Une promenade en forêt, cela fait toujours plaisir. Encore plus quand on est payé pour ça… Et puis, ça change de vos habituelles quêtes mortelles… Ce sont presque des vacances que de devoir parcourir la forêt pour une patrouille de routine commandée par la couronne. Votre objectif est on ne peut plus simple, repérer les troupeaux de monstres nécessitant une régulation pour éviter une surpopulation locale.
Mais ce n’est pas sans compter sur une petite troupe des autoproclamés “Vauriens de la Forêt”... Dôtés de multiples talents, ces petits coquins vous surveillent et s’amusent. Cris d’animaux, illusions ne sont qu’un petit bout de l’arsenal à leur disposition pour vous mener la vie dure. A vous de réussir à faire le tri entre la vérité et l’illusion.
Participants : Ain L. Sunrick & Zeny Astley
Challenge RP : Vos posts devront être écrits selon le point de vue d’un animal de la forêt
Cependant c’était un autre détail qui avait attiré son attention et l’avait poussé à suivre le groupe, caché dans le feuillage de la grande forêt : il y avait un autre chantelune. Un petit oiseau de la même espèce que lui… Il piaillait sur la tête du cheval, complètement inconscient du danger que représentait les humains… pire encore, il semblait papoter avec eux comme si tout était naturel.
L’animal sauvage était donc intrigué par cet étrange groupe et avait décidé de les suivre depuis qu’ils avaient mis les pieds dans la forêt quelque temps plus tôt.
Jusqu’à présent, ils n’avaient fait que marcher et si l’homme qui était à pied semblait plus bavard, celui à cheval ne lui répondait que par de brève phrases, semblant ennuyé de se trouver à ses côtés…
Aujourd’hui, pour servir ma Reine, le Sergent-Chef Lindogon Vul Malmaria m’a envoyé en mission de reconnaissance pour les réserves à venir : j’ai été sommé d’aller aux confins des Grands Bois Divins pour y repérer des denrées rares que nous autres Vermurailles ne trouvons qu’à la lisière des Plaines Soufflantes. Que ce soit des champignons rares, des céréales, des fruits ou autre chose… Qu’importe ! Je dois trouver des pousses de denrées rares pour rendre Sa Majesté heureuse, mais aussi m’assurer que nos terres ne sont pas violées par de honteux intrus désireux de saccager notre beau paysage ou de mettre à mal notre société prospère.
C’est donc sans hésitations que j’ai foncé jusqu’aux lieux indiqués. Là, je commence ma recherche délicate : les branches que nous autres Vermurailles utilisons habituellement sont chargés de nids d’oiseaux en tous genres ; et les Hautes Branches nous sont interdites d’accès en raison de leur dimension sacrée et des terribles conséquences qu’apporterait sur tous le fait qu’un fier écureuil de Vermuraille, conscient des Paroles Divines, ose posé la patte sur ces merveilles. De ce fait, mon exploration se fait difficilement et m’amène même à fouler le sol même, malgré ma répugnance pour lui qui est utilisé chaque jour par les Très-Grands.
En parlant de Très-Grands, quel n’est pas mon effarement lorsque je réalise que les bruits que je perçois au loin sont en vérité de la musique jouée par un Très-Grand à pied, à une Très-Grande à cheval. Elle ressemble aux mâles de leur espèce, mais mes naseaux ne s’y trompent pas : son odeur est bien celle de leurs femelles. En un instant, je grimpe à nouveau dans les branches autorisées, et observe de loin leur manège…
Le mâle semble essayer de lancer un sort, à la manière de nos chamans… Il psalmodie une sorte de chant magique qui, à son effet agréable sur moi qui déteste pourtant les Très-Grands, me confirme que ce mâle est un sorcier démoniaque qui tente d’attirer à lui les créatures des Grands Bois Divins. La femelle, elle, est calme et ne dit rien. Si elle n’avait pas eu cette aura terrifiante, j’aurais pu penser qu’elle était piégée dans son sort. Mais la vérité est toute autre : elle est à l’affut, prête à bondir sur les bêtes créatures qui oseraient s’approcher d’eux. C’est une meurtrière sanguinaire, je le sens dans mes bajoues !
