Dans ma tête, c’est toujours plus facile. Mais même lorsque la voix de Cal elle vient jusque-là, il faut que je lui dise en mots d’humain ce que moi je pense en pensées de loutre. Ça serait plus simple si Cal apprenait les mots de loutre, mais Cal n’est pas l’humain le plus doué, donc il faut l’aider un peu. C’est mieux si c’est moi qui apprends les mots humains. Et puis, avec la magie qu’il échange contre des cristaux dans le petit magasin proche des quais, c’est plus facile pour moi.

Avec les autres de la famille, on parle avec nos mots à nous. Ni humains, ni loutres, un mélange de sons un peu bizarres mais qui nous rend très bons copains, frères et sœurs. Parfois, c’est difficile de comprendre tout le monde. Surtout quand Hareng pleurniche en mots humains, qu’Eli fait exprès de cacher ses mots sous le bruit de l’électricité, qu’Ashae donne les ordres plus vite qu’elle respire, que Mel se téléporte en cours de phrase, qu’Apo rit très fort et qu’Abou raconte tout, vraiment tout, ce qu’il a lu dans le dernier Garde Actuelle. Mais je les aime bien ; je sens la chaleur gonfler à l’intérieur quand on est tous ensemble, et ça me donne envie de les prendre entre mes pattes.

Cal appelle ça la « tendresse », ou « l’amour ». Apo dit que si ça descend plus bas que le cœur, elle me racontera ses dernières rencontres avec Shushu. Apo aime bien raconter des histoires d’amour pour les grands ; ça fait grimacer Cal. Cal, il est dans une histoire d’amour de grand avec Soly chérie. Du coup, Apo aime bien la raconter, leur histoire. Je crois même qu’elle a sa scribouilleuse pour ça. Ces derniers jours, Cal était un peu tout barbouillé. Apo dit qu’il a une « affinité pour le drama ». Je n’ai pas compris ce que c’était, mais je n’aime pas trop parce que ça le rend pas bien. Je crois que c’est parce que Soly chérie a été blessée. Ou qu’il a blessé l’Ombre. Ou que d’autres ont été blessés.

C’est dangereux le métier de garde, même si en livrant des lettres il devrait pas autant se blesser. Mais Cal n’est pas très doué de ses pattes. Un jour, je serai une grande loutre soldate ! Un peu comme K’awill est Saphir chez les aventuriers. J’ai déjà rencontré le Capitaine Royal, et quand je serai plus forte j’irai le voir pour qu’il m’apprenne à être Capitaine loutre. Comme ça je pourrai protéger Cal, et tous les autres de la famille. Et puis, je pourrai partir en missions avec K’awill.

K’awill, c’est le plus fort des loutres ! Eli dit que je connais pas toutes les loutres, mais Eli n’est pas toujours très gentil. De toute façon, K’awill c’est le plus fort des loutres que je connais. Déjà, parce qu’il est très fort. Ensuite, parce qu’il est rigolo et qu’il joue toujours avec moi quand on se croise. Et puis, parce que c’est un Saphir. Son humaine, Carci, est aussi Saphir. Peut-être que leur famille à eux c’est que des Saphirs. En plus, elle dessine bien. Mieux que les espions, ma grande famille à moi.

Comme Cal était tout barbouillé de l’île flottante et des histoires de famille, je l’ai emmené se balader. En plus il fait très beau, et chaud, et même si y a trop d’humains dans le Grand Port en ce moment, à la plage pas loin c’est hyper chouette ! J’irai dans la mer avec Cal encore sur mon dos, et on rigolera dans les montagnes d’eau. J’espère. Sinon je le pousserai jusqu’au monsieur des glaces ; peut-être aussi en aura-t-il pour les familiers.

J’aime bien le sable ; c’est tout doux et tout chaud sous les pattes, et ça s’enfonce de manière marrante. Si K’awill était là, on ferait des Capitales de sable, et des batailles de manta pist’, et des courses dans la mer. Je lui montrerai mes dernières affaires de soldate, aussi. Cal a trouvé une chouette armure, et l’a mise dans une médaille où je peux la ranger. Apo dit qu’il a copié Carci. C’était une bonne idée, Carci a de bonnes idées pour une humaine.

