusement.
Se doutant bien de ce quelle trouverait, la jeune femme baissa les yeux pour découvrir qu’elle marchait dans un fluide encore écarlate : du sang frais…
Et à quelques mètres de là, un corps inerte d’homme adulte…
Un garde s’était approché de la victime et l’avait sommairement examinée avant de pousser un juron, puis de secouer légèrement la tête :
« C’est trop tard pour lui… Il est mort… Mais il est encore chaud. Il vient de se faire descendre. »
Un lourd silence se posa sur l’assemblée quelques instants, puis une sorte d’ambiance commença à peser dans l’air… Une tension palpable que tous semblaient ressentir, car plusieurs personnes dans la troupe se mirent à regarder nerveusement autour d’elle.
Ayah avait un drôle de pressentiment… Ils étaient comme dans l’œil du cyclone, comme dans le calme qui précédait toujours la tempête… Sa main se resserra sur la prise de son épée tandis qu’elle regardait par-dessus son épaule.
Un corbeau croassa brusquement et tout s’enchaîna très vite. Ils étaient encerclés de tous les cotés et les goules, innombrables dans ces pénombres relatives fondirent sur le groupe de toutes part.
« Il y en a derrière ! »
« Là aussi ! »
Ayah serra les dents et se crispa légèrement, bien campée sur ses pieds, prête à en découdre si l’une des créatures tentait d’attaquer le groupe par l’angle qu’elle couvrait.
Une série de hurlements décharnés retentirent : résonnant contre les murs et au plus profond de leur cœur, tentant d’ébranler leur détermination et faire vaciller la flamme de la bravoure.
Une embuscade !
Le cas de l’enfant est donc pris en charge par une autre femme qui s’est portée volontaire pour le grand nettoyage, mais surtout pour aider les blessés ou toute personne nécessitant les soins. Enfin, faut dire que ce n’est pas réellement de mon ressort. Je l’aurais certainement secoué un peu plus fort que ce qui a été fait si ce n’était pas d’une petite tape sur la joue avec douceur bien évidemment. Enfin, si le problème provient vraiment de l’une de ses goules, c’est que le problème perdura tant et aussi longtemps qu’elle sera en vie, à moins de l’éloigner le plus possible pour rompre le charme.
Dans tous les cas, je ne me soucie plus du tout de ce qui se passe derrière nous, me concentrant simplement sur ce qui se trouve devant nous. Évidemment, on me laisse la possibilité de choisir le groupe dans lequel je souhaite être et il est évident que j’allais choisir celui de l’extermination. Mes lunettes de jour toujours sur mon nez, je m’avance en compagnie des autres. L’idée des cristaux de lumière n’est pas bête pour ceux qui n’ont pas les mêmes moyens que moi, mais il n’empêche que voir dans le noir comme s’il faisait jour était bien plus pratique que de se retrouver tout de même dans cette semi-noirceur.
Mon arc à la main, je suis prête à décocher une première flèche avançant tout de même prudemment. Les premières goules croisées, nous n’hésitâmes pas une seule seconde à tirer. Évidemment, une fois les corps au sol, je retire les flèches de leur dépouille afin de pouvoir les réutiliser. Y’a pas de meilleure économie que de récupérer. On arrive à repousser les créatures qui reculent sous notre assaut jusqu’à ne plus être visibles.
Mis à part l’écoulement de l’eau dans les égouts, rien ne venait troubler l’étrange silence qui y régnait. Où se trouvaient les victimes des goules? Avaient-elles été déplacées? Dans tous les cas, un premier cadavre fut trouvé et il s’agissait là d’un homme adulte.
Renifle cet homme et retrouve les otages.
Soit prudent, comme en mission d’espionnage.
En cas de soucis, n’hésite pas à te cacher »
Évidemment, c’était une façon de parler, parce que nous ne sommes pas du tout des espions, mais je voulais qu’il soit aussi discret que possible. Le petit dragon s’approche du corps inerte et même s’il y a des odeurs de fer, il réussit tout de même à déceler une odeur qu’il reconnait dans l’air. Ce dernier, aussi discrètement que possible, se met aussitôt en marche, nous laissant que tous les trois – Misumena, Theraphosa et moi-même – avec les autres. J’ai confiance en lui, même si notre domaine de prédilection reste la forêt.
