Le royaumed'AryonForum RPG light-fantasyPas de minimum de ligne
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    Un monde plein de mystères,
    plein de magie et surtout plein d'aventures...

    Il est peuplé de créatures fantastiques. Certaines d'une beauté incomparable, d'autres aussi hideuses qu'inimaginables, beaucoup sont extrêmement dangereuses alors que quelques unes sont tout simplement adorables. La magie est omniprésente sur ces terres : des animaux pouvant contrôler la météo, des fleurs qui se téléportent, des humains contrôlant les éléments, des objets magiques permettant de flotter dans les airs...

    Dans ce monde, il y a le royaume d'Aryon. Situé à l’extrémité sud du continent, c'est un royaume prospère, coupé du monde. Il est peuplé d'hommes et de femmes possédant tous un gros potentiel magique, chacun vivant leurs propres aventures pour le meilleur comme pour le pire.

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    Red et Bridget se transforment en instructeurs de la Garde de la Forteresse pour une journée, en compagnie d'une véritable instructrice...

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    Vice versa
    Calixte Alkh'eirDamoiseau
    Calixte Alkh'eir
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    Vice versa
    Ven 18 Juin - 5:57 #
    Déjà, songea Calixte en observant de plus en plus distraitement l’homme leur faisant face et les assommant d’un déluge d’informations ourlées de convictions fumeuses, la matinée avait étrangement commencé. Il s’était réveillé sous ses atours féminins dans la chambre de Solveig – ce qui en soit n’était pas étonnant mais pas non plus usuel – enroulé-e autours des formes voluptueuses de la mi-chiraki, le nez caressant les courbes d’un petit tatouage d’œuf qui ne lui avait pas semblé être là la veille. Tandis que sa masculinité effaçait toute trace d’utilisation du SAPIC pour la nuit, un examen approfondi de sa propre étendue cutanée lui avait révélé un tatouage similaire, quasiment au niveau de son aine gauche, bien en regard de son aile iliaque. Confus, le coursier avait repassé en mémoire les souvenirs de la veille, cherchant si dans leur soirée une peu mouvementée – et alcoolisée pour la Valkyrie – au Requin Soul’Art avec leurs collègues ils avaient fini à un moment ou un autre entre les mains d’un tatoueur. Ou d’un enchanteur. Mais en vain.

    Attendus chez les parents de Solveig aux premières lueurs pour amener Samaël en promenade à la Ville Aquatique – apparemment les tracts des cirques de la cité engloutie voyageaient jusqu’au continent où ils séduisaient l’esprit des jeunes âmes en quête de distractions qui, en retour, amadouaient savamment leurs parents pour les y emmener – ils ne s’étaient pas davantage attardés sur ces étranges apparitions, même si leur existence ennuyait quelque peu l’espion. Certes, le dessin ne s’était pas apposé sur un endroit particulièrement visible de sa peau, mais cette marque reconnaissable mettait tout de même en péril l’anonymat tant chéri de son travail officieux. A l’occasion, il se pencherait sur un enchantement d’invisibilité pour celui-ci. Tout comme sur son activité magique, qu’il sentait présente mais dont il n’arrivait tout à faire à saisir la teneur.

    Récupérant un Samaël plus que prêt, tenant fermement le programme des animations entre ses mains bien qu’il ne pût le lire qu’en partie, affublé d’un petit sac à dos qu’il tînt à porter comme un grand et sur lequel trônait Lulubelle, Solveig et Calixte ne s’étaient pas plus attardés chez les parents de cette dernière et avaient filé pour les quais du Grand Port, et la navette qui devait les mener jusqu’à la Ville Aquatique. Le temps avait été plutôt frais, mais comme l’atmosphère particulière de la cité sous-marine leur offrirait bientôt un tout autre climat, ils ne s’en étaient pas inquiétés. En un couple d’heures, ils avaient effectivement gagné l’enceinte protectrice de celle-ci. Et joint le Marché aux Coraux, épicentre de l’animation de la ville, et surtout lieu où le cirque avait élu domicile pour un temps.

    Celui-ci se découpait comme une ville dans la ville ; ses installations dispatchées sur les hauteurs des étages du Marché donnant l’impression d’une bulle emplie d’un labyrinthe en trois dimensions. Les toiles colorées délimitant passages et pièces dans une improvisation semblant toute chaotique, d’où surgissaient de manière paraissant aléatoire artistes et passants avant de s’engouffrer derrière d’autres rideaux mystérieux. On pouvait trouver au détour d’une allée une myriade de stands de délicieux mets, comme quelques bassins d’évolution pour des familiers dressés à se donner en spectacle, comme des groupes de musiciens ou encore des personnages en sombres robes à capuchon disant la bonne-aventure. Un plan, relativement incompréhensible, leur avait été donné à l’une des entrées du cirque, mais Solveig, Samaël et Calixte avaient rapidement jugé qu’il valait mieux encore déambuler au gré de leurs envies dans ce fouillis d’animations.

    Et c’était donc ainsi que, au terme déjà de quelques heures d’émerveillement des sens sans jamais avoir l’impression de repasser deux fois au même endroit, ils étaient entrés dans « le Domaine des enfants ». Et s’étaient faits alpaguer par monsieur Montdessouris. Qui leur expliquait, à grand renfort de disgressions, qu’ils avaient là l’occasion de laisser le jeune Samaël évoluer, le temps qu’ils le souhaitaient, entre ses pairs dans un univers complètement sécurisé – les murs étaient apparemment remplis d’air coussins ou équivalents, le sol était molletonné – prévu pour satisfaire et développer son sens de la curiosité, de l’imagination, de sociabilisation et même de l’autonomie. Laissés principalement entre eux, les enfants avaient à leur disposition de larges espaces de découverte et d’évolution, surveillés de loin par quelques responsables ou par certains parents désireux de rester avec eux.

    - Mais entre vous et moi, c’est aussi l’occasion de profiter d’un tête-à-tête, gloussa monsieur Montdessouris avec un clin d’œil coquin.
    - Hum, répondit intelligemment Calixte en se redressant sur son pouf.

    S’il avait initialement sorti de quoi prendre des notes de l’étrange pédagogie proposée, les circonvolutions trainantes de leur interlocuteur avaient fini par alanguir son cerveau et endormir tout à fait sa main qui ne traçait plus rien depuis quelques minutes.

    - Mais je vois que vous avez besoin d’un temps pour y réfléchir. Je dois malheureusement aller accueillir d’autres groupes, mais n’hésitez pas à vous promener dans l’enceinte du Domaine des enfants pour vous faire une idée plus concrète. Et si vous décidez de nous confier Samaël quelques temps, n’oubliez pas de remplir le formulaire là, et de me prévenir avant de partir.

    Et d’un pas allègre, monsieur Montdessouris quitta le petit bureau de toile.

    Attrapant distraitement le verre qui trainait devant lui, Calixte en prit une gorgée pour raviver ses neurones assommés par le discours, engagé mais interminable, de l’homme. Le breuvage avait un étrange goût qui ne semblait pas tellement correspondre au jus de framboise que monsieur Montdessouris avait évoqué, mais le coursier était présentement préoccupé par d’autres sujets et peut-être que les guimauves enrobées de chocolat qu’il avait boulottées juste avant avaient un peu saturé ses papilles.  

    - Qu’est-ce que tu veux faire, Sam ? demanda-t-il à l’enfant tout en échangeant un regard avec Solveig.

    Assis lui aussi dans le nuage de poufs, un verre posé à côté de lui, Samaël montrait à Apolline et Lulubelle les deux casse-têtes qu’il avait gagnés – enfin que la Valkyrie avait gagnés pendant que l’enfant et le coursier se débattaient de leurs dix doigts sur ces jeux d’adresse – sur les stands précédents.

    MAJ inventaire:
    Solveig P. PrêthLa Garde
    Solveig P. Prêth
    Informations
    Re: Vice versa
    Mer 23 Juin - 17:02 #
    Depuis combien de temps exactement Solveig n’avait-elle pas passé un moment privilégier avec son fils ? Elle ne s’en souvenait pas et cette simple découverte la plongea dans une tristesse infinie. Elle savait pertinemment que Samaël ne lui en tiendrait jamais rigueur, il était beaucoup trop fier de ce qu’était sa mère pour le lui reprocher. Néanmoins dans l’esprit adulte de la valkyrie il n’en allait pas de même. Constamment, deux idées parfaitement opposées se heurtaient et s’entrechoquaient avec une violence inouïe. D’un côté flambante, sa liberté brûlait d’envie de prendre les rênes et de mener les pas de la garde jusqu’aux abords de la frontière. Elle n’attendait qu’un instant de relâchement pour faire de Solveig ce qu’elle aurait toujours dû être ; un esprit libre que rien n’attache à sa terre. Et de l’autre il y avait l’amour. Celui qu’elle portait à Samaël, celui qu’elle portait à Calixte, celui qu’elle apprendrait à porter à ses enfants. Et tout cela tenait en respect son affranchissement. Car si Solveig était semblable à de l’air, insaisissable, instinctive, elle était débordante de passion pour les autres, qui lui donnait consistance. Ils étaient une constance invariable à laquelle elle se raccrochait pour ne pas perdre pied.

    Ce matin là, lorsqu’elle s’était présenté chez ses parents en compagnie de Calixte afin de récupérer son fils, ces pensées n’avaient pas quitté son esprit. Ses yeux s’étaient attardés plus longuement sur le petit garçon dont le sourire fendait le visage comme un hache une bûche, à la recherche de quelconques signes de tristesse. Seul un bonheur non fin avait brillé dans ses prunelles. A vrai dire Samaël était tellement excité qu’ils n’avaient même pas eut le temps de s’attarder. En deux temps trois mouvements ils avaient reprit la route en direction du Grand Port puis avaient emprunté l’une des navettes que Solveig adorait tant. En plus de ne pas la rendre malade, les paysages qu’offraient cette plongée était toujours extraordinaire. Mère comme fils s’étaient donc extasié durant de longues minutes, laissant aisément à penser que le coursier était le seul adulte responsable dans cette sortie. Ce n’était pas complètement faux en vérité. Dès que les pieds de Solveig avait enfin touchés terre, il lui avait fallut une volonté ferme pour ne pas se laisser emporter parce qu’elle voyait. Elle avait toujours adorée la Ville Aquatique, que cela soit pour son marché aux coraux ou encore pour la coupole aux saphir qui avait su la séduire depuis toujours.  

    C’est le coursier qui fut chargé de les guider dans les rues de la ville – le sens de l’orientation de la jeune femme aurait aussi bien pu les perdre à l’autre bout de la ville- jusqu’au cirque. Lorsqu’ils arrivèrent, Solveig perdit aisément une vingtaine année. Ni une ni deux, elle avait hissé Samaël sur ses épaules, saisit la main de Calixte et les avaient entraîné au cœur des festivités. Stands après stands, ils avaient découvert ce que les entrailles du labyrinthe avaient à leur offrir. Ils avaient mangé, bu et joué à des dizaines de jeux différents. Puis leurs pas les avaient menés au « Domaine des enfants ». Un « OOOOOH » émerveillé de Samaël et Solveig avait tenu lieu de bonjour.

    Si dans un premier temps la garde avait fait mine d’écouter Montesourit ou quelque soit le nom improbable qu’il porte, elle s’en était rapidement détourné pour suivre les pas de Samaël. Cela les mena face à une grosse bulle de la taille d’un ballon de foot. Ils l’observèrent un moment en silence avant de se lancer un regard en coin.

    - Maman… On ne touche pas !
    - Regarde comme ça bouge… Elle le poussa légèrement du bout du doigt. La bulle tressaillit comme si elle était faites de gelée puis reprit sa place. Le petit garçon la fixa un moment avant de planter son doigt dedans à son tour, explosant d’un rire franc et sincère. Puis ils revinrent aux côtés d’un Calixte visiblement las.

    Ils s’installèrent sur de larges poufs et Solveig avala une longue gorgée de jus de framboise frais. Qu’elle manqua de recracher.

    - C’est… Ce n’est pas… Elle tira la langue. - C’est pas bon… Ses oreilles retombèrent de déception et elle se saisit d’une poignée de bonbon colorés qu’elle enfourna dans sa bouche tandis que le coursier questionnait sa progéniture. Le petit garçon, dont la mèche blanche s’était subitement mise à rebiquer, leva les yeux dans sa direction. Comme si il cherchait une quelconque réponse dans le tréfond des prunelles de sa mère, il la scruta intensément.

    - Je veux rester ici. Avec maman, Calixte, Lulu et Apo. Décréta-t-il fermement en se replongeant dans ses casse-tête.

    - On ne se voit pas très souvent… Répliqua Solveig à son amant d’un air désolé. A vrai dire, elle non plus n’avait pas franchement envie de le laisser là. Non pas qu’elle soit inquiète, Samaël était débrouillard, ou qu’elle n’ait pas envie de partager un moment en tête à tête avec Calixte, mais elle avait promis une journée ensemble à son petit garçon et elle comptait bien tenir sa promesse.

    - Maman… Appela-t-il de nouveau après quelques minutes à se débattre avec ses jouets.

    - Oui mon c… HEIN ?! Sursauta la chiraki en se retrouvant non plus face à un enfant de huit ans mais un jeune homme de dix-huit.

