Le royaumed'AryonForum RPG light-fantasyPas de minimum de ligne
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    Un monde plein de mystères,
    plein de magie et surtout plein d'aventures...

    Il est peuplé de créatures fantastiques. Certaines d'une beauté incomparable, d'autres aussi hideuses qu'inimaginables, beaucoup sont extrêmement dangereuses alors que quelques unes sont tout simplement adorables. La magie est omniprésente sur ces terres : des animaux pouvant contrôler la météo, des fleurs qui se téléportent, des humains contrôlant les éléments, des objets magiques permettant de flotter dans les airs...

    Dans ce monde, il y a le royaume d'Aryon. Situé à l’extrémité sud du continent, c'est un royaume prospère, coupé du monde. Il est peuplé d'hommes et de femmes possédant tous un gros potentiel magique, chacun vivant leurs propres aventures pour le meilleur comme pour le pire.

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    Red et Bridget se transforment en instructeurs de la Garde de la Forteresse pour une journée, en compagnie d'une véritable instructrice...

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    Les belluairesLes Belluaires assurent la sécurité de la forêt du royaume. Réputés pour accueillir les « cas désespérés » de la Garde, mais aussi pour leur polyvalence et leur sympathie !
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    On raconte qu’au terme du tournoi organisé par la maison Tanner, les leçons d’escrime connurent un soudain regain de popularité auprès de la gente féminine. La rumeur, récente et grandiose, voudrait que l’épée soit un excellent moyen de donner la chasse aux meilleurs partis du royaume. … Les filles de la cour feront longtemps des gorges chaudes en se rappelant de la souillon (anonyme) qui avait enlacé un conseiller royal (qu’on ne nommera pas).En savoir plus...
    A une journée de cheval de la Capitale, aux abords d'une petit village quelconque, un véritable massacre a eu lieu. Dans les décombres, on trouve pas moins d'une demi douzaine de corps, morts avant l'arrivée du feu. Que s'est-il passé exactement ? Qui a fait tout cela ? Personne n'en sait rien mais chose encore plus étrange : de longues heures après l'événement, un mist blanc à la crinière bleu y a été vu avant d'en repartir aussi vite. Autant dire que cet événement peu commun soulève bien des mystères...En savoir plus...
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    Luz WeissCroc de foudre
    Luz Weiss
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    Dim 18 Juil 2021 - 12:56 #
    Entrecroisements


    « Repose-toi Ovöoni, ne t’inquiète pas… »

    La peau de son visage était parcheminée sous sa main. Constellée de soleil, de fines ridules au coin de ses yeux à présent clos. Un vague assentiment ensommeillé sortait encore par ses lèvres rongées de barbe blanche. Elle en lissa les plis du plat du pouce, une émotion contenue, intraduisible dans la tendresse absolue de son geste.

    « Quand est-ce arrivé… ? »

    Sa voix avait résonné longtemps après, lorsqu’elle fut certaine qu’il se fut endormi. Un grondement animal. Elle ne s’était pas retournée, contemplant toujours pensivement le corps d’homme malingre qui ne bougeait pratiquement plus sous ses draps. Ses joues étaient creusées, excavées par un scalpel invisible et elle l’aurait cru mort si sa poitrine ne se soulevait pas régulièrement sous l’effort d’une respiration sifflante.

    « Hier Madame, répondit la domestique en charge de son grand-père. Je me suis interrogée, car ses décoctions médicinales n’avaient pas la même texture que d’ordinaire. »

    « Vous avez bien fait. »

    Quelqu’un se renseigne sur vous, lui avait dit un membre de la Famille. A l’ombre d’un grand arbre, au détour d’une ruelle – elle n’avait pas vu son visage. Il s’en était allé de la même manière qu’il était venu, d’une paisible marche, évaporé à travers la foule. Qui ? Qui souhaitait-on faire plier ? Elle, Luz Weiss, pour ses liens étroits avec les espions du Royaume, pour la cible idéale qu’elle constituait à première vue ? Cela aurait été ignorer qu’elle était intouchable. Intouchable car Croque-Chance rôdait non loin. Alors, était-ce Mysora ? Sa sœur auparavant inatteignable, dénuée de défauts, à présent gratifiée de deux points d’attachement parfaitement abimables ? Elle avait réfléchi, longuement, retracé toutes ses hypothèses, établi des priorités. Un concurrent vraisemblablement. Une âme échauffée de la Cabale peut-être, une personne suffisamment folle pour s’attaquer à une Moissonneuse Forge-Savoir et suffisamment maligne pour ne pas le faire de front. Saper les bases de Mysora, attaquer les membres de sa famille, ce secret de polichinelle si intensivement protégé. Un Collectionneur ambitieux alors ? Ou un opposant pur de la Cabale ?

    Il était savant. Renseigné. L’état de son grand-père était connu de la noblesse. Ses souvenirs qui s’égrenaient, sa mémoire remplie de failles, d’égarements, une érodation progressive et inéluctable. Certains de ses médicaments avaient été subtilement remplacés. Leurs composants modifiés, à peine un élément ici et là, sans effets immédiats évidents. A long terme, ces potions l’auraient tué bien plus sûrement que sa maladie lente actuelle. Une menace ? Un avertissement ? Du chantage s’il possédait un antidote ? Un pied de nez, du moins, à son statut de médecin, plus aveugle que quiconque… De toute évidence, cette personne la savait fort occupée. Il savait qu’elle ne revenait plus que par parenthèses à la demeure familiale, préoccupée par sa carrière, ses combats, ses proches. Que ces médicaments ne seraient pas remarqués -ou trop tard. Et si cette fois l’une de ses domestiques s’étaient révélées faire preuve d’un remarquable sens de l’observation, l’état de son grand-père ne permettrait pas la moindre nouvelle tentative d’assassinat.

    Elle déposa un baiser sur le front de son soleil endormi. Lorsqu’elle se releva, un froid éclat de silex avait gagné ses prunelles.

    « Ne le laissait pas seul cette nuit. »

    « Bien Madame. »

    ◄►

    Sokim Uard observait les ombres sous sa porte. Une demi-lune nuageuse couvrait la Capitale d’une lueur sourde et blafarde, et loin par-delà les quais de la Luisante, il pouvait entendre les rires et le brouhaha des allées touristiques. Sa masure s’était considérablement embellie au fil des années. C’est qu’il avait difficilement débuté, en rupture avec les riches commerçants qui lui avaient donné naissance, persuadé de pouvoir se construire lui-même. Il n’avait pas foncièrement eut tort : son commerce de denrées exotiques s’était peu à peu épanoui, avait atteint un âge d’or et lui avait procuré un grand nombre de cristaux scintillants. Il avait fait construire une première aile à sa demeure, appréciant de loger tout contre l’entrepôt qui accueillait ses marchandises, se délectant du son des ouvriers qui travaillaient. Pour chaque paire de bottes empuanties qui franchissaient l’entrée de l’entrepôt, il calculait combien tel ou tel produit allait lui revenir. Cela, s’il n’en était son envahissant amour de la richesse. Les piles de cristaux avaient fondu, arrachées par des concurrents plus vigoureux, plus habiles, plus accueillants pour les employés. Il frémissait à présent chaque nuit, hanté par les sommes qu’il avait empruntées, par les décisions signées à son cœur défendant, malgré lui, pour lui – comment aurait-il pu accepter de revendre une partie de ses bijoux ? Tout pour relancer la machine enrouée de son économie, continuer à arborer son sourire de façade et prétendre que tout allait bien. Mais plus il chassait la rouille, plus elle gangrenait ses rouages…

    Aussi, lorsqu’une forme féminine se présenta à sa porte, il l’ouvrit presque avec soulagement. Jamais ses créanciers n’enverraient une fille récupérer leur dû. Elle paraissait seule sur le parvis de sa grande maison, recouverte d’une capuche, découpée de clair-obscur sur l’onde noire et huileuse de la Luisante.

    « Ouais, c’est pour quoi ? lui dit-il en grattant sa courte barbe, un sourcil circonspect levé. »

    Des doigts se refermèrent sur son visage. Une onde électrique explosa contre le pavé, propulsée, accélérée par sa détente. Il décolla du sol, partit en arrière et son crâne vint heurter la dureté de son parquet massif en chêne ciré, raclant la surface sur la longueur de la pièce, le visage étroitement enserré par cette main comme cerclée de serres. Et puis, le silence retomba. Ses paupières papillonnèrent, égarées. Une douleur aigue perça de sa nuque, de son corps malmené, et il fut tenté d’hurler si une voix douceâtre n’avait pris la parole.

    « Qui ? »

    Elle avait planté son genou dans son ventre, creusant la chair de son poids, épinglé qu’il était au sol de son salon.

    « Du lêveur ? Des baies de lucols bleues et du globlue ? Quoi encore ? Qui ? »

    « Qu’est-ce que vous m’voulez ?
    parvint-il à gémir. Vous êtes qui ? »

    Elle eut un claquement de langue agacé, parce qu’il se tortillait désagréablement sous elle. L’anneau d’or de sa senestre se mua en trois fines lames chuintantes dont le métal vint brusquement effleurer le visage de Sokim, la main ouverte qui le maintenait au sol empêchant pour l’heure l’arme de trancher. Il se figea. Sa voix se fit tremblante, insistante.

    « J’ai pas d’argent ! Rien à donner ! »

    « Qu… »

    Elle se tut soudainement. Dans son oreille glissait les sons perçus par Nakai, en poste sur le toit. Un signe que des gens approchaient. Plusieurs ? Peut-être. Elle n’identifiait pas nettement le bruit des semelles par le biais du partage de sens. Hors de question d’utiliser la vision de son shupon avec sa cible sur les bras.

    « Debout, lui intima-t-elle tandis qu’elle prenait une décision. »

    Elle s’était déjà ôtée d’un bond de son corps, son katar droit toujours dégainé.

    « Plus vite. Assis-toi. Là. »

    Elle lui désigna la chaise élimée, autrefois superbe, qui trônait dans son salon.

    « S’ils toquent, tu te lèves. Tu n’es pas disponible. Occupé ce soir. S’ils rentrent, je suis une ancienne amie d’école. Tu me connais. Tu m’adores. Pas bavarde. »

    Elle referma doucement la porte d’entrée sans qu’aucun grincement ne retentisse et se coula dans un recoin du salon. Les lames disparurent, inoffensif bracelet d’or à son poignet. Foutu soirée. Foutus types qui s’aventuraient dans cette maudite rue le soir où elle décidait d’agir. Elle ôta sa capuche, reflet de mèches flammes qui glissèrent d’une épaule. Il la dévisagea une fraction de secondes, ne la reconnut pas, parut hésiter.

    Un fin sourire de dents blanches étira ses lèvres comme un trait de sang, carnivore.

    « Dépêche-toi. »

    Warren RichterCitoyen
    Warren Richter
    Informations
    Re: Entrecroisements
    Lun 19 Juil 2021 - 0:40 #
    Aujourd'hui avait été une journée off pour Warren, dans le sens où il était presque seul dans les locaux de Lagoon, les seules âmes qui vivent présentes en ce jour étant la sienne et celles de quelques bureaucrates gratte papier avec un duo de gros bras, même sa flamboyante secrétaire était absente pour la journée. Au moins une fois par mois, ce genre de journée est organisée sous l'impulsion du directeur ; seuls sont autorisés les employés de Lagoon à venir le déranger, puisque le déroulement est simple : dans un silence de scriptoria, le blond et ses subordonnés ressortaient les dossiers, d'entreprises anciennement ou récemment couvertes par leurs services bien plus que particuliers qui, ne nous mentons pas, tiennent plus de l'obligation que de la simple suggestion.

    Jusque là, rien d'anormal ne l'avait frappé ; tous payaient à l'heure, rendaient leurs comptes, de manière plus ou moins régulière ; Warren est un être humain comme les autres, avec un cœur qui bat, transporte son sang dans son corps, une matière liquide, fluide et rouge, non la bouillie infecte et noire qu'on décrit bien trop souvent quand on décrit ce qui peut bien animer cet animal, c'est en tout logique qu'il laisse parfois glisser un petit impayé, un mauvais acompte, dans l'unique but malsain de paraître pour le gentil flic qui comprends les difficultés des autres du haut de sa tour d'ivoire. Dans une paix rare pour les habitués, il n'avait pas craqué une seule fois, et avait fait preuve de son assiduité légendaire sans discontinuer, machine abattant les dossiers à une vitesse défiant toute concurrence.

