Vous séjournez tous les deux dans la même auberge au milieu de la forêt. Un matin, Saryna se retrouve bloquée dans sa forme d’arachnide et semble incapable de s’en sortir.
Il va falloir trouver ce qui cause cette mésaventure et comment l’annuler !
Participants : @Saryna Delarosa & @Oscar Gauss
Challenge RP : Saryna étant bloquée sous sa forme d’araignée, les gens l’attaqueront à vue, pensant à un monstre. S’ils voient Oscar en sa compagnie, ils se montreront également hostiles envers sa personne.
Spiderwoman
@Saryna Delarosa ft @Oscar Gauss
Oscar rehaussa la bretelle de son sac sur son épaule. La journée s’était montrée plus épuisante que ce qu’il avait cru, et le ciel ne se montrait pas spécialement clément, maintenant qu’une averse ravageait le paysage. Il repoussa ses courtes mèches brunes humides qui venaient obstruer sa vue alors qu’il se hâta. Au moins, il avait la chance que les épais feuillages de la forêt le protègent un minimum de la pluie.Le garçon pressa le pas, courant sur le chemin dessiné pour essayer de trouver un abri. Il défila à travers les arbres, rythmé par le bruit de ses pas dans la terre humide jusqu’à enfin apercevoir une auberge perdue au milieu de la forêt. Il ouvrit la porte, dévoilant une ambiance pesante et glaciale. Visiblement, l’auberge n’était qu’un refuge d’aventuriers en traque de créatures. Oscar poussa un profond soupir, en avançant jusqu’au comptoir.
« Une nuit et un repas chaud. »
Le prix évoqué était scandaleux, probablement pour intimider la clientèle. L’aventurier ne se laissa pas tomber dans le piège évident avant qu’il ne se fende d’un sourire mystérieux.
« Effectivement, il vaut mieux hausser les prix, ça vous fait moins de risques de retrouver un homme dans le lit de votre femme, remarqua le garçon les sourcils arqués.»
Il esquiva de peu le poing qui manqua de le percuter.
« J’ai dit quelque chose qui vous a froissé ? Excusez-moi, ce n’était pas mon intention. »
Il entendit vaguement un « petit merdeux » qui s’était perdu dans le flot incessant de jurons. Il l’avait peut-être cherché. Mais l’accueil laissait à désirer, et ça, il n’y était pas pour grand-chose. En revanche, se mettre à dos le patron d’une auberge alors qu’il pleuvait des cordes à l’extérieur, n’était pas la meilleure idée du siècle, mais l’aventurier n’avait su faire taire sa langue trop pendue. Au pire, il trouverait bien le terrier d’un renard pour s’abriter le temps que la pluie finisse par tarir.
« Vous ne serez jamais très bon en affaires avec un tel tarif, continua de déblatérer le jeune homme en haussant les épaules. »
Mais alors qu’il fut saisi par le col, une adolescente arriva dans les pattes de l’aubergiste, les sourcils froncés.
« Qu’est-ce que tu fais, papa ? Gronda la jeune fille. »
S’en suivit un débat dans lequel le l’aventurier n’eût pas son mot à dire, avant qu’on ne lui mette des clés sous le nez, avec un tarif plus abordable. Il sourit aimablement en prenant les clés à la gamine et lui déposant les cristaux sur le comptoir.
« Je vous remercie. »
Il se rendit dans sa chambre, croisant brièvement le regard de sa voisine de chambre, dont l’allure lui sembla légèrement intrigante. Mais se gardant de tout commentaire, il la salua d’un bref mouvement de la tête. Puis alla s’enfermer dans la pièce qui lui avait été attribuée. Oscar profita de cette accalmie pour mettre sa tenue à sécher, regardant la météo se montrer sans pitié à travers sa fenêtre. Au final, ce n’était peut-être pas plus mal qu’il ait réussi à obtenir sa chambre.
Il vint s’écraser dans son lit, les bras derrière la tête, réfléchissant à sa prochaine destination, jusqu’à se laisser bercer par le son de la pluie qui battait contre la bâtisse.
Ce n’est que le lendemain qu’il se réveilla en sursaut en entendant un cri venant de la chambre d’à côté. Il enfila rapidement sa tenue, la main sur la garde de son épée, avant de se précipiter vers la source du bruit. Quelle fut sa surprise lorsqu’il croisa son regard aux huit yeux d’une araignée géante.
Il semblerait que vivre à en ville a changé ma vision sur le confort. Maintenant que je possède un lit et un toit, l’idée de passer une nuit dans la forêt, comme autrefois, ne m’interpelle moins. Plus pratique certainement et moins coûteux, je pourrais me débrouiller et aussitôt repartir pour ma véritable mission. Le temps c’est de l’argent comme on dit si bien et plus vite j’aurai accompli la demande de mon employeur provisoire, plus vite je pourrai retourner chez moi. Sauf que maintenant que je suis mère, j’ai ce besoin de repos et surtout d’éviter d’être malade. Je ne dois pas retourner épuisée de mon travail sinon comment pourrais-je prendre le temps de me reposer? Ce sont nos parents qui gardent le petit pour permettre à Devon de s’occuper de la taverne par la même occasion, mais une fois que j’aurai remis les pieds à la capitale, j’irai chercher Cid. Il grandit si vite et je ne veux pas manquer un seul instant sans lui et j’ai peur de manquer des moments importants avec ce dernier.
Enfin, la nuit commençait à s’installer doucement alors que les nuages de pluie continuaient à se déverser sur le feuillage des arbres et étant habituée à la forêt, je connaissais un endroit où je pouvais m’y reposer. Mes familiers avec moi, je savais qu’il ne pourrait pas me suivre à l’intérieur et je les laissai vaquer à leurs occupations tout en leur mentionnant de rester dans les parages. Ils allaient certainement se trouver un abri.
