Trois semaines plus tard
...@Aslander O'Sullivan
Cela faisait exactement trois semaines que Nemue et Aslander s’étaient retrouvés dans une étrange situation où tous les deux avaient été pris d’un maléfice qui les avait tous les deux rajeunis. Prise dans leur corps d’adolescent ainsi qu’avec la mentalité qui allait avec, certaine chose ont été dites au point de créer un certain malaise entre les deux individus. Enfin, ce n’était pas tant d’apprendre qu’il était « mauvais garçon » qui l’avait dérangé, mais c’était surtout la situation qui les avait amenés jusqu’à avoir cette discussion. Nemue avait non seulement montrer son côté garçonne et avoué qu’elle ne porterait jamais de robe, mais des évènements avaient poussé cette dernière à changer toute ses convictions. Évidemment ce n’était pas ça le pire selon elle. Aslander se trouvait dans une situation bien délicate et connaissant l’apothicaire il allait très certainement se douter qu’elle allait le questionner.

Ils avaient plutôt décidé de laisser les choses se calmer afin de discuter à tête reposée. Entre temps, Nemue avait trouvé une jeune femme à prendre sous son aile et qui voulait bien apprendre de cette dernière. Elizria était une jeune femme venant d’une tribu qui vivait dans la forêt. Celle-ci semblait éprouver un grand intérêt envers Nemue et aider son prochain. L’apothicaire avait bien aimé son enthousiasme et lui avait donc offert d’étudier à ses côtés. Enseigner à la jeune femme avait occupé bien de son temps et avait surtout détourné les pensées de la sorcière de son bel ami. Mais elle savait qu’elle ne pouvait pas laisser cela ainsi.

Elle avait donc écrit à son ami, l’invitant à la rejoindre à sa demeure personnelle. Libre à lui d’y répondre ou non, mais ils avaient des choses à régler et le faire dans un milieu sécuritaire comme sa demeure allait très certainement leur servir tout dépendant les secrets qui allaient en découler. Ce dernier avait fini par accepter et la rejoindre le jour convenu.

Accueilli par Charles, il avait été amené à l’arrière de la demeure passant à côté d’une fontaine d’eau, il le guida jusqu’au jardin de la demoiselle où se trouvaient un kiosque et Nemue elle-même. Assise sur une chaise, elle profitait de la vue que lui offraient ses nombreuses fleurs ainsi que du bon temps. Le soleil était présent posant quelques rayons sur la peau délicate de cette dernière, mais heureusement, il serait protégé par un toit. Ici, personne ne viendrait les déranger et si l’un de ses employés venait à passer dans le coin, ils allaient le voir.

Lorsqu’elle les vit arriver, Nemue se leva prestement pour venir accueillir son invité. Vêtu d’une tenue légère, elle portait un pantalon noir moulant bien ses jambes ainsi qu’un débardeur rouge serti de dentèle rouge. Elle ne portait pas son collier habituel noir qui accaparait en grande partie son cou. Elle avait simplement opté pour le collier jumeau qu’elle partageait avec ce dernier. Ses cheveux avaient été laissés détachés et encadraient toujours son visage. Chaussant des escarpins rouges avec un talon élevé, il était plutôt surprenant de la voir marché aussi aisément dans ce genre d’environnement.

- Aslander, je suis heureuse de vous voir. Vous avez fait bonne route? J’espère que Charles ne vous a pas trop embêté, ajouta-t-elle surtout en guise de plaisanterie.
- Nemue, sachez que c’est moi qui vous servirai votre thé. Faites bien attention à vos propos, ajouta-t-il avec un large sourire amusé. Enfin, je ne vous dérangerai pas plus longtemps. Je vous souhaite un agréable moment.

Il se pencha doucement vers l’avant, saluant les deux jeunes gens et s’éloigna aussitôt reprenant le chemin vers la maison laissant ainsi ces deux derniers seuls.

- Ici nous serons tranquilles, avisa-t-elle avant de l’inviter à prendre place dans le kiosque. Si Orisha souhaite découvrir les environs il le peut. Azaq est venu avec moi, mais il est parti s'amuser.

Une lettre... Jamais un morceau de papier n'a tellement occupé mon esprit que présentement. Déposé sur le bureau, dans mon bureau, au siège de ma société... Je regarde le vélin encore enroulé, les coudes appuyés sur le meuble alors que j'hésite à déplier ce papier. Autant j'apprécie la personne m'ayant écrit, autant je redoute d'en lire le contenu! Nemue, la belle apothicaire aurait pu être la parfaite compagne : belle, intelligente, serviable... La demoiselle a tout pour plaire il faut bien l'avouer mais, les événements passés m'ont détournés de ce genre de possibilité et justement! Si d'habitude je m'empresse de lire ses écrits pour lui répondre, aujourd'hui je redoute le contenue de cette missive. Soupirant doucement, je prends le papier entre mes doigts et l'ouvre afin de prendre connaissance de son contenu : une demande, la rejoindre chez elle pour discuter des événements surprenant que nous avons vécu ensembles elle et moi. Notre rajeunissement et tout ce que cela a provoqué : le fait qu'elle connaisse une partie de mon passé, cette époque durant laquelle je n'avais rien de recommandable, avant que je ne devienne pirate cependant - Lady Fortune soit louée ce passage de ma vie elle l'ignore encore - un semi aveu de sentiments qui ne donneront jamais rien de toute manière même si mon malaise vient de mon père et mon passé et finalement un baiser ayant rompu le charme... Oui, nous avons beaucoup à discuter je suppose...

J'arrive finalement devant la demeure de la belle, vêtu d'un pantalon droit de noble facture et d'une longue chemise noire, je me suis habillé élégamment mais simplement pour l'occasion, inutile de trop en faire pour l'heure, je n'ai personne à impressionner ici après tout. Frappant à la porte, c'est un visage bien connu qui m'accueille, je salue donc Charles d'un hochement de tête alors qu'il m'invite à le suivre. Nous traversons la demeure de la noble dame jusqu'à son jardin, je ne me souviens pas y avoir déjà pénétré par le passé. Orisha sur mes talons, je refuse de laisser mon familier seul avec les événements que j'ai vécu dernièrement - notamment sur les archipels - durant lesquels il aurait été d'un grand secours et puis, je suppose que le Vaaki de la demoiselle sera présent également. Sans doute les deux familiers pourront s'amuser ensembles, ils semblaient s'apprécier lors de leur dernière rencontre sur les plages du grand port.

Finalement, c'est à un kiosque que je vois la demoiselle, fleur magnifique parmi les fleurs s'il en est. Elle se lève et s'approche avec toute son aisance, toute son élégance. Des salutations des plus conviviales, comme si rien n'avait changé entre nous suite à cette journée fatidique et pourtant, il a fallu du temps avant d'organiser cette rencontre, ces retrouvailles. Certes, nous sommes tout deux occupés mais tout de même, trois semaines sans le moindre échange? Entre nous, ce n'est pas habituel. Une plaisanterie sur Charles qui nous laisse prestement alors que j'offre un hochement de tête à la demoiselle.

"Nemue un plaisir de vous voir! Je pense en effet qu'Orisha va profiter de votre jardin, je suis certain qu'il lui tarde de revoir votre compagnon." Et comme s'il comprenait le message, le grand fauve tourne les talons pour se diriger dans le jardin en humant l'air à la recherche de l'odeur du Vaaki, nous laissant seuls la belle dame et moi. "Ma belle amie, comment allez-vous? Cela fait bien longtemps que nous n'avons eut l'occasion de discuter vous et moi..." Aucune allusion à la lettre ni a la raison que je sais véritable de cette rencontre, peut-être qu'en noyant le poisson cette situation se tassera d'elle-même? Mon regard parcours la silhouette de la demoiselle, grande, élancée, belle jusqu'à s'arrêter sur son cou : le collier jumeaux que nous partageons? Alors peut-être cette conversation ne sera pas aussi éprouvante et désagréable que ce que je prévoyais en recevant sa missive?

Trois semaines plus tard
...@Aslander O'Sullivan
Aslander se tenait à ses côtés, resplendissant comme toujours avec ses habits soigneusement choisis. Il n’y avait pas d’excès dans cette tenue et elle convenait parfaitement à la nature de cette rencontre. Charles s’en était donc allé laissant ainsi les deux amis dans leur intimité afin qu’il puisse discuter de tout ce dont il désirait. Un sourire s’était affiché sur les lèvres de la demoiselle qui l’avait salué aussi chaleureusement qu’elle l’aurait fait, mais au fond d’elle, elle s’inquiétait de ce qui allait suivre. Pas qu’elle redoutait les paroles de ce dernier, mais elle ignorait comment lancer la discussion sur des sujets qui l’avait préoccupé ces dernières semaines. En savait-elle trop? Enfin, vous la connaissez et malgré tout ce qui se passait dans sa tête, elle n’en laissa rien paraître et elle n’en avait parlé à personne gardant tout cela pour elle.

- Je vais bien merci. Je suis désolée de ne pas vous avoir donné de mes nouvelles plus récemment. Disons que j’ai fait la rencontre d’une jolie demoiselle qui m’a fait bonne impression et j’ai passé beaucoup de temps avec cette dernière.

Évidemment dit ainsi cela pouvait porter à confusion et elle le savait. Un sourire amusé avait animé les traits de son visage alors qu’elle l’invitait à prendre place.  S’asseyant gracieusement sur la chaise de jardin elle croisa doucement l’une de ses jambes sur l’autre et y déposa ses deux mains sur son genou le plus élevé.  

