Les deux gardes maintenaient leur relation épistolaire pendant quelques temps, beaucoup plus basés sur les bouleversements dans la vie de la blanche plutôt que dans celle du grand ; rien de nouveau à écrire, rien de trépidant dans l'immédiat, peut-être avait-il mentit, au final, sur les remous qu'offre la vie de garde royal ? Rien pour refroidir la nouvelle recrue, de ce qu'il comprend. Sans trop savoir d'où cela sortait, ils se mirent à échanger sur son arrivée prochaine ; de comment il faudrait qu'elle s'enregistre pour un dortoir, se mange une partie administrative qui la passionne autant que lui. Sans trop y croire, il lui proposa tout de même de s'installer chez lui. Et pourquoi pas ? Tout concordait, après tout ; les deux se ressemblent assez pour ne pas se mettre sur la gueule toutes les deux heures, le caractère apathique de Lyriss ne risquait pas de faire l'unanimité dans le groupe déjà bien soudé de la Garde Royal. Rien que de l'imaginer croiser Tara...Il n'eut pas à se répéter sur plusieurs écrits, précisant tout de même que cela resterait temporaire le temps qu'elle trouve autre chose, aucune date ne restant gravée dans le marbre.
Enfin d'accords sur une date qui pourrait correspondre à l'intronisation de la garde, Ryf partit voir son capitaine. Il fallait bien demander quelques jours, arranger tout ce qu'il fallait pour son arrivée, déplacer son bordel et autres tâches toutes aussi passionnantes. Arthorias ne fit pas le difficile, après tout, il était bien au courant que l'arrivée de ce sang frais était dû au charisme naturel de l'hippogriffe pour faire en sorte que qui l'aime le suive. Aucune idée cependant de ce qu'il pouvait bien entendre par ''Prends pas trop soin d'elle hein'' et des clins d’œil appuyés, plus gênants qu'autre chose.
En vacances, ses activités ne reflétaient pas l'envie de farniente, de tranquillité et d'ailleurs caractéristiques à toute personne pouvant enfin se dire ''Allez, on ne pense plus au travail, repos !''. Déblayer l'entrée, le jardin arrière, le passage de la cour, et surtout, cette pièce en bordel, face à sa propre chambre, qui servirait de dortoir à sa future collègue. Cela restait assez spartiate, sans pour autant manquer de tout le confort et mobilier nécessaire pour bien vivre, un lit, une armoire, et surtout, ce mannequin en forme de T cher à tout garde, pouvant accueillir tout l'équipement réglementaire quand ce dernier ne se trouve pas sur votre dos. Oui, je sais à quoi vous pensez, il aurait très bien pu s'en moquer et l'accueillir n'importe comment ; après tout, on n'attend pas un hébergement digne des meilleures tavernes bien chères de la capitale. Lyriss reste quelqu'un qu'il apprécie et respecte assez pour se permettre un petit excès de zèle.
Le jour J était arrivé. Allongé sur le canapé, il se surprenait à fixer le plafond en attendant la jeune femme. Impatient ? Pas plus que ça, surtout la brutale réalisation qu'à part effectuer son travail pour mériter son solde ou sortir avec des collègues qu'il ne connaît que de surface, ne portant que peu d'intérêt au fait de gratter plus profondément à travers cette carapace, aussi mince soit-elle chez certain dont la pudeur et l'intimité n'ont d'égal que le nombre de cicatrices qui les marque. Sur le qui vive, il sursautait à chaque bruits de sabot dans sa rue, plutôt tranquilles si on oublie l'activité nocturne, les orphelins et autres gamins des rues qui traînent ici, chaque son inédit pouvant signifier l'arrivée de la blanche. Ce fut le cas, un moment. Ce clip-clop familier qui se rapprochait de son domicile, le bruit d'une main gantée frappant à sa porte. Il se leva, se dirigea vers la porte qu'il ouvrit en grand.
'' Eh, Lyriss ! Bon voyage ? Bizarre, j'ai l'impression que t'as...Pas grand chose ? Viens, on va déjà attacher Ulrik ! ''
Laissant la nouvelle venue garder la bride de son cheval -ces animaux ont toujours un avis mitigé envers Ryf, après tout, un hippogriffe est à moitié des leurs- et sortit pour faire le tour de la demeure par l'extérieur, petit chemin permettant d'atteindre un jardin arrière, pas bien grand, assez pour que le canasson ne se retrouve pas triste dans un enclos minuscule. Un abri pouvait l'accueillir, pas le grand luxe, il mériterait un petit coup de fraîcheur, il avait oublié ce petit détail en vrai.
