Depuis quelques temps, un danger régulier plane sur les équipes en charge du ravitaillement de l'Astre, caravane qui accomplit chaque semaine le trajet entre la Capitale et l'Arbre sacré pour y rapporter des denrées rares. Après six blessés et deux morts, Luz fait appel à des volontaires courageux pour enquêter et débusquer la bête responsable de cette débâcle... Les témoins parlent d'un vaaki au comportement anormalement agressif, profitant des trajets en forêt pour tomber sur ses proies. Peut-être l'affaire est-elle liée à cette étrange rumeur, qui prétend que des pieds de lurgubus hurlant auraient été détectés à proximité... ? D'autres créatures hostiles ne risquent-elles pas d'être affectées... ?
+ Proposé par : @Luz Weiss
+ Participants : @Liory Alkh'eir & @Sia Zmeï
+ Objectif : Escorter à bon port la caravane de l'Astre et abattre ou neutraliser définitivement le vaaki responsable des attaques.
Luz observa tour à tour les deux jeunes gens qui lui faisaient face, une franche curiosité dans les prunelles. Son sourire était néanmoins chaleureux et, surtout, reconnaissant. Oh, elle connaissait plus que bien l’un d’entre eux et ne tarissait plus d’éloges sur les capacités de son cher ami, Liory. Elle le connaissait de longue date à présent et avait toute confiance en lui pour résoudre cette épineuse situation. A ses côtés se tenait une jeune femme au physique insolite qu’elle rencontrait pour la première fois. Fort jolie, son aspect singulier naissait principalement de la fleur délicate qui prenait racine dans son œil droit. Elle était l’honnête détentrice de l’insigne de la Guilde des Aventuriers, preuve que ses capacités méritaient le détour et qu’elle n’avait nullement usurpé sa place ici aujourd’hui… Oui, Luz était emplie d’un profond soulagement à l’idée de leur confier cet épineux problème.
Elle soupira, repassant l’une de ses longues mèches flammes derrière une oreille pour se donner contenance. Elle n’aimait pas chasser inutilement des animaux d’ordinaire adorables. Mais elle ne pouvait pas davantage laisser ses employés courir éternellement le même danger au prétexte que les vaaki n’attaquaient normalement pas l’Homme…
Elle confia ledit dossier aux deux Aventuriers et recula d’un pas précautionneux. Autour d’eux, la caravane commençait à s’agiter d’une longue secousse, signe du départ. Elle avisa la lisière des arbres un peu plus loin, ayant tenu à faire débuter cette escorte à l’entrée même de la forêt qui les conduirait tôt ou tard jusqu’à l’Arbre Sacré.
Elle hocha lentement la tête pour appuyer son conseil, inquiète malgré elle d’envoyer deux pépites de la Guilde au-devant d’un danger inconnu. Comme elle regrettait de ne pas avoir d’informations sûres à leur transmettre ! Bien entendu, ils ne travaillaient pas gratuitement et Luz ne lésinerait sur aucun moyen pour chanter leurs louanges auprès de la Guilde s’ils revenaient victorieux de cette mission. Quand bien même, cela ne valait nullement de donner sa vie…
Et puis une offre attire mon regard. Un vaaki agressif, une rumeur de pieds de lurgubus hurlant à proximité et une caravane à escorter pour l'Astre de l'Aube. Je ne suis pas particulièrement intéressée par cette organisation, mais rendre service à un tel groupe n'est jamais mauvais. J'ai rarement besoin de soins en raison de mon pouvoir, mais avoir des contacts d'une organisation médicale pour toujours être utile. Et puis en aidant cette caravane, j'aide aussi d'autres personnes qui ont besoin des services de cette organisation. Je prends un moment pour comparer cette offre aux autres propositions équivalentes, mais finalement je pars sur cette mission. Je m'inscris sans attendre et donne l'adresse de la forge comme destinataire pour le courrier que la Guilde ou l'Astre peut m'envoyer suite à cette inscription.
Après quelques jours, je reçois effectivement du courrier. Nous sommes plutôt loin dans les montagnes, alors l'arrivée du courrier est moins rapide qu'ailleurs. J'échange ainsi sur les détails de la mission avec la fondatrice même de l'Astre de l'Aube. Une date de rendez-vous est finalement fixée pour escorter la caravane et j'apprends aussi qu'un autre aventurier m'accompagnera pour cette aventure. Ce soir-là, j'annonce à mon maître que je vais m'absenter pendant plusieurs jours pour cette mission. Il n'a rien à dire au fait que je sois aventurière et me dis simplement d'être prudente. Je lui assure de revenir en vie, mais je ne peux pas lui promettre non plus de revenir sans une égratignure. Ma mission avec Sofia et l'état dans lequel nous avions toutes les deux terminées est encore ancré profondément dans ma mémoire. Oui, je serais prudente, mais je ne peux rien promettre non plus.
Après quelques jours de voyage, je suis enfin présente sur le lieu de rendez-vous. La Fondatrice de l'Astre de l'Aube se présente et nous salue de façon plutôt chaleureuse tout en nous remerciant. Il s'agit d'une jolie rousse dont la tignasse flamboyante attire directement mon regard. J'en oublie presque la présence de l'autre aventurier à qui je n'ai pas encore pris le temps de me présenter. C'est quand elle nous tend un dossier que je sors de mon observation pour réagir un peu. Je prends le dossier en question et commence à le feuilleter. Des détails sur les attaques principalement, ainsi que des informations sur la fameuse rumeur de pieds de lurgubus hurlant. Je passe rapidement en revue les détails avant de tendre le dossier à celui qui sera mon compagnon de voyage.
Luz finit ses explications et nous souhaite un bon voyage alors que la caravane commence doucement à s'agiter. Notre objectif pour les prochains jours : escorter cette caravane pour qu'elle arrive à bon port sans pertes. Objectif secondaire : s'occuper du vaaki devenu agressif et si possible trouver l'origine de son comportement. Je ne sais pas si nous réussirons à remplir tous les objectifs de cette mission, mais je souhaite avant tout que nous rentrions sains et saufs. Maintenant que tout le monde s'agite et s'apprête à partir, je réajuste mon sac sans fond sur mon dos ainsi que mes armes. Je suis bien plus équipée à qu'à mes débuts. Depuis mon arrivée chez Lyle je n'ai pas perdu de temps et je me suis fabriquée une petite armure pour me protéger un minimum par-dessus ma robe de combat. Je me suis aussi fabriquées de nouvelles lames et des couteaux de lancer. J'ai également dans mon sac un arc adapté à ma visée et des flèches. Je n'ai pas oublié le nécessaire de survie et j'ai profité de mon passage à la Forteresse pour investir un peu plus dans les objets magiques. Je relève mes cheveux en queue de cheval ce qui révèle par moment le tatouage noir à la base de ma nuque qui ressort particulièrement sur la blancheur de ma peau.
Maintenant prête, je me tourne vers l'homme qui va m'accompagner. Je l'observe alors qu'il termine également de se préparer. Tout comme moi, il a des cheveux particulièrement blancs, avec des nuances plus argentées. Ses cheveux brillent légèrement au soleil. Il possède aussi de grands yeux bleus particulièrement jolis. Il s'agit d'un plutôt bel homme qui doit avoir à peu près la trentaine, peut être même un peu plus jeune. J'ai un peu de mal à lui donner un âge exact, mais il est clairement plus vieux que moi. J'ai cru comprendre dans les échanges de courrier que l'on a eu qu'il n'est pas aventurier depuis très longtemps, nous avons donc certainement des niveaux équivalents. Je m'approche de lui et me présente poliment en faisant l'effort de lui tendre ma main et de ne pas paraitre trop froide.
« Tu dois être Liory. »
Je suis passée directement au tutoiement par habitude. Je n'ai pas vraiment l'habitude du vouvoiement, encore plus à force de vivre en isolement avec un ermite.
« Pardon... Je veux dire, vous devez être Liory. Je suis Sia. J'espère que nous réussirons cette escorte, mais je souhaite avant tout que nous rentrions tous vivants. »
Je suis un peu maladroite dans ma façon de parler, j'en ai conscience. Je ne sais pas comment mieux formuler les choses. J'espère qu'il ne me tiendra pas trop rigueur de ce défaut.
La caravane commençait déjà à s'ébranler, les chariots amorçant leurs lent départ dans un concert de claquement et de craquement qui sonnaient comme le début d'un long voyage.
Liory marchait à leur hauteur, attendant d'en trouver un assez vide pour grimper à l'arrière, l'esprit encore un peu perdu alors que son grand arc battait contre son dos.
Sa tenue ne cessait de changer à mesure que les caravanes passaient devant lui, adaptant la couleur de cette dernière à l'environnement sans cesse changeant.
Mais ce fut l'arrivée d'une autre aventurière qui finit par le tirer de sa concentration, alors qu'une main était tendue vers lui avec sympathie.
L'argenté la saisi sans hésitation, observant sa nouvelle camarade, une étrange mais élégante fleur ornant un de ses yeux sans pour autant ternir la prestance générale de la demoiselle.
Penchant la tête légèrement sur le côté, le chasseur se fendit d'un sourire avant de reprendre de sa voix chantante
-C'est bien moi oui, et tu dois être Sia si je ne m'abuse ?