    La panique s’imprima sur ses traits lorsqu’elle se leva d’un bon. Cependant elle fut bien incapable de mettre un pied devant l’autre. A la place une sensation d’engourdissement paralysa ses jambes et lui fit courber l’échine. Puis elle tomba lourdement sur le sol comme assommée.  
    Calixte Alkh'eirDamoiseau
    Calixte Alkh'eir
    Informations
    Re: Vice versa
    Sam 3 Juil - 8:19 #
    Un sourire étira les lèvres de Calixte à la réponse sans hésitation de Samaël. Il y avait dans cette simple assertion, fermement ancrée de certitudes, une quantité modeste mais suffisante de petit bois pour aviver la flamme de sa tendresse. Les propos de Solveig attirèrent son attention, et il offrit à ses excuses prononcées à mi-mot un regard chaleureux de réassurance. Ils auraient tout le temps d’en avoir pour eux, au Bastion. Celui-ci, si Samaël le souhaitait, était différent. Et guère outré de ne pouvoir laisser l’enfant à ses propres moyens dans ce Domaine particulier, le coursier était au contraire touché de faire partie de cet univers dans lequel Samaël voulait présentement graviter. Finissant le verre qu’il avait en main avant de le reposer là où il l’avait pris, fronçant les sourcils au goût vraiment particulier du breuvage, il glissa ses doigts contre ceux de la Valkyrie.

    - Alors profitons-en.

    Et, vraiment, ça paraissait être un excellent plan. Sauf qu’apparemment Samaël avait subitement accéléré sa croissance pour gagner la stature d’un homme adulte. Jeune, encore, plus jeune que Solveig et Calixte, mais adulte néanmoins.

    Les sourcils de l’espion s’envolèrent haut sur son front, et ses lèvres s’entrouvrirent sur une interrogation muette. Instinctivement, sa dextre vint palper les reliefs de son amulette d’indépendance, à la recherche d’une indication sur la magie visiblement à l’œuvre. Elle était cependant froide de neutralité.

    Objectivement, il nota que l’enfant devenu adulte avait joliment grandi. Il y avait dans l’angle de sa mâchoire volontaire une noblesse rappelant une partie de son lignage, dans la courbe altière de son échine une puissance latente rappelant celle de ses deux parents, dans les mèches sombres et rebelles couronnant son visage un parfum d’aventure et dans la ligne de ses prunelles une vivacité tout envoûtante. Son regard, en revanche, cherchant celui de sa mère avec une interrogation ourlée de prudence, restait celui de l’enfant.

    - Sol… eut juste le temps de dire Calixte en s’alarmant du vertige prenant son amie, avant qu’un malaise ne le cueillît à son tour.

    Le mouvement de lever qu’il avait débuté fut rapidement avorté, et ses genoux ployèrent complètement pour le laisser s’écraser contre le parterre de coussins. Une sensation désagréable de fourmillement gagna le bout de ses doigts de main et de pied, pour remonter à grande vitesse vers le refuge de son cœur. Y forçant son passage, lui donnant l’impression qu’un étau toujours plus étroit comprimait sa respiration, jusqu’à ce que, finalement, une large inspiration de délivrance lui fût permise. Papillonnant un regard encore confus sur l’environnement qui se redécouvrait à lui, se redressant tant bien que mal sur cette colline moelleuse où il avait échoué, Calixte se demanda s’il rêvait encore ou bien s’il s’était perdu lors d’une sortie avec ses sœurs et son frère. Il savait qu’il avait la fâcheuse tendance à laisser sa curiosité comme sa maladresse l’emmener loin de ses nourrices, et peut-être s’était-il endormi d’épuisement de pérégrinations dans un endroit sympathique pour les y attendre. Heureusement, il y avait là un grand qui pourrait certainement répondre à ses questions.

    - Un petit prince, un chaton et un grand samoussa, fit une voix amusée qui provenait de l’épaule du grand. Y avait des surprises dans vos jus de framboise apparemment ; il a de l’humour l’homme des montagnes aux souris.
    - Bonjour, fit-il parce qu’il avait été bien éduqué, et que Deveen le disputerait s’il n’était pas poli. Je suis Calixte, et vous ? demanda-t-il au grand qui avait l’air gentil, mais un peu perdu. Vous auriez vu nourrice Frila ou nounou Minh ? Je vais me faire gronder si je les perds trop longtemps…

    Du mouvement sur sa droite attira son attention, et l’ambre de ses yeux détailla les prunelles vairons d’une petite fille qui semblait avoir son âge. Peut-être avait-il été invité à des mondanités rassemblant les diverses descendances nobles du Grand Port ? Cela arrivait assez souvent, et il y avait toujours des salles apprêtées pour les enfants ayant besoin de se reposer. Peut-être avait-il profité de celles-ci pour une petite sieste, et qu’Enora, Gwen-Aël et Kenneth avaient déjà fini la leur et étaient retournés jouer avec les autres héritiers.

    - Je me souviens plus comment tu t’appelles, fit-il embêté à la petite fille.

    Elle ne ressemblait pas tellement à une enfant de noble lignage, mais Calixte savait qu’en dépit de l’amour de la Noblesse pour l’étiquette, il ne fallait pas se fier qu’aux apparences. Peut-être qu’en dépit de ses mèches claires volant dans tous les sens, de sa peau visiblement mal entretenue pour son rang présumé, de ses habits d’humble facture et de son maintien complètement anti protocolaire, elle était l’héritière d’un empire prospère et fastueux. Peut-être que d’obtenir son nom l’orienterait sur ce sujet. Néanmoins, toute ambition d’en savoir davantage sur le statut social de son interlocutrice s’envola complètement lors que son regard appréhenda les deux appendices duveteux qui surplombaient sa tête. Les pupilles d’ambre s’arrondirent impossiblement, et les mains du blondinet se serrèrent l’une contre l’autre pour éviter d’assaillir les fascinants reliefs.

    - Elles sont trop jolies tes oreilles !
    - Y a des choses qui changent pas.
    Solveig P. PrêthLa Garde
    Solveig P. Prêth
    Informations
    Re: Vice versa
    Mer 7 Juil - 5:17 #
    Solveig grogna. Engoncée dans un matelas confortable, le nez caché sous ce qui lui semblait être un coussin elle se sentait terriblement à l’aise. Elle aurait pu rester des heures durant ainsi sans esquisser le moindre mouvement. Maman viendrait la chercher quand le déjeuné serait prêt, pour l’heure elle ne sentait aucunement l’odeur de pancake. Mais il y avait ces voix, désagréables et criardes pour ses oreilles de chiraki. Heureusement maman mettait toujours du coton sur sa table de chevet. Solveig tendit la main et tâtonna. Rien. Elle grogna encore. Puis réitéra l’expérience en tendant un peu plus le bras ; ses doigts ne rencontrèrent rien d’autre que le moelleux d’un coussin qui s’étendait sur dix lieues semblait-il. C’est à ce moment qu’elle daigna ouvrir les yeux. Comme toujours tout était trop clair, trop bruyant, trop olfactif. Son énergie, jusqu’ici endormie lui fit l’effet d’une gifle lorsqu’elle sortie de sa torpeur et en moins de deux secondes la petite fille était debout sur ses deux jambes prête à traverser le royaume en long en large et en travers. Maman appelait ça l’hyperactivité ! Tirant sur ses deux oreilles afin d’atténuer les bruits dont elle ne savait encore faire fi, elle laissa son regard épouser les alentours. L’endroit lui était parfaitement inconnu, tout comme les gens autour d’elle. Pourtant, son odeur était portée sur chacun d’eux. L’adulte la regardait avec des yeux de merlan frit, alors que l’autre petit garçon s’adressait à… Une trousse ? Intriguée, Solveig s’était approchée à pas de loup ; là était l’un de ses talents de l’époque. Il fallait pas moins de furtivité qu’un chat si l’on voulait chaparder les biscuits de maman ; la chiraki s’était durement entraînée.

    Étonnamment le garçon se retourna et la laissa immobile alors qu’elle le regardait avec des yeux ronds. Un simple hasard sans doute, mais la jeune fille ne put s’empêcher de ronchonner intérieurement. Elle s’apprêtait même à froncer les sourcils lorsqu’il prit la parole. Toute animosité se volatilisa pour laisser place à une curiosité dévorante. Malgré le son, qui lui donnait l’impression qu’il avait hurlé dans ses oreilles, elle les dressa dans sa direction alors qu’une lueur intéressée s’était mise à danser dans ses prunelles vairons. Elle s’approcha de plus prêt et dès qu’il eut finit de commenter la beauté de ses oreilles elle le saisit avec force et le serra  chaleureusement dans ses bras.

    - Moi je suis Soly ! Soly Prêth ! Fille de monsieur et madame prêt !  En fait je m’appelle Solveig mais maman m’appelle tout le temps Soly ! Elle embrassa affectueusement ses joues. - D’ailleurs maman dit toujours qu’il faut être gentil avec les autres enfants ! Alors bonjour ! Et toi t’es qui ? Elle daigna enfin le lâcher. - Pourquoi tu te tiens aussi droit ? Se penchant pour observer la courbe de son dos elle poursuivit : - Tu dois avoir mal au dos à toujours te t’nir comme ça ! Regarde fait comme ça ! Elle appuya légèrement sur son ventre pour l’obliger à se courber un peu. - Voilà ! Tadaaaam !

    Naturellement, elle se mit à sautiller sur place. A cet instant ses yeux se posèrent sur Apolline.

    - Eh… Demanda-t-elle en chuchotant si bas que Calixte put presque avoir du mal à saisir ses paroles. - C’est quoi cette trousse qui parle ? C’est son pouvoir ? C’est ça ? Ou alors c’est ce truc dont maman m’a parlé… Les… âmes articifielles ? OH ! S’exclama l’enfant en réalisant que c’était exactement cela dont il retournait. Ni une ni deux, elle fit un bon en avant et saisit la trousse au vol. Sans l’écraser mais non sans la tripoter elle l’observa avec tout l’intérêt du monde, et s’apprêtait à en ouvrir la fermeture lorsque quelque chose de terrifiant borda l’orée de son regard. Son sang ne fit qu’un tour ; en un claquement de doigt elle passa d’un adorable chaton tout pelucheux à une petite teigne au poil hérissés. Elle feula tant et plus avant de se réfugier derrière son nouvel ami. Tremblotante, elle enroula sa main dans la sienne pour se rassurer.

    - C’est un glooby ! Cracha-t-elle.

    Samaël qui avait observait la scène sans réussir à comprendre ce qui se passait réellement, puisque lui, avait visiblement conscience de leurs liens, tendit une main fébrile en direction des deux anciens adultes.

    - Maman, Calixte… ?
    - Maman ? L’interrogea Solveig en sortant de sa cachette, ayant déjà oublié Lulubelle. - Pfeuh j’peux pas être maman, j’ai que sept ans ! A peine sa phrase eut-elle prit fin que de longues traînées humides ruisselèrent sur les joues du jeune homme. - AAAH ! Mais pleure pas ! S’écria-t-elle en s’approchant prudemment de lui pour lui tapoter le genou. A une vitesse vertigineuse elle se hissa sur ses épaules, grondant lorsqu’elle passa non loin du glooby, puis y prit place comme si il s’agissait de l’endroit le plus évident pour s’asseoir. - Je suis donc ta maman ! Et lui là bas, c’est qui ? Son doigt se planta sur le petit blondinet.  
    Calixte Alkh'eirDamoiseau
    Calixte Alkh'eir
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    Re: Vice versa
    Dim 25 Juil - 10:30 #
    Soly – Solveig ? – n’était assurément pas fille de noble lignage, ou alors d’une branche tellement éloignée des convenances usuelles que son nom – Prêth – était tu par le reste de ses semblables. Calixte savait qu’il y avait des lignées dont on ne parlait qu’à mi-mot, des familles portant encore les dorures offertes par la Couronne mais dont l’éclat s’était tellement terni que d’aucun détournait le regard à leur approche. Leur déchéance se fondant dans une ignorance teintée de mépris, ou dans le flot toujours plus perfide des rumeurs alimentant le premier plan des mondanités. Mais le blondinet ne remettait pas les Prêth, ni dans les jolies cases des citoyens anoblis du Grand Port que Deveen tînt à ce qu’il connût, ni dans celles viciées des rebus de la noblesse. Peut-être Soly venait-elle d’ailleurs que les contrées méridionales, ou peut-être n’était-elle qu’une prolétaire. Ce qui, si cela devait être le cas, agacerait grandement les parents du petit Alkh’eir s’ils devaient le savoir.

    Ouvrant de grands yeux sous l’étreinte de Soly, arquant les sourcils à la démonstration d’attentions de la petite fille – qui, en réalité, était un petit peu plus grande que lui en taille et l’était peut-être donc aussi en âge – Calixte ouvrit la bouche sur une onomatopée muette, avant de laisser le flot de paroles du tourbillon éparpiller le fil de ses pensées. Son corps s’était instinctivement raidi sous celui de l’inconnue, cherchant en vain un repère de normalité auquel se raccrocher. Par nature, l’enfant avait toujours été extrêmement tactile, mais c’était une tare que ses précepteurs avaient commencé à efficacement gommer de ses habitudes, les consignant au cercle strict de sa fratrie et de ses nourrices. S’il lui arrivait, sur quelques débordements d’émoi et d’anticipation, de se laisser aller à quelques attentions physiques auprès d’autres personnes, ils ne dépassaient guère la prise de main ou la fugace embrassade. Soly, en une poignée de secondes, venait de franchir le sévère carcan d’obligations comportementales dans lequel Calixte avait été engoncé. Ce qui n’était pas pour lui déplaire – il avait l’habitude des punitions et assumerait bien celle qui viendrait immanquablement au décours de ces péripéties – mais qui perturbait ses points de repère.

    - C’est comme ça que monsieur Alfred il dit qu’il faut se tenir, répondit-il distraitement tout en suivant docilement l’inflexion donnée par les doigts de Soly. Tu n’as pas de monsieur Alfred ou de madame Louise qui t’apprend comment te tenir ? Et utiliser les objets comme il faut ? Et te présenter aux gens ? Et…

    Il s’interrompit un instant, rivant son regard ambré sur ce qui avait attiré l’attention de la petite fille. Une étrange balle de cuir trônait sur l’épaule du grand et semblait les toiser de celle-ci avec amusement. Ce qui était étrange, car Calixte était certain que les objets comme celui-ci n’étaient pas censés se comporter ainsi. Soly murmura quelque chose à son égard, mais trop intrigué par la trousse – puisqu’elle avait une fermeture éclair – qui sautait de son perchoir pour venir à leur rencontre, il ne perçut qu’avec un temps de retard la signification de ses paroles à peine formées.

    - Une âme artificielle ? Mais pourquoi dans une balle ?

    Au domaine des Alkhaia de Eliëir, il y avait de telles ingéniosités, mais elles étaient logées dans des objets d’intérêt. Des livres de compte, des portes sécurisées, et autres points stratégiques. Qui donc aurait eu l’idée saugrenue d’insérer un tel trésor de prouesses magiques et technologiques dans une simple trousse ?

    - Appelle-moi Apo, ou Apolline, ou Apoal, mon chaton, fit cependant joyeusement l’âme artificielle en se laissant faire sous les doigts curieux de Soly. Attention en tripotant la fermeture éclair, je n’suis pas sûre que tu aies conservé ta dextérité sur ce terrain. Je n’vais pas te manger, Petit Prince, ajouta-t-elle comme Calixte s’avançait prudemment du duo.

    Il allait tendre une phalange intéressée vers l’objet de cuir, lorsque le changement brusque de comportement de Soly le fit sursauter. Tel un chat effarouché, toute sa silhouette s’était bandée d’une tension extrême, son poil se hérissant comme s’il pouvait la couvrir d’épines, ses pupilles s’étaient resserrées d’effroi et ses crocs, plus aiguisés que ceux d’un humain lambda, s’étaient ouverts sur un feulement prometteur de rétributions. Le blondinet n’avait jamais vraiment côtoyé de familier, ni d’animal, autre que les oréouilles de la Prévoyance et les diverses montures de sa famille, mais rien dans l’attitude de la petite fille ne l’incitait à rester dans les parages. Néanmoins, son instinct de survie n’avait jamais été très poussé, et la griffe qu’elle logea contre sa paume le conforta dans l’idée de ne pas s’éloigner.

    - Un glooby ?

    Les prunelles d’ambre fouillèrent l’espace indiqué par Soly, et l’exclamation ravie de Calixte fit écho à celle écœurée de celle-ci.

    - Un glooby !

    Profitant de l’intervention du grand détournant l’attention de sa camarade et lui faisant oublier sa frayeur de plus tôt – vraiment, elle était encore plus lunatique que lui-même, assurément Deveen ne tolérerait jamais qu’il la revît après cet épisode – le blondinet sautilla jusqu’au petit glooby pour l’observer de ses grandes billes remplies d’étoiles. Peu de créatures trouvaient grâce aux yeux de sa famille, et le glooby, tenant plus du nuisible qu’autre chose dans sa composition grotesquement visqueuse, était de celles que ses nourrices avaient pour consigne d’écarter de la progéniture Alkhaia de Eliëir, voire après l’avoir promptement écrasé. Calixte voulu tendre la main pour tenter de caresser la tête bombée de la petite bête – était-elle vraiment gluante ou n’en avait-elle que la disgracieuse apparence ? – quand une nouvelle exclamation de Soly détourna à nouveau son attention – visiblement c’était là quelque chose qui allait être récurrent.

    Une détresse évidente s’était installée sur les traits du grand, faisant dévaler des ruisseaux d’inquiétude sur ses joues tremblotantes. Apparemment, il était triste que Soly ne le reconnût pas comme son fils.

    - Peut-être c’est ton enfant caché ? fit-il à la petite fille qui avait entrepris d’escalader l’homme pour se hisser sur ses épaules. Nourrice Frila disait que ça arrive à tout un tas de gens de retrouver des enfants quand ils sont grands, et que c’est pour ça qu’il faut mettre des bagues.

    Nourrice Frila disait aussi que ce genre de mésaventure concernait les personnes de petites mœurs et que ce n’était que juste retour de bâton que de devoir assumer l’opprobre de la société si l’on n’avait pas été capable d’assurer ses arrières – ou ses devants – mais Calixte n’avait pas tellement compris cette partie-là, et n’avait pas envie de faire part de propos qui lui avaient parus désagréables à ses nouvelles connaissances.

    - Moi ? Je suis Calixte, répéta-t-il bêtement en penchant la tête sans suivre le raisonnement de Soly. Et vous, monsieur, comment vous vous appelez ? Pourquoi vous pleurez ? Parce que vous êtes perdu ? Moi non plus je sais pas où sont mes nourrices. Parce que vous avez faim ? Gwen elle pleure quand elle a faim. Peut-être on peut trouver quelque chose à manger ?
    - Pas de grignotage entre les repas, ou alors j’ai une sélection de graines « énergisantes et détoxifiantes » pour vous, recommandées par la dernière revue de Marie Lucy, fit une nouvelle voix un peu plus loin.
    - Garde tes graines, Abou, fit Apo pour répondre au sac-à-dos posé non loin qui paraissait feuilleter un journal. Doit bien y avoir à manger dans l’univers parfait du monsieur des montagnes aux souris, on peut aller explorer. Ne t’en fait pas mon samoussa, maman et Calixte ont du boire par erreur un peu de potion de jouvence ; ils retrouveront leur état normal d’ici quelques heures maximum. Ça n’est pas dangereux pour eux. Quant à toi, maxi samoussa… quelque chose d’équivalent pour gagner en centimètres et en bogossitude ?
    - La maxipouss, nan ? J’dois avoir un abécédaire des potions et autres items magiques courants, légaux, quelque part. Laisse-moi juste finir ce paragraphe ; tu penses que j’suis plus « discret et mystérieux » ou « loquace et charismatique » ?
    - T’as pas d’autre choix ? Bah qu’importe. Certainement retrouveras-tu ton adorable frimousse, samoussa, quand maman et Calixte retrouveront leur taille et esprit d’adultes.

    Calixte, ne comprenant pas la moitié de la conversation entre les âmes artificielles, se reconcentra rapidement sur Soly et le glooby. De sa position, il avait une vue imprenable sur les narines de la petite fille et du grand, et il se dit qu’il préférait quand il pouvait mieux voir les oreilles de Soly. Comme elle semblait particulièrement démonstrative, peut-être lui laisserait-elle toucher les curieux appendices ?

    Saisissant la main du grand pour attirer son attention, le blondinet reprit :

    - Je peux caresser le glooby ? Comment il s’appelle ? Il est à vous ?
    Solveig P. PrêthLa Garde
    Solveig P. Prêth
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    Re: Vice versa
    Mer 18 Aoû - 14:49 #
    Perchée sur l’épaule fine mais pas moins musclée de l’adulte dont les yeux bleu comme un ciel sans nuage lui lançaient des œillades larmoyantes, digne d’un enfant de huit ans. Elle lui tapota affectueusement la joue et il sembla s’apaiser, reportant son attention sur nul autre que le dénommé Calixte. Solveig était certaine de n’avoir jamais entendu ce prénom ni dans sa famille, ni chez aucun de ses amis au village et pourtant il éveillait en elle une nostalgie qu’elle ne comprenait pas. Comme un écho d’un passé qui n’était pas le sien, une affection honnête qui n’était pas la sienne mais qui pourtant provenait d’elle. De sa hauteur, elle posa à son tour son regard sur lui. Haut comme trois pommes, avec des cheveux couleur sable et de grand yeux dorés qui lui rappelaient ceux d’un chat. Un félin horriblement maladroit cependant. Enfin, son attention revint aux âmes artificielles dont elle ne comprit pas la moitié des échanges. Elle était même sur le point de se mettre à bailler lorsque son perchoir se pencha vers l’avant et qu’elle manqua de chuter.

    - Eeeeeeh ! Gémit-elle. - Fais attention tu vas me faire tomber ! Elle s’agrippa in-extremis au tee-shirt, déchirant sa manche alors que le jeune homme se penchait pour recueillir l’immonde glooby dans l’autre main.

    - Moi je m’appelle Samaël ! Et ça… Il tendit sa dextre vers Calixte. - C’est Lulubelle, maman et toi me l’avez offerte il y a quelques lunes ! Même que maman voulait la donner… Et toi tu as dis qu’on devait la garder parce qu’elle était gentille et que c’est même toi qui a convaincu maman ! Une ombre de tristesse infinie passa dans ses iris alors qu’il espérait entrevoir une réaction chez l’homme en qui il avait toute confiance. A la place un bruit sourd coupa net sa contemplation. Solveig dans toute sa discrétion et emprunte d’une délicatesse méconnue, venait de s’étaler sur le sol face contre terre après avoir déchiré l’intégralité de la manche qui avait jusqi’ici retenu ses ongles prisonniers.

    - Je t’avais dis de pas t’pencher ! Râla-t-elle, le visage coincé dans un coussin moelleux. - Maintenant tes vêtements sont tout déchiré ! Et si ta maman demande c’est pas moi hein ! Dans un bon parfaitement maîtrisé elle s’était retrouvée sur le dos et lorgnait les deux garçons avec un air amusé. - N’empêche t’as la preuve qu’j’suis pas ta maman Samossa ! Parce que moi j’aime pas les gloobys et si j’étais vraiment ta maman même Calixte aurait pas réussit à m’convaincre d’le garder ehehehe ! Même pas en rêve…

    Samaël lui lança un regard d’une profondeur inquiétante. Même la jeune chiraki en fut heurté et c’est pour quoi elle se détourna subitement, saisissant leurs bras à tout les deux pour les emmener dans son sillage. Elle détacha un instant ses prises afin de hisser le sac à dos bavard sur ses épaules et coincer sous son bras la trousse de cuir.

    - Bon ! Il est temps d’aller… EXPLORER ! Et sans crier gare elle démarra en trombe  en direction d’un couloir sans fond, attrapant les mains de ses deux compagnons au passage, obligeant Samaël à vaguement trottiner à ses côtés alors que Calixte avait des airs de drapeau flottant aux quatre vents.  
    Calixte Alkh'eirDamoiseau
    Calixte Alkh'eir
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    Re: Vice versa
    Ven 17 Sep - 20:02 #
    D’un doigt curieux Calixte chatouilla le flanc coloré du glooby – Lulubelle, d’après le grand qui disait s’appeler Samaël – qui se roula dans un frisson d’amusement gluant contre la paume du jeune adulte. Ravi, le blondinet répéta l’expérience, ne prêtant qu’une oreille distraite à Samaël, et encore moins d’attention à Soly qui glissait lentement mais sûrement de son perchoir. L’incohérence des propos de son interlocuteur finit tout de même par titiller suffisamment sa conscience pour qu’il rivât à nouveau son regard ambré, indécis, sur celui-ci. Et comme il avait sincèrement pris Soly pour sa maman, le grand paraissait d’un émoi tout aussi authentique en évoquant un passé commun que Calixte ne remettait guère. Hésitant sur la conduite à tenir, car s’il était encore de cette spontanéité propre aux enfants, sa sévère éducation avait déjà réussi à l’emmailloter d’un solide filet de convenances, il fut temporairement soulagé de toute réaction aux étranges propos de Samaël comme Soly se réappropriait le devant de la scène. Et toutes les pensées du blondinet.

    - Ca va ? fit-il inquiet en se penchant au-dessus de la petite fille avant de lui tendre la main pour l’aider à se relever.

    Apparemment ça allait très bien, car en un bond elle attrapa leurs bras respectifs, les étranges affaires trainant alentours, et les tira hors de la construction de toile et de coussins. Surpris pas le mouvement, Calixte s’emmêla les pieds et faillit aller embrasser le sol molletonné. Néanmoins, tiré sans ménagement par Soly, les jambes moulinant vainement l’air à la recherche du sol qui se dérobait sous lui comme l’énergie infinie de l’hybride le tractait toujours plus loin, toute notion de pesanteur semblait avoir abandonné son corps.

    - Bien dit, chaton, fit la voix d’Apo depuis quelque part de trop confus pour le blondinet. A droite, Soly l’exploratrice ! Je vois un Bastion gonflable qui n’attend que nous. Et houuu ! De la peinture.
    - Un bastion gonflable ? répéta bêtement Calixte tandis que le saut suivant de l’hybride le faisait rebondir contre un mur de coussins.

    Son interrogation trouva cependant rapidement réponse comme leur énergique guide pilait net devant une impressionnante construction semblant être faite de ballons et de cordages. Des enchantements animaient la structure, mouvant certains de ses reliefs, dessinant de fabuleux récits oniriques contre ses parois, et défiant les lois de la physique. De larges taches de peintures ornaient aussi, ici et là, ses courbes. Des exclamations amusées, surprises voire échauffées s’échappaient de ses meurtrières molletonnées, accompagnées du passage rapide de petites silhouettes derrière celles-ci.

    - Vous v’nez trouver les œufs de chiraki ? fit une voix fluette non loin.

    Il s’agissait d’un petit garçon doté d’une impressionnante chevelure vermeille, qui auréolait son visage juvénile comme une explosion de flammes. Son front et ses joues disparaissaient sous de sombres traits charbonnés, et il tenait entre ses bras d’étranges boules irisées.

    - On a déjà une chiraki, ça compte ? demanda Apo, et Calixte se demanda si elle trimballait celle-ci dans le sac-à-dos qui parlait.
    - Hé, pas mal. Moi j’préfère les wargs, et parait qu’y en a aussi dans l’château.
    - Des vrais ? Et des vrais œufs de chiraki ?
    - Bah non, t’es bête. C’est des œufs pour gagner des points, et après gagner des trucs trop bien !
    - Ah frère, j’connais des gens qui ont perdu leur âme dans des chasses au œufs. Triste vie, commenta Abou.
    - Ces munitions, c’est celles de mon équipe. Vous avez une équipe ? Nous on est les dragons noirs, poursuivit le rouquin en indiquant son visage barbouillé de cendres. On veut bien vous prendre, mais pas d’grand. On veut pas d’grand nous.

    Fronçant les sourcils, Calixte attrapa de sa main libre celle de Samaël. Il ne comprenait pas grand-chose à ce que ce dernier leur avait raconté, mais il était très gentil et sa présence éveillait dans la poitrine du blondinet un sentiment de tendresse qu’il ne comptait pas écarter aussi vite.

    - C’est le nôtre, et on le garde.

    Le rouquin haussa les épaules.

    - T’façon c’est nous qu’on va tout gagner, déclara-t-il avant de s’éloigner d’un pas pressé pour rejoindre les entrailles de la structure gonflable et enchantée.

    Encore un peu contrarié par l’échange, Calixte raffermit la prise de ses doigts sur ceux de Samaël, et avisa la panoplie de matériel qui restait autour d’eux. Des boules irisées, comme celles que l’enfant avait appelées « munitions », gisaient alentour, ainsi qu’une multitude de seaux plus ou moins remplis d’un large panel de couleurs. Récupérant ses mains, il attrapa l’une des sphères qui roula contre ses paumes, et glissa hors de celles-ci pour éclater contre le sol dans une explosion de paillettes. Dans une exclamation et un sursaut surpris, le blondinet recula instinctivement d’un pas, avant de rire devant les brillantes particules décorant ses jambes. Répétant l’expérience avec une autre boule qu’il lança cette fois-ci sciemment plus loin, il gloussa de ravissement à l’onde bleu canard se déversant contre le sol.

    - T’as vu, Soly ? s’écria-t-il tout en fourrant plusieurs balles au contenu surprise dans les mains de Samaël.

    D’un pas de mois en moins conforme à la retenue inculquée par ses précepteurs et qui aurait fait pâlir Deveen de honte, Calixte s’approcha de la petite fille tout en longeant une série de pots, son regard effleurant avec envie les séduisantes possibilités qu’ils offraient. Cédant finalement à l’appel du jeu, il trempa deux doigts dans une peinture nacrée avant de tenter de tracer de blanches moustaches contre la peau hâlée des joues de Soly.

    - Ta-da ! Tu veux aller chercher des œufs de chiraki, ou on continue d’explorer ? Oh ! On peut explorer et chercher des œufs de chiraki. Mais peut-être les autres seront pas très gentils avec Samaël ? poursuivit-il un peu inquiet, ses sourcils se fronçant à nouveau sur son front. Eux ils voulaient pas de grands, rappela-t-il au souvenir de l’enfant roux de plutôt.
    - Ils connaissent mal la valeur des samoussa, commenta solennellement Apo. J’ai vu d’autres grands passer là-bas ; ah ça mitraille plus facilement les bombes à peinture quand on fait dix têtes de plus !
    Solveig P. PrêthLa Garde
    Solveig P. Prêth
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    Re: Vice versa
    Mar 5 Oct - 16:11 #
    Solveig s’amusait comme une petite folle. Loin d’être épuisée elle tournait à droite puis à gauche selon les recommandations de la petite trousse qui, visiblement, était de très bon conseil lorsqu’il s’agissait de dégoter des activités amusantes. Ses yeux s’illuminèrent lorsque le bastion gonflable se dressa devant eux. Oreilles bien dressées, elle regarda avec attention la construction, détectant immédiatement les son de petites explosion, suivit de rires et parfois de pleures. L’odeur de la sueur mais également du bonheur embaumait la pièce en un parfum entêtant qui la mit immédiatement à l’aise. A tel point qu’elle ne remarqua le rouquin que lorsqu’il parla à ses côtés. Il l’a fit sursauter si fort qu’elle manqua de sauter dans les bras de Calixte qui, à coup sur se serait étalé sous son poids. Le petit garçon était doté d’une crinière fort intéressante. Ses boucles s’entremêlaient dans un désordre des plus complets, bougeant au rythme de ses mouvements de tête comme si ils étaient dotés de leur volonté propre. Son visage était recouvert d’une fine couche de suie. La petite chiraki se demanda pendant un instant si ses doigts resteraient coincés dans le tourbillon orange. Cependant avant de pouvoir formuler cette pensée à voix haute, la discussion prit un tournant qui lui déplus. Pourtant Lucy seule savait à quel point Solveig était d’une nature sociable et sympathique. Mais un sentiment de colère profond l’assaillit lorsque le petit inconnu rechigna à intégrer Samaël à l’équipe. De vieilles bribes de souvenir lui revinrent subitement, cela remontait à une époque qui lui semblait atrocement lointaine, subitement Solveig eut l’impression d’avoir vécu plusieurs vies. Fût un temps où leurs petits voisins s’entêtaient à embêter la pauvre Thépa. Cette dernière était somme toute bien plus gaillarde que sa grande sœur, mais elle était également plus jeune et plus introvertie. C’était donc à Solveig qu’incombait le devoir de botter leurs petites fesses osseuses ; c’était non sans un certain plaisir qu’elle se prêtait à l’exercice. Et même si cela semblait remonter à une éternité, la jeune chiraki était complètement convaincu de pouvoir réitérer ses exploits une fois de plus.  

    La surprise la laissa silencieuse. De lui-même Calixte s’était empressé de prendre la main de leur ami, signifiant lui aussi qu’il ne comptait pas le laisser ici. Une bouffée de gratitude envahit la petite fille qui adressa un regard emprunt d’une véritable tendresse au blondinet. Tendresse qui se dissipa dès lors qu’elle reposa les yeux sur l’autre enfant qui tournait déjà les talons.

    - Tu vas voir qui c’est qui va gagner… Grogna la petite chiraki tout bas. Son regard se porta sur Calixte qui avait déjà prit le partie d’éclater une première boule par terre, suivit bientôt d’une seconde. Il n’en fallut pas plus pour offrir un nouveau sourire à ses traits et à son tour elle se saisit de projectiles qu’elle vint déposer dans les mains du grand bonhomme. - On va tous les écraser ! Eheheheheehheheh… Marmonna-t-elle tout en retournant vers le stock de munition, en fourrant une dans chacune de ses mains puis d’autres dans ses poches. - On va y aller et on va gagner ! Ça leur apprendra ! Ses petits poings se plantèrent sur ses hanches tandis qu’elle fronçait les sourcils. - Armez-vous ! On part en guerre !

    Sans demander son reste Solveig tourna les talons, déterminée à leur montrer que le grand samoussa n’avait rien de moins que ce qu’ils possédaient déjà. Et si il s’avérait que son gigantesque ami était plus gauche qu’elle ne l’aurait imaginé, alors elle se chargerait volontiers de leur botter les fesses de toute façon.

    Il ne lui fallut pas longtemps pour se dresser fièrement devant le bastion. Un gigantesque château à la texture de marshmallow dont les murs oscillaient au rythme des pas qui tambourinaient dans son cœur. Il couinait également lorsque le petit corps d’un enfant venait rebondir contre son imitation de pierre. Cependant il dégageait une odeur épouvantable de transpiration et de doigts de pieds, mêlé aux milles relents émanant des enfants déjà présent. Si il fut nécessaire de prendre un moment, la petite fille finit par trouver le léger, mais néanmoins bien présent, filet odorant laissé par le rouquin. Une parfum d’agrume et de terre.

    - Je t’ai trouvé ! Minauda-t-elle en se tortillant. Un regard à ses compagnons et elle fut la première à s’engager par la grande porte dont exhalait un arôme de réglisse qui manqua de lui retourner l’estomac. - Je vais venger Samoussa je reviens ! Comme par magie elle disparue. Une minute puis deux, puis trois et enfin s’écoulèrent cinq longues minutes avant que dans un brouhaha prodigieux elle réapparaisse. Riant aux éclats, elle dérapa avec adresse dans un virage au bout d’un couloir en barbe à papa, sauta par dessus une dalle blanche qui s’était désenclavée du sol et fila tout droit sur ses camarades. - ILS ARRIVENT ! ILS ARRIVENT ! Dans son sillage, se dessina bientôt une tignasse rousse, rendu partiellement rose pétard par de la poudre pailletée. -  
    Calixte Alkh'eirDamoiseau
    Calixte Alkh'eir
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    Re: Vice versa
    Jeu 28 Oct - 6:14 #
    - Oh, répondit bêtement Calixte comme Soly déclarait d’une voix de général qu’ils allaient partir en guerre contre les autres groupes et gagner.
    - Sus à l’ennemi ! Mettez leur la misère mes chatons ! s’exclama joyeusement Apo.

    Le blondinet était à peu près certain qu’il n’était capable de mettre la misère à personne – après tout dans la hiérarchie de sa fratrie il n’était pas prévu qu’il approchât de près comme de loin tout ce qui pourrait s’apparenter à une arme, et avec ses deux mains gauches c’était probablement mieux ainsi – mais l’enthousiasme de la petite fille et de la trousse de cuir était particulièrement communicatif et déliait aussi incisivement qu’un sécateur le fin maillage de convenances dans lequel ses précepteurs avaient tenté de le mouler.

    - Penchez-vous un peu, Samoussa, s’il-vous-plait, demanda-t-il avec trépidation pendant que Soly examinait de tous ses sens le Bastion gonflable qui leur faisait face.

    Utilisant la même peinture nacrée qu’il avait utilisée pour griffer les joues de leur cheftaine, il traça de ses doigts malhabiles de similaires sillons guerriers contre les pommettes du grand.

    - Et voilà ! fit-il avec satisfaction avant de chercher en vain un endroit où essuyer ses mains et se résigner à laisser de larges salissures sur son pantalon.

    Deveen et Joaness le gronderaient assurément pour sa négligence et ses accointances plus que discutables, mais ses vêtements étaient déjà ruinés par l’explosion de paillettes de plus tôt, alors autant en tirer le maximum.

    - Oh, attends ! s’exclama-t-il avec précipitation, se rendant compte qu’il n’avait pas rempli ses propres poches de munitions alors que Soly déclarait avoir trouvé leurs ennemis.

    Il avait jusque-là donné ses sphères à Samoussa ou au sac-à-dos qui parlait – ce dernier semblait d’ailleurs tout disposé à utiliser son sac-sans-fond pour fournir la petite mi-chiraki d’un stock de projectiles presqu’infini – et avait distraitement oublié de faire ses propres réserves. Mais Soly paraissait déterminée à partir en éclaireuse, et le blondinet profita donc de ce temps pour courir récupérer toute une panoplie de sphères. Il ramassa aussi d’étranges petits cônes et cylindres colorés qui attirèrent son attention, mais ne céda pas tout de suite à la curiosité de les tester, il attendrait sa nouvelle amie pour ça !

    L’écho de la voix de cette dernière, roulant sur les vagues hilares de son amusement se répercutant contre les murs molletonnés du Bastion, leur revint bien vite, et après un moment de stupeur surprise, le reste du groupe prît ses jambes à son cou. Enfin, il fût arraché à son incertitude par les mains enthousiastes de la petite fille, et profita de cette impulsion pour se carapater. Grisé par cette aventure improbable tapissée de bonheur simple, Calixte joignit son rire à celui de Soly.

    - A droite ! L’autre droite, chaton, indiqua Apo.

    Leur course effrénée, rendue maladroite par le blondinet et le grand Samoussa, les fit rebondir ici et là contre les parois ballonnées du Bastion avant de traverser une passerelle de nuages suspendue au-dessus d’une piscine aux proportions confortables remplie d’un liquide presque complètement translucide. Le temps d’une seconde, l’inquiétude traversa le petit garçon qui avait appris à flotter mais pas tellement à nager, puis celle-ci s’effaça à la faveur de la curiosité comme les enfants pataugeant dans l’eau paraissaient tous être entourés d’une bulle protectrice leur donnant une étrange allure pataude comme ils tentaient de se déplacer dans tous les plans de l’espace. Des exclamations vengeresses rappelèrent cependant son attention avant qu’il n’examinât davantage le phénomène, et un coup d’œil par-dessus son épaule lui apprit que le groupe du rouquin – ou tout du moins de l’ancien rouquin – les rattrapait.

    Les projectiles explosifs fusèrent à travers le Bastion, rebondissant contre ses murs et projetant de toute part ondes de peintures et cumulus de confettis magiques, provoquant cris de surprise et rires amusés – ou hystériques – lorsqu’ils faisaient à peu près mouche. Soly avait réussi à attraper des paquets de nuages, soit directement du pont soit de ceux qui flottaient dans l’air autour d’eux de manière indolente, et de cabrioles énergiques les envoyait contre leurs adversaires qui se renversaient alors comme des quilles pour tomber dans l’eau dans des hurlements outrés. Observant niaisement la petite fille dont la tenue n’avait pas échappé à quelques vagues multicolores, Calixte admira l’agilité de son corps et envia presque cette fluidité naturelle qu’il ne posséderait certainement jamais. Un sentiment étrange de fierté, d’adoration et de tendresse emplit son cœur pour s’étendre à chaque battement toujours plus loin contre chaque parcelle de sa chair, fantôme incompréhensible de temps lui paraissant à la fois présents et irréels. Tout à sa distraction, il tira un peu trop fortement sur l’une des extrémités du cônes qu’il tendait à Samoussa, et celui-ci se rompit, projetant les deux manipulateurs dans le décor.

