La dernière fois qu’Aslander et moi nous nous étions retrouvés sur de la flotte, ça s’était mal passé. Même s’il ne s’agissait que d’un rêve suite à la consommation d’une pastille, je me souviens encore de cette chose qui s’en était prise à nous. Se réveiller en sursaut parce qu’un tentacule t’aspire dans les profondeurs de l’eau, ça n’a rien de plaisant. Et là, c’est l’est encore moins puisqu’il ne s’agit pas d’un rêve.

Pour faire bien les choses, Aslander avait décidé de faire cette rencontre sur un navire de plaisance. Évidemment, j’en ai parlé un moment avec Devon, lui glissant un mot sur l’entreprise de cet homme sans jamais lui mentionner qui il était réellement. Il n’a pas à savoir que l’homme avec qui je souhaitais discuter est la dernière personne à m’avoir payé pour une formation utile, mais qui aurait impliqué des actes illégaux. Enfin, je m’étais donc préparé pour le temps que nous devions y passer, amenant avec moi, maillot de bain, chapeau de paille et vêtement de rechange. Mes améliorations de pouvoir sont équipées ainsi que tout objet magique puisqu’on n’est jamais sûr de rien.  

Le voyage ne fut pas bien long. Heureusement que je m’étais procuré un passe de téléportation! Je me dirige aussitôt sur les quais, sans armure, une tenue propre et assez féminine pour l’occasion. Nous sommes là pour parler affaires après tout. Aslander est déjà présent et semblait attendre ma venue avant d’y monter. Je m’empresse donc, tenant mon chapeau d’une main, de m’avancer vers ce dernier d’un pas rapide, mais léger et m’arrête à ses côtés.

« Bonjour, Aslander. En effet, il m’a fallu que très peu de temps pour venir jusqu’ici. Ça ne fait pas longtemps que je suis en possession de mon passe, alors ça me sauve des pas. » et bien du danger aussi.

Nous pourrions profiter un peu, boire un verre de vin et s’asseoir comme deux professionnels, mais non! Rien de tout cela ne nous est possible. Déjà, je ne suis pas du tout à l’aise une fois sur le navire. J’ai déjà vomi par le passer à cause du mal de mer. Deuxièmement, mon anxiété apparait aussitôt que nous mettons les voiles et même si mon partenaire tente de me calmer, je ne peux imaginer que le pire. Troisièmement, le pire allait arriver puisqu’une jeune femme nous envoya tous les deux dans l’eau. Lorsque je vole dans les airs en poussant un cri à la fois apeuré, je ne peux que penser à ceux qui m’attendent à la maison. Je me débats comme je peux, alors que fatigue me prend et avant que je ne sombre sous l’eau, je n’ai qu’une simple pensé; je déteste l’eau.

Étrangement, je reprends conscience plus tard, mais cela me prend quelques instants pour réaliser que je suis toujours sous l’eau. Mon corps se raidit alors que je souhaite me débattre. Mes mains se portent à mon cou comme si j’avais peur de respirer et pourtant, je n’étais pas morte et je respirais toujours. J’entends la voix d’Aslander qui m’appelle alors que des créatures passent rapidement non loin de nous. Je ne saurais dire de ce qu’il s’agit, mais dans tous les cas il y a de créature. Une créature ressemblant à une raie, donc le dos était grisâtre et qui possédait des cornes à sa mâchoire passa tout prêt de moi. Je m’en éloigne aussitôt en poussant un petit cri de peur comme ferait une femme à la vue d’une sourie et pourtant, vu la façon dont il nageait, il donnait surtout l’impression de voler comme un papillon. Enfin, ce que je ne savais pas c’est qu’il s’agissait de sinoparus.

« Qu’est-ce qui se passe? Pourquoi sommes-nous ainsi? » que je dis quand même inquiète. « Il faut remonter et vite! »

Qu’importe que cette bulle soit magique et que le fait que  nous ne soyons pas morts relève du miracle, mais rien ni personne ne me fera changer d’avis; l’océan c’est moche. Évidemment, j’essaie de sauter dans ma bulle et celle-ci ne semble pas vouloir monter. C’est comme si la gravité était toujours présente ici…

« Je savais que je n’aurais pas du monté sur ce navire. Chaque fois qu’un navire est impliqué tout tourne mal. Devon a eu deux naufrages! Dans notre rêve, je me suis fait attirée dans les profondeurs par quelque chose. T’imagine si ça arrive de nouveau? C’est un endroit horrible! »

Alors que je panique de mon côté, Aslander ne semble pas du tout affecté par notre situation actuelle. Au contraire, il semble plutôt apaisé ou je ne sais quoi, mais dans tous les cas, il souhaite que je me calme apportant des points des plus pertinents. Il est vrai que je ne connais pas la capacité de cette drôle de bulle qui nous entoure. Qui, comment, pourquoi? Ce sont des questions qui me tourmentent. Est-ce la capacité d’une créature dont nous ignorons la présence ou est-ce lié au pouvoir de la jeune fille?