Le silence est lourd voir anormale et comme de fait, les créatures arrivent de tous les côtés pour nous tomber dessus. Ils ne font pas attention à ce qui se trouve sous leurs pieds, préférant foncer sur ce qui se trouvait dans leur champ de vision.
Je décoche une première flèche qui se loge entre les deux yeux d’une créature qui tombe à la renverse dans un râle, mais ses congénères n’hésitent pas à la piétiner pour continuer leur course. Une seconde flèche est tirée en direction d’un autre jusqu’à ce que cela devienne difficile de tirer sans blesser l’un des humains présents.
Je glisse mon arc dans mon dos, laissant la corde devant moi et sort alors mes deux dagues courbées afin de me mêler au combat rapprocher. Misumena, mon laïum, bondit griffe sortie sur les mêmes cibles que moi. Alors que j’attaque vers le haut, lui s’attaque aux jambes. Mes coups sont précis et rapides comme si je savais où frapper pour tuer. Après tout, cette créature à quelque chose d’humanoïde et doit bien nous ressembler à un certain point.
J’entends des râles des deux côtés, certains se font toucher par des coups de griffes alors que d’autres se font mordre. Dans tous les cas, ce n’est pas beau à voir. Je sens une soudaine chaleur émaner du talisman que je porte au cou et un cri guttural se fait alors entendre d’un couloir au loin. Quelque chose semble approche de nous et au vu de la nature magique qui nous entoure, cela tente de nous ensorceler ou que sais-je.
Protéger vos pensées d’une intrusion.
Il ne faudrait pas qu’il vous paralyse.
Ne le laissez pas semer la confusion. »
Je m’éloigne doucement essayant de trouver un endroit plus en retrait pour user du partage de sens avec mon familier afin de voir où il se trouve. Malheureusement, cela me met dans une situation compliquée, puisque je perds tous mes sens et cela m’empêche de voir ce qui se passe au tour de moi. Heureusement, j’arrive à utiliser cette magie sans que rien ne m’arrive.
Je ne vois rien tout est sombre, mais j’entends des pleures d’enfant et des adultes qui cherchent à réconforter. Il ne semble plus y avoir de goule à proximité. L’odeur est atroce, mais les otages sont bien là. Je coupe aussitôt le lien retrouvant mes sens.
Il est temps d’en finir avec ses énergumènes.
Mettons fin au jour de leur tête pensante.
Afin de créer la discorde chez ces engeances. »
- Lancé de dés:
Est-ce que Saryna réussi à utiliser son partage de sens sans se faire attaquer? -> OUI
Elle s’élança donc droit vers l’avant, son plan se basant sur la vitesse, une attaque qui ne laisserait pas le temps à leurs ennemis de réagir. Les premières goules furent exterminées sans mal, mais il n’y en avait pas assez. L’odeur était affreuse, prenait à la gorge, mais n’était pas si inconnue que cela. Elle resta stoïque, avançant dans les profondeurs du repaire de ces viles créatures. Ses hommes savaient ce qu’ils faisaient, ou du moins le cœur de leur groupe était habitué à travailler ensemble, mais était aussi assez professionnel pour y intégrer quelques éléments extérieurs.
La rousse restait vigilante, sa lame tachée de sang de goule au clair. Chacun jouait son rôle pour le moment, mais les cibles manquaient. Ce qui était étrange, tant les goules auraient dû être bien plus nombreuses. Néanmoins, la civile accompagnée de ses familiers avait l’air de savoir ce qu’elle faisait, et avait même l’air d’être un atout pour le moins efficace. Peut-être qu’elle aurait à y gagner à discuter avec elle après ces événements.
Néanmoins, alors que le groupe progressait, leurs ennemis se mirent enfin à apparaître. Une embuscade plutôt bien menée, des ennemis sortant de chaque recoin, prêts à les entourer et leur enlever toute chance d'échappatoire, et elles étaient nombreuses par dessus tout!
« Rassemblez-vous en cercle, et surtout tenez bon!
Les blessés, au centre pour la protection! »
Une stratégie qu’elle avait expliqué rapidement, peut-être de façon un peu brouillon, mais elle n’avait pas le temps de leur expliquer des romans sur de la stratégie non plus. Ils avaient la chance de se battre uniquement contre des ennemis au corps-à-corps, et, avec tout le monde qui tenait un angle de la bataille et un endroit où se replier pour les blessés alors qu’ils étaient entourés, c’était certainement le mieux à faire dans un premier temps. Si les blessés se faisaient trop nombreux et n’étaient plus capables d’être couverts par les autres, ce serait une autre histoire.