    Dans un glapissement confus, le blondinet lâcha une partie de ses munitions qui plongèrent éclabousser les enfants – ou tout du moins leurs sphères protectrices – de la piscine, et regarda avec incompréhension ses pieds se coller au plafond molletonné de la pièce. Ou, apparemment, au sol de celle-ci pour lui maintenant. Au-dessus de ses pieds, à quelques centimètres seulement, bougeant de concert avec ceux-ci, un cercle comme le cadran d’une montre semblait décompter un temps que Calixte ne comprit pas. Par contre, à présent inversé dans sa gravité, un nouveau panel de passages s’ouvrait à ses yeux et son regard gourmand accrocha les reliefs séduisants de sucettes chocolatées flottant au-delà du couloir suivant.

    - Sam ! indiqua-t-il avec enthousiasme au grand qui se trouvait dans la même situation que lui. Soly ?

    L’ambre se leva pour fouiller le reste de la salle, et il trouva l’éclat vairon lui répondre à une distance moins importante que ce à quoi il s’était attendu. Apparemment, traverser la passerelle ou sauter de nuage en nuage c’était tout aussi facile pour la petite mi-chiraki. En tendant la main, et en se hissant un peu sur la pointe des pieds, il pourrait effleurer le sommet de ses oreilles maintenant drapées partiellement de minuscules étoiles scintillantes. Et c’est d’ailleurs ce qu’il fit, avec un sourire ravi.
    Solveig P. PrêthLa Garde
    Solveig P. Prêth
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    Re: Vice versa
    Jeu 2 Déc - 11:46 #
    Solveig aurait pu s’oublier dans un tel endroit. Elle aurait pu s’abandonner jusqu’à en omettre sa propre identité. Tout était si parfait, si amusant. Elle n’aurait jamais voulu partir. Un sourire montant si haut que ses pommettes lui mangeaient la moitié des joues, elle continuait de courir à en perdre haleine, esquivant de temps à autre une sphère qui lui était lancé puis en renvoyant le double en représailles. Si légère, si bien. Lucy ! elle n’aurait échangé sa place pour rien au monde. Ni ses amis d’ailleurs. Samoussa avec ses grands airs effarés, inquiet mais dont l’amusement tendait déjà à le trahir de par ses prunelles d’un bleu azur. Des yeux qui lui rappelèrent quelqu’un, un vieil ami… Un souvenir douloureux mais dont elle ne discernait que les contours. Elle le chassa d’un revers de main, car il y avait bien plus amusant ; Calixte. Tout son être se retenait, elle le sentait, elle pouvait presque entendre sa conscience le disputer et lui dire que ce qu’il faisait était mal. Pourtant il n’avait pas été compliqué à convaincre et au vu de ses joues rougies et de son petit sourire timide, il s’amusait tout autant. Maintenant sur le pont, elle leur lâcha la main, filant droit devant les bras grands ouvert, prête à accueillir ce que ce nouveau monde lui offrait. A la place ses compagnons disparurent sans crier gare.  

    - Qu’est-ce...Que… S’écria-t-elle, les yeux grands comme des soucoupes. En une fraction de seconde, en levant juste un peu le nez, elle se retrouva en face du visage éberlué du pauvre Calixte. Elle le fixa un moment, des images d’elle adulte lui traversèrent l’esprit. Son imagination avait toujours été fertile et elle ne put s’empêcher de sourire légèrement. Peut-être lorsqu’ils seraient de grandes personnes, lui proposerait-elle de partir à l’aventure ensemble ! Mais pour l’instant il y avait plus importants à gérer ; les mains qui se promenaient curieusement sur ses oreilles. Un frisson parcourut son échine, remonta le long de sa nuque jusqu’à lui en dresser les poils sur les oreilles et se termina enfin par un éclat de rire tonitruant et indomptable.

    - PAS TOUCHE ! Gémit la petite fille, manquant de s’étouffer de rire avec sa propre salive. Ses joues avaient déjà prises une teinte cramoisies alors qu’elle plaquait fermement les deux appendices contre son crâne.

    Samaël éclata d’un rire sensiblement similaire à celui de la petite hybride bien qu’il fut plus contenu et discret : - Maman à les oreilles sensibles… Le prévint-il.

    En réponse Solveig pinça les lèvres, releva le nez et renâcla. - C’même pas vrai !
    - Si ! Tu me dis tout le temps d’pas y toucher !
    - Non tu mens !
    - Je mens pas !
    - Si !
    - Non !
    - Si !
    - Non !
    - Si !
    - Non !
    - Si !
    - Non !
    - J’ai dis si ! D’un mouvement rageur, elle tourna les talons et fonça en direction du couloir où flottait les sucette de chocolat. - Puisque c’est comme ça, vous êtes plus mes copains ! Elle traversa l’allée sans leur offrir l’ombre d’un regard.

    Ce fut un univers parfaitement différent qui s’ouvrit sous ses yeux. Une pleine herbeuse, jonché d’arbres à sucre d’orge, de buissons de sucre vert, rouge, orange et rose. Une gigantesque cascade de chocolat envahit par des dizaines de petits coquillages en guimauve. Malgré sa gourmandise, Solveig n’y prêta pas attention et entreprit d’escalader l’arbre le plus grand, celui qui contenait des fruits confits de toutes sortes. Son tronc, dur comme du roc était fait d’une matière blanche parsemée de petites tâches bleu et rouge. Elle se jucha sur la plus haute branche, attrapa une pomme enrobée de sucre et croqua dedans avant d’entamer sa longue séance de boudage. Qu’ils essaient donc de la trouver si ils l’osaient !
    Calixte Alkh'eirDamoiseau
    Calixte Alkh'eir
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    Re: Vice versa
    Mer 8 Déc - 16:52 #
    C’était doux, sous ses doigts. D’une douceur remplie de promesses qui réchauffait l’âme du petit blondinet et écartait davantage le sourire étirant ses lèvres jusqu’à ce qu’il touche ses pommettes rosies de ravissement. Alors que ses phalanges caressaient le duveteux pelage clair, une nuée de souvenirs vaporeux se glissa contre ses songes, installant un sentiment de félicité et d’insouciance dans sa chair. Le bastion gonflable attisait sa curiosité et stimulait son sens du jeu, mais il aurait certainement pu rester de longues minutes – de longues heures – juste à tracer de l’index les reliefs pelucheux au mystérieux réconfort envoûtant. Néanmoins ceux-ci s’aplatirent bien vite, fuyant dans des soubresauts incontrôlés ses mains inquisitrices, et son geste se suspendit tandis que son regard ambré appréhendait avec délice le panel d’émotions traversant les traits expressifs de Soly. Dans un sursaut de lucidité appartenant à d’autres temps, il lui fut évident qu’il chérirait à jamais ceux-ci.

    Dans un rire en écho à celui de la mi-chiraki, il ramena ses mains contre lui et les occupa à attraper maladroitement une partie de ses munitions encore soumises à la gravité normale et s’enfuyant de ses poches. Plus loin au-dessus de lui, ou en-dessous de Soly, elles éclataient dans des nuages colorés tapissant toujours plus l’espèce de piscine intérieure sécurisée comme les autres enfants qui y barbottaient. L’amusement du grand Samoussa rejoignit le leur, ses notes au troublant diapason de celles de la petite fille, et une nouvelle vague affectueuse propagea son agréable sensation de chaleur à travers les membres du blondinet. Jusqu’à ce que l’échange ne prît une tournure conflictuelle, et que la mi-chiraki ne décidât de s’éloigner pour bouder. Penchant légèrement la tête, observant tour à tour Samoussa qui se teintait à nouveau de dépit, et Soly qui s’en allait d’un pas déterminé, Calixte finit par saisir la main du grand pour le tirer à sa suite.

    - Moi je vous crois, fit-il du sérieux de ses quelques années. Elle était vraiment toute rouge comme un solnar ! Mais elle n’est pas très gentille, des fois, quand même, poursuivit-il en fronçant les sourcils alors qu’ils pénétraient, à l’envers, dans le passage aux sucettes de chocolat. C’est vraiment votre maman ? Elle vous ressemble pas beaucoup…

    Non, vraiment, Samoussa et Soly n’avaient pas grand-chose en commun. Physiquement, déjà. Avec ses mèches aux couleurs imitant celles de la pie contrastant avec la chevelure pâle de la petite fille, les traits de son visage appartenant à des reviviscences confuses dans l’esprit de Calixte mais certainement pas à la mi-chiraki… Non, il n’y avait peut-être que cette touche claire dans ces cheveux et l’azur de son regard rappelant tout de même l’un des yeux vairons de celle-ci, pour les relier. Et puis Samoussa possédait une sensibilité bien plus exacerbée que Soly. Bien que leurs mimiques fussent relativement similaires. Cette notion intrigua le blondinet qui pinça les lèvres de concentration en regardant la petite fille se hisser dans un arbre en sucrerie.

    Dans tous les cas, elle n’était vraiment pas très élégante. Il pouvait déjà entendre les commentaires indignés de ses précepteurs et deviner le regard insatisfait de Deveen et Joaness qui ne tarderaient guère à l’accueillir au terme de son oisive escapade colorée, comme l’implacable interdiction qui suivrait inéluctablement lui prohibant de retrouver cette indécente frimousse indisciplinée. Oui, certainement était-ce la première et la dernière fois qu’il pourrait profiter de ses deux amis providentiels. Les fils de la tristesse se brodèrent à une angoisse plus viscérale à cette notion, et ses doigts raffermirent leur prise sur ceux de Samoussa.

    - Elle est allée par…
    - ICI LES CHATONS ! hurla joyeusement une voix familière. Ah tu boudais ? Pardon choupette. Finis cette pomme sponsorisée par les cabinets dentaires de la Ville Aquatique, ça ralignera tes chakras, comme dit Abou.

    Le souvenir fugace d’une nuit étoilée, de chocolat chaud perdu, et d’une terrasse surplombant une caserne longea la bordure confuse de sa conscience, et Calixte s’avança d’un pas lourd de certitudes vers Soly et la trousse qui l’accompagnait. Avant de trébucher contre l’un des rayons dorés du faux soleil au plafond et de s’écraser contre le ciel. Sous l’impact, ses poches gonflèrent du mouvement des munitions magiques qu’elles contenaient toujours, jusqu’à ce que celles-ci n’explosassent répandant paillettes et lampées de peinture à la ronde. De manière concomitante, un nouveau cône ou emballage particulier dût se rompre, car le grand et le blondinet furent rappelés à la loi de la gravité universelle. Entre les délicats flocons scintillants, le duo tomba avec la grâce d’une enclume contre la prairie verdoyante au-dessus – au-dessous – de leur tête. Dans une exclamation surprise, ils rebondirent contre celle-ci, se déplaçant de manière complètement hasardeuse en à-coups anarchiques entre les buissons sucrés, jusqu’à ce que le petit étang au pied de la cascade de chocolat ne les réceptionnât finalement.

    - Oh ! fit bêtement Calixte en s’asseyant dans la marre marron dans laquelle il avait atterri sur le dos.

    Ses doigts se portèrent automatiquement à sa bouche avec hésitation puis, lorsque l’arôme du cacao enveloppa ses papilles pour les envoûter tout à fait, il renouvela l’expérience avec gourmandise laissant son regard papillonner à la ronde pour voir si Soly boudait toujours. Ses précédentes préoccupations complètement évanouies dans les flots de l’allégresse chocolatée. Et puis, à l’entournure d’un grand arbre en sucre d’orge jouxtant les reliefs caramélisés des pierres de la cascade, l’ambre accrocha les reliefs d’un large traineau. Dans l’ombre s’enfonçant en pente entre la forêt de bonbons et la roche de mélasse, une petite série de traineaux attendait sagement sa garnison de jeunes aventuriers pour s’élancer vers d’intrigantes ténèbres scintillantes de lucioles. Ou de friandises. Ou d’autres miracles magiques.

    Ses yeux s’écarquillant d’une curiosité gloutonne, Calixte se hissa sur ses jambes embourbées de chocolat et attrapa à nouveau la main du grand Samoussa cacaoté.

    - Là-bas ! indiqua-t-il d’une trépignation qu’il savait que ses nourrices auraient réprimée. SOLYYYY ? appela-t-il avec enthousiasme. Tu viens explorer ?
    Solveig P. PrêthLa Garde
    Solveig P. Prêth
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    Re: Vice versa
    Lun 13 Déc - 17:24 #
    Il aurait fallut un arbre à pop-corn pour que Solveig puisse profiter complètement du spectacle. Ou peut-être que le petit garçon perché dans un arbre un peu plus en amont, l’avait trouvé lui et qu’il regardait le trio accompagné d’une trousse de cuir comme s’il s’était agit de la pièce de théâtre la plus horripilante qu’il eut jamais vu. Il se demanda même s’ils n’étaient pas les clowns de ces lieux ! En tout cas lorsque la trousse parla, lui et la petite fille à qui elle s’adressa manquèrent de s’étouffer avec ce qu’ils mangeaient. Lui parce qu’il n’avait jamais vu d’objet parler et elle… Peut-être parce qu’elle avait eut peur ! Mais avec des oreilles pareilles pouvait-elle seulement ne pas entendre arriver ? Il fut curieux de lui poser la question mais son perchoir lui semblait si bien et puis tout ces pop-corn trouvé dans une touffe de feuille en sucre mou… Non il n’était pas prêt à les risquer. Alors il resta sagement à sa place et continua d’observer parce que deux les deux clous du spectacle venaient d’entrer en piste. Un surtout. Le petit blondinet à l’air parfaitement déterminé. Il ne le garda pas longtemps d’ailleurs, son air déterminé. A peine le temps d’enfournée une nouvelle poignée de friandise que l’autre c’était vautré lamentablement, faisant par la même exploser les munitions dans ses poches. « Incroyable ! » songea le petit voyeur lorsque, par dessus le marché, les deux furent rappeler à l’ordre par la gravité. Il se demanda si ce n’était pas la cascade de chocolat. Il était là depuis au moins deux heures déjà et ce n’était pas les premiers à faire cette chute. Ni à se gaver du chocolat coulant et fondant de la cascade. A vrai dire, c’est comme ça qu’il était arrivé ici lui aussi. Mais il fallait admettre que c’était toujours plus marrant quand ça arrivait aux autres !