Mais difficile de se tromper, peu de personnes avaient cette lueur dans le regard comme l'avait l'aventurière, et l'équipement qui allait avec.
Laissant à la demoiselle le contrôle de sa main, il ajouta
-Nul besoin de faire des manières, nous sommes deux aventuriers, plutôt débutant si je ne m'abuse, alors tachons de laisser la politesse de côté, nous en somme au même point dans l'institution
Le charriot tant attendu finit par arriver, son large plateau quasi vide n'attendant que les deux aventuriers, et accélérant le pas , il grimpa sur un des barreau d'accès, se hissant jusqu'à leur lieu de voyage en tendant la main à l'aventurière, l'aidant à grimper dans le chariot.
-Inutile de nous épuiser à marcher, les chariots sont là pour ça, et nous sommes encore bien loin de notre destination, autant donc en profiter pour nous mettre en condition
Annonça t'il en posant son tueur de dragon à côté de lui, extirpant les flèches de son carquois une à une pour en contrôler l'état. Un vaaki n'était pas une proie bien résistante, mais Liory ne voulait pas laisser sa maigre expérience l'induire en erreur, et fit au mieux pour garder ses automatismes, préparant certaines flèches à des usages spécifiques en modifiant leurs formes via son pouvoir.
Cela ne l'empêcha pas de se concentrer sur la demoiselle à ses côtés.
-Alors Sia, je n'ai pas encore l'honneur de te connaitre, et ta réputation d'aventurière est, tout comme la mienne, inexistante, parle moi donc un peu de toi
Il s'arrêta un moment avant de se corriger, un rire nerveux sur les lèvres
-Mais pour éviter toute gêne, je vais commencer, je me prénomme Liory, je suis aventurier depuis bien peu de temps et par conséquent, mon tableau de chasse est bien maigre.
Je me spécialise dans les attaques à distance comme tu peux t'en douter
Le noble montra l'imposante arme à ses côtés. Il ne pouvait pas se présenter comme un ranger expérimenté, bien au contraire, ses talents allant plus au tir à l'arc qu'à l'écoute de la nature.
Mais comme toutes choses, cela viendrait en temps et en heure
-J'imagine que ton pouvoir doit avoir un lien avec la floraison qui orne ton œil ? Ou bien est ce simplement une coquetterie du plus bel effet ?
Je l'observe un instant s'installer et poser son arc. Je le regarde inspecter ses flèches et contrôler leur état. J'aperçois aussi la façon dont il manipule ses projectiles et le fait que les têtes de ses flèches changent de formes. Je suis un peu stupéfaite par ce qui vient de se passer, mais je trouve cela aussi très intéressant. Ma curiosité est légèrement piquée, mais je n'ose pas interrompre l'argenté dans son travail. Des flèches dont la tête peut changer selon la volonté de son utilisateur, voilà quelque chose d'intéressant. Ces projectiles ont l'air vraiment particuliers.
Je le regarde donc entretenir son matériel jusqu'à ce qu'il brise le silence. Quand il parle de notre réputation en tant qu'aventuriers, un petit sourire vient étirer mes lèvres. Je suis certainement bien plus populaire en tant que forgeronne qu'aventurière. Et ma réputation en tant que forgeronne est presque inexistante. Il demande donc à en savoir plus sur moi, puis semble se raviser après un petit rire gêné. Liory commence donc à se présenter. Un jeune aventurier spécialisé dans les attaques à distance. Rien de bien nouveau ou que je n'avais pas deviné. Il désigne aussi son arc qui est plutôt particulier.
Il faut dire qu'il s'agit d'une arme plutôt impressionnante, aussi bien par sa taille que sa forme. Et en voyant les projectiles que l'argenté est en train d'entretenir, ce n'est vraiment pas un arc que l'on trouve n'importe où. Sûrement fait sur mesure. En plus d'être d'une taille impressionnante, l'arme semble pouvoir se plier pour être rangée plus facilement. Il faudra que je demande à voir cela de plus près, ma curiosité de forgeronne est attisée. Je sens la petite étincelle de passion qui m'anime s'embraser légèrement. L'argenté fait alors une remarque sur ma fleur. Je souris et ris un peu.
« Si seulement ce n'était qu'une coquetterie... »
J'approche ma main de mon œil borgne et décale délicatement les pétales de ma fleur pour montrer que celle-ci est ancrée dans la peau qui recouvre l'emplacement de mon œil. Quand le noble semble avoir compris que la fleur fait partie intégrante de mon visage, je continue.
« Elle fait bien partie de mon pouvoir. Avec elle, je me régénère plus rapidement quand je suis exposée à la lumière. Je peux aussi guérir volontairement certaines de mes blessures. »
À ces paroles, je sens comme un léger picotement à la base de ma nuque. Mon tatouage est encore récent et j'ai parfois encore l'impression de sentir l'aiguille venant piquer ma peau pour l'y inscrire. Faire ce tatouage enchanté était une bonne idée. Ainsi j'ai l'impression que mon pouvoir est un peu plus utile qu'avant. C'est une étape de plus vers l'acceptation de mon corps qu'il m'arrive de détester.
« Et comme toi je suis une jeune aventurière. Cela doit faire maintenant... cinq ou six lunes que je me suis inscrite à la Guilde. Mais je ne suis pas très active. Ce n'est qu'un supplément pour moi. Je suis forgeronne en réalité. Ou plutôt apprentie forgeronne. »
Je suis bien une forgeronne à part entière, mais sous la tutelle de Lyle j'ai l'impression de réapprendre mon métier. Il me fait revoir des bases très simples comme il me pousse à me dépasser. Je ne suis même plus certaine d'avoir le droit de me désigner comme une forgeronne accomplie, mais uniquement comme son apprentie. D'ailleurs, mon métier me rattrape. Je m'approche de l'arc qui est posé à côté de l'aventurier et l'observe plus attentivement.
« D'ailleurs... ton arc m'intrigue. Il n'est vraiment pas commun. Et ces flèches... » Je désigne rapidement les munitions dont l'argenté à changé les têtes. « Je n'ai jamais rien vu de tel. J'ai envie d'en savoir plus ! Comment fais-tu pour changer leur tête comme ça ? Est-ce qu'elles sont imprégnées de magie ? Ou un matériau particulier ? »
Je sens la petite étincelle de passion qui m'anime devenir une petite flamme. Mon regard doit pétiller et je sens que je n'arrive plus vraiment à imposer le mur que j'ai l'habitude de dresser entre moi et les gens. J'ai envie d'en savoir plus. Je dois avoir l'air d'une enfant découvrant un nouveau jouet qu'un adulte lui présente. J'attends patiemment les réponses de Liory alors que d'autres questions commencent à me brûler les lèvres.
Un pouvoir de guérison donc. Une sorte de symbiote attaché à même le corps de la demoiselle. Et à l'entendre, ce n'était pas tout les jours une bénédiction. L'argenté était curieux de voir comment le végétal se comportait face à la chaleur intense d'un feu de forge, et si ce dernier ne manquait pas de flétrir la fleur ainsi épanouie.
Et si la présentation fut bien complète, Liory eut un millier de question qui vinrent les unes après les autres, que ce soit pour le métier de la demoiselle ou son pouvoir, mais choisit de garder tout cela pour plus tard.
Finalement ce fut elle qui le devança, posant beaucoup de question aussi bien sur l'arc tueur de dragon que sur ses flèches. Esquissant un sourire, Liory le déplia pour le lui montrer plus en détail, ayant lui même beaucoup d'admiration pour l'arme unique.
-C'est un modèle unique à vrai dire. Je l'ai trouvé prenant la poussière dans un entrepôt d'une compagnie, un prototype rejeté pour son manque de praticité et l'entrainement nécessaire pour s'en servir.
Effectivement, pour des soldats ce n'est pas une arme idéale.
Trop spécialisée, et dans bien des cas, trop puissante pour des cibles de taille humaines. Mais pour le chasseur, c'était tout l'inverse, vu que la plupart de ses proies dépassaient largement sa taille.
Et là ou un arc, même de qualité aurait rebondit sur le cuir épais des monstres du royaume, le tueur de dragon était capable d'y faire face.
-Mais tu as raison sur un point, il serait bien inutile sans les flèches adaptés. Ce sont des pièces fabriquées de façon bien ordinaire j'en ai peur. Rien de magique dans leurs attributs.
Tout en parlant, il lui glissa un des traits dans les mains. Bien plus lourd qu'un projectile standard, elles affichaient également une pointe de couleur différente, le métal à leur extrémité semblant bien différent du reste de la tête.
-C'est de l'acier, en majeure partie, seule la pointe est faite dans un métal plus dense, plus pratique pour percer les cuirs épais. Quant à leurs formes changeante. C'est simplement mon pouvoir
Révéla t'il en se saisissant d'un clou qui trainait dans la cariole, le posant à plat dans ses mains avant de se concentrer dessus. Ses yeux se firent plus lumineux à mesure que la pièce d'acier changeait de forme, se transformant en une petite figurine à l'effigie de Sia qu'il lui laissa avec un petit rire.