Au bout des collines de sable, il y a un groupe avec des odeurs qui me disent quelque chose. Et quand on s’approche encore, je suis contente de voir tout un tas de loutres ! Comme moi, en plus. Avec des humains sur le dos.

Allez voir ?
Allons voir.

Ce qui est bien avec Cal, c’est que même quand il est pas bien, il est gentil et curieux. Il veut bien qu’on explore plein de choses, et qu’on parle à plein de gens. Même si c’est souvent Apo qui parle à plein de gens. Apo est bavarde.

- Bonjour ! fais-je joyeusement aux autres loutres en langue de loutre.

Y en a de toutes les sortes et de toutes les formes ! Y en a même des assez vieilles et des comme moi une douzaine de lunes avant.

- C’est promenade en famille ?

C’est sympa, une loutre. Comme K’awill et moi. Du coup toutes les loutres me répondent en même temps et on dirait la chambre de Cal lorsqu’on est tous là à attendre que Cal rentre. J’ai le temps de comprendre qu’elles ne sont pas de la même famille, mais que ça serait chouette, et d’ailleurs l’une d’elles a la maison de la sienne pas loin avec des friandises si on veut y aller après, que deux partagent une histoire d’amour de grands, qu’une est le papa d’un autre, et surtout qu’on attend le départ de la course aux loutres montées. Et ça, c’est une mission pour Kana soldat !

En plus y a des pièges et des obstacles, et on peut utiliser la magie si on en a. Ramsey et Naya racontent tout ce qu’ils savent faire, et je me dis que peut-être Cal peut encore me donner des pouvoirs magiques. Ou m’apprendre à utiliser ses bottes qui sautent loin, ou un bâton pour nous défendre. Peut-être K’awill il sait faire ça ? D’ailleurs, je reconnais son parfum tout de suite.

- K’awiiiill ! j’appelle au milieu des copains.

K’awill il est un peu plus grand que moi. Et quand il s’arrête après avoir couru, Carci elle fait un soleil par-dessus sa tête. Je crois que c’est un truc de Saphirs qu’ils ont travaillé, parce qu’elle lui fait des câlins après. Moi aussi je veux mon câlin « bonjour », avec les deux, alors je vais les chercher.

On discute un peu, et c’est comme les fois avant. Avec K’awill, on s’amuse toujours, et on est comme dans une bulle de coussins tous doux. Je lui montre fièrement mon armure qui se déploie et se range facilement, et il me montre son étoile de Saphir.

- Elle te va trop bien ! Cal m’a dit pour Saphir. Je crois Beau Jack a dit à Apo ? Je suis contente, car K’awill est fort. La Guilde a besoin de K’awill !

Je veux lui raconter que moi aussi je vais devenir une super loutre, et que je suis ses pas pour atteindre les étoiles des loutres, mais les autres copains nous appellent pour la course qui va commencer, alors on va vite se mettre en ligne avec eux. Je me mets à côté de K’awill ; je pourrai copier comment il fait pour avancer vite ! Je suis sûre qu’il va gagner, c’est le plus fort. Et ça, ça me chauffe le cœur.

Je sens Cal toujours un peu patraque, alors je monte le nez vers ses doigts pour lui partager le chaud de mon cœur. Il est mieux quand même avec Carci et K’awill et les copains. Les loutres c’est le mieux pour la tête !

L’humaine au bout de la ligne des copains envoie des paillettes dans le ciel, et je me concentre vite pour ne pas être en retard. Je ne suis pas dans les plus grandes ici, mais je suis une loutre soldat, et un jour je serai Capitaine. Alors je fonce !

