L’aube pointait lentement le bout de son nez. Les paupières de Roel s’ouvrirent lentement, il fut un peu surpris de sentir les pas hésitants d’un petit oiseau sur son front. Roel ne voulait pas effrayer la bestiole et attendit patiemment que le volatile ait terminé sa promenade. Après quelques minutes celui-ci s’envola vers une branche appartenant à l’arbre dans lequel se reposait Roel. Emplissant les feuillages d’une douce mélodie.

Roel avait eu la chance de ne pas être dérangé durant sa nuit. Le jour précédent il avait bien tenté de prendre une chambre dans une auberge, mais les souvenirs de la chambre partagé avec son père n’aidant sans doute pas, il ne put se résoudre à entrer dans la bâtisse. L’après midi il avait été chasser un Boucton pour son repas du soir.

Il se servit aussi de la laine de l’animal pour rembourrer sa tenue afin de ne pas prendre froid et rendre plus confortable sa nuit dans l’arbre. Il voulait rester près de la Guilde, seul endroit un peu familier de la Capitale, pour sa première nuit. Le parc non loin de celle-ci lui semblait tout à fait adéquat

Roel décida de profiter un peu de la matinée en restant dans l’arbre, observant les passants. Couples, enfants, aventuriers, Roel observait le monde tourner sans que celui-ci ne remarque sa présence.Il voulait que cela reste comme cela. Il se méfiait particulièrement des personnes portant un badge, les autres semblaient les reconnaître en tant que “Garde”. Roel n’avait qu’une peur, c’est de se voir poser une question par ces individus. Roel savait bien qu’il contrastait, rien qu’avec son style vestimentaire, sur la toile urbaine dépeinte par la cité.

Roel regarda finalement en direction de la Guilde, il n’avait qu’une envie, partir à l’aventure. Surtout que sa bourse faisait pâle figure, il fallait la renflouer s' il voulait concrétiser son envie d’acheter une armure de cuir. Roel aimait bien ses vêtements actuels, mais il était tout de même impressionné et envieux des tenues de ses confrères aventuriers. Il dû bien reconnaître qu’il n’avait aucun talent pour la confection de vêtements et qu’amasser sur lui les peaux d'animaux morts ne le rendait pas très discret dans une zone urbaine. Sans parler de l’odeur.

Sans doute dans ses pensées, Roel ne vit pas la jeune silhouette s'asseoir sur un banc en dessous de son arbre. Quelle ne fût pas sa surprise quand il la remarqua après avoir entendu un léger bruit en provenance de l’endroit où une jeune fille était assise avec ce qui semblait être un délicieux gâteau orné de fraises.

Cédant à une légère panique, Roel se dépêcha d’enlever la laine de sa tenue pour la fourrer au fond de sa besace, ne remarquant pas que ses pieds s'appuyant sur une fine branche de l’arbre. Sans surprise, la branche se brisa, déséquilibrant Roel. Celui-ci tenta, en vain, de se rattraper sur n’importe quelle autre branche possible, mais ses bras étant occupés il y a peu ne trouvèrent aucun secours. Roel ne voyait qu’une issue à cela, il allait tomber, non sans un certain ridicule, de l’arbre.

Des mots, il y en a tant cachés parmi les autres, comme des cailloux.

Et à ce moment précis, Athelleen en débordait se retenant de les cracher à l’inconnu qui venait de tomber de son arbre.
Passant une main à sa bouche un air horrifiée sur son visage, elle resta là plantée perdue dans ce qu’il fallait faire et ne pas faire, dire et ne pas dire, le gifler ou demander s'il ne s'était pas blessé . Jamais ! surement pas…, il venait de blesser son coeur.

Mon fraisier… songea la jeune femme, les larmes aux yeux, se pinçant le bras au cas où cet horrible cauchemar mènerait à son éveil, Que diable faisait-il dans cet arbre? S’il lui fallait dormir ne pouvait-il pas utiliser le tronc comme toutes personnes sensé ?

Cherchant ses mots,

_Vous… Non, en fait ne dites rien…, le calme en elle fut vain, des noms d’oiseaux filant dans son esprit à la vue de sa convoitise collé au postérieur du jeune homme.