-Loin d'être aussi pratique pour se soigner, contrôler les métaux à des avantages. Disons que je me passe hélas des forgerons pour beaucoup de mes besoins. Même si je ne saurais égaler l'œil d'un expert dans la métier
Le noble pouvait créer une épée aussi acérée qu'un rasoir, et avec des propriétés étonnante, mais jamais son pouvoir ne remplacerait la connaissance d'un authentique artisan.
Et d'ailleurs il ne comptait nullement faire ombrage à ces derniers. Seuls ses flèches l'intéressaient, et parfois quelques pièces d'armures sans jamais viser l'exception.
-Si tu travaille à la forge, j'imagine que ce genre de périple n'arrivera pas à venir à bout de ton endurance, mais j'aimerai savoir une chose : la nuit n'à t'elle pas un effet sur ton pouvoir ?
Si cette fleur peut te soigner en journée, ne te vide t'elle pas de tes forces une fois la lune levée ?
L'infinité des pouvoirs du royaume rendait parfois les choses complexes. Et tant qu'ils le pouvaient encore, l'argenté tentait de dessiner une marche à suivre.
-Et avant que je ne fasse un mauvais faux pas, pourquoi une forgeronne se précise t'elle apprentie ? Je ne connais que mal les guildes d'artisans, mais il me semble avoir entendu qu'à ton âge, les apprentis étaient souvent considérés comme apte à tracer leur propre chemin ?
Du moins c'était ce que ses employés lui avaient dit
Viens le moment où il parle des têtes des flèches qui changent. Son pouvoir ? Devant mon regard surpris, il transforme un simple clou en une petite statuette... à mon effigie ? Je rigole un peu, à la fois touchée et surprise de ce geste. Un pouvoir impressionnant et qui doit bien être pratique. Mais déjà j'entends Lyle râler en entendant parler d'une telle magie, pestant dessus et clamant que cela ne vaut pas le savoir et la pratique d'un bon forgeron. D'ailleurs, Liory semble presque faire écho à ces paroles, avec bien plus de douceur dans la voix toutefois. À la pensée d'entendre la voix de mon maître râler me fait encore plus sourire. Au moins, l'argenté n'a pas la prétention de pouvoir remplacer un bon forgeron, il n'empêche que son pouvoir a un gros côté pratique, bien plus que le mien. Viens alors de nouvelles questions sur mon pouvoir.
« En effet, je suis plutôt endurante. J'ai l'habitude d'assez peu dormir et je résiste plutôt bien à la chaleur. Un périple comme celui-ci reste quand même fatigant et dangereux. »
À ces mots, je repense à ma mission avec Sofia. L'état dans lequel elle a fini par ma faute me revient encore en tête. Je ne tiens à pas commettre à nouveau ces erreurs.
« Et non la nuit n'a pas ce genre de désavantage. Je redeviens simplement une personne... normale. Disons que c'est plutôt la lumière qui me donne un avantage. Mais je ne peux pas le contrôler comme je le souhaite ni le partager à d'autres. »
Puisque Liory semble être archer et plus à l'aise avec les armes à distance, je pourrais être l'avant-garde et m'occuper d'attirer l'attention de notre cible. Certes une position dangereuse, mais où j'aurais un peu gros avantage que l'argenté. Évidemment, je n'aime pas l'idée de devoir recevoir des coups, et encore moins de devoir guérir les plus gros, mais je dois m'habituer à la douleur si je souhaite protéger ceux qui restent derrière moi.
« Et pour ce qui est du fait que je suis apprentie... C'est parce que j'ai repris mon apprentissage. J'ai quitté l'entreprise familiale et je suis partie dans le but de trouver un moyen de devenir une meilleure forgeronne. Je me suis trouvée un maître forgeron très talentueux et il a accepté de me prendre sous son aile. Je pensais simplement améliorer mes compétences à ses côtés, mais en réalité je réapprends à forger. Ma vision de mon métier en est changé et je reprends toutes les bases. Je suis donc à nouveau apprentie. »
Le fait de parler de Lyle et de ce qu'il m'apprend me fait toujours sourire. Même si notre relation est loin d'être simple, j'apprécie sincèrement travailler et apprendre à ses côtés. Je pense aujourd'hui que le fait qu'il ait accepté de me prendre en tant qu'apprentie est sûrement la plus grande chance de ma vie. Grâce à lui j'apprends à nouveau et redécouvre ma passion. J'ai un nouvel objectif de vie, bien plus précis.
Je regarde la petite figurine à mon image. Elle n'est pas très détaillée, mais le travail est plutôt impressionnant pour la vitesse à laquelle elle a été faite. J'entends pourtant mon maître râler et relever les défauts qu'il voit ou dire comment il aurait fait certains aspects. Mais je doute qu'il fasse un jour une statuette à mon effigie. Je regarde Liory et lui tend la statuette.
« Tu peux faire d'autres choses ? Je veux dire, quelles sont tes limites ? Je trouve que ton pouvoir est vraiment intéressant et pratique... Enfin, c'est sûrement ma curiosité de forgeronne qui parle... »
Ainsi donc elle avait choisit la voie de l'humilité en réapprenant tout à la base. Décidément, la jeune femme était quelqu'un de qualité, bien peu de personnes souhaitaient se remettre sous la houlette de quelqu'un d'autre.
Redevenir apprenti quand on avait déjà tout apprit pouvait être une véritable torture.
Cela dit, le pouvoir de l'argenté semblait plus l'intriguer que tout le reste, logique vu que ses capacités uniques étaient la source du métier de la jeune femme.
S'appuyant contre la rembarde du chariot, il se mit à réfléchir. Jamais encore il n'avait tenté de chercher ses limites. Le contrôle du métal étant bien inutile à un membre de la haute cour.
-C'est assez vaste, même si je ne saurais t'en dire toute l'étendue. Manipuler, former, déformer... Je pense même pouvoir forcer une armure à se compacter sur son porteur si le besoin s'en faisait sentir.
Même si je n'ai jamais vraiment essayé.
Levant sa manche, il montra un petit bracelet qui pendait à son poignet, soigneusement attaché et à l'abris des mains baladeuses. L'objet bien que banal se mit à luire quand le noble usa de son pouvoir, produisant une petite sphère de métal qui changea rapidement de couleur formant une sphère qui se recouvrit de façon successive de plusieurs métaux
Avec application, Liory façonna plusieurs couteaux de lancer qu'il fit reposer dans les mains de son amie
-Créer du métal, et le manipuler à distance, voilà tout ce que j'ai cherché à améliorer jusque là. J'avoue ne pas réellement savoir quoi en faire autrement, mais j'imagine qu'une créatrice comme toi aurait sans doutes milles idées
Et il voulait bien entendre chacune d'entre elle. Les pouvoirs étaient une chose, savoir quoi en faire en était une autre bien différente. Mais avant qu'ils puissent en discuter d'avantage, la carriole s'arrêta net, poussant les deux aventuriers au fond du chariot, bien que Sia réussit à avoir une posture plus élégante que l'argenté qui s'écrasa au fond, juste à la limite de la bâche.
Fort heureusement, l'arc avait glissé avec lui, et il put s'en saisir en ouvrant le rideau qui lui dévoila un conducteur qui tentait de maitriser les chevaux.
-Que se passe t'il ?
Dit le noble en observant les alentours.
Rien ne semblait être fondamentalement différent, même si tout le convois était à l'arrêt, l'ensemble des animaux réagissant de la même façon, sans raison apparente. La forêt étant encore loin.
-Je ne sais pas, les chevaux sont nerveux, j'attend de voir ce que le chef de caravane veut faire, mais on est encore loin du lieu des attaques.
Un bref coup d'oeil suffit à prendre l'avis de Sia.
Liory enfila sa cagoule et reprit son matériel avant de sauter de la carriole remontant la longue file arme à la main.
-Tu vois quelque chose ?
Demanda t-il à la demoiselle à ses côtés, dont il avait pris soin de placer le côté aveugle du côté des charriots
Il termine sa démonstration en faisant apparaitre plusieurs couteaux de lancer dans mes mains. Me voilà donc avec des couteaux et une statuette à mon effigie. L'aventurier me gâte avec son pouvoir. Des objets que j'aurais mis plusieurs jours à créer et qu'il crée en quelques secondes. Il termine en m'expliquant qu'il peut créer et manipuler le métal à distance, ou en tout cas, c’est ce qu'il a cherché à accomplir avec son don magique. Il dit même qu'une personne comme moi doit être bien inspirée pour trouver des idées d'utilisation. Je ne sais pas comment il peut orienter son pouvoir, mais je vois parfaitement comment l'utiliser. S'il avait les connaissances d'un forgeron, il pourrait créer des choses incroyables. Refaire les pressions que l'on exerce avec la chaleur et la force brute. D'ailleurs, s'il peut changer la composition du métal qu'il contrôle, est ce qu'il est aussi capable de changer son état ? Est-ce qu'il serait capable de le faire fondre et durcir à nouveau ? J'ai pleins d'idées d'objets très complexes à réaliser ou de matériaux à créer, car difficile à trouver.
