Qu’est-ce que vous avez foutu pour vous retrouver là ? Bonne question, sûrement le hasard du mauvais moment au mauvais endroit… En tout cas, vous vous réveillez avec un sacré mal de tête, ligoté et bâillonné. Autour de vous, le décor ressemble à un entrepôt délabré. Ce n’est pas le genre d’endroit que Devon fréquenterait en temps normal, il n’y a pas de produits pour son bar ici… Quant à Vrenn… on va dire que son travail l'amène parfois dans des endroits bien pires.
Participants : Vrenn Indrani et Devon Haragin
Challenge RP : Vous vous raconterez votre meilleur séjour en cellule.
Bon, le plus urgent c'est de trouver comment sortir d'ici, vu ma situation ça va être compliqué on va pas se mentir! Le pourquoi je suis ici ou même le comment, on s'en occupera plus tard! J'vais pas gentiment attendre que les personnes qui m'ont enfermés ne reviennent pour leur demander ce qu'ils me veulent, j'préfère aller chercher les réponses directement. Mais pour ça, faut trouver un objet, un passage ou au moins de quoi défaire mes liens... J'commence donc à regarder à droite et à gauche à la recherche de n'importe quoi : un bout de bois, du verre brisé, même éventuellement une écuelle que je pourrais utiliser pour trancher cette entrave à mes poignets et mes chevilles mais non, pas le moindre objet utilisable... Si seulement j'avais une bouteille, au moins j'pourrais l'éclater au sol et tant pis pour la discrétion. Cependant, tout n'est pas perdu : Alors que j'observe la cellule, je remarque enfin sa présence.
Un homme, inconnu, pour le coup c'est pas un de mes clients réguliers ni même un type que je me souviens avoir croisé. Dommage, ça aurait pu me donner une piste je suppose? Dans tous les cas, cela signifie que je ne suis pas seul et donc, on va pouvoir s'entraider! S'il peut défaire mes liens j'pourrais défaire les siens! Qu'il soit criminel, garde, paysan ou gouverneur j'm'en moque! Pour l'heure c'est juste un type qui se trouve dans la même merde que moi et ça me suffit pour vouloir faire équipe pour sortir d'ici, le reste... On verra.
"Hummm Hmmm Hmmm!"
Et merde, problème numéro un : parvenir à communiquer avec ce bâillon, faut qu'on se mette d'accord, hors de question de le libérer pour qu'il me laisse moisir ici après...
J’ouvre pas encore les mirettes, j’ai l’impression qu’elles sont complètement collées par le dessèchement.
J’arrive pas à bouger le bras, fermement accroché le long de mon corps, et qu’a tiré un peu sur l’autre. Attaché, donc. Les souvenirs de la soirée précédente sont flous, mais j’me souviens pas avoir décidé d’aller chez Patria récemment… J’me décide finalement à ouvrir les yeux, faut bien.
J’suis par terre, il fait sombre mais pas forcément nuit, dans un genre de hangar ou d’entrepot. J’suis ligoté, comme pressenti, et baillonné aussi. J’sens que j’vais pas avoir le droit à de la flotte tout de suite, du coup. J’étais en mission ? Pas souvenir. Du coup, quelqu’un qui pourrait m’en vouloir ? Faudrait qu’il ait la rancune sacrément tenace, quand même, pour s’en souvenir à travers mon pouvoir, ça paraît hautement improbable…
Y’a un autre type avec moi, que j’connais pas, et lui a probablement pas de pouvoir d’oubi. Ou p’tet que j’le connais ? Pas envie de chercher à me rappeler maintenant, puis c’est p’tet pas la priorité. Savoir où et pourquoi on est là dans cet état, c’est important, certes, mais ça le deviendra surtout quand on pourra faire quelque chose à notre situation actuelle.
J’bouge les poignets, les doigts, mais force est de constater que les liens ont été faits par des professionnels ou, en tout cas, des gens qu’ont l’habitude. J’ai la circulation sanguine qui se fait à peine, juste suffisamment pour pas perdre mes doigts. Mais le salut passera probablement pas par là. J’fais l’inventaire de mes objets de pouvoir, mais ils sont pas accessibles pour l’instant, malheureusement.