Soudain, le sort s’arrête. Le mâle a tourné la tête vers la femelle et semble lui parler… Je suis trop loin, il faut que je m’approche. Le danger qu’ils représentent est trop grand, je DOIS récolter des informations. Ma mission peut attendre. Je fonce dans leur direction, saute d’arbre en arbre, m’agrippe aux branches et virevolte dans les airs pour finalement arriver suffisamment près pour entendre distinctement les paroles du mâle :
« …sir de te revoir, quand même ! T’es bigrement silencieuse, mais franchement efficace en mission, baby. Aujourd’hui on remet ça, mais t’en fais pas, je me suis amélioré comparé à la dernière fois. Pas question de te laisser être blessée, avec moi tu vas briller de milles feux, OH YEAH ! »
Finalement le premier homme cessa sa psalmodie de bipède pour s’adresser au second. Très curieux face à cet étrange groupe, le petit oiseau vole de branches en branches, cachées dans les feuillages pour s’approcher et épier cette conversation. Mais à son grand regret, aucune réponse ne vint de l’humain à cheval. Il se contenta d’hausser les épaules et talonna sa monture pour prendre un peu d’avance.
Le petit chantelune sur la tête de l’équidé était, lui, bien plus bavard. Il avait une magnifique petite voix et s’envola pour se poser sur l’épaule de l’aventurier à pied… mais ce dernier ne semblait visiblement pas le comprendre, comment pouvait-il parler le langage du chantelune après tout ? Il devait être suffisamment reconnaissant pour pouvoir écouter ce magnifique petit chant de si près…
- Hé toi ! Merci de t’occuper de maman ! Elle parle pas beaucoup mais elle est très gentille ! Toi tu es gentil aussi non ? Sinon maman t’aurais coupé en deux !
Puis il piailla, content de sa plaisanterie qui n’en était pas vraiment une. Le petit oiseau sauvage avait tout entendu et avait encore moins envie de s’approcher du groupe : si la femme -vu qu’apparamment il s’agissait d’une femelle- était capable de découper l’un de ses semblables, que pourrait-elle faire à une pauvre petite proie comme lui… Sautillant pour se rapprocher du tronc de l’arbre et se cacher dans le feuillage, l’animal sauvage devait se montrer prudent… Mais si elle osait faire du mal au petit à plume, il serait prêt à bondir pour sauver son semblable !
Puis je remarque enfin un détail qui pourrait jouer en ma faveur. Là, de la tête du cheval à l’épaule du Très Grand mâle, un Ailé s’est déplacé et a détourné l’attention sans failles des Très Grands. Je ne connais pas bien les noms des races des Ailés – ils ne m’intéressent pas, et certainement pas parce que j’en ai peur – mais il me semble que celui-ci est appelé un Moino. Ou peut-être un Poulé ? Je ne sais plus, je connais trop mal ces êtres qui, eux-aussi, défient le Grand Bois Divin en osant virevolter jusque dans les plus hautes sphères de la cime des bois… Hérétiques !!
Bref. Toujours est-il que ce petit être virevolte jusqu’au mâle, qui rigole en l’entendant gazouiller dans un dialecte qui m’échappe, et qui lui répond :
« Haha, t’es rigolo p’tit gars ! J’ai aucune idée de ce que tu me raconte mais t’es une mignonne p’tite bête ! »
Puis il se tourne vers la femelle et lui lance :
« Elle est mignonne ta bestiole, c’est quoi ? Et son nom, dis ? »
C’est à moment que je comprends que ma chance tourne, et qu’il est temps pour moi d’agir. Je ne suis qu’un débutant, comparé à nos chamans qui eux savent voir des mondes différents du notre rien qu’en respirant les effluves de certaines plantes brûlées, et qui ont la capacité de parler avec les Dieux et les Esprits. Je ne suis qu’un débutant, oui, mais je connais quelques tours de Mana – ce que les Très Grands appellent la « Magie » – qui pourraient m’aider à alerter mes camarades au travers des cris de ces fichus Très Grands.