Malheureusement, l'agitation extérieure vient interrompre notre discussion. La carriole s'arrête nette et nous fait basculer alors que je m'apprêtais à donner des idées à Liory. Je me rattrape de justesse alors que mon camarade glisse avec son arme. Heureusement, il ne se blesse pas et arrive à se relever rapidement. Il consulte le conducteur pendant que je range les objets qu'il m'a matérialisés. Je range la statuette dans mon sac sans fond et accroche les couteaux à ma jambe et à ma ceinture. Je sors également mon épée et m'apprête à sortir. Nous sommes encore loin du lieu des attaques, mais un vaaki peut se déplacer rapidement. Et bien d'autres choses peuvent faire paniquer des chevaux. Il vaut mieux que nous prenions les choses en main pour assurer la sécurité de tout le monde.
Nous descendons de la carriole l'un après l'autre avec nos armes respectives à la main. L'argenté a remonté son vêtement qui le camoufle sur son visage et remonte doucement la file. Je le suis tout en observant attentivement les carrioles et les chevaux. Il y a vraiment quelque chose qui les panique. Quand nous sommes suffisamment remontés, il me demande si je perçois quelque chose. Je ressens une sensation étrange, mais ne voit rien de particulier. Je sens comme un frisson me remonter le dos et une impression désagréable. Quelque chose me met mal à l'aise. Je fais quelques pas en avant et m'approche d'un cheval nerveux. Je lui caresse un peu l'encolure et essaye de voir où est dirigé son attention. Il est visiblement concentré sur la forêt devant nous. J'écoute alors attentivement les alentours pour repérer quelque chose.
« C'est silencieux. Trop silencieux. »
Il y a définitivement quelque chose d'anormal. Des bandits ? Non, cela ne rendrait pas forcément tous les animaux nerveux. Une créature alors. Un prédateur ? Ou alors une plante environnante ? Il y a trop de possibilités. Je fais signe au conducteur le plus proche.
« Dites à tout le monde de se mettre en sécurité par précaution. Que ceux qui savent se battre restent sur leurs gardes. Si vous le pouvez, faites reculer les chevaux pour éviter un mouvement de panique. »
Quand j'ai la confirmation du conducteur, je me dirige vers mon compagnon. J'observe sa tenue le camouflant. Un habit plutôt pratique si l'on veut rester discret.
« Tu crois que tu peux partir en éclaireur sans te mettre en danger ? »
Sia eut un bon réflexe, tachant de mettre en sécurité une bonne partie du convois avant de demander à Liory s'il pouvait partir en éclaireur. Et s'il n'était pas encore aussi silencieux qu'il le voudrait, son équipement compensait en bonne partie son manque d'expérience.
Hochant la tête, il commença à s'éloigner de la caravane.
-Si quelque chose ne vas pas, je trouverais un moyen de te le faire savoir
La flèche qu'il avait jusque là encochée se modifia légèrement, de petits évents se formant à son extrémité dans un petit flamboiement des yeux de Liory.
Puis, à pas de loup, il s'aventura hors des pistes, tachant de reproduire ce que lui avait montré son amie, évitant les sous bois trop accidenté et les branches traitresses, comptant sur sa tenue pour réduire sa signature visuelle au maximum.
Pour les membres de la caravane, le chasseur disparut en quelques instants.
Ses yeux mirent un peu de temps à s'habituer à la luminosité moindre. Le vert de la forêt réapparaissant petit à petit alors qu'il se laissait aller à ce nouvel univers.
La caravane sembla bien loin, et l'argenté remarqua que c'était bien la première fois qu'il était seul. Evelyn ou Calcilia ne viendraient pas le sauver s'il faisait un faux pas.
Cette simple pensée suffit à lui faire serrer son arc un peu plus fort, ses phalanges blanchissant à mesure que la tension le gagnait.
Les bruits du bois se firent plus clairs. Ou plus exactement plus silencieux car rien ne venait troubler le silence, pas même le chant habituel des oiseaux.
Cela lui rappela une autre expérience, ou un animal alpha avait également fait taire la forêt. S'accroupissant, l'aventurier prit le temps d'observer les alentours, tachant d'en observer la disposition pour espérer trouver une explication à tout cela.
Et alors que ses yeux se portaient à un arbre lointain, l'argenté put voir la source de tout cela. Sur une branche épaisse en hauteur, un vaaki semblait getter le lointain, ses petits yeux noirs brillant d'une intelligence toute animal, que Liory ne put que craindre.
Et s'il c'était attendu à un spécimen des plus classique, ce dernier semblait bien différent, notamment par sa couleur nacre qui luisait dans la pénombre.
Un spécimen rare, qui expliquait par la même occasion l'attaque des convois.
Armant son tir, Liory finit par tirer un unique projectile avant de détaller.
La flèche ne partit pas dans la créature, mais franchit la cime des arbres, se mettant à tournoyer alors que les flux d'air s'engouffraient dans les évents précédemment crées.
Le résultat fut un sifflement aigu audible à des kilomètres à la ronde, un signal clair pour le convoi et pour son amie aventurière.
****************
Le convoi vit une ombre sortir du bois, cette dernière ayant abandonnée toute tentative de furtivité malgré sa tenue, courant arc en main avec une détermination née de la nécessité de survivre.
Ce qui suivit fut un Vaaki passablement énervé qui sortit de la frondaison comme une tempête de vif argent, hurlant à plein poumons
La proie venait de sortir de sa tanière
L'ambiance commence à être stressante. Aussi bien les hommes que les animaux sentent que quelque chose rode. D'autres hommes ne tardent pas à venir nous aider pour calmer les chevaux. Une fois les animaux détachés, ils sont emmenés plus loin pour les calmer. Nous continuons ainsi pour les autres voitures. La tâche est longue et difficile. Le stress des hommes se transmet rapidement aux équidés qui le ressentent à leur tour. De nombreuses minutes se sont écoulées et je n'ai pas de nouvelle de Liory. Le silence étrange de la forêt continue de peser et seuls les bruits de la caravane le brise. Je sens aussi doucement une certaine forme de panique venir nouer mon estomac.
Je suis là pour protéger ces hommes et ces femmes. J'ai leurs vies sur mes épaules. Je dois tout faire pour les protéger. Je prends une grande inspiration pour m'apaiser un peu. Je ne suis clairement pas une grande combattante ni une cheffe d'équipe, mais je peux gérer cette situation. Je dois voir cela comme un moment difficile dans la forge. Une situation compliquée où je dois me sortir. J'ai été durement entrainée par Java, je peux faire honneur aux heures qu'elle a mis à profit pour faire quelque chose de moi. Je ne peux pas la décevoir.
Je fais le point avec moi-même. Les chevaux ont été détachés et éloignés pour éviter qu'ils ne paniquent et créent un mouvement de panique en cas d'attaque. Une perte de temps énorme s'il n'y a rien, mais une mesure de sécurité indispensable s'il y a vraiment quelque chose qui nous guette et cherche à nous tendre un piège. Maintenant, je dois protéger les personnes faisant parties du convoi et m'assurer qu'ils sont tous en sécurité. Déjà quelques-uns se sont équipés d'arcs, prêts à se défendre. Je me dirige vers le petit groupe d'archers. Je les observe un peu. Clairement pas de grands archers comme Liory, mais ils semblent capables.
« Si vous voulez aider, pensez avant tout à votre sécurité et à celles de vos camarades. Ne tirez que si vous êtes sûrs de votre cible et que vous êtes sûrs de toucher sans blesser un allié. Compris ? »
Une fois que j'ai les approbations des hommes, je leur fais signe de se mettre à l'abri. Ils ne doivent pas être ceux qui doivent combattre. Je viens ensuite inspecter l'équipement qui a été emmené dans l'une des carrioles. Plusieurs outils et armes pour essayer de se débarrasser du vaaki sans le tuer. Principalement des leurres, fusées et autres bombes fumigènes. Il y a aussi différents types de flèches pour essayer de détourner l'attention de la bête ou de l'endormir. Rien d'incroyable, mais des choses utiles si l'on doit passer à l'action. Il y a aussi dans un coin des outils pour prélever des plantes. Certainement de quoi examiner de potentiels pieds de lurgubus hurlants.
Je prends avec moi plusieurs flèches, des bombes fumigènes que j'accroche à ma ceinture et retourne chercher mon sac sans fond. J'en sors mon carquois ainsi que mon arc. Je place les flèches spéciales dans mon carquois avant de l'accrocher en bandoulière. Je finis par vérifier mon équipement. J'ai plusieurs couteaux de lancers accrochés à mes cuisses et ma taille ainsi que ma lame retour. J'ai également deux bombes fumigènes à la ceinture. Mon carquois est dans mon dos, remplis de flèches classiques et spéciales. Mon arc en main, bander et prêt à servir. Mon épée accrochée à ma taille et à portée de mains si j'en ai besoin.
Il ne reste qu'à attendre le retour de mon compagnon ou un signal de sa part. Je me mets en place, le regard tourné vers la forêt. J'inspecte le moindre fourré à la recherche d'un signe ou d'un mouvement. Un silence pesant s'est installé sur la caravane. Les membres du convoi se sont abrités dans plusieurs des carrioles ou se sont éloignés avec les chevaux. Quelques-uns sont armés d'arcs et cachés dans les carrioles et guettent patiemment un signe de notre part pour intervenir. Nous attendons.