    Cependant le quatuor maintenant réunis ne resta pas bien longtemps à patauger dans la marre chocolatée. Oh ils y restèrent suffisamment pour retenir leurs prénoms mais bientôt ils s’enfuirent vers les traîneaux. Lui n’avait pas encore osé les prendre. Cette fois, pourtant, il descendit de son arbre. Bien après que les autres se soient installés et juste à temps pour que l’attraction ne parte pas sans lui.

    Peu à peu, les lames des wagons se mirent à glisser sur l’herbe gourmande, descendant le plus haut vallon en douceur puis prenant plus de vitesse pour s’enfoncer dans les profondeurs obscure d’une arche en pierre de réglisse. D’abord il n’y vit rien, si ce n’était les petites lucioles qui voletaient ça et là. Puis soudainement elles disparurent et ce fut l’obscurité totale. A l’avant il ne percevait que quelques vagues paroles, le vent battait ses oreilles un peu plus à chaque instant. A un moment il siffla et souffla si fort que ses boucles brunes claquaient sur sa nuque sans discontinuer. Enfin il perçut un cri strident. « Je vais mourir ! Bêtement en plus » se gourmanda-t-il en agrippant l’une des barres du traîneau à s’en faire blanchir les phalanges. Mais alors qu’il pensait qu’ils allaient terminer leur courte virée dans un mur, une secousse violente l’envoya valdinguer au fond de son siège et les wagons débouchèrent dans une gigantesque pièce. Le petit voyageur resta sans voix. Si l’endroit était sombre, ténébreux même, au point que l’on ne pouvait deviner où se trouvait le début et où se trouvait la fin, le reste était terriblement lumineux. Les arbres grand de dizaines de mètres étaient d’un vert fluo luminescent, les fougères dans la même teinte s’étendaient à perte de vue et les fleurs toutes de couleurs aussi criardes que différentes produisaient une lumière douce. Certaines clignotaient, d’autres se faisaient picorer par de minuscules petits oiseaux incandescent dans les faibles lueurs végétales. Le temps sembla s’arrêter, les chariots ralentir et le voyageur osa même tendre la main vers une feuille suffisamment proche. Elle laissa une douce trace verdâtre sur ses doigts, lui arrachant un petit sourire. Puis lorsqu’il leva les yeux vers le ciel ce fut pour découvrir une large aurore boréale tout de vert, de rose et de bleu, ondoyant à la surface comme si elle respirait, comme si elle vivait par elle-même. Elle refléta dans ses prunelles émerveillées avant que celles-ci ne soit noyez de larmes. Le traîneau avait redémarré et reprit un rythme endiablé.

    - TROP BIEN ! Hurla la voix de la petite fille à l'avant.
    Calixte Alkh'eirDamoiseau
    Calixte Alkh'eir
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    Re: Vice versa
    Mer 22 Déc - 19:48 #
    Calixte avait réussi à léchouiller presque tout le chocolat sur ses mains, et avait tenté de ramasser du bout des doigts les nappes sucrées tapissant son visage. Néanmoins, le petit garçon avait encore l’air un ourson à la guimauve surplombé d’une touffe de cheveux clairs. Le wagon dans lequel il était monté était de plus en plus poisseux de cacao, mais ça ne semblait pas trop déranger le grand Samoussa assis à côté de lui, ni l’enthousiaste Soly qui hurlait à pleins poumons dans leurs oreilles. Ni même leur nouveau compagnon qui avait sauté in extremis dans le dernier traineau.

    Ils avaient dévalé à toute allure les pans sucrés de la salle au paysage de bonbons, avant de pénétrer dans l’antre étrange, mais tout aussi intriguant, de ténèbres à la décoration lumineuse. Partagé entre l’urgence gourmande de nettoyer sa peau tâchée de chocolat et l’intarissable curiosité lui faisant balayer les environs d’un regard rond avide, le blondinet s’était moins appesanti sur la surprise et la circonspection plutôt que le ravissement béat de toutes ces remarquables découvertes s’offrant à ses sens. Quelque part dans l’un des recoins de ses pensées, il avait songé que cet endroit était vraiment merveilleux, et qu’un tel enchantement devait absolument être primé par la société. Cette notion s’était rapidement envolée avec les oiseaux incandescents s’écartant de leur passage pour gagner le ciel sombre nappé d’aurores boréales.

    Le paysage changea à nouveau, les traineaux ralentissant progressivement jusqu’à halter leur course dans l’antre d’une pièce aux parois d’aspect de pierre taillée et aux dimensions imposantes. En hauteur, le toit semblait absent, s’effaçant devant une nuée de bougies magiques flottant dans un ciel nocturne dégagé. Les rayons de la lune, probablement artificielle, baignaient de leur halo les cierges en suspension comme les longues tables traversant la salle. Celles-ci étaient au nombre de quatre, et faisaient face à une cinquième, où quelques adultes s’affairaient dans des robes qui auraient pu être sévères si quelques dessins enfantins ne les avaient décorées. Les autres enfants, ici aussi nombreux qu’au début du parcours du Bastion magique, portaient des tenues similaires réhaussées d’écharpes et de bandeaux de couleurs différentes. A chaque couleur, aussi nombreuses que les tables s’élançant au travers de la pièce, un écusson orné d’une créature magique était associé.

    - Par ici, les nouveaux, par ici, indiqua une grande au visage ridé derrière une paire de lunettes rondes lui dévorant le visage.

    Et comme ils s’extirpaient plus ou moins agilement des wagons, elle tira vers un tabouret au centre de la salle leur dernier compagnon de voyage. Là, elle déposa sur ses mèches sombres un étrange chapeau cylindrique qui se fendit d’une bouche pour commencer à parler.

    - La légende disait vrai ! s’exclama Apo depuis l’épaule de Soly. Le choix’pot existe vraiment ! Oh comme il a dû en voir passer des têtes bien remplies, ajouta-t-elle dans un rire. A quel âge ça commence à fantasmer bien comme il faut ?

    Se désintéressant de cet étrange manège, esquivant pour l’heure les nombreuses victuailles exposées sur les longues tables, Calixte se tourna vers celle qui rassemblait le plus de grands et où quelques âmes curieuses, comme lui, se penchaient sur un amoncellement d’objets incongrus. S’aventurant près d’un petit groupe qui versait consciencieusement le contenu violine de fioles dodues sur d’innocents trombones, et décida de les imiter. Son trombone se transforma alors en minuscule nain de jardin à l’air grincheux, lui arrachant un glapissement conquis.

    - Hé mais tu peux pas être là ! lui fit son voisin interpellé par le bruit. Faut d’abord voir le choix’pot, pour avoir sa maison, et après tu peux faire les trucs là, lui expliqua-t-il en pointant du doigt le tabouret actuellement esseulé.

    Contrit, décidant de garder son nain de jardin malgré son profil particulièrement disgracieux, le petit garçon fit marche arrière pour retourner auprès de Samoussa et Apolline. Evidemment, cette dernière faisait la conversation – fleurtait – avec le haut de forme, mais ce dernier se hissa sans broncher sur la tête de l’enfant tout en poursuivant le dialogue.

    - Aaaah beaucoup de maladresse, oui, oui, se mit-il alors à réfléchir à voix haute. Il est gratiné un peu, ton Petit Prince, A. Poal. Bon, mais très bien… je sais exactement où te mettre… pour toi ce sera : Prout’gloot !

    L’exclamation lui vrilla les tympans, mais comme Apolline applaudissait – comment, personne ne sait – la décision et que la grande dame aux lunettes le nettoyait rapidement d’une serviette humide pour le décrasser du cacao restant avant de passer sur ses épaules une cape noire bordée de jaune et gris et ornée d’un écusson de gloot, Calixte accepta le verdict avec joie et chercha immédiatement du regard Soly. Elle était un peu bizarre, clairement pas du genre que sa famille accepterait, et mettant à rude épreuve le carcan rigide de sa jeune éducation, mais la franchise de ses réactions avait le don d’étirer son sourire et de soulever des vagues de tendresse dans sa poitrine.

    [[- Solyyy ! s’écria-t-il alors qu’il la retrouvait. Tiens !

    Il lui attrapa les deux mains pour y glisser le nain de jardin qu’il avait fait.

    - Cadeau ! fit-il tout heureux de son présent monstrueux. Il s’appelle Vrenn. ]]

    Il ne savait pas d’où lui venait ce nom, mais ça sonnait vraiment bien avec la silhouette entre ses doigts.

    - Tu boudes plus, hein ? vérifia-t-il avec inquiétude, les sourcils légèrement fléchis.
    Solveig P. PrêthLa Garde
    Solveig P. Prêth
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    Re: Vice versa
    Lun 27 Déc - 10:18 #
    La bouche grande ouverte, Solveig observait le plafond. Ce dernier, parsemé d’un millier de bougies était surplombé par un ciel nocturne où une lune brillait ardemment. Comme s’ils s’étaient trouvés à l'extérieur, les nuages se mouvaient de ci de là, cachant l’éclat lunaire de temps à autre. Elle manqua d’ailleurs de rentrer dans un petit rouquin qui se trouvait là, occupé à manger une friandise rouge, tout en longueur. Après lui avoir lancé de vagues excuses, elle continua d’avancer, ses yeux s'égarant par moment sur la grande salle et ses longues tables. Son estomac ne tarderait pas à crier famine, toutefois, pour l’heure il y avait plus intéressant. Par exemple ce chapeau, dont Apolline sembla connaître l’existence.

    Calixte, qui avait disparu de son champ de vision pendant quelques instants, se retrouva bientôt à la place qu’elle observait. Ses yeux s'agrandirent, admiratifs, un peu envieux et elle garda le silence. Le choix’pot parla, lança quelques vérités évidentes et annonça un nom.  “Le nom d’une équipe…” Songea la chiraki avant d’ajouter, toujours en silence : “Moi aussi je veux faire partie d’une équipe !”. Mais alors qu’elle songeait déjà à la façon dont elle allait pouvoir gruger la moitié de la queue, le petit blondinet revint à ses côtés avec un présent. Ses yeux louchèrent dessus avant qu’elle ne grimace.

    - Merci… Je… Un demi-sourire étira le coin de ses lèvres. - Il est vraiment moche. Puis elle ne retint pas un éclat de rire qui lui échappa. Sans lui demander son avis, elle attira Calixte contre sa poitrine et le serra si fort qu’il en manquerait probablement - un peu - d’oxygène. - Son nom aussi est très moche mais je l’aime bien. Puis j’boudais pas d’abord ! Relâchant enfin sa prise sur le petit garçon, elle se tourna vers Samoussa et la trousse. - Moi aussi je veux poser le choix’pot sur ma tête !

    - Solveig ! Annonça justement ledit chapeau.
    - Oh ! C’est à moi !

    Tout en essayant de se frayer un chemin à travers la foule, elle manqua de renverser la moitié des enfants attendant sagement leurs tours. Elle esquiva un adulte ou apparenté qui se trouvait là et réussit enfin à s’installer sur le tabouret. Le choix’pot se hissa à son tour sur sa tête.

    - Hum… Difficile… Très difficile. Le chemin de la bêtise, ça ne fait aucun doute. Tu aurais ta place chez Serpentrêfle… Non… Je vois du courage… Beaucoup de courage. Surtout de l’idiotie en vérité… Mh… Ce sera Ryboudor !

    Une nouvelle clameur s’éleva dans l’air, certains levèrent leurs verres, d’autres lui donnèrent des coups sur l’épaule lorsqu’elle passa. Dans un cas comme dans l’autre, Solveig rayonna en trottinant vers ses camarades.

    - Vous avez vu ! Ryboudor ! La classe ! Samoussa tu y vas ?

    Ce dernier lança un  regard en direction du choix’pot avant de secouer doucement la tête.

    - Non, pas envie.

    Solveig n'insista pas et à la place, elle attrapa une cuisse de poulet luisante de sauce qu’elle enfourna directement dans sa bouche.  Ensuite elle piqua une cuillère de purée, de petits pois et prit une part de cheesecake. Une fois qu’elle eut terminé et que son ventre de grommela plus à tout bout de champs, elle observa la salle avec plus d’attention.

    - Là-bas ! Elle pointa du doigt une porte dans le fond où était inscrite en grosses lettres d’or “SORTIE”. Mais lorsqu’ils approchèrent, ils purent également lire la mention “Forêt défendue”. En toute petites lettres noires, gravées dans le bois. - Le choix’pot à dit que j’étais courageuse, alors on y va ! Vous verrez je vais vous protéger ! J’ai même pas peur ! En plus je suis sûre qu'il n'y a rien derrière la porte. Et elle l’ouvrit.
    Calixte Alkh'eirDamoiseau
    Calixte Alkh'eir
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    Re: Vice versa
    Jeu 6 Jan - 11:19 #
    Soulagé par l’assertion de Soly, reprenant son souffle après l’étreinte de fenrir de la petite fille, Calixte tourna brièvement la tête vers le choix’pot qui appelait cette dernière avant de s’intéresser au buffet de la table adjacente. C’est qu’ils en avaient fait du chemin, et qu’ils en avaient déjà vécues des aventures énergivores ! Attrapant maladroitement une assiette à disposition – la faisant tomber, et rebondir contre le sol, avant de la remettre en équilibre précaire entre ses mains – il avisa d’un œil gourmand les mets à disposition et se servit généreusement. Comme la voix de ses nourrices et de ses précepteurs l’accompagnait encore dans chacun des aspects de sa vie, il prit garde à maintenir une proportion acceptable de légumes. Une décision d’allure sage mais grandement confortée par la présentation alléchante de ceux-ci en friandises élaborées. Curieux comme son alter-égo adulte tendrait finalement naturellement vers le régime végétarien.

    - Tenez, Samoussa, fit-il avec sérieux en tendant au grand un bol de fritures en tous genres et une paire de sucettes de fruits. Il faut reprendre des forces !

    Puis, posant son séant sur le banc le plus près, ses pieds décollant du sol, il se mit à grignoter tout en observant le passage de Soly auprès du choix’pot. Apparemment Apo, restée auprès du couvre-chef magique, paraissait grandement approuver les constatations de celui-ci, et le blondinet décida qu’il devait donc s’agir de grandes vérités. Hochant solennellement la tête pour ratifier tout le discours du choix’pot, il acclama franchement la décision finale de ce dernier lorsqu’elle fut rendue. Mais peut-être que, plus que la justesse de celle-ci, c’était surtout le ravissement évident sur les traits de Soly, en découlant, qu’il applaudissait.

    - Je vais chercher tes affaires ! déclara-t-il avec enthousiasme comme la petite mi-chiraki avait joyeusement trottiné jusqu’à eux sans s’arrêter aux grands délivrant les quelques vêtements aux couleurs des diverses équipes.

    Reposant son assiette très correctement entamée, il se faufila entre les autres enfants pour récupérer l’écharpe et la robe noire bordées de rouge et doré, et estampillées d’un écusson de Ryboudor. Il en profita aussi pour attraper un beau-crayon – apparemment il y avait une rupture de beaux-bâtons – pour Samoussa. Il avait entendu la réticence de celui-ci au passage sous le choix’pot, mais ne voulait pas qu’il fut lésé des merveilles mises à disposition. Et quoi de plus fabuleux qu’un crayon bleuté surplombé d’une minuscule statuette de ptidodo ? Peut-être aurait-il dû en offrir un à Soly au lieu de lui donner Vrenn, mais ce dernier avait assurément une part plus sentimentale.

    - C’est pour vous, Samoussa, fit-il avec enthousiasme en tendant le crayon à celui-ci, avant d’enrouler l’écharpe autour du cou de Soly et de poser sur ses épaules la robe noire.

    Comme elle s’était vivement attaquée au buffet et ne paraissait pas aussi intéressée par les affaires que par dégommer les mets à proximité, le blondinet usa de maladroites contorsions pour affubler son amie de ses trouvailles et l’emmaillota aussi efficacement que s’il avait jeté négligemment quelques guirlandes sur un sapin. Le rendu était somme toute aléatoire, mais au moins la petite mi-chiraki n’aurait-elle pas froid aux cheveux. Attrapant l’assiette délaissée de plus tôt pour la finir – bien que les lieux l’invitassent à un certain relâchement le carcan de sa stricte éducation ne rodait jamais bien loin – il observa Soly contempler le reste de la salle maintenant qu’elle était repue.

    Elle était bien loin des conventions qu’il était habitué à supporter, et qu’il avait appris à accepter voire à apprécier. Elle était aussi libre, et versatile, que l’océan. Aussi vive, et chaotique, que l’ouragan. Pour l’heure d’une finesse de diamant mal dégrossi, mais qu’il savait, de manière aussi viscérale qu’absurde, promise au plus merveilleux des éclats. Mais même avec cette considération, cette certitude aussi absolue qu’illogique, restait implacablement cette aura félinement sauvage, indomptée, beaucoup trop incivilisée pour le regard perclus d’attentes, et de jugements, du monde dans lequel lui-même évoluait. Restait en filigrane le fantôme de traits naturels trop peu coulés dans le moule des conventions mondaines, d’attitudes familières outrageuses pour celles plus réservées de la haute, de mouvements trop désinvoltes pour survivre sans heurts dans l’antre implacable de la noblesse. Restait une spontanéité émancipée ourlée d’une sincérité souveraine qui ne pouvait que faire des vagues sur l’onde bien domptée des augustes rivières tentaculaires.

    Un sentiment de tristesse infini se glissa dans la chair de Calixte à cette évidence de plus en plus inéluctable, remontant le long de ses veines en ruisseaux glacés, et il finit dans un silence morose les derniers palets de légumes trainant dans son assiette. Etrange comme cette petite fille, rencontrée à peine une grosse poignée de dizaines de minutes plus tôt, réveillait en lui un panel d’émotions diverses voire contradictoires, mais surtout bien trop complexes pour n’appartenir qu’à ce présent autrement allègrement oisif. Comme, le temps passant, celles-ci ne faisaient que s’affirmer, effleurant quelques verrous de sa conscience avec toujours plus d’insistance pour rallumer le souvenir important, crucial, d’une réalité oubliée.

    Il allait demander à Soly si elle aussi trouvait leur situation un peu étrange, davantage incongrue au fil des minutes, lorsque la voix de celle-ci le rappela à des préoccupations bien plus concrètes, et intéressantes. Eparpillant ses songes toujours plus construits mais encore aussi inconstants que le sable d’une dune sous la brise.

    - Allons-y ! acquiesça-t-il en attrapant la main du grand Samoussa pour le tirer à leur suite.

    Apo avait retrouvé sa place sur l’épaule de celui-ci, et lui contait joyeusement comment l’un des enfants avait perdu son nez en usant bêtement d’un des artifices magiques laissé à disposition, gagnant ainsi le surnom de « voldenez ». Peu intéressé par cette histoire alambiquée d’artefacts et de prophéties au délai d’action couvrant les quelques heures passées au Domaine des enfants de monsieur Montdessouris, Calixte s’intéressa à la porte vers laquelle Soly les entrainait. Lui-même n’arrivait pas encore à lire correctement les mots affichés sur celle-ci, même s’il en reconnaissait les lettres. Mais ça n’était pas bien grave, après tout, la petite mi-chiraki était effectivement fort courageuse et certainement tiendrait-elle parole. En tout cas, plus que Dragon Malaufoie, son voisin de table de plus tôt qui lui avait promis la moitié de sa tartelette à la rhubarbe mais avait finalement tout englouti.

    Ils passèrent la porte, celle-ci se refermant dans un déclic sonore derrière eux, pour découvrir à nouveau un paysage de ténèbres et de formes luminescentes. Un univers en tout point similaire à celui qu’ils avaient traversé plus tôt en traineau, à ceci près que l’ambiance présente était bien plus pesante. Un poil inquiétante. De grands arbres phosphorescents aux larges racines aussi tentaculaires que leurs branchages touffus dessinaient un étroit chemin d’obscurité et de lumière surnaturelle, oscillant légèrement dans un bruit de crissement peu rassurant, donnant l’impression de les observer voire de se pencher quelque peu vers eux à leur passage. Calixte, plus aisément curieux que peureux, réaffirma néanmoins sa prise sur les doigts à la chaleur réconfortante de Samoussa et se faufila à la suite de Soly qui s’aventurait déjà dans les profondeurs mystérieuses de cette forêt enchantée.

    - Il y a des panneaux, là, indiqua-t-il dans un murmure prudent après quelques mètres d’évolution.

    En dépit de l’atmosphère particulière, tout comme le reste de la structure il semblait que les lieux étaient tout de même relativement bien balisés. Même si, pour sa part, le blondinet galérait à comprendre ce que les écriteaux pouvaient bien indiquer. Ca ressemblait un peu à l’indication qu’il y avait sur la porte, associée à une flèche. Mais alors que ses yeux suivaient avec attention les contours de ce qui devait être un R, du mouvement dans les ténèbres balaya son effort de concentration.
    Peut-être à raison, car un large tissenuit aux contours réhaussés de lumière se découpa entre deux troncs d’arbre. Puis deux. Puis trois. Jusqu’à ce que presque tout le passage où ils se trouvaient fût encerclé par le groupe d’arachnides luminescentes.

    - Hum, fit intelligemment Calixte. Y en a beaucoup. Ils sont énooormes.
    - Un peu comme les spermatozoïdes de ton cousin, nota avec appréciation Apo.

    Certainement que dans pareil endroit, développé pour que les enfants s’épanouissent au gré de diverses aventures, ces créatures enchantées n’avaient pour but que de leur offrir quelques émotions fortes en toute sécurité. Mais pour l’heure, qui pouvait bien s’en douter dans le petit trio ?
    Solveig P. PrêthLa Garde
    Solveig P. Prêth
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    Re: Vice versa
    Sam 15 Jan - 10:34 #
    Solveig fut la première à entrer dans la pièce. Comme la lueur de la lune sur une mer calme, les lumières phosphorescentes reflétèrent sur ses iris dilatés. Ses oreilles s’agitaient sur son crâne comme des paraboles, cherchant à pallier au handicap de ses yeux. Tout était étrangement calme. Pas de grillons pour faire crisser leurs ailes, pas d’oiseau pour chanter les louanges nocturnes et il n’y avait pas non plus le bruit continuel des courants d’air agitant les jeunes pousses des arbres. C’est comme si ce lieux pourtant si vivant était mort de l’intérieur. Une beauté évidente qui toutefois suffit à faire oublier à la petite chiraki que tout ces éléments étaient parfaitement anormaux. Si Calixte y voyait des arbres lugubres, tendant leurs racines dans sa direction, elle y voyait un véritable terrain de jeu. Elle était sur le point de s’élancer, les bras déjà en l’air que la voix du garçon l’interrompit.

    - C’est plus drôle de ne pas suivre les panneaux… marmonna-t-elle en revenant sur ses pas.

    Calixte avait toutefois raison, le trajet était plutôt bien balisé et aussi étrange que cela pouvait paraître Solveig arrivait à lire sans difficulté, elle qui, pourtant, n’avait jamais appris. Ou peut-être avait-elle appris, plus tard.. Mais qu’est-ce que plus tard lorsqu’on a tout juste huit ans ? Heureusement elle était bien loin de ce genre de questionnement et se contenta de lire ce qui était inscrit.

    - Entre du crépuscule, Lac sombre, Maison de Grasrid… Enonça-t-elle.

    - Maman…

    - Attends je lis ! Volière aux Messagerbou et pour finir Tour...


    - Maman ! S’écria plus fort la voix de Samoussa.

    - Quoi ?! Je t’ai dis que je… Oh… S’exclama-t-elle en faisant volteface. - Je vois… Eh bien, moi je vous propose une solution simple et efficace. La fuite. Et pour cause ; devant eux se dressait une multitude de créatures semblables à des araignées géantes mais dont le nom échappait à Solveig. - Courrez ! hurla-t-elle en prenant ses jambes à son cou. Le petit groupe à peine arrivé s’enfuit donc comme si la mort était à leurs trousses et c’était bel et bien le cas -dans leurs têtes en tout cas-. Sans regarder où ils allaient, Solveig bifurqua sur la gauche. Plus rapide que ses compagnons, elle s’attacha à attraper la première main qui lui vint et à l’obliger à forcer l’allure, un regard en en arrière lui fit prendre conscience qu’ils étaient toujours trop lent. Mais ni ses petites jambes, ni celles de ses compagnons - pas même celles de Samoussa qui remonta bien vite à sa hauteur, soulevant par la même occasion la trousse de cuir- ne parvinrent à les distancer et elle était presque certaine que Calixte ne tiendrait pas éternellement une course comme celle-ci.

    Il lui fallait faire des efforts drastiques pour repérer les obstacles qui jonchaient leur chemin et ils manquèrent tous de s’étaler, visage en premier, au moins une dizaine de fois. Les araignées se rapprochaient chaque fois un peu plus et bientôt ils purent entendre distinctement le cliquetis de leur mandibules juste au-dessus de leurs têtes. C’en était fini, elles les avaient rattrapés. Doublées même. Solveig freina des quatre fers lorsque l’un deux tomba lourdement devant elle, obligeant la tête du petit blondinet à rencontrer ses omoplates. Ses doigts se défirent de la senestre douloureusement chaude de son nouvel ami et elle se campa sur ses jambes, torse bombé, étalant tout le peu de courage dont elle était capable.

    - Repartez vers la porte, j’vais les ret’nir !  Annonça-t-elle, la voix un peu chevrotante et sans une once de crédibilité. Ignorant les protestations de Samoussa et les encouragements de la trousse de cuir, elle se projeta dans les airs, feulant comme un beau diable -un petit chaton en réalité- tout crocs et griffes dehors. L’impact ne tarderait pas, la créature l’attendait déjà le gosier grand ouvert. Mais alors qu’elle aurait dû disparaître dans le méandre de cliquetis et de mandibules, elle atterrit sur le sol en roulé boulé. L’animal s’évapora en volute de fumée et pluie de paillettes sombres.