Évidemment, comme chaque fois que j’entre dans un établissement, on me jette des regards à la fois surpris et curieux. Ma tête ne doit par leur revenir, mais bon, j’ai pris l’habitude et bien que je me cachais avec ma cape, aujourd’hui je rabats cette dernière contre mes épaules. Je n’ai plus à faire des pieds et des mains pour éviter que ces derniers ne soient mal à l’aise de ma présence. C’est à eux d’ouvrir les yeux. Je ne suis pas comme tout le monde, mais je ne vais pas les manger pour autant.
« Bonjour, il vous reste de la place pour cette nuit?
- Laissez-moi vérifier… »
Il semble nerveux alors que je le fixe. Mon regard ne le quitte pas d’un seul instant.
« J’ai encore quelques chambres, mais elles ne sont pas données.
- C’pas un souci. Dites-moi juste combien. »
Je ne sais pas s’il s’attend à avoir des problèmes avec moi, mais moi tout ce que je veux, c’est dormir puis partir. Rien ne devrait arriver.
Enfin, je lui remets ses cristaux, même si le prix est drôlement cher pour une simple chambre dans une auberge perdue dans les bois, mais je me dis que s’il ne veut pas faire faillite, il doit au moins essayer de rentabiliser le tout. Même si ce n’est pas ça qui attirera davantage la clientèle. S’il est aussi nerveux et agréable, il n’a certainement pas bonne réputation. De toute façon, j’ai pas le temps de chercher ailleurs.
Je monte donc à ma chambre après avoir profité des latrines communes à tous, parce que bon, vous croyez vraiment qu’une auberge comme celle-ci possède les cristaux magiques pour cela? Et je croise donc un jeune homme qui semble être mon voisin de chambre. Il m’observe un instant et finit par me saluer. Je le lui retourne avec un léger sourire et entre dans la pièce.
Je retire en partie mon armure de cuir la mettant dans mon grand sac sans fond et ne garde que mes vêtements qui se trouvaient en dessous pour finalement m’allonger sur le lit. J’ignore pour quoi, mais j’ai la tête qui commence doucement à tourner. Enfin, ça ira certainement mieux demain, non?
Le lendemain, je me sens étrange avant même que je n’ouvre les yeux et je dois dire que j’aurais préféré ne jamais les ouvrir. Une fois ces derniers libérer de toute paupière, je suis aussitôt aveuglée par la lumière du jour. Mon cerveau ne semble pas savoir comment réagir à cette intensité et je ne peux que porter mes bras devant ce dernier. En plus, je me sens coincée dans mes vêtements. Je me lève, quelque peut abasourdis pour passer devant le miroir de chambre dont j’aperçois une étrange silhouette…
Sauf que cette étrange forme ne me ressemble pas du tout! Je fais quelques pas vers l’arrière, pour constater la présence de ce monstre. Une bouche dotée de chélicères, huit yeux rouges de différente taille éparpillée dans le haut de son visage, une peau presque noire et lisse dotée d’un duvet sombre presque invisible, des membres supplémentaires coincés dans des vêtements bien trop petits pour eux et le pire dans tout ça, c’est que cette chose c’était moi! Je me pince dans un premier temps, peut-être que je suis en train de rêver, mais la douleur est bien présente…
À ce moment, je ne sais pas comment réagir, est-ce que je dois avoir peur, est-ce que je dois être en colère. Qu’est-ce qui m’arrive?! Vais-je pouvoir retrouver mon apparence initiale? Je sens la panique qui gagne doucement ma personne et qui, malgré moi, me fait hurler de désarroi. Je ne peux pas sortir ainsi et encore moins retourner chez moi sous cette apparence. Cid aurait peur, comme tout le monde d’ailleurs.
Mon cri doit avoir alerté mes voisins parce que des pas se font attendre. J’ai à peine le temps de couvrir mon corps que la porte s’ouvrit sur le jeune homme d’à côté. Nos yeux se trouvent, mais ce dernier semble prêt pour en découdre. Je lève aussitôt les bras en signe de paix.
« Ne…ne me fait pas de mal! Je ne sais pas ce qui m’arrive. » dis-je en sentant cette boule nouée ma gorge. C’était bien la première fois que je me sentais aussi perdue et apeurée dans une situation. « Nous nous sommes croisés hier, mais je ne ressemblais pas à… ça… » ajoutai-je dégoûté.
Il n’y avait plus rien d’humain chez moi. Heureusement, on ne m’avait pas retiré la capacité de parler. Évidemment, tout ce bruit semble avoir éveillé les autres attirant ainsi les visiteurs comme les propriétaires à venir voir la cause de tout cet émoi. La peur se lisait sur leur visage, puis ce fut le dégoût.
« Il y a un monstre dans l’auberge!
- Je ne suis pas un monstre! »
Mais mes paroles semblèrent se perdre dans la cohue et je regarde une dernière fois le jeune homme avec désarroi, même si cela ne semble pas ce voir. Enfin, je l’ignore.
« Il faut s’en débarrasser »
Je ne peux pas rester ici plus longtemps, ils vont vouloir me tuer c’est certain… Je fais quelques mouvements rapides pour récupérer mes sacs et n’hésite pas une seule seconde à passer par la fenêtre de ma chambre pour prendre la fuite. Enfin, je ne sais pas expliquer pourquoi, mais descendre de ce toit me semble bien plus facile que la normale, même s’il faut me changer pour permettre à mes bras supplémentaires d’être à leur aise.
*Nephalie, j’ai besoin de vous…* lançai-je comme message de détresse à mon corbeau à trois yeux.