'' Ouais, bon, faudra retaper ça un ptit peu pour qu'il se sente bien comme chez lui. '' Il fit face derechef à Lyriss, bras croisés. '' Bon, t'es déjà vnue, mais une vraie petite visite s'imposerait non ? Vas y, après toi. ''
Il désigna la porte qui permettait de se retrouver à l'intérieur, dans le grand salon, positionnée juste à côté de l'étude de Hryfin. Oui, les lettres débordaient toujours, aussi Lyriss pourrait trouver miraculeux qu'il ouvre jusque là tous écrits qu'elle lui faisait parvenir. Hryfin pensait qu'il était inutile de reparler de sa présence ici, de dire qu'il est heureux de l'héberger, comment se passe le travail et la vie à la capitale ; ils avaient déjà survolé ces aspects par lettres interposées, si jamais elle avait d'autres questions ou volonté, la connaissant, elle en ferait vite part.
En chevauchant en directement de la capitale, le peu d'affaire qu'elle possédait tassé à l'arrière de sa selle dans deux sacs de cuirs épais et robustes, elle repensait aux circonstances qui l'avaient conduites ici. Une soirée orageuse, des retrouvailles autour d'une coupe de vin, et voilà. Bon, en fait, elle résumait très grossièrement la situation. Probable que ce soit bien plus complexe que cela en réalité. Mais elle n'était pas le genre de femme à s'attarder sur les détails. Les faits étaient là. Arthorias avait accepté sa demande concernant le fait de rejoindre les rangs de la garde royale et Hryfin lui avait aimablement proposé de l'heberger quelque temps, la sachant trop sauvage pour une vie à la caserne de la capitale.
Il est vrai qu'elle quittait la quiétude du village perché pour la plus grande ville du royaume. Elle qui avait la foule en horreur, elle serait probablement servie. Mais ça ne l'inquiétait pas. Elle avait besoin de ce changement pour avancer, et il était clair qu'il venait à point nommer. D'ailleurs, elle venait de passer les portes de la ville quand elle cessa d'y réfléchir, concluant qu'elle avait fait le bon choix, comme toujours.
Peu de temps après, elle mettait pied à terre devant la demeure du grand gaillard, laissant Ulrik - l'étalon gris qui l'accompagnait partout - brouter un peu d'herbe à coté de la porte. De sa main gantée de cuir, elle frappa à la porte. Hryfin ne tarda pas à ouvrir. "Salut Hryfin. Eh...Non, je voyage toujours léger". Précisa t-elle en se retournant vers son maigre chargement. Se tenait là toute sa vie. D'aucun aurait pu dire que c'était triste. Elle voyait ça comme une forme de liberté. Le fardeau était mince. Une chance qu'elle n'ai pas eu à planifier un déménagement. Quoi que qu'avec son accès aux portails de téléportation récemment acquis, cela aurait peut-être facilité les choses. Mais les voyages lui allaient aussi. Elle ne les avait donc pas emprunté.
Elle suivi son hôte, Ulrik sur ses talons. Elle fut surprise de voir qu'il avait pensé à lui. Ulrik aurait au moins son petit coin à lui non loin de la maison, ce qui était un confort non négligeable pour l'animal, mais aussi pour sa détentrice. Elle était rassuré de le savoir prêt d'elle. "Merci de lui avoir prévu un chez lui, je n'aime pas le laisser trop loin". Avoua t-elle alors, bien qu'elle sache que cette précision était probablement inutile. Hryfin devait déjà s'en douter. "Je m'occuperais de le retaper. Il te servira peut-être plus tard aussi". Prévint-elle en retirant l'équipement de l'animal, posant filet et selle sous l'abris dans un premier temps. Elle aviserait plus tard de son organisation.
Attrapant l'un des gros sac de cuir initialement porté par le cheval, elle le fourra dans les bras de Hryfin sans demander son reste. "Tu m'aidera bien à rentrer tout ça quand même?" Lui demanda t-elle sans réellement lui demander son avis, en fait. Elle le gratifia d'un sourire amusé et d'un regard malicieux. Elle s'attendait un peu à prendre le sac à travers la figure alors qu'elle ramassait le second pour reprendre le chemin de la maison. Laissant Ulrik paitre tranquillement. Un peu de repos ne lui ferait pas de mal. "Avec plaisir, tu as changé quelque chose depuis ma dernière visite?" Questionna t-elle en passant la porte. Elle posa son chargement dans l'entrée, à droite de la porte. Là aussi, elle aviserait un peu plus tard.