Elle avait passé sa vie coincée dans un labyrinthe tyrannique où certaines fois il lui venait de penser au jour où gustativement parlant elle connaîtrait autre chose que du pain et du lait,

_Oh non, ne me regardez pas comme ça..., souffla-t-elle, comment je pourrais me mettre en colère contre vous avec cette tête, espèce de petit couillon maigrichon et stupide, vous venez d’écraser mon gâteau !

Athelleen détestait voir les personnes paniquer, ils se mettaient à regarder on ne sait trop où, à béguailler du non-sens;
Passant une de ses mains à sa hanche la jeune femme chercha au loin quelque chose pour dissiper son mécontentement, son regard se posa sur quelques petits oiseaux piaillant sur la branche cassée, les autres légèrement tordus par la chute;

rabattant ses cheveux à l’arrière l’aventurière soupira lourdement n’écoutant aucunement ce que son interlocuteur avait à lui dire, il faisait si beau ce matin-là, sa bonne humeur s'était dissipée si rapidement, enfin...

Revenant à l’inconnue, il comptait rester longtemps ainsi ? qu’il pense à s’essuyer d’ailleurs…
Fouillant son sac elle lui passa un mouchoir avant de s’asseoir dépité,

_Vous voyez pas bien au-dessus de votre branche . Vous n'avez pas pensé plus fin encore pour vous fracasser autre chose au passage…, elle releva la tête les mains croisées,

_Vous auriez pu vous faire très mal vous savez, Vous voulez terminer inutile sur une chaise? Débarbouillez-vous et faites attention, ça aurait pu être une personne à la place de ce gâteau, et surtout Rem-Bour-Sez le moi.

Roel avait mal, il avait peur, il était désemparé. Pourtant lors de sa chute il avait tout fait pour éviter la silhouette assise en dessous de lui, quitte à utiliser les branches sur sa chute pour dévier cette trajectoire tragique autant que faire se peut. Néanmoins il y eut tout de même une victime, le magnifique gâteau d’une jeune demoiselle qui ne comptait apparemment pas laisser partir Roel comme si rien ne s’était passé.

Roel était dans une piètre posture, couvert de pâtisseries et de fraises, le regard fuyant le visage de son interlocutrice alors qu’elle esquissait un air peu commode. Roel se décidât à être fort face à ce défi, il inclina légèrement la tête vers le sol et tenta de regarder la femme dans les yeux. Il bredouilla :

- Je suis désolé ...

Mais son interlocutrice n’avait pas l’air de vouloir prêter attention à ses dires. Roel ne s’était pas trompé jusqu’à maintenant, les humains étaient vraiment des créatures effrayantes, mais Roel comprenait la colère de la jeune femme. Après tout, si il avait volé ou détruit le repas de n’importe quelle créature, elle se serait mise en colère contre lui et inversement.

La jeune femme lui jeta un mouchoir, Roel avait lu des histoires sur cette pratique dans de vielles légendes. Un défi, la personne voulait sa vie en échange d’une simple friandise. Roel était perdu, comment avait-il pu en arriver là. Si seulement il avait vu cette personne arriver, rien de tout cela ne se serait produit. La femme, qui s’étant assise, avait un air de dépit très prononcé fut une surprise pour Roel. Ce n’était pas une posture de combat, était-il sain et sauf ? Peut-être allait-elle lui demander d’essuyer ses pieds avec le mouchoir. Roel était certain d’une chose, il ne voulait certainement pas faire cela.

Perdu dans sa logique, Roel entendit toutefois parfaitement les mots “Remboursez le moi".
Même si Roel se méfiait des humains, il n’avait rien à dire ici. Clairement en tort il allait devoir trouver un moyen de payer sa dette. Il se mit alors sur les genoux, sans même enlever les morceaux de gâteau ornant sa tenue et fouilla dans sa besace sous le regard froid de la jeune femme. Il sortit la laine qu’il avait rangée un peu plus tôt et lui tendit à pleines mains, esquissant un sourire niais avec des yeux confiants de la réussite de son action.

- Voici pour vous !

Dit-il sur un ton à la fois ferme et méfiant. Cette laine faisait à peu près la même taille que le gâteau. Si elle voulait des fraises en plus, il n’aurait aucun mal à en trouver dans une forêt. Roel était très fier de se manière de gérer la situation. Il ne s’attendait toutefois pas à la réponse de la demoiselle à sa proposition.

Athelleen prie la laine machinalement sans trop comprendre ce que souhaitait faire le jeune homme en face d’elle, son sourire semblait si sincère et fier qu’elle ne se sentait même plus de parler, devait elle l’accompagne vendre sa trouvaille ou était-ce simplement pour chercher autre chose dans son sac, si c’était le cas il devait sûrement en être très fière pour la tendre ainsi.

_ De la laine ?…, de la laine en été ? Ça se mange comment ? Je ne connaissais pas… C’est un plat de la région ? en soupe…

Papillonnant des yeux perplexes Athelleen n’étaient pas sûrs d’apprécier le goût, c’est que ça sentait particulièrement fort, mais vue la confiance de son nouveau camarade aventurier elle ne se voyait pas la lui refuser, elle venait seulement d’arriver, un peu de culture sur cette ville ne lui ferait pas de mal, toutefois, elle était sûre jusqu’à maintenant que la soupe de laine n’était pas commun, et non inscrit dans ses livres,

Peut-être un nouveau plat sort de l’imaginaire gastronomique de la capitale.

_J’espère que c’est aussi bon qu’un gâteau à la fraise…, marmonna-t-elle pour elle-même tripotant la matière dans ses mains, c’était plutôt amusant de jouer avec, quelques souvenirs ravivant sa mémoire,

Plus petite elle avait appris par sa tante à coudre un manteau chaud pour le début des périodes enneigées, elle c’était souvent piquée les doigts mais avec le temps, elle avait appris à apprécier cette activité, c’était une formation utile pour maintenant aussi, elle ne se voyait aucunement achetée des habits coûteux,

la consistance était la même que ce rembourrage de nounours, quelques années auparavant, ou celui qui servait à enrober le manteau avant sa clôture.

Relevant la tête vers l’homme en face d’elle, Athelleen plissa légerment les yeux, le soleil commençait à se dévoiler et au vu de la chaleur qui s’annonçait pour ses jours-ci, ce n’était pas à la capitale qu’ils vendraient une matière chaude.

_ Soupe ou vente, c’est dans les montagnes qu’il serait plus simple de vendre…

Ce serait un voyage pour un simple gâteau, une mauvaise idée dans ses cas là, elle avait une quête à chercher à la guilde il était hors de question qu’elle fasse demi-tour,

_ À moins que vous essayez à l’une des places commerçantes, si vous avez de la chance ce ne sera pas noir de monde

Elle esquissa un petit air désolé, elle n’était pas très à l’aise avec les personnes, encore moins la foule mais au vu de l'aventurier, s’il peinait à aligner des phrases à haute et intelligible voix face à une seule personne c’était mal partie pour le reste.

_Ce mouchoir était censé vous essuyer, vous ressemblez à un homme pas net ce n’est pas très discret, dépêchez-vous de vous toiletter s’il vous plaît,

Elle lui tendit encore une fois le mouchoir visiblement plus tranquille, c'était à se demander si elle n'était pas bipolaire.

Roel regardait un curieux spectacle, la jeune demoiselle avait pris la laine qu'il lui tendait pour s'amuser à la sentir et la tripoter dans tous les sens. Elle parlait de la manger. Roel ne comprenait plus rien, certes cela venait d'un animal, mais fallait-il pour autant considérer cela comme un aliment ? Roel avait un peu pitié de la créature qui se dandinait devant lui se posant des questions étonnantes. Il la trouvait beaucoup moins effrayante à la voir s'amuser avec la laine. Roel décidât de l'observer un peu et d'écouter attentivement ce qu'elle disait. Elle semblait un peu plus jeune que lui, des yeux rouges comme Roel et une chevelure blanche plus claire que la sienne, mais tout de même très similaire. À se demander s'ils n'étaient pas frère et sœur.

Aller à la place commerçante la plus proche pour vendre la laine afin de rembourser le gâteau et se "toiletter". Roel avait à peu près compris les demandes. Il lui rendit le mouchoir qu'elle lui avait gentiment tendu plus tôt, en faisant un signe de tête. Une rivière étant non loin de là, Roel sprinta jusqu'à celle-ci et y plongea la tête la première afin de se laver. Ses vêtements sècheraient au soleil et la température était très clémente dans la Capitale, surtout pour un originaire des montagnes. Il revint vers la demoiselle, assez fier de lui, esquissant un léger sourire. Il aimait bien garder sa routine matinale inchangée. Ce bain tombait à pic.

Roel avait passé pas mal de temps à se perdre dans la Capitale mais savait une chose, en longeant la rivière à l'est sur la rive est vers le nord, il tomberait sur un très grand marché, il était encore tôt il n'y aurait peut-être pas beaucoup de monde. Roel savait qu'il devait rembourser la jeune femme, il en allait de son honneur d'aventurier. De plus, ce n'est pas en laissant ses dettes impayées qu'il allait bien se faire voir. Roel repris un peu brutalement la laine des mains de la jeune femme et se dirigea vers la rivière à l'est. Après quelques pas il se retourna et fit des mouvements de bras afin de faire comprendre à la jeune demoiselle de le suivre. Elle semblait un peu outrée mais le suivait.

Roel marchait d'un pas un peu trop rapide, il se décida à ralentir un peu voyant que la jeune femme peinait légèrement à le suivre. Il ralentit jusqu'à ce qu'elle atteigne son niveau. Il l'entendait pester derrière lui, mais ne s'en souciait pas plus que ça, il devait rester concentré afin d'éviter encore une fois de se perdre. Une fois sa cible acquise, il se décidât à tenter de parler.

- Encore désolé pour ton repas. Je vais rembourser.

Roel ne parlait pas très fort, il espérait que la jeune femme l'entendit. Il prit une grande inspiration et décida de continuer à converser.

- Pourquoi manger un tel repas si tôt ?

Dans l'inquiétude de ne pas être entendu, Roel se surpris lui-même à légèrement crier cette phrase. Il avait trop peur de la réaction de la jeune femme pour la regarder, afin d'éviter toute attaque il fît un grand bond de côté, prêt à riposter au besoin. C'est en voyant le visage totalement neutre de la jeune femme qu'il comprit qu'il n'y avait apparemment aucun danger, qu'il relâcha sa posture.

Athelleen passa une main devant sa bouche, cachant le début d’un sourire, surprise, que faisait-il tout tremper, enfin, on pouvait dire qu’il était propre d’une manière maintenant, un bain express mais au moins les fraises n’étaient plus là;

Elle fut déçue de sentir la laine l’échapper des mains esquissant une moue boudeuse, c’était plus confortable que ce qu’elle avait pensée, aussi doux qu’un gâteau peut être, mais une pensée lui revint en tête crispant son visage alors que sa bouche s’ouvrait plus grande s’apprêtant à lui lancer une plainte.

Il avait dormi avec cette laine dans ses habits…

elle avait passé sa nuit sur la chaise préférant laisser Nahélé chez l’écuyer de peur qu’il suive un glooby ou autres petit insecte curieux durant sa nuit, aussi elle n’était pas du genre à attacher son cheval.

_ Vous en faites pas… Ce sera bientôt oublié

Elle détourna son regard du garçon préférant se concentrer sur la route, elle n’avait pas passé une bonne nuit cette soirée-là,
il était mieux pour elle d’économiser son énergie, elle se rapprocha du garçon pour mieux entendre, elle ne comptait pas élever la voix pour parler, surtout en pleine ville, de quoi passer pour des personnes sourdes comme des pots,

_ Si tôt parce que j’étais curieuse du goût, 22 années de pain et de lait c’est vite lassant.

Elle bailla discrètement avant de rire à la réaction de l’aventurier, elle n’était pas si terrifiante, si ?

_ Pourquoi vous êtes si alerte comme ça,

Bon, au fond c’était plutôt compréhensible, elle l’avait presque agressé mais ce n’était qu’un petit détail parmi tant d'autres, il n’était pas méchant au fond, juste d’une maladresse, bien pire qu’Athelleen

elle pointa du doigt le bras de Roel,

_ Dites-moi, vous n’étiez pas avec un sac tout à l’heure?

La jeune fille tourna sa tête vers les alentours quelque peu perdue, plus de sac plus de laine, alors plus de vente de laine plus de gâteau.

Il n’était pas très chanceux, et elle non plus au passage,

attrapant le bras de son camarade aventurier elle fila dans une petite ruelle, le sac repéré, enfin elle ne voyait pas bien la personne  qui l'avait dérobé avec toutes ces têtes mélangées mais la piste était présente, à ce rythme-là elle était sure de détester la foule et la capitale avec,

_ Roel si vous perdez ce sac je vends vos habits au marché, tant pis pour le reste

Effectivement, pourquoi si alerte ? Roel ne voyait pas en la jeune femme une personne dangereuse. Elle n’avait pas essayée de violenter de quelque manière que ce soit. Songeur, Roel ne sentit pas à ce moment clé, le poids manquant de sa besace. La jeune demoiselle lui fît une remarque très pertinente, où était donc sa besace ? Il n’eût pas le temps de se poser la question très longtemps, la jeune femme l’agrippât par le bras et le tira dans une ruelle. Il n’eût pas le temps de lui dire qu’elle n’avait que peu de valeur à ses yeux, qu’il pouvait s’en refaire une rapidement car pour Roel, c’était la fin, il était certain allait terminer sa jeune vie d'aventurier dans ce coupe-gorge où la jeune femme le trainait..

Il allait se mettre à paniquer quand la jeune femme cita le nom de Roel. Il fût étonné de cela, il n’avait pas souvenir de s'être présenté, c’était pourtant sans compter sur sa plaque d’aventurier qui se balançait autour de son cou, à l’air libre. Sans doute le plongeon. Roel était à la fois content et hésitant d’avoir entendu son nom prononcé par une autre personne. La phrase qui suivit cela le ramena très vite sur terre. Vendre ses vêtements ? Roel n’avait qu’eux pour se vêtir et n’escomptait pas se balader dans la capitale les fesses à l’air. Il fallait absolument retrouver sa besace. Il suivit le regard de la jeune demoiselle et vit lors d’un court instant sa besace au dos d’une silhouette s'éloignant au bout de la ruelle.

Le visage de Roel changea du tout au tout, ses traits naïfs et relâchés habituels laissèrent place à ceux de quelqu’un de concentré et sérieux, celle d’un prédateur chassant sa proie. En un court instant Roel fit un bond sur le mur du bâtiment à sa droite et se mit à l’escalader comme si rien n’était, ni une ni deux il se retrouvait en haut de celui-ci. Son agilité naturelle combinée à son expérience de la montagne faisaient leur preuves. Il hurla à la jeune femme :

- Continuez votre course !

Roel fît de même, de cette hauteur il voyait distinctement le voleur. Il voulait utiliser son pouvoir afin d’avoir une longueur d’avance, mais y renonça, il y avait beaucoup trop de passants. Il aurait suffit qu’il se déconcentre un peu pour perdre le contrôle de celui-ci. Il vit le voleur tourner à gauche dans une autre ruelle, Roel sauta sur le toit opposé afin de rattraper sa proie en hurlant à nouveau :

- A gauche !

Roel continuait à courir, le contact visuel avec le voleur était rétabli ! Roel se rapprochait et alors qu’il allait prendre de l’élan afin de fondre sur sa cible, une tuile se déchaussa sous son pied d’appui. Roel, déséquilibré, ne sentit bientôt plus aucun appui sous ses pieds. Il était au-dessus du vide.

Roel ne prit pas le temps de réfléchir, il activa son pouvoir afin de voir comment allait se dérouler sa chute. Par chance son corps allait passer près d’un balcon, qu’il agrippa avant de calmement descendre dans une ruelle. Ce n’était décidément pas son jour, c’était la deuxième fois qu’il était victime de malchance.

La jeune femme le rejoignit bientôt, légèrement en sueur, elle avait apparemment continué sa course en lui faisant confiance. Quant à la trace du voleur, celle-ci venait de s’estomper pour Roel. Le jeune homme affichait une mine sombre et haineuse, un animal qui avait laissé son seul repas s'enfuir.

Athelleen accéléra sa course s’excusant au passage aux quelques personnes qu’elle pouvait bousculer dans la petite ruelle bientôt animée et surpeuplé de la capitale,

le contact des personnes sur son épaule la dérangeait particulièrement, et n’étant pas très grande pour dire petite il lui était difficile de garder en visuel le voleur de besace,

une charrette frôla son visage alors qu’un vieil homme tira son bras en arrière empêchant son visage de partir avec le véhicule, le souffle court elle se tourna vers l’homme les joues rougies par l’effort et la surprise,

_ Et bien ma petite dame, v'zêtes bien en forme pour un matin, prudence sur la route s'vous plaît…,

le marchand mâchouillait son bâtonnet d’une manière bruyante et nonchalamment ébouriffa ses cheveux son menton pointant ailleurs indiquant à la jeune fille de continuer sa route,

_ P...pardon, oui… merci monsieur, elle s’inclina honteuse et rejoint Roel soucieuse et quelque peu décoiffé, c’est que c’était la deuxième fois en une seule matinée qu’il tombait dans le vide;

_ Vous avez le don de chuter ou c’est une habitude,

elle releva l’aventurier comme si elle relevait un enfant et abattit sa main sur l’épaule du garçon en une tape légèrement brusque mais amicale, avec un peu plus de chance vous seriez tombé dans cette belle bouse à côté, Elle se recula presque écœurer par tout ce monde, scrutant les environs afin de retourner au point de départ,

Une pensée vint en elle alors que son visage prit une mine déconfite au vu de l’emplacement où les deux aventuriers se trouvaient, elle se rappelait avoir tourné à gauche suite aux instructions de Roel, revenant donc sur ses pas, mais ensuite…

_ Je propose un shi fu mi…, elle se retourna vers l’aventurier le regard crispé par la foule et le bruit, si je gagne la première partie on tourne à droite si tu gagnes ce sera la gauche et ainsi de suite à chaque ruelle…

Cette idée était nul, oui, très nul mais les deux ne s’entendaient qu’à peine et semblaient tout aussi paumé l’un que l’autre, ils finiront bien par tomber quelque part de toute façon, et à l’heure qu’il était de la journée du temps ils n'en manqueraient pas;

_ Vous êtes méfiant à l’égard des personnes qui vous entourent Roel, mais songez à l’être aussi pour le reste, si ce n’était pas le caca d’à côté où la bâtisse vous auriez pu vous blesser dangereusement;

Pas qu’elle s’inquiétait mais elle aurait fortement culpabilisé si cela se serait produit en réalité, et sans son matériel médical elle n’aurait rien pu faire pour lui,

_ Oublions cette histoire de gâteau et retournons rapidement là où nous étions, je ne tiendrais pas une minute de plus dans cette marée humaine…

La jeune femme soupira lourdement alors que sa nervosité montait en flèche, elle n’avait jamais vu autant de monde de toute sa vie, et la chaleur s’y ajoutant rendait cet endroit presque étouffant, se collant aux bâtisses elle longeait les murs à chaque partie les sourcils froncés,

Roel repris ses esprits quand la jeune femme lui "tapota légèrement" l'épaule. Elle avait, en soit, tout à fait raison, Roel offrait un piètre spectacle pour quelqu'un censé être agile. Roel ne put s'empêcher de remarquer l'affolement de sa collègue. Pour Roel, la foule n'était pas tant un problème que ça, au contraire, il est bien plus facile de passer inaperçu dedans mais la jeune aventurière n'avait pas l'air de l'entendre de cette oreille. Elle lui proposa une idée des plus farfelues, joueur à un jeu pour trouver des directions ?

Surtout que Roel ne connaissait pas le "shi fu mi". Il avait cependant bien compris une chose en voyant sa collègue raser les murs avec les jambes tremblantes, elle voulait sortir de cette foule le plus rapidement possible.
Roel avait un bon sens de l'orientation et voyant la panique de la jeune femme, il la saisit par l'épaule et utilisa son autre main pour lui cacher les yeux et lui dit :

- Je vais nous guider hors d'ici. Détendez-vous, faites-moi confiance.

La jeune aventurière semblait un peu confuse et Roel la guidait dans la ruelle d’où ils étaient venus en prenant soin que la jeune demoiselle ne percute ni ne touche personne sur le chemin. Roel se mit alors à décrire à la jeune femme les paysages vides et calmes des montagnes. Où seul son audible est celui du vent glacial s'engouffrant entre les grands arbres aux racines profondes. Roel activait de temps en temps son pouvoir pour éviter que la personne aidée ne heurte quiconque. Il continuait à décrire la nature dans laquelle il grandit.  Il sentait que sa collègue était tout de même tendue, mais continuait à avancer.

Après de longues minutes, sans doute plus pour celle qu'il guidait que Roel lui-même, ils sortirent enfin des ruelles, traversa un pont pour arriver dans les parcs de la "Rue du Cœur". Il fît s'assoir la jeune femme sur un banc tout en libérant sa vue. Il restait tout de même méfiant, elle serait en droit de s'énerver contre lui pour l'avoir tout de même contrainte à lui faire aveuglément confiance. Il sortit d'une de ses poches des racines et graines comestibles et les déposa dans la main de l'aventurière.

- Après toutes ces émotions, il faut manger un peu. Ça détend le corps et donc l'esprit

Roel voyait alors sa collègue comme un des jeunes Wargs dont il prenait soin étant plus jeune. Il adoptait une voix calme et un regard inquiet en parlant à la jeune demoiselle. Après tout elle l'avait aidé à se relever et semblait se faire un peu de souci pour lui. De plus, Roel était bien placé pour savoir quel effet pouvait avoir un si grand stress. Son inscription à la guilde avait été une de ces expériences très difficiles. Il ne souhaitait à personne de faire l'expérience de telles émotions.

Roel, s'asseyant à côté de la jeune femme, poussa un soupir de déception, cette journée avait vraiment été difficile. Il avait réussi à chuter deux fois, détruire le repas de quelqu'un, laisser un malotru fuir et en plus avait perdu sa besace. Il allait de surcroît devoir s'en confectionner une nouvelle. Roel était décidément éreinté par ces péripéties. Il se souvint toutefois de ce que la jeune femme lui avait dit s'il ne retrouvait pas sa besace, elle allait vendre ses vêtements !

Roel arbora une mine de lassitude en pensant à cela. Il se leva et commença à enlever sa bure, puis son haut afin de les donner à la jeune aventurière. Il comptait cependant fuir avant d'arriver à ses sous-vêtements, il n'allait pas se balader dans la capitale nu comme un ver.

Athelleen grimaça d’inconfort au contact du garçon mais acquiesça de la tête à la suite de ses mots plus détendus à l’idée de sortir de se dédalle, être discrète ou non n’était pas son souci, le fait était qu’elle ne supportait pas le contact à long terme ou de manière pertinante, tout simplement, la foule avait ce don de la rendre mal à l’aise au vu de tout ce monde, elle ne s’y sentait pas à sa place, ce n’était que psychologique et elle le savait bien mais elle ne pouvait y remédier;

Elle écouta Roel parler imaginant à quoi pouvait bien ressembler le paysage montanieux, bien sûr elle aurait pu y faire un détour avant de s’inscrire à la guilde mais sur le coup elle n’y avait pas songé, laissant cette idée dans un coin de sa tête, un jour peut-être.

Athelleen fût plutôt étonnée de n’avoir bousculé personne, il était évident que cela venait de Roel, elle lui sourit reconnaissante, le remerciant au passage alors qu’elle enfilait les racines unes à unes les joues rosies par le stresse, une chose était sûre, elle ne retournerait pas de sitôt au marché quitte à jeûner certains jours.

_ merchi…, elle avala l’une des dernières racines qu’il lui restait avant de prêter attention à ce que faisait l’aventurier, vous ne mangez pas ?, un étouffement retenu sorti des barrières de ses lèvres ses sourcils froncés par la surprise, elle ne s'était pas attendue à ce qu’il le fasse réellement, Roel avez-vous perdu la tête rhabillez-vous tout de suite, des enfants vous regardent !

Survolant du regard les alentours du parc elle passa sa main sur ses yeux déroutés, elle avait oublié cette menace-là, il y avait de quoi se faire arrêter avec un homme à moitié à poil et une voleuse de vêtement,

_ on avait dit que c’était oublié cette histoire de gâteau…;

l’aventurière retint un rire se retournant pour laisser un minimum d’intimité à son camarade, même si sur une voie publique c’était plus compliqué,

_ Roel Virtigo aventurier nudiste, ça sonne comme un roman douteux de la bibliothèque, vous allez terminer en garde à vue à ce train-là,

Et ce ne serait pas de sa faute, c’était lui qui était bien trop honnête dans ses principes, se relevant sans motivations elle se tourna vers le chemin de l’écuyer, là où elle avait laissé son cheval et ses affaires, elle ira chercher un autre gâteau à la boulangerie la plus proche une fois ses affaires récupérées;

_ La guilde devrait être animée à cette heure-ci, vous devriez chercher votre quête, vous vous êtes fait voler votre besace… et même votre bourse, si je peux vous aider en quoi que ce soit dit le moi, c’est en partie de ma faute.

Elle détourna le regard gêné de l'admettre, il lui faisait presque de la peine avec toutes les bêtises faites en une seule matinée, enfin qui le veuille ou non elle ne l'écouterait pas si jamais il refusait son aide,

Roel était très content d’entendre que cette histoire de gâteau faisait partie du passé. Il remit ses vêtements assez vite ayant entendu Athelleen lui dire que des enfants n’étaient pas loin. Il ne voulait pas que les parents appellent la garde. Sa tenue était de toute manière très facile à vêtir. Roel fut assez amusé du nom du potentiel roman qu’Athelleen imaginait. Même s’il voulait faire son possible pour éviter d’être connu pour ce genre de déboires. Il n’avait qu’une hâte, c’était de terminer cette terrible journée.

Tout était allé de travers aujourd’hui. Enfin pas tout à fait, il avait tout de même pu faire la rencontre d’Athelleen. Une personne en qui il pouvait avoir une certaine confiance. Elle avait certes, un caractère bien trempé mais avait le mérite de rester fidèle à elle-même.

Athelleen lui avait proposé son aide. Roel n’avait aucune raison de refuser, il aurait bien besoin d’elle pour une quête qu’il avait remarquée il y a peu. Il n’avait tout simplement pas eu le courage d’aller la réclamer. Il fallait aussi un autre aventurier pour faire celle-ci, autant dire que Roel n’était clairement pas prêt à faire la paire avec un autre inconnu, mais avec Athelleen cela pourrait fonctionner.

- A vrai dire, j’aurais effectivement besoin de ton aide. Une quête m'intéresse à la guilde, il me faudrait juste un camarade pour la faire. Es-tu partante ?

Dit Roel d’une voix calme et peu assurée. Il fut néanmoins ravi de la réponse d’Athelleen. Elle voulait apparemment offrir son aide à Roel coûte que coûte et celui-ci n’allait clairement pas refuser. De plus, il commençait à penser que renflouer son porte-monnaie allait devenir rapidement un critère de survie. Il lui fallait aussi se fabriquer une nouvelle besace, encore du temps perdu.

Roel proposa à Athelleen de faire le reste du chemin jusqu’à la guilde ensemble. Cela leur permettrait de plus rapidement prendre la quête et de se retrouver plus tard à un endroit convenu.

Bien qu'Athelleen avait expressément dit à Roel d'oublier cette histoire de gâteau, celui-ci avait tout de même envie de rembourser sa dette. Néanmoins il le fera le moment venu, sans avoir à revendre de la fourrure. Tout simplement en entrant tranquillement dans une pâtisserie et demandant un beau gâteau aux fraises