Vous vous retrouvez à la Capitale pour une rencontre bienvenue lorsque la chose la plus étrange survient.
Sur un balcon, à minuit treize pile, alors qu’une chouette hulule treize fois, qu’une araignée a tissé une toile à treize points et que le miroir de la salle de bain ne se brise en treize morceaux, vous éternuez en même temps.
Votre âme est projetée hors de votre corps. Ces derniers tombent du haut du balcon jusque dans la Rivière Luisante et dérivent avec le courant. Vous voilà désormais piégés en tant que fantômes et êtes forcés de regagner vos enveloppes corporelles…
Si vous ne les regagnez pas avant le lever du soleil, vos âmes seront perdues dans les limbes à jamais !
Participants : @Saryna Delarosa & @Aslander O'Sullivan
Challenge RP : Jusqu’à la fin du RP vous êtes piégés en tant que fantômes, vous ne pouvez pas vous adresser aux vivants, ni interagir avec eux. Vous ne pouvez également pas utiliser vos magies, ni équipements. Vous pouvez simplement traverser le solide et, en vous concentrant extrêmement fort, rendre tangible une partie de votre corps.
J’ignore ce qui a poussé cette rencontre aussi tardive, mais au vu des évènements étranges qui suivent cela, nous n’aurions pas dû nous revoir. Il devait être aux alentours de minuit et je sais que chaque fois qu’Aslander et moi-même avons vu nos chemins se croiser quelque chose d’étrange nous était arrivé. Et pour tout vous dire, si on m’avait raconté l’histoire qui vient tout juste de nous arriver, je n’en aurais pas cru mes oreilles bien que j’aille l’étrange sensation d’un déjà-vu.
Quelle chance avions-nous d’éternuer en même temps, mais surtout qu’une étrange sensation nous enveloppe tous les deux pour finalement nous sentir aussi légers que l’air. J’aurais pu me sentir bien, oublier tous mes tracas, mais non puisqu’une vision horrible m’avait assaillie. Devant moi se tenait mollement mon corps inerte qui commençait à tomber par-dessus la rambarde et j’avais beau tenter le rattraper, mon corps passait au travers de ce dernier.
« Non! »
Je me penche au-dessus observant de mes yeux spectraux mon corps tomber à l’eau suivie de près par celui d’Aslander.
« On est en train de rêver c’est ça? On a pris une pastille de rêve et on va se réveiller demain comme si de rien était… »
Je me gratte la tête, même si ma main ne fait que passer au travers et je ne peux m’empêcher de faire les cent pas. Et si tout était vrai? Même si elle n’était plus dans son corps, qu’arriverait-il à mon enveloppe charnelle si elle restait dans l’eau? Est-ce que je suis morte?
« MERDE! » Sans attendre, je passe à travers la rambarde me laissant ainsi tomber de cette dernière et alors que je pourrais pousser un cri d’horreur face à cette chute, j’ai l’impression d’être tout simplement une feuille porter au gré du vent. À vrai dire, je lévite plus que je marche et flotter ainsi me permet de me déplacer bien plus rapidement, seulement, nous devons retrouver nos corps avant qu’il ne soit trop tard.
Cela aurait pu mieux se passer... On aurait pu discuter autours d'un verre, se retrouver dans un parc, voir même prendre un cours de poterie - même si cela aurait été très étrange - mais non... On se retrouve dans une propriété noble surplombant la rivière, prélude de mon futur casino en réalité même si cela, Saryna l'ignore, seul Oswald est dans la confidence présentement. Mais alors que nous regardons la vue depuis le balcon - je veux son avis, savoir si c'est aussi magnifique que je le pense et si cela pourrait attirer des clients - voici que nous éternuons exactement en même temps. Petite anecdote cocasse tout au plus sans réelle conséquence n'est-ce pas? Et bien non! Car à ce moment précis, alors qu'une étrange sensation me donne l'impression de flotter dans les airs à quelques centimètres du sol, j'ouvre les yeux fermés par automatisme lorsque l'air s'est échappée de mes narines et je vois mon sublime et magnifique corps tomber de la rembarde...