- Elle s’appelle Elizria et elle est aussi aventurière. Sa présence à mes côtés est une véritable bénédiction. Elle est avide de connaissance et souhaite véritablement apprendre auprès de moi. Je crois que je n’aurais pas pu choisir meilleure apprentie.

Oui oui, tout cela pour parler simplement de son apprentie même si ses propos auraient pu être interprétés autrement. Par exemple, peut-être aurait-elle pu trouver une femme qu’elle appréciait au point de la fréquenter, mais ce n’était pas dans les projets de Nemue. Elle désirait se concentrer sur sa carrière, sur ses projets et elle ne ressentait pas la nécessiter de trouver le grand amour. D’ailleurs, elle n’était pas prête pour laisser tomber sa vie actuelle pour se contenter d’une seule personne, enfin, c’est ce qu’elle se disait.

- Je vous la présenterai un jour. Peut-être qu’avoir les conseils d’un aventurier aguerrit pourrait l’aider. Après tout, je n’ai pas spécialement envie qu’elle ne me soit arrachée…

Elle avait prononcé ces dernières paroles en plongeant son regard dans le sien. Des paroles qui avaient certainement un double sens et qui lui étaient aussi destinées. Elle ne le disait pas, mais Nemue avait peur de le perdre et qu’elle apprenne un jour que ce dernier était tombé en mission. Elle savait qu’elle lui avait remis un collier jumeau pour qu’elle se sente en sécurité pour qu’il sache si elle avait des problèmes, mais elle savait surtout que ce dernier ne l’utilisera pas en retour pour lui faire savoir s’il avait des problèmes. Elle avait, son chandelier qu’elle regardait par occasion, mais comme elle le lui avait promis, qu’elle n’en abuserait pas, elle le laisse loin de sa vue. Elle l’avait placé dans son salon au-dessus du foyer qu’elle n’avait pas allumé depuis la mi-saison douce.

- Et vous? J’imagine que vous avez été longuement occupé depuis notre dernière rencontre…

L’hésitation s’était fait ressentir à la fin de cette phrase. Comme si elle hésitait à y faire référence. Ce n’était jamais facile de lancer un sujet de discussion qui avait causé un léger malaise entre eux deux. Mais elle devait casser la glace et régler ce problème avant qu’ils ne soient trop tard.

"Si j'étais jaloux, je pourrais m'offusquer du fait de ne pas avoir de nouvelles parce que vous êtiez avec une "jolie demoiselle"..." Dis-je avec un léger sourire en coin avant de secouer doucement la tête, pourquoi dis-je cela exactement? Bien-entendu, son sourire, son air taquin, cette manière de le formuler me laisse aisément comprendre qu'il n'est pas question d'une compagne ayant partagé sa couche, je connais suffisamment Nemue pour savoir lorsqu'il est question de sous-entendu ou de simple tournures de phrases pour le laisser croire. Habituellement, répondre du tac au tac me semble toujours une excellente idée, jouer ce jeu de la séduction et de l'attirance à demi-mot nous va bien la plupart du temps mais présentement? Est-ce réellement une bonne idée? Après ce qu'il s'est passé la dernière fois, il y a un léger malaise palpable entre nous même si aucun de nous ne semble vouloir l'avouer. Est-ce la nature de mes liens qu'elle connaissait sans même que j'ai besoin d'en parler qui provoque cela ou plutôt l'échange final? Je ne saurai le dire en réalité! Certes, ce n'étais qu'un baiser pourrions-nous dire, vu la nature de ma relation avec Nemue, cet espèce d'accord tacite pour dire que, en tant qu'adultes célibataires et consentants, notre amitié peut lorgner du côté d'une romance sans attaches, un échange mutuel d'assouvissement d'envies du moment, sans toutefois ne se voir que comme cela, un baiser n'est rien mais... Il était là question d'un baiser d'adolescent, sans attente de plus, sans cet accord inavoué en ligne de compte et cela le rend bien plus symbolique et perturbant. Jouer le jeu de la séduction et de la fausse - l'est-elle vraiment - jalousie ici est peut-être risqué?

Je n'en laisse rien paraître en tout cas! Inutile de rajouter une dose de malaise à cette situation déjà compliquée. Nous marchons sur des morceaux de verres la belle et moi d'une certaine manière, évitons d'entrer dans une succession de questionnements qui n'apporterons rien au final. Toujours caché derrière ce sourire de connivence me permettant de masquer bien des réalités et des questionnement qu'il vaut mieux taire, j'écoute la suite des paroles de la belle apothicaire, hochant ça et là la tête alors qu'elle m'explique la nature de sa "relation" avec cette prétendue jolie inconnue. Une apprentie donc? Voici qui devra sans aucun doute aider la demoiselle dans sa tâche même si, cela signifie également qu'elle aura moins de temps à accorder aux autres. Après tout, si elle doit tout lui apprendre tant du métier que des affaires, elle risque d'être bien occupée avec la jeune femme.

"C'est formidable! Cela va sans doute vous apportez une aide plus que nécessaire maintenant que vos différents partenariats font de Manillam une plaque névralgique pour tout aventurier qui se respecte. Il me fera plaisir de rencontrer cette demoiselle et, si mes connaissances peuvent l'aider pour ses mission auprès de la guilde, il va sans dire que ce sera tout naturel de lui offrir mes lumières!"

Toujours ce même sourire, assuré, visiblement honnête, totalement faux! Inutile de relever le sous-entendu que ses mots ne peuvent exprimer autant que son regard. Je le sais, Nemue n'aura de cesse de s'inquiéter pour moi, je ne lui rend pas la tâche facile avec mes dissimulations, certains mensonges et ma vie actuelle comme passé mais que puis-je y faire? Notre relation est ainsi fait, l'un comme l'autre voudrions veiller sur l'autre mais, ne le pouvons pas totalement et honnêtement. Je doute que Nemue soit heureuse que je mette mon nez dans ses affaires - comme j'ai l'intention de le faire avec ce prêtre de Lucy qui l'a mise en danger - même si c'est pour m'assurer de son bien-être et, sans l'avouer, elle sait pertinemment que je tiens à garder certains secret, que je ne désire pas l'impliquer dans toutes mes histoires. Chose qu'elle respecte même si cela doit malheureusement la ronger, je ne puis lui laisser tout savoir!

Une question anodine, en apparence du moins même s'il est évident qu'elle ne sert que d'introduction à la suite de cette conversation. Le choix s'offre à moi : être évasif, répondre à la question, enchainer sur les autres, faire usage de cette habilité de manipuler les mots et les phrase pour ne parler que de ce que je désire, éviter la discussion réellement importante et se contenter de la surface pour ne pas affronter ce que je refuse d'affronter - une solution utilisée par les lâches ou les menteurs cherchant à cacher bien des choses - ou me saisir de cette opportunité pour soulager un peu du poids des épaules de Nemue, lancer cette conversation ensemble et tenter d'éclaircir des points d'ombre en sachant que cela risque de me mener sur un chemin d'aveux infaisable ou de mensonges potentiels concernant bien des points...

Un léger soupire alors que nous sommes au croisement des chemins. "Ma foi, vous savez ce que c'est... Avec l'expansion de votre boutique et vos différents projets, vous n'êtes pas sans savoir que posséder sa propre entreprise ne laisse que peu de temps pour s'ennuyer. Oui, j'ai été bien occupé! Entre les différents projets, les retrouvailles avec une amie qui ont étés... Mouvementées..." Dis-je sans entrer dans les détails même si pour cette fois, il n'y a dans ma manière de le dire aucune ambiguïté, il est évident que je ne parle pas de ce genre de retrouvailles nécessitant un matelas, un bureau ou un quelconque sol assez confortable. "Cependant, il me semble évident que vous ne m'avez guère fait venir ici pour discuter de ce que j'ai pu faire après cette "dernière rencontre" n'est-ce pas? Notre mésaventure - si l'on peut appeler cela ainsi - a forcément ouvert la porte sur des questionnements, des doutes, peut-être même des attentes? Je suppose qu'il y a bien des sujets sur lesquels nous devons éclaircir certains points et, c'est pour cela que je suis ici aujourd'hui n'est-ce pas? Quelles questions vous taraudent donc?"

Trois semaines plus tard
...@Aslander O'Sullivan
Si seulement, ils pouvaient continuer à se taquiner ainsi sans se soucier de quoi que ce soit. Jouer avec les mots, faire quelques sous-entendus sans se dire que tout cela sonnait faux. En effet, elle essayait de passer outre leur dernière rencontre, faire comme si tout cela ne jouerait jamais sur leur relation, mais ce n’était pas le cas. À la fin de ce simple baiser qui leur avait tous les deux redonné leur apparence actuelle, leur regard s’était croisé et elle avait su à ce moment que quelque chose n’allait pas. Et avant que tout cela ne dérape et les pousse à s’éloigner de l’un et de l’autre, ils devaient avoir tous les deux cette discussion qui allait suivre. Elle ne savait pas du tout à quoi s’attendre, mais elle espérait qu’ils puissent tous les deux en ressortir plus fort et apaisé.

Évidemment, même si elle avait essayé d’éloigner le moment où ils en viendraient à ce sujet, Aslander avait de suite ouvert le bal en lui faisant savoir qu’ils n’étaient certainement pas ici aujourd’hui pour avoir une simple conversation des plus conviviales. Elle se tendit légèrement sur sa chaise faisant légèrement blanchir les jointures de sa main visible, mais prit quelques instants avant de prendre la parole tout en observant ses mains.