Alors que le combat se lançait dans une confusion qu’essayait de canaliser Amaryllis, une autre nouvelle arriva alors. La fameuse goule derrière cette opération… Visiblement, déjà entourés, elle usait encore d’une sorte de charme, instillant une sorte de peur à la troupe d’assaut déjà prise dans un combat. Espérait-elle qu’ils se rendent? Ou briser leur organisation? Apeurer une cible déjà acculée était une mauvaise idée, cela rendait forcément ses actions plus extrêmes.
La rousse, elle, avait derrière elle des décennies d’entraînement martial et de conditionnement psychologique. Même si son mental avait souffert de beaucoup de brèches, elle n’en était devenue que plus froide, et encore plus apte à cultiver la peur et la pression dans ce genre de situations. Non, elle ne se laisserait plus emporter. Elle n’annoncerait plus de charges globales jusqu’à voir sa formation se briser. Mais ses hommes avaient besoin d’un peu de fanatisme dans cette situation, de garder la tête froide alors même que leur ennemi essayait volontairement de les pousser à bout et de les voir commettre des erreurs.
« Gardez votre position, abattez-les!
Ce soir, ces saletés seront exterminées! »
Elle avait vociféré ces quelques mots en plein coeur de la bataille, et, pour redonner un peu plus le moral de ses troupes, avança légèrement d’un pas vers l’avant du cercle, profitant d’un brèche dans le flanc d’une goule déjà blessée aux prises avec son voisin pour la transpercer de part en part. Se baissant d’un coup pour esquiver une attaque dans son dos, sa lame se releva dans un arc de cercle ensanglanté pour trancher la créature en plein torse. Une autre profita de l’ouverture pour lui porter un coup de griffe, suivi d’une morsure au niveau de l’épaule gauche. Elle serra les dents, et enfonça sa lame de la main droite dans le cœur de la goule qui ne s’attendait peut-être pas à une contre-attaque.
La bataille était chaotique et sanglante, les blessés s’accumulaient de leur côté aussi et peinaient à être couverts par tout le monde. Mais leurs ennemis aussi manquaient de ressource et leur nombre se faisait bien plus mince. C’était le moment.
Les cornes d’Amaryllis rapetissèrent d’un petit centimètre, alors qu’elle profita d’une accalmie après cette petite sortie pour lever sa lame. Elle avait senti l’emprise de la goule se resserrer sur son esprit et n’avait pas eu d’autres choix que de l’altérer avec son pouvoir. Mais le moment était venu de contre-attaquer de tout de façon. Au moins, pas d’otages à gérer, même si elle remarqua une goule un peu bizarre commencer à s’éloigner à peu près discrètement.
« Exterminez-les! Tous ceux valides, chargez!
Vous trois, avec moi, il en reste une à tuer! »
Et en effet, il y avait encore la goule la plus importante à tuer. Le reste de la formation saurait se débrouiller. Mais le marchand de sable - si c’était bien lui - était plutôt à découvert, alors c’était le moment de le frapper d’une flèche et d’aller l’achever au corps-à-corps. Et tant pis si Amaryllis était blessée, elle avait, de tout de façon, connu bien pire.
Sa poigne sur la garde de son épée était ferme et inébranlable. L’appréhension qu’il ressentait, était masquée par son visage de glace. Il observa les environs tandis que le bataillon continuait à s’enfoncer au cœur du domaine.
Maintenant que le groupe était pris dans une embuscade, ils se retrouvèrent rapidement entourés, tandis que l’étau se resserrait dangereusement. Une première gerbe de sang enclencha les hostilités et un combat ravageur se lança. Le bruit des lames qui tranchaient la chair se fit entendre en écho dans le labyrinthe souterrain. Des hurlements bestiaux résonnaient avant de fondre en des gargouillis avant qu’ils ne s’éteignent lorsque les créatures succombaient sous les assauts.
À peine, les premiers cadavres jonchaient le sol, Ashley n’eut le choix de s’élancer dans la bataille. Les blessés s’accumulaient et à ce rythme, ils perdraient du terrain et les morts dans leur camp ne tarderaient pas.