Elle semblait à l'aise. Pour quelqu'un arrivant dans une demeure qui n'était pas vraiment la sienne. Mais en fait, là aussi, Hryfin devait la connaitre assez pour ne pas en être surpris. Le regard de la jeune femme se tourna alors sur son tas de lettre. "Et bien, j'ai de la chance que tu ai reçue mes lettres". Souligna t-elle, taquine, ricanant brièvement. "Tu as songé à te reconvertir dans l'administration?" Reprit-elle toujours heureuse de pouvoir le bousculer un peu. Elle se tourna finalement vers lui, reprenant son sérieux. "Des règles particulière dans votre demeure monsieur Danvil? Je ne voudrait pas troubler vos habitudes". Lanca t-elle alors en une ultime provocation. Elle avait peu d'ami. Un seul, en fait. Il fallait bien qu'il le paie un peu.
'' Rien de particulier n'a changé. 'fin, un peu plus de bordel, que j'ai pas encore prit le temps de ranger, tu sais, pour préparer ta chambre. Et celle de ton cheval ; t'inquiète, ça a été avec plaisir. ''
Tout décharger aura prit un temps record. C'est plus léger, quand sa vie passe dans quelques valises et une poignée de sacs. Presque...Triste ? Qui est-il pour juger, il est partit de chez lui petit avec rien de plus qu'un baluchon plein de fringues et de babioles, et s'il devait déménager du jour au lendemain, disons, repartir au Grand Port, ses bras seraient-ils bien plus chargés ? Sans doutes que non. D'autant plus que lui ne possède même pas de monture, donc tout déplacer serait un calvaire plus que certain, il a vraiment pas hâte d'avoir à bouger, au final. Pour ce qui est des lettres...Ouais, y'a des choses qui ne changent pas. Après, il a fait un peu de tri tout de même ! D'accord, il a principalement jeté les plus vieilles. Alors, comment celle de Lyriss s'était démarquée au point d'être ouverte ? Très simple.
'' Déjà qu'écrire les rapports m'ennuie de fou, c'est pas pour finir gratte papier. Nan, la tienne a été ouverte tout simplement car - '' Il parlait tout en se dirigeant vers son bureau, prenant la lettre de la garde et une aléatoirement de sa famille, et les prit pour les mettre côte à côté, chacune dans une main. '' – La tienne n'a pas le sceau de ma famille, et n'est pas écrite pareil. ''
La calligraphie était en effet différente, le grain de la lettre en soi déjà différait de toute cette lecture qu'il avait reçue. Déjà quelques piques qu'il avait reçues, de la part de la nouvelle garde royale. Preuve qu'elle se sent bien, c'est déjà une très bonne chose. Le plus dérangeant c'est qu'il n'ait pas encore plus répliqué que ça. Y remédier était devenu une nécessité, vraiment, ce serait animé à la maison s'ils continuent à se chercher comme ça. Un vent de fraîcheur bienvenue entre le boulot et le dodo. Aucune réponse sur les règles de la maison ; ça allait se faire au fur et à mesure. Il sourit, s'éloigna d'elle pour se planter au milieu du salon, répétant cet air théâtral qu'il avait eu, la dernière fois qu'elle était venue et qu'il essayait de faire passer la garde royale pour la meilleure chose inventée depuis la tarte aux pommes.
'' Donc, là, le salon, tu connais, heureusement, c'est pas là que je te demanderais de dormir, hein. Ici, le côté cuisine, jsuis pas du genre à dire que c'est ta place, mais si on pouvait partager un peu les tâches, jcraches pas dessus. La bas, tu l'as déjà utilisée, la salle d'eau. Et si tu veux bien... ''
S'assurant qu'elle le suivait bien, il entreprit de monter les escaliers. Un petit couloir tout simple, avec une porte à gauche, une à droite. Attrapant la poignée, il la tourna afin de révéler ce qui fut son débarras, mais maintenant une chambre presque complètement fonctionnelle. Il se frotta nerveusement la nuque.