Le sable vole autour de nos pattes, et je vois Naya se rapprocher de moi très vite. On dirait qu’elle a aussi le pouvoir pour courir très très vite, et elle saute pour nous piéger avec K’awill. Elle ne sait pas que je joue beaucoup avec Eli, et qu’avec Eli il faut savoir improviser vite pour pas avoir les poils tous cramés. Alors quand elle vient vers moi pour me pousser gentiment sur K’awill, j’évite ses pattes et prends joyeusement impulsion sur sa tête pour sauter encore un peu plus loin. Et puis, je continue à courir en rigolant.

Je cherche K’awill des yeux. Est-ce qu’il a vu ? Est-ce que ça l’a aussi fait rire ?

Résultats des dés:

K’awill vu ? Vu K’awill ?

J’insiste un peu mais c’était un si beau saut ! J’espère que K’awill l’a vu. J’espère qu’il a vu comme je sais faire maintenant.

Je suis sûr que oui, ils sont encore derrière.

On dirait que Cal commence aussi à s’amuser, et ça c’est bien. J’aime mieux quand il sourit et qu’il rit. J’aime mieux quand il fait des câlins parce qu’il est content. Il en fait aussi quand il est barbouillé, mais c’est pas pareil. A ce moment là j’ai l’intérieur qui serre et les yeux qui veulent faire tomber la pluie, et j’aime pas trop. Mais je crois que le plus curieux c’est quand il fait des câlins avec Soly chérie. Apo elle appelle ça des câlins de grands, et elle aime bien aller regarder. Elle dit que ça l’inspire pour ses romans. Alors des fois elle me demande de l’amener à des endroits pour s’inspirer. Moi je regarde rien ; je suis trop grande pour passer par les trous cachés par où elle va ensuite. Mais des fois y a des bouts de câlins qui me parviennent. Maintenant que les Val-qui-rient ont leur grande baignoire chauffée, Apo me fait souvent l’emmener par là-bas. Y a beaucoup de câlins, dans la grande baignoire chauffée. Même si moins qu’à celle de la Forteresse d’après Apo. Apo est une grande écrivaine, et elle sait plein de choses rigolotes, alors je la crois.

Je tourne le museau en entendant K’awill, et je le vois sauter par-dessus un trou où je vois dépasser le crâne d’un humain. Il est trop fort K’awill ! Le voir aussi fort ça me donne envie d’être aussi une super loutre. Alors j’accélère encore.

- Plus vite K’awill ! Faut qu’on gagne.

Je vais lui montrer que s’il est Saphir, moi je peux bien être Capitaine un jour. Je travaille dur avec Cal pour l’aider à être un bon garde, et je suis sûre qu’il est content, et qu’il va m’amener sur encore plein de missions. Comme celle avec Capitaine Royale. Il y avait une très méchante dame, sur la mission avec Capitaine Royale. Mais j’avais mon armure et mon manta pist’, et même si le terrier de la dame sentait pas bon et faisait peur j’y suis allée comme une loutre forte. Vreneli il a la chance d’avoir des éclairs pour défendre, peut-être que je peux demander à Cal un vreneli pist’.

Je vois les deux mâles devant moi bondir à quelques sauts de loutre. Ils vont plus vite que moi parce qu’ils ont de plus grosses pattes et qu’ils sont plus vieux ; peut-être eux aussi sont des loutres aventurières ou soldates. Le premier s’envole au-dessus du gros château de sable et le second s’écarte au dernier moment pour esquiver le piège. Ça va peut-être le ralentir, même si je vois qu’il a aussi la magie pour courir plus vite.

Château de sable devant.
Vu !

Cal des fois il croit que ses sens d’humain sont meilleurs que ceux des loutres, je le laisse croire pour pas qu’il soit triste qu’on soit meilleures qu’eux. En plus c’est rigolo et j’aime bien quand il s’inquiète pour moi.

Kana sauter dessus !
Heu…

Il aime bien dire ces mots bizarres. « Heu », « hum », « mmm », souvent c’est quand il sait pas. Si Apo elle sait plein de choses, Cal il sait souvent rien. Apo dit que c’est parce qu’il est perdu dans sa tête. Heureusement il a pas l’air de perdre trop de lettres à son travail même s’il est perdu dans sa tête. Et si je peux pas aller dans la tête de Cal, je peux l’amener là où il faut. Je suis une super monture !