Et puis notre attente et le silence sont brisés par un sifflement strident et aigu. Un bruit ne provenant pas d'un animal. Le signal de Liory. Je fis un signe aux membres du convoi pour leur signaler de se tenir prêts. Je récupère une flèche dans mon carquois et l'accroche à la corde de mon arc, prête à armer à tout moment. Une flèche un peu particulière dont le pennage doit produire un son pour détourner l'attention d'un animal. Je guette encore plus sérieusement l'orée du bois à la recherche de la silhouette de mon ami ou d'un quelconque animal. Je fixe avant tout dans la direction du signal, prête à intervenir à tout moment.
Et puis du bruit se fait entendre. Des cris bestiaux. Une ombre sort d'un coup des fourrés suivi de prêt par une forme argenté et bien plus grande. J'arme mon arc et tire sans attendre en direction de la forme massive. Le trait loupe évidemment la bête, mais cela suffit à l'arrêter quelques secondes et à détourner son attention. On peut alors admirer l'étrange vaaki à la fourrure étonnamment claire. Il n'y a pas de temps pour admirer la créature, Liory est en danger. J'encoche une nouvelle flèche, cette fois dans le but de toucher la créature. Je tire une flèche classique cette fois et le trait vient effleurer le flanc de l'animal. Une blessure légère, mais qui suffit à l'enrager. J'ai attiré son attention avec succès, le détournant de l'aventurier pour qu'il puisse se mettre à l'abri et me couvrir.
J'encoche encore une flèche et tire en visant la tête de la créature qui me menace l'air particulièrement énervé. Je n'attends pas et lâche mon trait. Encore une flèche qui effleure l'animal et l'enrage un peu plus. Je décroche la boucle de mon carquois et le lance un peu plus loin avec mon arc. Je ne vais plus avoir l'occasion de tirer à distance comme je le souhaite. Je vais devoir me battre avec cette énorme créature au corps à corps et laisser l'occasion à mon partenaire de me protéger avec ses tirs. Mon plan semble fonctionner puisque le vaaki ne tarde pas à charger dans ma direction de façon enragée. Je n'ai pas vraiment le temps de me poser de questions sur le comportement anormalement agressif de l'animal et me concentre sur ma propre survie. Je fais attention à éviter chacun des coups pour ne pas recevoir un coup de griffes mortel. Dès que je vois une opportunité, je lance une bombe fumigène qui libère rapidement une fumée épaisse et bouche la vision de la créature, mais aussi la mienne. Je reçois un coup de griffes au bras gauche qui se met à me lancer. Une blessure superficielle qui ne tarde pas à faire apparaitre du sang sur mon bras. Je profite de la confusion pour ressortir du nuage de fumée et m'éloigner de la créature tant que je le peux encore. Liory, je te fais confiance...
Quelque chose siffla aux oreilles du chasseur, un projectile qui brilla à l'orée de sa vision, le frôlant en sifflant et déroutant par la même l'immense créature qui était à ses trousses. Elle lui dégagea suffisamment d'espace pour lui permettre de se jeter au sol et éviter une patte qui l'aurait autrement transformé en pulpe.
Puis une autre, et encore une autre, le trio suffisant finalement à dégager de l'espace au chasseur qui put s'éloigner suffisamment pour dégainer son arc géant, encochant un trait tueur de monstre à la pointe lourde.
L'argenté n'avait aucune idée de la résistance de cette créature hors du commun, mais voulait à tout prix réussir son coup. Ses pas le portèrent à bonne distance, ou il put admirer sa camarade lutter contre la bête avec une adresse qui aurait put le rendre jaloux s'ils n'étaient pas occupés à sauver leurs vies.
Retenant sa respiration, il banda le tueur de dragon, ramenant la pointe au niveau de la poignée, jusqu'à sentir le coq de cette dernière lui chatouiller la joue.
La scène se recouvrit rapidement d'une brume opaque qui l'empêcha de discerner la scène. Ses pupilles azurées tachant de percer le mur sans grand succès. Il lui fallut mobiliser tout ses sens pour deviner ce qui se passait à l'intérieur du nuage et, confiant son projectile à Lucy, il visa ce qui devait être l'ombre de la créature avant de laisser le trait s'envoler.
Le projectile traversa la distance en sifflant, un son grave qui se répercuta dans les alentours avant de disparaitre dans le nuage, y forant un trou au même titre qu'il l'aurait fait dans un animal, rapidement suivit d'un bruit mat qui laissa le noble inquiet sur la cible qui avait été touchée
Finalement, un hurlement moins qu'humain se fit entendre, montant en volume au point de forcer toutes les personnes alentours à se couvrir les oreilles pour ne pas voir ses tympans percés.
Sortant du nuage, le Vaaki nacré s'envola, son pectoral percé par un des projectile du tueur de dragon, enfoncé jusqu'aux plumes. Du sang s'écoulait abondamment par la plaie, mais ne semblait absolument pas gêner la créature qui darda son regard rubis sur Liory qui se jeta une nouvelle fois à terre pour éviter une attaque plongeante qui laboura le sol à quelques centimètre de lui, le monstre partant s'écraser contre un jeune arbre qu'il renversa en s'appuyant dessus.
Un regard rapide vers Sia lui montra la vilaine blessure dont elle avait héritée, sachant pertinemment que ce combat précédait une bonne séance de soin...
-Tu tiendra le coup ?
Dit il en allant à sa hauteur. Son regard se faisant plus inquiet alors que le liquide carmin se répandait sur son bras
Mais la réponse du attendre car le monstre repartait à l'attaque. Une flèche bolas s'enroula cela dit autour d'une de ses ailes, le déviant de sa trajectoire suffisamment pour le faire percuter un arbre de plein fouet, pas suffisamment fort pour l'assommer cela dit
L'argenté s'inquiète légèrement de mon état en voyant ma blessure. Je n'ai pas le temps de lui répondre que déjà le vaaki se rebiffe. Un bolas vient l'immobiliser momentanément, mais pas assez pour qu'il reste en place. Sa blessure semble l'avoir enragé, mais déjà des signes d'affaiblissement se font sentir. Je récupère les couteaux de lancer que l'aventurier m'a matérialisé plus tôt et les lance dans la direction de l'aile valide de la créature. La bête nacrée hurle de douleur alors que plusieurs taches de sang apparaissent sur sa deuxième aile. Elle se redresse et cherche à libérer son aile coincée par le bolas.
« Couvre-moi. »
Je m'adresse à Liory avant de filer en direction de la créature, épée en main. J'attire son attention pour éviter qu'elle ne libère son aile. Nous devons la blesser pour éviter qu'elle s'envole ou ne se jette sur la caravane. Je la fais pivoter de façon à ce qu'elle ignore mon compagnon et lui laisse le loisir de viser sans risquer de me blesser.
« Allez ! Viens me chercher ! »
Enragé, le vaaki lance sa patte blessée par mes lames sur moi. La douleur le ralentit un peu et me permet d'éviter une nouvelle fois un coup de griffes. Il plonge ensuite sur moi dans l'objectif de me mordre. Un trait de Liory le touche alors et le stoppe dans son élan. Son cri de douleur est incroyablement perçant et m'oblige à couvrir mes oreilles pour ne pas m'abimer les tympans. Son cri résonne dans toute la forêt et affole les chevaux un peu plus loin. Nous devons achever cette bête ou l'assommer d'une façon ou d'une autre. Et sans plus attendre. Alors que je me couvre les oreilles, elle me donne un coup d'aile qui me fait basculer en arrière. Elle revient alors à la charge sur moi, cherchant à me mordre à nouveau. J'évite un premier coup en roulant, mais ses pattes m'empêche d'éviter le second coup. Je pare comme je peux avec ma lame, mais sa force est phénoménale. Elle vient serrer sa mâchoire sur ma lame et se coupe légèrement. La douleur l'a fait reculer alors et je profite de cette occasion pour m'échapper de l'autre côté.
Un nouveau trait atteint la créature, et cette fois, elle considère que je ne suis plus la menace la plus dangereuse. Son regard se porte sur Liory qu'elle charge. Je récupère ma lame retour à ma ceinture et la lance sur la créature dans l'espoir d'attirer son attention. La lame vient faire apparaitre un trait ensanglanté sur une de ses ailes avant de revenir vers moi. Cela ne suffit toutefois pas à l'arrêter et l'argenté se retrouve dans ma position de plus tôt.
« Merde ! »
Je m'élance alors sur la créature, lame en main. Je me jette sur aile et enfonce ma lame dans son corps. Un nouveau cri perçant alors que mon épée est au niveau de son épaule. Elle se débat tout en hurlant de douleur et arrive à m'éjecter avec sa force. Je roule lourdement un peu plus loin. Elle vient ensuite essayer de se débarrasser de l'arme qui est bloquée dans son corps. Chaque mouvement de son aile lui arrache un nouveau cri de douleur et elle cherche désormais à fuir. Je me redresse légèrement alors que tout mon corps hurle de douleur. Une de mes épaules me lance alors que je m'appuie dessus. Je suis couverte d'égratignures et griffures et mon sang ce mélange à celui du vaaki. Je regarde la bête tenter de fuir. On ne peut pas laisser un tel animal en vie ou en liberté. Nous devons le tuer ou le capturer.
« Liory ! »
Un cri de dernier espoir pour que l'archer tente quelque chose pour achever ou immobiliser complètement la créature nacrée.