- Je ne peux pas vous cacher que plusieurs questions me taraudent l’esprit, mais le jeune homme que vous étiez s’est confié à la demoiselle que j’étais sans craindre le retour de la femme adulte que je suis. J’aurais aimé apprendre tout cela de vous-même en réalité et je ne trouve pas cela juste pour vous que d’avoir été forcé à le dire à cause d’un étrange sort qui nous a tous les deux rajeunit. Vous avez vu une partie de moi qui ne me gêne pas spécialement. Je ne vous ai jamais rien caché, vous saviez pour ma sœur jumelle et l’enfant que nous étions ne définit pas spécialement l’adulte que nous devenons.

Prenant une pause, elle leva les yeux en sa direction pour l’observer des ses grands yeux verts. Il n’y avait aucun jugement, aucune peur, aucune colère, seulement une mélancolie lorsqu’elle le regarda dans les yeux.

- Vous êtes du genre cachotier et j’ai toujours respecté cela. Beaucoup de choses ont été dites cette journée-là surtout des choses personnelles et familiales. Je ne peux rien exiger de vous, je ne peux pas vous me demander de m’en parler plus de même que pour tout ce que vous avez pu vivre avant notre rencontre, mais je ne peux vous cacher que je suis quelque peu perdue.

Décroisant ses jambes, elle se mit droite face à la table et s’y rapprocha avant d’y déposer ses avant-bras. Plus les morts s’enchaînaient et plus elle se sentait nerveuse. Ses doigts s’emmêlaient les uns aux autres pour se séparer répétant ainsi l’opération rapidement.

- Je ne veux pas vous perdre Aslander et même s’il s’agissait des paroles du jeune vous, je vous aime beaucoup aussi. J’apprécie votre présence, nos simples rencontres, toute l’aide que vous m’avez apportées jusqu’à présent. Vous êtes d’un grand soutien et je pourrai aisément vous confier ma vie, même les yeux fermer.

Détachant l’une de ses mains de l’autre, elle la fit glisser le long de la table à la recherche de celles de son ami. Elle déposa sa main avec délicatesse contre la sienne et lui sourit malgré tout.

- Malgré tout, je suis toujours prête à te prêter une oreille Aslander.

Elle ne l’avait pas vouvoyez exprès, optant pour une approche plus personnelle. Elle ne voulait pas qu’il voie la noble en elle, mais bien celle qu’elle était réellement. Quelqu’un sur qui il pouvait compter aussi.

Malheureusement, il est temps d'arrêter de fuir. C'est pourtant un domaine dans lequel j'ai finis par exceller quoi que l'on en dise mais, ma récente aventure avec une ancienne garde devenue aventurière m'a bien fait comprendre que parfois, il faut regarder en face ce qui nous effraie pour mieux pouvoir l'affronter. Fuir n'est pas toujours une solution. Dans les faits, nous aurions pu continuer longtemps cette petite discussion, nous renvoyant la balle encore et encore en évitant le véritable but de cette visite mais cela ne serait sans doute pas nous rendre service? Vient un moment durant lequel il faut être capable de s'exprimer clairement et sincèrement et vu que de toute évidence, Nemue n'est pas réellement décidée à nous entraîner sur cette pente dangereuse, je lui ouvre la voie, lui faisant comprendre que je suis prêt maintenant à avoir cette discussion.

Sa réaction de m'échappe pas, une inquiétude évidente, un poing qui se referme un peu plus au point d'en blanchir les jointures. Il faut croire que la belle appréhendait ce moment plus encore que moi. Je ne peux pas réellement le lui reprocher, j'ignore ce qu'elle peut penser mais je sais que moi-même ne suis pas forcément pressé d'en arriver aux explications que je lui dois sans doute. C'est attentif que j'écoute ses paroles, il est vrai que je ne peux nier, si j'avais eu toute ma tête, si j'avais mesuré la portée de ces paroles, sans doute serais-je resté plus discret concernant ma personne. Ce n'est pas que je ne fasse pas confiance à Nemue, c'est simplement qu'il y a des choses qui ne peuvent pas forcément être dites. Mon passé est problématique, certes pas forcément celui dont il est question, tous les jeunes font des erreurs et mes relations de l'époque n'étaient pas bonnes mais, cela n'avait rien de dramatique! Heureusement, ce n'est pas le pirate qu'elle a rencontré. Une chance d'ailleurs que même dans notre jeunesse illusoire, j'étais encore Aslander et non Brent.

Cependant, elle pose le doigt sur un point qu'il est difficile de nier, la belle n'a pas autant de secret à mon égard. Son passé, le genre de jeune fille qu'elle était, sa soeur et son tragique décès... Tout cela, c'est avec douceur et sans pudeur gênée qu'elle me l'a confié, elle s'est véritablement plongée dans notre amitié et je ne peux que lui en être reconnaissant, de mon côté, je suis resté bien plus discret. Nos regards se croisent, l'émeraude de ses yeux semblant me renvoyer ma propre culpabilité alors qu'elle m'observe avec une patience et une compréhension que je n'arrive pas personnellement à comprendre. N'est-elle pas colérique de savoir qu'elle est la seule si pleinement impliqué dans cette relation qui est la notre? Non, car la douce Nemue n'est pas égoïste! Compréhensive, avenante, confiante... Même vis-à-vis de moi qui ne suis pas honnête sur bien des points malheureusement! Une culpabilité que je n'apprécie pas de ressentir en réalité mais que je me sais capable de subir uniquement pour quelques personnes. Je ne me sens pas coupable par rapport aux autres mais la belle apothicaire? Elle fait partie des quelques rares personnes auxquelles je tiens vraiment... Je soupire doucement en tenant cette main qu'elle a tendue vers la mienne et en secouant la tête.

"Nemue... Ce que je dis à ce moment reste d'actualité. Vous êtes importante pour moi, une amie chère à laquelle je tiens énormément. Quoi qu'il arrive, vous ne me perdrez pas. Je suis désolé, malheureusement, je ne peux me confier à vous, pas entièrement du moins! Certains secrets ne doivent juste pas être révélé..." Dis-je doucement, malheureusement une nouvelle fuite mais je ne peux lui avouer mon passé de pirate, pas temps qu'il reste un danger inhérent à cette période de ma vie du moins. Plus tard? Nous verrons. "Je comprends cependant que ces secrets, ces histoires de ma vie que je ne vous ai jamais raconté puissent vous faire envisager le pire... Si cela peut faire preuve de ma bonne foi, posez-moi toutes les questions que vous avez et je m'engage à vous donnez des réponses, ou au moins un semblant d'explication si je ne peux encore me confier."

Trois semaines plus tard
...@Aslander O'Sullivan
Pendant un instant, elle avait gardé le regard rivé sur cette main qui s’était posé sur la main. Elle s’était concentrée sur cette douceur, cette chaleur qu’elle y avait ressentit et se connaissant elle aurait pu se contenter de cela. Leur relation avait bien changé depuis leur première rencontre. Nemue avait tout fait pour repousser les avances de ce dernier bien qu’elle s’était, malgré tout, amusée à ses dépens lui causant de nombreux maux de tête, mais au final, ils avaient partagé un baiser et elle s’était abandonnée à lui l’histoire d’une nuit pour le « guérir ». Elle ne voulait pas plus que cela, même si elle s’était arrangée avec ce dernier pour le revoir. Cela aurait dû être qu’occasionnel, mais ils s’étaient revus à la saison froide pour le solstice, avaient passé du temps ensemble et leur relation c’était bien vite transformé. Plus ils se voyaient et plus leur barrière tombait. Nemue ne saurait même pas dire ce qu’elle éprouve pour lui, mais elle sait que ce n’est pas ce qu’il recherche et ils s’étaient promis de ne jamais avoir ce genre de sentiment l’un pour l’autre. Son amitié et ce qu’il avait à lui offrir lui suffisaient…

Ses prunelles vinrent de nouveau s’accrocher aux siennes, alors qu’elle lui offrit un sourire désolé lorsqu’il lui avoua ne pas pouvoir se confier entièrement à elle. Nemue n’était pas idiote et savait bien que son ami devait tremper dans quelque chose dont il ne pouvait lui parler, mais elle voyait bien qu’il faisait son possible pour qu’elle n’y soit pas impliquée.

« Aslander, je comprends que vous ne voulez rien me dire en ce qui concerne certains moments de votre passé. Vous craignez certainement que si j’apprenais cela, ma vision de vous change, mais pensez-vous réellement qu’avec tous ces secrets je pense encore que vous soyez complètement blanc, Aslander? Je ne suis pas idiote et même avec ces doutes, je suis toujours là et je ne m’en irai pas. »

Ses doigts se serrèrent sur les siens alors que son visage exprimait un mélange de dureté, mais de conviction et de gentillesse. À force de parler de secret et de révélation qui ne pouvait pas être dits, Nemue avait qu’une seule impression;

« Avez-vous donc si peu confiance en moi? »

Elle avait l’impression de faire l’inverse qu’elle avait dit, il y a de cela un instant. Elle ne souhaitait pas le forcer, ni lui imposer de révéler quoi que ce soit et même lui était prêt à répondre du mieux qu’il le pouvait, mais encore une fois il lui avait mentionné ces fameux secrets.  

« Cela vous plait de toujours surveiller ce que vous avez à dire? N’aimeriez-vous pas être vous-même en ma présence? Vous libérez de vos secrets si lourdement gardés. Vous ne seriez plus seul. »

Elle poussa finalement un soupir et secoua la tête. Avant de lui sourire à nouveau. Peut-être que c'était hypocrite envers ce qu'elle ressentait réellement, mais elle savait que cela ne servait à rien.