La lame du noble dansa sur les corps, vive et meurtrière, tranchant sur son passage les monstres qui tentaient de s’approcher. Plus loin, il remarqua une goule qui se démarquait des autres. Elle ne s’était pas lancée éperdument dans le combat, se contentant d’observer la bataille en retrait.
Ashley croisa son regard un instant, elle ne semblait pas dénuée d’intelligence. Un étau douloureux se referma dans son crâne, tintant à répétition comme pour l’attirer dans ses filets. Le jeune noble perdit sa concentration au combat quelques instants alors que la créature essayait de fendre son âme. Reprenant le contrôle de lui-même difficilement, il esquiva de justesse la main griffue qui tenta de le faucher. Il recula, mais la goule déchira le tissu, entamant la chair du noble. Ce n’était pas bien profond, mais suffisamment pour que le sang s’écoule et que ce soit douloureux. Pourtant, il ne se laissa pas davantage déconcentrer, serrant les dents pour encaisser la brûlure que lui provoquait la plaie. Il profita qu’il ouvre sa défense pour lui asséner un coup d’épée, le corps tombant inerte à ses pieds.
Les goules étaient nombreuses, mais leur manque d’intelligence les rendait vulnérables. S’ils arrivaient à défaire leur tête pensante, ils démantèleraient le réseau.
Tandis que le nombre chutait drastiquement du côté des monstres, ils n’en menaient pas large avec les blessés qui s’accumulaient. Ashley se rendit compte qu’il s’était rapproché de la rousse durant la bataille. Celle-ci semblait blessée alors qu’un liquide écarlate s’écoulait de ses plaies ouvertes. Mais telle une lionne, elle continuait son combat, balayant avec efficacité ses adversaires.
La grande perte subie chez les goules, laissait au groupe une ouverture pour atteindre celle qu’ils visaient pour mettre fin à ce chaos. Il semblait que la guerrière avait également remarqué cet état lorsqu’elle les appela à la rejoindre. Sans s’en rendre compte, il se trouvait maintenant en compagnie d’Ayah et de la civile à l’allure étrange.
Sans un mot, il suivit la garde rouge, frayant son chemin à travers les créatures qui périssaient sous sa lame. Seulement, lorsque le marchand de sable se rendit compte qu’il n’était plus protégé, il tourna les talons afin de s’enfuir, abandonnant lâchement son bataillon. Celles qui étaient restées debout commencèrent à être désorientées sans leur leader. Ce qui permit aux combattants d’achever davantage de créatures.
De façon très surprenante, la créature semblait les devancer avec aisance, s’échappant à travers le dédale puant. Elle traversait les différents couloirs sombres où il devenait difficile de voir dans l’obscurité. L’odeur affreuse se faisait de plus en plus forte maintenant qu’ils s’étaient encore plus enfoncés dans l’antre des créatures.
La goule bifurqua dans un énième couloir, et peu de temps après, un cri retentit. Le groupe se dépêcha de rejoindre la source du bruit. Essoufflé, il fallut lancer un cristal de lumière pour voir le groupe d’otages, tous recroquevillés de terreur. Dans un coin, il y avait un tas de carcasses sanguinolentes, probablement des restes de nourriture humaine que les goules avaient consommés.
Un léger écœurement se marqua dans le regard du noble qui recula d’un pas devant l’horreur. La plupart des otages étaient des enfants, plus facilement influençables par le pouvoir. Le cri d’un enfant le ramena à la réalité alors que la goule l’avait saisi, prête à lui faire rendre son dernier souffle, s’ils s’avançaient davantage. Ashley, étant un épéiste, n’avait aucune chance de s’approcher de la créature sans que l’enfant ne soit assassiné. Il jeta un regard rapide vers la civile en désignant son arc d’un mouvement du menton.
« Nous comptons sur vous, nos lames ne pourront l'atteindre
Seule votre adresse d'archère le fera s'éteindre »
L’étrange civile semblait aussi habile à l’arc qu’au combat rapproché, Amaryllis tenait tête à quelques adversaires et sembla un moment en difficulté, et Ashley, qui se tenait initialement non loin d’Ayah s’était jeté à corps perdu dans la bataille.