Un Vaaki de nacre... Si Liory avait parié la dessus en s'engageant dans cette demande, sans doute aurait il réfléchis à deux fois avant d'accepter une telle mission. Et pour cause, ces animaux à l'apparence si peu commune étaient des variations rares, qui indiquait un milieu de vie très différent de ses autres congénères. Il était même fort à parier que l'endroit en question était aussi formidable que l'animal.
Ce dernier était plus gros, plus agressif, et surtout plus rapide qu'un monstre ordinaire, et si une simple flèche aurait suffit à le mettre à terre, ce dernier tenait le coup, et lorsque qu'il frôla l'argenté, les prunelles du nobles purent voir les blessures infligées jusque là.
Elles saignaient comme n'importe quel être vivant, mais affichaient aussi des zébrures qui s'étendaient à mesure que le combat progressait, comme si la peau de cet étrange animal était partiellement faite de nacre.
Cela expliquait sa vigueur mais n'aidait pas vraiment à la vaincre.
Et si Sia s'en sortait merveilleusement bien, le noble frôla la mort à plusieurs reprises, une griffe lui effleurant le crane dans un sifflement qui lui fit froid dans le dos.
Cette fois cela dit, l'arc resta solidement dans ses mains alors qu'il enchainait un nouveau tir qui se planta dans la cuisse de la créature, déclenchant un nouveau cris qui termina de faire paniquer les chevaux qui commencèrent à s'enfuir.
-Je vais essayer quelque chose !
Cira t'il en abandonnant son retrait habituel, sprintant comme si le diable était à ses trousses.
Se plantant devant le monstre qui boitait, il laissa son arc pendre dans son dos, levant une main qui se voulait plus tremblante que le noble ne l'aurait souhaité.
Ses yeux s'illuminèrent d'une vague bleuté avant que l'argenté ne se saisisse du étal planté dans le corps de la créature tout au long du combat
Dans un hurlement déchirant, l'aventurier rassembla tout l'acier planté dans l'animal, le formant en une lame qui remonta dans son corps, usant de son pouvoir pour terminer un travail commencé par les lames et l'arc
Concentrant cet amas dans la gorge du Vaaki, il finit par le relâcher brutalement, sectionnant le cou du monstre dans un bruit mat qui l'immobilisa instantanément.
Le crane décapité tomba au sol dans une gerbe de sang qui vint repeindre Liory de la tête au pied, avant de s'effondrer à ses pieds, ne manquant de l'écraser.
Tombant à la renverse, Liory observa la carcasse parcourue de soubresaut, le souffle court alors que la caravane éclatait de joie en voyant le géant tomber.
-Une petite victoire pour les aventuriers du jour
Murmura t'il à sa partenaire en tachant d'essuyer le sang qui maculait son visage
Je rejoins mon camarade et lui offre un sourire fatigué avant de me laisser tomber à ses côtés. Mes blessures sont douloureuses, mais pas insurmontables. Nous ne sommes qu'au début de notre voyage et déjà nous sommes couverts de sang de la tête au pied. Je viens aider l'argenté à se débarrasser du corps du vaaki pour qu'il puisse s'en dégager. Je l'inspecte un peu alors qu'il est littéralement couvert de sang. Même sa chevelure blanche est devenue complètement rouge. Je crois que nous méritons tous les deux un bon bain.
« Une petite victoire pour nous... mais une grande avancée pour cette caravane. »
Je lui offre un nouveau sourire et me relève. Je lui tends ensuite une main pour l'aider à se relever à son tour. Mon épaule me fait mal quand il tire sur mon bras. On dirait qu'en plus d'un bain, il va falloir une bonne séance de soin. Je n'ai pas envie d'utiliser mon pouvoir pour éviter de la gaspiller maintenant. Nous ne savons pas encore ce qui peut nous arriver en escortant le convoi. Était-ce le seul vaaki agressif ? Et cette histoire de pieds de lurgubus hurlant ? Je n'ai pas vraiment le temps de m'attarder sur ces questions que déjà plusieurs hommes de la caravane nous rejoignent et nous félicitent.
« Vous nous avez sauvé !
- Ce n'est que notre travail. »
J'offre un petit sourire pour ne pas paraitre trop froide tout en restant modeste. Les hommes se penchent sur le corps de la créature et commencent à se questionner.
« Vous pensez que ça se mange ?
- T'as déjà vu des plats à base de vaaki toi ?
- Non, mais on sait jamais !
- On devrait plutôt récupérer sa peau et sa tête pour en faire des trophées pour nos aventuriers ! »
Les regards se tournent maintenant vers nous. J'agite les mains comme pour refuser un cadeau que je ne mérite pas.
« Gardons ce que l'on peut pour la Guilde. Les morceaux du corps qui seront récupérables pourront peut-être aider à prévenir de nouveaux problèmes avec une créature similaire. »
Les hommes se regardent puis nous inspectent. Notre état est plus que lamentable. Blessés et couverts de sang, nous ne ressemblons plus vraiment à grand-chose. Celui qui semble diriger la caravane prend alors la parole.
« Peu importe. On s'occupe de défaire cette créature ! On ne peut pas la laisser là comme ça, son corps risque d'attirer les prédateurs. Vous deux, allez plutôt vous soigner et laver. Il y a un cours d'eau non loin. On a des bandages, des vêtements de rechange et on doit pouvoir vous trouver un net'noix si besoin. »
J'ai envie de protester, mais je sens que mon corps n'est pas de cet avis. L'adrénaline redescend enfin, et avec elle une grande fatigue m'envahit. Je sens que mes jambes commencent à trembler. Je viens récupérer ma lame encore enfoncée dans le corps de la créature avec mes dernières forces. Elle a été déformée par les mouvements du vaaki et l'explosion métallique de Liory, mais elle n'est pas irrécupérable. Après cela, je sens que mon corps ne tient plus et je m'effondre sur place. Je ris un peu nerveusement devant une telle faiblesse. Je lance un regard fatigué à l'argenté et lui parle doucement.
« Je crois que je vais avoir besoin d'un peu d'aide... Tu penses pouvoir m'aider à rejoindre les carrioles ? »
Du sang maculait les deux aventuriers, couvrant chaque parcelle de tissu, même l'étoffe caméléon du chasseur qui se retrouvait avec cette désagréable sensation poisseuse qu'il n'avait encore jamais expérimentée.
Mais au moins, tout le monde était sain et sauf, Sia en première ligne avait été fort heureusement épargnée, même si elle affichait une mine tirée par la douleur.
Et si la caravane était en liesse, on pouvait difficilement dire la même chose des deux héros qui peinaient à marcher par eux même. Et alors que l'imposant cadavre se faisait dépecer petit à petit, la carcasse perdant ses attribut de valeurs, les deux aventuriers eux se firent un peu oublier, laissés à leur repose plus que mérité
-Les carrioles sans soucis, mais je préfère faire ce qu'ils disent et t'emmener au cour d'eau, je ne pourrais pas te soigner si tu es couverte de sang
Dit il en passant son bras sous l'épaule de son amie, l'emmenant lentement loin de la scène de combat, délaissant les caravaniers joyeux pour retrouver une petite rivière bien plus calme, où une eau claire coulait rapidement.
Ce fut là que Liory s'avança, l'eau froide atteignant rapidement ses mollets, ainsi que ceux de son amie.
L'eau se teinta de rouge alors que le liquide commençait à nettoyer les vêtement de tout le monde. Mais loin de s'arrêter là, le noble l'emmena jusqu'au milieu du fleuve, là ou ils étaient immergés jusqu'au torse.
-C'est froid, mais il nous faudra au moins ça, tiens toi à moi
Dit il en commençant à laver la demoiselle, frottant ses bras couverts de sang, il se fit plus doux au niveau du gauche, découvrant des entailles assez profondes qui le firent grimacer
-C'est pas joli... Mais je pense pouvoir te rafistoler, enlève ça tu veux
Dit il en désignant le haut de la demoiselle, se faisant plus sérieux en remarquant son air étonné.
-Si tu le garde avec la plaie que tu as, c'est l'infection assurée, et il n'est pas question que je perde un partenaire pour une blessure mal soignée
Et pour une fois, il n'avait aucunes arrières pensées, se concentrant d'avantage sur l'état de plaie, sortant sa trousse du parfait maladroit pour se munir d'un petit désinfectant qu'il répandit sur plaie, sentant une main se refermer sur son bras avec force
-J'ai oublié de dire que ça piquait un peu, mais c'est pour le mieux, tu aura tout le loisir de me maudire une fois remise sur pied.
Rendu à soigner quelqu'un à moitié immergé dans l'eau, une marre de sang rouge s'échappant d'eux à chaque nouvelle seconde... L'aventure était décidément surprenante.
-Si on m'avait dit que je me retrouverai à te recoudre pour notre première aventure, j'aurai surement pris mes plus belles aiguilles
Dit il pour tenter d'alléger la situation qui confinait au surréaliste.