J’bouge la bouche et la langue pour essayer d’éjecter le bâillon, déjà. C’est une bonne première étape, pour appeler à l’aide ou discuter avec mon petit camarade du coup. Au bout de plusieurs minutes d’efforts, j’réussis à cracher un genre de chaussette complètement imbibée de salive et à virer le bout de tissu qui la maintenant en place. J’me tourne difficilement vers mon voisin.
« Salut, moi c’est Vrenn. T’sais pourquoi on est là ? Ou ce qui nous est arrivé ? Tout est flou dans ma tête… »
Vrenn donc? Jamais vu, jamais entendu parlé! Un gars qui m'est totalement inconnu mais du coup, ça veut dire que c'est pas non plus un criminel activement recherché. Une bonne chose donc. Si j'veux lui répondre, j'dois me débarrasser de ce lien sur mes lèvres... Bon, en prison fais comme les prisonniers je suppose! J'sais pas trop comment il a fait, j'tente d'ouvrir la bouche en poussant sur cette entrave vocale avec ma langue, pas agréable et ça va sans doute laisser un goût dégueulasse mais ça semble fonctionner, au bout d'un moment me voici libéré... Enfin, pour ce qui est de la parole du moins! Ma bouche me semble encore plus pâteuse, qu'est-ce que je donnerai pas pour un verre d'eau en ce moment? Mais plus tard, avant faut discuter un peu, essayer d'en savoir plus.
"Salut Vrenn... Devon! Non, j'ai aucune idée de ce qu'on fout là ni de comment on est arrivé... Pas vraiment de souvenir de la veille, j'suis juste un tavernier sans histoire." J'regarde autours de moi, mes yeux s'étant habitués à la pénombre. Définitivement, j'me connais aucun ennemi en réalité, j'vois pas qui pourrait m'avoir enfermé ici ligoté à un parfait inconnu mais en tout cas, faut qu'on trouve une solution et éventuellement, si on pouvait avoir une idée de qui nous en veut, on pourrait peut-être prévoir la suite de notre tentative d'évasion?
"Désolé si j'parais direct mais... T'as des gens qui pourraient t'en vouloir? Et accessoirement t'aurais pas une idée pour se détacher vu ta "facilité" avec le bâillon?"
Il réussit à expulser son bâillon pendant que j’commence à travailler sur mes liens, mais si le truc dans la bouche était pas si solidement fixé que ça, on peut pas dire que ce soit pareil pour les liens qui nous attachent les poignets, les chevilles, et nous arriment à peu près au sol, à une place précise. Ou, en tout cas, ça demandera beaucoup plus de boulot que ça, et j’ai déjà mal là où la corde frotte contre ma peau. M’est avis que ça va pas s’arranger.
Loin du magnat de la pègre avec lequel j’supposais avoir été capturé, c’est soi-disant un tavernier sans histoire. Bah, y’a des toujours des trucs, des malades qui vont s’énerver sur la monnaie qui leur a été rendue ou le cocktail qu’était trop léger… Et j’parle même pas de toutes les fraudes sur l’intégralité des taxes qui existent. Nan, un tavernier honnête, c’est pas que ça existe pas, encore que, c’est surtout qu’il faudrait particulièrement s’en méfier : ça indique des traits de caractère tellement à l’opposé des autres que y’a forcément d’autres trucs louches qui vont avec.
Genre des appétits contre-nature, des pulsions sanguinaires, bref, quelque chose.
« Tout le monde peut toujours avoir une sale histoire au cul, mais c’pas grave si tu veux pas en parler ou que tu vois pas, comme ça, ce que ça pourrait être. Moi, j’suis juste un aventurier lambda, comme les autres. »
J’m’arrête quelques instants, j’essaie de me tourner dans un sens puis l’autre.
« Facilité avec le bâillon, t’as raison. Le type a complètement salopé le boulot, pas comme les autres liens, j’ai l’impression. J’dirais qu’on pourrait s’aider mutuellement pour les poignets, mais faudrait déjà réussir à se détacher du sol. Z’ont été malins, les bougres. Ou compétents, j’suppose. »
J’souffle fort alors que j’tente de tirer comme une brute. Sans succès, à part la douleur qui devient plus forte là où la corde a râpé fort.