« Ne faites pas attention à ce que je viens de dire… Je sais que vous faites cela parce que vous pensez qu’il s’agit de la meilleure chose à faire, puis vous êtes têtu et je n’obtiendrai rien de plus… En vérité, je ne sais pas quoi vous demander. Votre père vous a abandonné et vous avez hérité de ces dettes. Qu’en est-il de votre mère maintenant? Vous a-t-elle suivi jusqu’ici? Et est-ce que vous souhaitez faire usage de mon pouvoir pour retrouver votre père? »

Bien-sûr Nemue n'est pas stupide, évidemment elle s'interroge concernant ma personne. Il est logique qu'elle ait des questions et, par ailleurs, elles sont totalement justifiées c'est un fait, de même que je sais parfaitement que tous ses secrets doivent lui mettre la puce à l'oreille, pourquoi vouloir à ce point cacher le passé si l'on n'a rien à se reprocher? C'est pour cela que j'ai toujours voulu tenir mes relations au minimum, lorsqu'on ne connaît pas une personne, lorsqu'une femme ne s'avère rien de plus qu'un plaisir l'espace d'une nuit, elle n'a pas le temps de s'interroger sur ce que l'on peut lui cacher, ce n'est qu'une aventure d'un soir avec tout ce dont on a besoin de savoir à ce moment : est-ce qu'on veut le faire? Oui? Parfait! Le reste est superflus... Avec la belle apothicaire, c'est définitivement différent, elle me connaît, du moins cette nouvelle identité qui est la mienne, mieux que quiconque! Elle a vu l'impersonnalité de ma demeure, cette grande maison qui ne laisse rien voir de mon passé, elle a découvert - par un curieux tour du destin - que j'avais des fréquentations peu fréquentables. Heureusement elle ignore encore mon vrai non ainsi que la partie dissimulée de ma société mais, pour combien de temps encore?

Ai-je confiance en elle? Je n'ai jamais eu a me poser la question. Je n'ai aucune raison de douter d'elle c'est un fait mais, suis-je assez confiant pour lui dire toute la vérité? Il suffirait que ces paroles sorte de la sphère du privé, de ce cercle de confiance, pour que ma vie vole en éclat... Même si le capitaine Brent Mull a disparu, même s'il est présumé mort, j'ai encore des ennemis et nul doute que la nouvelle de mon existence suffirait à faire refleurir les contrats ou autre avis de recherches qui étaient sur ma tête... Tout risquer? Potentiellement tout perdre? Puis-je réellement le faire? Ce n'est pas uniquement une question de confiance, c'est aussi une question de survie.

Pourtant, je dois avouer que je déteste la voir ainsi, tourmenté, inquiète, doutant même de cette relation, de cette amitié que je juge à nul autre pareil. Oui, il y a d'autres personnes qui me sont chères : Khalie, Java, Faolan, Oswald... Aucune pourtant n'a la place que l'apothicaire occupe pour moi. Sans parler de sentiment amoureux - quoi qu'encore là, je préfère ne même pas me poser la question - elle est celle pour qui j'ai pris le plus de risque, et cela même en considérant la fois durant laquelle j'ai tranché le bras d'un homme pour une jeune garde des plus joyeuse... Je sens sa main se raffermir sur la mienne et je ne peux empêcher un léger soupire d'échapper à mes lèvres. Que puis-je faire? Me libérer de ces secrets comme elle le dit? Ne plus être seul? C'est pourtant ce que j'ai toujours recherché, la solitude! Ne plus devoir compter sur les autres comme j'ai fais confiance à un équipage par le passé, ne pas devoir surveiller mes proches pour m'assurer de leur survie, ne pas dépendre du silence d'une personne qui, comme tout autre, reste faillible... Têtu? Sans doute le suis-je en effet, c'est aussi un moyen de me préserver je suppose? Pourtant, cela semblait si simple lorsque nous étions "jeune", quel dommage que redevenir adulte ait changé la donne...

"Nemue... J'ai confiance en vous! Si tel n'était pas le cas, cela fait bien longtemps que j'aurais disparu de votre vie. Vous êtes sans aucun doute celle qui en sait le plus sur moi, d'un certain côté, cela m'effraie. Vous avez raison, je ne suis pas totalement blanc! Ai-je peur que cela vous éloigne de moi? Peut-être! N'avez-vous pas prit vos distances avec ce prêtre après qu'il ait tué des hommes? Ne prendriez-vous pas vos distances si j'avais fait pire que cela? Je ne dis pas que c'est le cas mais, il vaut parfois mieux laisser planer un doute que de lever un voile." Nouveau soupire alors que j'ancre mon regard dans le sien, j'aimerai lui dire bien-sûr mais c'est un risque que je ne suis pas prêt à courir. La jeune femme est devenu trop importante, la perdre ne serait que trop douloureux et, même si tel n'était pas le cas, puis-je vraiment poser sur ses épaules un secret si lourd avec tout ce que cela implique. "Sachez que je suis moi-même en votre présence, si j'ai omis certaines choses, je n'ai jamais mentis! Par ailleurs, vous savez ce que cela provoque d'être avec la mauvaise personne au mauvais moment. Vous avez été enlevée, battue, presque tué à cause d'un livre, je refuse que mon passé ne soit motif à ce qu'il vous arrive quelque chose. J'ai encore des "affaires" dont je dois m'occuper..."

Détournant le regard, levant les yeux au ciel, un petit sourire se dessine sur mon visage, elle a réellement envie de me faire parler visiblement, un peu en contradiction avec ses paroles quand on y pense mais je ne peux pas réellement lui en vouloir.

"Ma mère ignore où je suis et c'est mieux ainsi. Mon père... Disons que je doute de la véracité concernant sa mort. J'aimerai savoir ce qu'il en est oui, cependant je ne comptes pas utiliser votre pouvoir. J'y ai pensé mais, en sachant qu'il nous a abandonné, surtout ma mère, avec des dettes qui étaient sienne... Je ne sais pas comment je pourrais réagir s'il est toujours vivant et je ne désire pas vous rendre complice de quoi que ce soit... C'est malheureusement tout ce que je peux vous dire, je comprendrai que cela ne soit pas suffisant ou, que ces révélations entourées de plus de mystère encore vous pousse à vous détourner de moi. Je ne vous en tiendrai pas rigueur mais malheureusement, je ne peux vous en dire plus présentement..."

Trois semaines plus tard
...@Aslander O'Sullivan
À quoi est-ce qu’elle pensait? Il est vrai que sa réaction envers le frère de Lucy est quelque chose qui lui fasse peur à lui-même. Après tout, pourquoi est-ce que cela serait différent pour lui? Elle pourrait aussi bien lui dire de partir et de ne jamais revenir si elle apprenait la vérité. C’est vrai, mais s’il avait fait pire, comme il le disait en simple exemple, Nemue ne pouvait pas changer son passé. S’il se disait vrai avec elle, c’est ce qui comptait même si des doutes subsistaient dans l’esprit de la demoiselle. Elle savait qu’il ne lui disait pas tout et que même s’il voulait la protéger de son passé, Nemue était déjà bien trop impliqué dans la vie de ce dernier pour que ce ne soit pas le cas. Si quelqu’un lui voulait du mal, il pourrait très bien se servir de Nemue pour en arriver à leur fin et s’ils étaient aussi proches qu’elle le pensait, Nemue savait qu’Aslander ferait tout pour l’y en sortir.

Sa main se resserra davantage sur la sienne, alors qu’elle effleurait avec douceur le côté de son pouce. Évoqué son père semblait éveillé quelque chose en ce dernier, quelque chose de sombre, qui fit comprendre à Nemue que s’il mettait la main sur ce dernier il n’allait certainement pas en ressortir indemne.

« Vous ne devriez pas cacher votre présence à votre mère, Aslander. J’ai vu ce que peuvent faire les ravages d’un être aimé disparu…dit-elle en parlant de sa propre mère, et je n’ose pas imaginer ce qu’elle pourrait endurer si je venais à disparaître aussi. Vous êtes son fils et certainement la seule personne qui lui reste.  Elle vous aimera, qu’importe la personne que vous êtes devenu aujourd’hui… »

Évidemment, elle ignorait qu’Aslander n’avait pas toujours été Aslander et parlait en conséquence de ce qu’elle connaissait de lui aujourd’hui uniquement.

« D’ailleurs, ne pensez pas une seule seconde qu’apprendre la vérité me fera fuir… Ce qui est arrivé avec Aord n’aurait jamais dû arriver. J’ai eu peur, je me suis sentie déboussolée, on venait de s’en prendre à moi. Que sais-je sur leurs intentions avant de mettre fin à mes jours, mais je m’en suis énormément voulu, Aslander. Aord ne méritait pas ces mots et ils méritaient mon soutien. Il a fait ça pour nous sauver parce que j’étais trop incompétente pour le faire. Je regrette tellement de m’être mise en colère contre lui… »

Nemue, qui normalement se montrait toujours fière et solide, avait du mal à tenir le coup. Bien qu’elle se fût remise et qu’elle avait réussi à parler d’une quelconque façon à ce dernier, elle s’en voulait toujours. Son regard était humide et sa main légèrement tremblante. Elle dut prendre quelques inspirations profondes avant de s’en remettre.