La guérisseuse, quant à elle, était aux prises avec ses propres adversaires et ne put s’assurer constamment de la sécurité du noble. Aussi habile soit-il au combat elle se sentait investie de la mission de s’assurer que rien ne lui arrive. La situation était très frustrante pour elle et elle tentait de ne pas prendre de mauvais coup tout en ayant son attention constamment détournée par l’inquiétude qu’elle portait pour ses camarades.
L’affrontement était un entassement infâme de cris, de coups et d’odeur de sang frais : une bataille assez violente dans un milieu assez réduit qui entravait quelque peu leur liberté de mouvement… Et ce, sans compter sur les mauvaises conditions de visibilités qu’ils avaient malgré la présence de cristaux de lumière jetés aux alentours.
Elle comprit vaguement qu’une partie du groupe s’était détaché tandis qu’elle affrontait une paire de goules et elle se mit à les chercher des yeux nerveusement. Une espèce de tension pesait sur son âme : une tension qui n’avait rien de naturel…
Comme si quelque chose essayait d’enfoncer les portes de son esprit pour lui imposer une volonté qui n’était pas la sienne…
Le marchand de sable ?
Elle entendit quelque part dans le tumulte ambiant la voix rugissante de leur commandante d’escouade mais ses paroles se perdirent dans le vacarme et Ayah, désorientée, regarda quelques instants autour d’elle avant de parer in-extremis une nouvelle attaque et d’occire prestement son adversaire.
Il semblerait néanmoins qu’une lueur d’espoir commence à poindre, et la médecin cessa de se battre pour s’occuper des blessés qui se tenaient au centre de leur formation de défense, laissant aux valides le soin de repousser les derniers assauts.
Rassemblant ses forces, elle s’agenouilla vivement auprès d’un homme à terre dont l’état était très préoccupant : une large plaie à la base de son cou laissait échapper un terrible flux écarlate qui mettait sa vie en péril.
Sans attendre, Ayah porta ses mains sur la blessure et se concentra, laissant son flux d’énergie passer dans la plaie pour la refermer. Un léger halo turquoise apparut autour de ses mains tandis qu’elle s’affairait à la tâche.
Mais ce faisant, son regard se porta aux autres blessés, et elle comprit immédiatement qu’elle ne pourrait pas soigner tout le monde seule. Elle siffla légèrement de frustration et d’inquiétude, réalisant son impuissance, il allait falloir économiser ses forces et utiliser son pouvoir pour stopper les hémorragies sans pour autant refermer complètement les plaies.
« Ça va aller ! Ne bouge pas !
Alors la mort ne t’emportera »
A peine eut-elle pris le temps de mettre son premier patient hors de danger imminent qu’elle papillonna vers un autre, qui présentait une blessure similaire… Mais elle estima mal ses priorités car celui-ci était déjà dans un état trop critique pour être sauvé…
Il venait de perdre connaissance et la jeune fit de son mieux pour le sauver, mais le cœur du blessé lâcha et elle ne put rien faire de plus pour lui.
Elle serra les poings, sentant comme quelque chose se briser en elle, cette situation était tellement rare… Mais quand elle se produisait elle laissait en Ayah un vaste sentiment de frustration qui pesait douloureusement sur sa conscience…
Mais il n’y avait pas le temps de se lamenter sur le sort de ce malheureux : d’autres pouvaient encore être sauvés et la guérisseuse usa du mieux qu’elle pouvait de ses dons pour les tirer des griffes de leur fin… Elle ne perdit pas d’autres hommes, où alors ils étaient morts sur le coup.
Elle réprima un haut le cœur tandis que le contrecoup habituel commençait à l’handicaper. Elle utilisait beaucoup d’énergie pour sauver les blessés, et cela portait indéniablement ses fruits, mais au prix de son énergie vitale.
Elle porta sa main à son nez et constata qu’il saignait légèrement : un autre signe assez courant du contrecoup lié à l’usage de son pouvoir. Elle avait encore un peu de marge mais il fallait commencer à ralentir la cadence.
La soldate avisa bientôt la scène la plus importante de l’affrontement : une lueur qui survivait plus loin dans le couloir : les alentours semblaient plus calmes et la jeune femme se détacha des autres pour se diriger d’un pas vif vers la source de la lumière.