    - Ah. Fut la seule chose qu’elle trouva à dire.  - C’est des faux ! Une fois remise sur ses pattes, elle accourut aux côtés de ses amis, toujours cernés. Elle s’avança d’un pas sûr vers la première araignée. A peine son doigt entra-t-il en contact avec la carapace qu’elle éclata en un nuage de poussière étoilée. - TADAM !
    Calixte Alkh'eirDamoiseau
    Calixte Alkh'eir
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    Re: Vice versa
    Ven 21 Jan - 7:01 #
    Au signal de Soly, Calixte avait pris ses jambes à son cou. S’il avait de prime abord observé les araignées avec curiosité, leur aspect peu amène avait rapidement fait croitre dans sa poitrine le désagréable sentiment de peur et, présentement, rien ne lui importait plus que de mettre de la distance entre lui et ces menaçantes créatures. Néanmoins, le blondinet n’avait jamais fait montre de capacités physiques exceptionnelles – ou simplement honnêtes – cela restait l’apanage de Prim, voire ses sœurs, ni d’une grande adresse dans le maniement de ses jambes. Aussi, non seulement n’avala-t-il que péniblement les mètres de forêt, mais en plus faillit-il bien se tordre les chevilles un certain nombre de fois. Il trébucha deux fois contre de grosses racines qui l’envoyèrent valser contre le tronc phosphorescent – et apparemment rembourré – de quelques arbres, et si l’occasion de fusionner s’était présentée, nul doute qu’il se serait instinctivement coulé dans tout ce qui devait se présenter à ses mains. Ce furent cependant les doigts de Soly qui trouvèrent les siens, le stabilisant dans sa course et l’entrainant plus efficacement après elle.

    Le sol jonché de divers obstacles entrava tout de même encore leur folle échappée mais, bien plus focalisé sur sa respiration devenant laborieuse et l’effroi grandissant au diapason des douleurs de plus en plus prégnantes dans les muscles de ses petites jambes, Calixte y resta globalement aveugle, se concentrant exclusivement sur la chaleur rassurante, encourageante, de la main de la mi-chiraki. Des bribes de souvenirs d’un autre temps émanaient de leurs doigts liés, caressant l’orée de sa conscience, réveillant la rumeur d’émois aussi vastes qu’indicibles au plus profond de sa chair. Menaçant de faire éclater son jeune cœur d’enfant sous la pression de complexes imbroglio d’adulte. Mais, peut-être, était-ce une autre réalité qui commençait à férocement réclamer sa place.

    - Elles arrivent ! s’exclama joyeusement Apo, et Soly freina soudainement comme, effectivement, le groupe d’arachnides les encerclait prestement.

    Le nez de Calixte s’écrasa entre les omoplates de la petite fille, et s’il se focalisa plus sur la contusion désagréable de celui-ci, une part de lui-même enregistra instinctivement le parfum familier, à la douceur réconfortante d’un feu de cheminée.

    - Quoi ? répondit-il bêtement, ne comprenant les directives de Soly qu’alors qu’elle s’élançait furieusement à la rencontre des terrifiantes créatures.
    - Vas-y chaton ! Montre-leur qui porte la culotte !

    Les yeux du blondinet s’agrandirent impossiblement d’horreur et de révérence à l’acte formidablement brave – et suicidaire – de la mi-chiraki, un écho de fierté emplissant son être, en contre-point d’une angoisse viscérale pour celle-ci. Non, même si sa petite tête l’avait voulu, son corps, perclus du spectre d’une réalité parallèle, n’aurait jamais pu sciemment choisir d’abandonner Soly face au danger. Rassemblant ses poings contre lui, il allait se jeter tête la première – et ce, très littéralement, utilisant celle-ci comme bélier – dans la mêlée qui submergerait inévitablement la petite fille, lorsque l’araignée qu’elle avait attaquée se dissipa dans un nuage de fumée et de paillettes.

    Il ne fallut pas tellement plus de temps pour que le trio se lança à l’assaut du reste du groupe d’arachnides, faisant jaillir volutes étoilées à travers toute la clairière phosphorescente dans une mélodie allègre. Même Apo, roulant joyeusement entre les racines, s’essaya à la chasse du tissenuit.

    - C’est quoi ? demanda Calixte, couvert de sombres paillettes, venant à la hauteur de Samoussa comme il récupérait une fiole lumineuse tombée de la dernière araignée qu’il avait touchée.

    Soly faisait leur sort à un dernier couple de créatures, les pourchassant dans une série d’exclamations félines peu distinguées, qui réveillaient chez le blondinet un sentiment de consternation ampoulée, mais aussi d’amusement et de tendresse.

    - Lumière d’Elen D’il, commenta Apo depuis l’épaule du grand qu’elle avait réinvesti, déchiffrant l’étiquette du flacon.

    Alors que ses mots finissaient de résonner dans la clairière vidée de ses tissenuits, la lueur de celui-ci s’accentua, et des empreintes en forme de flèche se mirent à luire alentour.

    - Pratique ! J’crois j’ai vu pareil pour détecter certains fluides d’importance relationnelle, chez un enchanteur spécialisé en magie gonadique, déclara pensivement la trousse de cuir.

    Comme ils n’avaient pas tellement mieux à faire, et que les jambes de Calixte commençaient à leur faire savoir leur mécontentement à autant d’action concentrée, ils suivirent sagement les indications lumineuses révélées. Ils traversèrent ainsi de nouvelles clairières, apercevant sur l’horizon enténébré quelques créatures phosphorescentes et même une étrange maison cerclée de citrouilles – mais à laquelle ils ne s’arrêtèrent guère en raison de la fatigue croissante du blondinet – avant d’arriver sur une esplanade au sol couvert de jolies arabesques. En son centre attendait une vielle botte usagée de laquelle ils s’approchèrent.

    - Bonjour, bonjour ! s’exclama-t-elle d’une voix guillerette alors qu’ils n’étaient plus qu’à un couple de pas. Je suis madame Porto Loin, pour vous ramener à l’entrée du Domaine des enfants de monsieur Montdessouris. Si vous voulez encore profiter de l’expérience, dites « expérience », si vous voulez rentrer chez vous, dites « rentrer », et pour être mis en communication avec un employé de ce lieu enchanté – et formidable ! revenez pour nos animations printanières et nos promotions « deux enfants, un gratuit » – parce que vous ne savez pas quoi faire, dites « j’ai pas compris » ou « je sais pas » ou pleurez un coup ! Je vous écoute.
    - Hum, fit Calixte en clignant des yeux.
    - Je n’vous ai pas compris, je vous rappelle : je suis madame Porto Loin, pour vous ramener à l’entrée du Domaine des enfants de monsieur Montdessouris… reprit la vieille botte, renchainant sur son laïus explicatif.

    L’ambre trouva le regard vairon avec interrogation. Calixte était fatigué, fourbu, et quelque chose, au plus profond de lui-même, réclamait une souveraineté passant par un retour à la case départ. Néanmoins, une part certaine de lui-même redoutait la fin de cette expérience. Nul doute signifiait-elle des retrouvailles difficiles avec ses nourrices et sa famille, et des adieux sans équivoque avec Soly et Samoussa. Et il y avait, à cette pensée, une tristesse infiniment terrifiante qui le saisissait implacablement. Se mordant la lèvre, le blondinet attrapa d’une main celle de la mi-chiraki, et de l’autre celle du grand.

    - On se reverra, hein ? Vous m’oublierez pas ?

    Lui, si Lucy le voulait bien, ne les oublierait pas. D’une manière qu’il ne saisissait guère, leur empreinte était profondément ancrée dans son âme, et s’il ne pourrait certainement pas revoir ses nouveaux amis rapidement en raison de l’inflexible carcan d’obligations familiales, il faisait le vœu de les retrouver dès qu’il serait autonome de ses mouvements. Oui, quand il serait adulte, il serait libre de fréquenter qui il voudrait, et de se rappeler à Soly comme Samoussa. Peut-être ne se souviendraient-ils guère de lui, mais cela ne rendrait pas leurs retrouvailles moins agréables, il en était convaincu, d’une certitude impossiblement viscérale, absolue et absurde.

    - Rentrer, déclara-t-il à madame Porto Loin.
    - Vous avez dit « rentrer », vous serez donc ramenés à l’entrée du Domaine. Toute affaire, tout objet, récupéré dans le Domaine vous sera retiré sur le transfert – même si vous ne serez pas nettoyés ahah – mais n’hésitez pas à passer par notre boutique souvenir avant de repartir définitivement avec vos parents – bonbons, kits de peinture, figurines et autres trésors vous attendent à petits prix ! Etes-vous prêts pour le transfert ? Si vous êtes prêts, dites « prêt », sinon, dites « attendez », et pour être mis en communication avec un employé de ce lieu enchanté – et formidable ! revenez pour nos animations printanières et nos promotions « deux enfants, un gratuit » – parce que vous ne savez pas quoi faire, dites « j’ai pas compris » ou « je sais pas » ou pleurez un coup ! Je vous écoute.
    - Prêts.
    - Vous avez dit « prêt », c’est parti !

    L’univers disparut, et le vide engloutit Calixte. Dans les ténèbres absolues, sa conscience perdit pied, s’absenta un couple de secondes ou de minutes, et lorsqu’il rouvrit les yeux un toit de toile relativement familier lui faisait face. Sous son corps fourbu, ses muscles le lançant comme s’ils avaient trop vite été étirés, un parterre moelleux de coussins formait une couche à sa sieste improvisée, et il se demanda, un moment confus, s’ils avaient fait une pause dans l’un des recoins du cirque. Néanmoins, des souvenirs imprécis, teintés d’une innocence qui s’était définitivement évaporée, lui revinrent peu à peu et il chercha du regard Solveig et Samaël. Leurs silhouettes peinturées étendues à côté de la sienne se réveillaient elles aussi doucement et, s’asseyant avec précaution, il balaya d’un doigt pailleté mèches sombres et claires des fronts encore ensommeillés. Son regard s’avivant davantage à mesure du passage du temps, il remarqua qu’ils étaient revenus dans la pièce où ils avaient rencontré plus tôt monsieur Montdessouris, et qu’une note à leur adresse avait été laissée non loin.


    « Samaël, madame, monsieur, & co,
    Nous espérons que vous avez apprécié cet échantillon gratuit du Domaine des enfants, et attendons votre retour avec impatience pour davantage d’activités. Ci-joint un coupon de réduction valable pour six lunes sur l’entièreté du Domaine, pour les cirques localisés à la Capitale, la Forteresse et la Ville Aquatique.
    Au plaisir de vous revoir parmi nous,

    L’équipe du Domaine des enfants

    N.b. : n’hésitez pas à nous laisser votre avis sur AryonAdvisor et de diffuser autour de vous nos flyers si vous avez apprécié l’expérience !
    »
    Solveig P. PrêthLa Garde
    Solveig P. Prêth
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    Re: Vice versa
    Jeu 27 Jan - 15:20 #
    - Je ne t’oublierais pas ! Avait scandé Solveig en prenant la petite main de Calixte dans la sienne. - Ni toi, ni toi ! Avait-elle poursuivi en désignant tour à tour ses compagnons de galère. - Quand on rentrera, je viendrais tous vous rendre visite ! Prom-... Sa voix se perdit dans le trou noir qui l’aspira. Elle se fit balloter à droite à gauche, comme une poupée de chiffon. Bientôt elle perdit presque conscience de son propre corps mais dans le néant son rire perdurait, enfantin, se tintant bientôt de sonorité plus mature avant de s’éteindre. Il lui sembla, au loin, entendre la voix de Samoussa mais quelque chose l’attirait ailleurs et elle sombra.

    “C’est lourd”, songea Solveig alors que quelque chose comprimait sa poitrine. Son corps était perclus de courbatures digne d’une bonne séance d'entraînement. Elle gigota légèrement pour essayer de retirer cette masse si désagréable et étira légèrement ses membres. “Une bonne douleur !” sur son visage, un air niais prenait place. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas aussi bien dormi et si ce qui lui écrasait ardemment le poitrail ne s’était pas mit à la secouer comme un prunier, elle serait repartie au pays des rêves. Malheureusement il en était tout autre et bientôt, en plus de se voir balloter dans tous les sens, une voix aigu et criarde scandait son nom.

    - Maman, maman, mamaaaaaaaaaaaan !
    - Laisse-moi dormir, je faisais un rêve sympa. Râla-t-elle en tentant de se retourner.
    - MAMAN !
    - Quooooooi ?

    Elle daigna enfin lever la tête pour admirer le visage de son fils, à la limite de se mettre à pleurer. Accusant un moment d’étonnement, elle enroula ses bras autour de lui et le serra doucement. - Qu’est-ce qu’il y… Oh. Son regard se posa tout autour d’eux et bientôt elle se souvint de l’endroit où ils étaient entrés. Le Domaine des enfants. Elle remarqua également la présence de Calixte, la main encore tendue et dont elle s’amusa à baiser le bout des doigts avant de prendre conscience de la note qu’elle lu en diagonale. - Quel roublard… murmura-t-elle en souriant. Ses lèvres se posèrent instinctivement sur le front de Samaël avant de se relever. Ce dernier restait accroché à sa jambe comme si elle pouvait soudainement disparaître comme elle était venu.

    - On rentre ? Demanda-t-elle à Calixte tout en lui tendant affectueusement la main. Lorsqu’il fut debout, elle enlaça sa taille et frotta doucement son nez contre le sien. - Je t’avais dis que je t’oublierais pas. Et elle l’embrassa doucement.
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    Re: Vice versa
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