Alors que je pensais qu'il allait juste m'aider à me mettre au bord de l'eau, l'aventurier m'emmène en réalité dans l'eau, et ce, jusqu'à ce que le niveau nous arrive au torse. L'eau est froide et c'est loin du confort des sources chaudes dont je me suis habituée, mais rien d'insurmontable. Mon coéquipier m'encourage à m'accrocher à lui pour ne pas être emportée par le courant, et je ne refuse pas son aide en sentant mes jambes légèrement s'engourdir. Il m'aide ensuite à me débarrasser du sang qui recouvre mes bras blessés et vient inspecter l'entaille qui s'est faite sur mon bras gauche. Il me demande ensuite d'enlever mon haut pour qu'il puisse me soigner. Je le fixe, un peu surprise de la demande. Il me répond alors que c'est pour éviter l'infection. Je repense à ma mère et ma sœur qui m'ont toujours dit de ne pas me déshabiller devant le premier homme venu. Sans que je le veuille l'image de Lyle me revient en tête et la chasse à nouveau. Je défais mon haut et dégage mon bras du tissu, mais ne le retire pas complètement pour garder quand même ma poitrine cachée.
L'argenté vient ensuite me désinfecter et la douleur me fait un peu sursauter. Je ne suis pas vraiment habituée à ce genre de traitement, préférant utiliser ma magie pour cela. Mais aujourd'hui j'ai fait le choix de la conserver. Il tente ensuite une remarque un peu plus légère, certainement pour alléger l'atmosphère. Je le regarde faire de façon sérieuse et lui répond de manière détachée.
« Ne t'inquiète pas. Avec mon pouvoir je serais vite rafistolée, et si besoin je refermerai la plaie. Je veux juste éviter de trop utiliser ma magie alors que notre expédition commence à peine. »
Je le laisse continuer de me désinfecter et regarde l'eau se rougir. Il semblerait que le plus gros du sang nous recouvrant est déjà parti. Je lance un nouveau regard vers mon compagnon qui n'a pas vraiment pris le temps de se laver encore. Il semble plus concentré sur ma blessure qu'autre chose pour le moment.
« On va peut-être éviter que tu me recouds au milieu de l'eau par contre. Rince le sang sur toi aussi et tu pourras t'occuper de ma plaie quand on sera sorti. »
Sans un mot de plus, je fais un mouvement pour échapper à son contact physique et m'éloigne de deux pas. Je plonge ensuite complètement dans l'eau fraiche. Cela me fait penser à l'eau claire de la petite rivière en contrebas de la forge. J'y ai déjà fait une petite baignade en compagnie d'Eulalie et passé plusieurs après midi au bord de l'eau que ce soit seule ou accompagnée. Je ressors de l'eau quand je sens le froid commencer à pénétrer mon corps et me dirige ensuite vers le bord où je m'assieds. J'essore ma longue chevelure ainsi que mes vêtements et laisse le noble me rejoindre quand il a fini de son côté.
« Au fait, pour tes vêtements. J’ai un net'noix dans mon sac. Donc on aura qu'à mettre des vêtements de rechange et emprunter un seau et ils en ressortiront comme neufs. T'embête pas à les nettoyer complètement dans la rivière. Le sang tâche bien trop. »
Étant une femme, je sais bien de quoi je parle. Le sang sur les vêtements est une véritable plaie à enlever. Il y a bien sûr des astuces pour enlever le plus gros et réduire les tâches, mais c'est un enfer de s'en débarrasser complètement. Je dois avouer que cet investissement dans cette petite bille magique aura été utile là-dessus. Plus besoin de m'acharner à détacher mes sous-vêtements toutes les lunes, seulement 15 minutes dans de l'eau et ils en ressortent comme neufs.
Je laisse ensuite Liory venir s'occuper de ma plaie. J'évite de regarder la manipulation, n'aimant pas l'image d'une aiguille rentrant dans la peau. La sensation est déjà suffisamment douloureuse et désagréable en elle-même, je n'ai pas en plus besoin de voir cela. Je serre les dents autant que je peux pendant qu'il me recoud, mais cela ne m'empêche pas de sentir mes muscles se tendre à chaque fois que je sens l'aiguille venir faire un nouveau point. Lentement et minutieusement mon compagnon me rafistole comme il le peut. Il est plutôt patient et prend le temps de s'occuper de ma blessure jusqu'à ce qu'il semble satisfait de son travail. Quand il a fini, je regarde les points qu'il m'a faits. Ils ne sont pas extraordinaires, mais ils ont le mérite d'être propres et semblent plutôt bien tenir. Il termine son travail en me faisant un bandage simple pour protéger ma plaie. Quand il a fini, je bouge un peu mon bras endolori et encore douloureux. Il faudra que je profite d'un bon bain de soleil quand nous aurons terminés. Je me tourne alors vers mon compagnon et l'inspecte.
« À toi. T'as été blessé ? Laisse-moi t'aider. »
Pour Liory ce fut une nouveauté. Et si recoudre un plastron pour une camarade avait été dans sa liste d'expérience, recoudre une autre camarade à vif l'était bien moins. Au moins fit il bonne figure en plantant l'aiguille dans la peau de son amie, serrant les dents pour elle à chaque fois qu'il sentait la tête de la pointe en fer pénétrer sa chair.
Il fit au mieux, faisant abstraction de la nudité plus que partielle de l'aventurière qui était pour lui, et sans doute pour la première fois de sa vie, un détail qu'il reléguait au fond de ses pensées.
Plus important était la santé de l'aventurière qui lui avait sans doute sauvée la vie.
Tout juste rincé, le sang du Vaaki était encore bien trop présent à son gout, mais l'argenté tacha de l'oublier, préférant terminer son bandage plutôt que se préoccuper de son confort.
-J'ai un sèche vite également, si on s'accorde une petite pause, on pourra même avoir nos vêtement propres ET secs
Dit il en finalisant le nœud attaché au bras de son amie. Il voulait bien la croire sur la difficulté de nettoyer le sang. A sa grande honte, ou peut être son honneur. Jamais encore ses vêtements n'avaient été tachés de sang. Du sien ou de celui de quelqu'un d'autre.
De par sa nature d'archer, le noble n'était rarement au contact du danger, et le frôler d'aussi prêt était une première...
Il secoua la tête à la négative, ne ressentant aucune douleur particulière, et ce ne fut que lorsqu'il tenta de se relever qu'il retomba au sol. Sa jambe se dérobant sous lui sans qu'il ne puisse réellement comprendre pourquoi.
Et ce ne fut qu'une fois rendu par terre que sa cheville lui apparut, bien trop gonflée par rapport à l'habitude, ses bottes se retrouvant soudainement bien serrées.
-Tout compte fait... je pense que je ne m'en suis pas tiré indemne.
La douleur finissait par pulser dans sa jambe, lui tirant une petite grimace de douleur qu'il fit au mieux pour dissimuler, offrant à Sia un joli sourire un peu forcé
-Mais ça devrait aller, je crois
Ironiquement, c'était sans doute sa première véritable blessure, et il vira rapidement au blanc pale en sentant son articulation le faire souffrir.
Et ce fut en tentant de se relever qu'il laissa échapper un petit sifflement de douleur, le forçant à rester sur la rive à regarder la belle sur ses deux jambes malgré sa blessure bien plus sévère.
Honteusement, Liory regarda l'aventurière, ses joues empourprées par la honte.
-Je pense que j'aurais besoin d'un peu d'aide finalement...
Voilà qu'il se retrouvait dans la position du noble blessé qu'il fallait aider... Rien que cela suffisait à lui donner envie de se cacher
Attrapant son arc, il força dessus pour tenter de s'en servir de béquille... sans succès
Je fronce les sourcils et m'approche de lui alors qu'il semble vouloir se relever. Il est vraiment pâle, signe que la douleur est plus importante que ce qu'il veut admettre. Il tente d'utiliser son arc pour s'aider à se lever et manque de tomber une nouvelle fois et d'abimer son arme. Je pousse un soupir un peu exaspéré et vient le forcer à arrêter de bouger, lui enlevant son arme des mains.
« Arrête de bouger, tu ne vas faire qu'aggraver les choses. Laisse-moi regarder. »
Quand le noble semble enfin coopératif, je le fais asseoir et me tendre sa jambe douloureuse. Je viens retirer sa chaussure et révéler une cheville gonflée et déjà bleue. Il n'a rien dû sentir jusqu'à maintenant grâce à l'adrénaline, mais notre petit bain dans la rivière et le calme ont dû le ramener à la réalité des choses. J'attrape son kit du parfait maladroit qu'il a utilisé tout à l'heure et regarde ce qu'il y a à l'intérieur. Rien de bien fameux, mais au moins ce qu'il faut pour le ramener jusqu'à la caravane où il pourra être vraiment soigné. Après tout, on escorte un convoi pour l'Astre de l'Aube, il doit y avoir ce qu'il faut pour soigner une cheville foulée ou tordue.
« Il va falloir la faire dégonfler d'abord. Pas le choix. Je pourrais rien faire de bien sinon. On doit avoir ce qu'il faut dans la caravane, alors je vais juste te rafistoler pour qu'on puisse se laver et y retourner. Interdiction d'essayer de te lever tout seul si tu veux pouvoir marcher pour finir cette expédition. Compris ? »
Quand j'ai la confirmation de mon compagnon, je viens passer son bras derrière ma nuque et l'aide à se relever de façon à ce qu'il ne s'appuie pas sur sa cheville blessée. Je viens le mettre à nouveau près de la rivière et le laisse plonger sa cheville douloureuse dans l'eau froide.