Une chance que c'est l'eau claire et merveilleuse qui accueille ainsi nos enveloppe charnelle car, une telle chute directement sur le sol et il ne serait rien resté de nous. Quoi que, peut-il rester quelque chose alors que nous sommes visiblement des esprits flottant dans l'air? Saryna est la première à s'exprimer alors que personnellement, j'ai une sensation de déjà vu ou même déjà vécu dont je tente de me rappeler... Je tente également de me rappeler si j'ai prit une pastille de rêve mais non! Par ailleurs, dans un rêve on peut faire ce que l'on veut or, actuellement, je suis incapable d'user de mon pouvoir... Aucun doute donc que tout ceci est bien en train d'arriver. La belle hybride s'élance tout en prononçant l'allocution habituelle des situation désastreuses : merde! Et passe à travers le balcon pour se précipiter vers le bas... Un léger soupire tente de passer la barrière de mes lèvres alors que je la suis bien plus tranquillement.
"Saryna calmes toi... Certes nos corps sont menés par le courant mais ils suivent la rivière, cette dernière sillonne, tourne parfois, zigzag également... Nous pouvons voler et éviter tout obstacle! De plus, ne respirant pas, il y a peu de chance que l'eau pénètre nos poumons. Il suffit de suivre la rivière et retrouver nos corps, tout va bien se passer je te le promet! Allez, suivons ces corps avant que quelqu'un ne pense qu'un meurtre sordide ait eut lieu..."
« Pourquoi je devrais me calmer quand le monde s’acharne sur nous. Il ne pourrait pas nous arriver que des trucs normaux pour une fois? Genre perdre, une boucle d’oreille ou un soulier, que sais-je? Mais là, c’est la goutte qui fait déborder le vase! »
Évidemment que je vais suivre la rivière à la recherche de nos corps, mais je n’ai pas envie qu’il y reste éternellement. Oui, nous ne respirons pas, mais cela n’empêchera pas l’eau de pénétrer pas notre bouge ou nos narines. Justement, nous ne respirons pas, alors nous n’aurons pas le réflexe de recracher l’eau qui entrera par la mauvaise voie! Si je le pouvais, je tirerais mes cheveux.
« Manquerait plus que quelqu’un les trouve et les amène à la morgue! Est-ce qu’on sera seulement capable de retourner dans nos corps? Je ne pourrai même pas revoir ma famille, ni leur dire adieu. Devon recevra la visite de la garde ou je ne sais trop qui pour leur dire qu’ils ont retrouvé mon corps certainement morte noyer. »
Morte noyer! Quelle mort de merde, mais pire encore et ça heureusement que personne d’autre le sait, mais c’est quand même suite à un éternuement que nous sommes dans cette situation. Ça… ça, c’est vraiment honteux.
Enfin, ils ne doivent pas être allés bien loin, non? Enfin, à cette heure-ci il ne semble y avoir personne sur le bord de la rivière, mis à part quelques bestioles. Ce ne fut pas bien compliqué de retrouver nos cadavres, enfin nos corps… et il semblerait que deux gros rats semblent nous utiliser comme radeau… Je leur fonce dessus pour essayer de leur faire peur, mais évidemment, je ne suis pas sur le même plan existentiel qu’eux. Je peux les frapper comme je veux, mais rien n’y fait. Mon corps passe à travers ces petites créatures horribles et même de mon corps.
« Et on fait comment pour entrer dans nos corps si on ne peut pas les toucher? »
Saryna s'inquiète, s'énerve même... Vu la situation c'est compréhensible en réalité et puis, elle n'a pas tout a fait tort, ces-derniers temps nos rencontres sont mouvementés pour dire les choses avec un magnifique pléonasme... Pourtant, quand j'y pense, ce n'est rien en comparaison de mes mésaventures passées - ou même présentes - avec Khalie, au moins personne ne tente de me faire avoir une vie de couple illusoire dans la situation présente et c'est tant mieux, je pense que la mort est bien plus acceptable que ce genre de vie. Cependant, il est normal que cela ne soit pas le cas de l'hybride, elle a une famille, un époux, un fils. Voir quelqu'un se démener et craindre uniquement pour sa famille, ça me change de ma propre expérience familiale! Enfin, je ne peux pas réellement dire cela, ma mère a fait du mieux qu'elle a pu mais tout de même. Je secoue doucement la tête et je tente de déposer ma main sur l'épaule de Saryna, malheureusement mon ectoplasme passe au travers du sien mais qu'importe, c'est le geste qui compte. Je plonge mon regard dans le sien et je secoue doucement la tête.