Quand elle arriva sur les lieux Ayah se figea devant la scène : les survivants étaient là ! Côtoyant des corps sans vie, probablement en partie dévorés. Son regard se porta sur les visages terrorisés des otages… La plupart était des enfants…
Elle reconnut le trio, composé de Amaryliss, la civile qui ne s’était pas présentée, et l’héritier des O’Callaigh… Tout trois observant un monstre qui faisait planer sur un enfant la promesse d’une fin terrible.
Le marchand de sable semblait s’en faire un bouclier humain, et c’était à ce genre d’attitude qu’on reconnaissait bien qu’il ne s’agissait vraiment pas d’une goule comme les autres.
Il y avait chez celle-ci une intelligence maligne et malsaine dont on se passerait fort bien.
C’était sûrement à l’archère de les tirer de cette situation… En espérant qu’elle réussisse à tirer prestement et avec précision pour ne pas laisser à la goule l’occasion de réaliser une vengeance froide sur l’innocent.
Le regard d’Ayah se porta vers Amaryliss et elle se rendit alors compte que cette dernière était blessée au niveau de son épaule gauche : une plaie assez moche et complexe qui ressemblait à une morsure. La superficie n’était pas excessive, mais cette blessure pourrait être de nature à la gêner.
Considérant qu’elle ne pouvait pour le moment rien faire de plus utile à leur groupe tant que l’otage serait utilisé comme bouclier humain, elle entreprit de soigner la rouquine. Elle lui fit rapidement part de ses intentions en quelques mots avant de poser sa main dans son dos, entre ses deux omoplates.
Se concentrant, la guérisseuse de la garde du Sud fit passer son énergie vitale dans le système sanguin de sa camarade : se dirigeant directement vers sa plaie qui commença lentement à se résorber.
Elle tâcha au moins de stopper le saignement et de faire en sorte que les mouvements de l’autre jeune femme soient, elle l'espérait, un peu moins douloureux.
« Nous avons essuyé beaucoup de pertes
La situation est loin d’être idéale
Quoi que coute cette macabre découverte
Mettons fin à cette situation anormale… »
Fit-elle, la mine grave, pour faire un rapport concis de ce qu’elle avait vu.
C’est la première fois que je me retrouve dans un tel conflit. Il est plus aisé de se battre seul et contre une simple créature qu’avec un groupe de soldat certainement entraîné à combattre en groupe contre plusieurs personnes. Il faut surveiller partout, ne pas relâcher son attention, s’assurer d’être assez loin des autres afin de ne pas les gêner dans leurs mouvements. C’était complexe et bien que je me sois débrouillé comme je le pouvais avec eux, ce n’était pas dû à mes compétences de forestière, mais seulement parce qu’il s’agissait de créature humanoïde et comme un humain, il suffisait de frapper là où il fallait pour tuer. Enfin, je ne suis pas fière de ne me dire que ce genre d’expérience, m’aura servi ici présent, mais c’est la vie.
Les combats continuent, mais notre cible prioritaire semble s’être montrée à nous tentant par la même occasion de pénétrer nos esprits. Heureusement que je possède un talisman d’indépendance me permettant ainsi d’aviser les autres par la même occasion de faire attention. Je ne voudrais pas que l’un de mes partenaires se retourne soudainement contre nous ou soit utilisé d’une quelconque façon par la créature. Cette dernière, voyant qu’ils perdaient en nombre, sembla se rabattre sur ces derniers retranchements ce qui nous mena finalement dans une course poursuite au travers des égouts jusqu’à tomber sur la tanière de cette dernière. De nombreux otages s’y trouvaient apeurés et regroupés, ils se tenaient collés les uns aux autres.
Évidemment, la goule semblait avoir trouvé son compte, attrapant l’un des enfants par le cou et le menaçait très clairement de lui retirer la vie. Un enfant qui n’avait rien demandé et qui se rappellerait toujours de ce moment toute sa vie. Toujours équipée de mes lunettes, j’observai la pièce comme s’il faisait jour et voit la petite frimousse de mon acolyte du moment cacher au milieu de tous les enfants.
J’imagine que si nous avançons, un pas de plus, la créature brisera la nuque de sa victime. Il faut donc être prudent, mais à la fois rapide. Il faut profiter du fait que la goule nous regarde, pour la surprendre.
Soyez prêt à récupérer les otages.
Beaucoup auront besoin de courage.