'' Ouais, c'est un peu sommaire, mieux que j'aies pu faire en si peu de temps. Libre à toi d’aménager ça comme tu veux. Du coup, jsuis juste en face, si t'as besoin, tape très fort, j'ai un sommeil lourd. '' Sourire en coin, on le sent, on le sait qu'une connerie va finir par sortir. '' Pas excessivement non plus, donc si un jour, tu ramènes de la compagnie, essayez de pas faire trop de bruit hein. ''
Et voilà, c'était sortit, le petit retour à la réalité de Lyriss, dites La Coincée. En vrai, ça pouvait quand même arriver, derrière la boutade se cachait un fond de vérité, si bien qu'une expression perplexe et inquiète naquit sur son visage. Faudra qu'elle compose avec ça, maintenant.
Alors qu'elle poursuivait la visite avec Hryfin, elle pu constater que rien n'avait réellement changé depuis la dernière fois qu'elle avait eue l'occasion de lui rendre visite. A l'exception d'une chambre rien que pour elle à l'étage de la bâtisse. Ce qui la ravie au plus haut point. Bien qu'elle n'en montre pas grand chose. "C'est parfait Hryfin. Tu sais, je suis voltigeuse maintenant. Je pense que je suis amenée à dormir dans des endroits bien moins accueillant". Précisa t-elle taquine, alors que son hôte semblait gêné. Il n'y avait clairement pas de quoi. Sa remarque avait du vrai, et en plus de ça, en tant que garde, elle avait déjà connu des conditions bien plus difficile que celle là. Si on considère la situation présente comme difficile, ce qui n'est décidément pas le cas. Après tout, rien ne l'avait obligé à l’héberger, elle aurait tout aussi bien pu accepter la chambre proposée à la caserne.
"C'est valable pour toi aussi tu sais". Précisa t-elle simplement en réponse à la remarque de son hôte concernant les éventuelles rencontres. Elle ricana. Ce moment pourrait très bien arriver. Et rien qu'en y pensant, elle cessa de rire presque instantanément. Ce n'était pas le moment de penser à ça. Elle ne voulait pas imposer sa présence à Hryfin, mais n'était pas délicate au point de s’effacer du paysage. Sans doute leur faudrait-il un peu de temps pour trouver leur marque tous les deux. "D'ailleurs, tu sais que je n'ai personne, mais toi alors? Dois-je m'attendre à t'entendre régulièrement le soir?" Reprit-elle, mesquine, comme pour le prendre à son propre piège.
Elle ricana avant de redescendre, récupérant ses affaires histoire de les mettre dans sa chambre afin de ne pas encombrer le vestibule. Elle n'était pas du genre à prendre beaucoup de place naturellement. Et elle n'aimait de toute façon pas laisser trainer ses affaires un peu partout. Probable que ce soit un sujet de discord potentiel en moins pour le coup.
Déposant sommairement ses sacs, elle redescendit dans la cuisine, restant un peu planter là bêtement; observant le lieu. Elle ne cherchait rien de particulier. Simplement à se familiariser avec la maison. Elle avait bien entendu la remarque de Hryfin. Elle ne comptait pas le laisser faire à manger tous les soirs. Le hic, c'est qu'elle n'était pas habituée à cuisiner dans une cuisine. Elle passait tellement de temps à bivouaquer qu'un feu dans les bois et un morceau de gibier lui paraissait déjà de la grande cuisine.
L'hippogriffe n'eut pas le temps de contre-contre attaquer le blanche qu'elle était déjà descendue, le laissant penaud et un peu paumé à l'étage alors que la femme remonta non péniblement ses affaires -non, vraiment, elle semblait si à l'aise et indépendante qu'il n'eut pas à se proposer pour l'aider, ni même osé-. Comment ça, valable pour lui ? Eh, oh, il est encore chez lui hein, s'il a envie de hurler pendant la bête à deux dos, grand bien lui en fasse hein ! Après, encore faudrait-il que ce soit une possibilité, hein. Qu'elle ait personne, bien que cruel à dire, restait un fait : cela ne l'étonnait guère. Un petit truc d'un soir, bon, ça reste une possibilité hein, mais pour de vrai, ouais, normal la connaissant. Mais lui, avoir quelqu'un ? Eh, la seule personne qu'il ait ramenée chez lui et avec qui c'est parti aussi loin, c'était Diane, et il l'a pas revue depuis, pfiouuuu, fort longtemps, pas à s'inquiéter de ce côté là.