« Ne pensez-vous pas qu’il serait plus judicieux que je sache à quoi m’attendre pour que je puisse m’y préparer si jamais les fantômes de votre passé remontaient jusqu’ici? Je ne veux plus jouer aux demoiselles en détresses, Aslander. »

Ses longs doigts se détachèrent de ceux de l’aventurier alors qu’ils glissèrent avec timidité sur son avant-bras s’arrêtant après le poignet. Elle s’était quelque peu penchée pour en arriver là et lui offrir un doux sourire.

« Je veux connaître celui que vous étiez avant, celui qui a façonné la personne que vous êtes aujourd’hui. Je veux vous soutenir, vous n’êtes pas seul et je serais toujours là. Alors, ne me mettez pas de côté pour mon propre bien… Le danger est partout, Aslander et autant l’affronter ensemble. »

C’est d’ailleurs à ce moment, qu’avait décidé de réapparaître sur l’allée, Charles, armé d’un plateau portant tasses et théière ainsi que quelques biscuits à thé pour accompagné leur boisson. Nemue se redresse et sourit à son ami, quelque peu gênée par ce qu’elle venait de lui dire. Mais qu’est-ce qu’elle était en train de faire? Elle qui se disait patiente, qu’elle attendrait qu’il souhaite lui parler, qu’elle acceptait de rester hors de tout secret pour le bien de leur amitié. La voilà qui cherchait à savoir donnant même l’impression qu’elle lui faisait une déclaration. Elle était complètement stupide et était heureuse de voir apparaître son majordome.

« Voilà, pour vous. Vous voulez que je vous serve?
- Non merci, Charles, s’empressa-t-elle de dire.
- Vous avez bien, Nemue?
- Oui tout va bien.
- Très bien…dit-il avec une certaine hésitation. Je vous laisse donc tranquille. Vous savez où me trouver si vous avez besoin de moi.
- Merci. »

Ce dernier s’éloigna après une salutation respectueuse et Nemue s’empressa de prendre la théière pour en servir dans chaque tasse.

« N’hésitez pas à vous servir… » Finit-elle en pointant l’assiette.

Un léger rire s'échappe de mes lèvres alors qu'elle me parle de ma mère! Allons donc, elle ne me reconnaitrait même pas et puis, je ne peux pas lui infliger cela. Bien-entendu, je connais l'histoire de Nemue, l'accident survenu dans sa jeunesse, la perte de sa soeur et le deuil que cela a dû être pour elle comme pour ses parents mais, c'est bien différent cependant...Je ne désire pas me moquer bien-entendu, je sais qu'elle parle en comparant son histoire à la mienne d'une certaine manière mais celui que je suis devenu? Non, mieux vaut tenir cet homme bien loin de ma mère, elle est trop âgée, trop innocente pour affronter la rencontre avec ce que je suis à présent. Son fils est un pirate, disparu en mer, mais encore vivant puisqu'il lui envoie des cristaux par diverses voie. Elle n'a pas besoin d'en savoir plus...

Je me dis que c'est pareil pour Nemue, qu'il est inutile qu'elle sache tout, qu'il vaut mieux garder cet part d'ombre en moi, ne jamais la laisser refaire surface, l'étouffer à jamais et faire en sorte que la belle apothicaire ne le découvre jamais. Ce serait si simple, me contenter de demi vérités, ne jamais mentir mais ne jamais être totalement honnête. Elle a affirmé me laisser le temps qu'il faudrait alors je pourrais faire durer! Ce serait une idée bien-sûr, malheureusement, la demoiselle n'est pas non plus parfaitement honnête! Alors qu'elle me dit que j'ai le temps, elle me presse pour en savoir plus! Visiblement, ce secret est sans doute trop difficile à ignorer pour elle? C'est peut-être égoïste de m'attendre à ce qu'elle accepte mes silence et ma discrétion? Et voilà qu'elle met tous les arguments de son côté : sa dispute avec ce frère de Lucy, quelque chose qu'elle regrette, blâmant une prétendue faiblesse, comme si elle avait pu faire quoi que ce soit dans cette situation. Je soupire doucement, qu'elle pardonne cet homme si elle le peut vraiment, moi j'en suis incapable! Je n'ai pas l'intention de le laisser s'en sortir de cette manière, pas alors qu'il l'a mise en danger! Encore une preuve que je ne devrais sans aucun doute pas lui dire qui je suis réellement... Notre vision du monde est bien différente!

Et pourtant, c'est pratiquement une déclaration qu'elle me fait à cet instant. Les fantômes de mon passé? Ils ne pourront jamais l'atteindre, pas si je suis vivant! Je m'occuperai d'eux lentement et douloureusement s'ils osent essayer d'approcher Nemue et pour cela, encore faudrait-il connaître son existence! Ce n'est pas pour rien que ma demeure est si impersonnelle, impossible d'y trouver une quelconque trace de mon passé mais également une quelconque trace de relation! Je ne suis personne et je n'ai personne dans mon existence, c'est exactement ce que je voulais en changeant de nom, de visage, de vie tout simplement... Pourtant, alors que sa main se dépose sur mon bras, qu'elle m'offre ce sourire, que nos regards se croisent, je comprends que la jeune femme ne lâchera pas l'affaire... Pourrais-je seulement tout lui dire? Lui apprendre qui j'étais, qui je suis?

Heureusement, nous sommes interrompu par Charles qui ne reste guère longtemps, juste le temps d'apporter du thé et des biscuits pour la belle et moi-même, il nous lance bien un regard interrogateur, peut-être méfiant même, mais se retire ensuite... Alors cela va être ainsi? Nemue va s'inquiéter, se questionner et ses servants vont commencer à me regarder avec méfiance, comme par peur que je ne blesse la jeune femme? N'ai-je pas déjà assez avec le regard que me jette généralement la jeune Irhu? Je prends la tasse de thé entre mes mains, un silence gênant, pesant, s'installe alors que je regarde le liquide fumant se balancer dans le récipient. Au bout d'un moment, mon regard se pose sur le visage de Nemue.

"Et si je n'étais pas celui que vous pensiez? Si j'avais tué nombres d'hommes, si mes mains étaient irrémédiablement couvertes de sang, si j'étais un criminel recherché dans le royaume? Voudriez-vous le savoir? Il y a des secrets, des actions, des paroles parfois qu'il vaut mieux ignorer Nemue... Vous êtes une amie chère à mon coeur, sans nul doute l'une des personnes les plus importantes de mon entourage... Si vous voulez réellement savoir, il suffit d'un mot. Demandez et je vous raconterai mon histoire, toute mon histoire dans ses plus sordides et inavouables détails. Mon passé, mon présent, même mes projets à moyen terme si vous le désirez, je n'aurais nul secret pour vous! Sachez cependant que cette connaissance ne sera pas sans conséquence, il y a des choses que les gens ne sont pas prêt à accepter... Voulez-vous prendre ce risque? Voulez-vous réellement savoir?"

Trois semaines plus tard
...@Aslander O'Sullivan
Sirotant son thé pour combler le silence, la demoiselle observa doucement le dos du majordome qui s’éloignait d’eux deux. Elle aurait tant voulu que le temps ne s’arrête ou que le majordome prenne son temps avant de les quitter. Elle hésita même à regarder en direction de l’aventurier à qui elle venait de dévoiler toutes les pensées et les questions qu’elle avait envers ce dernier. Elle lui avait savoir dans un premier temps qu’elle serait prête à attendre, mais voilà qu’elle cherchait à lui dérober tous ses secrets sans même se soucier de ce qu’elle avait pu dire un peu plus tôt. Nemue avait mis ses cartes sur table et s’était tout de même montré honnête. Elle pouvait faire semblant et faire comme si de rien n’était, mais elle voulait aussi savoir à quoi s’attendre avec ce dernier.

C’est d’ailleurs ce dernier qui met fin au silence, observant l’apothicaire d’un air plutôt sérieux alors qu’il annonce les faits par de simples questions, mais pourtant si troublants. Et s’il n’était pas réellement celui qu’il disait être? Quelqu’un qui cache une partie de son passé n’est pas nécessairement un saint, il peut être recherché et a pris la fuite, ou bien on lui veut tout simplement du mal. Peut-être cherche-t-il à lui faire lâcher prise en tentant de l’effrayer.

Pourtant, elle n’avait qu’à lui dire un mot et il lui révèlerait tout. Elle voulait savoir, elle était suspendue à ses lèvres, mais resta tout de même silencieuse. La sorcière pourrait satisfaire sa curiosité, savoir enfin à qui elle fait affaire bien qu’elle se doute un peu bien que cela ne changerait pas l’affection qu’elle éprouve pour lui. S’il a fait ce qu’il a fait, c’est qu’il devait avoir une raison derrière, non? Mais était-elle prête à faire face aux conséquences? Elle saurait, mais est-ce que lui resterait? Qu’adviendra-t-il de leur relation? Si jamais il était recherché, elle pourrait être celle qui le dénonce même si elle ne le voulait pas. Ils étaient très difficiles de mentir lorsque les potions et la magie étaient impliquées…  Même elle savait retrouver des indices et des morts que personne n’avait su voir.

Elle faisait face à un dilemme difficile et pourtant elle savait qu’elle serait la meilleure réponse. Déposant sa tasse de thé sur la table, Nemue leva les yeux alors qu’un sourire peiné se lisait sur son visage attristé.

« Oui, je veux savoir, mais ne dites rien. Je sais que cela ne me laissera pas de marbre. Vous pouvez le constater juste à avoir cette discussion qu’il m’arrive parfois de montrer un peu trop ce que je ressens, mais ce n’est pas parce que j’ai peur de vous fuir, mais j’ai peur que si je venais à apprendre la vérité, vous ne voudriez plus me revoir. »

C’était l’une de ses plus grandes craintes d’ailleurs.