« Y’a toujours des gens qui t’en veulent pour des oui ou des non. Mais j’dirais que non, c’est peu probable qu’on m’en veuille récemment, genre les deux ou trois dernières semaines. Rien fait de bien particulier… Même pas de quête un peu tendancieuse, quoi. C’est vraiment le quotidien un peu chiant. Et plus vieux qu’un mois… Peu probable, aussi. On peut pas dire que j’trempe dans des trucs pas nets. »
Ma vie est un truc pas net mais personne s’en souvient à part moi, surtout. J’m’arrête quelques instants pour que la circulation se refasse dans mes veines.
« Et toi, t’as pas des clients un peu bizarres en ce moment ? Genre obsessionnels, ou énervés, ce genre-là ? Tu m’feras pas croire que c’est toujours calme, la taverne. J’ai suffisamment arpenté mon lot pour savoir que c’est pas le cas. »
"C'est vrai qu'ils ont l'air d'avoir été plus consciencieux avec les liens... Visiblement ils préféraient qu'on ne puisse pas partir plutôt qu'on ne puisse pas parler. Ça doit vouloir dire que même si on hurle, personne nous entendra sauf peut-être eux je suppose?" J'en sais rien en fait, ça me semble juste logique dans un sens. Il affirme aussi ne pas tremper dans des trucs pas net et j'souris doucement mais entendu... J'pense pas qu'il m'en voudra d'être aussi suspicieux que lui l'a été précédemment, surtout que bon, j'suis tavernier! Les rumeurs passent forcément dans mon établissement à un moment ou à un autre, la guilde en ce moment, c'est pas forcément du joli apparemment! Histoire de corruption, de malversation bref, y a bien plus de chance de trouver un aventurier malhonnête qu'un tavernier mais bon.
"Pas toujours calme non, j'veux dire c'est une taverne alors forcément parfois, y a du grabuge mais j'ai une clientèle respectueuse, c'est bien rare que j'doive mettre un client dehors... Et toi? Pas un collègue qui aurait pu se vexer? Une quête qu'il aurait voulu mais tu lui as coupé l'herbe sous le pied? Un mec jaloux de ta réussite? On sait jamais après tout..."
Dis-je tout en cherchant à relever les liens sur mes poignets, j'veux juste dégager la corde juste un peu pour pouvoir... Super! L'ouverture est pas complète mais j'ai réussi a relever un peu les liens! C'est toujours attaché, impossible de me libérer mais j'arriverai peut-être à faire un coup d'éclat. J'essaie de tourner les poignet, la corde me mord la chair mais j'parvient à avoir l'ouverture de mon tatouage vers le bas... Le reste, c'est un peu ridicule! Tenter d'accéder au tatouage de rangement avec la bouche? Pitoyable mais au bout d'un moment, un objet tombe sur le sol. "AH AH!" M'écries-je visiblement ravi alors que je ramasse ce qui git au sol, ma pierre de feu! "Espérons que cette corde soit inflammable!" Dis-je en tenant l'objet à deux mains et l'approchant de mes chevilles ou plutôt, de la corde.
« J’sais pas, tu veux essayer de gueuler un coup ? Si y’a que nos enleveurs pour nous attendre, ça risquerait de les alerter. Vaut p’tet mieux qu’ils soient persuadés qu’on est encore dans les vapes. Ça se trouve, ils nous ont filé des trucs pour qu’on pionce sec jusqu’à ce qu’ils décident à quelle sauce ils vont nous manger, après tout. »
Pas que j’y crois réellement, mais dans le doute, j’me dis qu’on peut se faire discret. J’vois mon nouveau tavernier préféré en train de réfléchir à ce qu’il va faire pour nous sortir de là, et ça serait bien qu’il trouve, pasque moi, j’ai pas trop d’idée, pour l’instant. Attendre qu’ils arrivent, p’tet, pour leur casser la bouche ? M’enfn, si j’pouvais faire ça, j’serais pas allongé par terre et attaché à un anneau en métal dans le sol, donc…
« Pas de fraude aux allocations ou aux assurances dans une taverne ? Pas une partie qui part au noir pour payer la serveuse en extra ? Pas d’évaporation subite d’une partie du stock d’alcool ? Ca serait bien le premier tavernier honnête du Royaume, tiens. »
Et autant dire que j’aurais pas confiance. Un tavernier qui dilue pas un peu sa piquette, qui paye ses impôts réglo et qui embauche pas au black, y’a pas à dire, ça indiquerait un sévère vice de caractère par rapport au reste de la profession, le genre à aller dénoncer que le voisin a utilisé une bûche au lieu de deux pour son feu, pendant les heures les plus sombres de notre histoire.