Y a bien Tara, qui passe de temps en temps pour l'asticoter, le peu de fois où il se décide à genre se reposer ou sécher l’entraînement collectif pour mieux pratiquer en solo chez lui. Cependant, rien n'existe entre eux deux, quand bien même, elle serait incapable de passer la nuit chez lui, anxieuse et en retrait qu'elle est. Non, actuellement, la blanche est la seule chose qui se rapproche d'une présence féminine dans la vie de Hryfin. Y a bien sa sœur - non pas dans ce sens là, bande de dégénérés -, mais il ne l'a pas vue depuis encore plus longtemps que n'importe qui qu'il connaît au moins de faciès. Empruntant à son tour les escaliers, il retomba nez à nez avec la nouvelle voltigeuse. Bof, autant être direct hein.
'' Orf, tu sais, à part les ronflements, t'entendra pas grand chose de ma part hein. Spas forcément la joie de ce côté là ; et c'est pas un mal en vrai. ''
Il le pensait sincèrement. Vous connaissez, ce stéréotype, des gens qui travaillent tellement, qui ne voient pas le soleil, qui ne restent qu'entre eux, dans le sens personnes du même sexe, et qui explosent une fois en permission, quartier libre, ou enfin tranquille ? Ouais, la garde, c'est ce genre d'endroit. Et la royale ne fait pas exception, la plupart des couples se font et se défont au hasard des rencontres, assignations et même, soirées inopinées. Avec le rythme effréné qu'ils ont parfois, la relaxe est violente. Clairement pas un univers auquel il souhaite se mêler, il se contente de graviter autour par défaut, cible de confessions malheureuses et ragots maladroits. Il s'installa tranquillement sur son fauteuil.
'' Oh, j'm'inquiète pas pour toi, avec le nombre de candidats et prétendants, ça va forcément arriver, tu pourras rapidement t'en rendre compte ! ''
Ryf n'était pas d'un naturel chiant, il faut néanmoins avouer que ça l'embêterait bien aux premiers abords qu'elle traîne un inconnu chez lui – chez eux ? Faut lui laisser le temps hey. Il haussa les épaules alors que son regard vint de planter dans celui de la petite.
'' C'est bon, t’arrive à te remettre l'endroit ? Je te l'ai déjà écrit, mais je te le répète, t'es la bienvenue, reste aussi longtemps que tu veux ! T'as déjà une idée de tes prochaines missions ? Déjà rencontré d'autres personnes que le capitaine ? Oh, tient, tant que j'y penses ! '' Il fouilla dans une de ses poches, et en sortit un petit trousseau qu'il tendit dans le vide, en direction de sa nouvelle colocataire. '' Tes clés. Portail, porte de devant, porte arrière. La porte de chambre ferme pas à clés ; t'inquiète, je débarquerais jamais à l'improviste. ''
Habitant seul depuis tout ce temps, il ne s'était jamais posé la question de sécuriser les pièces intérieures d'une personne tierce. Et en vrai, ne fermait quasiment jamais les portes extérieures quand il se trouvait chez lui, sa simple présence étant pour lui une assurance suffisante pour repousser tout individu assez stupide pour rentrer sans permission ; il se souvient, la première fois que Tara était venue tambouriner à sa porte, les regards du voisinage s'étaient longuement braqués sur elle. Il est assez connu, dans le quartier. Le gentil garde royal, qui n'embête personne, rassure les faibles du coin, est sympa avec les enfants. Sans doutes que les va et viens d'une nouvelle venue ferait jaser dans les chaumières.
Quoi qu'il en soit, elle était là. Et le sujet le plus délicat avait déjà été abordé, alors pas de raison que ça se passe mal semble t-il. "Tu dis ça maintenant, dans deux mois tu regretteras que je n'ai pas de copine à te présenter". Plaisanta Lyriss avec malice. Bon, il est vrai qu'il ne fallait pas qu'il compte sur elle pour ça. Elle n'était pas franchement du genre à tisser de grandes amitiés. Hryfin était son seul ami. En fait. Maintenant qu'elle y songeait. Elle aurait pu le regretter. Mais non. Elle n'avait pas le sentiment d'être seule.