Enfin, je finis par arrêter de m’agiter dans tous les sens puisque selon ses dires je ne suis pas en danger immédiat, mais je pourrais bien en être la cause si je continue ainsi. J’attrape alors mes avant-bras devant mon ventre et sans ménagement, je serre ces derniers assez fortement pour m’en laisser des traces. Même si la douleur est présente, elle me permet de me concentrer sur autre chose.

« J’imagine que tes connaissances pourront nous aider à sortir d’ici, ou du moins nous trouver une façon de remonter… Parce que je dirais que le fond de l’océan n’est pas du tout mon domaine de prédilection ni ma tasse de thé.»

À ce moment un petit banc de je ne sais quoi, s’approche de nous et par réflexe de je baisse la tête. Il s’agit d’une petite créature dont le corps est translucide laissant apparaître une petite boule ronde au niveau de sa tête dorée ou brune ainsi qu’une boule rouge plus ovale au niveau de son torse. Son corps est fin avec deux nageoires qui donnent l’impression qu’elle possède des ailes. Les petites créatures** nous tournent autour encore un instant, avant de s’éloigner de nous comme si nous n’avions jamais été là.

« C’était quoi ça?! » demandai-je, alors que je marche un peu plus loin suivi par la bulle qui m’entoure en regardant par la même occasion le petit machin topus qui est sensé être inoffensif. Je plisse les yeux avec une drôle d’envie de vouloir frapper dedans à grand coup de pied, mais je ne fais rien. Puis de toute façon ma bulle ne me le permettrait pas. Ici je suis complètement impuissante, sans pouvoir et surtout si cette bulle magique perce, je n’ai plus rien pour me permettre de respirer… quoi que…

« Ah! Mais! » m’exclamai-je soudainement. « J’ai reçu en cadeau une bulle d’oxygène. J’crois que ça pourrait mettre utile si jamais… et ma transformation pourrait peut-être aider, mais j’crois qu’on est trop profond pour que ça fonctionne. On m’a dit que ça ne protégeait pas de la pression de l’eau. »

** Amagurione

Il est vrai que la mer et l’océan sont bien plus son domaine que le mien et comme il m’a fait confiance, je devrai faire de même avec lui et il n’hésite pas à me le faire savoir en riant. C’est vrai que je suis plutôt bête en cet instant, mais il y une chose qui nous différencie les deux. Contrairement à lui, même si l’endroit m’est complètement inconnu, j’ai peur de cette surface d’eau. J’ai peur de ce qui s’y cache. Et si je ne réussissais jamais à remontrer et si ma bulle magique explosait? Je vais mourir tout simplement et certainement pas de la plus agréable des façons. Lui, il n’avait pas peur, parce que même si on ne connait pas la forêt, être un bon combattant peut nous sauver. Il n’y a pas une force extérieure qui peut se déchaîner sans rien dire et nous balayer de la surface de ce monde en un instant.

Enfin, je ne partage définitivement pas sa bonne humeur et me contente de serrer davantage mes bras avant qu’un banc de je ne sais trop quoi décide de nous entourer. Selon les dires de ce dernier, nous ne sommes pas en danger et que ces petites choses sont utilisées en cuisine.

« Je me doutais qu’il était peut-être mieux de ne pas en sortir…on doit être vraiment loin de la surface. D’ailleurs, ça me surprend que l’on voie autour de nous… Ça doit être dû à la bulle magique, j’imagine. »

Je regarde cette dernière un moment tentant de la toucher. Enfin, marcher dans les fonds marins avec cette dernière ne semble pas l’abîmer au point qu’elle ne perce, alors je ne pense pas que la toucher la fera éclater même si je ne souhaite pas m’y risquer, mais je pense qu’il faudrait un plus grand choc pour que cela arrive. Enfin, Aslander semble avoir une boussole avec lui alors, j’imagine qu’il pourra nous aider au moins à retrouver la direction de la côte, mais nous en aurons pour combien de temps?

« Tu as des trucs à manger dans tes sacs? Juste en prévention… »

Je me connais lorsque j’ai faim et j’ai l’impression que quelque chose en moi s’agite, m’irritant au plus haut point tout en me donnant l’impression de perdre le contrôle. J’espère simplement qu’on en arrivera pas là…

« Enfin, je te laisse nous guider… »

Depuis combien de temps marchions-nous? Enfin, dans tous les cas, nous semblons nous rapprocher d’un fond marin un peu plus rocheux où de nombreuses algues y sont attachées. Bon, il y en avait déjà, mais celle-ci semble différente.

« BOUHWOUAWOUAWOUA! »

Je sursaute sur place et me tourne dans tous les sens en regardant vers mon compagnon un moment.

« Qu’est-ce qui a fait ça? »

Une ombre passe au-dessus de nous et évidemment, je lève la tête pour remarquer la forme allongée du grand poisson rouge qui semble nous surveiller. Il semble posséder de nombreuses nageoires de chaque côté de son corps, dont une dorsale. Enfin, ce qui est le plus étrange c’est son cri…ou son rire? Enfin, je ne sais pas dire… Mais dans tous les cas, il ne semble pas heureux que nous nous trouvions là.