Pour lui montrer je prends bien de l’élan sur mes pattes et j’utilise la magie pour aller encore plus vite et sauter par-dessus le gros château de sable. Je sens que Cal est un peu tout tendu, mais je suis confiante. Et puis au pire, ça sera marrant de rouler dans le sable. Même s’il nous fera fusionner pour pas qu’on ait mal. Cal aime bien fusionner. Mais je trouve ça rigolo, mais je préfère quand même avoir les pattes à l’air.

- Attention K’awill ! je crie pour prévenir du piège.

Je vois d’autres copains bondir par-dessus le château ou le contourner, et je rigole quand certains finissent le museau dans une tour de sable. Mais je ne vois pas K’awill. Je sens son odeur encore donc je ne suis pas inquiète. Ca me donne envie d’aller encore plus vite pour lui montrer ce que je sais faire.

Et puis comme une loutre essaie de me dépasser en utilisant une magie encore plus rapide, je sors mon manta pist’ pour l’arroser et la piéger. Je suis une loutre soldate, un jour Capitaine ! On me dépasse pas comme ça. Je range mon arme victorieuse, mais ça m’a un peu ralentie. J’espère que les autres copains ne m’ont pas trop rattrapée.

Résultats des dés:

- Ralentis Kana, j’ai pris la mauvaise loutre !

Je lève le museau. C’est la voix d’Apo qui couvre le soupir de Cal. Mais je n’ai pas très envie de ralentir, on va être en retard sur les autres après. Je suis quand même curieuse de savoir pourquoi elle montre le bout de son cuir et pourquoi elle dit que je suis la mauvaise loutre. Je suis une bonne loutre, moi ; Cal et Soly chérie ils me le disent tout le temps.

- Ça parle de fesses derrière, explique Apo.

Je comprends mieux. Apo elle est forte en parties du corps, et elle aime bien avoir de longues discussions à ce sujet. Elle dit que c’est un travail scientifique. Elle a même noté dans ses papiers la taille de tout plein de parties de tout plein de gens. Cal, Soly chérie, Fauve, Zah, Luz, Naë, Carci, Lili-fée, Tino,… toute la Caserne, je crois, en fait. Shushu, aussi. Louis et Le Flan. Même K’awill je pense.

Je suis un peu embêtée, parce que j’aime bien faire plaisir à Apo, mais je n’ai pas envie de finir dernière à cause de fesses. Avant que je choisisse, un grand cri attire mes oreilles à l’arrière, et je tourne le museau pour regarder.

K’awill vole ! je fais avec ravissement.
Pas mal, répond Cal les sourcils presqu’envolés, eux aussi, sur son front.

On dirait qu’il est un peu inquiet pour Carci qui hurle, mais aussi un peu amusé et curieux. Apo, elle, elle rit fort pendant qu’Abou raconte qu’il a lu un truc comme ça dans un Garde Actuelle. Moi je suis surtout impressionnée. Et un petit peu envieuse. J’ai mon manta pist’ pour arroser les gens, mais K’awill a un pouvoir génial ! Est-ce parce qu’il est Saphir ? Il faut que je lui demande s’il peut m’apprendre, moi aussi je veux m’envoler avec des jets d’eau comme il fait. Et puis ça lui donne vraiment belle allure comme ça ; il faut que je travaille encore pour avoir des pattes aussi fortes que les siennes.

En plus c’est trop bien il peut facilement passer les Capitales de sable alors que j’ai dû sauter par-dessus. D’ailleurs, Zidane en profite pour dépasser deux autres loutres, puis moi, pendant qu’on regarde K’awill foncer avec ses jets d’eau.

- Fonce K’awill ! j’encourage joyeusement en reprenant moi aussi la course le plus vite possible.
- Je vais rattraper K’awill, dit Zidane par-dessus son épaule.