    Alors que le tout s'éternisait, l'astre solaire laissait peu à peu sa place à la noirceur et la fraîcheur de la nuit. La quille était proche, ils touchaient à leur fin. C'est d'un sourire satisfait qu'il boucla son dernier dossier, demeurant sur son fauteuil, s'allumant un cigare d'un coup d'allumette, en glissant religieusement un autre dans une poche de sa veste, délicatement posée sur le dossier. Il sera pour plus tard, celui là. Le sortant de son euphorie, des coups à sa porte. Un sourcil se leva. ''Entrez'', lança-t-il d'une voix lancinante. Un de ces fameux gratte papier foula le parquet de son bureau, manifestement gêné.

    '' Monsieur Richter. Désolé de vous importuner. J'ai...Trouvé un petit problème, dans un des dossiers. Un...Mauvais payeur. Et pas que. Je vous laisse lire, si vous permettez ? ''

    D'un geste de la main droite, il invita l'homme à s'approcher, pour se saisir des feuilles de la senestre, la main opposée occupée à pointer le sol de l'index, afin de faire comprendre à l'autre qu'il serait judicieux de rester ici. Warren éplucha les feuilles ; les yeux de plus en plus gros. Un certain Sokim Uard. Il a emprunté gros, et devait rendre tout autant. Aux dernières nouvelles, n'a jamais répondu aux sollicitations de Lagoon. Jamais présent quand les employés se présentaient, en pleine journée. Sa boite aux lettres devait dégueuler de relances et autres menaces. Son subalterne avait bien travaillé, tout était soigneusement annoté, souligné, relevé, calculé. Il aurait fait mieux, considérant de quel commercer tertiaire il tenait cet homme, sa ferveur reste à souligner. S'étant de surcroît permis de regrouper les infos de Lagoon et Althair, le patron obtint d'intéressantes informations. Lagoon, Althair, les coursiers, les gens qui lui doivent des faveurs. Des oreilles partout, voilà ce qu'il a, dont la portée reste, à son grand désarroi, limitée à tout ce qui touchera au transport ou au commerce. Il n'a aucune ambition politique ; glaner les informations sur les derniers souliers ou dernières robes à la mode à la cour ne le tentait guère. Mais là...Du transit ? Sans passer par Althair ? Mais qu'est ce qu'on cache, mon petit ?

    '' C'est de l'excellent travail, félicitations ! Je pars sur le champ. Pas de temps à perdre. Attends toi à une enveloppe un peu plus épaisse, à la fin de cette affaire. Sort avec les autres, on ferme la boutique. ''

    Quittant son étude, papiers en main, il récupéra au passage les deux gros bras qui glandaient dans la salle de repos. Vu le secteur de Lagoon, même en pleine nuit, même avec la garde, avoir de quoi dissuader est toujours primordial. L'un était grand et large, un peu lent d'esprit, mais rapide à l’exécution d'ordres divers. L'autre, plus petit, sec, nerveux, du genre à mordre pour un rien. Par besoin qu'ils sachent ce pourquoi ils partent ; le solde ici se mérite, se débiner équivaut à finir sur le banc, finir sur le banc équivaut à demeurer pauvre, demeurer pauvre équivaut à vivre sous les ponts, et Ô Lucy qu'ils sont mal entretenus dans cette ville !

    Les voilà donc, en pleine nuit, sous une lune loin d'être pleine peinant parfois à percer les nuages pour baigner la ville de sa lumière argentée. La capitale est un endroit merveilleux, qui de jour comme de nuit, est animée et vivante, bien que les deux fuseaux horaires n'étaient pas habités des mêmes individus. C'est tout de même dans un endroit assez calme que le trio atterrit. Les lourdes chaussures des hommes de main frappaient le sol, alors que les fines bottines du chef claquaient contre pavés et caillasses. Warren planté devant la porte, ses sbires de part et d'autre, hors de vision de quiconque ouvrirait cette porte, quelque chose le dérangeait déjà. Cet...électricité dans l'air. Ce n'était pas sans raviver d'excellents souvenirs. Dans la condition et le lieu où il se trouve, cependant, les astres n'étaient pas alignés pour lui. Ouais, on pourrait dire que toute cette situation...

    '' Pue. Ça pue. On entre. Vous attendez bien que jvous cause. Causons pas plus de troubles que nécessaires. Bien ? Bien. ''

    Sans attendre la confirmation orale de ses pions, qui n'ont en tous cas d'autres choix qu'approuver tacitement, il tambourina à la porte. Une fois. Sans réponse, alors que l'echo s'était répandu dans les ruelles alentours. Une deuxième fois, une autre salve de coups sur la porte. Vraiment ? C'est donc comme ça que cela allait se jouer, ce soir ?

    '' TA PUTAIN DE PORTE JVAIS TE L'ENFONCER D'ABORD A COUPS DE LATTES, PUIS DANS TA GORGE ! ''

    Des menaces qu'il ne mettrait pas à exécution. Mais une manière de parler, une verve, qui ne serait sans rappeler le squale, aucunement besoin de décliner son identité, on se rappelle au son l'avoir croisé. Avec du recul, il s'était mit bien, le Sokim. Petite extension, belle demeure. Cas classique ou l'argent emprunté n'a aucunement été dépensé à bon escient ; il en sait quelque chose, sur comment mal dépenser son argent. Quand on a une dette, cependant...La porte s'entrouvrit, laissant voir la sale tronche de son débiteur.

    '' Monsieur Richter, pas ce soir, je peux pas, je suis occupé et - ''

    '' Mais c'est que tu penses que j'ai l'air d'un mec qui en a quelque chose à foutre ? Allez, popopop ! On rentre ! ''

    Aucune place pour l'imagination, ce n'était pas une suggestion, ni un ordre ; une évidence, alors qu'il poussa la porte, aidé de ses deux employés, si vite et fort qu'il fit tituber le propriétaire des lieux. Charmante demeure, dis donc. Ça a du en coûter un bon paquet, des cristaux. Sondant la pièce comme si équipé d'un sonar, allumant ce cigare qu'il comptait réserver pour un moment plus méritant, il aurait au moins ici l'avantage de le calmer. Dans un coin, un détail. Une personne. Particulière. Ohohoh. Luz. Voilà donc l'origine de ce mood étrange, là, juste dehors. Il ne laissa rien transparaître, aucun sourire, aucune expression, regard néanmoins amusé sous ses verres fumés.

    '' Je- J'ai pas votre argent, Monsieur Richter. Cette femme c'est – euh, une ancienne amie d'école, une personne incroyable qui m'aide énormément dans mon quotidien. Elle vous parlera sans doutes pas, elle est, euh- assez timide envers les inconnus. ''

    Le manque d'assurance transpirait à travers tous les pores de sa peau tannée, ainsi donc, mademoiselle Weiss, on pratique ce genre de cachotteries ? On trempe aussi avec des personnes un peu bizarre ? Elle a bien trempé avec Warren, remarquez. La situation n'en reste pas pour le moins incongrue. Emettant un léger ''Ooohh ?'', il se dirigea vers la rouge, alors que ses deux accompagnateurs pénétrèrent également dans la bâtisse, le grand restant dans l'encadrement de la porte, le nerveux se dirigeant vers l'individu a interroger. Le blond planté devant son amante d'un soir, sur d'être de dos et par conséquent, visage visible seulement de la noble, il sourit, tira une longue bouffée sur son cigare, en expulsa la fumée sur le côté ; aucune volonté d'étouffer cette femme, bien entendu.

    '' Dans ce cas, mademoiselle devrait se tenir à l'écart, je ne voudrais pas mal marquer son esprit à travers ces si jolis yeux ; voire l'inquiétude déformer ce si joli minoi. ''

    Un sourire. Bref. Car il fallait à présent faire volte face, se diriger vers cet homme qui avait l'air d'avoir déjà été sonné. Aucune idée de ce qu'il avait bien pu se passer, et il ne voulait pas, réellement, en apprendre plus. Elle pourrait avoir été convoquée pour finir en grand écart sur lui que...Ouais, non, ce serait vexant, passer de Warren à ce...Mec, il y aurait de quoi douter des goûts de l'invitée surprise. Toutefois, l'objectif premier restait similaire. Comparé à tantôt, cette volute de fumée émise des poumons de Warren finit par glisser voluptueusement sur le visage du motif de sa visite, agressant ses nasaux, racler sa gorge.

    '' Donc, comme ça, Sokim. On me doit de l'argent ? A moi ? A ces messieurs ? On se permet de s'embourgeoiser avec de l'argent non durement acquis, sans penser aux retombées ? Et en plus, on pense passer sous le nez d'Althair ? Parlez- vous d'un cumul de tares ! '' Phrases qu'il prononça tout en agitant l'éventail de feuilles sous son nez, autant de preuves accablantes sensées lui rappeler ce contrat qu'il a pourtant signé.

    '' M- Monsieur je- ''

    Ses yeux passaient rapidement de Warren à Luz, de Luz à Warren, de gros bras 1 à gros bras 2, acculé comme un petit rongeur face à un large serpent. Pour autant, il devait s'estimer en sécurité tant que le blond ne s'énerve pas plus et n'enlève pas ses lunettes. Un blanc, un temps mort qu'il prit volontiers, laissant le temps à un homme confus de reprendre ses esprits, à un passant d'entendre le ramdam, ou à une certaine rousse supposée muette d'entrer dans la danse, dans un des deux camps, lequel cependant ; une inconnue avec laquelle composer.
    Luz WeissCroc de foudre
    Luz Weiss
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    Re: Entrecroisements
    Mar 20 Juil 2021 - 23:04 #


    Et soudain, il était là. Parmi tous les visages anonymes, parmi l’entière population de la Capitale, d’Aryon, humain comme animaux compris, Lucy avait choisi de lui jeter Warren entre les jambes. Incrédule, stupéfaite, son ouï fut pourtant confirmé dans son hypothèse sitôt qu’il entra – difficile de lui en vouloir de malmener cette pauvre porte qui subissait déjà son deuxième assaut de la soirée. Heureusement, Sokim était de dos et bien trop accaparé par les reptations des squales qui venaient de le ferrer dans son propre salon. Il ne vit donc pas son air parfaitement atterré, et l’effort colossal qu’elle dut fournir pour lisser ses traits. Comment ? Par tous les Dieux, Helmex et Lucy réunis, que venait foutre ici Warren ?! Lié à… ? Non, pas lié, pensa-t-elle à toute allure, constatant derechef les mines patibulaires dont il s’était entouré. Présent pour menacer par conséquent, ou du moins certainement pas par amitié. De l’hostilité ? Ils se connaissaient ? Quelle histoire ? Quel contrat ? Warren savait-il ? Bien sûr qu’il la reconnaitrait. Elle le sut immédiatement, lorsque ses yeux balayèrent la pièce, figèrent l’environnement dans une carte mentale détaillée. En proie à un brouhaha intérieur sans nom, Luz ne put que relier les maigres indices à sa portée.

    Calme-toi bon sang. Même si c’était lui, même s’il s’agissait de Warren et que sa peau était encore emplie de charmants souvenirs, il n’avait pas prononcé son nom. Pas révélé son identité. Volontaire ? Ou non ? L’autre ne l’avait de toute évidence jamais vue physiquement et n’avait pas encore effectué le rapprochement nécessaire… Elle n’était pas certaine de souhaiter éventer son identité dans ces conditions, surtout lorsqu’elle désirait foncièrement du mal à cet homme. Heh quoi, alors, l’éliminer ? Après, plus tard ? Tenter de jouer le jeu, d’avoir l’air naturel, cacher ses intentions devant Warren ? Et ses hommes de main ? Oh, elle n’avait pas manqué le long regard coulant de l’un d’eux sur sa silhouette, ni le chuchotement un brin gras qu’il échangea avec son collègue. Reconnue, peut-être. … Warren la trahirait-il ? Etait-il proche de ce type ? Y avait-il quelque chose à trahir lorsqu’ils ne partageaient rien, hormis un vague souvenir qu’il avait probablement aussitôt évaporé au loin pour d’autres bras plus chauds ? Réfléchis, Luz. Sokim ne pouvait décemment être un ami. Les cris, les menaces et leurs échanges globaux étaient limpides. En revanche… Sokim représentait les intérêts de Warren, indubitablement. Sans lui, sans sa carcasse trainante, aucun remboursement n’était possible. Etait-ce à dire que Warren interviendrait pour la priver de sa cible ? Qu’il le protégerait, lui ? Elle n’en avait foutrement aucune idée. Une heure de temps et il la dénonçait peut-être. Quel autre combustible susceptible de mieux nourrir un requin que la chasse, le chantage, les cristaux et les femmes ? Allait-il la faire chanter ? Leur esclandre allait-elle rameuter la Garde, créer un précédent, l’entrainer devant les feux des projecteurs ? Quoi si Sokim disparaissait ensuite, empêchée d’agir par la présence de Warren, perdant à tout jamais la seule piste qu’elle possédait ?

    Ah, qu’elle maudissait cette soirée. Noyée sous une multitude d’hypothèses qui ne trouveraient pas réponse, en réalité, surtout, déchirée par ce qu’elle avait déjà acquis comme une réalité… Elle ne s’en prendrait pas à Warren. Jamais. Voilà bien un épuisant imbroglio dans lequel elle s’était tout droit jetée, figée entre deux intentions contraires : lui, et pas lui. Il ne fallait pas être dotée de plus de deux neurones pour comprendre que son Richter fringant, là dans la pièce, était un foutu commercial à sang froid. L’un de ceux qui flairaient le sang, vous appâtaient, et vous faisaient payer votre confiance à ce terrible instant fort pragmatique de relâchement. C’était une utopie que de vouloir gentiment lui tapoter le museau garni de dents, plongeuse nocturne absolument naïve.

    « … S’il-vous-plaît, je… Je vais vous rembourser… Tout est là, tout sera bientôt là, je promets ! »

    Il s’agitait, à présent, une nervosité proche de l’hystérie désespérée.

    « Je bosse sur une affaire juteuse, plein de cristaux, des garanties, je peux vous rembourser ! Et plus encore, je… J’ai déjà un acompte… Là-bas, dans ma cuisine et… Cette affaire, c’est celle d’une vie Monsieur, c’est… »

    Et puis soudain, le sens des paroles de Warren percèrent le marasme nauséeux dans lequel Luz s’était enferrée. Elle comprit, soudain, le rapprochement sibyllin qui liait son grand-père à cet homme et à Althair. Elle s’était relevée d’un bond pratiquement inconscient, une révélation persuadée sur les lèvres :

    « Althair… Tu n’es pas passé par Althair ! »

    Il sursauta à la manière d’un herbivore beaucoup trop proche de deux carnassiers irrités. Lui renvoya un regard en coin tremblant, pourtant embrasé d’une lueur fine de compréhension. Luz s’approcha d’un pas vif, les prunelles longeant les papiers dans la main de Warren et le visage affolé du coupable.

    « Tu ne les as pas fait acheminer par Althair, répéta-t-elle une nouvelle fois comme s’il se fut agi d’invoquer la réalité même de cette découverte dans la pièce, entre leurs corps d’animaux échauffés. »

    « Ma parole, vous hallucinez, je sais pas de quoi vous parlez !
    répliqua-t-il aussitôt. »

    Heh quoi, cette affaire juteuse, c’était elle ? Les Weiss ? Mysora ? Il avait été payé pour les empoisonner ? Il ne pouvait pas en parler à Warren, parce qu’elle se tenait précisément à côté d’eux ? Impossible de rassurer son créancier dans ses conditions ? Elle ne sut trop pourquoi, mais cette perspective tranquillisa momentanément sa colère. Un froid calme d’acier glacé rongeait ses veines.

    « Allons, calmons-nous, tenta-t-il en changeant brusquement de ton. Il passa une main dans ses cheveux désordonnés, réajusta sa chemise. Je… Monsieur Warren, je suis sincèrement désireux de rester en bon terme avec Lagoon et de… Euh… Repartir dans de bonnes conditions. Je suis prêt à tout pour ça. Je peux vous rembourser, avec les intérêts, ça vous irait ? Monsieur ? »

    Il avait esquissé un pas prudent en arrière, exagérant à l’excès ses gestes pour montrer qu’il n’outrepassait pas sa place. Il désigna une bouteille à demi remplie dont le liquide ambré patientait sur un buffet avoisinant, trouva l’énergie d’extraire plusieurs verres d’une main tremblante. Sokim Uard était un commercial. Un commercial terrifié, certes, mais dont les tactiques avaient maintes fois prouvé leur valeur. Adoucir le prédateur, montrer patte blanche, ne pas le contrarier surtout. Servir à l’excès.

    Elle ne sut trop comment elle le comprit. Peut-être du fait de l’infime regain d’espoir qui perça ses prunelles lorsqu’il leur tendit les verres, pataud et servile. Ou bien cette seconde supplémentaire de contact visuel, la texture du verre, la conscience folle que ce n’était pas elle qu’il attendait cette nuit. Il savait qu’ils allaient venir. Warren et ses sbires, pas elle. Il s’y était préparé. Au cas où. Dépossédé de griffes, juste bon à préparer une porte de sortie, une fuite, quelque chose pour s’extraire en cas de problème… Désespéré, au bout du rouleau, à court d’options alternatives. Mis au pied du mur par ces deux difficultés mortelles qu’il ne pouvait pas gérer en même temps. Lui qui n’avait plus rien, et certainement pas de quoi rembourser.

    Ce fut presque une caresse. Un long, précis mouvement du poignet, un balayage brutal et instantané. Le verre qu’il venait de déposer devant Warren explosa en million de fragments lorsqu'elle le projeta contre le mur, son contenu répandu sur sa trajectoire.

    « … Vraiment ? »

    Un souffle à peine articulé, toute entière voltée, sa main, paume ouverte vers le mur visé comme figée après la tempête. Un murmure au crissement de givre. Les quatre autres verres remplis lui renvoyèrent son reflet, un éclat d’ambre au goût doucereux de drogues violentes, invisibles, inodores… Oh, elle aurait probablement regardé les deux sbires du squale s’effondrer sans sourciller, aurait fait mine de siroter son verre pour mieux se débarrasser des témoins gênants et en revenir à ses propres affaires. Mais leur joyeux comité comprenait également la mauvaise personne à attaquer. Le mégalodon du bassin lui-même, en chair et en os. Et cela, très précisément, était beaucoup plus impardonnable.

    Warren RichterCitoyen
    Warren Richter
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    Re: Entrecroisements
    Ven 23 Juil 2021 - 2:26 #
    Impossible pour celui à qui rien n'échappe d'ignorer l'attitude moralement répréhensible de ses hommes ; et comment leur en vouloir dans le fond ? Tomber sur une femme de ce calibre, proche de son patron qui plus est, ce n'est pas tous les jours qu'ils ont cet honneur, ses sorties nocturnes étant réservées à lui et lui seul, des moments brefs et intimes, pas du genre à copiner avec tous ses employés, vraiment aucun pour ce qu'il se rappelle. Il ne les reprit pas néanmoins, si c'est une des manières leur permettant de lâcher un peu de leste, que ce soit fait, et puis, Luz ne semblait pas en avoir été incommodée plus que ça. En l'observant plus attentivement -en passant outre le physique, du coup, elle semblait extrêmement moins confiante et engageante qu'il y a quelques semaines, en proie à des démons internes qu'il ne peut comprendre dans l'immédiat, pas le même point de vue, trop de données inconnues que sans le savoir, se dévoileront à lui au fur et à mesure.

    La rousse n'était pas la seule complètement hors de ses moyens, Sokim transpirait à grosses gouttes et bégayait tellement qu'il était sur le point d'inventer une nouvelle langue régionale née en ce lieu d'Aryon, promettant de rembourser, qu'il lui fallait du temps. Du temps ? Il ne s'arrête pas, il s'écoule, et comme toute chose, est illimité, ironique donc de dire qu'il n'en possède plus pour rendre ce qu'il devait. Barrière illusoire, rien sur le contrat n'indique de date claire ; de deadline explicite, cela reste au bon vouloir de Warren. Et là, il avait décidé que cela faisait déjà assez longtemps qu'il attendait et laissait le menu fretin s'égosiller joyeusement sous son nez. L'affaire juteuse qu'il évoqua réveilla ses sens les moins enfouis, plein de cristaux hein ? Ô, qu'il aimerait là, maintenant, tout de suite, repartir avec des bourses bien remplies de cristaux à dépenser, s'excuser auprès de la noble et partir dilapider tout ça dans le premier bouiboui croisé en chemin, laissant les deux hommes qui l'accompagnent sur le banc de touche. Il ne les empêcherait pas de rentrer et profiter, juste de le faire à ses côtés. Se contenter de ce qu'il pouvait lui offrir ne serais pas suffisant ; peut-on parler d'acompte quand on doit déjà l'argent ?

    Étonnamment, il ne fut pas le premier à ouvrir les lèvres, lâcher une réponse cinglante à Sokim, que la noble semblait revenir de loin, sortie d'une léthargie qu'on mettre sur le dos du choc de voir débouler sans doutes le dernier homme qu'elle souhaitait voir ; bien qu'il n'en ait aucune idée et se rappelle encore le contact chaud de la femme sur sa peau glaciale, Warren n'est jamais le genre d'individu que l'on veut voir deux fois, il ne laisse pas toujours un bon souvenir, et s'il débarque chez vous, ce n'est jamais sans embrouilles. Une moue vexée naquit sur son visage alors qu'il ignorait fondamentalement les déblatérations qu'elle pouvait bien proférer, pas acheminés par Althair, oui, mais quoi ? Difficile de cacher ce mécontentement, que cette personne ait plus d'informations que lui sur ce sujet, tant sensible soit-il, alors qu'il est normalement le roi incontesté sur son trône. On ne peut dire qu'il avait assez fréquenté son amante d'une nuit pour en saisir pleinement la psyché, aussi volatile que lui, pour se targuer d'en saisir pleinement l'essence. Supposons quand même que tout ceci n'est pas très normal. Ouais, ça pue.

    En tous cas, Sokim réfute d'un revers tremblants la diffamation dont il fait preuve, faire le sourd et l'aveugle est une marque de fabrique quand on baigne dans des affaires où les commerciaux sensés n'y tremperaient pas un orteil pour prendre la température. Warren pensait qu'ils seraient tous deux faits de la même trempe ; rien de tout ça. Dans la finalité, un chaton apeuré, certes, il usa de son pouvoir autant qu'il avait usé sa patience, au bout d'un moment, les piètres qualités de négociations n'égalaient pas les projets et l'ambition de l'homme se trouvant en face de lui. S'il avait accepté, c'est par appât du gain facile, une question de pari, ses investissements parfois semblables à un simple pile ou face dont l'issue est décidée par Lucy elle même. Une chose reste sure ; il sait comment l'acheter. Cette bouteille à l'air incroyable ! Elle sera bienvenue, après que le blond se soit arqué, comme frappé en plein sternum, à l'entente du ''Monsieur Warren'' lancé, faisant echo non dans la pièce mais dans sa tête. Warren, c'est pour les privilégiés, les intimes, donc presque personne. Monsieur Richter ; c'est la façon dont on s'adresse à lui. Aucune chance qu'il réponde ''Ah non, Monsieur Richter, c'est mon père''. Car on l'emmerde, son père. Impossible de faire machine arrière, de repartir sur d'autres bases plus saines. Mais ça, il ne le dira pas. Jouer avec sa proie, même quand elle lui est acquise, est délicieux. Une chasse facile reste une chasse.

    '' Eh bien ! Buvons donc à - ''

    Rapide. Trop. Le verre qui lui était destiné finit contre le mur, éclaté. Regard perçant en coin dirigé à la personne à l'origine de telle action. Désacraliser ainsi une boisson gratuitement offerte en toute bonne foi, quelle...Ignominie ! Irrespect ! MAIS ENVERS WARREN ! N'en voulons pas à cette magnifique créature, ce mouvement est des plus admirables, un sauvetage qui lui irait droit au cœur s'il était complètement idiot. Déjà y il a trois semaines, il n'évoqua pas la facilité avec laquelle l'héritière Weiss avait accepté le verre, sans en penser moins ; lui a presque l'habitude qu'on tente de le pourrir, lui nuire. Aveugle, il peut l'être aussi quand il veut.

    '' Mais – Mais mademoiselle ! Vous êtes vraiment sérieuse ? On ne se débarrasse pas ainsi d'un tel présent voyons ! '' Alors que Warren se saisit d'un des autres verres, le sourire de Sokim fut bref... '' ...Et vous sous-estimez mon intellect. '' ...Car il s'effaça à ce moment précis, alors que Warren attrapa d'un tact rare l'avant bras de la survoltée, appuyant fermement mais respectueusement dessus afin qu'elle l'abaisse. '' On se calme, ma jolie. Je croyais que vous étiez là sur sa demande ? '' Que c'est rigolo, de titiller.

    Prenant un verre à la main, dos à tout le monde sauf à son homme de main colossal qui surveillait la porte, à l'opposé de la pièce derrière lui, maintenant dos à tous les autres convives, seul ce dernier pouvait interpréter ce sourire mauvais qui barrait le faciès du patron de joue en joue. Planté devant lui, il tourna le liquide épais et brun dans le verre, en huma délicatement les effluves étranges, et tendit le contenant à une montagne incrédule.

    '' Bois. ''

    '' M'enfin, Monsieur - ''

    '' Bois. ''

    D'une dextre hésitante, il délesta son employeur de son verre sur son ordre, et avala le contenu cul sec. Quelques secondes, rien. Rassurant. Le sbire se sentait même soulagé, léger, mais si lourd à la fois, alors que son corps commença à glisser le long de l'encadrement de la porte qu'il manqua de défoncer il n'y a pas plus longtemps que quelques minutes. L'ambiance devint lourd et pesante, le silence de plomb écrasant n'était rompu que par les ronflements légers de son subordonné, rapidement rejoints par le bruit des cervicales claquantes de Warren alors qu'il pencha sa tête de gauche à droite dans un mouvement régulier de balancier. Sans doutes la journée fut-elle trop calme pour lui. Aucune occasion de craquer. De s'énerver. Tout ça pour mener à ce moment ou il pourrait se lâcher.

    '' Trop. '' Il se retourna vivement, d'une agilité toute retrouvée pour lui, encore inconnue à deux personnes dans la pièce. '' J'aurais pu pardonner. Mais TU. AS. FAIT. TROP. D'ERREURS. ''

    Faux, bien sur. Jamais il n'aurait lâché le morceau, dents plantées profondément dans la chair de sa victime, comme serties de crochets qui s'accrochent à votre peau, plus de dégâts en se débattant qu'en se laissant aller. Se dirigeant vers Sokim, senestre aux lunettes, ce petit malin avait déjà détourné le regard, au courant des rumeurs et ayant déjà subit ce procédé, rien n'arrêta cependant le blond, qui retira ses lunettes, planta son regard dans les yeux d'un Sokim qui l'esquivait en positionnant le sien au niveau du torse du dangereux l'approchant lentement. Aveuglé, Warren avait quand même déjà activé son pouvoir, marchant lentement vers sa proie qui plongea sa main dans une poche de sa veste.

    '' Déjà. C'est Monsieur RICHTER. RICH-TER. T'es qui pour m'appeler Warren ? ''

    A la fin de sa micro tirade, il était déjà au niveau de Sokim qui sortit un fin mais aiguisé couteau pliant, prêt à en découdre. Il ne put que bénir Lucy d'avoir croisé la route de Stantor et Sandro, deux mercenaires qui malgré la maladresse de Warren, réussirent à lui apprendre certains rudiments, utile dans ce cas pour lui éviter une blessure qui aurait pu être bien plus grave ; attrapant la dextre de Sokim alors que la lame n'était parvenue qu'à entailler l'assaillant au flanc sur quelques centimètres de long pour quelques millimètres de profondeur, attrapant l'endetté de la main gauche au col, pour le forcer à croiser son regard. Il arrivait à sentir sa peur ; quelle sensation délicieuse, il était maintenant à lui, il ne pourrait détourner son regard, crispé, les jointures de la main blanche, serrée autour de son arme cachée. Il le poussa légèrement.

    '' La somme que tu me dois est DEMESUREE. '' Il décocha une énorme droite, qui rompit le contact visuel ; face contre terre, difficile de percer les mirettes de Warren, mais comme enragé, ce dernier n'avait pas désactivé son pouvoir pour autant, donnant des coups de latte à un Sokim au sol, un nouveau reproche sortant de sa gorge à chaque coup. '' Tu me fait me déplacer. Pour un ridicule ACOMPTE ? Tu me MENS ? Tu tentes de M'EMPOISONNER ? MOI? '' Il finit par le choper d'une main par le col, l'autre la ceinture, le soulever sans non plus trop de facilité, et le lancer sur une chaise non loin. '' Et SURTOUT, tu - ''

    Alors que son regard manqua de croiser celui de Luz, il s'arrêta net. Non ; pas sur elle. Jamais, si possible. Le nerveux à côté, pourquoi pas, puisqu'il rigolait depuis tout à l'heure, nez pointé vers ses chaussures. C'est déjà une facette qu'il ne voulait pas forcément montrer, l'apeurer ne ferait qu'empirer leurs relations et risquer son business, leur accord qui n'avait été jusque là passé que tacitement. La tête du gérant d'Althair -oui, que la branche capitale, bon- tomba d'un coup, comme si un fil invisible lui maintenait la tête depuis tout ce temps, et que celui ci venait de se rompre avec pertes et fracas. Pouvoir terminé, il sentait sa vision se troubler, ses yeux rougir autant que sa chemise blanche sous sa veste. L'infortuné hôte reprenait à peine ses esprits que la respiration de Warren égalait le ronronnement de son homme de main inconscient ; remettant ses lunettes, il relève la tête. Ajuste sa veste. Ses cheveux qui semblaient maintenant indomptés.

    '' Ne m'invite pas quand se tient chez toi une vraie beauté. ''

    Ah, ça y est, le vrai Warren est de retour. Charmeur, dragueur, lourd et maladroit tout à la fois. Pour longtemps, espérons. D'une démarche hésitante dûe au manque de vision dont il était victime ; un des pires effets secondaires qu'il puisse avoir, enfin, avec les yeux écarlates s'entend, il réduit la distance le séparant de son débiteur, alors que ses prochaines paroles trouveraient facilement leur cible.

    '' Ne vous mouillez pas. Vous abaissez pas à ça. J'ai toutes les cartes en main. ''

    Seul le temps sera capable de dire s'il s'adresse directement à Luz en tant que telle ; ou s'il jouait encore le jeu du ''qui êtes vous ?''. Pour dire vrai, lui même n'en avait aucune idée, aussi vite qu'arrivée, l'adrénaline dans son sang le quittait lentement, alors qu'il s'accroupit à côté d'un Sokim encore dans le gaz.

    '' Tu sais ce qui va vous arrivez ; à toi et ta bicoque. Allèges toi. Parle. Qui ? Où ? Pourquoi ? Je veux tout savoir. Ou jte laisse entre ses mains. Et il est pas tendre. ''

    D'un rapide geste de la main, il désigna le nerveux, tremblant presque à l'idée d'interroger de manière musclée et non cordiale leur cible, comme si le simple fait d'assister à ce spectacle avait suffit à encore plus le gorger d'adrénaline que son patron. Par la même occasion, servirait presque de chevalier blanc pour la noble ; elle a visiblement de mauvaises intentions envers cet homme. Elle n'aurait pas laissé passer ça, sinon ? Dirigeante de l'Astre de l'Aube. Célonaute. Héritière Weiss. Nan, faut pas qu'elle se casse ne serais-ce qu'un ongle.

    Et maintenant, on attend.
    Luz WeissCroc de foudre
    Luz Weiss
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    Re: Entrecroisements
    Mer 28 Juil 2021 - 19:25 #


    Etrange comme sa colère était retombée. Un souffle de tempête apaisé, allégeant ses épaules et rétractant ses crocs sitôt que la main de Warren avait trouvé son bras. Sans doute aurait-elle dû en vouloir à ses instincts bassement matériels de reconnaitre cette paume sur sa peau – mauvais moment, mauvais endroit pour laisser son corps exprimer ce souvenir incendiaire. La situation avait néanmoins atteint un taux d’absurdité suffisamment saisissant pour chasser sa rage, remplacée par une attentive observation. De Sokim, tout d’abord. Sa façon d’échanger et de craindre ses tortionnaires, d’esquiver telle une danseuse sur le fil les questions dérangeantes susceptibles de le mettre à mal. Des sbires du squale qui se déplaçaient dans la pièce avec une pertinence toute professionnelle. Et aussi, et surtout, de Warren. Le comportement soudainement désordonné de Sokim, le feu d’un regard braqué sur lui qu’elle ne pouvait saisir… Et ne souhaitait pas saisir, à bien reformuler, et cette simple pensée lui arracha un frisson animal. Car il y avait dans le regard de leur hôte un monde de terreurs rentrées, la peur, celle qui vous traversait le corps de part en part et vous clouait au sol comme une phalène placardée sans pitié par quelque froid collectionneur. Elle crut ressentir de la compassion, mais rien ne vint. Hormis le goût familier de la curiosité, ce spectacle morbide dont elle ne pouvait pourtant détacher les prunelles, fascinée par l’incarnation de ce pouvoir dépeint par tant de rumeurs. Elle l’observait se mouvoir, l’unique faisceau de son regard braqué sur Sokim, champ de vision étrécit puisqu’elle le contemplait de biais… Comment ? Comment son pouvoir fonctionnait-il ? Qu’éveillait-il chez autrui ? Quel était cet abime apeuré qui avait éradiqué toute fonction intelligente dans les réactions de sa victime ? Il avait ôté ses lunettes, mais rien ne disait qu’il s’agissait d’une condition obligatoire…

    « J-J-Je v-vais par-parler… articula péniblement Sokim au travers de ses incessants tremblements. J-je… Je savais pas… »

    Il s’était recroquevillé sur sa chaise, masse humaine vibrante d’effroi, la main qui avait tenu le couteau replié contre son torse, presque autant apeuré de lui-même que du requin qui flairait sa peur. Alors elle s’était approchée d’un pas souple, coulée jusqu’à Sokim d’une démarche singulièrement féminine, s’était penchée vers lui dans un ressac de cheveux flammes glissant d’une épaule. Elle lui sourit, un sourire qui n’atteignit pourtant pas son regard, étrangement affectueux, faussement apaisant. Elle glissa son index sous son menton et releva son visage vers elle, le contraignant à ne plus surveiller les moindres gestes de Warren, le squale qui le terrifiait tant.

    « Raconte-nous, Sokim, susurra-t-elle, raconte-nous comment tu as contourné les structures d’Althair pour envoyer un mélange de lêveur, de baies de lucols bleues et de globlue au patriarche d’une famille noble problématique. Des produits toxiques. »

    Elle ôta son doigt, laissant par là-même sur sa chair la morsure d’un léger arc électrique qui le fit sursauter.

    « J’voulais pas… J’vous promets ! Mais… »

    Elle s’était déjà retournée, revenant d’un pas paisible aux côtés de Warren, un masque soigneux d’indifférence sur les traits. Elle ignorait ce qu’il lui avait fait exactement, mais les effets de son pouvoir étaient saisissants : jamais auparavant Sokim n'avait paru si pressé d’avouer ! Si délicieusement docile entre leurs mains…

    « Mais ? reprit-elle avec un flegme étudié, un fin sourcil interrogatif haussé. »

    Sokim jeta un vif coup d’œil à l’homme de main de Warren, puis au mégalodon lui-même.

    « J’avais pas l’choix… Je… J’ai tout dépensé ! Je pouvais plus rembourser ma dette à Lagoon, et… Et c’était ça ou foutre la clé sous la porte ! s’agita-t-il soudain. Les affaires, c’est un trou noir, j’y arrive plus… E-et il y a eu ce type… Il m’a promis un tas de cristaux… Une affaire facile, juste à aider un vieux à rendre un peu plus rapidement visite à Lucy… J’vous promets, j’ai tout essayé ! J’l’ai pas fait par plaisir, je voulais pas voir vos visages – me suis pas renseigné sur vous ni sur votre vieux ! »

    Ses propos s’étaient précipités à présent, au point qu’il anticipât la réaction immédiate de ses bourreaux :

    « Me faites pas d’mal, je connais rien du gars, il était masqué et les cristaux ont été déposés sous mon lit ! … M-Monsieur R-Richter, trouva-t-il le courage de se tourner à nouveau vers le squale. Sans le regarder directement pour autant. La bourse e-est à vous, elle est là-haut… »

    Un contact ? Sokim n’était pas son commanditaire ? N’était-il réellement qu’un pion jetable utilisé par un tiers du fait de sa profonde misère ? Et ce tiers, quel projet nécessitait d’éliminer Jeschen Weiss, quel but en valait la peine ? Projetée une nouvelle fois dans un gouffre de questionnements intérieurs, Luz avait passé un bras sous sa poitrine, l’autre effleurant pensivement ses lèvres. Elle réalisa qu’elle ne ressentait finalement aucun dérangement ou déplaisir à la présence de Warren, tout au contraire… Réchauffée. Touchée ? Il y avait quelque chose d’indubitablement familier, terre à terre dans la manière dont il réagissait. Une tirade brusque, une pic volubile et vulgaire, bizarrement rassurante, qu’il déjetait aisément lorsqu’il redevenait lui-même, loin de sa colère. Voilà que sous ses airs de créancier il l’aidait à mener sa propre enquête et tâchait dans le même temps de la maintenir en-dehors des ennuis… Dès lors, elle se fichait bien de savoir s’il était ou non son ennemi – elle lui accordait de toute façon déjà éperdument sa confiance, indifférente à l’idée de peut-être se faire mordre en retour en se dénudant définitivement. Et peu importait si cette loyauté était décernée au pire carnivore du bocal !

    Elle réalisa seulement que son regard s’était déporté naturellement sur sa silhouette, intégrant soudainement l’état dans lequel il se trouvait. Ses sourcils se froncèrent au possible, courbe hautement contrariée – soucieuse, bien sûr, protectrice, assurément, mais cela aurait été avouer trop de choses pour le moment -, détaillant d’une traite la sourde tâche rouge qui gagnait son flanc et la fatigue apparente de ses traits. Le couteau l’avait éraflé ?! Par trop spontanée, sa dextre s’était déjà vivement levée pour effleurer l’épaule de l’Archonte, longer son bras et écarter le pan coupable de sa veste pour mieux découvrir l’étendue et la profondeur de l’estafilade. Elle releva derechef les yeux dans les siens, à peu près convaincue que son pouvoir n’était plus actif à l’instant, même s’il ne s’était passé qu’une faible poignée de secondes entre la dernière déclaration de Sokim et sa sinistre découverte.

    « Monsieur Richter, Warren pensa-t-elle en échos familiers. Je voudrais vous dire deux mots en privé. »

    Sa voix était ferme, non agressive toutefois. Etait-ce ainsi qu’il traitait ses blessures ? Avec indifférence ?! Ce satané Sokim n’en méritait pas tant ! Il y avait également sans doute beaucoup à discuter dans cet imbroglio de situations contraires…

    Warren RichterCitoyen
    Warren Richter
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    Re: Entrecroisements
    Jeu 29 Juil 2021 - 1:39 #
    Quelle femme. Là ou Warren était tout dans le direct, la violence, l'usage de la peur, ce qui se reflétait du même coup sur son physique solide et relativement imposant -il a déjà vu des gardes, eh, tu les croises, t'as peur-, la rousse était toute en agilité, finesse, subtilité, traces que l'on retrouvait dans sa posture, sa démarche, qui rendrait faible et apathique plus d'un homme, subjugués qu'ils deviendraient. Et Warren ? Possible, allez savoir. Tout ce spectacle n'était pas pour lui déplaire, et il remercie chaque jour, avant de se coucher, la déesse Lucy de lui avoir donné la brillante idée d'user de son image et de son pouvoir afin de pouvoir couvrir ses yeux de lunettes fumées, autorisant son regard à courir où il le désire, sans subir les éventuelles remontrances ou moments génants. Mentons pas, depuis le début, son regard glissait sur Luz ; dès le moment de sa première entrée dans ses locaux.

    Malheureusement, ils ne sont pas là pour se taquiner, se provoquer comme il fut le cas précédemment, l'affaire était ici bien plus sérieuse que se mettre d'accord sur des termes commerciaux alambiqués, parapher ici, ici, et là, initiales ici, merci beaucoup pour votre intérêt, serrons nous la main, on revient vers vous au plus vite. S'étant relevé dans une souplesse digne d'un quinquagénaire après trois longues nuits mouvementées et sans sommeil à la taverne la plus accessible du coin, probablement dû au picotement qu'il ressent sur son côté, amplifié par le frottement d'une chemise et d'une veste qu'il porte toutes bien trop prêt du corps pour que ce soit confortable ; il faut souffrir pour être beau, il laissa tacitement la place à Luz, les deux se relayant avec une complicité inédite et inopinée, tels deux danseurs ayant répétés plus de mille fois leur meilleur boleo.

    Admettre qu'il avait décidément tout compris de ce qu'elle avait énuméré aurait fait de lui un fieffé menteur, tant de choses qu'il lui reste encore à apprendre pour ne serais-ce que toucher du doigt l'objectif réel de comment il se voit en fantasmes ; Warren est le meilleur, en tous domaines, il le sait, il serait capable de tout faire, et mieux que les autres, une courbe de progression illimitée, mettez le sur une voie, le monde n'aura que peu de révolution à faire autour du Soleil pour le voir vous dépasser. Pour ça, il faudrait déjà connaître les bases comme : qu'est ce que ça peut bien être, du lêveur, des baies de lucols bleues et de globlue ? Ca se mange ? Bien sur que non, puisque les mots ''produits toxiques'' martelaient dans crâne, comme si ses neurones débattaient si vite qu'il avait du mal à suivre, relier tous ses points ensemble pour enfin dessiner la toile de tout ce qui est en jeu ici, la trame qui avait poussée cette apparente jeune et fringante noble à tremper avec des gens comme Sokim, s'introduire chez des gens la nuit tombée pour une enquête qui semble de la plus haute importance, et merde, hésitons pas à le dire, avoir l'infortune de se retrouver de nouveau nez à nez avec le blond. Pas que leurs relations aient étés inamicales jusque là, bien au contraire, il n'en demeure pas moins un homme avec lequel on aimerait traiter et traîner le moins souvent possible. Les bruits courent si vite, les rumeurs vagabondent avec une telle ardeur que beaucoup sont déjà fichés à lui.

    La dette ? Il n'en avait déjà presque cure. L'argent, ça va, même quand on préfère quand ça vient. L'investisseur n'en était pas à sa première proie, Sokim est loin d'être le gros poisson lui autorisant de maintenir le train de vie qu'il désire garder. Ce qui devint primordial était de comprendre ce qui a poussé cet homme à commettre, dans son dos, cette ignominie. Le puzzle fait sens ; la ou Warren est simplement présent pour récupérer son dut, Luz est là à cause de quelque chose qu'il a voulut lui prendre. Une vie ? Le vieux dont il parle. Un membre de la famille Weiss ? Ô, que ça ferait jaser si cela venait à sortir d'entre ces quatre murs. L'attention de l'homme fut de nouveau captée par l'évocation d'une somme de cristaux, qu'il espère colossale, brillants, bien que teintés de sang. Là haut. S'y rendre lui même ne serait que frivolité, confiance placée en son sbire.

    Un soupir fut coupé par un frisson, remontant de ses reins à sa nuque, au contact même à travers le tissu de la main de la rousse sur son épaule, alors qu'elle glissait le long de son bras, la chaleur ravivait de récents souvenirs, ainsi que d'autres plus...Enfouis. Ainsi, tout peut-être lié, hein ? La froideur dont il fait preuve ; la température apparemment glaciale de sa peau, c'est depuis ce jour, non ? A part en cas de racolage réussit, le blond paye pour ces contacts chaleureux, l'approcher est déjà une mauvaise idée en soit, outre en cas de rendez-vous commercial ou s'il fait le premier pas, bien sur. Une fièvre familière et nostalgique, rarement touché depuis cette époque par autre chose qu'un poing fermé ou un lame glacée. Tout ça pour vérifier son intégrité corporelle, lacéré, il l'a déjà été, pas au point d'être marqué de cicatrices, souvenirs malheureux que possèdent de nombreux guerriers dont la lutte n'est pas toujours physique, plonger les yeux profondément dans les yeux de ceux ayant souffert pourrait vous surprendre, vous descendre, suffoquer comme noyé dans un tourment sans fin. Warren ? Il laisse rien transparaître, sauf à qui le veut -ou il veut. Avant d'apprendre que c'était pleinement son pouvoir l'origine des maux de ses victimes, il aurait pu croire à un tel événement. Un entretien privé, donc ? Il ne put s'empêcher de ricaner.

    '' Les rôles ont déjà explosés, de toutes manières, je crois. Si c'est pour ça '' Il passa sa main sur le liquide rougeâtre. '' Il y a pas à s'inquiéter. Mais soit. Isolons nous un instants, mademoiselle ''. Le nom ''Weiss'' lui brûla la gorge. Il pointa du doigt successivement son homme de main encore debout, puis Sokim. '' Tu le lâche pas des yeux. T'as carte blanche. Qu'il crache tout. On...Décidera de lui quand je redescendrais. Bien ? Bien. '' Se retournant ensuite vers Luz, il pointa les escaliers. '' Je vous en prie ; je n'en ferais rien. ''

    C'est ainsi que le duo emprunta les marches pour se rendre dans cette fameuse chambre, la femme lançant des regards en arrière qui n'eurent pour réponse qu'un sourire et un ajustement de lunettes ; oui, beaucoup d'hommes se cachent derrière leur galanterie pour profiter d'une certaine vue derrière une dame en pleine montée. Quelle était la différence entre eux et Warren ? Aucune, si ce n'est que lui est vraiment galant, dans sa propre définition du terme. Tout ça pour arriver dans une chambre qui n'a rien à envier à celle du blond ; celle incomplète dans les locaux d'Althair évidemment. Un grand lit king size à moitié défait, preuve additionnelle que l'apparente solitude de Sokim n'est pas qu'illusion. Depuis leur arrivée ; aucun homme de main, aucune femme, rien à quoi se raccrocher quand tout va mal personnellement. Quelle tristesse. Ignorant volontairement les volontés ostensibles de la rouge de discuter et poser sur la table les différents éléments à leur disposition, il entreprit de se rendre au pied du lit, se mettre à genoux et tâtonner sous ce fameux mobilier, office de coffre au trésor pour lui. Il en sortit bel et bien une bourse, pas bien grande. A l'ouverture, elle révéla néanmoins des cristaux clairs, quelques transparents.

    '' Le chien. Il pense vraiment ne me devoir que ça ? Jusqu'au bout il m'aura manqué de respect, ce commerçant de pacotille. '' Tête dorénavant relevée, il analysa rapidement la pièce et sembla presque à l'instant réaliser que la pièce était une chambre. Avec un lit qui a l'air bien plus confortable que son coin de bureau, son fauteuil, et le parquet même de son bureau. Yeux plantés dans ceux de Luz, ce qu'elle n'aurait pu sentir, au moins deviner, il sourit de nouveau. '' Et voilà que maintenant ; une chambre. C'est donc là que vous me traînez ? Vous n'avez vraiment aucune limite... ''

    Pique volontaire, désinvolte, faisant bien sur directement référence à leur dernière entrevue. Passons. Ce n'est bien entendu nullement pour écouter les divagations d'un homme semblant des plus vieilli par la rougeur sur son flanc -faudra peut-être finir par consulter pour ça, d'ailleurs, au moins avant de rentrer- sur les relations passées. En bas, un homme attends sa sentence, son foyer est devenu sa cellule, Warren seul gardien de son salut, du moins, tant qu'il reste dans l'obscurité quant aux revendications de la Weiss. Il haussa les épaules.

    '' Je vous ai déjà dit de ne pas vous inquiéter pour ça. J'ai eu droit à pire. C'est des infos sur Sokim que vous voulez, non ? J'ai rien de plus que ce que vous avez vu. Un pitre qui me doit de l'argent. Mauvais payeur, menteur, manipulateur. Aaron saura se charger de...tout savoir. Après. Vous semblez être au courant de bien plus de choses que moi. Rien que le fait qu'il ait outrepassé ma compagnie...  ''

    Inutile d'en dire plus. Althair peut baigner dans l'illégal. Certains le savent ; rares. Nombreux sont ceux pensant que ce n'est qu'une gentillette entreprise de transport de bien, ce qui est d'une justesse chirurgicale, transporter les biens qu'elle avait annoncés ? Possible aussi. Et Sokim en était tout à fait au courant. Maintenant, on se tait. Et on attend les prochaines actions et palabres de la gérante de l'Astre de l'Aube.
    Luz WeissCroc de foudre
    Luz Weiss
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    Re: Entrecroisements
    Sam 31 Juil 2021 - 12:00 #


    Elle lui retourna un drôle de regard, et puis, finalement, un rire la prit. La gorge offerte, une ligne de dents blanches sur le carmin de ses lèvres, achevant de dissiper une partie de la tension qui enferrait jusqu’alors son corps. Il était si… Lui. Même en cette soirée saugrenue où il accomplissait les basses œuvres de Lagoon, si profondément adaptable à son environnement qu’il n’avait pas été le moins du monde surpris de la voir ici ce soir. Etait-ce cela d’avoir le sang froid ? Ne pas s’épouvanter, ne jamais s’effaroucher, saisir les éléments extérieurs comme de vagues détails à peine irritants ? Les contrôler ensuite, les chasser d’un geste indifférent du poignet ? Ah, elle enviait certainement sa nonchalance toute commerciale : il travaillait après tout, un bourreau professionnel aux mains gantés d’argent, respecter le planning avant tout, faire payer les clients… Ce n’était pas toutefois de l’insensibilité ou de l’indolence, plutôt un intérêt entièrement concentré sur sa tâche. Nul doute qu’il ne devait pas dormir souvent, et encore moins prendre de vacances. Son rire se mua progressivement en sourire, apaisée, enfin. Elle le préférait mille fois éloigné des autres témoins et acteurs de ce désastre !

    « Que voulez-vous, vous ne cessez de m’inspirer des plans toujours plus inventifs pour vous attirer dans mes filets. Faites un effort s'il-vous-plaît, soyez un peu moins vous, lui répondit-elle, une touche d’humour amusé dans la voix, volontairement exagérée. »

    Il lui semblait que ce petit jeu de pics et d’estocades lui devenait de plus en plus familier. Une routine qui s’enroulait aisément dans sa bouche dès lors qu’ils se trouvaient dans la même pièce. Ce n’était néanmoins pas pour lui faire du gringue qu’elle l’avait accaparé, aussi le rejoignit-elle au pied du lit, ignorant de prime abord sciemment sa dernière tirade beaucoup plus sérieuse.

    « Ne pas m’inquiéter ? Vous me contrariez Warren, j’aurais préféré que vos yeux si efficaces vous protègent également des coups de lame. »

    Sa voix était irritée, cependant démentie par la courbe réellement soucieuse de ses lèvres, encore épinglée d’un semi-sourire. Trop directe ? Elle se foutait comme d’une guigne de passer pour une mère angoissée. Son esprit n’avait jamais posé la moindre frontière sur ses manifestations de tendresse, et ce n’était certainement pas un squale en pleine possession de ses moyens qui la refroidirait. Elle se planta donc en face de lui avec une autorité médicale rôdée par l’habitude, et entreprit de deux doigts agiles de déboutonner le bas de sa chemise. Le caractère cocasse de ce simple geste ne lui échappa aucunement, accompli une poignée de semaines auparavant dans d’autres circonstances… A peu près persuadée que Warren se chargerait pour eux deux de faire une blague sur le sujet, et de ce fait de la distraire un peu plus, elle sentit qu’il s’agissait peut-être du bon moment pour expliquer ses intentions :

    « Par Lucy, laissez-moi voir ça et vous soigner rapidement par magie, lâcha-t-elle dans un souffle à demi râlé, levant les yeux au ciel. Je crains de changer d’avis et de retourner briser les bras du type en bas pour me tranquilliser si vous ne me laissez pas refermer cette maudite plaie. »

    Et lui redonner un brin d’énergie par la même occasion, tant ses yeux paraissaient épuisés par l’utilisation singulière de son pouvoir. Renarde et malicieuse, toutefois, taquine assurément, elle laissa le plat de sa paume se faufiler sur sa peau dénudé, glisser sur son torse en une sensuelle caresse, contourner son flanc sans se presser, a priori soit disant pour s’aider à repousser sa chemise. Deux secondes trop lentement. L’étincelle narquoise qui effleura ses prunelles suffit à trahir ses pensées. Heh, qu’il se débrouille donc avec ça, elle avait bien le droit à une once de vengeance en contrepartie de ce stress accumulé non ? De son autre main libre, elle avait extrait d’une poche cachée une fiole de Vif'Éclat, recouverte de runes et emplie d’un étrange liquide ambré. Elle désigna la boucle qui ceignait son oreille droite, consciente de la méfiance naturelle de son patient du jour :

    « Rien d’empoisonné ou de dangereux, c’est promis. Je puise l’énergie contenue dans ce bocal pour soigner, vous serez comme neuf en un instant. »

    Elle eut une moue explicite en reposant ses prunelles sur l’estafilade qui marbrait son flanc. Ses singeries n’avaient pas amélioré la situation, une plaie ouverte n’étant pas exactement friande de combat rapproché ni même de fouille sous les lits.

    « Au pire, vous n’aurez qu’à me statufier immédiatement sur place à l’aide de votre… Étonnante compétence, souligna-t-elle comme s’il se fut agi d’évoquer une évidence. J’ignorais que vous étiez capable de tels miracles ! »

    A cette distance, impossible qu’il la rate. Elle espérait ainsi qu’il accepterait de se montrer docile pendant la poignée de minutes requise pour ôter cette effroyable marque de sa chair. Et si cela ne suffisait pas, la discussion qu’elle s’apprêtait à évoquer suffirait peut-être à accaparer son attention ailleurs ! Elle posa par conséquent avec douceur la paume de sa dextre contre son torse, l’autre tenant toujours ladite fiole, puisant dans l’énergie de Vol vie pour réparer les torts provoqués par Sokim. Un halo mordoré se forma autour de ses doigts, accomplissant son œuvre.

    « Un pitre, en êtes-vous absolument sûr ? poursuivit-elle leur précédente conversation comme s’il n’y avait eu aucun aparté. A-t-il un commerce caché dont vous auriez connaissance, plus d’intelligence qu’il ne le laisse paraître… ? »

    Elle se mordit la lèvre inférieure, soupira finalement.

    « L’un de mes… Proches est une personne peu recommandable. Il semblerait que Sokim s’en soit pris à mon grand-père pour impressionner ce proche et faire passer un message. Il lui a suffi de remplacer discrètement des ingrédients de ses médicaments quotidiens par des substances peu désirables, à terme cela l’aurait tué si l'une de mes domestiques n'avait pas découvert la supercherie. Vous le connaissez apparemment mieux que moi. Pensez-vous qu’il dit vrai ? Qu’il n’est pas l’auteur de ce plan ? Qu’il est juste, réellement, dépassé par ce qu’il vous doit, un simple type misérable qui prend toutes les solutions possibles pour rembourser ses dettes ? »

    Une légère hésitation, ensuite. Rapidement chassée.

    « … Que comptez-vous faire de lui ? »

    Elle ancra ses prunelles aux siennes, étreinte d’une attention aiguisée, plongée dans l’expectative. Oui, comment Lagoon gérait-elle ses clients les plus problématiques ?

    Warren RichterCitoyen
    Warren Richter
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    Re: Entrecroisements
    Lun 2 Aoû 2021 - 20:26 #
    Etait-ce car il l'appréciait ? Car depuis le début, ils s'entendent si bien, et qu'elle semble ici de son côté ? Ou, tout simplement, car Warren sait déjà beaucoup trop de choses sur Luz Weiss, de par l'appartenance de cette dernière à l'Ordre des Célantia, et au statut d'Archonte du blond. Toujours est-il qu'il lui accorde, espérons non naïvement, son entière confiance. La maligne le titillait quand même, le parcourant de gestes superflus qui n'avaient rien à faire dans un processus de guérison normal, pas de quoi en rajouter une couche, les connaissant, cela irait encore trop loin, pas à son déplaisir, plutôt à celui du temps qui allait commencer à leur manquer. Se laissant manipuler comme une poupée, il ne lâcha mot pendant le processus, ni sur la droiture dont fait preuve la rousse, ni sur sa tirade par rapport à son pouvoir. Pas vraiment envie d'épiloguer là dessus, rien de bien intéressant, si leurs chemins venaient à se recroiser, sûrement qu'elle aurait de nouveau l'occasion de le voir à l’œuvre, dans un contexte moins oppressant, où tout pourrait être éclairci.

    Toute l'histoire de la noble le pique au vif ; pourquoi ? Pourquoi accordait-il autant d'importance à ces faits, qui ne sont ni de près, ni de loin, reliés à lui ou ses entreprises ? Cette impression qu'on s'en est prit à quelqu'un qui lui est cher, par procuration, sans même le connaître. Les yeux du blond perçaient les pupilles de biche de son médecin de fortune, alors que son animosité envers Sokim ne faisait que s'accroître. Il ne comptait pas laisser partir ce dernier à bon compte, de plus maintenant. Fin des soins. Des capacités toutes bonnement impressionnantes, l'Astre de l'Aube n'a certainement pas usurpé sa réputation. Balayant d'un revers de main mental toutes les tentatives précédentes de la célonaute de le faire parler de sujet qu'il préfère garder pour lui pour l'instant -sans pour autant ne pas les prendre en compte-, il passa les doigts sur l'endroit qui accueillait normalement une balafre. Rien. La dextre de Warren se dirigea vers l'épaule de Luz pour s'y poser. Cette dernière phrase, comme une supplique, la femme dans l'attente...Oui, il devait la combler.

    '' Merci pour les soins, Luz. '' Non, appeler la femme par son prénom ne lui arrachait pas la bouche, moins que d'entendre le sien sortir de ces fines lèvres. Quitte à en arriver là, autant y plonger lui même. '' Je penses vraiment qu'il est dépassé par les événements, le pauvre. Il est l'auteur ; sans aucun doutes, c'est lui qui a du remplacer ces médicaments. Et fait tout importer. Mais être le cerveau ? Soyons sérieux. Il ne différencierait pas un aigle d'un pygargue. Il sait comme Lagoon peut se montrer...Intransigeant. '' Sa main sur l'épaule de Luz commença à descendre lentement en une caresse sur son bras. '' Tout ce que vous me dites est...Bouleversant. Ma compagnie -non, moi même ne saurais tolérer de telles pratiques, encore plus envers vous. '' Sa main se serra un peu autour du biceps de la rousse. '' Je crois qu'il va falloir lui...rafraîchir les idées, non ? ''

    Un sourire barra son visage, comme tout heureux d'avoir sorti son petit jeu de mot, sa petite connerie, libéra celle qui lui faisait face de son emprise et l'invita à redescendre avec lui. Après tout, de cette petite soirée, le seul imprévu était la présence de la femme, et tout ce qui pouvait en découler. Comme un spectacle bien répété, une danse bien rodée, Warren savait exactement ce qu'il avait à faire. Il dévalait les escaliers comme si l'endroit lui appartenait, ce qui en soi était à présent le cas, sauf que l'infortuné hôte n'en avait pas encore pleinement conscience.

    Toujours suivit par la belle, il tomba sur un spectacle rassurant, Aaron, le nerveux, s'était visiblement libéré sur le pauvre Sokim, affalé sur sa chaise, un œil fermé de force par un immense hématome, des filets rouges perlant de ses narines et les commissures de ses lèvres. De plus, Kessler, le grand tas de viande, était visiblement sorti de son coma imposé. Oui, il en fallait beaucoup plus qu'un petit somnifère glissé dans une mince gorgée pour descendre longtemps ce colosse. Après tout, le but de Sokim n'était que de les neutraliser assez longtemps pour quitter les lieux. Tuer Warren ? Ô par Lucy, les embrouilles qu'il se mangerait. Calmement, tel un requin jouant avec sa proie, Warren fit le tour de la pièce, marchant en ronds autour du trio.

    '' Alors, Aaron. On a apprit des trucs intéressants ? ''

    '' Plutôt, chef ! Jvous laisse juger ! ''

    Le sbire claque du plat de la main l'arrière du crâne de Sokim, qui semblait presque rassuré de voir le squale dans la pièce.

    '' M-Monsieur Richter ! Je vais tout dire, oui, votre clémence n'a d'égal que votre grandeur ! '' Des compliments bienvenus, mais inutiles. '' Pour tenter de me faire plus d'argent, je fais mule et office de point de relais pour divers produits qui...Ne rentreraient pas dans votre ligne éditoriale, disons. Plantes dangereuses ; armes diverses ; babioles et artefacts - ''

    '' Artefacts ? ''

    '' Ou-Oui ! Des trucs comme ça, oui ! Ils sont à vous si... ''

    Non, ce n'est pas que par facilité scénaristique, si les paroles de Sokim sont ici coupées. Simplement car il y a eut un mot trigger, ''Artefact''. En tant que célonaute, eh, même qu'Archonte, il ne peut passer à côté de ce fait. Il ne l'écoutait plus, sa voix portait, mais le son passait par une oreille pour mieux ressortir par l'autre. Son regard portait sur les bibliothèques, ses doigts parcouraient les armoires, les ouvrages, les objets ésotériques. Que des bibelots. Sauf cet orbe. Tout d'or plaqué. Un orbe tout simple, parfait, avec de fines ciselures, des lignes tracées tout autour, faisait tantôt sens, parfois complètement aléatoires. Il l'attrapa à pleine main, car elle était assez petite et légère pour se laisser être enserrée par les doigts avides du blond. Il fit derechef face à Sokim.

    '' ...Et donc c'est depuis ce moment que ma mère m'a dit que - ''

    '' Sokim. Ça. T'as eu où ; CA ? ''

    '' Euh...Quelqu'un me l'a déposé. C'est – Ahah, ca va paraître idiot, mais c'est juste en attendant qu'un livreur arrive pour l'amener dans les Archipel, vers l'Etoile du Sud, a une certaine Galinette Cendrée. Pr-Prenez la hein ! ''

    '' Mais j'y comptes bien. ''

    Sortant une sorte de pièce de tissu fin et raffiné de sa poche, il entoura religieusement l'objet avant de le porte à sa poche. Bien. Cette donation n'enlève cependant rien aux actes horribles de ce marchand à la manque ; et Warren allait se faire ici juge et bourreau. D'un coup, on ne saurait expliquer, l'ambiance devint pesante. Luz ne savait pas à quoi s'attendre. Les trois autres, en revanche, oui. D'un pas lourd et sur, il se planta devant la chaise, chacun de ses sbire présent à un côté de Sokim.

    '' Sokim. Quel dommage d'être sur la paille, hein ? Devoir de l'argent à Lagoon, à n'importe qui, même. Ça peut mener à certains problèmes. Apporter une énorme pression. Beaucoup trop de pression. Comme...au fond de l'eau. '' Des rires provenant de ses acolytes brisèrent son monologue. Aucune réprimande, ça rentre dans son jeu. '' Je déclare donc ici. Qu'accablé par ses dettes. Épuisé par les relances de ses créanciers. Poussé à bout, il n'eut d'autres choix pour redevenir un être libre ; la libération finale. ''

    '' Non, NON, JE PROTES- ''

    '' On retrouvera Sokim délavé, poumons remplis d'eau, quelque part, sur les rives de La Luisante, les poches vides si ce n'est remplies de contrats non respectés '' Il sortit d'une poche intérieure quelques papiers qu'il tendit à Aaron. '' Et de lettres de relances. '' Un autre jeu de feuilles, cette fois à l'intention de Kessler. '' Pour le tort que tu m'as causé, Sokim, la punition est certes...Excessive. Toutefois. '' Léger regard entendu vers Luz, qui ne pourrait de toutes manières le voir. '' On m'a rapporté des choses que je juge IN-A-DMI-SSIBLE. Et décide donc que tu ne manqueras pas à Aryon. Au revoir, j'espère que tu pourras couler des jours heureux. ''

    Même pas le temps de sa débattre, complètement attérré par la situation, le ciel lui tombe sur la tête. Comme dit plus tôt, cette théâtralité n'a rien d'improvisé, Kessler et Aaron est un duo habitué à travailler ensemble, en concert avec leur chef d'orchestre, il ne fallut pas attendre plus de quelques secondes à la fin de sa tirade pour que le malotru soit assommé, et transporté hors de l'établissement. Warren rejeta un œil sur le contrat. Oui, tout le bâtiment était maintenant sien. C'est écrit là, dans la close ''Disparition du propriétaire''. Tragique.

    Ils n'étaient plus que deux. Luz et lui, dans la pièce. Le rideau tombait, tout était presque finis pour cette nuit. Le poids de l'objet dans sa poche était impossible à négliger, tant la valeur qu'il pourrait apporter à l'Ordre est infinie. Il en avait conscience. La noble aussi, peut-être. Après tout, elle vit sans doutes Warren le manipuler dans ses mains, le perplexité envahir son visage.

    '' Bien. J'espère que tout ça aura été tout de même aussi distrayant pour vous que pour moi. Du coup, permettez moi...'' Il écarta les bras, comme un de ces acteurs portés par la joie et l'allégresse du travail accompli. '' ...De vous souhaiter la bienvenue chez moi ! ''

    Encore aucune idée de ce qu'il allait pouvoir bien faire de ce bâtiment. Une résidence secondaire ? Si proche de chez lui, quelle idée débile. Un entrepôt ? Trop chiant, faut le faire garder, ne pas exposer de choses trop horribles. Un petit relais pour les coursiers ou tout simplement revendre le biens étaient les solutions les plus évidentes qui s'offraient à lui. Tant de possibilité, que ça lui donnerait le tournis. Où, acteur comme il est, juste cette légère perte de sang.
    Luz WeissCroc de foudre
    Luz Weiss
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    Re: Entrecroisements
    Jeu 5 Aoû 2021 - 18:30 #


    Que ressentait-elle, à contempler un Sokim brisé à ses pieds ? Un bouquet d’émotions complexes s’agitait en elle, étreignait son cœur d’une fatigue qu’elle savait survenir d’ici peu… La journée avait été éprouvante et son scénario final plus encore. Néanmoins, aucune tristesse n’était présente. La compassion absente, la chaleur, évaporée. Ceux qui prétendaient que la vengeance n’apportait rien n’étaient que des idiots ou des âmes peu investies, ceux dont les proches pouvaient mourir aléatoirement sans les faire trembler d’un cil. Oh, elle n’en était pas à satisfaire une soif de sang sauvage, mais ne pouvait nier que ce spectacle était plaisant. Il s’en était pris à son grand-père. L’unique parent à l’avoir élevée, cette figure paternelle qui lui était plus précieuse que la prunelle de ses yeux. Ce type avait mis un pied dans son cercle privé, étroit espace où les nuisibles se devaient d’être immédiatement radiés. Etrangement, le fait que la punition divine soit orchestrée par Warren augmentait sensiblement sa satisfaction. Une justice toute personnelle, une faim avide de le voir récupérer soudainement tous les résultats de ses mauvais comportements : elle n’était pas la seule à avoir été flouée. Et peut-être, là dans un recoin de pensée, une chaleur exquise, un attendrissement envers le mégalodon qui mettait si justement en œuvre cette volonté sainte avec l’adresse et le charisme d’un chef d’orchestre… Qu’il était déroutant de se sentir si consciente de sa présence, d’apprécier de le sentir concerné par ses propres problèmes ! Etait-elle devenue égoïste ? Avait-elle régressé à l’état de maudite adolescente ? Elle soupira, se détourna de Sokim à l’instant précis où les sbires de Warren l’entrainaient à travers la porte.

    Elle n’avait pas oublié le principal. D’une part, il lui faudrait poursuivre l’enquête. Qui était le véritable cerveau de cette opération, sur quel membre de la Cabale devait-elle mettre la main pour mettre un terme définitif à cette affaire ? Elle préviendrait Mysora, assurément. La Famille les aiderait sans doute. Et, d’autre part, elle n’avait pas non plus oublié l’orbe d’or dont Warren s’était saisie un peu plus tôt, de sorte que ses pensées tumultueuses furent soudainement agrémentées d’un peu plus de nœuds. Bon sang, comment avait-elle pu rater ça ! Quelle sombre idiote ! Kagami avait-elle immédiatement songé, lueur nostalgique à la patte immanquable. Le dernier représentant de l'école Ukiyo, concepteur des nombreuses œuvres d’art qui parsemaient la demeure des Weiss et qu’elle avait rencontré à l’orée de l’année 999. Elle n’oublierait cet enseignement pour rien au monde et reconnaitrait le style de cette école du premier coup d’œil parmi une nuée de contrefaçons… Elle avait perçu des différences subtiles toutefois avec les créations personnelles de Kagami, et se découvrit frustrée de ne pouvoir manipuler l’objet pour mieux en révéler les secrets. Quelle époque ? De quand datait cette sculpture ? A quoi avait-elle servi ? L’or de l’orbe incrusté en reflet dans ses prunelles, elle l’avait regardé disparaitre dans la poche de Warren avec un muet désespoir. Elle devait trouver le moyen de mettre la main sur cet objet !

    « … Chez vous ? revint-elle tout d’abord au présent, jetant un long regard sur le décor environnant, un sourcil incrédule haussé. »

    Et puis, elle se fendit d’un sourire, retrouvant et partageant la joie d’une affaire rondement menée, pendant que quelque part ailleurs un marchand déboussolé finissait de se noyer :

    « Je crains qu’il ne vous faille revoir un tantinet la déco. L’alcool empoisonné, les tâches de sang et les fauteuils qui tombent en poussière ne sont pas du premier âge. Mais, tout de même… Bienvenue chez vous, ronronna-t-elle ces derniers mots, ses prunelles de chat traversées d’une blague toute personnelle. »

    N’avaient-ils pas l’air ainsi de deux jeunes époux emménageant dans une vieille bicoque, soudainement laissés seuls après d’âpres négociations avec l’ancien propriétaire ? Une image absurde, tant elle imaginait difficilement le squale se satisfaire d’une petite vie de famille à l’arrière d’une baraque poussiéreuse. Qu’allait-il faire de cet endroit… ? Elle se rapprocha de lui d’un pas glissé, beaucoup plus sérieuse, décidée à ne pas passer par quarante chemins. Il s’agissait de Warren, après tout. Et d’elle-même. De cet étrange lien qu’elle ne parvenait pas à définir ni à catégoriser, mais qui déclenchait indubitablement quelque chose chez elle. Elle ne voulait pas lui mentir, ni même chercher à le manipuler. Jamais.

    « L’orbe que vous avez trouvée… Il s’agit d’une œuvre de l’école Ukiyo, j’en mettrais ma main à couper. Je connais l’actuel propriétaire du titre de « Maitre Ukiyo », et je reconnaitrais ce style n’importe où. Cet objet… Comptez-vous le garder ? Il me semble extrêmement précieux et fragile… Cette Galinette Cendrée, elle n’aurait jamais dû pouvoir mettre la main sur pareille création. Comment a-t-elle fait ? En possède-t-elle d’autres ? »

    Devait-elle lui préciser qu’elle en aurait l’utilité ? Que les Célonautes en auraient l’utilité ? Alors, elle plissa les yeux, recula d’un demi-pas spontané. Relia les indices récurrents, les étagères pleines de babioles, ce savoir qu’il semblait posséder : il n’avait pas hésité une seule seconde avant de s’emparer de l’orbe, preuve qu’il en connaissait la valeur. L’Ordre des Célantia était vaste, aussi vaste qu’un océan composé d’une multitude de gouttelettes. Etait-il… ? Depuis tout ce temps ? Avait-elle raté cette énorme coïncidence supplémentaire ? Et surtout… Etaient-ils davantage encore liés, tous les deux, que ce qu’elle avait cru de prime abord ?

    « Que pensez-vous d’un chasseur qui traque une proie qu’il n’a jamais vue ? s’enquit-elle d’une voix stupéfaite avec la vague sensation d’être définitivement folle. »

    Sans introduction ni pommade. Juste cette phrase clé brute, sans aucun sens logique pour qui n’en connaissait pas la véritable signification. Allons, au pire, il la plaçait définitivement dans la catégorie des fêlées. Au mieux… Au mieux, elle avait une entière et pleine raison de continuer à avancer à ses côtés, de continuer à lui parler, à le chercher, à l’effleurer… Pouvoir, peut-être, partager son monde, mieux comprendre qui il était véritablement, quelles étaient ces motivations spectrales qui le maintenaient éveillé la nuit. Poursuivre, également, l’histoire de cette sphère d’or et ne pas avoir à lutter pour la récupérer tout en le préservant lui. Elle s’étonna d’attendre si fiévreusement une simple réponse, elle qui ne s’était jamais souciée auparavant de connaitre l’identité de ses camarades célonautes. Sans se douter un seul instant que lui n’ignorait rien de son appartenance à l’Ordre.

    Warren RichterCitoyen
    Warren Richter
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    Re: Entrecroisements
    Jeu 5 Aoû 2021 - 22:40 #
    Wow. Ce qui est sur, c'est que cette noble a l'air aussi lunatique qu'attachante ; elle n'avait opposé aucune résistance à la sentence prononcée, ce n'est pas comme si cela aurait pu faire changer quoi que ce soit, il n'était même pas encore sorti de son bureau qu'il savait déjà que cela se passerait comme ça, hors de question que sa réputation soit entachée d'un client taquin qui lui glisserait entre les paluches, se montre imprudent sans se faire mordre. Étais-ce vraiment ce petit cinéma qui perturba autant la rousse ? Non. Enfin, si ? Faire la part des choses sur ce petit bout de femme relevait d'un challenge qu'il adorerait relever, si l'occasion et le temps s'y présentait. Cette altercation n'avait pas duré, et pourtant, la nuit ne se faisait que des plus profondes là dehors. Les choix n'étaient pas légions, ils étaient même au nombre de deux. Partir le plus vite possible ; Sokim ne tarderait pas à être retrouvé, et les gardes se mettraient activement à enquêter. Se faire choper en pleine rue ne serait pas qu'une fortuite coincidence. Même si effectivement, rien ne le relie si ce n'est son métier.

    En y réfléchissant assidûment, la deuxième solution qui avait germée dans son esprit malade n'était pas des plus sures aussi. Il pensait être dans la possibilité de purement et simplement passer la nuit ici ; aussi glauque que cela puisse paraître, dormir n'est pas une obligation. Sans avoir amené de travail, son cerveau peut toujours carburer sur tous ces commerces grouillants dans la capitale ; ces gens qui lui doivent de l'argent ; ces artefacts qui sont à récupérer, disséminés dans tous les royaume, juste , inutile, non reconnus, qui attendent juste patiemment qu'une personne digne s'en empare. Et il y a aussi cet orbe, qu'il vient de récupérer. Passer une lune à l'observer et le juger, il s'en sentait fortement capable.

    Quelle ironie, d'avoir tergiversé aussi longtemps mentalement, se montrant au moins aussi distrait que l'autre Célonaute, qu'il ne vit même pas s'approcher de lui, mais la sentit néanmoins, que ce soit par le parfum qu'elle dégage, ou cette incandescence électrique qui émane de sa peau. Oui, elle venait de sauvagement démonter l'endroit dont il venait de faire acquisition, endroit déjà cher à son cœur, auquel il tient plus que tout et – non c'est faux, elle a raison, c'est sale, dégueulasse et pauvre, en l'état, l'envie d'abattre ces murs devient plus forte que tout.

    Toujours plus proche de lui, elle se mit à...Merde, faire incroyablement sens dans ses paroles, je vois, une femme de culture aussi. Une connaissance qu'il crèverait de savoir ; il n'aurait jamais rapproché cet orbe avec l'école Ukiyo, qu'il ne connaît que de nom, n'ayant pas eu la chance de certains de vivre dans l'opulence et la richesse, de surcroît gavé d'un savoir qui n'est pas dispensé dans les écoles d'Aryon qu'il ne fréquenta que peu, encore moins dans les rues dont il connaît presque le moindre pavé. Stentor et Sandro sont loins, très loins d'être des incultes, mais il eut toujours cette impression latente, planant au dessus de sa tête, qu'ils s'intéressaient à bien d'autres choses que leurs simples tâches de mercenaires.

    Assaillit de questions, le blond eut à peine le temps de rétorquer. Garder cet orbe ? Bien sur sur oui, en tant qu'archonte, que membre de l'Ordre, il n'allait décemment pas le vendre, bien que ce soit évidemment la première chose qu'il se contenterait de faire croire aux gens, se dédouanant de toute appartenance à cet Ordre secret, y jouant cependant un rôle primordial, dualité divisée parfois dure à porter et assumer, le sang sur les mains est plus agréable que cette double casquette. Encore une fois, ce nom, un surnom, un nom de code. La Galinette Cendrée. Il l'a déjà entendu -non, vu, encore mieux, lu. Dans un des codex de l'Ordre. Une chercheuse prolifique, qui ne souhaitait pas répandre les nouvelles de ses trouvailles ; actions directement contraire au Code auquel elle et tous les autres ont adhéré dès leur entrée dans ce cercle fermé.

    Un pas en arrière. Pas lui. Luz. Il l'observa ; elle semblait encore changée. L'air sur son visage était d'autant délicieux que Warren espérait secrètement savoir où elle venait en venir. Allez, ma belle ; dit la. Sort la phrase.

    Jackpot.

    S'y étant préparé depuis tout ce temps, à croiser quelqu'un qui réussirait à ajouter deux et deux, comprendre et lier tous ces petits indices, tous ces petits faits et possessions de l'Archonte et percer une partie de sa vraie nature. Tout ce temps à imaginer ce qu'il pourrait répondre, comment réagir. Il fallut que ça tombe sur Luz, cependant, celle à laquelle il n'a pas envie de mentir, je veux dire, regardez ce minois, cette gentillesse apparente, cette douceur ; comment lui mentir ? Ah, il le fait déjà ? A plein d'autres femmes ? Même à des clients ? Ça va, lâchez sa veste, elle coûte assez cher comme ça. Il ne pourra jamais s'empêcher de la titiller, si bien que c'est ce qu'il avait décidé, tout de go, que c'est ce qu'il ferait. Ajustant ses lunettes, sa moue la seule chose trahissant la perplexité de son visage.

    '' Mais enfin, Luz, qu'est ce que vous me racontez la ? Il faudrait que le chasseur soit complètement ivre ? J'en sais rien, je sais pas quoi répondre à ça. '' L'air benet sur son visage, quel délice ! Euh, benet ? Non, elle a l'air presque...Déçue ? Triste ? Merde, non, non, arrêtez la mission ! Il se rapprocha d'elle, main gauche sur l'épaule de même côté de la noble, alors que sa tête se plaça juste à côté de la sienne, pour pouvoir mieux lui susurrer à l'oreille. '' Ou peut-être attendiez vous à ce que le chasseur, après douze épreuves, dix soleils blancs et deux lunes rouges, il la verra. ''

    Rompant tout contact physique avec la rouge, il se recula et lui sourit, ajustant de nouveau ses lunettes plus en un tic régulier qu'un véritable besoin.

    '' Désolé mademoiselle, je ne pouvais m'empêcher de vous embêter un peu. '' Il ricana. '' Je ne vous aurais jamais imaginée Célonaute ! Attention, ne finissez pas par crouler sous le travail, n'allez pas vous rendre folle. C'est tout de même une nouvelle dont je me réjouis ! ''

    Quel acteur, quel talent, prétendre ainsi que cette nouvelle est genre, la nouvelle de l'année, une révélation ! Warren est très doué pour tout ça, de par son emploi actuel, les circonstances restent toujours inédites pour lui, il pourrait jurer -à raison, car il le sait, du coup- qu'elle est de surcroît active dans l'Ordre depuis bien plus longtemps que lui. Malheureusement pour elle, ce n'est pas un système hiérarchique ou les plus anciens ou les meilleurs montent, vive le piston, car une personne comme elle aurait fait des ravages. Noble issue de la famille Weiss ; Célonaute ; fondatrice de l'Astre de l'Aube ; visite à domicile de tueurs présumés, qu'est ce qu'elle ne fait pas ? Faudra donner un bon coup de collier si il veut se vanter d'être la personne la plus zélée au travail quand des gens comme ça existent.

    '' Ne vous inquiétez pas, conformément au Code, je ferais part de cette découverte. Je m'arrangerais néanmoins, quitte à supplier et quémander, pour la garder en ma possession, et être en charge de démêler tout ça. Je n'hésiterais pas à faire appel à vous ou lâcher votre nom, si toutefois c'est bien ce que vous souhaitez ? Il faudra mettre toute cette histoire de trafic et de Galinette au clair, déjà. S'il y an avait plus...Ce serait incroyable. ''

    Bien sur qu'elle le souhaiterait, ses yeux pétillent depuis l'apparition de cette rare relique, eh, il serait pas contre être l'objet de ces pupilles, plutôt que ce truc doré. Toutefois, ce n'était ni le lieu, ni le moment pour tergiverser sur l'artefact, ni penser au contact de sa main contre son torse. Un homme venait d'être tué, essayons de ne pas l'oublier. Encore il y a peu, finir au pilori ne l'aurait dérangé, quelle en aurait été l'issue, pour lui et son ''entourage'' ? Son entreprise coulerait avec lui. Inaros trouverait une personne pour le remplacer, lui étant arrivé de manière similaire. En vrai ? C'est tout. Là, quelque chose se dessinait, grâce à cette singulière découverte.

    '' Bon. Ce n'est pas que votre compagnie me dérange, bien au contraire. A part si vous pensez que rester ici et se cacher, à tout hasard, sous les draps, soit une bonne idée, quitter les lieux sous peu serait...Une décision avisée. ''

    Ah non, qu'ils ne reprennent pas ce jeu -pitié, on sait tous où ça risque de mener. La décision de la rousse ne se ferait sans doutes pas attendre, c'est une femme intelligente qui ne voudra pas se retrouver impliquée dans un acte si lourd et horrible. Warren n'a accès qu'aux faits liés aux Célonautes de Luz, rien sur sa vie ou toutes les actions, positives comme négatives, qu'elle a pu effectuer dans sa vie. Si d'aventure, ils se faisaient gauler, par Lucy qu'il prendrait l'intégralité du blâme. Non pas par galanterie, ni pour ses beaux yeux, sur le coup ; juste de l'intégrité et de l'honneur de ne pas traîner quelqu'un d'aussi innocent avec lui dans les abysses. Ses employés ? Aaron et Kessler ? Aaron qui ? Kessler comment ? Pardon ? Vous devez faire erreur, il ne connaît pas ces personnes.
    Luz WeissCroc de foudre
    Luz Weiss
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    Re: Entrecroisements
    Ven 6 Aoû 2021 - 17:55 #


    Elle avait placé une main sur sa hanche, une moue bravache agrémentant ses traits, les lèvres plissés d’une fausse vexation. Malheureusement, la joie de cette double découverte suffisait à envoyer au diable tout son cinéma. Il était Célonaute ! Outre sa taquinerie qu’elle n’oublierait certainement pas et qui se payerait tôt ou tard, elle n’en revenait pas de pouvoir désormais l’associer pleinement à l’Ordre. Par Lucy, le monde était minuscule ! Un plein, entier sourire avait remplacé ses bouderies sur ses lèvres, trop franche dans ses émotions pour prétendre le contraire.

    « Un peu plus et je vous envoyais au tapis pour récupérer l’orbe, lui répondit-elle d’une voix mutine. C’est un soulagement, de fait, de découvrir que nous sommes dans le même camp ! »

    C’était une chose que de ne pas être ennemis, s’en était une autre que d’être alliés. Pour elle qui ne vivait que par incendies progressifs, tantôt enflammée, tantôt avide d’êtres et de savoirs, positionner son interlocuteur dans les rangs de sa meute avait davantage de valeur que de tuer un homme ensemble. Qui se souciait des Hommes ? Des inconnus ? De ces citoyens dont elle n’avait cure, bons ou mauvais, égarés ou volontaires ? Ils étaient la pitance de ses proches, le bois donné à leur cheminée. Il y avait eux, et il y avait les autres. Un espace indivisible, difficile à franchir, par-delà lequel elle les observait s’agiter avec la bienveillance d’un collectionneur pour les décorations de sa demeure. Luz ne ressentait ainsi d’émotions que pour son cercle proche, indifférente à la manière dont mourrait les autres à leurs pieds. Le bien, pour elle, ressemblait par conséquent à l’amour que l’on pouvait ressentir en jetant d’impuissants bétails dans le bassin d'un grand requin blanc.

    « Vous avez raison, rit-elle à sa tirade suivante, je crois que les Gardes apprennent depuis peu à vérifier qu’aucun fugitif ne se cache sous les draps. Dommage pour nous. Ceci dit… J’espère que vous me mentionnerez auprès de l’Ordre. Je voudrais poursuivre cette affaire. Avec vous, bien sûr. »

    Les arceaux de ses katars étincelèrent dans la pénombre tandis qu’elle rabattait son ample capuche sur sa chevelure. Elle porta deux doigts à ses lèvres et émit un bref sifflement énigmatique agrémenté d’un semi sourire sibyllin. Il ne lui fallut ensuite qu’un pas pour se couler contre lui, sentir son corps contre le sien, chaleur diffuse qu’elle percevait contre le tissu glissé de sa chemise. Elle effleura ses lèvres des siennes, fugace contact souligné par la pulpe de son pouce, passée en caresse le long de sa mâchoire, presque pour le retenir à elle et graver un fragment de cet instant dans sa mémoire.

    « Merci… murmura-t-elle tout contre sa bouche, sans nul doute un au revoir provisoire. »

    Derrière elle, un froissement d’ailes familier retentit dans l’entrée, suivit d’une ombre opaline qui se faufila jusqu’à eux. Déjà, elle avait pivoté sur ses talons, tendant sa dextre sur laquelle vint immédiatement se poser Nakai, son shupon fort vivace. L’animal galopa derechef jusqu’à sa nuque pour mieux s’enrouler autour de son cou, masqué sous son ample chevelure avec des airs de propriétaire. Elle franchit la porte toujours entrouverte, soucieuse de se mêler à la nuit. Le froid de l’extérieur lui arracha un rapide frisson après l’atmosphère surchauffée de la demeure. Dehors, nulle âme qui vive hormis le paresseux clapotis de la Luisante à trois mètres de distance… Un reflet de lune, peut-être, là-bas sur un toit, et rien d’autre que le doux son des dormeurs dans un quartier d’ordinaire déjà abandonné. Aurait-il des ennuis ? La Garde allait-elle mettre rapidement la main sur le cadavre de Sokim, lancer une enquête sérieuse sur le sujet ? Les règlements de comptes n’étaient pas rares dans les bas-fonds. Surtout lorsque l’on était endetté et que l’on trempait de surcroit dans des affaires douteuses… A vrai dire, Sokim était resté jusqu’à présent en vie par miracle, tant ses créanciers devaient être nombreux : un éminent chef de gangs ou un simple représentant fâché du marché noir pouvait tout à fait avoir réalisé cette mise à mort. Un spectacle commun, en somme, pour qui vagabondait un peu trop près des trafics locaux. Incapable de s’inquiéter pour elle-même, elle espéra néanmoins que Warren saurait passer entre les mailles du filet. Oui, il saurait, se corrigea-t-elle. Cet homme était criblé de compétences en la matière et n'en était guère à sa première expérience. Personne n'attrapait les chiens de mer à l'aide d'une simple canne à pêche... Son excuse personnelle était pour sa part déjà prête, et elle était pressée de s’y fondre : retrouver son grand-père, guetter la couleur de son visage et les tremblements apaisés de ses mains. A l’aurore, encore, s’il le fallait.

    ¤ Renkhi… lança-t-elle télépathiquement à la nuit. ¤

    Des langues de brume glissèrent en ressacs le long des murs, tâtonnèrent dans les allées, épousèrent sa silhouette en un voile mouvant, protecteur. Elle s’y enfonça plus encore sans une once d’hésitation, envoyant mentalement sa chaleur au mist qui dépensait si durement sa magie pour la soustraire aux regards indésirables. Par mesure de précaution, elle avait quadrillé les allées peu utilisées et s’engagea dans l’une d’elles, silhouette fantomatique au pied léger.

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    Re: Entrecroisements
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