J’espère que cette expédition sous l’océan n’aura pas refroidi ce dernier en ce qui me concerne. Je suis sûre qu’il sait ce pour quoi j’ai demandé à lui parler. Enfin, heureusement que je lui ai montré ce que je savais faire là-haut et surtout en forêt. Que je n’avais pas froid aux yeux et l’aider à mettre en avant son plan de faire disparaître les membres de l’équipage de son « ami ». Parce que bon, je ne suis pas complètement dupe, mais j’ai quand même des doutes. Enfin, je ne vais pas le confronter ni chercher à connaître la vérité. Tout ce que je sais, c’est que nous sommes tous les deux de nouvelles personnes. Pour ma part, je ne cherche plus à commettre quoi que ce soit d’illégal; pour ma famille, pour mon fils et aussi parce que je n’en ressens plus la nécessité. Je n’ai plus besoin des ces cristaux faciles. Pour Aslander, je ne serais dire,  mais ça ne me concerne pas. Je fermerai les yeux.

Enfin, j’ai surtout l’impression d’être une enfant qui a besoin de soutien actuellement. Il prend le temps de tout m’expliquer et pense même à rassurer lorsque le besoin se présente. Sauf que je ne suis pas totalement à mon aise et un rien me fait réagir. Dans tous les cas, nous avions continué notre avancé jusqu’à tomber sur un requin soulard qui ne semblait pas du tout apprécié de nous voir approcher de son garde-manger. Certainement prêt à en découdre avec nous, Aslander préfère prendre un chemin qui nous en éloigne. On ne veut pas risquer de mourir sous l’eau.

Je suis ce dernier sans poser de question et j’observe tout autour de moi. Il y a de nombreux petits poissons dans les eaux et lorsque nous nous approchons d’eux, ils prennent aussitôt la fuite. Certain se cachant derrière des rochers alors que d’autre trouve refuge dans les algues.

Il me pointe alors une direction tout en m’expliquant que nous nous approchons certainement des côtes puisqu’il y avait là des léviarans. Une créature reptilienne et écailleuse qui appréciait bien l’eau et qui se tenait toujours en bande. Elle ne supportait pas les longues expositions au soleil et sortait surtout lorsqu’il faisait nuageux et pluvieux. Ils ne sont normalement pas dangereux.

« Tout ce que j’espère c’est qu’il ne nous faut pas grimper… »

À ce même moment, la faune qui nous entoure semble s’agiter autour de nuit, cherchant tous à fuir dans une direction opposée à où nous nous trouvions. Le son de bulle s’approche finalement de nous. Cela veut donc dire que quelque chose vient… Est-ce un gros prédateur pour faire fuir ainsi toutes ses créatures. Je serai portée à essayer de courir, mais lorsque je lève la tête, je remarque des silhouettes nager et s’approcher de nous. Un groupe de nageur semble nous avoir retrouvés et nous aide finalement à remonter à la surface. On nous remet des couvertures chaudes, de quoi boire et manger et nous installe confortablement sur le navire sur lequel nous étions montés.

« Nous sommes vraiment désolés pour ce qui s’est passé. Dès que nous avons appris ce qui vous était arrivé, nous avons de suite cherché à vous retrouver. Heureusement, il y avait eu des témoins de la scène et l’un d’entre eux vous a sauvé grâce à son pouvoir de protection. C’est d’ailleurs grâce à ce dernier que nous avons pu vous retrouver puisqu’il est capable de ressentir la présence d’où se trouve sa bulle. Enfin, dès que nous vous avons retrouvé, il a pu enfin se reposer et il dort actuellement. » S’enquit le capitaine. « Nous allons même vous rembourser la totalité de ce vous avez dépensé pour ce voyage. Et nous vous offrons aussi un dédommagement supplémentaire pour les risques que vous avez accouru. »

Ce n’est de la faute de personne ce qui nous est arrivé et je ne peux pas réellement me fâcher contre l’équipage. D’ailleurs, l’enfant qui nous avait projetés dans l’océan était aussi venu à notre rencontre. Son visage était tout bouffi et ses yeux tout rouge suite à des pleures prolongés. Elle tentait de s’excuser, mais avait du mal à s’exprimer. C’était la première fois qu’elle découvrait son pouvoir et elle avait fait du mal à deux personnes. Cela devait être réellement effrayant. Je sais ce que ça fait d’être jugé ou d’avoir peur à cause de son pouvoir, alors je m’avance vers l’enfant et la sers doucement dans mes bras.

« Ne t’inquiète pas. Tout le monde va bien et c’était un accident. Ne crains pas ton pouvoir et apprends à l’utiliser comme il se doit. Pratique-toi avec des objets, comprends-le et tu sauveras certainement des vies avec ce dernier. C’est normal d’avoir peur, mais ne laisse pas celle-ci guider ta vie. »

La petite agite la tête et se blottit de nouveau dans mes bras avant de rejoindre Aslander pour s’excuser aussi et lui offrir un câlin de force. Au moins, tout fini bien, même si personne n’a pu profiter du voyage sur le navire, puisqu’il fait déjà route vers le Grand-Port.

Heureusement.