C’est une jolie loutre, avec des muscles joliment positionnés qui attirent le regard. D’ailleurs Apo continue à parler de fesses, et elle a remarqué celles de Zidane devant nous. Comme les mamelles de sa cavalière ; mais ça ne m’intéresse pas, et j’ai du mal à comprendre pourquoi ça l’intéresse autant. Comme Cal. Il aime bien celles de Soly-chérie, et c’est vrai qu’elle est jolie, mais je ne comprends pas. En tout cas, Zidane est une jolie loutre, mais il a un ton très sûr de lui, et ça me fait froncer les sourcils. Parce que c’est le ton des loutres qui lèvent le museau pour parler aux autres, et qui mangent plus de poissons que les autres parce qu’elles se trouvent plus fortes. Ça me plait pas trop ; si quelqu’un rattrape K’awill, c’est moi. Et si K’awill doit être rattrapé par quelqu’un, je préfère que ça soit moi.

- Moi aussi pouvoirs secrets, rit Zidane en mimant un coup de tête.

J’ai le cœur qui bat plus vite, et la chaleur qui monte aux joues. Je vais pas laisser Zidane faire. Je suis juste derrière lui, et je vois comment l’embêter.

- Attention devant toi, je fais d’une voix inquiète.

Et il tourne la tête pour avoir le soleil dans les yeux. Ah ha.

- Bien joué, s’exclame Apo en ricanant.

Je saute de côté pour éviter Zidane qui s’est arrêté net, et le contourne pour continuer sans être totalement face au soleil. Et puis je lève le museau avec innocence pour Apo, mais je sais qu’elle sait que je sais, et ça nous fait rire.

J’évite Rufus qui sent la loutre mouillée et qui s’ébroue tous les deux pas. Il nous éclabousse un peu au passage mais ça fait du bien, et je rattrape K’awill. En retombant il a perdu un peu de terrain, mais je suis sûre que c’est parce qu’il a fait attention pour pas faire peur à Carci qui criait.

- Génial ton vol, je lance à K’awill en utilisant la magie pour le dépasser en lui tirant la langue pour jouer.

On court encore à toute vitesse, des fois lui plus vite que moi, et des fois moi plus vite que lui. On écrase les palais de sable et on passe plus près de la mer. J’aime moins la grande eau salée que celle pas salée, parce qu’après ça colle aux poils. Mais c’est quand même marrant de jouer dans les montagnes d’eau, et j’espère qu’on ira avec K’awill dedans après la course. D’ailleurs, K’awill m’appelle et je ralentis un tout petit peu pour l’attendre. Je crois qu’on a fait la moitié de la course, mais on a déjà dépassé beaucoup de loutres.

- Viens, K’awill ! je réponds contente.

Si on gagne tous les deux, est-ce qu’on gagne quelque chose de rigolo ? Oh ! Ou peut-être à manger ? Je suis curieuse de voir le cadeau du gagnant !

Résultats des dés:

On court, on court, mais Rosie est toujours devant. Elle a l’air un peu plus âgée que moi, peut-être comme K’awill, et elle a un très joli pelage. Je suis presque jalouse ; elle a de jolies tresses avec des rubans, et des perles, et y a de beaux éclats dorés quand elle court sous le soleil. Soly chérie dirait qu’elle est « co-quête ». C’est peut-être pour ça qu’elle court quand même très vite malgré le fait qu’elle fasse très attention à son pelage. Elle doit avoir l’habitude des quêtes, et peut-être que son humain connait Carci et K’awill. Il n’arrête pas de lui dire de gentilles choses, et qu’elle aura plein de cadeaux si elle gagne. Plein de soins avec sa sœur qui fait des « mâts sages » pour loutre. Je veux demander ce que c’est à Cal, parce que même si moi je ne fais pas des « co-quêtes », je suis très curieuse de tout, mais l’appel de K’awill appelle mon attention. Sa Saphir passe à l’attaque !