Je dois me cacher…
Spiderwoman
@Saryna Delarosa ft @Oscar Gauss
Tétanisé par la vision de la créature, Oscar ne fit pas un seul mouvement jusqu’à ce qu’elle finisse par disparaître par la fenêtre. Elle ne semblait pas agressive – plus terrifiée – et de ce qu’il avait pu entendre, elle n’était pas qu’une simple araignée. Reprenant ses esprits, l’aventurier se passa une main sur le visage, la situation semblait complexe.« Allons chasser cette créature, hurla un homme en levant fièrement son arme. »
Aussi stupides que violents dans cette auberge. Oscar se dépêcha de récupérer ses affaires dans la chambre voisine. S’il laissait les choses se faire, cette pauvre femme courait un grave danger. Il dévala les escaliers en serrant la bretelle de son sac jusqu’à arriver à l’extérieur. De là où il se trouvait, il vit un homme, dans la chambre, bander son arc, prêt à décocher sa flèche sur l’araignée. Le garçon déglutit difficilement en croisant les énormes mandibules de la créature. S’il se trompait sur son compte, il était probablement fichu. Mais le doute persistait, il courut jusqu’à l’arachnide pour faire barrière de son corps, alors que la flèche fendit les airs. Il la brisa en plein vol d’un coup d’épée. L’aventurier ne se retourna pas pour ne pas croiser les yeux de la créature, de peur de perdre son sang-froid.
« Sauve-toi, je les retiens, ordonna-t-il d’un ton rassurant. J’essaye de te retrouver après. »
Ne sachant pas si elle allait obtempérer, Oscar fit office de barrage alors qu’une dizaine de personnes se rassemblaient devant la bâtisse, armés jusqu’aux dents.
« Bouge de là gamin. On aura la tête de ce monstre. »
L’aventurier baissa son arme afin de montrer qu’il n’était pas hostile, restant cependant sur ses gardes ? Il tenta calmement d’apaiser la situation.
« Je ne pense pas que ce soit une bonne idée. Elle n’est pas agressive, ce n’est pas nécessaire de faire couler le sang inutilement. »
Il ne servait à rien de les convaincre qu’il s’agissait probablement d’une humaine qui était sous l’influence d’un sortilège ou d’une autre tromperie du genre, ces imbéciles étaient trop bouchés pour avoir un minimum de bon sens. Oscar était même certain qu’ils n’écouteraient pas ses explications, mais dans le doute où ils seraient moins illuminés que prévu, il avait essayé. Une lame se présenta sous sa gorge sans surprise.
« Me force pas à me répéter. »
Les armes braquées sur lui, Oscar plissa ses orbes verdoyants. Ils étaient encore plus stupides que ce qu’ils laissaient croire. L’aventurier posa ses doigts sur la lame pour la repousser délicatement.
« À votre place, j’y réfléchirais à deux fois avant de commettre une grave erreur. Pourquoi vous acharner alors que l’on peut éviter d’avoir des blessés ? »
La lame siffla en direction du garçon qui, la para de son épée. Il la repoussa en faisant reculer l’assaillant, puis fit un bond en arrière.
« Je suis sûr que c’est toi qui nous a emmené ce monstre. Depuis le début, je te sens pas. »
L’aubergiste s’avança, se démarquant ainsi de la foule en pointant son arme vers le garçon.
« Je savais que quelque chose clochait avec toi, cracha-t-il avec dédain. »
Le groupe hua à l’encontre de l’aventurier qui avait perdu ses mots tant il était dépité par l’absurdité de la situation, et surtout par la rancune de cet homme qui lui lança un rictus mauvais. Mais l’important n’était plus de faire valoir la vérité, mais bien de sauver sa peau.
Oscar recula de quelques pas maintenant qu’il était menacé, se mettant à distance raisonnable de leurs armes avant qu’il ne fasse volte-face pour s’enfuir. C’était probablement la meilleure des solutions dans l’état actuel des choses, il n’aurait pas été raisonnable de se confronter à une dizaine d’aventuriers en colère.
Il traversa les bois avec aisance pour semer les assaillants. Il ne fallait surtout pas qu’il sorte de la forêt au risque de se mettre à découvert et devenir une cible facile. Sa course était fluide et silencieuse alors qu’il entendait derrière les hommes hurler pour qu’ils retrouvent l’araignée et l’aventurier.
Même d’en bas il m’était possible d’entendre l’écho des cris de mécontentement de ces gens, mais je ne pourrais rien y faire tant que je n’aurai pas retrouvé mon apparence. Pour l’instant, j’étais prise sous cette forme bestiale d’araignée qui effrayait tous ceux qui la voyaient. Rappeler à moi mes familiers afin de prendre la fuite était certainement la chose à faire, mais pour combien de temps devrais-je les attendre? Le temps m’est précieux actuellement et si je ne fais pas attention, je finirai la tête sur un pic si ce n’est pas pire. L’homme est mauvais et à peur de ce qu’il ne connait pas. La peur les aveugles et les rend complètement dingues au point d’effacer toute moralité de leur esprit. Il ne cherche même pas à comprendre. Personne ne s’est demandé ce qui était arrivé à la femme qui dormait là… Il n’y avait pas de trace de lutte ni de sang, alors où était-elle?
Pas aussi alerte que je devrais l’être, je vois la silhouette du jeune homme soudainement s’interposer entre moi et cette flèche qui fonçait vers moi. D’un coup d’épée, il réussit à la dévier et m’incita à prendre la fuite m’annonça par la même occasion qu’il allait me retrouver.
« Merci… »
C’était certainement la seule chose que je réussis à dire. J’aurais pu y laisser la vie, bien que ma peau semble couverte de chitine bien assez dure. Enfin, je n’ai plus le temps d’attendre mes familiers et me mets aussitôt à courir en direction de la forêt sortant ainsi du petit village.