"Je te promets que tu retrouveras ta famille, fais moi confiance!"
Et même si je ne suis pas l'homme le plus sincère ou le plus serviable la plupart du temps, je reste un homme de parole! C'est une règle d'or : dans le monde des affaires, la parole est selon moi ce qui a le plus de valeur et, même du temps de la piraterie, je n'avais qu'une parole! Hors de question de ne pas tenir celle-là! Quoi qu'il arrive, je m'assurerai que la demoiselle retrouve son corps et les siens, dus-je y laisser mon propre corps dans l'affaire. Nous suivons donc la rivière à toute allure, aussi vite que deux esprit volant peuvent se déplacer pour finir par voir nos enveloppes charnelles qui flottent sur l'eau, ballotées par les flots. Dans notre malheur, nous avons la chance d'être tombé sur le dos, ce n'est pas grand chose certes mais cela signifie qu'au moins, nous n'avons pas fait le chemin le visage enfuit dans l'eau, laissant le liquide cristallin pénétrer nos narines ou nos bouches. Nous avons peut-être ingéré de l'eau par moment mais rien qui ne puisse causer une noyade une fois nos corps récupéré.
Les rats qui semblent vouloir user nos êtres comme embarcation ne semblent pas non plus avoir attaqué, une chance nous n'avons pas de sang apparent, même sans en ressentir la douleur vu nos conditions, je n'ose imaginer ce qu'il serait arrivé dans le cas contraire avec ces petits rongeurs installés sur nous... Finir bouffer par les rats est sans nul doute la plus horribles mort que je puisse imaginer... Nous rejoignons nos corps inertes et la belle araignée tente d'en déloger ces passagers clandestins mais, de toute évidence, il est difficile voir impossible d'entrer en contact avec le monde matériel lorsqu'on est un esprit. Pourtant, alors que la belle se questionne sur la suite des opérations, un bruit peu rassurant se fait entendre... Je me tourne pour remarquer que nous approchons d'une chute d'eau! Impossible de savoir ici quelle est la taille de la dite chute mais je ne veux pas le savoir, je me pose à côté de Saryna et j'ai fais une promesse, elle reverra sa famille! Je tente de saisir son corps sans succès, mes membres fantomatiques passant à travers elle. Je retente encore et encore, il doit bien y avoir un moyen.
"Allez! Allez!" Dis-je comme pour forcer le destin et soudain, au prix d'une concentration de tous les instants, je parviens à agripper le bras de la jeune femme! Mes mains translucides serrant sa chair alors que j'ouvre les yeux! On peut toucher nos corps! Pas le temps de m'émerveiller, je la traine jusqu'à la berge, la déposant sur le sol de terre. Mon corps maintenant! Malheureusement, c'est trop tard! Alors que je me tourne pour retourner vers mon enveloppe charnelle, je la vois qui s'engage dans la descente de la chute. Mon esprit va aussi vite qu'il le peut mais déjà, mon corps commence à choir. Est-ce ainsi que je vais disparaître? Sur une ultime bonne action?
"Non!" M'écris-je alors que mon esprit suit mon corps dans sa chute vers les abysses.
Il me fait une promesse dont j’ignore si elle fait vraiment sens dans ce genre de situation. Peut-être que je devrais lui faire confiance comme il me le signale. Peut-être qu’il pourra vraiment nous sortir de cette situation. Après tout, on ne peut pas dire que ce soit une véritable mort. Pour que nous nous échappions tous les deux de notre enveloppe corporelle, c’est qu’il y a dû y avoir quelque chose d’étrange, non? Une magie ou un sort? Enfin, je ne sais pas ce qui en a été la cause, mais tout ce que nous savons c’est que cela a été causé par cet éternuement.