« Nan mais entre aventuriers, on n’a pas tant de contacts que ça. J’suis plutôt du genre solitaire, tu vois ? Donc je crois pas avoir fauché des quêtes à des collègues récemment, ni m’être embrouillé sur la répartition du butin. Quant à ma réussite… »
C’est Maman qu’est passée Saphir grâce à mes exploits, alors autant dire que même les examinateurs sont pas hyper au courant de tout ce qui m’arrive de super cool. Et je rangerais pas réussir une quête dans cette catégorie, d’ailleurs. Les quêtes me servent plutôt de prétexte à me balader pour les missions d’espion, aller faire des trucs à droite à gauche sous couverture, quoi.
« Après, y’a toujours des tordus, c’est sûr. Pendant que t’essaies de nous sortir de là, ça m’rappelle une nuit que j’ai passé en taule. C’était dantesque. A l’occasion d’une grande fête nationale, y’a eu quelques débordements, y’a quelques années. Pas que la picole, y’avait d’autres trucs plus… originaux qui circulaient. Ca a commencé à être le bordel, genre sévère, donc la garde nous a tous collés au trou et… Disons qu’on s’est amusé, quoi. Pas que j’suggère de faire ça ici. Juste qu’il faut faire contre mauvaise fortune bon cœur ? »
J’sais pas pourquoi je raconte ça. P’tet juste pour détendre l’atmosphère. En tout cas, ça faisait un bail que j’avais pas repensé à cette histoire. La maréchaussée avait fait la gueule, quand ils avaient dû nettoyer les taches le lendemain, en tout cas, alors que nous, on dormait du sommeil des justes, repus et détendus.
« Allez, tavernier, brûle nous tout ça, tiens. Et sors-nous de là. »
"La seule serveuse que j'emploi parfois c'est ma conjointe donc non, rien ne part pour la payer de manière illégale! L'alcool, disons que je l'ai pour moins cher que gratuit puisque c'est mon pouvoir et finalement la fraude aux assurances, c'est le meilleur moyen d'avoir un contrôle sur les bras donc non merci! J'sais pas avec quel genre de tavernier tu as l'habitude de te retrouver mais moi, j'reste dans les règles! Si les autres le font pas, j'm'en moque! Chacun ses affaires, ses façon de faire et ses emmerdes, j'suppose que mon plus grand crime c'est de ne pas dénoncer certains de mes clients quand ils font un mauvais coup mais, j'leur demande pas de précisions donc, je ne sais rien au final... J'me mêle de mes affaires, j'm'assure que tout soit légal et de pas avoir d'ennemis et j'laisse les emmerdes loin de ma famille! C'est ma manière de faire..."
Dis-je en haussant les épaules. Pourquoi j'voudrai agir autrement? J'm'occupe de mes affaires, les autres s'occupent des leurs et tout le monde est heureux! Par contre c'est intéressant sa manière de parler des aventuriers : pas tant de contact? J'suppose que c'est chacun sa façon de faire? Quand j'étais aventurier, j'allais souvent avec le même groupe, des partenaires rencontrés au hasard qui sont finalement devenus des amis! C'était plaisant même si c'était un peu moins bon pour la gueule après, quand j'apprenais le décès de certains d'entres eux... Reste juste Asia mais la "belle barbare" comme on aimait la surnommer nous enterrera tous! C'est vrai que certains étaient solitaires déjà à l'époque, sans doute le cas pour ce-dernier?
J'écoute son anecdote tout en allumant ma pierre de feu et j'ris doucement, alors que la flamme vient lécher le cordage qui commence à flamber. J'me souviens de certains débordement chez les aventuriers ouai, parfois après certaines missions c'était la fête jusqu'au petit jour. Bon, personnellement mon pouvoir m'empêchant de boire je finissais par être l'un des seuls encore sobre et j'ai jamais réellement voulu me mettre la tête à l'envers donc, pas touché à quoi que ce soit d'original mais bon... J'me libère les chevilles, enfin, et je m'approche de mon compagnon d'infortune pour libérer les siennes, mieux vaut pouvoir courir et se déplacer avant de pouvoir bouger les bras indépendamment.
"J'ai pas réellement vécu de pareille aventure... Ce qui se rapproche le plus d'une nuit passé en cellule c'est un interrogatoire suite à une mauvaise livraison dans ma taverne : un produit illégal que je venais de recevoir par erreur alors que la garde venait faire une inspection! J'suis resté une partie de la nuit en observation avant qu'ils ne se rendent compte que c'est le livreur qui voulait se faire un peu de cristaux en plus... Bref, rien de bien passionnant donc..."
Et, à partir de là, le bonhomme peut bien être le dernier des durs, il peut pas résister face à l’injustice de la magie, et finit par tout lâcher, et avec joie et bonheur s’il vous plaît. J’le sais, j’y étais. Bon, ça arrangeait bien mes affaires aussi, faut dire, dans la situation dans laquelle j’étais.
Après, si les magouilles restent en famille, c’est pas un mal non plus. C’est pas pasqu’il emploie Bobonne qu’il peut pas améliorer sa fiscalité, au final. Mais j’laisse le sujet, il a pas l’air parti pour en démordre, et ça sert à rien de me le mettre à dos alors qu’il a l’air d’enfin avancer sur la partie libération de notre plan. Manquerait plus qu’il se décide à m’abandonner là, et j’aurais l’air malin. Surtout que nos kidnappeurs auraient tendance à m’oublier, alors qu’au moins, tant qu’il est là, on peut espérer qu’ils viendront voir si on est encore en vie dans quelques jours.
Enfin, si leur but c’est pas de nous laisser mourir dans un coin, s’entend.
Mais si c’était le cas, un coup de poignard bien plancé, ou un corps jeté dans la Luisante avec des pierres, ça marche quand même autrement mieux.
Quand il nous libère les chevilles et s’attaque aux bras, il se met à raconter la seule fois où il lui est arrivé une emmerde avec la Garde. Hé ben, quelle vie morne et sans intérêt… J’me note que si j’vais dans sa taverne, à l’occaz, j’vais éviter de trop lui parler : j’risque de canner d’ennui. Juste une erreur judiciaire, rien d’autre pour pimenter un peu tout ça, quoi.
J’me masse les poignets pour faire revenir le sang jusque dans mes extrémités, et j’m’étire un peu les membres, à côté du mur, là où les ombres sont marginalement plus épaisses.
« Bon, j’propose qu’on sorte de là, et qu’on essaie de voir qui nous y a foutu, d’acc’ ? Ou tu préfères aller voir la Garde direct ? »
Mais c’est vite vu : quand on sort du hangar, y’a personne aux alentours. Pourtant, on quadrille proprement, mais pas un chat à l’horizon. On est du côté du port, là où on charge les péniches qui commercent sur toute la longueur de la rivière, jusqu’au Grand Lac, et il fait nuit. A voir la tronche de la lune et du ciel, j’dirais qu’on tire sur trois, quatre heures du matin.
« Ben… la Garde, alors ? »
Ils prennent notre déposition, sans y croire des masses. De toute façon, j’sais que j’vais me prendre le dossier, en tout cas sur mon temps libre, histoire de voir à qui appartient l’entrepôt et pourquoi on s’y est retrouvé. C’est l’affaire de quelques heures, quelques jours p’tet pour remonter au fin mot de l’histoire.
On s’sépare, et j’promets de passer le voir dans son boui-boui. Evidemment, les promesses n’engagent que ceux qui s’en souviennent.
Mais sur le hangar, j’ai rien trouvé. J’en viens à croire que les bonshommes ont fait erreur sur les cibles et nous ont laissés là, sans trop savoir quoi foutre de nous, avant de se carapater au plus loin. Le hangar, c’était une piste morte, de toute façon, à l’abandon depuis des mois.
Putain, quelle nuit de merde pour que dalle.