Nephalie, utilise ta téléportation! »
Terminai-je, alors que le petit dragon feuillu disparut d’entre les enfants pour se laisser tomber sur la tête de la goule qui se mit alors à crier d’un son strident tout en lâchant l’enfant. Rapidement j’indique à mon laïum de foncer sur notre cible afin de l’éloigner de la présence des autres tout en m’équipant finalement de mon arc. J’ai besoin de me concentrer un moment et cette fois-ci, je ne m’équipe d’aucune flèche. Je me concentre tout simplement alors qu’une flèche ombragée se forme directement sur la corde tendue. J’inspire profondément activant par la même occasion ma bague de pouvoir qui se trouvait à ma main droite. Je pousse un simple cri, pour mentionner à mes familiers de s’éloigner et je laisse la flèche partir. Dans un sifflement, celle-ci fonçant à toute vitesse se planter dans la poitrine du monstre s’enfonçant dans sa chair pour finalement disparaître lorsqu’elle avait cessé sa course. La créature se mit à tituber, nous regardant d’un air d’incompréhension et leva une main comme si elle recherchait soudainement son souffle. Même si je n’avais pas visé son cœur, il était possible de voir se répandre une multitude de sillages noirs au travers de sa peau se rependant à toute vitesse dans son poitrail. Lorsque la maladie atteindra le muscle qui permettait de pomper son sang, celui-ci cessera de battre. La bestiole laissa pousser quelques râles d’agonie et s’effondra finalement face au sol.
Il était maintenant tant de sortir les victimes de ce taudis et il fallait nettoyer le reste des égouts. Ramener les cadavres à la surface et brûler les créatures afin d’éviter qu’elles ne pourrissent et attire pire qu’elle dans ce milieu puis finalement offrir des obsèques aux soldats et aux civils tombés. Nous allions très certainement y passer le reste de notre journée, mais le grand danger avait maintenant été annihilé. Pour ce qui était du reste du quartier, le gros des troupes et bénévoles s’en était certainement chargé durant notre absence.
Amaryllis s’était immobilisée face à la prise d’otage, même si au fond elle n’en avait pas grand chose à faire. Mieux valait ne pas provoquer de victimes évitables, et autant profiter de l’expertise du groupe qui l’accompagnait. Elle hocha la tête envers la médecin, sentant son épaule redevenir presque normale, sa plaie se refermer, et une partie de la douleur disparaître. Pas la première des blessures de l’ancienne mercenaire, mais la bleue était précise et efficace.
C’est au final un stratagème de la chasseuse qui finit par porter ses fruits, alors que le combat était désormais terminé. Le temps d’achever les quelques monstres restants qui n’étaient plus en état de se battre, de diriger quelques hommes vers les victimes pour les rassurer, le plus de gardes compétents en premiers soins vers les blessés pour en sauver le plus possible. Ça aurait pu être pire. Même si cela aurait pu être mieux aussi, les équipes assemblées comme ça manquaient d’expérience commune ou de codes et de stratagèmes faciles à mettre en place. Forcément, la chaîne de commandement s’en retrouvait fragilisée.
« Notre première priorité sont les gens.
Il faut évacuer les blessés jusqu'au camp.
Et y ramener également les enfants. »
Et le ménage, lui, sera réalisé plus tard avec un minimum d’escorte, mais l’humain est prioritaire. Sauver ceux qu’on peut, devoir gérer les corps. Amaryllis était habituée à voir des gens partir, ces hommes là sont tombés au champ d’honneur, et méritent leur statut de héros pour leurs actes. Face à un ennemi supérieur en nombre, en ressortir victorieux et sans perte civile était au final un bon exploit.
Néanmoins, la journée n’était pas encore terminée, en espérant ne pas tomber sur un autre nid. Le temps de remercier les civils ayant participés, et de retourner gérer les différents déclaratifs et le rapport de l’opération, ainsi que les pertes, en plus ensuite des demandes de tous ces pauvres… Mais toutes ces tâches seront certainement après une petite pause, devoir consommer de ses cornes lui nécessitait un peu de redescendre complètement sur terre, même si elle essayait de cacher son état peut-être un poil groggy, sa voix restait sèche. Après tout, elle était aussi un peu pâle à cause du sang perdu. Elle nota tout de même dans un coin de la tête ceux ayant aidé à cette opération fort risquée. Peut-être qu’un jour, elle retombera sur le dossier de Stormsong, après tout.