Nous suivons alors le cours de la rivière et trouvons assez rapidement nos corps flottants sur le dos alors que des rats semblent nous utiliser comme radeau. Une tentative infructueuse de ma part de les faire fuir puis l’eau semble se déplacer un peu plus rapidement. Même qu’il semble même y avoir une chute. Une chute dans la capitale? J’arque les sourcils, même si ça ne se voit pas tant que cela à ce moment, mais je regarde Aslander qui se précipite vers mon corps. Il doit avoir entendu la même chose que moi… Sauf qu’il aurait pu essayer de se sauver lui, non?
Alors qu’il tente comme un forcené de se saisir de ma personne, je m’approche d’eux pour leur filer un coup de main. Du moins, j’essaie, mais sans trop de succès puisque je ne fais que passer au travers de ce dernier. C’est après un moment d’acharnement qu’il réussit à se saisir de mon bras pour sortir mon corps de l’eau.
« Comment?! » que je demande aussi surprise qu’une personne qui ne comprend pas ce qui vient de se passer.
C’est un miracle? Est-ce que moi aussi je suis capable? Enfin, pas trop le temps d’y penser. Si Aslander a réussi peut-être que je pourrai moi aussi, non? Évidemment, son corps à une longueur d’avance sur nous et se rapproche dangereusement du précipice.
« J’y vais! »
C’est à mon tour de l’aider pour ce qu’il vient de faire pour moi. Peut-être que si je me dépêche assez rapidement j’aurai le temps d’atteindre son corps avant qu’il ne tombe. Aslander semble pris d’une certaine prise de conscience et crie son désarroi. Si son corps est en mauvais état, peut-être ne pourra-t-il jamais y retourner. Le mien est hors de l’eau, alors je n’ai pas trop à me soucier de ce qui pourrait arriver, mais c’est une tout autre histoire pour lui.
Ma forme spectrale ondule rapidement tel un serpent, puisque je n’ai plus de jambe et je rattrape vite fait le corps de ce dernier qui malheureusement est simplement tombé un mètre ou deux plus bas et même encore, cela c’est très certainement fait en douceur. Je me disais aussi que des chutes en pleine capitale étaient quelque chose d’étrange.
« Tout va bien, ton corps est en bon état. Il a simplement chuté de deux mètres tout au plus dans l’eau…» m’écriai-je à son intention.
Tout ce qu’il risquait d’avoir c’était des courbatures, voir plus, car on sait tous ce que finis par faire un corps sans vie.
Tout comme Aslander, j’essaie de me concentrer et d’attraper l’un de ses membres pour le tirer hors de là. Je me dis que lui aussi, il y sûrement des gens qui compte sur lui et moi aussi je compte sur lui. Bon c’est un peu plus égoïste de ma part, car je compte travailler pour ce dernier lorsque nous pourrons enfin discuter réellement et tranquillement de tout cela, mais il y a certainement des gens qui seront tristes de sa disparition.
« Lucy, si tu m’entends, c’est le moment de m’aider et de me prouver que tu existes! » que je dis aussitôt en me concentrant par la suite.
Je sens ma grippe se refermer finalement sur son bras et je pousse un petit cri de joie à ce moment alors que je tire aussitôt sa carcasse de l’eau. Bon, on est éloigné de l’un et de l’autre, alors faudra trouver une solution à tout cela. Enfin, je vais vite voir si tout va bien du côté de mon corps, mais à ce moment, je vois au loin des gens qui se rapproche de ce dernier. Ils sont encore loin, comme s’il cherchait quelque chose.
« J’suis sûre que t’es encore saoul Bernard!
- J’vous dis que je les ai vus de mes propres yeux! Deux cadavres flottants sont passés par ici…
- Il fait noir, t’as sûrement confondu avec des gros rats qui nageaient.
- J’sais ce que j’ai vu!
- Ouais, mais on sait aussi que tout ce que tu racontes c’est pas toujours vrai… alors bon… »
Et merde, ils ne doivent pas tomber sur nos corps, je fonce rapidement en direction d’Aslander.
« J’espère que t’as trouvé une solution, parce que y’a des gens qui approchent et qui cherchent nos corps. Quelqu’un a dit les avoir vus flotter. Et je n’ai pas envie qu’on les emporte loin… »
Au moins la belle est hors de danger, ce n'est malheureusement pas mon cas! Alors que son corps est maintenant sur la rive, hors de l'eau, le seul risque qu'elle court c'est éventuellement une hypothermie. Certes cela reste dangereux mais je doute que ce soit réellement à craindre une fois qu'elle aura retrouvé l'usage de son corps. Même les rats ont quitté le navire lorsque j'ai réussi a la tirer, sans doute inquiets de cette force inconnue et invisible qui faisait dériver leur embarcation. Dans tous les cas, j'ai tenu ma promesse même s'il reste encore à trouver un moyen de lui faire rejoindre cette enveloppe charnelle. Elle a cette chance, moi par contre je viens de voir chuter mon être sans espoir de le retrouver si ce n'est morcelé au bas de cette chute... Au moins, j'ai péri en faisant une bonne action? Voilà bien une chose dont je ne me pensais pas forcément capable : disparaître pour quelqu'un d'autre...
Pourtant, il faut bien croire que Lady Fortune a encore des projets pour moi, la véritable déesse de la chance ne semble pas m'avoir abandonné puisque Saryna - son esprit hors de son corps du moins - me cri que tout va bien? Je la regarde sans réelle compréhension : seulement deux mètres tout au plus? Certes cela reste haut pour un corps inerte qui choit mais pas assez pour m'ôter la vie voici une certitude! Je vais donc survivre... Un soupire de soulagement, j'en pousserai sans doute un si une âme, un esprit ou que sais-je exactement avait du souffle. Pour l'heure cependant, il est temps de trouver un moyen de reprendre nos corps et rapidement, selon les dires de Saryna, des individus se dirigent vers nous! Que faire exactement? Ce n'est pas comme s'il y avait une explication toute faite sur comment reprendre possession de son corps après en avoir été séparé par un éternuement... On pourrait sans doute tenter de les trainer, nous échapper pour aller nous mettre loin des regards, malheureusement cela semble compliqué! Vu la concentration nécessaire pour ne fut-ce que toucher nos être, les trainer sur une longue distance semble impossible! Et même si cela était possible, je ne désire pas réellement me trainer moi-même sur le sol, c'est un coup à s'abîmer le corps inutilement.
Je regarde mon enveloppe corporelle et soudain, une idée absolument stupide me prend : et s'il suffisait de rassembler le corps et l'esprit? Visiblement, mon âme - si l'on peut appeler cela ainsi - fait exactement la taille de mon corps alors, peut-être suffit-il de remplir tout l'espace? Je me sens ridicule mais voici que je m'allonge sur moi-même, mon esprit translucide disparaissant sous l'opacité de mon corps de chair et finalement... J'ouvre les yeux! Une légère quinte de toux qui va un peu plus indiquer notre position mais surtout, je ne vois pas l'esprit de Saryna...
"Saryna? Peux-tu faire de même?" Dis-je ayant l'impression de me parler à moi-même... Au moins, je pourrais déplacer son corps si jamais cela ne marche pas le temps de trouver une solution.
Alors que je le préviens de l’approche des hommes, je regarde Aslander qui semble réfléchir à ce qu’il pourrait faire. Après tout, ce n’est pas tous les jours que ce genre de chose arrive, même s’il semblait qu’une fois par an, lorsque nous nous retrouvons, on finit dans cet état, bien que ce détail je l’ai oublié. Seul ce dernier est maître de ce souvenir. Pour moi, je me suis endormie et réveillée en pleine forêt.