« Je vous l’ai dit, je veux connaître cette part de vous, mais je ne veux pas non plus risquer votre perte. Être le gardien de lourd secret peut parfois amener de lourde responsabilité et parfois des conséquences qui ne sont pas de notre propre volonté. Je ne veux pas perdre ce que nous avons, Aslander et je serai toujours là pour vous. »

La commissure de ses lèvres se retroussa à sa droite, lui offrant ainsi un sourire timide. Puis elle attrapa sa tasse de thé. Avait-elle fait le bon choix? Est-ce que c’est ce qu’elle devait faire. L’apothicaire sembla doucement se perdre dans la contemplation de ce dernier alors que ses pensées turbulentes passaient d’une question à l’autre.

« J’espère que je ne vous ai pas déçue avec ma réponse et que vous ne verrez pas cela comme une forme de faiblesse. J’espère simplement qu’un jour vous pourrez m’en parler sans que je vous pousse à nouveau au bout de vos retranchements… »

Mon regard ne lâche pas celui de la jeune femme, non je ne tente pas de l'effrayer, je ne désire pas la faire fuir non plus... Je suis simplement dans l'attente, l'expectation de sa réponse qui aura sans aucun doute des conséquence, quelle qu'elle soit! Je peux voir ses doutes, ses émotions passer dans son regard, elle a un choix à faire, sans doute doit-elle posé le pour ou le contre, il est vrai que mon discours a sans doute des allures inquiétantes mais pourtant, ce ne sont nul autre que les faits! Si je lui disait tout de moi, il y aurait forcément des retombées et même moi ignore ce qu'elles pourraient être. Dans le meilleur des cas, cela renforcerait sans doute notre lien, peut-être cela pourrait-il même débloquer certaines situations, certains non-dits mais dans le pire... Cela briserait tout ce que nous avons, tout ce que nous sommes et peut-être même devrais-je encore fuir, une nouvelle vie impossible à imaginer vu tout ce que j'ai construit à présent.

Finalement, elle prend la parole! Oui elle veut savoir! Une affirmation qui pourrait s'arrêter là, déliant ma langue pour lui conter ma folle existence. Ce n'est cependant pas le cas : un "mais" annonciateur d'une décision tout autre se glisse à la fin de sa phrase : elle veut que je ne dise rien! Je l'écoute, attentif à ses paroles. Je n'ai pas réellement besoin de ses explications, de ses justificatifs pour refuser ma proposition. Elle aurait pu se contenter de me dire qu'elle ne voulait pas savoir sans m'en exposer les causes, cela m'aurait bien largement suffit. Pourtant, je reste silencieux, la laissant me donner le fond de sa pensée dans un monologue interrompu uniquement par ses propres moments de silence. Je n'ai aucune envie de l'interrompre, pas alors qu'elle me dit exactement ce qu'elle a sur le coeur : ses envies, ses craintes, ses peur parfois ridicules ou "stupides" qui me donne à sourire. Comme si de nous deux, c'est moi qui risquait de m'éloigner d'elle suite à ces révélations, une impossibilité statistique qui me pousserait presque à rire à gorge déployée si l'instant n'était pas si important.

La belle femme est décidemment emplie de craintes, nombreuses mais toutes ne font aucun sens selon moi! Penser que son retrait de cette affaire est une preuve de faiblesse? Allons donc! La demoiselle est loin d'être faible je le sais parfaitement! Je sais ce qu'elle a traversée, que ce soit étant jeune lorsqu'elle a perdu sa soeur ou, plus récemment lorsque ces hommes ont osés la malmener. Je sais qu'elle a du coeur autant que du courage, je me souviens sa manière d'aller au devant du danger, sans reculer, la main tendue vers une créature inconnue qui aurait repoussé bien des habitants de ce royaume. Je sais sa détermination et son obstination sur certains points, la poussant parfois à se mettre dans des situations désastreuses pour aider son prochain! Jamais je n'oserai la qualifier de faible alors qu'elle a toujours fait front dans toutes les situation. Je secoue doucement la tête, plongeant mon regard dans ses deux magnifiques émeraudes.

"N'ayez nulle inquiétude! Votre réponse, quelle qu'elle soit, ne pourrait jamais changer ma vision de vous! Je ne vois nulle faiblesse dans vos actions, tout comme je n'aurais pu m'éloigner de vous si vous aviez voulu savoir! Après tout, n'ai-je pas affirmé, sur mon honneur, être là pour vous?" Léger sourire en coin, clin d'oeil sans doute un peu trop séducteur vu la situation mais, je n'ai pas non plus l'intention de changer ma manière d'être avec la douce demoiselle. "Pouvons-nous alors considérer le sujet comme clos pour aujourd'hui? Non pas que j'ai peur que vous y refassiez allusion mais, je suppose que l'ambiance pourra redevenir bien plus légère si nous décidons de laisser cela pour une discussion future, lorsqu'il sera temps de l'aborder à nouveau..."

Trois semaines plus tard
...@Aslander O'Sullivan
Toujours le regard fixé sur sa personne, Nemue ressentit la tension qui écrasait ses frêles épaules s’en aller à compte goutte. Cela allait très certainement prendre du temps. L’anxiété avait laissé ses traces sur le corps de la demoiselle qui était touché par des tremblements incontrôlables. Bien qu’elle cherche à retrouver son calme, son cœur palpitait toujours au creux de sa poitrine l’incitant à prendre quelques inspirations chevrotantes.

Aslander avait toujours eu cette capacité à calmer la jeune femme bien que pour une fois, cela le concernait directement. Elle tenta de lui retourner son sourire en coin, mais au fond d’elle, elle savait que toute promesse ne pouvait pas toujours être tenue. Si son passé était si troublé au point qu’il en garde le secret, cela ne le mettait pas à l’abri de quoi que ce soit. Il pourrait venir à disparaître, un de ces jours. Peut-être l’avisera-t-elle ou peut-être pas, mais il ne pourra pas toujours être là pour elle. Il en allait de même pour elle. Elle ne pouvait pas savoir ce que le futur leur réservait, mais tant qu’ils seront sur la même route, elle fera tout en son pouvoir pour lui donner de son soutien.

Un léger soupir s’échappa d’entre ses lèvres alors que ce dernier proposait de mettre fin au sujet du jour. Il est vrai qu’il n’était pas des plus plaisants que de se sentir ainsi et Nemue n’aimait pas montrer ses sentiments préférant rester infaillibles et de marbre devant autrui. Elle avait surtout du mal à contrôler ces derniers lorsque cela arrivait et la preuve étant qu’elle n’avait pu s’empêcher de questionner ce dernier en l’obligeant presque à parler. Elle était à deux doigts de mettre la main sur des informations qu’il n’avait certainement jamais répétées à qui que ce soit, mais refusée avait très certainement été la meilleure chose à faire. Seulement avant de mettre fin à cette histoire, elle voulait s’assurer d’une chose…

« Je suis d’accord, mais j’aimerais qu’avant tout vous me promettiez une chose, Aslander. »

Elle savait ce qu’elle voulait lui demander, mais semblait chercher une façon de formuler sa demande sans qu’il n’y aille de mal entendu. Se levant de sa chaise, elle se rendit à l’abord du kiosque où la rambarde empêchait quiconque de piétiner les parterres de fleurs qui les entouraient. Elle aimait se retrouvé en cet endroit, respirant l’effluve doucereux de toutes ces fleurs dont l’espérance de vie n’était que de quelques mois tout au plus.

Déposant sa sénestre sur la main courante, Nemue se tourna, gardant toujours appuie sur cette dernière et s’appuya contre la balustrade afin de faire face à l’aventurier pour déposer sa dextre de l’autre côté et s’ouvrir à lui.

« Je veux que vous me promettiez ceci : qu’importe votre passé ou vos secrets, vous ne vous laisserez pas influencé par ces derniers qu’importent les décisions à prendre lorsque cela me concerne. Je ne veux pas que cela soit une excuse pour me protéger. Je sais déjà que rester dans votre entourage pourrait comporter des risques, mais je ne compte pas fuir. Et vous l’avez dit vous-même, j’en sais déjà bien plus que vous ne le voudriez. »

Un sourire confiant avait remplacé l’hésitation qu’elle avait ressentie un peu plus tôt. Elle espérait simplement que ce dernier accepte de lui promettre.

Une promesse... Voilà tout ce qu'elle demande, tout ce dont elle a besoin! Ce serait si simple de sourire et de le lui promettre, si simple d'affirmer que rien ne changera, que je ne compte pas laisser celui que j'étais, ce passé que je cache, venir influencer mes décisions la concernant... Une simple parole, si facile a donner et pourtant, si dure! Je suis un menteur, au fond sans doute l'ai-je toujours été? J'ai mentis tant de fois sur mon identité que parfois, il m'arrivait de me tromper sur le nom que je donnais... Contrairement à nombres de femmes de mon entourage, ayant pu ou non me pardonner, Nemue n'a pas eu droit au traitement habituel : faux nom, tentatives de séduction en employant ruses et stratagèmes, découverte du fait qu'elle vaut sans doute plus que cela et tentative de rattraper le coup pour ne pas la transformer en un coup d'un soir... Toute cette routine, ce cinéma que je n'ai plus employé depuis longtemps, la belle apothicaire y a échappé, ayant la chance que j'ai besoin de son aide lors de notre première rencontre et que je ne puisse lui faire subir ce traitement. D'aussi loin que je m'en souvienne, je n'ai jamais menti a Nemue! Je lui ai dissimulé la vérité parfois, comme ce qui est réellement arrivé à ses ravisseurs par exemple, mais jamais je n'ai formulé de mensonge en sa présence. Si on couple cela au fait que, malgré tout mes défauts, je garde un certain honneur faisant que ma parole vaut réellement quelque chose, lui faire cette simple promesse devient malheureusement étrangement compliqué.

Je soupire doucement en me levant finalement de ma chaise, je sais ce qu'elle veut en me demandant cela, d'une certaine manière elle a besoin d'être rassurée, de savoir que quoi qu'il arrive les choses ne changeront pas forcément. C'est pourtant déjà le cas d'une certaine manière! Si elle avait continué a insisté, je lui aurais tout dit, sur moi, sur ma vie, sur mes actes passés comme actuels! Elle aurait tout su faisant d'elle la première et unique personne pouvant faire le lien entre Aslander O'Sullivan et Brent Mull le pirate. Ce n'est pas une mince affaire, est-ce que cela l'aurait mise en danger? Plus que maintenant du moins? Peut-être! Je ne peux le dire, mais j'étais prêt à prendre le risque pour ne pas la blesser d'avantage même si, cela signifiait devoir la protéger en permanence sans qu'elle ne le sache, en faisant appel à des moyens dont elle n'a pas idée - Oswald est doué lorsqu'il s'agit de mettre quelqu'un sous surveillance - alors non, évidemment, je ne peux pas promettre que si ce passé me rattrape, je ne vais pas en tenir compte concernant ma relation avec la belle. C'est malheureusement bien trop me demander!

Me rapprochant de mon amie, je viens me poser à ses côté, déposant mes deux mains sur la rembarde pour regarder en direction du jardin, inspirant profondément en admirant la beauté de ce lieu. Un certain romantisme pourrait sans nul doute s'en dégager si, toutefois, la conversation n'était pas si sérieuse. Tant mieux cela dit, inutile de venir ajouter quelques noeuds dans cette situation déjà bien trop compliqué... Soupirant une nouvelle fois, c'est sans regarder la belle et noble dame que je prends finalement la parole.

"Je ne peux vous promettre cela Nemue... Je peux promette de ne pas disparaître, d'être toujours présent lorsque vous en aurez besoin ou encore d'agir comme je l'ai toujours fais en votre présence oui... Mais il est impossible que mon passé n'ai aucune influence dans mes décisions. Il en a depuis que l'on s'est rencontré, il en aura toujours malheureusement. Vous êtes une amie chère à mon coeur, l'une des rares à réellement compter pour moi. Il est donc impossible pour moi de faire comme si de rien n'était, de prendre le risque de vous mettre en danger par mes actions qu'elle soit passées, présentes ou futures. Je m'excuse Nemue, mais je ne peux donner ma parole en sachant que je ne pourrais la tenir."

Trois semaines plus tard
...@Aslander O'Sullivan
Au fond d’elle, Nemue le savait. Elle savait que cette personne qui se tenait devant elle n’allait certainement pas changer pour elle. Après tout, qui était-elle vraiment pour lui? Une simple amie rien de plus et cela lui allait, bien qu’elle aurait espéré que cela suffise. Le fait qu’elle sait bien plus qu’il ne le souhaiterait, qu’elle accepte tout simplement qui il est sans même savoir tous les détails. N’était-ce pas suffisant?

Il semblerait bien que non.

Étrangement, elle s’attendait à un refus. Après tout, qui pouvait croire encore aux promesses? Elles ne sont pas éternelles et ne durent que jusqu’au moment où la personne ayant juré juge qu’elle peut briser sa promesse. Au moins, il avait été honnête avec elle en lui faisant savoir que c’était quelque chose qu’il ne pourrait pas tenir et que beaucoup de ces décisions avaient été choisies en conséquence de son passé. Au final, elle ignorait si sa décision était vraiment juste. Après tout, s’empêchait-il de vivre à cause de cela?

Nemue avait préféré le silence suite à cela. Restant appuyé sur la rambarde observant devant elle. Le soleil réchauffait, de ses rayons, quelque peu l’atmosphère qui les entourait. Le vent, toujours présent, caressait leur peau de son souffle tiède, faisant aussi danser sur son passage les nombreuses fleurs colorées. Il faisait bon et pourtant elle avait tout de même l’impression que le temps était maussade.

Elle poussa un léger soupir et finit par se détourner afin de se mettre dans la même position que ce dernier gardant le visage rivé vers l’horizon. Au loin, elle put voir passer son familier ainsi que celui de son compagnon, qui courrait entre les fleurs sans se soucier de ce qui pouvait les entourer. Ils vivaient sur le moment présents ne s'interrogeant jamais sur leur passé ou bien même sur ce que le futur leur réservait.

« Vous savez, Aslander, commença-t-elle alors qu’elle ramena ses bras contre elle venant les croiser sous sa poitrine. Je n’ai jamais réellement cru aux promesses qu’on m’a faites. Bien plus souvent déçu par ceux qui m’ont donné leur parole, je dois vous remercier de vous êtes montré honnête envers moi. »

Tournant légèrement la tête en sa direction, elle porta finalement une main qu’elle déposa sur l’une des siennes, alors qu’un simple sourire s’était dessiné sur ses lèvres, bien qu’une certaine mélancolie trahissait son regard. Il lui avait promis de ne pas disparaître et d’être toujours présent pour elle, mais s’il a su disparaître de la vie de la femme la plus importante à ses yeux, pourquoi cela serait différent pour elle?

« En vérité, si je veux tant connaître votre passé, c’est parce que je veux comprendre et savoir ce qui a façonné l’homme que vous êtes aujourd’hui, bien qu’en réalité cela n’a que très peu d’importance. Qu’importe ce que vous avez pu faire ou être, cela ne changera pas ma façon de vous voir aujourd’hui, Aslander. Ce qui m’amène donc à ce point : profitons tout simplement de l’instant présent lorsque nous sommes ensemble et cessons de nous tourmenter pour un avenir incertain et un passé qui est déjà derrière nous. »

Retirant sa main de sur la sienne, elle vint la porter à ses cheveux glissant ainsi une mèche rebelle derrière son oreille avant de plonger son regard verdoyant dans le sien.

« Sachez simplement que si vous rompez votre promesse et disparaissez sans m’en dire un mot, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour vous retrouver et vous mettre une bonne raclée. »

Était-ce une promesse ou bien de simple parole pour alléger l’atmosphère? Elle l’ignorait elle-même, mais son visage semblait plus apaisé qu’au début de cette rencontre. Elle s’était montrée honnête avec ce dernier et quand bien même ce ne fut pas le cas du côté de ce dernier, au moins ils savaient à quoi s’attendre avec cette dernière.

Le silence... C'est étrangement la seule réponse que j'obtient suite à mon affirmation. Je regarde la jeune femme un instant, attendant une réaction, une affirmation, n'importe quoi d'autre que ce silence et pourtant rien. Tout ce que je vois ce sont ses yeux, luisant d'une étrange lueur : de la tristesse? De la déception? Je ne saurai exactement le dire! J'ai l'impression de lire bien trop de chose dans ce regard et en même temps, de ne rien y comprendre exactement! Ai-je dis quelque chose de mal? J'ai juste cherché à être parfaitement honnête avec elle, après tout, comment pourrais-je accepter de la mettre en danger à cause de mes actions passées ou de mes relations alors qu'elle est devenue si importante pour moi?

Je dois avouer que je n'apprécie pas réellement cette situation, habituellement j'ai un talent inné pour ne pas me retrouver dans pareille piège : mentir, prendre ce que je veux des gens, m'assurer d'être le seul qui finit parfaitement ses affaires sans me soucier des conséquences... Cela a toujours été si simple! Malheureusement, ce n'est pas le cas présentement, pas lorsqu'il est question de Nemue! Malgré moi, je me suis attachée à cette jeune noble, cette belle apothicaire! C'est ma faute, j'aurais dû me servir d'elle comme toujours, m'arranger pour être soigné de mon mal et ne jamais la revoir ensuite. C'est trop tard maintenant, je ne l'ai pas fais par le passé, je ne veux plus le faire maintenant! Quoi que cela puisse provoquer, je suis maintenant attaché à la demoiselle pour le meilleur, comme pour le pire dans le cas présent et je ne peux pas réellement dire que j'apprécie cette situation, la voir ainsi? J'aurais préféré que cela n'arrive jamais c'est un fait et malheureusement, aucune de mes supercherie, aucun de mes mensonges ne pourra changer cela! Après tout, j'ai aussi donné ma parole de ne pas lui mentir et, je suis sans doute l'un des pires hommes qu'il soit, mais j'ai tout de même une parole!

Enfin, elle prend la parole, brisant ce silence lourd de sens pour faire entendre sa voix alors, je l'écoute avec attention : jamais cru aux promesses, déçue par ceux donnant leurs paroles? Elle a sans doute donné sa confiance à de bien mauvaises personnes si aucune n'a été capable de tenir ses promesses, d'une certaine manière cela m'attriste pour elle, de quel genre d'individu s'est-elle donc entourée durant toutes ces années? Une remarque sans doute ironique venant d'un ancien pirate qui n'a sans doute jamais eu les meilleurs relations qu'il soit. Je veux l'interrompre à cet instant mais ce n'est pas le moment, pas alors qu'elle me dit ce qu'elle pense, peut-être au final vais-je comprendre ce qui a provoqué ce changement dans ses yeux, cette ombre que j'ai décelé durant un instant, avant qu'elle ne retrouve ce sourire que je ne sais plus comment définir : est-il sincère ou faux pour masquer ce qu'elle ressent réellement?

Je soupire doucement alors que je m'avance vers elle d'un pas, que voudrais-je faire exactement? Que voudrais-je lui dire? Malgré ce qu'elle dit, connaître celui que j'ai pu être par le passé semble tellement important pour elle! Pourtant, elle est sans aucun doute mieux de ne pas le connaître, je n'étais définitivement pas une personne recommandable, loin de là même! Elle se trompe cependant, savoir qui j'étais auparavant ne lui permettra pas de comprendre qui je suis aujourd'hui, du moins pas totalement, pas avec elle!

"Nemue, j'ignore pourquoi cela a tant d'importance pour vous, j'ignore ce que vous espérez découvrir de mon passé mais, rien de ce que j'ai fais jusqu'à présent ne vous permettra de me connaître plus que maintenant. Je suis navré d'apprendre que d'autres personnes ont trahit votre confiance, qu'ils aient fait des promesses sans les tenir. Je vous assure cependant que ce n'est pas mon cas! Je ne vous ai jamais mentis, d'aussi loin que l'on se connaisse, j'ai toujours été honnête et cela n'a pas été le cas avec d'autres. Ce qui a façonné l'homme que je suis aujourd'hui, avec vous, ce n'est pas mon passé, c'est notre rencontre! Chaque moment passé ensemble, chaque aventures vécu, c'est cela qui m'a permit d'être l'homme que je suis aujourd'hui devant vous! Mon passé a façonné un menteur, cet homme qui donne un faux nom lorsqu'il rencontre une femme, qui n'agit pas toujours comme il le faudrait, qui pense à lui avant de penser à quiconque! Cet homme que vous n'avez jamais rencontré et que j'espère vous ne rencontrerez jamais! Je sais que ce n'est pas une réponse satisfaisante pour vous, que vous pensez que je cache des choses par peur de votre réaction mais c'est faux! Vous faites de moi quelqu'un de meilleur, quelqu'un de bien tout simplement!" Léger soupire alors que je secoue doucement la tête. "Je ne comptes pas disparaître Nemue, vous avez ma parole! Quoi qu'il arrive, je serai là."

Trois semaines plus tard
...@Aslander O'Sullivan
Lorsqu’il s’avança d’un pas vers elle, la demoiselle ne broncha pas, l’observant tout simplement de ses grands yeux verts. Elle savait qu’il ne lui voulait pas de mal et qu’il cherchait un moyen de se faire entendre sans pour autant avoir recourt à des procédés plus tactiles. Le sujet actuel ne s’y prêtait pas spécialement. Leur relation avait bien évolué depuis leur première rencontre où les deux amants frivoles ne pensaient qu’à partager des moments enflammés à chacune de leur rencontre. Ils avaient appris à se connaître à passer outre leur attirance physique l’un pour l’autre pour développer quelque chose de plus profond, de plus sérieux au point de mettre de côté ce genre de pensée. Quand est-ce que cela avait réellement commencé? Était-ce lorsqu’elle s’était retrouvée en simple nuisette le corps couvert d’ecchymoses et de blessures chez ce dernier? Il est vrai que depuis ce moment, ils n’avaient plus rien fait.

Nemue n’avait plus envie de jouer à ce petit jeu avec lui, bien qu’elle ne lui fermerait pas la porte, mais ce n’était plus une nécessité. Sa présence seule à ses côtés lui suffisait amplement et elle ne voudrait pas gâcher cela. Il était un ami, un ami qui lui était très cher et pour qui elle serait prête à tout pour l’aider au besoin.

« Je sais que vous avez toujours été honnête avec moi et que si vous me cachez certaines choses c’est pour mon propre bien, Aslander. Vous savez que je vous fais confiance et au risque de me répéter, je pourrais vous confiez ma vie les yeux fermés. Qu’importe ce que vous pouvez dire aux autres femmes, qu’importe le nom que vous utilisez avec elles, je sais que ce n’est pas le menteur qui se tient devant moi. Il n’empêche, tout de même, que vous avez su éveillé la curiosité en moi et que malgré tout, une part de moi souhaite savoir, mais je ne vous harcèlerai plus de questions et attendrez patiemment. »

Nemue fit un pas dans sa direction. Leurs bustes n’étaient qu’à un fil de se toucher. Leur parfum se mélangeait doucement malgré les fragrances florales qui les entouraient, mais Nemue sut percevoir l’odeur que dégageait ce dernier. Il y avait quelque chose de réconfortant, mais peut-être était-ce tout simplement son esprit qui lui jouait de mauvais tours.

« S’il vous arrivait quoi que ce soit, vous savez que vous pouvez compter sur moi. Je peux vous aider, Aslander comme vous m’avez si souvent aider. » Avait-elle murmuré comme s’il s’agissait d’un secret que personne ne devait entendre alors que ses pupilles étaient braquées sur les siennes.

L’envie de chercher sa main pour s’en saisir ne lui manqua pas, mais elle n’en fit rien. Préférant, à la place, faire quelque pas vers l’arrière pour lui offrir un doux sourire. Les choses avaient été dites, chacun d’eux s’était exprimé et cela ne servait plus à rien d’y rester accrocher pour le reste de la journée.

L’apothicaire vint s’appuyer alors sur la table, attrapant un petit biscuit sablé et vint le glisser entre ses lèvres. Le thé allait très certainement être refroidi, mais cela n’avait que très peu d’importance et d’un simple regard vers l’arrière, elle prit de nouveau la parole.

« Vous voulez rester pour le repas du soir? »

Bien-sûr qu'elle me fait confiance, je n'ai jamais douté de cela, sa présence dans certains moments compliqués, ses demandes d'aide lorsque cela comptait vraiment, le fait que ce soit chez moi qu'elle soit venu après son enlèvement... Tout cela ne laisse aucun doute sur sa confiance envers moi. Je le sais, je n'ai pas besoin de mots ou de preuves pour l'affirmer mais elle a également raison sur un point : je veux la protéger! N'est-ce pas d'une certaine manière ce que j'ai toujours fais? Je suppose qu'indirectement, j'ai fais ce choix à partir du moment durant lequel j'ai eu une dette envers elle? Je ne peux rien répondre cependant à ses phrases, je sais ce qu'elle désire, d'une certaine manière j'ai sans aucun doute également envie de le lui dire, qu'elle sache, qu'elle puisse décider en toute connaissance de cause ce qu'est exactement notre relation, ce qu'elle veut avoir comme lien avec moi, en ne décidant pas cela uniquement sur ce que je lui montre mais sur tout ce que je suis réellement mais... Même si j'affirme que c'est pour la protéger, peut-être qu'au fond, je me protège également? Cet attachement qui me lie à la belle apothicaire, je ne souhaite pas le voir disparaître et même si elle a confiance en moi, même si j'ai confiance en elle, je ne vois pas comment notre lien pourrait rester semblable avec ce que j'ai fais, ce que je fais, ce que je vais continuer à faire! On ne change pas sa nature profonde, je l'ai appris il y a bien longtemps déjà et je ne peux pas imposer cela dans la vie de la jeune noble. Je crois qu'au fond, c'est surtout cela le véritable problème, même si elle ne me tournait pas le dos, ne serais-je pas obligé de disparaître, de mettre fin à tout ce que nous sommes si la vérité venait à se connaître? De toute façon, je doute qu'Irhu ne me laisse alors approcher en toute sincérité.

Nemue s'approche, ses deux magnifiques émeraudes venant chercher mon propre regard, s'ancrant dedans comme si souvent auparavant. Diantre, qui pourrait résister à ces joyaux lorsqu'ils vous fixent de la sorte? Une affirmation qui me donne envie de détourner les yeux, comme je l'ai si souvent été? J'aimerai lui dire qu'elle ignore ce que ces mots impliquent, que je prie Lady Fortune pour que jamais elle n'ait à m'aider comme je l'ai fais, que je ne désire pas qu'elle ait sur les mains autant de sang que moi mais cela voudrait également dire lui avouer les actes que j'ai commis, comme avec ces hommes qui ont osé lever la main sur elle... Non, je ne peux! Je me contente donc de sourire, ne détournant pas le regard même si cela me rend sans doute coupable du premier mensonge à son égard, oui... Parfois, ne pas fuir revient à mentir! "Je sais Nemue... N'ayez crainte, je le sais parfaitement!" Car sans doute est-elle sincère même en ignorant la portée de ces mots. Et, à mon grand désarroi, la voici qui s'éloigne de moi, comme une prédiction de ce qui risque un jour d'arriver. Je préfère laisser cette idée s'éloigner, demain est un autre jour après tout et pourtant... Pourtant alors qu'elle me demande si je souhaite rester, je me vois faire un geste inconsidéré, sans doute bien trop révélateur. Attrapant la main de la belle, je l'attire à moi pour la rapprocher, l'empêchant de s'éloigner. Ma main se déposant sur sa joue, je ne suis qu'un homme et, faible face à cette tentation bien trop présente durant nos échanges, je viens lui voler un baiser... L'ultime? Peut-être. Rompant le contact, je secoue doucement la tête.

"Je ne peux rester malheureusement, mon collègue m'attend pour discuter de projets relatifs à ma société... Cela n'est que partie remise cependant, soyez-en certaine!" Dis-je, un sourire factice que je maîtrise à la perfection sur le visage. La fuite est parfois bien plus simple après tout! Et ainsi, alors que "tout a été dit" du moins, dans la possible de l'avouable, je prends congé de la belle sans savoir quand et dans quelle situation nous allons nous revoir...