Elle lui adressa un sourire équivoque avant de s'étirer. Le voyage n'avait pas été de tout repos. Depuis son intégration dans la garde royale, elle avait multipliés les voyages pour organisé son fief à la capitale. Fort heureusement, elle n'avait pas grand chose à trimballer, et un cheval conciliant. "Tu n'as pas à t'inquiéter pour moi. Ai-je l'air d'une pauvre jeune femme esseulée?" Lança t-elle sur le ton de la plaisanterie, à nouveau. Le cœur de Lyriss était un organe complexe. Qui n'avait jamais battu que pour les combats et les aventures. Personne n'y avait jamais trouvé sa place, hormis Ulrik, peut-être. Mais c'était bien différent n'est-ce pas? Et ça n'était pas quelque chose qui la perturbait.
D'aucun auraient pu trouver ça triste. Pas elle. Son indépendance l'empêchait de s'attacher. Un peu inconsciemment peut-être. Elle n'était ni charnelle, ni fleur bleue. Ce qui pouvait sembler déroutant vu de l’extérieur. Son regard croisa celui de Hryfin qui lui répéta qu'elle était la bienvenue. Elle esquissa un rictus semblable à un rictus alors qu'il lui tendait ses clefs. "Ah. Merci Hryfin. Je ne sais pas si je resterais longtemps. Tu sais comme je peux avoir la bougeotte". Précisa t-elle en récupérant le petit trousseau. Elle ne mentait pas. Elle n'avait pas le moindre projet à ce sujet. Advienne que pourra. Elle vivait comme ça depuis longtemps.
"Bon, allez, c'est moi qui fait le premier diner!" Proposa t-elle avec enthousiasme en glissant les clefs dans sa poche. Elle s’avança dans la cuisine, ouvrant un premier placard sans aucune gène histoire de voir où se trouvait les choses. "D'ailleurs, tu me diras combien de cristaux tu veux pour les frais, c'est normal que je participe". Reprit-elle en lui tournant le dos, trop occupée à ouvrir placard sur placard. Il allait bien falloir qu'elle se familiarise avec la maison. "Je peux chasser aussi, je ne suis pas mauvaise pour ça". Reprit-elle en se retournant vers lui. C'était peut-être une proposition bizarre, mais en fait, elle avait l'habitude de le faire pour se nourrir lorsqu'elle bivouaquait. Beaucoup de colocataires ramènent le pain en rentrant du boulot. Elle pouvait très ramener un ou deux lapins...
De toutes les choses sur lesquelles il aurait pu rebondir, tous les mots qu'il aurait pu choisir, les tournures de phrases qu'il aurait pu utiliser, c'est celle là qui fit le cheminement le plus direct entre son cerveau et sa bouche. Au moins elle, n'en tiendrait pas rigueur ni rancune. Il se rappelle, ému, des premiers mots qu'il avait sortis quand une lieutenante de la régulière, à l'époque, était arrivée dans la caserne pour la première fois depuis longtemps, pour cause, le bébé qu'elle portait dans les bras, tout frais sorti du four. S'il se souvient bien, Lyriss était dans l'assemblée, silencieuse et un peu à l'écart, comme toujours. Face à la mine épuisée de la nouvelle mère, couplée aux pleurs du bébé, il avait lâché une réplique cinglante ; '' Tout ce travail pour ça, ça vaut vraiment pas le coup. '', ce qui eut le point positif de faire rire aux éclats certains d'entre eux, d'autres préférant rester neutres, sachant pertinemment que certains -l'intéressée et le parrain de l'enfant, lui aussi dans la pièce- auraient une réaction moins...Amicale.
Ça valait le coup.
Mine de rien, le grand aurait dût partir sur sa première déclaration, après tout, les copines de copine, c'est toujours des plus intéressant et intriguant, quand on est un fringuant célibataire comme lui. Bon, en vrai, si elle se fait des amies à la royale, grandes chances que ce soit des personnes que l'hippogriffe connaît déjà, de près, de loin, de nom, c'est une famille pas bien grande, et le dernier truc qu'il voudrait, c'est qu'on lui présente la tante alcoolique au troisième degré qui se décompose au fond de la salle pendant les repas festifs. Ouais, tout compte fait, il se passerait bien de sortir avec une garde. Avec une noble non plus. Les citoyennes normales sont pas fans des gardes, encore moins des royaux ; c'est pas présent et ça meurt en mission si ça a pas de chance. Et puis ça payes pas, on va pas se mentir.
'' T'en fait pas que ton nouveau poste il va bien t'occuper va, c'est à peine si Arthorias va te laisser respirer. On commençait à manquer d'bras, et honnêtement, jsuis bien content d'te compter parmi nous, aussi longtemps que tu tiens tes amis capables de m'soulever loin de moi, merci. ''
Un sourire franc s'était dessiné sur son visage, qui s'évanouit bien rapidement quand elle parla commodités. Le genre de truc qu'il aime bien préciser, mais pas en parler. Déjà, l'idée du dîner commence à l'effrayer, si elle part chasser le petit lapin, elle est pas prête de revenir. Si elle voulait vraiment manger les produits de sa chasse en pleine capitale, les deux ne boufferaient que du rat pendant plusieurs semaines. Pour les lagomorphes de tous genres, faudra s'éloigner un peu de la populace. Allez, elle est nouvelle, elle sort de son village perché tout vert tout écolo, ou la faune, la flore et l'humain cohabitent plus que bien. Il se leva.
'' Ouais, ouais, les cristaux, on en parle plus tard hein. Comme tu l'sais, j'ai une famille de friqués. C'est pas trop un soucis en soit, c'est ptet même mieux qu't'en profite pour banquer de ton côté. Pour ce qui est de manger par contre... ''
Se dirigeant vers la porte, il ramassa au passage sa veste, son petit sac avec tout ce qu'il fallait dedans en cas de sortie, dont une petite dague, qu'il passa à sa ceinture. Beau quartier ou non ; civil ou garde ; il se trimballe toujours avec un truc capable de calmer les plus grandes ardeurs d'un imbécile capable de s'en prendre à lui. Posant sa lourde main sur la poignée de la porte, il commença à l'ouvrir.
'' On va plutôt manger dehors, hein. Pas qu'j'ai pas confiance en tes talents de chasseuse, mais bouffer du rat et des pigeons, car c'est la majorité de ce que tu trouveras ici, c'est pas ma tasse de thé. Et la voisine d'en bas d'la rue me fera un scandale si t'abat un d'ses animaux. M'demande pas comment je le sais. Jle sais c'est tout. Allez, j't'invite pour cette fois, on en profitera pour te montrer le coin ! ''
L'attendant dorénavant sur le pas de la porte, le côté pratique de l'avoir avec lui, c'est que déjà, les propositions indécentes des mères voulant présenter leurs futures vieilles filles à Ryf allaient se compter sur les doigts d'une main, et que s'il oublie ses clés, il en aura toujours un double. Quelque part. Dans la nature. Ptet à l'autre bout du pays. Oui, non, oubliez ce deuxième point.
'' J'espère que t'aime manger épicé, par contre. ''
Quoi qu'il en soit, voilà qu'elle faisait des plans de chasse pour savoir si elle pourrait approvisionner la maison. Une vieille habitude. C'était un mode de vie pour elle. Au risque de passer pour une sauvage. Probable que Hryfin se moque, mais sache aussi se débrouiller en dehors de la ville. En patrouille, on ne trouve pas toujours une auberge. Et Lyriss gardait en mémoire une traversée des plaine dans le blizzard qui lui avait demandé de faire montre de bien des talents.
Lyriss n'était pas du genre à profiter de l'hospitalité. Et bien qu'elle sache que Hryfin faisait partie d'une famille à priori fortuné, elle n'estimait pas la raison suffisante pour ne pas participer. C'était d'ailleurs un devoir pour elle. Même si il refusait les cristaux, elle trouverai un autre moyen. Bien qu'elle ne sache pas encore lequel. "Nous verrons bien...Je ne compte pas crécher ici à l’œil. Ça ne serait pas juste et j'aurais l’impression d'abuser.". Précisa la jeune femme tout en s'étirant.
Soit. Manger dehors était une bonne idée. Idée que Lyriss ne pouvait pas avoir tant elle n'avait pas l'habitude de la vie en ville. Elle lui suivi donc en acquiesçant. Probable qu'ils n'auraient pas beaucoup de temps pour se retrouver lorsque Lyriss aura pris ses fonctions. Ce serait probablement une de leur rares soirée en amis alors pourquoi ne pas en profiter. D'ailleurs, la soirée fût calme. Plus calme que Lyriss ne l'aurais pensée. Ils rentrèrent relativement tard ce soir là. Après mainte discussion. Quelques boisson, et un bonne tranche de rire, tous deux finirent par rejoindre leur chambre respectives. Lyriss mis un moment avant de trouver le sommeil. Le changement de vie l'affectait plus qu'elle ne voulait bien l'admettre. Mais cela ne durerait pas. Elle était satisfaite de cette avancée.