Elle lance quelque chose que j’arrive à éviter grâce à K’awill, et qui piège Rosie dans une espèce de toile magique. Trop bien ! Comme ça elle nous laisse le passage libre à K’awill et moi. C’est sûr, elle veut tout faire pour qu’on gagne tous les deux.

Nous aussi objet magique ? je demande avec enthousiasme à Cal.

Moi aussi j’aimerai bien qu’on montre à nos amis Saphirs qu’on a plein de trucs rigolos. Mais Cal soupire dans ma tête des choses compliquées sur un désert, et des choses pas logiques dans le temps, et un inventaire coincé quelque part. Moi je sais juste qu’Abou est là, mais peut-être qu’il n’a pas envie de nous aider à la course. Abou est un petit peu intellectuel. Il aime mieux lire Mary Lucie et parler très longtemps sur tout un tas de sujets complexes. Apo aime bien discuter avec lui – Apo aime bien discuter avec tout le monde – mais je crois qu’elle se moque un peu de lui parfois. Apo n’est pas très sérieuse.

- Hé K’amoureux ! réponds d’ailleurs Apo à K’awill qui lui crie quelque chose. J’espère que t’as lustré ton poil comme on avait dit !

Je sais pas de quoi ils parlent tous les deux, mais ça m’intrigue. Je tourne la tête pour demander à K’awill, mais je vois Carci lancer encore quelque chose alors j’oublie un peu ce que je voulais dire, et regarde avec intérêt son bâton. Mais… il ne fait rien. Contre mon esprit je peux sentir Cal rire doucement, et je me dis que Carci, elle est vraiment trop forte ! Cal il était tout barbouillé, mais là il est assez joyeux pour rigoler. Carci est une vraie Saphir trop géniale.

Dernière ligne droite, fait doucement Cal dans ma tête.

Et en levant le museau, je vois la ligne d’arrivée dans le sable un peu plus loin. Je suis sûre qu’on peut gagner ! Il y encore quelques Capitales de sable, et même quelques trous j’ai l’impression. Et les vagues se rapprochent de plus en plus. J’ai envie de continuer à utiliser la magie qui fait avancer vite, mais je commence à vraiment avoir faim. On peut entendre l’orage, mais je crois que c’est vraiment mon ventre. Le soleil brille encore beaucoup. J’ai pas l’habitude d’utiliser aussi longtemps le pouvoir, et de courir aussi vite sur tous ces mètres. Il faut que travaille encore plus pour être une loutre plus forte. Ou alors, il faut que je mette plein de gâteaux de loutre dans mon sac qui n’a pas de fond.

Kana et K’awill gagner, je réponds avec certitude à Cal. Mais Kana faim déjà.
Biscuits sardines ou bonbons poulpe ?
Bonbons poulpes ! je fais en accélérant déjà à l’idée de manger ces friandises.

Je sens Cal fouiller dans nos affaires pour chercher les bonbons dumctopus, et je ralentis un petit peu, juste le temps qu’il m’en glisse une petite poignée entre les dents. Les bonbons me redonnent de l’énergie en fondant doucement sur ma langue, et je suis toute contente qu’on soit passé les prendre aux cuisines ce matin avant de partir de la Caserne. J’espère qu’il en reste assez pour faire goûter K’awill quand on aura gagné !

Attention aux vagues, dit soudainement Cal un peu inquiet.
- Elles sont balèzes, note joyeusement Apo. Un peut comme le rouleau de Shushu.

Je sais pas comment Shushu peut avoir un rouleau, mais les gros bateaux qui volent sur l’eau font effectivement venir de gros rouleau d’eau de mer sur le chemin de la course. J’ai les pattes qui s’enfoncent un peu plus dans le sable mouillé, et je suis contente d’avoir repris des forces pour mieux me dépatouiller de ce sol qui devient de moins en moins pratique pour courir. Une langue de mer vient essayer de me ramener vers la bouche de l’océan, mais je l’évite au dernier moment, en essayant de prendre un peu de distance sans trop faire de détour d’ici l’arrivée.