À toute vitesse, je descends vers le sol, mais saute en l’air vers un rocher non loin de l’arbre où je me tenais pour y prendre position et faire ce qui doit être fait pour protéger mon peuple et ses Terres. Je me dresse sur mes pattes arrière, j’écarte les pattes en l’air et je ferme alors les yeux, me concentrant sur une image dans ma tête. J’entends vaguement le mâle dire quelque chose comme « En tout cas, ça me fait plaisir de te retrouver, tu sais ! C’est pas tous les jours qu’on a l’occasion de parler avec quelqu’un qui… Enfin parler avec, c’est un bien grand mot n’est-ce pas ! »
Des termes vagues et gutturaux sortent alors de ma bouche, des bruits sourds et puissants, d’une profondeur et d’une gravité rare pour moi, Berlipon Ker Pamilion, qui ait pourtant une voix normale pour les autres membres de ma tribu. J’entends encore une fois le Très Grand parler, et m’insulter :
« Qu’est-ce que c’est que ce bruit strident ? Tu entends ça ? »
Alors enfin, je relâche l’illusion que je fomente dans mon esprit. Je donne tout ce que j’ai pour faire apparaître un grand loup qui sort des buissons et se jette sur eux, visant en priorité le mâle. Je ne sais pas s’il est dangereux, mais il sera au moins traumatisé et sera out pour la suite. La femelle sera déjà suffisamment difficile à avoir, il ne faut pas qu’il puisse lui prêter main forte !
Le mâle pousse un grand cri aigu et je le vois se recroqueviller au sol, les bras sur la tête, tandis que mon illusion passe en grognant bien au-dessus de sa tête, et se réceptionne sur ses pattes juste derrière eux, prête à leur bondir à nouveau dessus. Seulement, je perds ma concentration. Ces choses-là, manipuler la Mana, ce n’est pas du tout ce à quoi je suis entraîné et habitué. Je ne pourrais pas refaire le même tour trop de fois de suite… Il me faut absolument de l’aide.
Les deux humanoïdes ne semblent pas vouloir s'en prendre au petit volant. Tant mieux... caché dans les branches des arbres, le chantelune continuait d'observer en silence... Il oscillait entre méfiante et curiosité, il avait envie de s'approcher pour en savoir plus, questionner son frère de plumes pour lui demander comment en est-il arrivé là mais ses petites pattes étaient fermement accrochées à sa branche et il avait encore les ailes tremblantes à l'idée de redescendre vers eux...
- Elle est mignonne ta bestiole, c’est quoi ? Et son nom, dis ?
Il tendit l'oreille. Qu'est-ce que c'était qu'un nom ? Il parlait bien du petit chantelune ? Il observa la femme sur son cheval, peu locace, qui répondit simplement :
- Vif.
Un mouvement de branche du coin de l'oeil, le petit oiseau sauvage se figea et tourna la tête vers l'origine pour voir une petite créature poilue sortir d'un buisson, toutes pattes dehors bondir sur un rocher non loin... S'il pouvait soupirer de son bec il l'aurait fait, ce n'était encore que l'un de ses habitants de la forêt...
- En tout cas, ça me fait plaisir de te retrouver, tu sais ! C’est pas tous les jours qu’on a l’occasion de parler avec quelqu’un qui… Enfin parler avec, c’est un bien grand mot n’est-ce pas !
- Oui oui oui ! C'est bien du plaisir ! Vif adore parler aussi avec toi, tu comprends Vif toi aussi n'est-ce pas ?
Si l'homme était bien bavard, le chantelune aussi, ce n'était pas le cas de la femme. Est-ce qu'elle comprenait également les paroles du petit Vif ? En tout cas l'homme n'avait pas l'air d'entendre autre chose que les piaillements mélodieux de son espèce. Bien que son chant n'avait rien de comparable aux vrais habitants de la forêt, le petit observateur ne pouvait nier que l'oiseau avait un petit piaillement des plus plaisants.
Puis un autre bruit fait surface, un horrible bruit puissant et effrayant. Le petit chantelune panique en battant des ailes, regardant partout autour de lui où est le prédateur à l'origine et aperçoit le loup qui sort des buissons pour se jeter sur les voyageurs.
- Attention!!!
C'est un petit piaillement à peine audible qui sort du bec de l'animal, quelques mètres au dessus de la scène. Seulement personne ne fit attention à lui, un simple petit oiseau dans une forêt remplie de ses semblables... Au moins il avait la bonne place pour observer la scène :
Le cheval effrayé et surpris, cabra en arrière mais ne parvint pas à désarçonner sa cavalière, le petit chantelune hurla d'effroie et allant de cacher derrière elle. A côté, l'homme poussa un cri aigüe et se recroquevilla pendant que le loup lui passa au dessus de la tête, il eu de la chance. La femme talonna sa monture pour reprendre le contrôle et ressera les rennes, la main sur son épée elle était déjà prête à dégainer pour se retourner vers le prédateur. Seulement celui ci disparu aussi rapidement qu'il était arriver... Est-ce possible ?
La femme avait l'air aussi surpris que le petit observateur et garda son geste en attente, la main sur son fourreau.
- Qu'est-ce que ?
Elle toisa d'un regard noir toute la forêt et le petit chantelune retourna se cacher dans les branches. La femme était effrayante, comme l'un de ses semblables pouvait-il rester avec elle ? Pire encore, retourner la caliner comme il le faisait...
Mais là n’est pas le sujet, pour le moment. J’ai face à moi deux intrus que je dois faire déguerpir, et je suis seul. Sans compter que, pour le moment, je ne suis pas vraiment en bonne position. Mon instinct me crie de ne pas me mouvoir d’un poil tant cette femelle exsude la noirceur et l’envie meurtrière. De plus, ils sont accompagnés de cet hérétique Ailé, qui pourrait très bien les prévenir de ma présence. Nous autres sommes des proies pour la plupart des Ailés, aussi devons-nous vivre cachés de leurs yeux perçants.
Alors que je cherche une échappatoire des yeux sans faire le moindre mouvement, le mâle se redresse et souffle fort.
« Pfiou… Y’a des p’tits malins qui veulent nous faire peur, c’est ça ?! Z’êtes où, montrez vous ! »
Je ne bouge toujours pas. Je suis tétanisé, et piégé. Je sens que je n’ai aucune chance de m’en sortir. Le mâle se tourne vers la femelle terrifiante.
« C’est qu’une illusion… ça m’a donné le même sentiment qu’avec cette foutue gamine au Grand Port… Soyons prudents, l’amie, mais continuons d’avancer. On a une mission à remplir. »
Par toutes les Hautes Branches ! Ils sont bel et bien ici pour une raison, ce ne sont pas de simples voyageurs ! Je dois absolument demander des renforts, je ne peux pas lutter seul… Prenant alors mon courage à deux pattes, moi, Berlipon Ker Pamilion, me dirige en courant à toute allure vers l’arbre le plus proche et grimpe dessus en hurlant :
« ALERTE, ALERTE, INTRUSIONS DE TRES-GRANDS DANS LES GRANDS BOIS DIVINS, INTRUSIONS DE TRES-GRANDS DANS LES GRANDS BOIS DIVINS !! A MOI VERMURAILLE, ALERTE !! »
J’entends vaguement, derrière moi, le mâle dire quelque chose qui ressemble à ça :
« Tiens, un écureuil… L’illusion du loup a dû lui ficher la frousse, pauvre petiot… Cours, mon gars, va te mettre à l’abri ! »
Je ne saisis pas s’il se moque de moi ou s’il est sérieusement convaincu que ma propre illusion m’a terrifié, mais je ne cherche pas à le savoir. Alors qu’ils reprennent leur route, je fonce d’arbre en arbre vers notre glorieuse cité, espérant croiser en chemin d’autres gardes en patrouille… Après plusieurs secondes qui me semblent une éternité, je finis par arriver à proximité d'un petit groupe de 4 de mes semblables: deux guerriers et deux shamans. À bout de souffle, je réussis malgré tout à leur expliquer la situation. Leurs regards se durcissent, leurs traits se figent, et le premier shaman me tapote l'épaule:
« Repose-toi quelques secondes mon frère, ensuite, nous irons. Guide-nous à eux, et nous ferons tout notre possible pour faire fuir ces odieux intrus. Merlipolete, » dit-il en se tournant vers l'un des guerriers. « Fonce à la cité, et préviens tout le monde. Nous aurons peut-être besoin de renforts... »
A part un petit écureuil qui décampa en vitesse et trois autres qui se ramenèrent curieux, le voyage des deux compagnons ne rencontra pas d'autre péripéties. L'homme continuait à chanter et papoter, la femme muette comme une pierre de mousse. Le petit chantelune domestique lui avait l'air de bien se porter, il bavardait avec l'homme et racontait des bêtises.. mais qu'importe.
Finalement, fatigué de les surveiller, le petit oiseau sauvage commença à s'endormir, perché sur sa branche dans la cime des arbres... Et lorsqu'il rouvrit les yeux, les deux aventuriers étaient déjà loin dans la forêt.