Enfin, il tente quelque chose qui lui parait un peu stupide, mais on ne peut pas dire qu’une solution soit meilleure qu’une autre tant que nous ne l’avons pas testé. Plutôt que de surveiller mon propre corps, je préfère savoir si ce que fait ce dernier fonctionne. Il se couche sur son jumeau de chair et laisse sa forme d’ectoplasme ne fait qu’un avec ce dernier. Bien évidemment, il ne fait qu’aligner tous ses membres pour s’assurer que sa forme translucide n’en sorte pas. Après j’ignore ce qu’il fait, puisque je l’entends tousser et un fantôme qui tousse ça sera vraiment bizarre. Je m’approche de lui, l’observe un moment tentant de vérifier s’il allait bien et il me parle sachant que je suis toujours là. Est-ce que moi aussi ça fonctionne? Je ne sais pas, mais je fonce alors sur mon corps.
Les hommes sont à plusieurs mètres, mais bien trop loin pour voir mon corps allonger. Mais ils avancent dangereusement. J’ai reconnu la voix de ce fameux Bernard et c’est le même bonhomme qui s’amuse à dire de la merde dans la taverne de Devon et s’il me trouve ici en présence d’Aslander, je vous jure que je n’en ai pas fini avec ses histoires. Devon ne sera plus le père de mon enfant, ça sera Aslander et vous connaissez le reste de la chanson...
J’imite Aslander et je vous jure que ça ne fonctionne pas dès le premier coup. Évidemment, je ne dois pas paniquer, je suis sûre qu’il faut être dans la bonne condition pour y arriver. Je ferme les yeux et me concentre en reproduisant la posture dans laquelle mon corps est allongé. J’attends, encore et encore et soudainement plus rien. Suis-je morte?
J’ouvre grand les yeux dans un sursaut alors qu’une grande bouffée d’air s’infiltre dans mes poumons me forçant ainsi à tousser et cracher l’eau qui s’y était engouffrée. Mon corps est lourdement ankylosé, mais j’arrive à me tourner pour sur le côté et déposer mes mains contre le sol. Il fait vraiment froid et je pose les yeux tout autour de moi avec nervosité.
« Vous avez entendu? Il y a quelqu’un pas loin, je suis sûre! »
J’entends des pas de course qui approchent et mes sens me disent que je dois fuir. Je me mets dans une position accroupie assez difficilement et tente de rejoindre Aslander qui semblait avoir eu la même idée que moi. Il me regarde et souris. Évidemment, il doit être heureux que nous ayons retrouvé nos enveloppes, même si je vais très certainement en avoir pour quelques jours à me remettre de cette histoire.
« Je reconnais l’un de ces hommes et je ne peux pas, non je ne dois PAS être vu avec toi… Sinon ça finira mal tout ça. »
Évidemment, il me regarde avec ce même sourire qui me signale qu’il gère la situation et me demande de partir à l’opposé. Je me sens mal de le laisser ici seul, surtout après ce que nous avons vécu. J’aurais pu lui offrir le gîte. Le divan est plutôt confortable ou bien le raccompagné jusqu’à l’auberge où il séjourne. Je pourrais vérifier de son état comme il le ferait avec moi… Est-ce que j’ai vraiment envie de devoir subir les commentaires de Bernard lorsque je le verrai à la taverne? Ce n’est pas que ma réputation qui est en jeu, mais celle de Devon aussi et peut-être bien même celle d’Aslander.
Je pousse un soupir, je dépose une main sur son épaule et le fixe droit dans les yeux. Je lui souhaitais bonne chance silencieusement tout en lui mentionnant de faire attention à lui. Nous n’avions plus le luxe de ne pas être entendus lorsque nous conversions.
Je me détourne de lui et me dépêche de m’éloigner cherchant un moyen de remonter afin de retourner à ma demeure. Il va falloir que j’explique tout cela à Devon si je ne veux pas qu’il s’inquiète…
L'attente est interminable, l'inquiétude palpable alors que je tente de me dissimuler du mieux que je le peux. Non pas que j'ai spécialement besoin de me cacher mais il ne vaut mieux pas que l'on me voit avec le corps inanimé de Saryna! La dernière chose dont j'ai besoin c'est de finir accusé de meurtre, cependant je ne peux pas laisser la belle ici sans m'assurer au préalable qu'elle va bien et ces pas, ces foutus bruit de chaussure sur le sol qui me fait savoir que ces hommes approchent... Voici une situation des plus critiques, bien plus que certaines quêtes prétendument dangereuses qu'il m'a été donné de faire pour la guilde! Au bout de ce qui semble être une interminable attente - ne pas savoir où se trouve l'esprit de la demoiselle ni ce qu'elle tente de faire n'aidant pas - une quinte de toux se fait entendre. Malheureusement je ne suis pas le seul à entendre cette preuve d'existence vu l'exclamation d'un des hommes et les bruits de pas qui se précipitent pour venir à notre rencontre.
Visiblement, la voix d'un des hommes n'est pas inconnu à l'hybride qui m'affirme qu'elle ne doit pas être vue par ce-dernier en ma compagnie dans cette situation? Je souris doucement, mi amusé mi confiant. En temps normal, j'aurais pu m'en distraire! Ma réputation sulfureuse de coureur de jupons et amoureux de la gente féminine, je la portait comme un trophée par le passé. Certes, mes prouesses dans le domaine sont bien moins nombreuses actuellement, pour diverses raisons avouons-le, mais j'aime encore parfois m'amuser de ce titre glané par le passé. Cependant, Saryna est une personne que je respecte et, contrairement à moi, sa vie sentimentale ressemble à quelque chose! J'irai même plus loin, elle est stable et heureuse avec la présence de cet homme dont elle a longtemps attendu le retour et de cet enfant en bas âge qu'elle a mit au monde! Hors de question de laisser une situation incongrue et une rumeur provenant d'un homme sentant le vin à une distance plus que respectable venir mettre un obstacle dans son bonheur familial. Un hochement de tête pour lui affirmer que tout est correct et la voici qui s'éloigne, silencieuse et discrète comme une petite araignée qui s'échappe sans se faire voir par quiconque...
Il est temps d'entrer dans mon personnage, faire montre d'un talent d'acteur et de menteur dont je ne doute en aucun cas. Me mettant à quatre pattes sur le sol, comme si j'avais du mal à me relever, j'accueille les nouveaux venus en secouant la tête comme si je venais de reprendre d'une puissante quinte de toux.
"Vous allez bien?" Me demande l'un des hommes tout en regardant à droite et à gauche comme s'il cherchait la présence d'un autre corps.
"Tout va bien oui... Même si je le dois sans aucun doute au regard bienveillant de Lady fortune..." Dis-je en me relevant difficilement.
"Qu'est-ce qu'il s'est passé?"
"J'étais à une soirée organisée par la noblesse dans une bâtisse en amont de la rivière... Installé sur le balcon un verre - sans doute cela de trop - en main, il m'a semblé voir deux corps dérivés sur l'eau. Écoutant mon courage - et sans doute ma folie complimentée par l'alcool, j'ai sauté pour venir en aide à ces pauvres jeunes gens..." Un bon mensonge se base toujours sur une part de vérité.
"Ah vous voyez! J'avais bien dit que j'avais vu des corps!"
"Soit le mien, soit vous avez été trompé par la même illusion d'optique que moi!" Lui dis-je, interrompant son affirmation. "Juste des rondins qui semblaient tout autre! Malheureusement, mon corps endormit par les affres de l'alcool fut prit de crampes et impossible pour moi de rejoindre la berge. J'ai dérivé jusqu'ici, rejoignant miraculeusement le sol sans me noyer... Quoi qu'il en soit, l'un d'entre vous aurait-il l'obligeance de me mener vers un dispensaire? Je crains que je ne me sois quelque peu blessé lors de mon ridicule saut du courage ainsi que ma dérive..."
"Bien-sûr! On vous emmènes!" S'empresse de dire l'un des hommes. Juste des courbatures sans doute mais au moins, cela me permet de les éloigner de Saryna et éviter qu'ils ne croisent la belle sur le chemin du retour, je devrais pouvoir les ralentir en jouant le blessé héroïque.
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