- Attention K’awill, je crie derrière moi pour le prévenir. La mer veut nous manger avant la fin !

Résultats des dés:

Je cours pas très droit à cause des vagues qui veulent me croquer les pattes. J’aime bien nager dans l’eau de la mer, mais là je suis en mission. Et ma mission c’est d’arriver le plus vite possible aux humains qui tendent le ruban là-bas. Avec K’awill. J’espère qu’il a entendu quand je lui ai dit que la mer devenait gourmande. C’est normal, de belles loutres musclées comme nous, ça donne envie. Mais quand K’awill m’appelle à nouveau, c’est pour me dire qu’il vole. Je lève le museau vers le ciel, mais je ne vois que les oiseaux blancs qui viennent piquer les frittes de racines d’aruyes quand on se balade sur les quais du Grand Port.

Sur ta droite, Kana, indique Cal avec le sourire dans la voix.

Et K’awill vole à nouveau ! Comme tout à l’heure, mais cette fois-ci au-dessus et en-dessous des vagues de la mer qui essaient de l’attraper. Il a du beaucoup travailler pour être aussi agile avec son pouvoir. Ou alors il a chassé beaucoup de papillons. Apo rigole quand elle parle des papillons de K’awill, mais moi je sais que ça le rend plus rapide et plus adroit. Moi je ne chasse pas trop les papillons, mais j’aime bien les manta pister.

- Viens vite, K’awill, j’appelle. Sinon je vais gagner toute seule.

Je le taquine un peu parce que c’est comme ça qu’on s’amuse. Avec K’awill on arrive toujours à bien rigoler et à faire plein de jeux marrants. Cal il est gentil, mais il est souvent un peu trop sérieux. Et puis Apo elle est rigolote, mais je ne comprends pas toujours tout ce qu’elle raconte. Les autres de la famille je les aime aussi beaucoup, mais c’est quand même pas pareil. K’awill il est spécial.

Il atterrit finalement juste un peu devant moi et je reprends une impulsion magique pour le rejoindre avec un grand sourire.

- J’ai vu ! Ça a fait voooooou, puis flopflopflopflopflooop, et wuuuuuuuush ! C’était trop bien. Il faudra que tu m’expliques comment tu fais ça quand on aura gagné.

Parce que maintenant qu’il n’y a plus que quelques mètres et qu’on est passés devant tout le monde, je sais qu’on va gagner. Je suis d’ailleurs curieuse de savoir ce qu’on va gagner, et apparemment K’awill aussi.

- C’est bon les sardines, je réponds avec enthousiasme. Oh oui j’en veux bien ! J’ai des bonbons au poulpes et des biscuits à la sardine, t’en veux ? je propose à mon tour.

Peut-être que Carci elle a comme Cal la fourchette magique qui chasse toute seule les sardines. Elle est Saphir, elle a forcément des objets aussi balèzes dans son sac !

- Des cadeaux pour que je t’aime ? je répète sans comprendre. Mais je t’aime déjà sans cadeaux. Même si les sardines… c’est très, très bon. Des fois Apo raconte plein de trucs tordus, Cal il dit qu’il faut pas tout écouter ce qu’elle dit.

Même si moi j’écoute beaucoup ce qu’elle dit. Parce qu’elle sait quand même plein de choses. Même Abou il le dit, et Abou il est vraiment très sage parce que qu’il lit plein de revues intellectuelles. Comme Mary Lucy et Garde Actuelle.

- Bien sûr que je veux être avec toi ! On s’amuse bien quand on est ensemble. Comme là ! Il faudra que je te montre mes nouveaux frères et sœurs. Tu connais déjà Vreneli ; maintenant il y a aussi Ayren, Mélyne, Ashae et Ka’tea. Tu as de nouveaux frères et sœur, toi ?

Ka’tea est encore toute petite, et elle est presqu’aussi timide que Ayren. Cal dit qu’un jour elle sera aussi féroce qu’Eli, mais que là elle est toute désorientée d’avoir vécu dans un endroit avec de méchants responsables. Et puis, sa jumelle Camélia doit lui manquer.