« Laisse la dégonfler, avec le froid ça devrait faire effet. Mais si tu commences à ne plus avoir de sensation, retire la de l'eau. En attendant, on va te laver et je vais préparer de quoi laver nos vêtements. Hors de question que tu mettes debout seul dans la rivière, alors je vais devoir t'aider. »
Je vais récupérer le sac de mon partenaire et l'approche de lui pour qu'il puisse aussi récupérer de quoi se laver et se changer. L'idée de devoir prendre un bain avec un autre homme que Lyle ne me plait pas vraiment. Ce n'est pas que je ne fais pas confiance à Liory, mais je ne le connais pas suffisamment pour ce genre de choses. Avec mon maître, c’est différent, et même si aujourd'hui nous nous sommes mutuellement sauvé la vie, je ne peux pas accorder cette confiance à l'aventurier. Je vais l'aider à se laver et je profiterai ensuite d'être seule pour me laver à mon tour.
Je récupère mon sac sans fond et en sort mon net'noix mais aussi une petite bassine que j'ai récupéré avant de partir et qui rentre dans l'ouverture de mon sac. Je place la bille dans la bassine et revient vers l'aventurier pour qu'il puisse y mettre son équipement tâché par le sang. Je me tourne évidemment pour lui laisser un peu d'intimité et le laisser se changer sans être observé. De mon côté, je vais sortir mes vêtements de rechange et de quoi me laver quand Liory sera soigné et propre. Je récupère vais aussi chercher des branches suffisamment droites et rigides pour pouvoir faire une attelle de fortune à mon compagnon. Je vais attendre patiemment qu'il me demande de l'aide s'il pense en avoir besoin.
Sia ne lui laissa pas le choix, le soignant comme il l'avait fait auparavant. Et s'il résista au début, c'était surtout pour ne pas paraitre être un noble inutile. Lucy lui en soit témoins, il se sentait plus honteux que s'il avait été éventré, craignant que cette blessure mineure ne le fasse voir aux yeux de la demoiselle comme un aventurier inutile.
Orgueil mal placé ou non, il fit tout de même ce qui lui était demandé, se changeant après s'être totalement débarrassé de la crasse qui avait pu le recouvrir, frottant d'autant plus fort que sa honte était grande. Et chaque coup d'œil sur sa cheville finissait de le faire rougir de gêne.
Aider les autres était une chose... Se faire aider...
Quoi qu'il en soit, il en vint à être propre comme un sou neuf, ses vêtements de rechanges enfilés alors que la demoiselle se lavait. Respectant son envie d'intimité, il s'occupa plutôt des vêtements déposés dans la bassine, usant du net noix de l'aventurière pour donner un nouvel éclats aux vêtements tachés de sang.
Son regard s'émerveilla devant l'objet qui les rendit aussi propre que le jour de leur conception, et se dépêcha de les faire rentrer dans son sèche vite.
Ce dernier prenait un peu de place, mais rentrait parfaitement dans son sac sans fond.
Et alors que la demoiselle terminait sa toilette, il put rendre des vêtements parfaitement propres et pliés, comme s'ils allaient partir dans un placard de quelques maisons nobles... Les vieilles habitudes avaient la vie dure.
-Désolé pour tout ça...
Dit il en baissant les yeux. L'argenté était habitué à recevoir de l'aide dans son ancienne vie, mais le fait d'être devenu aventurier l'avait convaincu qu'il se devait d'être parfaitement indépendant. D'où son attirance vers l'archerie.
Et la blessure qu'il avait lui montrait clairement qu'il n'était pas prêt.
Là ou Sia endurait une plaie ouverte, Liory était immobilisé par une "simple" cheville foulée.
-J'espère que ça ne te donnera pas une trop mauvaise image de moi
Si la culpabilité avait un visage, cela aurait été le visage du jeune noble qui ne réussit à se lever qu'avec l'aide de son amie, l'attelle solidement attachée à la jambe.
Ils claudiquèrent jusqu'à la caravane qui avait terminée de dépecer l'animal, ne laissant de la trace de ce dernier qu'une terre humide de sang.
Visiblement, l'humeur c'était améliorée et tout le monde semblait rassuré. Le responsable de l'attaque avait été vaincu, même si l'argenté craignait que cela ne soit qu'un coup d'épée dans l'eau.
Ils n'avaient pas vraiment pu apprendre quoi que ce soit sur la créature, et rien ne garantissait qu'elle ait été seule.
De ce qu'il avait vu, elle avait jusque là fait sa route en solitaire, mais cela prouvait surtout que le pays n'était pas entièrement exploré.
Et alors qu'on leur trouvait une place dans les chariots, ils purent retrouver les mouvements du convois, Liory s'inquiétant d'avantage de la blessure de son amie qu'autre chose.
-Si tout va bien, le convoi ne devrait plus avoir de problème, c'était après tout pour cela que Luz nous avait demandée. Et normalement, les bandits ne sont pas encore au courant que le Vaaki blanc n'est plus de ce monde.
On peut espérer une fin de voyage tranquille
Mais là encore ce n'était qu'un espoir, la vie pouvant souvent se montrer cruelle.
-Ton bras ne te lance pas trop ? J'ai bien cru que j'allais te perdre quand j'ai vu le monstre te taillader le bras. Tu es plus robuste que tu en à l'air, bon nombre de mes connaissances seraient tombées dans les pommes avec une telle balafre
Mais comme les connaissances en questions étaient en bonne partie des nobles ignorant le concept d'inconfort....
Je pousse un soupir en l'aidant à s'installer dans le chariot de façon à reposer sa cheville blessée. Je viens ensuite m'installer à ses côtés et sort mon épée et de quoi la réparer et l'entretenir après un tel combat. Comme il l'a dit, nous devrions être tranquilles jusqu'à la fin du voyage, mais on ne sait pas non plus ce que nous réserve cette expédition. Je préfère entretenir mon matériel pendant que je le peux encore.
« Ne t'inquiètes pas pour moi. Un peu de lumière et cette balafre sera disparue en quelques jours. Et si besoin je peux toujours forcer la guérison pour récupérer tous mes moyens en un rien de temps. »
J'inspecte ma lame qui est bien tordue et son tranchant est déjà bien abimé. Je suis encore loin du niveau de mon maître pour la résistance de mes lames. Je reporte mon attention sur l'argenté à côté de moi.
« Inquiète-toi plutôt pour ta santé. Comme tu l'as dit, on ne sait pas ce que ce voyage nous réserve encore et avec ta cheville, tu ne pourras pas te mouvoir comme tu le veux. Je suis solide et peux être ton bouclier si la situation l'exige, mais j'ai aussi mes limites et j'espère que tu pourras me couvrir. »
Je le regarde dans les yeux de façon parfaitement sérieuse. Il m'a prouvé aujourd'hui que je peux compter sur lui dans des situations périlleuses et j'ai envie de faire confiance en ses capacités et sa personne. Je me concentre à nouveau sur ma lame et entreprends de commencer les réparations. Je commence par la nettoyer minutieusement pour la débarrasser de toutes traces de sang et crasse. Je prends ensuite le temps d'évaluer les dégâts dessus et voir si je peux faire quelque chose avec le matériel que j'ai sur moi. Je reporte à nouveau mon attention sur mon compagnon de voyage pendant un instant.
« On a encore plusieurs heures devant nous avant de devoir s'arrêter pour la nuit. Profites en pour te reposer. Je vais entretenir mes armes et m'occuper de surveiller le convoi. Je te réveillerai si besoin, mais tu as besoin de repos pour guérir ta blessure. »
Je pourrais demander son aide au noble pour réparer ma lame, mais je ne tiens pas à le fatiguer plus. Le combat que l'on a mené était déjà plutôt difficile. Je sens évidemment aussi la fatigue, mais contrairement à lui j'ai un maître qui me force à repousser mes limites. La fatigue que je ressens actuellement n'est rien comparé à ce que j'ai déjà pu ressentir dans la forge. M'occuper de mes armes m'apaise et me repose aussi d'une certaine façon. Je peux me vider l'esprit comme si j'étais dans la forge et me reconcentrer. Je dois rester tout de même aux aguets pour la sécurité du convoi et je compte bien faire des tours pour le surveiller à plusieurs reprises. Je dois toutefois me reposer un peu et attendre que mon compagnon s'apaise aussi avant cela.
Je commence alors silencieusement mon travail sur ma lame. Mon premier objectif va être de la redresser pour qu'elle soit encore utilisable. Je pourrais ensuite m'occuper de réparer son tranchant et m'assurer qu'elle n'est pas trop fragilisée. Dans le pire des cas, il me semble que j'ai une lame de rechange dans mon sac sans fond, mais je ne suis pas vraiment confiante sur sa qualité contrairement à celle que j'ai actuellement. Peut-être qu'un jour j'arriverai à me faire une arme aussi résistante que celles de mon maître, mais je suis encore loin du compte. Je devrais certainement envisager de prendre l'une de ses armes en attendant d'être capable d'un tel résultat. Afin d’avoir quand même une arme sur laquelle compter pour ma survie. Je n'aime pas vraiment cette solution qui me force à être un peu plus dépendante et redevable envers Lyle, mais il faudra que j'envisage cette solution.