Personne ne me poursuit pour le moment et si je veux réellement survivre, je dois me débarrasser de ces vêtements qui me gênent. Trop petits et pas du tout adaptés pour une physionomie comme la mienne, je retire tout simplement ces derniers. De toute façon, l’armure naturelle qui me couvre cache les formes de mon corps. Je conserve tout de même ma cape histoire que d’autre ne puisse pas me voir et découvrir le monstre que je suis. J’ai déjà bien assez de soucis avec ces gens à l’auberge qui veulent ma peau. La dernière chose que je fais, c’est de m’équiper de mes dagues. On ne sait jamais sur ce que je peux tomber. Je pourrais prendre mon arc, placer des pièges, les ralentir, mais je n’ai pas ce loisir.
Heureusement, je connais bien la forêt et me débrouille dans cette dernière. Je pourrais essayer des les perdre afin qu’ils ne puissent y retrouver leur route. Leur faire comprendre que je ne me laisserai pas avoir. Qu’ici je suis le maître et qu’ils ne sont que de pauvres petits jouets sans intérêt, mais ce n’est plus moi. Je ne fais plus ce genre de chose. Je suis passée de l’autre côté comme on peut dire.
*Où es-tu? * entendis-je finalement dans mon esprit.
*Tu es avec les autres, Theraphosa?*
*Misumena et Nephalie avec moi*
*Ok, je montre la route à Nephalie*
J’utilise mon partage de sens avec mon drarbustre afin de lui montrer plus ou moins où je suis. Puis de toute façon j’ai un talisman de localisation sur mon laïum. Alors je sais plus ou moins dans quelle direction ils sont pour les aider à se rapprocher de moi.
Sauf qu’à ce moment, j’entends la forêt qui semble s’agiter. Des bruits qui ne sont certainement pas causés par les animaux qui peuplent cette dernière, mais assez subtile pour une oreille qui n’est pas habituée. En même temps, j’entends les paroles de mon corbeau qui m’affirment que des hommes et des femmes entrent dans les bois. Cela signifie que mes compagnons se rapprochent, mais que les humains aussi. Je me tapis dans l’ombre d’un buisson attendant dans un premier temps ce qui approchait rapidement de ma direction. Si ça se trouve, il s’agit d’un éclaireur envoyé pour essayer de me retrouver en premier. Je dois donc le faire taire, mais ne vous inquiétez pas, je ne compte pas le tuer.
Alors dès que je ressens les vibrations au sol grâce à certains de mes sens d’araignée je bondis aussitôt sur ma cible nous faisant tomber sur le sol. Nous roulons quelques instants avant que j’arrive à prendre appui pour me retrouver à califourchon au-dessus de lui une dague glisser sous sa gorge.
« Qui t’envoie?! » dis-je d’une voix dure.
Mes yeux rouges l’observent de sous ma cape et lorsque je vois ses yeux verdoyants, je me fige. Il s’agit de la seule personne qui avait essayé de m’aider.
« C’est toi… »
Mes épaules s’affaissent légèrement et je me laisse glisser sur le côté afin de donner une chance à ce dernier pour qu’il puisse se redresser.
« Je suis désolée… Je ne voulais pas m’en prendre à toi. Je pensais qu’il s’agissait de l’un d’entre eux… »
Hésitante tout de même à m’approcher de ce dernier, je replace la cape pour qu’il ne puisse pas me voir. Après tout, il avait été surpris tout comme les autres, mais il était le seul à m’avoir écouté.
« Ne restons pas ici… Il faut nous trouver un endroit où nous cacher. Mes familiers ne sont plus bien loin, mais trouveront bien leur chemin jusqu’à moi. Ils sont débrouillards… »
Spiderwoman
@Saryna Delarosa ft @Oscar Gauss
Oscar parcourait les bois dans l’espoir de leur échapper au plus vite. Durant ce temps, il se demanda ce qui avait pu arriver à la créature pour qu’elle se retrouve dans cette situation pour le moins inédite. Peut-être un mauvais sort ? Une vengeance ? Après tout, n’importe qui pouvait se trouver dans cette auberge tapie à attendre pour commettre des atrocités. Surtout que les clients autant que les employés étaient de véritables bœufs sans cervelle. Perdu dans ses pensées les plus profondes, il ne vit pas l’ombre se jeter sur lui.Ses poils se dressèrent dans sa nuque alors qu’il croisa le regard de la créature. Un brouillard épais s’était formé dans son crâne lorsque les mandibules claquèrent leur rythme infernal, sans qu’il ne puisse distinguer clairement les paroles qui s’en dégageaient. Cette peur viscérale lui faisait perdre ses sens à mesure que les longues pattes infinies se plantaient dans le sol. L’aventurier ne put réellement sortir quelque chose d’intelligible jusqu’à ce que l’arachnide finisse par le libérer, dès lors, son corps se redressa comme s’il venait de recevoir un électrochoc. Il tourna son dos à l’araignée en se passant la main sur le visage pour essayer de rassembler ses pensées qui s’étaient éparpillées alors que son plus grand cauchemar venait de le menacer de sa lame.
« Laisse-moi quelques secondes, bafouilla-t-il en essayant de récupérer un rythme cardiaque plus régulier. »
Tel un mantra, il se répéta en boucle qu’il ne risquait rien. Que cette créature n’était pas ce qu’elle semblait être. Mais rester rationnel lui demanda un énorme effort, et Oscar décida que pour leur bien commun, il ne devait définitivement pas la regarder. Il finit enfin par se lever en s’aidant de sa main, sans remarquer que l’araignée s’était couverte. Il décida cependant de ne pas lui faire part de sa terrible phobie, sans connaître davantage la jeune femme, il préféra éviter de révéler un tel point faible, surtout au vu de la situation critique dans laquelle ils étaient fichus. Même si maintenant, il était certain qu’elle n’était qu’une victime du mauvais sort.
« Oui, je suis d’accord, trouvons un autre endroit avant qu’ils ne viennent encore m’arracher les tympans de leurs absurdités. »
Oscar poussa un profond soupir en rehaussant la bretelle de son sac, s’enfonçant les fourrées qui bordaient le chemin.
« Il vaut mieux que nous quittions le sentier, ça leur sera plus difficile de nous retrouver. »
La forêt était plutôt sur un terrain plat malgré sa densité, et ce n’était pas dans leur avantage, un léger dénivelé aurait pu brouiller les pistes. Les cris se rapprochaient, et ce qui agaça le garçon de ne pouvoir réfléchir clairement dans cette situation. Il claqua sa langue contre son palais, avant de se relancer dans une course rapide à la recherche d’un moindre abri qui pourra les éloigner de ce bordel.
« Je suppose que tu ne sais pas ce qui t’est arrivé, souligna Oscar d’un ton calme. »
Bien évidemment qu’elle ne devait pas savoir, sinon, ils ne se trouveraient pas dans cette grossière situation. Mais peu importait, la faire parler lui rappelait avant tout qu’elle était bel et bien humain, et non pas juste un monstre qui peuplait les ténèbres d’une grotte. Ainsi, il pouvait garder un minimum de bon sens pour trouver une solution. Est-ce que s’éloigner suffirait pour qu’elle retrouver son apparence ? Ou bien était-ce une question de temps ?
Il n’eut pas le temps de pousser sa réflexion alors qu’ils furent stoppés par un cours d’eau déchaîné dû à la tempête de la veille. S’ils décidaient de le traverser, ils seraient probablement emportés. Mais peut-être que c’était la solution s’ils voulaient pouvoir échapper à leurs assaillants. L’aventurier aurait tout le temps plus tard de réfléchir à leurs problèmes quand ils seraient hors de danger.
Une flèche fusa, manquant de le toucher. Oscar se retourna pour voir quelques aventuriers qui avaient fini par les débusquer. Il en compta trois. L’un d’eux sortit un cor, prêt à rameuter le reste de la troupe. Le garçon laissa tomber son sac, et aussi vivace que l’éclair, son coude vint rencontrer le diaphragme de celui qui tenait la corne.
« Certainement pas, souffla-t-il. On a déjà bien assez avec vous. »
L’homme se recroquevilla de douleur en reculant de quelques pas. La parole n’avait pu fonctionner, alors il ferait appel à une solution plus radicale.
Je savais que ma présence ne lui était pas des plus agréable. Après tout, qui voudrait rester auprès d’une horreur telle que moi? Cela avait toujours été le cas, même lorsque mon apparence était plus humaine, alors suis-je vraiment étonnée que cela soit pire maintenant; non. Seulement, il s’agit d’une situation qui est totalement hors de mon contrôle et je ne sais pas quoi faire pour éviter de finir enfourcher ou décapité pour faire un exemple de moi.
Évidemment, je lui laisse le temps qu’il faut pour se remettre de mon apparition soudaine dans son champ de vision. Non seulement cela, mais je me suis littéralement jeté sur lui le menaçant d’une dague.
En tout cas, ce dernier ne semblait pas porter ces gens dans son cœur et semblait prêt à m’aider. Je pourrais lui sourire, le remercier en lui serrant la main, mais je vais éviter tout contact avec celui-ci. Je ne souhaite pas qu’il croie en mon geste une tentative quelconque de m’en prendre à lui. À vrai dire, je me contente de hocher la tête sous mon capuchon en replaçant mes dagues dans leur fourreau de cuir et referme la cape contre mon corps. Si on ne me voit pas, personne ne pensera que je suis hideuse et monstrueuse.
« Non…je ne sais pas comment c’est arrivé. Après que nous nous sommes croisés hier, je me suis couchée et je me suis réveillée ainsi… Je ne peux pas retourner chez moi comme ça. Mon fils aura bien trop peur de moi et… »
Je n’arrive pas à prononcer la suite tout simplement parce que je sens une boule se former au niveau de ma gorge m’empêchant de parler et me bloquant toute respiration. Je ne suis normalement pas du genre à pleurer, je suis plutôt forte et un peu arrogant par moment, mais juste à l’idée de penser que je ne pourrai peut-être jamais retourner chez moi, me comble de chagrin. Finalement et certainement parce que j’ai du mal, je décide de faire confiance à ce jeune homme même si cela implique de l’entraîner dans mes tourments.
Je reste à bonne distance de sa personne et me contente de marcher silencieusement. J’observe, d’un œil avisé, la forêt. Comme nous nous sommes éloignés du sentier, il y a plus de chance que nous croisions des créatures qui n’ont pas l’habitude de s’approcher des routes créées par l’homme. Sortir du sentier implique aussi qu’il y a des chances que nous tombions sur des problèmes. Le sol est froid et spongieux suite à la pluie du jour précédent. N’ayant pas de botte, je marche pieds nus sur le sol boueux laissant quelque passage des résidus ainsi que des feuilles me coller à la peau. Cela ne me dérange même pas…
Enfin, plus nous avancions et plus nous approchions d’un cours d’eau. Certainement déchaîné par la pluie, mais nous pouvions entendre le son typique de cette dernière. Nous nous y arrêtions. Comment la traverser, sauf que bon, il semblerait que trois de nos poursuivants aient réussi à nous rattraper et c’est encore le jeune homme qui joue les boucliers et je ne pouvais certainement pas le laisser faire.
« Arrêtez de vous battre! » tentai-je d’annoncer.
Personne ne m’écoutait, puisqu’ils étaient tous les trois remontés contre ce dernier. Enfin, j’imagine que les maîtriser sans les blesser gravement restait la meilleure des solutions. Sans leur laisser le temps de foncer à deux contre un, puisque le troisième attendait derrière, je fonce rapidement sur celui qui se trouvait à la droite du jeune homme. En lui mettant un coup de poing au creux de l’estomac lui faisant cracher ses poumons et un peu de salive par la même occasion. L’impact de mon coup semble assez puissant pour qu’il tombe un peu plus loin. Peut-être que je lui avais cassé une côte ou deux, mais il ne fallait pas me chercher. Pour tout vous dire, je n’ai presque rien ressenti sous cette épaisse chitine qui me recouvrait. Profitant de la confusion je détache ma cape aussitôt pour la lancer sur le troisième et ainsi lui bloquer la vue un moment avant de lui mettre un coup de poing en pleine poire. J’entends les os de son nez craqué et échappe une grimace de dégoût alors que je laisse mon compagnon se charger du troisième.
C’est à ce moment que mes familiers arrivent enfin à nous retrouver. Theraphosa le corbeau à trois yeux se pose sur une branche non loin alors que les deux dragons semblent hésiter à s’avancer vers moi. Lorsque je fais un pas vers eux, Misumena couine et fait un pas vers l’arrière.
« C’est moi… N’ayez pas peur… c’est Saryna. »
J’essaie d’être aussi douce que possible, mais ils sont hésitants.
*Saryna étrange…* entendis-je dans mon esprit.
Le corbeau avait raison, j’étais étrange et ils ressentaient certainement la menace qui émanait de moi… Comme autrefois. Je lâche un soupir, qui ressemblait plutôt à un petit son strident alors que l’un des hommes se plaint de la douleur qu’il éprouve. Je me penche au-dessus de lui et l’assomme tout simplement pour qu’il fasse de beaux rêves et je récupère ma cape sur le second qui s’était évanoui suite au coup avant de la remettre sur mes épaules.
« Suivons le cours d’eau. Peut-être y trouverons-nous un endroit où traverser. Tenter d’y aller à la nage serait dangereux et je ne pense pas que tu souhaites te rapprocher de moi… Je connais une personne qui pourrait peut-être m’aider, mais je ne sais pas si tu souhaites faire tout le voyage avec moi. Elle possède une boutique à Manillam. Nous sommes certainement à quelques jours de marche d’ici. »
Spiderwoman
@Saryna Delarosa ft @Oscar Gauss
L’homme rapidement mis hors d’état de nuire après qu’Oscar lui ait asséné un ultime coup dans le diaphragme, il se pencha pour ramasser les cors et tous les instruments qui leur permettraient d’appeler du renfort, puis il les envoya dans le courant de la rivière. En voyant les créatures approcher, l’archonte dégaina son épée, mais la réaction de l’arachnide le stoppa dans ses mouvements. Il rengaina son arme pour assister à l’étrange spectacle qui se déroulait sous ses yeux.Le garçon commençait à s’habituer à l’apparence de la jeune femme, même s’il ne pouvait pas la regarder directement sans grimacer. Il ne pouvait pas vraiment compatir avec la voyageuse, il était difficile de se mettre à sa place sans se trouver dans une situation similaire, mais il pouvait comprendre qu’elle souhaitait reprendre son apparence au plus vite.
L’aventurier opina d’un mouvement du crâne lorsqu’elle lui indiqua de poursuivre leur chemin.
« En effet, il ne vaut mieux pas s’attarder, s’ils ont pu nous trouver, ça veut dire que d’autres en ont également les moyens. »
Si seulement ces crétins n’étaient pas aussi bornés, ils auraient pu essayer de trouver une solution ensemble sans qu’ils n’aient à fuir comme des criminels. Oscar commença à longer la rivière, alerte du moindre bruit aux alentours.
« Ne te méprends pas, ce n’est pas que je ne veux pas m’approcher de toi, finit par dire le garçon calmement. Mais… »
Il se passa une main sur le visage comme pour écarter les mauvaises pensées qu’il avait des araignées, avant de reprendre.
« J’ai une peur déraisonnée des araignées. Tu aurais été transformée en n’importe quelle autre créature, je n’aurais pas été confronté à mes peurs. »
Il était parfaitement conscient qu’il y avait une femme humaine derrière la créature qui l’accompagnait, et c’est sûrement ce qui lui permettait de garder son sang-froid. Mais ça ne pouvait empêcher le fait qu’il soit rebuté par son apparence.
Maintenant, qu’il venait d’avouer sa terrible phobie, l’aventurier resta silencieux sur le reste du trajet, jusqu’à ce qu’ils atteignent enfin un pont qui leur permettrait d’arriver jusqu’à l’autre rive. Cependant, lorsqu’Oscar posa le pied sur la première latte en bois, un sentiment de malaise l’envahit. Il recula avant de faire un signe négatif de la tête en direction de la voyageuse. Quelque chose n’allait pas.
« J’ai l’impression que quelque chose nous attend en face. »
Une lueur inquiète se dessina dans les prunelles de l’aventurier. Il avait cette terrible sensation qu’un piège se refermait sur eux. Le garçon avait un bon instinct et c’est sûrement la raison pour laquelle il était devenu si débrouillard en milieu hostile. Il se tourna vers Saryna pour s’assurer qu’elle allait bien avant de reporter son attention vers le décor sombre de la forêt qui les attendait de l’autre côté du pont.
Un homme finit par se dévoiler des ténèbres après quelques minutes, son visage était affublé d’une expression indéfinissable. Oscar ne l’avait pas vu dans l’auberge, pourtant, il était bien entouré des personnes qui s’étaient mises à les pourchasser.
« Pris de vitesse, n’est-ce pas ? »
L’homme étira un sourire inquiétant, ce qui déplut fortement au jeune aventurier. Ce dernier sortit l’épée de son fourreau en sentant la menace approcher.
« Dois-je en conclure que l’on vous doit cette grossière mascarade ?
- Mascarade ? Qu’est-ce que tu racontes ? Je souhaite juste que l’on se débarrasse de l’horrible créature que tu protèges. »
Oscar tendit son arme face à lui, en position de combat. Visiblement, éviter la confrontation leur serait impossible. Mais au moins, il avait maintenant la certitude que toute cette histoire n’était qu’un coup monté, et ce, probablement par cet homme qui leur faisait face.
« Que veux-tu ? Ici, nous aimons la chasse. Et c’est encore mieux si elle nous donne un peu de fil à retordre. »
L’homme s’avança lentement vers le duo de voyageurs. Mais l’archonte ne plia pas.
« Allez, joins-toi à nous pour que nous puissions être libérés de ce monstre. Le monde ne pourra que s’en porter mieux. »
Oscar brandit sa lame sous la gorge de cet homme pour le dissuader de s’approcher davantage. Celui-ci leva ses deux mains, tandis que les aventuriers de l’auberge les tenaient en joue de leurs arcs.
À sa prestance, le garçon en déduit qu’il s’agissait d’un noble. Il émit alors deux suppositions. La première était qu’il portait un ressentiment envers Saryna et qu’il se servait d’une magie pour régler ses comptes. Et la deuxième, et que cette personne s’ennuyait et commettait des meurtres en toute impunité pour se distraire.
L’aventurier appuya la pointe de son arme contre la gorge du noble.
« Je ne sais pas quelles sont vos intentions exactes. Mais vous vous doutez sûrement que les miennes n'aillent pas dans votre sens. »
L’homme émit un rire agaçant.
« Allons, ne sois pas stupide. Tu te doutes bien que si tu décides de refuser ma proposition, tu feras également partie de la chasse. »
Il fit un geste de la main, et une salve de flèches fut tirée en direction de l’archonte qui eut tout juste le temps de les esquiver en roulant sur le côté. Cependant, lorsqu’il se réceptionna, une flèche vint se planter dans son épaule. Il retint une plainte douloureuse en tenant son bras touché. Oscar brisa la flèche en deux pour ne pas qu’elle le gêne, mais ne la retira pas pour éviter une hémorragie. Les hostilités venaient de démarrer. Le garçon souleva son arme de sa main disponible. Il aurait aimé éviter le conflit, mais visiblement, c’était peine perdue. Il avait vraiment fallu qu’il se retrouve au mauvais endroit au mauvais moment.
Oscar poussa un profond soupir en analysant la situation autour de lui, étant particulièrement calme malgré son état. C’était peine perdue de s’attaquer à eux de front. Le but serait le noble qui tirait les ficelles, le maîtriser serait leur corde de sortie. Il ramena une main vacillante sur son arme, avant de reculer pour disparaître entre les arbres. S’ils ne l’avaient pas de front, ils l’auraient à la fourbe.
« Abattez-les. »
Suivant finalement le long de la forêt, ce dernier semble finalement se confier à moi sur sa peur des araignées. Cela ne m’étonne pas, puisqu’il s’agit certainement d’une peur que bien des gens éprouvent. Heureusement, mon apparence hybride ne m’y fait pas trop ressembler. Elle attise plutôt la curiosité après tout, une peau sombre et grisâtre, des yeux rougeoyants même dans la pénombre, des dents acérées et mes chélicères – mes crocs – que je ne sors qu’en cas de nécessités. Mais là c’est une tout autre chose et je ne peux pas essayer de mentir à qui que ce soit avec une apparence telle qu’elle.
« Malgré tout, tu es très courageux. T’as peur ne t’as pas aveuglé au point de me tourner le dos et tu m’apportes tout de même ton aide alors que nous ne nous connaissons pas. » Dis-je de derrière ma cape.
Malheureusement, il m’était difficile de sourire sous cette apparence, mais je me contentai de rester silencieuse pour la suite du voyage. Je savais que ma voix n’était pas nécessairement ce qu’il y avait de plus agréable – des sons entremêlés de cliquetis et de drôle de bruit strident – mais je ne cherchai pas spécialement à faire la conversation.
Le jeune homme sorti de son mutisme que lorsque nous trouvions enfin un pont où nous pourrions traverser. Malheureusement, quelque chose semblait le chicoter au point qu’il m’en fasse part. Levant la tête, j’observai les alentours et surtout devant nous alors que la forêt semblait bien trop calme jusqu’à ce qu’en sorte un homme de l’autre côté du pont qui semblait déjà avoir préparé son coup, comme s’il savait que nous allions venir jusqu’ici.
Au fil de leur discussion, je compris finalement pourquoi j’avais été transformée ainsi et surtout pourquoi personne ne m’écoutait alors même que je leur disais que je n’étais pas un monstre, mais qu’il y avait tout simplement une erreur. Cela expliquait aussi pourquoi ce jeune n’avait pas hésité à venir m’aider puisqu’il n’était pas au courant de toute cette mascarade. Tout comme moi il s’était trouvé là par hasard et comme nous avions été deux à louer une chambre ils ont pris la tête de la personne qui leur revenait le moins. Peut-être que si je ne m’y étais pas arrêtée c’est lui qui se serait retrouvé dans ma situation.
Je ressens une sombre colère qui bouillonne en moi en cet instant et je serre les poings pour ne pas foncer tête baissée sans réfléchir. En plus, ils osèrent même s’en prendre à la seule personne qui m’avait aidée qui se prit tout de même une flèche malgré son esquive. Exposés ainsi, nous ne pouvions rien y faire, mais à couvert il y a bien plus de cachettes. Nous reculons aussitôt entre les arbres et nous éloignons assez rapidement pour nous mettre derrière un grand arbre. Je l’attrape par le bras, malgré sa peur et lui fait signe de rester silencieux.
« S’ils veulent jouer à ce jeu, je vais leur montrer qui est la meilleure… » dis-je en cherchant à le déconcentrer. « Prends une grande inspiration… » et je pose aussitôt ma main sur la tige de la flèche et la brise pour qu’il ne puisse pas s’accrocher avec cette dernière. « N’enlève pas la tête de la flèche par toi-même, tu risques de t’handicaper d’un bras et ne fait pas de geste brusque… En fait, laisse-moi gérer la situation. Tu as assez donné pour moi. Il est temps de leur montrer qu’ils n’ont pas choisi le bon monstre à emmerder. »
Mes familiers nous avaient suivis discrètement en restant à une certaine distance. Sachant que cela évitait de se faire repérer si nous restions trop grouper, j’invitai Nephalie à se rapprocher pour qu’il reste auprès de mon compagnon. Misumena vint avec moi alors que Theraphosa vola entre les branches afin de suivre l’avancer de leurs poursuivants. Je devais leur faire croire que je fuyais telle une proie apeurée, alors que ce n’en était pas le cas. Dans une véritable situation de fuite, j’aurais fait attention à ne pas laisser d’empreintes derrière moi pour leur faire perdre ma piste. Sauf que c’était tout le contrairement actuellement. Marquant bien mon avancé je cherchais au moins à attirer le plus de personnes à mes trousses laissant ainsi une chance au jeune homme de souffler bien que je savais qu’une partie des hommes se diriger dans sa direction.
Mon corbeau me signale mon avance me permettant ainsi de mettre à exécution mon plan. Sautant sur le tronc d’un arbre non loin de ma position, je m’accroche à ce dernier pour y monter jusqu’aux branches là-haut. Me cachant à la vue de ce dernier dans le haut des arbres, j’attends qu’ils s’arrêtent là où mes traces s’arrêtent.
« Elle ne doit pas être bien loin. Séparons-nous. »
Grossière erreur, mais que de vous séparez messieurs. Me déplaçant dans les branches, Misumena m’aidait en jouant le leur. Faisant du bruit d’un côté, il attirait notre proie jusqu’à l’amener sous moi. À ce moment je me laissai tomber accroché d’une corde de soie préparée par mes soins, attrapant ainsi ma cible en question pour remonter là-haut aider des mes autres bras. Hurlant de peur, je l’assomme d’un coup de tête et le glisse entre deux grosses branches avant de couper ma corde pour poursuivre mon chemin. Je les fis disparaître un à un, sans les tuer évidemment, pour ne laisser que le dernier à ma merci.
Pour lui, je lui réservai mon arc que je sortis de ma bague tsépi. Sans un bruit, je place mon arc de façon à le voir d’où je me trouve et sans même avoir à y ajouter une flèche, je tire doucement sur ma corde alors qu’une flèche ombrageuse se forme entre mes doigts et je lâche cette dernière qui va se ficher dans sa cuisse droite. Surpris, il pousse un cri de douleur alors qu’il tombe le genou au sol. Cherchant à retirer la flèche, celle-ci avait tout simplement disparu laissant qu’un trou sanguinolent. Avec la même corde que j’avais tissée, je me laisse descendre au sol, mon arc à la main et Misumena me rejoint alors que mon corbeau se pose sur mon épaule. Je m’approche agilement de ce dernier me postant finalement devant lui.
« Alors qu’est-ce que ça fait lorsque nos rôles sont inversés. Tu aimes bien?
- Un monstre restera toujours un monstre…
- Tu as fait de moi un monstre…
- Il n’y aucune preuve. »
Attrapant sa tignasse d’une main libre, je le tire vers l’arrière exposant sa gorge à ma vue. Alors qu’une troisième main vient se saisir de ma dague pour la porter à celle-ci.
« Une fois que tu seras mort, ton sort sera levé. Je n’aurai qu’à te faire disparaître et on croira à une simple disparition d’un chasseur tuer par une bête… Je ne laisserai aucune preuve derrière moi. Personne ne retrouvera l’homme pathétique que tu es. Et personne ne pourra dire que c’est moi puisque c’est un monstre que vous poursuiviez… S’ils disaient la vérité, ça reviendrait à les condamner eux aussi puisqu’ils devraient avouer leur crime… »
Son visage confiant s’était transformé en peur et c’était bien satisfaisant. J’appuie sur ma dague, lui faisant ainsi comprendre le sérieux de mes propos et cela semble lui dénouer la langue.
« Dans mon sac! Dans mon sac il y un artéfact… Il amplifie les pouvoirs des hybrides les permettant ainsi d’adopter une forme plus bestiale de la créature qui les habite. Il suffit de tourner la pointe pour annuler l’effet… Ne me tuez pas… »
Je retire ma dague, mais le vise aussitôt de mon arc en lui montrant son sac d’une main.
« Tu vas annuler ce que tu as fait et détruire l’objet par la suite et ne fais rien de stupide, sinon tu finiras la tête trouée. »
Légèrement tremblant, il utilisa l’artefact pour me redonner mon apparence normale. Ma dague qui se trouvait dans l’une de mes mains additionnelles tomba au sol juste devant moi, mais ma position restant la même. L’homme devait évaluer que sa vie valait plus qu’un objet et l’éclata sur une pierre.
« Tu ne feras plus jamais de mal à des gens comme moi. Maintenant tu vas faire de beaux rêves. »
Changeant mon arc de position, je l’utiliser pour venir le frapper à la tête le faisant s’écrouler au sol en m’assurant qu’il était toujours en vie. Je m’habille vite fait avant de panser sa blessure et quitter finalement cet endroit pour retrouver le jeune homme à quelques lieux d’ici, certainement épuisé de son combat. Plus présentable cette fois-ci, je l’aide aussi à penser son bras avant de le guider jusqu’à Manillam où des soins lui seront donnés par une amie de ma famille.