- C’est quoi un chapon ?

Ça a l’air bon. Peut-être que c’est un énorme poisson qu’on peut mettre après dans des gâteaux ou dans des friandises.

- C’est quoi « en mat » ? C’est quand tu essaie d’avoir un poil plus foncé ?

Je ne comprends pas bien comment ça aide ou pas à voyager, mais après tout K’awill sait plus de choses que moi, et Carci la Saphir encore plus.

- Cal m’apprend à être une loutre coursière, je fais avec fierté. Je ne suis pas encore très forte pour lire les cartes ni compter comme il faut le nombre de soleils, mais je sais repérer les grosses lignes sur les papiers humains et prendre les grosses routes comme il faut. Je te montrerai !

J’acquiesce quand K’awill dit qu’il faut d’abord qu’on court vite pour finir. Parce que j’ai envie de gagner, et puis maintenant j’ai envie de sardine, et puis je veux aller jouer dans l’eau.

- Cal il est rarement pas content. Mais aujourd’hui il est un peu barbouillé. J’aime pas beaucoup non plus. J’aime mieux quand il sourit et il rit. Apo elle rit presque tout le temps ! Et puis…

Et puis les humains poussent un glapissement rigolo, Apolline éclate de rire, et j’entends K’awill qui raconte des trucs alors que la grosse vague nous tire plus loin dans la mer. On dirait qu’on a trop bavardé avec K’awill. Je suis un peu vexée de pas avoir évité l’eau comme une bonne loutre soldate, mais je suis surtout ravie de pouvoir jouer un peu plus vite que prévu dans celle-ci.

Cal s’accrocher ! je préviens Cal avant de me laisser glisser sur le côté pour gagner la petite profondeur me permettant de plonger la tête sous l’eau.

Je contourne rapidement K’awill pour ressortir face à lui et lui envoyer un jet d’eau joueur.

- Kana, la course. Si tu veux la finir, il faut retourner là-bas, crachote Cal en toussotant une crevette qui s’est égarée.

Je l’attrape pour la donner à K’awill.

- Regarde comme elle est jolie ! Elle doit avoir bon goût.

Et puis je replonge en faisant attention à ce que Cal n’ait pas la tête sous l’eau, mais il pousse quand même un petit cri de surprise. Je remonte à la surface lorsque je ressens à nouveau le sable sous mes pattes.

- Vite K’awill ! J’ai envie d’aller en chercher plein d’autres après.

Alors on se dépêche dans le sable qui colle à nos pattes humides, et après quelques mètres je m’ébroue un peu pour retirer l’eau qui pèse dans mes poils. Comme il y a des spectateurs, ils ont une exclamation surprise mais j’ai l’impression que dans la chaleur ça leur fait du bien. Et pourquoi est-ce qu’ils n’arrêtent pas de parler de caca ?

Et de Rufus ?

- Oh non, Rufus !

Je ne sais pas si ce sont les vagues qui sont venues jusque-là ou si c’est la trainée de bave de Rufus que je vois sur le sable, mais en tout cas il est devant nous. On court du plus vite qu’on peut, mais il a réussi à prendre trop d’avance sur nous sur la dernière ligne, et c’est lui qui attrape en premier le ruban tenu par les humains. Alors qu’on arrive juste un poil de museau après lui.

Je pose mes fesses sur le sable en respirant presqu’aussi fort que Rufus et je regarde K’awill. Avant de rire.

- C’était marrant !

On a peut-être perdu, mais de pas beaucoup, et on s’est bien amusé.

Tu as vu ? Il y a un prix aussi pour les deuxièmes et troisième, indique Cal en me tendant à boire.

Je redresse le museau et, essayant de ne pas renverser ma boisson partout, je cherche des yeux la récompense.

- K’awill, tu as vu notre cadeau ? Il est où ? C’est à manger ?

Résultats des dés: